Je descendais de l'avion qui m'avait amené de New-York à ici, Town Square la ville qui m'avait vu naître. J'en étais parti pour poursuivre mes études et aussi pour mettre de la distance entre mon frère aîné, Noam et moi. Ne vous méprenez pas, j'aime Noam, mais lorsqu'il a perdu son meilleur ami Gabriel dans un accident de voiture, il a subitement changé et notre complicité d'antan s'était évanoui, elle avait fondu comme neige au soleil. Évidemment cela me faisait mal de le voir réagir ainsi, je me sentais impuissant, je le voyais se détruire petit à petit, sans que je ne puisse rien y faire. Au bout d'un moment, je ne l'ai plus supporté et je l'ai laissé à ses démons. J'ai fait des études à New-York, pour pouvoir passer le concours d'entrée à l'école d'infirmiers. Tandis que je m'apprêtais à le passer, le Destin se chargea de me faire changer d'avis, Lennon, la soeur de Gabriel m'envoya un message pour me dire que mon frère avait besoin de moi. Je ne pris pas le temps de la réflexion et sautais dans le premier avion, voilà pourquoi je suis ici, en train de récupérer mes bagages. J'en profite pour envoyer un message à Lennon pour lui dire que je suis bien arrivé et que je vais aller voir mon frère immédiatement. Je dois avouer que j'ai un peu peur de l'accueil qu'il va me réserver, mais peu importe. Je sais qu'il a changé, il n'est plus le Noam d'autrefois, son caractère s'est endurci, mais pour moi il restera toujours mon frère, quoi qu'il arrive et quoi qu'il puisse dire.

Lorsque j'eus enfin récupéré mes bagages, je pris un taxi et passais à l'hôtel déposer mes affaires, inutile d'arriver chez Noam les bras encombrés, je ne voudrais pas qu'il croit que je viens squatter chez lui. Je demandais au taxi de m'attendre puis, lorsque j'eus posé mes valises sur mon lit, je redescendais en vitesse pour reprendre le véhicule, direction chez Noam. Tandis que la voiture roulait, je laissais les souvenirs envahir mon esprit, j'avais vraiment passé du bon temps ici, s'il n'y avait pas eu...et bien tout ce qu'il s'est passé, je serais probablement resté, j'adore ma ville. On arrive en bas de l'immeuble où se trouve l'appartement de Noam. Je sors de la voiture et je paie le chauffeur puis, mon regard détaille la hauteur du building. Je m'engouffre rapidement dans le hall d'entrée puis cherche son nom sur les boites aux lettres, lorsque je le trouve, je repère le numéro de porte et je m'y rend en prenant mon temps, j'essaye de calmer les battements de mon coeur. Ce que je peux être idiot parfois, ce n'est que mon frère, pas une espèce de monstre. J'arrive enfin devant la porte. Je souffle un coup et je sonne.

Il ne faut pas longtemps pour que j'entende un bruit de pas et une clé que l'on tourne dans la serrure puis la porte s'ouvre sur le visage de Noam. J'esquisse un sourire. J'aurais presque envie de le serrer dans mes bras tant il m'a manqué, mais je n'en ferais rien parce que je doute qu'il réserverait un excellent accueil à ce geste.

- Bonjour Noam...ça faisait longtemps.

Ces derniers temps, les choses ne cessent de ce compliqué dans ma vie, même si je tente de tout faire pour améliorer cela. Je me suis de nouveau inscrit à la faculté, mais c’est quelque peu compliquer de retourner sur ce campus. Là-bas, je suis le plus vieux de ma promotion. Là-bas, tout le monde me connaît comme celui qui a fait une course de voiture débile avec son meilleur ami et qui a provoqué la mort de ce dernier. Pas vraiment facile de ce faire accepter quand on a un passé qui ressemble étrangement à un casier judiciaire. Mais si ce n’était que ça, ma vie serait presque trop facile. Après tout, j’ai l’habitude d’entendre des rumeurs sur mon dos. J’ai l’habitude que l’on me déteste, que l’on me pointe du doigt et que l’on ce méfie de moi. Mais il restait toujours Lennon avant notre dispute. Avant elle était toujours là derrière moi, à me dire que je devais regarder droit devant moi, que je devais avancer sans me soucier des autres, mais désormais elle vit sa vie de son côté sans moi. Je sais que je l’ai cherché. Nous avions finis par trouver un accord, on avait finis par comprendre qu’il fallait arrêter de ce voilé la face et nous avions tenté de devenir un couple. Tenter est le mot juste. Cela n’aura duré qu’une petite semaine. Jusqu’à ce que je la vois avec son patron. Je ne sais pas s’il ce passe quelque chose entre eux, mais j’ai vu la complicité qui les liaient et j’ai finis par comprendre que Lennon serait beaucoup plus heureuse sans moi dans sa vie. On a finis par ce rencontré dans un bar. Enfin pas n’importe quel bar. Le bar où nous avions nos habitudes avant que cet accident ne détruise nos vies. Là je lui avais fait entendre les pires horreurs. J’avais cherché à lui faire du mal pour qu’elle s’éloigne. Pour qu’elle me déteste et qu’elle fasse sa vie ailleurs et surtout avec quelqu’un d’autre, quelqu’un qui serait prendre soin d’elle et qui la rendrais heureuse pour de bon. Après cela, la semaine fut… Compliqué. Je n’avais désormais plus personne sur qui compter. Je me retrouvais seul avec mes nouvelles études et mes problèmes d’argent. Et ma gueule de bois pour l’occasion. J’avais passé la soirée à boire tout en essayant de réviser. Bien entendu la boisson avait eu raison de moi et c’est le bruit de la sonnette qui me tira du sommeil agité dans lequel j’avais finis par sombrer tard dans la nuit.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais le soleil inonde mon appartement. Je me demande bien qui peut venir me rendre visite. Cela m’étonnerait très franchement que ce soit Lennon, peut être Taïs. Enfin je n’en sais rien. Rapidement, j’attrape un tee-shirt et enfile mon pantalon. J’ai quelque mal à la tête, les cheveux en bataille, les yeux cernés et une barbe de trois jours sur mon visage. Qui que ce soit, j’espère qu’il ne restera pas longtemps. Une nouvelle fois, le bruit de la sonnette retentit. Je fais jouer la clé dans la serrure et finis par ouvrir la porte. Porte que j’ai subitement envie de refermer lorsque le visage de mon petit frère apparaît dans l’encadrement. « Bonjour Noam... Ca faisait longtemps. » me dit-il tandis qu’un sourire apparue sur son visage. Instinctivement je referme la porte, mais il agit aussi rapidement que moi et passe son pied avant que celle-ci est pu claquer. Non franchement je n’ai pas envie de voir mon frère, pas aujourd’hui, pas après deux ans d’absence. « Pryam… Qu’est-ce que tu fais là ? » lui demandais-je alors froidement. Depuis sa fuite, je lui en voulais énormément. Je sais que je n’ai pas été très gentil avec lui après l’accident, mais à cette époque j’étais une loque et j’avais besoin que l’on me laisse tranquille. Malgré tout, lorsque j’ai pris conscience que j’avais besoin de mon petit frère il était déjà parti pour faire ses études. Sans que je ne puisse dire quoique ce soit, il finit par entrer dans mon appartement. « Te gêne pas, fais comme chez toi. » ajoutais-je tout en fermant la porte. Il jette un coup d’œil autour de lui. Il va vite ce rendre compte que j’ai pas une vie idéale que son frère est loin d’être un héros. Je ne supporte pas vraiment de le voir dans mon salon avec son sourire idiot coller sur les lèvres. Les mains enfoncées dans les poches, je le fixe, attendant une explication de sa présence ici.

Lorsque Lennon m'avait téléphoné pour m'avertir au sujet de mon frère, elle avait évoqué le fait qu'elle était un peu en froid avec lui, mais étant donné le lien qu'ils avaient partagé, elle ne pouvait pas le laisser tomber, voilà pourquoi elle m'avait appelé. Evidemment, je n'avais pas réflechis une minute avant d'accepter de venir, si mon frère voulais s'en sortir alors je me devais d'être là pour l'aider, même si cela devait être malgré lui. Lorsqu'il ouvrit la porte, je fus un peu surpris par l'apparence qu'il avait. A mon avis, la veille il n'avais pas dû se coucher très tôt. Même si je ne m'attendais pas à ce que Noam m'accueil à bras ouvert, le ton qu'il utilisa pour me parler me blessa un peu et pendant l'espace d'un court instant, le sourire que j'avais se fana. Cependant, ce fut à peine perceptible. « Pryam… Qu’est-ce que tu fais là ? » J'affichais un air ironique "Oui, moi aussi je suis content de te voir." Je connaissais bien Noam et je pouvais prévoir certaines de ses réactions, c'est pourquoi, lorsqu'il s'apprêta à refermer la porte, j'avais mis mon pied pour l'en empêcher. Je me doute que cela ne va pas lui plaire, mais peu importe. J'entrais donc dans son appartement et parcouru rapidement l'endroit du regard. « Te gêne pas, fais comme chez toi. ». "Mais, c'est bien mon intention." Non, je ne le provoquais pas, je me contentais de répondre à ses petites "attaques", tout simplement. Heureusement qu'il y avait bien longtemps que Noam ne représentait plus pour moi le héros qu'il était à mes yeux lorsque j'étais enfant parce que sinon, simplement en voyant l'endroit où il habitait, j'aurais déchanté. Je me tournais vers lui pour le voir en train de me regarder, les mains dans les poches, s'attendant certainement à ce que je lui explique le pourquoi de ma présence chez lui. Je décidais qu'il était préférable de ne pas mentionner Lennon. Je me dirigeais vers la cuisine et commençait à fouiller à la recherche de café en poudre et de filtres puisque j'avais vu une cafetière. Il m'avait dit de faire comme chez moi, c'était ironique bien sûr, mais je suis un garçon sage, j'obéis à mon grand frère. Je jetais de temps en temps des coups d'oeil par-dessus mon épaule pour voir ce que faisait mon frère. Il devait commencer à s'impatienter.

Tandis que le café coulait, je revins vers lui. "Je viens à peine d'être diplômé et maintenant, je vais commencer des études à l'école d'infirmiers de la ville, c'est bien, tu ne trouves pas ? Et je me suis dit, comme j'étais en ville, je pourrais venir te voir. Que deviens-tu depuis deux ans ?" Oh je savais ce qu'il devenait, vous croyez vraiment que j'aurais laissé mon frère se débrouiller tout en seul, que je l'aurais abandonné sans prendre régulièrement de ses nouvelles ? Je ne suis pas un monstre tout de même. Seulement, ce que j'entendais ne m'incitais jamais à revenir, surtout si l'on prend en compte le fait que Noam me repoussait à chaque fois que je voulais l'aider. La différence, c'est qu'aujourd'hui je ne lui demande pas son avis. J'espère au moins que je resterais assez longtemps pour prendre une tasse de café, je n'ai pas avalé grand chose pendant le vol tout à l'heure.

Si on m’avait dit qu’en me levant ce matin je recevrais la visite de mon petit frère je n’y aurais jamais cru. Pendant deux ans, Pryam a été aux abonnés absents. Lorsque je parlais encore avec mes parents, j’avais de ces nouvelles de temps en temps sans franchement en demander et puis je me suis brouiller avec ma mère et avec tout mon passé et mon petit frère est rapidement devenu un étranger sur la carte. Lorsque nous étions plus petits, il était ce que j’avais de plus important. Alors certes parfois il m’exaspérait surtout lorsqu’il me suivait de partout et en particulier lorsque j’étais avec Gabriel, mais au fond il restait mon petit frère et j’étais prêt à faire n’importe quoi pour lui et pour le protéger. Mais tout avait changé… Après l’accident j’avais commencé à le délaisser pour me laisser aller dans mon propre enfer et puis il y avait eu cette dispute. Il voulait absolument me faire sortir de chez moi et j’en avais marre de l’avoir sur le dos alors je lui avais clairement fait comprendre que je ne voulais plus le voir et notre relation avait commencé à prendre fin à ce moment là. Peu à peu il avait laissé tomber au point de fuir la ville pour aller faire ses études à New York. Sans plus personne autour de moi je m’étais totalement laisser aller. Mais voilà qu’il est là aujourd’hui avec son petit sourire au coin des lèvres. Sans aucune gêne il entre dans mon appartement. « Te gêne pas, fais comme chez toi. » lui dis-je alors sur un ton plutôt froid. Certes je m’en voulais de l’avoir laisser partir, mais je lui en voulais aussi de ne pas avoir essayé un peu plus. Sans lui et sans Lennon dans ma vie pendant plusieurs mois j’avais totalement perdu la raison. Plus rien ne me retenait et je m’étais totalement laisser aller. Et le voir aujourd’hui ici, comme s’il ne c’était jamais rien passer m’énervait quelque peu. De plus, je ne suis pas réellement en état de le recevoir. J’ai mal à la tête et je dois encore avoir quelques grammes d’alcool dans le sang. « Mais, c'est bien mon intention. » finit-il par me répondre presque par provocation. Au moins, sur ce point là il n’a pas changé, toujours en train de me chercher. Les mains dans les poches, je le regarde inspecter mon appartement. Rien n’est rangé, une bouteille vide traîne sur le bar à côté de mes cours et d’une pile de photos. Pas vraiment accueillant comme endroit je dois l’avouer.

En silence, il finit par ce diriger vers la cuisine et commence à ouvrir tout les placards. A cet instant précis, j’ai presque honte. Parce que mon petit frère va ce rendre compte que je n’ai pratiquement rien à manger. La moitié de mes placards sont vide et lorsqu’il finit par sortir le café, je me dis qu’il a au moins trouvé ce qu’il cherchait. Je sais qu’il va me poser des questions, mais je me sens pas vraiment prêt à y répondre. Oui je n’ai pas assez d’argent pour me nourrir correctement, mais non je ne veux pas de sa pitié. Bref. Il ce tourne alors vers moi et me parle alors de sa vie. « Je viens à peine d'être diplômé et maintenant, je vais commencer des études à l'école d'infirmiers de la ville, c'est bien, tu ne trouves pas ? Et je me suis dit, comme j'étais en ville, je pourrais venir te voir. Que deviens-tu depuis deux ans ? » Je voudrais lui dire que je suis fier de lui qu’il est obtenu son diplôme et qu’il est envie de poursuivre avec un but bien précis en tête, mais je suis incapable de lui dire quoique ce soit. Parce que je n’arrive qu’à voir le côté négatif de tout cela. « C’est bien comme ça tu resteras la plus grande fierté de maman. » lui répondis-je alors froidement. Parce que ma mère m’avait bien fait comprendre que désormais elle n’avait qu’un seul fils et qu’il s’agissait bien entendu de Pryam. Parce qu’il réussissait sa vie et parce qu’il la rendait fière tandis que je ne faisais que lui faire honte aux yeux de toute la ville. Je me souviendrais toujours du jour où elle est venue ici pour m’annoncer cela et je ne peux m’empêcher de reporter cela sur Pryam. Et lorsqu’il me demande ce que je suis devenu je deviens encore plus froid : « Comme si tu le savais pas frangin. » Je repense alors à toutes ces rumeurs qui courent sur moi, je revois les élèves chuchoté entre eux le jour où ils ont remarqué que j’étais dans la même promo qu’eux. Je revois tout les refus que l’on m’a accordés pour un boulot tout simplement parce que j’étais Noam Calloway celui qui est responsable de la mort du jeune Gabriel. « Tu va pas me dire que maman ne t’as pas fait part de la honte que je suis devenu pour la famille et pour la ville. » lui dis-je avant d’ajouter rapidement. « Je suis rien devenu et j’ai pas besoin de ta moral Pryam. »

Je savais bien que mon frère n'allait pas bien, il n'y avait qu'à le regarder pour s'en rendre compte, mais lorsque j'ai fouillé dans ses placards, les seules choses que je trouvais c'était de l'alcool ou bien des boites vides. Je ne préfère même pas savoir ce qu'elles contenaient. Heureusement, j'avais trouvé mon précieux café et, tandis que j'en préparais une cafetière complète, je décidais de ne pas faire de remarque à Noam au sujet du manque de nourriture dans ses placards, il n'avait pas besoin de cela maintenant. Bien sûr lorsque je lui ai dit ce que j'étais devenu, que j'étais diplômé et tout ça, il n'eut pas la réaction qu'il aurait dû avoir, il aurait dû être content pour moi, il aurait dû me dire qu'il était fier de moi. Bon sang vous vous rendez compte, après toutes ces années, malgré ce que je peux me dire, je recherche toujours l'approbation de mon frère. Inutile de le lui dire. De toute façon, il ne me croirait pas. Non, il ne fit rien de tout cela, au lieu de ça il balança quelques mots, sur un ton qui ferait geler l'Enfer tout entier. « C’est bien comme ça tu resteras la plus grande fierté de maman. ». Je ne fus pas tant surpris que cela de cette réflexion. Il n'est plus en contact avec nos parents depuis un moment, au début, j'ai bien essayé de leur faire changer d'avis, de leur dire d'essayer de comprendre Noam, qu'il était triste d'avoir perdu son meilleur ami, qu'il n'arrivait pas à remonter la pente et qu'il fallait l'aider et pas le repousser. Quand on est au téléphone, à New-York parce que soi-même on a fuit, ces mots n'ont pas beaucoup d'impact. C'est ce que ma mère ma gentiment fait remarquer, pour s'excuser tout de suite après, me disant que j'avais fait mon possible pour Noam, que je n'avais rien à me reprocher. Sur ce point elle se trompait complètement. Elle ne savait pas que j'étais ici, je ne le lui avais pas encore dit, je voulais voir Noam avant toute chose et, bien sûr, j'aurais préféré éviter de parler de maman, mais c'est lui qui a lancé le sujet, non ?. Je penchais la tête sur le côté, en ayant un sourire sans joie « Parce que tu crois que c'est tout ce qui compte pour moi Noam ? De savoir ce que maman pense de moi ? De savoir que je suis sa plus grande fierté comme tu le dis si bien ? Oh bien sûr je ne vais pas te mentir, mais j'étais heureux de savoir que le fait que j'étais diplômé était important pour elle, mais cela ne fait pas tout. »

Oui je savais ce qu'il devenait, mais je voulais qu'il me le dise lui-même, je ne voulais pas l'apprendre de la bouche de quelqu'un d'autre, je voulais que Noam réalise son état et surtout, qu'il me fasse part de son souhait de s'en sortir, même si je sais qu'il ne le fera probablement pas aujourd'hui. En tous cas, plus je passais de minutes en sa compagnie, plus mon envie de rester et de l'aider se faisait plus forte. Non, je ne l'abandonnerais pas, pas cette fois-ci, peu importe ce qu'il pourra dire ou faire, peu importe à quel point il pourra être froid ou dur avec moi, peu immporte à quel point il pourra me blesser, s'il a besoin de cela pour évacuer sa peine toujours présente, alors ainsi soit-il. « Comme si tu le savais pas frangin. » « Tu va pas me dire que maman ne t’as pas fait part de la honte que je suis devenu pour la famille et pour la ville. » « Je suis rien devenu et j’ai pas besoin de ta moral Pryam. ». Je l'avais laissé parler, tout le temps où il m'avait "répondu", je l'avais laissé s'exprimer sans l'interrompre, entre-temps, je nous étais servi une tasse de café, je ne savais pas si Noam en voulait et à dire vrai, je m'en moquais pas mal. Lorsqu'il se tût, je m'installais sur le canapé après avoir viré une bouteille vide qui se trouvait dessus et posais ma tasse sur la table basse puis je levais mon regard sur mon frère. Ma voix était parfaitement calme lorsque je parlais. « En effet, maman m'a parlé de toi...et pas en bien, je dois le dire, mais avant que tu le demandes, sache que ce n'est pas à cause d'elle si je suis là. Quand à ce que pensent les gens de la ville, tu devrais me connaître assez pour savoir que je me moque complètement de ce que les gens peuvent penser, il n'y a que l'avis de ma famille qui importe, les autres n'ont pas voix au chapitre. Je ne suis pas là pour te faire la morale Noam, je suis là pour réussir exactement où j'ai échoué il y a à peu près deux ans maintenant. Après la mort de Gabriel, j'avais bien réalisé que le Noam que je connaissais était mort avec lui dans cette fichue voiture, mais à l'époque, même si je le désirais de toute mes forces, je n'étais pas assez "mûr", assez "adulte" pour t'apporter l'aide dont tu avais besoin...et dont tu as toujours besoin aujourd'hui. » J'avais l'impression que mon temps était compté, je me dépêchais donc de parler avant que Noam ne décide de m'interrompre, on ne sait jamais. « Mais aujourd'hui, les choses sont différentes, aujourd'hui je t'aiderais, je ne fuirais pas. Oh je sais ce que tu vas me dire, tu vas me dire que tu n'as pas besoin d'aide, surtout pas de la mienne, mais peu importe, je resterais quand même et je t'aiderais, malgré toi et tout ce que tu pourras me dire ne changera rien à ce fait.» Je pris une gorgée de mon café, sans lâcher mon frère du regard. Il ne sait pas que si je suis devenu infirmier, c'est en partie pour lui...et sans doute qu'il ne le saura jamais.

J’ai un peu du mal à me faire à la vision de mon petit frère en train de déambuler dans mon appartement. Tranquillement, il prend au pied de la lettre ce que je venais de lui dire et faisais donc comme chez lui en ouvrant tout les placards pour trouver je ne sais quoi. Malheureusement pour lui, il n’y a pas grand chose à trouver dans ma cuisine. La nourriture manque quelque peu, mais je ne vais pas commencer à me plaindre. Après tout, cela fait un moment que je vis de cette manière et personne ne c’est jamais soucier de cela alors pourquoi commencer aujourd’hui ? Pourtant je vois le regard de Pryam et je comprends rapidement qu’il aurait déjà beaucoup de chose à me dire. Que ce soit sur mon comportement, sur mon état physique ou sur l’état même de mon appartement. Malgré tout, il reste silencieux et continue son inspection avant de trouver ce qu’il cherchait. Du café. Alors il était venu ici juste pour ce faire une tasse de café ? J’aimerais m’en persuader, mais je sais que ce n’est pas du tout le cas. Il finit par me parler de sa vie et en particulier de sa carrière. Apparemment il a terminé ses études, enfin plus ou moins puisqu’il avait décidé de tenter l’école d’infirmier. Je voudrais lui dire que je suis fier de lui, que je suis fier de sa réussite, mais au fond j’en suis incapable. Parce qu’il y a toujours cette rancune qui m’habite et que je suis pas encore assez stable pour pouvoir la gérer sereinement. Alors je lui parle de maman. Je lui dis qu’au moins il sera de nouveau sa fierté, comme toujours. Parce que c’est la dernière chose que mes parents m’avaient dit et que c’était la seule que j’avais retenu sur ma famille en deux ans. Et sans aucun doute ce qui m’a le plus blesser dans toute cette histoire. Que ma famille me rejette aussi facilement. « Parce que tu crois que c'est tout ce qui compte pour moi Noam ? De savoir ce que maman pense de moi ? De savoir que je suis sa plus grande fierté comme tu le dis si bien ? Oh bien sûr je ne vais pas te mentir, mais j'étais heureux de savoir que le fait que j'étais diplômé était important pour elle, mais cela ne fait pas tout. » me lance-t-il alors d’un seul coup. Sans rien dire je l’observe. Il paraît si calme, si sûr de lui. S’il y a une chose dont je suis sûr c’est que mon petit frère à bien changer voir même beaucoup changer, on dirait un homme désormais. Un homme qui sait ce qu’il fait et qui nécessite plus sur la marche à suivre. « Je crois plus rien Pryam. La dernière fois que j’ai parlée aux parents, ils m’ont fait comprendre que je n’étais plus rien pour eux et que tu étais le seul qui avait de l’importance pour eux. Alors tu vois, maintenant je m’en fiche. Plus rien à d’importance. » lui répondis-je alors tout en fuyant son regard.

Je finis par le suivre lorsqu’il attrape sa tasse de café et ce dirige vers le salon. Je prends celle qu’il m’avait préparé et me pose sur la table basse tandis qu’il prend place sur le canapé. Rapidement la discussion s’oriente vers moi une nouvelle fois. Pryam à l’air subitement très intéressé par ma situation actuelle. C’est comme si on l’avait envoyé pour qu’il me fasse passer un interrogatoire. Je lui fais alors comprendre que contrairement à lui, rien n’as réellement changé pour moi. Je suis toujours la même épave, je bois encore et toujours, je drague tout ce qui bouge et la seule personne qui m’appréciait encore me déteste plus que tout désormais. Voilà ce que je suis devenu. Alors Pryam ce mit à me faire une longue tirade sur notre famille, sur ce que notre mère pensait de moi et sur tout le reste. Il parle alors de Gabriel et je ne peux m’empêcher de frissonner rien qu’à l’évocation de son prénom. Comme toujours les souvenirs remontent à la surface, toujours aussi nombreux, toujours aussi violent. D’un seul coup, je me sens mal à l’aise et comme toujours je baisse la tête. Il finit par embrayer sur le fait qu’il était désormais assez mature pour m’aider à m’en sortir. Que c’est ce qu’il voulait en revenant ici et qu’il n’avait pas l’intention de lâcher l’affaire. Je n’ai pas le temps d’en placer une tellement il parle vite. Mais lorsqu’il finit sa tirade, je sais qu’il attend une réaction de ma part. Je bois une longue gorgée de mon café et soupire longuement. « Je veux pas parler de Gabriel d’accord ? Ni de l’accident, ni de Lennon… J’ai pas à me justifier sur mon comportement, j’ai pas tourner la page et je suis pas prêt de le faire, c’est tout. » lui dis-je alors pour clore le sujet Gabriel, même si je sais parfaitement qu’il ne va pas s’arrêter là. Qu’il va vouloir m’aider à tourner la page justement. Mais je sais que je suis pas encore prêt pour ça, que je veux pas tourner la page. Parce que tourner la page voudrais dire oublier Gabriel et je n’ai pas envie de cela. « Je suis plus le même et je l’assume. Ca plaît à personne ? Je m’en fou. J’ai tué mon meilleur ami, rien n’y personne ne pourra changer ça. J’aurais dû y passer à sa place, mais ça personne n’arrive à le comprendre. » finis-je par dire froidement avant d’ajouter : « Alors je veux pas de ton aider frangin. »