Travailler à la mairie de Town Square pouvait être éreintant pour certains et synonyme de flemmardise pour d’autre. Je faisais évidemment parti de la première catégorie. J’étais l’assistante de monsieur le maire de la ville. Oui, ça en jette sur le papier uniquement, parce que dans la réalité, c’était moins facile que ça en avait l’air. Monsieur le maire, est un homme exigeant qui sait ce qu’il veut et qui souhaite obtenir ce qu’il désire dans l’instant. Il est difficile à satisfaire mais en contrepartie il est un homme très attachant. Monsieur Newman a un fils, Aiden. Grand, blond, beau, il a été nommé par son père comme son adjoint et conseiller. Je pense qu’il a d’ailleurs comme projet futur de faire succéder son fils à son rôle de maire. Aiden est un jeune homme plutôt sûr de lui, je veux dire par là qu’il a conscience de son charme et de l’effet qu’il peut avoir sur ces dernières. Il le sait et il en joue bien évidemment. Il passe le plus clair de son temps libre – bien qu’il soit très précieux et peu important – à me taquiner. Et je lui réponds avec une hargne que j’adore. Ce petit jeu me plaît beaucoup… C’est exaltant et ça me change les idées lorsque je suis plongée dans mon travail depuis des heures. Il me demande souvent d’aller boire un verre avec lui, et je me fais à chaque fois un plaisir fou de lui répondre « Dans tes rêves Aiden » ou « Tu peux toujours rêver, Newman », enfin des trucs dans le genre… J’ai différentes variantes en stock.

Aujourd’hui, journée de travail basique. Mon cellulaire sonne, ma ligne du bureau aussi. Je soupire et lâche mon ordinateur du regard pour pouvoir répondre. « Bureau de Monsieur Newman, patientez un instant s’il vous plait je transmets votre appel au secrétariat général… » Lançais-je à ma ligne du bureau alors que j’appuyais sur le bouton de transfert. Je décrochais à mon téléphone cellulaire professionnel, reconnaissant mon interlocuteur. « Bonjour Monsieur McKinley… Oui (…) Monsieur le maire est en réunion actuellement, je prends un message, peut-être ? (…..) Très bien Monsieur McKinley, dès que Monsieur le maire est disponible je lui passe votre message… » Je raccrochais tout en saisissant avec mon autre main mon stylo, avec lequel je marquais quelques grigris sur mon post-it jaune citron. Replaçant une mèche de cheveux qui m'étais venue devant les yeux, je lâchais un gros soupir. Je sentis une présence. Je levais les yeux, c’était Aiden… Je regardais le jeune homme, avec un sourire. «bonjour» et même avant qu'il ne me dise quoi que se soit, j'enchaînai « Et non Aiden, je n'ai reçu aucun appel de ta conquête de la nuit dernière... » je souris, tout en posant mon stylo sur le bureau.

Les réunions qui s’éternisaient avec mon père et quelques uns de ses autres collègues ne m’enchantaient guère mais mon paternel avait besoin de ma présence autour de cette immense table. Il disait que cela était le meilleur moyen de voir ce qui m’attendrait une fois que je prendrais les rênes de la ville. Parfois, je me demandais comment il faisait pour être si serein quant au fait que je serais son successeur après tout, ce n’était pas lui qui déciderait de cela, mais il fallait dire que j’étais aussi confiant que lui et cela pouvait en surprendre plus d’un en vu du jeune âge que j’avais. Mon père m’apprenait tellement de choses et nous avions une vraie relation complice. Être fils unique était un véritable avantage dans cette situation et j’allais certainement pas m’en plaindre. Cela devait faire presque deux heures que nous étions installés autour de cette table à débattre de choses et d’autres et pourtant, j’avais l’impression que cela ne faisait pas plus de vingt minutes. Le métier commençait à rentrer, je m’intéressait de plus en plus au rôle de maire que mon père avait afin de bien suivre ses traces. « Monsieur Kingston m’a appelé un peu plus tôt dans la matinée, il faudra se rendre à son restaurant pour évaluer les dégâts suite à la petite tempête d’il y a deux jours. » « Très bien, je l’appellerais d’ici un instant et je lui rendrais moi-même visite à la fin de la journée pour jeter un coup d’œil à cela. »

Quelques paroles furent encore échanger avec les associés de mon père et finalement, nous quittâmes tous la salle de réunion, hormis mon père qui s’occupait seul de quelques papiers. Je me dirigeais donc vers mon bureau mais finalement, je ne me rendis pas jusqu’à ce dernier. Je m’arrêtais devant celui d’Evely, cette brunette à la plastique de rêve qui me mettait bien souvent en appétit. Mon père était occupé pour le moment, il ne nous dérangerait sans doute pas et si cela devait être le cas, je risquerais de prendre cher. Je ne frappais pas à la porte et j’entrais en silence sans la moindre gêne, comme à mon habitude. Je resserrais rapidement ma cravate tout en m’approchant de la jeune femme, sourire colgate aux lèvres. «bonjour», lâcha-t-elle tout en levant la tête. J’entrouvais la bouche pour lui répondre, mais cette dernière me coupa en un rien de temps. « Et non Aiden, je n'ai reçu aucun appel de ta conquête de la nuit dernière... » Je baissais un instant le regard, sans pour autant cesser de sourire et je reportais tout mon attention sur Evely, glissant les mains dans les poches de mon pantalon. « J’ai donné mon numéro privé à cette dernière de toute manière et elle m’a déjà rappelé pour me revoir ce soir, tu n’auras donc pas besoin de faire les entremetteuses entre elle et moi. » Et dire que pour une fois, je n’avais pas passé la nuit avec une fille. Et oui, les aléas des soirées en famille.

Aiden était un jeune homme sûr de lui, il avait d’énormes qualités dont celle du charisme. Il avait beaucoup de prestance, il devait l’avoir pris de son père. C’était un magnifique jeune homme, grand, blond, le regard malicieux, et une gueule d’ange. Il avait tout pour réussir, les contacts qu’il faut, un expert en la matière en guise de père pour le guider. Je savais les projets de son père pour lui. Il en avait de grands. Il avait de la chance d’avoir cette précieuse aide, et je n’étais pas convaincue qu’il réalise la veine qu’il avait. Tout le monde n’avait pas cette chance d’avoir un avenir glorieux déjà tout tracé. Lui, avait un avenir dans la politique, et un rêve à bout de bras de devenir maire de Town Square.

Il venait d’apparaître à l’entrée de mon bureau, silencieux, appuyé sur l’encadrement de la porte. Habituellement, durant la matinée, je recevais des appels d’ex-copine d’une nuit d’Aiden. Elle cherchait à le joindre, car il était injoignable sur son téléphone portable… Mouai, mon œil, il ne voulait pas leur répondre voilà tout. Alors puisqu’elles savent parfaitement où il travaille, elle appel le standard, elles demandent monsieur Newman, et les standardistes, pensant que c’est son père, me passent l’appel. Voilà comment je me retrouve adjugé au bureau des plaintes du jeune Newman. Un réel plaisir, vraiment. « Et non Aiden, je n'ai reçu aucun appel de ta conquête de la nuit dernière... » lançais-je en plaisantant, un sourire malicieux sur les lèvres. « J’ai donné mon numéro privé à cette dernière de toute manière et elle m’a déjà rappelé pour me revoir ce soir, tu n’auras donc pas besoin de faire les entremetteuses entre elle et moi. » me répondit-il. J’haussais les sourcils, surprise. « Fantastique, ça m’évitera de jouer les bureaux des plaintes, n’est-ce pas ? » dis-je ironiquement. Oui parce que évidemment, quand j’avais ces fameuses jeunes filles au bout du fil, elles ne faisaient que se plaindre. « pourquoi il ne me rappelle pas ? » ou « ça fait trois messages que je lui laisse et il ne me rappelle pas ! » la fin du monde quoi…

« et sinon… je peux faire quelque chose pour toi ? » demandais-je tout en le regardant. J’en déduisais que s’il était là, c’est qu’il avait besoin de quelque chose. Restait à savoir quoi. Me préparait-il un sale coup ? Je me méfiais beaucoup de lui. On jouait au jeu du chat et de la souris. On se cherchait sans se trouver…

Rendre visite à Evely était toujours un véritable plaisir. J’essayais toujours d’avoir quelque chose d’elle, que se soit une soirée où nous irions boire un verre ou deux, ou une simple après-midi à marcher ou prendre un café. Je me souvenais parfaitement de la dernière fois où nous avions bu un verre tous les deux. C’était lors d’une de ces soirées mondaines où se trouvait des petites fours à volonté et des coupes de champagnes à tord et à travers. Il n’aura fallut que de trois verres pour que la brunette soit complètement saoul. J’avais décidé de la ramener chez elle, non pas par respect comme je l’avais annoncé à mon père ce soir, mais tout simplement parce que j’étais convaincu que les choses déraperaient et c’est d’ailleurs ce qui se produisit. Un baiser puis deux, et nous nous étions rapidement trouvés complètement nus dans son lit et vous vous imaginez bien que l’on a pas fais une partie de Scrabble sous la couette. J’avais filé au petit matin, comme je le faisais bien souvent, mais cette fois-ci, je ne l’avais pas fais par pur plaisir mais par regret. Je m’en voulais d’en être arrivé à ce stade avec Evely alors que mon père la considérait comme sa propre fille et qu’il m’avait défendu de m’approcher de trop près d’elle, mais après tout, je n’étais qu’un homme. J’avais peur qu’un des deux ne découvrent ce qui s’était passé cette soirée car oui, pour la jeune femme, ça avait apparemment était le trou noir à son réveil.

Je m’étais approché du bureau, signalant que j’avais donné mon numéro à la vie que j’avais vu la veille, ce qui n’était pas le cas. Pour une fois, je n’étais pas passé au dessus d’une fille étant donné que mon père avait eu l’amabilité de nous emmener au restaurant, ma mère et moi. « Fantastique, ça m’évitera de jouer les bureaux des plaintes, n’est-ce pas ? » Je souriais à cette remarque car je savais très bien qu’elle recevait très souvent des appels de mes conquêtes qui voulaient me revoir. « Ca dépend, peut-être que des filles à qui tu as déjà répondu te rappelleront. » Mais bon j’étais strict, je ne couchais jamais deux fois avec la même femme, quoi qu’avec Evely… les choses semblaient être différentes. Je me pinçais furtivement la lèvre inférieure lorsqu’une pensée peu catholique me traversa l’esprit tout en la dévisageant. « et sinon… je peux faire quelque chose pour toi ? » Le sourire présent sur mon visage s’élargissait suite à cette question. « Oui disons… boire un verre avec moi ce soir ? Ca devrait te faire du bien après une telle journée de labeur. » Cela m’étonnerait grandement que la réponse puisse être positive mais j’avais toujours de l’espoir et ce même après avoir été jeté à de nombreuses reprises. En tout cas, je n’étais pas prêt à lâcher l’affaire si facilement.

Aiden obtenait très souvent ce qu’il voulait, voir, la quasi-totalité des fois. Ca en était déconcertant. C’était un fils-chéri, et avec un père plutôt « papa-gâteau » et il avait tout ce qu’il désirait. Et oui, monsieur le maire était exigent encore plus lorsqu’on parlait de son fils, mais il n’en restait pas moins un père admirable et très à l’écoute. Il l’était avec son fils, mais pas seulement. Par expérience, je sais qu’il est également très sensible à la santé de son personnel proche. Il me demande toujours si je vais bien. Mais je ressens que ce n’est pas une simple question de formalité. Il veut réellement savoir si nous allons bien. Enfin, je ne savais pas si son fils avait cette même qualité et qu’il était donc dans mon bureau pour savoir comment j’allais, ou tout simplement pour une autre raison que j’ignorais. Il venait de m’annoncer qu’il avait donné son numéro privé à sa conquête de la nuit dernière. Personnellement, j’avais lancé ça pour le charrier, mais il semblerait que mon ironie rejoigne la réalité. Je lui exprimai ma joie quant au fait qu’elles ne téléphoneraient plus sur la ligne de monsieur Newman, son père.

« Ca dépend, peut-être que des filles à qui tu as déjà répondu te rappelleront. » je souris, et répondit « oh non, parle pas de malheurs… » lancais-je pour l’embêter. « d’ailleurs, pour les prochaines fois, fait pareil, ça m’évitera d’écouter les plaintes de jeunes filles en détresse.. » ces quelques mots expliquaient donc que je connaissais à présent les habitudes peu flatteuses de monsieur Newman junior avec les filles. Pour l’instant, nous n’en n’avions pas encore arrivés à ce sujet-là. Puis, je lui demandais si je pouvais faire quelque chose pour lui. S’il était là c’était bien pour quelque chose, non ?

« Oui disons… boire un verre avec moi ce soir ? Ca devrait te faire du bien après une telle journée de labeur. » Mon coude posé sur le bureau, j’appuyais mon menton sur la paume de ma main droite. Je souris et soupirai. « Aiden… c’est adorable… mais non. » et bim. Bien entendu, il s’en doutait, il le savait même que j’allais refuser. J’adorais refuser ses avances de jeune Casanova. Ca me plaisait et il le savait. Je me levais et contourna mon bureau pour me diriger vers ma machine à café. Je pris une tasse et alluma la machine. En attendant qu’elle chauffe, je me retournais vers le jeune homme. « tu ne m’en voudras pas, n’est-ce pas ? » demandais-je avec un sourire malicieux. En même temps, si j’acceptais au premier essai, ça n’était pas drôle…

Parfois j’étais jaloux d’Evely. Jaloux que mon père lui adresse autant d’intérêt et qu’il lui fasse une confiance quasi-aveugle. A sa place, je me serrais méfié de cette dernière surtout à son jeune âge mais je voyais qu’il était heureux du travail qu’elle faisait pour lui et après tout, c’est tout ce qui compter. Du moment qu’elle ne lui plantait pas un couteau dans le dos, j’accepterais sa décision quant à faire de cette jeune femme son assistante personnelle. Et puis, cela m’a également permis de faire la rencontre d’une si charmante créature bien que mon paternel ne voulait pas trop que je m’approche de cette dernière. Oui sois disant, si je venais à la séduire et à briser son cœur, elle décidera sans nul doute de s’en aller, de laisser tomber son boulot, ce que mon père ne voulait pas étant donné qu’il appréciait la brunette. Heureusement pour lui, cette dernière était loin d’être facile à séduire et c’est sans aucun doute ce qui me plaisait chez elle. J’avais l’habitude de ces femmes qui tombaient comme des mouches devant moi et qui ne pouvaient refuser la moindre de mes invitations alors qu’avec Evely, le jeu était plus plaisant bien que plus dur. « oh non, parle pas de malheurs… d’ailleurs, pour les prochaines fois, fait pareil, ça m’évitera d’écouter les plaintes de jeunes filles en détresse.. » Un faible rire s’échappa de mes lèvres suite à ses dires mais naturellement, je n’allais pas faire cela avec mes conquêtes. « Oh non merci, sans façon, tu te débrouilles très bien avec ses dernières depuis le temps. »

Je ne pouvais m’empêcher de sourire, c’était comme si ce dernier était figé sur mon visage. J’étais bien heureux de ne pas recevoir moi-même tous les appels de ces dames qui ne cessaient de me réclamer. Pauvre Evely, elle devait plus avoir d’appels de ces femmes que d’appels pour mon père. Comme je l’avais attendu, la jeune femme déclina mon invitation et je poussais un faible soupir alors que je perdais petit à petit mon sourire. Je l’observais se redresser sans dire un mot, cherchant des arguments qui pourrait la faire dire oui. Elle s’avanca vers sa machine à café qu’elle alluma avant de se retourner vers moi. « tu ne m’en voudras pas, n’est-ce pas ? » Je l’observais droit dans les yeux, prenant un air des plus sérieux. « Bien sur que si que je t’en veux. Tu sais, c’est dur de voir une si belle femme me refuser quelque chose. » Je contournais le bureau, sortant les mains de la poche de mon pantalon pour m’asseoir sur la chaise sur laquelle était installée la brunette un instant plus tôt. « Allez sérieusement Evely, boisson à volonté, c’est moi qui offre. Tu peux pas dire non. » Il fallait à tout pris que je trouve de nouveaux arguments si jamais la brunette venait à décliner une fois de plus ma proposition. Au début, c’était marrant de voir à quel point elle était inaccessible, mais petit à petit, cela en devenait de plus en plus frustrant, bien que je ne montrais rien de tout cela.

J’étais libre de refuser ou d’accepter sa proposition. Mais je me demandais comment son père aurait pris la chose. Il me semble qu’il n’aurait pas vraiment apprécié que son assistante ait un rencard avec son fils, ou l’inverse. La situation était délicate et bien que j’aurais aimé me chamailler avec Aiden ailleurs que dans mon bureau. Mais, non, je ne pouvais pas. « tu ne m’en voudras pas, n’est-ce pas ? » Je l’observais droit dans les yeux, prenant un air des plus sérieux. « Bien sur que si que je t’en veux. Tu sais, c’est dur de voir une si belle femme me refuser quelque chose. » je souris.

« tu ferais mieux de commencer à t’y faire, tu sais… » lui répondis-je en plaisantant. Je savais très bien qu’il n’appréciait pas le fait qu’on lui refuse quelque chose étant donné qu’il a toujours tout obtenu en un claquement de doigt. Il alla s’installer à ma place, sur mon fauteuil. Je me retournais face à ma machine à café et j’insérais une dosette dans cette dernière. Le café coulait. « tu en veux un ? » demandais-je à Aiden.

« Allez sérieusement Evely, boisson à volonté, c’est moi qui offre. Tu peux pas dire non. » je souris face au fait qu’il insiste et n’abandonne pas au premier refus. « Aiden, je ne pense pas que ton père apprécierait si on se voyait en dehors du travail... » Ce qui voulait peut-être dire que personnellement je n’aurais pas dit non, mais que l’éthique me faisait refuser sa demande. Et oui, dans cette histoire, il y avait son père, qui était le maire. Il ne fallait surtout pas qu’il sache que nous nous voyions pour boire un verre, juste tout les deux.

« … tu le sais très bien… » Malheureusement, c’était la pure vérité et Aiden en avait conscience, il connaissait son père mieux que moi. Même si on buvait un verre ou à priori nous ne connaissions personne, il pouvait y avoir des personnes qui connaissait le maire.

Je perdais petit à petit mon sourire car cette histoire commençait à me frustrer. Des mois t des mois que j’essayais une bonne fois pour toute d’inviter Evely pour que nous puissions passer une soirée tranquille mais à chaque, elle déclinait mes offres. Peut-être fallait-il tout simplement que mon père organise une nouvelle soirée et que la brunette vienne à boire quelques verres pour que je puisse de nouveau passer du temps avec elle. Mais quoi que, en voulant l’inviter pour prendre un verre rien que nous deux, je ne pensais pas forcément à une partie de jambes en l’air par la suite, pour une fois d’ailleurs étant donné que c’était extrêmement rare. « tu ferais mieux de commencer à t’y faire, tu sais… » Je poussais un nouveau soupir suite à cela avant d’aller prendre place sur le fauteuil derrière son bureau sans aucune gêne. J’inspectais d’ailleurs ce dernier d’un bref regard avant de l’entendre me proposer un café. Je relevais donc le regard en sa direction, affichant à nouveau un sourire mais qui certes, fut quelque peu timide. « Avec plaisir. » Après avoir réfléchis durant quelques secondes, je ne pus m’empêcher d’insister un peu plus au près d’Evely pour qu’elle cède une fois pour toute à mes invitations.

Ce n’était pas dans mes gènes d’abandonner, mais au fond de moi, je sentais bien que je commençai à souffrir de cette situation. Je ne savais vraiment pas pourquoi d’ailleurs, mais cela me blessait énormément. « Aiden, je ne pense pas que ton père apprécierait si on se voyait en dehors du travail... » Je ne savais vraiment plus quoi dire suite à cela car mes espoirs de la journée s’éloignaient petit à petit et je regrettais grandement de ne pas être retourné de suite dans mon bureau après la réunion avec mon père et d’autres collègues. Je baissais un instant le regard, portant mon attention sur ma cravate que je réajustais quelque peu. « … tu le sais très bien… » Je relevais mon visage vers la jeune femme, entre-ouvrant la bouche l’espace d’un instant alors que les mots me vinrent tout naturellement. « Oui je le sais mais sérieusement, mon père n’a pas besoin de savoir que nous avons tout simplement bu un verre ensemble, après tout, c’est pas un crime de prendre un petit remontant entre collègues. » Je savais que mon père serait contre mais cela m’importait peu en fin de compte, que voulait-il me faire après tout ? Me renvoyer ? Il n’en serrait pas capable, j’étais intouchable.

Aiden n’abandonnait pas si facilement et je le savais bien. J’aurais du m’y attendre. Je lui expliquai que son père n’apprécierait surement pas le fait que nous prenions un verre ensemble. Ça, c’était l’excuse que j’avais avancée. Mais ça n’était pas une excuse, mais une vérité. Pourquoi avais-je pensé à une « excuse » ? Tout simplement parce que Aiden était un jeune homme pas vraiment sérieux dans ses relations. Il n’arrivait pas à tisser des liens autres que sexuel avec une jeune femme. Il passait la soirée avec, et ne les revoyait pas ensuite. C’était son mode de vie depuis que je le connaissais.

« Oui je le sais mais sérieusement, mon père n’a pas besoin de savoir que nous avons tout simplement bu un verre ensemble, après tout, c’est pas un crime de prendre un petit remontant entre collègues. » J’hochais la tête, prête à céder. Je réfléchissais en silence. Je pris une seconde tasse pour Aiden qui désirait un café. Une fois prêt, je la pris dans la main de libre et lui tendit. Je le fixais tout en mordillant ma lèvre inférieure. « bon… d’accord pour le verre entre collègues… » répondis-je plutôt frustrée d’avoir céder à Aiden. Je grommelais intérieurement. Comment avais-je pu céder aussi facilement, moi Evely, qui faisait toujours ce que je voulais et pas ce que les autres demandaient. Je fronçais les sourcils. « dis-moi, tu obtiens toujours tout ce que tu veux, n’est-ce pas ? » demandais-je avec un sourire en coin avant de boire une gorgée de mon café.

Aiden était un jeune homme très beau. Il avait une gueule qui se retenait facilement. Mère nature l’avait dotée de tous les atouts qu’un homme désirerait. Il n’avait pas à s’en plaindre et c’ets d’ailleurs pour toutes ses raisons que les femmes lui tombaient aussi facilement dans les mains. Mais moi, je ne ferais pas partie de ses jeunes filles-là. Me concernant, il était à mon goût, je trouvais qu’il avait beaucoup de charme et qu’il avait surtout le don de savoir comment parler aux gens. Du coup, il obtenait toujours ce qu’il désirait, et j’en obtenais encore la preuve aujourd’hui.

Victoire ? Sérieusement ? Bien sur que oui ! D’habitude, je m’en réjouissais mais à cette heure-ci, j’étais quelque peu surpris d’avoir remporté la bataille si rapidement. Evely n’avait jamais cédé à mes caprices jusqu’à ce jour et autant dire que j’en était complètement retourné. Au fond de moi, j’étais convaincu qu’elle allait céder à mes avances, mais ce que je n’avais pu imaginer, c’était le fait qu’elle puisse rendre les armes si rapidement alors que cela était loin d’être son genre, du moins, avec moi. Je m’étais donc emparé de la tasse de café qu’elle me tendait, un grand sourire aux lèvres. Ce sourire ne se détacha pas un seul instant de mon visage et ce malgré le froncement de sourcils de la brunette. « dis-moi, tu obtiens toujours tout ce que tu veux, n’est-ce pas ? » Je ne pus à cet instant m’empêcher de lâcher un faible rire avant d’inspirer un grand coup. J’avais l’espace de quelques secondes baissaient mon regard sur le bureau d’Evely et la paperasse s’étalant devant moi avant de plonger mon regard dans le sien et sur de moi, je ne tardais plus à répondre. « Toujours ? Euhm et bien… oui. J’aurais bien dis non mais maintenant que tu viens d’accepter l’une de mes invitations, je peux affirmer haut et fort que oui, j’obtiens toujours ce que je veux. » J’étais fier de moi en fin de compte. Bon d’accord, mon père n’aurait sans doute pas approuvé ce petit rendez-vous mais peu m’importait, c’était ma vie après tout, et non la sienne. J’allais essayé de ne pas toucher à sa protégée puisqu’il y tenait tant, mais je ne pouvais cacher le fait que la tentation serait bien grande. Je fixais toujours la brunette devant moi, portant la tasse qu’elle m’avait donné un instant plus tôt à mes lèvres pour boire quelques petites gorgées de ce café bien chaud. Je n’arrivais toujours pas à croire qu’Evely avait cédé si rapidement mais autant dire que je n’allais pas m’en plaindre. Cette sensation de victoire m’avait alors totalement envahie et je me sentais indéstructible à l’heure actuelle. Quand la plus mystérieuse des femmes que vous aillez connue accepte enfin l’une de vos invitations après tant de semaines à la supplier à moitié un genou, mieux vaut ne pas gaspiller cet instant. Autant dire que je devrais me tenir à carreaux, chose qui n’était pas dans mes habitudes.

Je trouvais après coup que j’avais cédé un peu trop facilement pour cette fois ci. Mais il fallait admettre que ça n’était pas la première fois qui me proposait d’allait boire un verre tous les deux, et, j’avais à chaque fois refusé. Ce qui m’avait fait me décider, c’était qu’il avait précisé qu’on ne boirait un verre qu’entre collègue de travail. Il n’ya avait donc pas de quoi en faire un drame. Je lui posai alors la question qui me trottait dans la tête : obtenait-il toujours ce qu’il désirait ?

« Toujours ? Euhm et bien… oui. J’aurais bien dis non mais maintenant que tu viens d’accepter l’une de mes invitations, je peux affirmer haut et fort que oui, j’obtiens toujours ce que je veux. » je souris en constatant qu’il avait effectivement raison, bien qu’il est tout de même eut des difficulté à obtenir ce rendez-vous. Ces efforts ont été faits sur plusieurs tentatives.

Mais, juste histoire d'embêter le beau Aiden, je me sentais obligée d'ajouter ceci: « fait attention à toi, je peux annuler notre rendez-vous à tout moment, tu sais… » lui lançais-je pour le taquiner comme à mon habitude. Je remuais le sucre dans mon café, trouvant qu’il n’était pas assez sucré pour moi. Je m’approchais un peu d’Aiden en faisant un pas vers lui.

Je bu la dernière gorgée de mon café. Je posais ma tasse sur mon bureau. « alors, tu m’emmènes où ? » demandais-je en plissant les yeux, curieuse de savoir où nous irons. Après tout, c’était une question tout à fait légitime. Puis, il me semblait bon de rajouter ceci : « ...et… c’est un déjeuner entre collègues et rien d’autre… » lui dis-je en pointant le doigt vers lui tout en affichant un sourire aux coin de mes lèvres. Je regardais Aiden droit dans les yeux. Je ne voulais pas qu'il se vexe, mais je voulais bien que nous mettions les choses au clair dès le départ. Histoire qu'il n'y ait pas de malentendu entre nous. C'était le fils de mon patron, et qui plus est, le maire de la ville.

Boire un verre entre collègues sonnait quelque peu faux dans ma bouche, du moins c’est ce dont j’avais l’impression et encore fallait-il qu’Evely ne s’en rende pas compte sinon je pouvais tirer une bonne fois pour toute un trait sur cette plastique de rêve. Je savais pertinemment que la jeune brunette ne tenait pas vraiment l’alcool alors il suffisait d’une toute petite gorgée de trop, et le tour serait joué. Bon d’accord, c’était pas vraiment génial d’obtenir quelque chose d’une fille de cette manière-ci mais la situation dans laquelle Evely et moi nous trouvions était quelque peu complexe et cela m’empêchait d’être aussi proche d’elle que je le voudrais. Mon père avait mis de certaines barrières entre elle et moi, et cette dernière en avait rajouté quelques unes puisqu’elle savait qu’elle risquait gros, tout comme moi également, si jamais mon père apprenait que nous avions eu une relation ou bien même que nous sortions ensemble. « fait attention à toi, je peux annuler notre rendez-vous à tout moment, tu sais… » Je poussais un faible soupir suite à cette remarque qu’elle lança mais je n’allais pas lâcher l’affaire si rapidement, hors de question que ce rendez-vous soit annulé. « Mais tu ne le ferras pas… c’est un rendez-vous quoi de plus normal, rien ambigüe ou autre. » Une boule se forma au fin fond de ma gorge. Oui, ça me faisait mal de dire ça en fin de compte. Pour ne pas que mon mal-être soit perçu par la brunette, je replongeais toute mon attention dans ma tasse de café dont je bus une rapide gorgée avant que mon regard se repose sur elle en l’entendant. « alors, tu m’emmènes où ? » Je levais un instant le regard vers le plafond tout en réfléchissant. Elle venait de me poser une très bonne question après tout. « ...et… c’est un déjeuner entre collègues et rien d’autre… » Reposant mes yeux sur elle, je ne pus m’empêcher de sourire à mon tour. « Je pensais seulement qu’on pourrait boire un coup mais si maintenant tu veux que je t’offre un repas, aucun problème. Que dis-tu du petit restaurant à quelque pas du Town Square Hotel ? Il et assez chic, je pense qu’il te plaira. » Un nouveau sourire se dessina sur mon visage. J’adorais ce coin de la ville et surtout ce restaurant-ci dans lequel j’aimais dîner une fois le soir venu en compagnie de temps à autre, d’une future conquête. Puis cette partie de la ville, je la connaissais par cœur parce que c’était entre autre, mon terrain de chasse.