Ça s’était passé la semaine dernière. Je chantais comme à mon habitude près du Town Square Hotel pour y gagner un peu d’argent. Seulement, ma chance avait tourné cette journée-là. Un jeune homme vint interrompre mon petit spectacle. Pour… un autographe? Certainement pas. Il était plus grand que moi, ses cheveux étaient d’un brun étincelant et son sourire semblait s’étirer quand il parlait. Il me rappelait quelqu’un : je l’avais déjà vue quelque part. Il avait une de ses gueules! Comme si chaque matin, une équipe s’était posée sur son visage pour y faire disparaître la moindre parcelle d’imperfection. Moi j’étais devant lui, suant du front à cause de la chaleur du soleil qui avait plombé sur ma peau toute la journée. Il se présenta : Aiden Peterson, producteur de Talk-Show. Mon cœur sauta un bond. Je lui serrais la main nerveusement tout en balbutiant mon nom. Original, m’avait-il dit. J’avais simplement répondu par un stupide sourire. Il me serra la main une dernière fois avant de me laisser sa carte pour prendre rendez-vous. Je n’avais pas le don de la parole lorsque j’étais nerveux. C’était pourquoi Griswold s’occupait d’être mon manager et porte-parole lorsque je lui demandais. Une fois qu’Aiden disparut dans l’horizon et que les passants s’étaient éclipsés à leurs tours, je pris l’argent que j’avais gracieusement gagné dans la journée et pris un taxi vers mon appartement. Je n’arrivais pas à le croire. Moi, Ariel Darren Thompson avait réussi à avoir un rendez-vous avec un producteur. Cela faisait quelques mois que je me contentais de faire de petits spectacles sans plus restant dans l’ombre d’un talent non reconnu. Et si… c’était ma chance. Ma chance d’enfin faire ma place dans cette industrie.

Griswold allait-il être content que j’aille été approcher par un producteur ou au contraire, cela l’insulterait-il, car après tout c’était SON travaille de me promouvoir à ce genre de personne. Finalement, lorsque j’arrivai à notre appartement, il n’y était pas. J’attendis une bonne partie de l’après-midi et décida de lui faire un sauté de légume pour souper. C’était rare que je rentre assez tôt pour faire à souper. Habituellement, c’était le contraire. Gris me faisait à manger alors que je revenais de mes mini spectacles. C’était à mon tour de lui faire plaisir. Lorsqu’il arriva je pus voir dans son visage la béatitude qu’il y régnait de ne pas avoir à faire à manger. Lorsque nous mangions, je lui parlai du producteur. Au début, il semblait septique que cela soit réellement un producteur et lorsque je lui dis que c’était Aiden il me reprocha de ne pas l’avoir appeler immédiatement. Par moment, j’oubliais qu’il était plus que mon fiancé, il était aussi mon manager. C’était le genre de détails dont je devais lui faire part à la première seconde où moi-même j’étais au courant. Au final, nous finîmes dans la couchette pour une longue nuit avec beaucoup d’activité physique et peu de sommeil. La semaine passa très lentement, car j’avais prévu moi-même le rendez-vous avec Aiden. Il était dû au prochain dimanche. Je lui avais passé une petite blague au téléphone avec Jésus dans le genre : oh dimanche sa serait bien, nous pourrions allez ensemble à la messe. Et après un petit silence gênant de sa part j’avais ajouté : c’est une blague je ne suis pas chrétien, après tout je suis gay donc les religions je les ai profond dans le cul. Oui, j’étais direct des fois. Mais pas tout le temps. Ça m’arrivait comme ça par hasard : des moments de franchise pure et simple.

Dimanche finit par montrer son bout du nez et je fus si anxieux la veille du rendez-vous que je dus engloutir près de sept tasses de thé à la camomille. Même dans les bras tendres et chauds de Griswold je n’avais pas réussi à trouver le sommeil. J’étais tout simplement devenu insomniaque. Le cœur me pompait. Peut-être qu’après des négociations avec Gris, je pourrais passer à un talk-show et faire une prestation. Ce serait mon début à la télé et ensuite les portes s’ouvraient à moi. Je pourrais devenir chanteur, acteur ou même modèle pour une compagnie de sous-vêtement comme Diesel! Qui sait. Vers les coups de six heures le matin je me levai à la hâte et sortit du linge propre pour Gris et je la déposai sur sa table de nuit. À mon tour, je me cherchai quelque chose à porter. Ce fut comme trouver une brindille de paille dans un gros tas de clous. Finalement, j’optai pour une chemise blanche et un jeans délavé. Un classique. J’allai sous la douche et en sortant j’allai coller mon corps froid et mouillé contre Gris « Hey, p’tit ours. Faut que tu te lèves on a rendez-vous dans moins d’une heure. » Il émit quelques grognements et je me décollai pour préparer à déjeuner. Après avoir mangé, nous partîmes en quête du rendez-vous tant convoité. Nous arrivâmes cinq minutes d’avance. Je sonnai puis je regardai Griswold. « J’ai oublié de mentionner que j’avais un manager et que j’étais fiancé. » J’embrassai rapidement Gris avant qu’il ne puisse répliquer quoi que ce soit et la porte s’ouvrit. Mon cœur arrêta de battre.