« PAPAAAAAAAA ! » Je soupire et passe une main sur mon visage. Depuis que Théa c’est parler elle adore hurler papa dans toute la maison quand elle ne me trouve pas. A croire que c’est vraiment son jeu préféré. Dire que je voulais juste prendre une douche. J’ai même pas encore eu le temps de me laver les cheveux et déjà ma princesse est en train de me chercher. Je me demande bien ce qu’elle me veut et je finis par sortir la tête de la cabine de douche. « Je suis dans la salle de bain chérie. Papa il prend sa douche. » Un petit silence et finalement j’entends un petit « Oh. » S’échapper de derrière la porte. Je me retiens de rire et finis par faire savoir à ma fille que je me dépêche. C’est dans des moments comme cela que je n’aime pas spécialement être un père célibataire. Ce n’est que le temps d’une douche, mais voilà ma fille est toute seule et personne ne peut la surveiller. Comme bien souvent lorsque je me retrouve nez à nez avec ma situation, j’ai les larmes aux yeux. Bien entendu je pense à Emma. Elle me manque tellement. Cela va mieux depuis quelques temps, mais il y a des moments comme cela où elle me manque plus que tout. Ce genre de moment où je donnerais n’importe quoi pour l’embrasser encore une fois et pour pouvoir la prendre dans mes bras. C’est un peu triste que je finis par sortir de ma douche, mais quand j’ouvre la porte de la salle de bain et qu’une petite tête blonde me saute dessus, je comprends que je ne dois pas me laisser abattre par mes idées noires. Je prends Théa dans mes bras et la couvre de baisers pour entendre son petit rire cristallin. Je lui demande ce qu’elle me voulait et son petit sourire s’efface bien vite. « A perdu doudou ! » Oh. Oh. Le doudou. Ma fille ne se sépare jamais de cette petite peluche de Winnie l’Ourson. Je sais que j’aurais dû lui acheter une peluche quand elle est née, c’est ce que ma mère a fait d’ailleurs, mais lorsque j’ai ramené mon bébé à la maison, je lui ai donné la première peluche que j’avais offerte à sa mère et qu’Emma avait toujours gardée. Je ne pensais pas que ma fille s’y attacherait de cette manière, mais c’est le cas et à chaque fois que je la vois avec sa peluche, je me dis qu’Emma continue à veiller sur elle. On a déjà eu quelques fausses alertes de perte, mais il faut avouer que cela fait un moment que je n’ai pas vu le petit ourson jaune. « Tu crois qu’il se cache ? » dis-je alors tout en posant ma princesse au sol prêt à aller chercher ce fameux doudou dans toute la maison. « Ninie faut pas se cacher ! » hurle-t-elle alors à travers l’appartement ce qui me fait rire tendrement. On y passe près de dix minutes, mais au final on retrouve la fameux Ninie sous un coussin du canapé.

Finalement c’est au tour de Théa de passer sous la douche. Ce soir Léo viens nous rendre visite et je dois dire que j’attends ce moment avec impatience. Je suis très proche de la jeune femme depuis deux ans et je dois dire que j’aime passer du temps avec elle. Je me sens bien lorsque Leo est dans les parages et surtout je me sens en sécurité. C’est bête, mais c’est comme cela. C’est elle qui m’a sorti la tête de l’eau après le décès de ma femme et sans elle je crois que Théa ne serait pas si heureuse aujourd’hui. Elle sautille dans tous les sens et plus particulièrement sur son lit alors que j’essaye de lui enfiler son pyjama. « Tata Leo elle amène la pizza ? » Je vois que ma petite tête blonde n’a pas perdu le nord. Elle sait parfaitement que lorsque Eleonore viens à la maison, je me casse pas vraiment la tête à faire à manger et surtout ma meilleure amie a bien compris qu’elle s’attirait l’amour de ma fille lorsqu’elle lui ramène sa pizza préféré. « T'as été assez sage pour avoir de la pizza ? » Théa s’arrête dans son jeu et se rapproche de moi pour me faire un  bisou sur la joue. « Oui oui ! » En toute modestie dit dont. Je rigole et finis par l’attaquer en lui faisant des chatouilles. Je me passerais jamais de l’entendre rire.

On s’amuse pendant quelques minutes jusqu’à ce que la sonnette nous coupe dans notre jeu. Théa tel un boulet de canon part vers la porte d’entrée et ne m’attends même pas pour ouvrir et ce jeter sur Eleonore. « Ai été très sage tata ! » J’explose littéralement de rire en voyant la tête de ma fille et lève les yeux vers Eleonore en lui souriant tendrement. J’écarte le petit monstre pour la laisser entrer et la prends rapidement dans mes bras. « Ca fait plaisir de te voir. » Je dépose un rapide baisé sur la joue et la débarrasse de ses affaires pour que Théa puisse de nouveau lui sauter dessus. « Tu va bien ? » demandais-je alors simplement tandis qu’on s’installe déjà dans le salon.

C’est toujours un plaisir de passer la soirée avec Eleonore. Il est vrai que je l’ai longtemps rejeté après qu’elle m’a dit avoir des sentiments pour moi. C’était il y a quelques années désormais, mais aujourd’hui encore je fais attention à ce que je fais lorsque je suis avec elle. Andrew ne me le pardonnerait jamais si je faisais du mal à sa sœur intentionnellement ou pas. Puis j’apprécie bien trop la jeune femme pour jouer au con avec elle. Eleonore m’as tellement aidé depuis que ma femme n’est plus parmi nous. Je crois que sans elle je ne m’en serais jamais sorti après tout ça. Je lui dois vraiment beaucoup et il est vrai que ces derniers temps je fais de mon mieux pour lui rendre tout ce qu’elle a pu faire pour moi. Ou alors ces repas sont juste devenus une véritable habitude entre nous. C’est quelque chose de rassurant dans le fond. Elle vient dîner avec nous, elle est toujours très attentionner avec ma fille et au final je finis toujours par avoir le sourire lorsqu’elle repart de chez moi. Après les pensées un peu noires que j’ai pu avoir tout à l’heure, je suis heureux de voir la jolie brune débarquer dans mon appartement. Des fois, je me demande comment elle fait pour toujours avoir le sourire de cette manière. Leo est une véritable une boule d’énergie, un vraie rayon de soleil. Même quand elle était plus jeune et que certains ce moquait d’elle, elle ne cessait de sourire. Dans le fond, je dois dire que je l’admire quelque peu. Enfin. Il ne me faudra pas longtemps pour comprendre que la jeune femme est arrivée lorsque j’entends Théa hurler qu’elle a été très sage. Pourquoi je lui ai dit cela moi encore ? Ma fille est un vrai moulin à parole, elle a encore un peu de mal à faire une phrase correcte parfois, mais elle sait très bien s’exprimer pour obtenir ce qu’elle souhaite. Comme toujours j’ai un pincement en cœur quand je vois Théa dans les bras de Léo. Ma fille commence à poser des questions sur sa maman, mais pour le moment j’ai jamais eu le courage de lui répondre. Je sais qu’un jour il faudra que je lui parle de tout cela, mais pour le moment je ne me sens pas vraiment prêt. Je prends une longue respiration et affiche un petit sourire avant de me tourner vers Eleonore qui discute avec ma princesse.

On s’installe dans le salon après que j’ai ramené des assiettes et des couverts. Je sais que Théa va pas pouvoir tenir plus longtemps pour goûter à cette fameuse pizza. D’un seul coup, elle s’assoit à la table basse avec sa petite chaise et me regarde avec le plus grand sourire qu’elle m’a jamais donné. Je rigole et lui sers une part de pizza. J’ai le droit à un tout petit merci et elle attaque déjà. Je l’embrasse sur le haut du crâne et vais m’asseoir auprès de mon amie. « Rien de bien neuf, la semaine a encore défilé à toute allure. J’avais besoin d’une petite soirée avec quelqu’un d’adulte. » dis-je en riant un peu. Je crois que je pense un peu trop à Emma aujourd’hui… Je passe une main sur mon visage et soupire quelque peu. Je vais pas pourrir la soirée avec le fantôme de ma femme. Ce n’est pas le moment. « Et toi ? Qu’est-ce que tu me raconte qui n’implique pas les poupées et les princesses. » Je vois bien le regard noir que me jette Théa et je rigole en la voyant couverte de sauce tomate. « J’adore tes princesses ma puce. » « Je sais. » Confiante en plus de ça. Elle n’est pas ma fille pour rien je crois. Je finis par me servir une part de pizza et croque dedans à pleine dents. « Mmmh. C’est toujours aussi bon. Tu devrais être notre cuisinière officielle ! » Je lui souris et continue à manger ma pizza comme si je n’avais pas mangé depuis des semaines.