Assis dans mon canapé, ma planche à dessins sur mes genoux, je tente de me concentrer sur mon travail. Je dois rendre ce projet dans trois jours, mais je n’arrive pas à avancer. Toutes mes pensées sont dirigées vers Nola et notre futur enfant. Je ne pense qu’à cela depuis que Nola m’as annoncé sa grossesse. J’ai mal réagi et depuis on ne se parle presque plus et c’est dur. Je ne sais pas comment faire pour me revenir vers elle. Je veux m’excuser, mais en même temps je trouve ma réaction tout ce qu’il y a de plus légitime. Je ne m’attendais pas à ça et vu la particularité de notre situation il est normal que je me sois interroger sur l’identité du père de cet enfant. Enfin, personnellement, je trouve cela normal. Mais comment lui faire comprendre ? Comment me faire pardonner surtout ? On doit en parler, mais je ne sais vraiment pas comment faire. J’ai tellement peur de la perdre que je préfère encore rester dans le silence. On s’envoie quelques messages, mais ça ne dépasse jamais le stade du « ça va ». Malheureusement. Alors voilà… J’essaye de me changer les idées avec mes dessins, mais cela ne marche pas forcément. J’aurais envie de sortir avec ce beau temps, mais je n’ai pas envie d’être seul et je n’ai pas envie d’embêter mes proches avec ma déprime. Alors voilà je reste chez moi et je déprime. Tout du moins, c’est ce que j’avais prévu pour la journée. Jusqu’à ce que je reçois un message de Meadow. La jeune femme est infirmière à l’hôpital et je l’ai rencontré lors de son premier jour de travail. La pauvre avait été totalement déstabilisé par ma maladie qui est très rare il faut l’avouer. Elle était nerveuse et j’avais fait de mon mieux pour la rassurer. Après cela on c’est revu très souvent étant donner que je passe la moitié de ma vie à l’hôpital. Nous sommes très rapidement devenu ami et depuis on ce voit très régulièrement. On essaye toujours de ce faire une sortie en dehors de l’hôpital et visiblement ce soir mon amie a envie de me changer les idées. Elle me propose une sortie et je lui réponds rapidement. « 20h au Fitzgerald’s ? » Elle me répond par la positive et un petit sourire se dessine sur mon visage. Au moins ça va me faire sortir de mon appartement.

En début de soirée je commence à me préparer pour sortir. J’adore aller au Fitzgerald’s en plus. Isaac, le propriétaire, est quelqu’un de très sympa et on s’entend très bien tous les deux. Toujours en train de déconner. Je me prépare donc rapidement. Je prends une douche, je prends le temps de me raser aussi. Histoire d’être présentable. J’enfile des vêtements confortables et mes vieilles converses. Je suis un peu en avance, mais je décide de partir au bar. Au moins pour une fois je ne serais pas en retard ce qui est assez rare chez moi quand même. Lorsque j’arrive au Fitzgerald’s il y a déjà un peu de monde, mais après avoir récupérer ma bière et avoir un peu discuté avec Isaac, je trouve une table un peu dans le fond de la salle. Je m’assois et aperçois Meadow. Je lui fais signe et me lève pour lui faire la bise. « Ca me fait plaisir de te voir. » lui dis-je tout en lui souriant. Elle part se chercher une boisson et reviens s’asseoir en face de moi. Une nouvelle fois, je lui offre un petit sourire. « Alors qu’est-ce que tu me raconte de beau ? » Je ne veux surtout pas parler de moi alors autant la questionner elle.

J’adore passer un moment avec Meadow. Même si je l’ai connu à l’hôpital, elle est devenue une véritable amie et j’apprécie toujours sa compagnie. Pour une fois, on va enfin ce voir en dehors de l’hôpital. J’ai l’impression d’y passer un peu trop de temps ces derniers temps alors ça ne me fera pas de mal de sortir un peu. Même le plus grand bien. Lorsque j’arrive au Fitzgerald’s j’arrive à me faufiler au milieu de la foule pour trouver une table. Bien entendu je salue mon ami, propriétaire des lieux et me prends une bonne bière. Je sens que cela va être une bonne soirée. Mon amie n’est pas encore là, mais je l’attends patiemment en buvant ma bière. Je regarde un peu autour de moi et mes yeux ce pose alors sur un couple qui semble heureux ensemble. Tout de suite, je pense à Nola et aux problèmes que nous rencontrons. J’ai l’impression que rien ne va s’arranger pour nous. Je secoue quelque peu la tête pour essayer de me changer les idées. Heureusement je n’ai pas le temps de ruminer plus longtemps, Meadow arrive enfin. Je lui offre mon plus beau sourire et dépose un baiser sur sa joue pour lui dire bonjour. La jeune femme repart tout de suite pour aller chercher prendre un verre. Je la suis du regard et me retiens de rire en la voyant revenir en faisant attention aux moindres de ses mouvements. Elle s’installe confortablement et la soirée peut enfin commencer. Nous sommes un peu à l’écart du reste de la salle et par ici le bruit est un peu moins puissant. On peut donc discuter tranquillement et je finis par lui demander de ses nouvelles.

Meadow ne met pas longtemps à me raconter une petite anecdote qui lui est arrivé il y a deux jours de cela. Une rencontre un peu imprévu avec un beau jeune homme si je comprends tout. Je me mords la lèvre pour ne pas rigoler. Elle a voulu frapper le pauvre homme tout simplement parce qu’il préparait le petit déjeuner et qu’elle ne le connaissait pas. Il vaut mieux prévenir avec Meadow visiblement. Elle finit par me donner le droit de rire et je lâche un petit rire avant de me cacher derrière ma bière. « Pauvre garçon, il a du avoir la peur de sa vie. Une spatule c’est dangereux ! » Enfin je crois. Je ne sais même pas ce qu’est la douleur, mais je l’imagine bien avec cette fameuse spatule à la main. « Sexy le garçon ? » Oui je sais, on ne dirait une conversation de nana, mais je m’intéresse tout simplement à mon amie. Qui semble assez surprise. « Bah quoi ? Tu me parle d’un homme. Il a forcément quelque chose d’intéressant. » dis-je en riant de nouveau.

La jeune femme finit par me retourner la question et j’ai presque envie de m’enfuir en courant. « J’ai le droit de dire Joker ? » Je baisse un peu la tête et soupire. Il n’y a que moi pour m’engager dans des histoires plus farfelues les unes que les autres. « Des petits soucis sentimentaux, mais sinon ça va. J’ai évité l’hôpital cette semaine, t’as vu ! » dis-je alors fièrement.