Les cours, dieu seul sait à quel point t'aime donner tes cours. A l'université t'enseigne la littérature et il t'arrive parfois d'aller donner un coup de main au lycée voisin, t'aime bien les jeunes, tu t'entends bien avec et puis faut dire que depuis le décès de ta mère y a que ça qui te change les idées. Les cours sont terminés depuis près d'une semaine mais t'es là à aider pour le rattrapage, t'es vraiment un chic type, d'ailleurs les élèves te surnomme "L'incroyable professeur Nix" et ça te fait marrer. En temps normal c'est Cameron, ton meilleur pote qui t'aurais aidé à surmonter ça, il t'aurait soutenu et encouragé mais faut dire que tu l'as un petit peu évité ces derniers temps, serait-ce à cause de ce baiser qu'il t'a volé, enfin, volé c'est vite dit bien entendu. Tu te poses des questions mais pas au point de te remettre en cause, tu préfère faire taire ces petites voix et ces pensées qui te font si peur, après tout t'as d'autres chats à fouetter pour le moment n'est-ce pas ? Sauf que voilà, passé quinze heures tu retournes à ta voiture pour te mettre en route vers chez toi, t'écoute la radio et la chanson qu'ils diffusent te rend tout à coup mélancolique, tu fixe la route qui te fais face et tu reconnais le quartier, t'es pas loin de chez lui. C'est comme-ci le poids du cumul de tout ce qui s'est passé dans ta vie ces derniers temps te retombait sur les épaules et tu ralentis pour finir par te garer plus loin dans la rue. Tu te tâtes quelques minutes, tu relève les vitres avant de ta voiture et tu qui l'habitacle pour marcher d'un pas faussement assuré vers chez ce cher Cameron. Tu te plante devant la porte et t'appuies sur la sonnette, tu n'as pas eu à attendre très longtemps pour que le beau gosse vienne t'ouvrir, il n'a pas l'air ravis, enfin, la tension est encore palpable entre vous et il te le fait bien sentir par les mots qu'il emplois en guise de "bonjour". Tu passes la porte doucement et t'avances dans l'entré, t'étais pourtant content de venir le voir toi, enfin un petit peu quand même. Ma mère est morte la semaine dernière, dis-tu d'un ton neutre avant de croiser les bras en te plantant juste en face de lui. Il n'est pas très couvert et à l'odeur qui envahie la baraque, il y a eu du sexe ici, un mélange de bouffe thaï et de parfums, d'encens et de fruits de mer. Tu ne peux rien lui reprocher, il a dû faire l'autruche tout comme-toi mais retourner dans le Colorado pour les funérailles ça a été bénéfique pour toi. Je sais que j'aurais dû donner des nouvelles, mais je me permets quand même de te faire remarquer que tu pourrais être plus accueillant. rétorques-tu de la même façon dont il t'as reçut. T'avances vers le salon, tout est rangé, comme d'habitude, c'est pas qu'il est maniaque, mais il n'aime pas que le désordre règne dans son petit chez lui. Tu ne remarques pas immédiatement la trace qu'a laissé le garrot dont il s'est servit avant de s'injecter sa merde, nouvelle merde d'ailleurs, pour le coup ça tu l'ignorais, enfin jusqu'à cet après-midi là. Je vais pas très bien en ce moment, mec j'ai besoin de toi... mais tu ne finis pas ta phrase, tes yeux ont finit par se poser sur la table du salon où se trouvait son nécessaire de junky héroïnomane, ton visage se déforme et tes sourcils se froncent, tu reste là, la bouche ouverte a mi-chemin entre la colère et un sentiment tout autre mais tout aussi semblable pourtant, que va t-il inventer pour sa défense cette fois ?

C'est pas gagné et tu le sens bien, Cam' est sur ses gardes, faut dire qu'on ne sais jamais vraiment à quoi s'attendre avec vous. Votre tempérament explosif s'est révélé il y a peu, bien sur que bourrés, vous vous êtes déjà battus mais sobre c'est une autre histoire. Tu le vois, tu le regarde se hâter pour ranger ses ustensiles, t'as envie de partir pour toi là franchement, ça va un peu loin. T'es déçu et inquiet à la fois, tu ne bouge pas d'un poil et attend qu'il se tourne vers toi, nan t'attends qu'il se justifie plus que tout en fait. Ne dis rien, je connais la chanson et j'ai pas besoin qu'on me fasse la morale. T'inspire profondément, en répétant ses mots, souriant nerveusement, Te faire la morale... Tes poings se serrent presque automatiquement et ta mâchoire suit le mouvement. Tu déglutis difficilement en hochant la tête de haut en bas, tu t'avances vers lui lentement. Tu plaisantes j'espère, tu laisse s'échapper un petit rire nerveux en passant ton pouce sur ta lèvre inférieure.  Tu le chope par la nuque en le tirant en arrière, il se plis sous ton emprise, pour combien de temps ? Refais-la moi, allez vas y ! t'enerve-tu avant de le relâcher violemment, t'as la rage, t'es déçu, l'as la haine et une seule envie : comprendre. Merde Cameron mais réveille-toi, tu te rends compte qu t'es en train de changer, tu pars littéralement en vrille, laisse-moi t'aider ! Tu soupires, t'essaye de te calmer mais tu sais qu'en lui tendant la main tu prends le risque de te faire cacher dessus au sens propre comme au figuré, mais tu ne t'imagines pas le laisser dans sa merde parce que tu risque de le perdre pour de bon, t'en as pas très envie. Maintenant parle, ou j'me barre. Lui ordonnes-tu sur un ton sec, tu croises les bras, t'es sérieux et c'est surtout que tu n'arrives pas à te calmer et d'une seconde à l'autre tu menace d'exploser. Tu plante ton regard dans le sien en soupirant.

« Te faire la morale... » Tu attends la suite, ton regard sombre plongé dans le sien, tu n'es pas du genre à te soumettre devant lui, ni devant qui que ce soit d'autre d'ailleurs. Il t'attrape sans crier gare par le cou pour te pousser en resserrant son emprise. Tu n'as pas peur, tu espères seulement qu'il va finir par te lâcher pour ne pas que tu cèdes une nouvelle fois à ton impulsivité. « Refais-la moi, allez vas y ! » Il te lâche avec une certaine violence mais malgré la quantité de drogue dans ton sang tu parviens à te rattraper pour ne pas tomber au sol. « Merde Cameron mais réveille-toi, tu te rends compte qu t'es en train de changer, tu pars littéralement en vrille, laisse-moi t'aider ! » Tu pousses un rire nerveux, tu ne veux pas d'aide toi. Tu ne lui réponds pas tout de suite, gardant seulement un fin sourire arrogant au coin des lèvres. « Maintenant parle, ou j'me barre. » Tu bouillonnes intérieurement, tu sais que ton calme apparent va finir tôt ou tard par se briser. Tu prends tout de même la parole, même si ta voix a rarement été aussi sèche qu'aujourd'hui. « Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je remercie Kenneth le sauveur ? J'ai pas besoin de toi, tu comprends ça ?! » Sans t'en rendre compte tu t'es rapproché de lui pour mieux le toiser, le ton de ta voix a très largement augmenté. « Mais vas y, tire toi, j'te retiens pas ! » Tu commences à sortir de tes gonds, tu le pousses sans hésiter une seule seconde. « Et bah qu'est-ce que t'attends ? Tire toi, tu sais rien faire d'autres ! »

Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Que je remercie Kenneth le sauveur ? J'ai pas besoin de toi, tu comprends ça ?! Ses mots te mettent hors de toi, tu tentes de te contenir, il se fout de ta gueule mais peut-être ne saisit-il pas le sens du mot amitié. Ca ne lui ressemble pas, pas du tout, il  a encore quelques mois vous étiez comme les deux doigts de la main et si un de vous avait besoin de quoi que ce soit vous saviez parfaitement vers qui vous tourner. T'essayes, tu veux le sauver et tu savais qu'il te cracherais dessus, c'est ce qu'il a fait. Mais vas y, tire toi, j'te retiens pas ! il te hurle dessus en te poussant, tu recules de quelques pas, là c'est la goutte de trop, te contenir devient beaucoup trop difficile pour toi, mais il enchaîne : Et bah qu'est-ce que t'attends ? Tire toi, tu sais rien faire d'autre ! des reproches, c'est vraiment pas le meilleur moment. Ne me touche pas ! lui craches-tu alors que ton coeur est sur le point de défoncer ta cage thoracique, la rage s'empare lentement de toi et tu le pousses à ton tour, t'es sur le point de l'enchaîner. T'es sérieux, tu me fais une scène, tu te fais passer pour la victime alors que c'est moi qui ai besoin de toi ?! tu grognes, et tu le pousse de nouveau et plus violemment cette fois, tu entre dans un espèce d'état second, c'est comme-ci le Kenny que tu connais si bien était partit, il a prit une pause, a fait un break. Putain mais arrête d'être égoïste et ne retournes pas la situation ! tu te ressaisit en reculant d'un pas en arrière, ta respiration est saccadée, c'est fou ce que tu prends sur toi. T'ajuste la chemise que t'a enfilé et qui s'est froissé durant votre prise de bec, tu croises les bras puis tu soupire. Tu peux pas me reprocher d'avoir pris du recul après ce qui c'est passé, dis-tu d'un ton plus calme mais dans le fond t'es nerveux. Je savais pas comment le mettre sur le tapis alors je me suis éloigné, voilà pourquoi je suis parti, finis-tu par avouer sur un ton neutre pour ne rien laisser transparaître, non aucun sentiments, rien. T'aurais préféré ne pas évoquer ce petit passage de vos vies. Tu sais pas ce que c'était, tu sais pas comment le prendre et t'as préféré occuper ton esprit plutôt que de te prendre la tête avec cette histoire de baisé, puis merde qu'est-ce qui t'as pris d'y répondre.