Alex Ҩ Lori

Il Il s'était promis de regarder son programme télé jusqu'à la fin, mais la fin de la France a un Incroyable Talent ne serait pas pour ce soir. En effet, le jeune homme s'était endormi en plein milieu du programme qu'il avait fait enregistré. Comme quoi, quand on est gentil et patient avec sa femme de ménage, elle veut bien vous accorder quelques services supplémentaires, comme faire les courses à notre place. Profiteur ? A peine ! Enfin bref! D'après les calculs du jeune homme, cela faisait déjà une heure que son téléviseur affichait un écran noir. Aïe! Il était 23h30 et le jeune homme avait prévu de relire ses dialogues pour le lendemain. Il se devait de les mémoriser. Heureusement, il avait une très bonne mémoire, mais elle n'était jamais au meilleur de ses capacités après une sieste ou une nuit de sommeil. Tout comme lui, son cerveau a besoin d'un peu de temps pour se réveiller.

Poussant un soupir d'exaspération, il se leva et se dirigea vers sa douche. Tant pis, il lira ses lignes demain. Pendant que l'eau chaude glissait sur son corps musclé, il essayait de se passer dans sa tête les scènes qui devront être tournées le lendemain. Dans cet épisode il y aurait une "guest". On lui avait dit qu'elle était mannequin et elle devait jouer un assassin qui voulait tuer le riche père de son personnage...Ce que son personnage ne voulait définitivement pas, préférant en avoir l'honneur. Comme toujours les scénaristes ont de la suite dans les idées. Il avait entendu que ce serait une mannequin assez connue. Elle avait apparemment répété durant la journée avec sa doublure et il avait même accorder à son assistante la possibilité de lui passer son numéro de portable privé, au cas ou la jeune femme voudrait le rencontrer et discuter. Question d'être plus à l'aise le jour du tournage. Le jeune acteur se perdait dans ses pensées. En même temps quoi de plus confortable qu'une douche bien chaude pour se détendre. Mais comme pour toutes les bonnes choses, les douches détentes ont une fin et Alexander mit fin à la sienne. Sinon gare à la facture d'eau. Pile au moment ou il enroulait une serviette de bain autour de sa taille son portable se mit à sonner.

C'était un numéro qu'il ne connaissait pas. En général, il laissait son répondeur se charger de ce genre d'appel mais comme le numéro était masqué et que son assistante avait refilé son numéro à la partenaire du prochain épisode à laquelle il pensait en question... Il se devait de vérifier que ce n'était pas elle. Comme pour tout le monde son réflexe fut de dire :

"Allô?"
"C'est pas mon genre de demander de l'aide aux inconnus, mais s'il-te-plait-mon-dieu-je-t'en-supplie aide-moi, je sais pas jouer."
Et un ange passa. Alex était complètement out. Il devait être 23h50 et voilà qu'on l'appeler...au secours ? En général c'est pas les pompiers et les ambulanciers qui ont ce genre d'appels ? Ne voulant pas laisser la jeune femme dans l'embarras il essaya de trouver quelque chose à dire, sans vraiment y réfléchir.
" Vous êtes ma partenaire de tournage demain ?"
Il entendait des bruits de pages que l'on tournait. Sans doute le manuscrit suivit d'une phrase avec peut-être une pointe de reproche dedans.
"Non, je suis JUSTE la fille que t'as bousculé deux fois et dont tu te souviens même pas."
"C'est que je me suis déjà fait bousculé par beaucoup de monde vous savez. Et si vous commenciez par me dire votre prénom et nom et ce pour quoi vous avez besoin de moi ? ", et il ne put réprimer un sourire tout en répondant à la jeune femme.
Un long soupir à l'autre bout du téléphone se fit entendre suivit de la réponse à sa question.
"Euh... Kenway. Lori Kenway. Bon, j'ai vraiment besoin de toi là... Je sais pas faire ça toute seule..."
L'acteur décida de ne plus taquiner la demoiselle plus que ça et se dit que malgré l'heure tardive il pourrait l'aider sans trop faire souffrir la jeune femme qui semblait paniquée.
" Est-ce que vous voulez passer chez moi pour en parler, Lori ?"
"Je peux pas quitter la maison et laisser les petits sans surveillance..."
" Ah tiens! une maman, que c'est adorable!" dit-il avec une réelle surprise "Euuh...très bien dans ce cas je peux venir chez vous si cela vous convient, bien entendu. Passez moi juste une adresse à laquelle je puisse me rendre. "

Sur ce Lori Kenway lui donna son adresse et il ne restait plus qu'à Alex de se sécher, s'habiller et prendre sa voiture pour se rendre dans le quartier résidentiel. Ce qu'il fit, même s'il dû renoncer à se sécher les cheveux pour ne pas perdre plus de temps encore.

C'est donc dans son Aston Martin One-77, qu'il affectionnait plus que tout, qu'il se gara devant la maison de celle qui était pour cette nuit la jeune demoiselle en détresse, même s'il était loin de s'imaginer en prince charmant. Il éteignit le moteur, enleva la clé du contact et sortit du véhicule. Une fois la porte du conducteur fermé, il verrouilla la voiture et se dirigea droit vers la porte de la maison qui était plutôt charmante et donna quelques coups légers mais audible à la porte dans l'espoir de ne pas réveiller les enfants dans le cas où ces derniers étaient endormis. Adossé au mur, les cheveux encore un peu mouillés et son manuscrit dans la main, il offrit un sourire chaleureux à la jeune femme, qui de toute évidence avait des origines nippones, lorsque cette dernière ouvrit la porte.

alex Ҩ lori

« do me a favor? stay. »

« J’éteins maintenant… Bonne nuit mes anges. » chuchote une grande blonde en refermant la porte de la chambre de ses deux fils. Une fois le cliquetis de la porte retentit, la maison est plongée dans un calme et un silence assourdissant. Sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller le plus jeune qui dort déjà, la jeune femme qui s’avère être une mannequin retourne dans le grand salon. Le chien dort à côté du meuble de la télévision et les chats sont enfermés dans la cuisine avec leur nourriture pour la nuit. Il est vingt-et-une heure et la maison est déjà calme. Enfin tranquille, elle allume la télévision avec le son au minimum. La semaine précédente, elle est allée au store le plus proche s’acheter l’intégral d’une série apparemment très en vogue – mais pour être honnête, elle n’en sait rien – persuadée que le plus grand de ses fils pourrait regarder avec elle. C’était avant de tourner le boitier pour lire le résumé. On ne sait jamais, qu’il ait la lumineuse idée de s’inspirer de ce qu’il voit pour jouer avec ses camarades de classe. Depuis l’acquisition de ces DVD, elle passe ses soirées à se plonger dans l’histoire, le cœur toujours plus serré au fur et à mesure que les jours passent. Si seulement ça n’avait été qu’un simple passe-temps ! Quelques semaines plus tôt, si on lui avait dit qu’elle tournerait dans une série, elle aurait ri en se roulant par terre. Plus maintenant. Elle a surtout envie de se frapper la tête contre le mur pour que ces répliques rentrent.

Jouer le rôle d’une assassin, c’est quand même assez excitant. Si elle avait eu un peu plus d’expérience – ou de l’expérience tout court – elle se serait beaucoup plus amusée. La veille, elle a répété la scène qui sera tournée avec la doublure de l’acteur principal. Pour une doublure, il ne lui ressemble pas beaucoup, mais ça n’est pas très important. La jeune femme n’était pas à l’aise. Le pire dans tout ça, pire que de n’avoir jamais mis les pieds sur le tournage d’un film, pire que d’être une piètre actrice, pire que d’avoir une mémoire de poisson rouge, c’est de savoir que l’homme avec qui elle va tourner une énorme partie de l’épisode, c’est son inconnu de Paris. C’est ça qui la rend nerveuse et furieuse en même temps, car depuis une semaine qu’elle a le rôle, il n’a pas daigné une seule fois venir la voir ou la contacter. La mannequin n’a travaillé qu’avec sa doublure. A croire qu’elle ne tournera tout simplement pas avec lui. Cette pensée la rend un peu triste alors qu’elle regarde les images défiler à l’écran sans vraiment les voir. Elle se penche vers la table basse pour attraper la canette de bière et en prend une longue gorgée. En tout cas, le costume blanc et rouge de l’assassin lui va bien. Un sourire passe sur les lèvres de la jeune femme. Tant mieux, si elle ne le rencontre pas. Au moins, ça lui évitera d’être déçue au cas où il est totalement différent de l’homme qu’elle imaginait. Elle a déjà peur pour demain. Alors, dès qu’elle eut fini le DVD, elle fait tout pour ne pas avoir à revoir le script. Elle prend une douche brûlante, se change dans des vêtements plus confortables, enroule une serviette autour de ses cheveux, prend une autre bière, allume une cigarette, câline le chien, grignote des biscuits… Mais à 23 heures, elle n’a plus rien à faire que de s’assoir sur le canapé avec les feuilles.

« Putain… » grogne-t-elle. Pendant de longues minutes, elle fixe la première phrase, cherchant tous les moyens de la prononcer. Elle marmonne, murmure mais rien ne lui vient. Un soupire lui échappe. La jeune femme est déjà énervée, plus nerveuse que de raison. Tout s’empile et ce n’est pas bon. Mais ce n’est pas faute de leur avoir répété de dizaines de fois. Elle n’est pas actrice, ne sait pas jouer la comédie. Personne n’a voulu l’écouter et là voilà à essayer de retenir des répliques. Mais cinquante minutes plus tard, elle est toujours en train de cogiter sur cette foutue réplique. Elle a les larmes aux yeux à cause de l’énervement et tripote nerveusement son téléphone. Avant qu’elle quitte le plateau, l’assistante de l’acteur lui avait donné son numéro privé en souriant d’un air entendu. La blondie n’avait pas vraiment compris la signification de ce sourire mais avait simplement pris le numéro sans insister. Et à présent, elle hésite à l’appeler. Sa main tremble alors qu’elle pose le doigt sur le bouton vert pour l’appeler. Sincèrement, elle a l’impression qu’elle va s’embarquer dans une histoire beaucoup plus compliquée qu’un malheureux tournage. Quand elle entend sa voix, son cœur fait un bond et semble remonter dans sa gorge. Elle ne sait pas quoi lui dire. « Salut, je sais pas si tu te souviens de moi, mais on s’est bousculé deux fois et t’as un peu l’air du prince charmant. Accessoirement, je suis guest dans ta série et je tourne demain. » Non, définitivement non.

« C'est pas mon genre de demander de l'aide aux inconnus, mais s'il-te-plait-mon-dieu-je-t'en-supplie aide-moi, je sais pas jouer. » Ce n’était pas vraiment ce qu’elle comptait lui dire non plus mais ces mots sont sortis tous seuls. La jeune femme tremble de tous ses membres. A l’autre bout du fil, elle entend un grand silence. Il doit se demander qui est cette folle qui ne se présente même pas et l’appelle à une heure un peu originale. « Vous êtes ma partenaire de tournage demain ? » Non, tu crois ? Nerveusement, elle fait tourner les pages du script, comme pour s’occuper les mains. « Non, je suis JUSTE la fille que t'as bousculé deux fois et dont tu te souviens même pas. » fait-elle, sa voix dégoulinant l’ironie. Au bout d’un moment, il semble renoncer à la faire marcher et elle lui donne son nom et son adresse puisqu’il lui propose de passer. Lori Kenway. Son nom ne semble rien lui dire. Cela dit, il semble surpris qu’elle ait des enfants. Elle sourit en coin. La manière dont il l’a dit est particulièrement adorable. Après avoir raccroché, elle reste un long moment immobile à sourire comme une vraie idiote. Son inconnu de Paris qui va débarquer chez elle et ne plus être si inconnu que ça. S’il savait les films qu’elle s’est fait sur lui, en fantasmant sur l’homme parfait.

Déjà, on frappe tout doucement à la porte. Aurait-il peur de réveiller les petits ? Lori se lève d’un bond mais son chien la précède déjà. Il a appris à aller ouvrir la porte tout seul mais à cette heure-là, elle est verrouillée. En passant devant le miroir, Lori n’ose même pas jeter un œil à sa réflexion. Elle sait qu’elle n’est pas très présentable. Ses cheveux blonds n’ont pas encore bien séché, elle n’a sur elle qu’un vulgaire débardeur et un jogging noir qui tombe sur ses hanches. La maison n’est pas rangée, mais à part les trois canettes de bière, le cendrier et son soutien-gorge sur le canapé, rien n’est vraiment dérangé. Elle sent son visage rouge à cause de l’alcool. Quand elle ouvre la porte, elle fait bien attention à ne pas le regarder dans les yeux. « Pardon de te faire venir si tard… » murmure-t-elle en retenant son chien par le collier pour qu’il ne cherche pas à sauter sur le jeune homme pour le saluer. Lori s’écarte pour le laisser entrer et lâche le chien une fois qu’elle a fermé la porte. « Entre, entre. » dit-elle doucement en passant à côté de lui sur la pointe des pieds pour aller fermer la porte du couloir. Comme ça, les petits n’entendront rien. Leur chambre a été insonorisée mais Lori a toujours peur de les réveiller. Enfin, elle rejoint Alexander.

« Merci de… m’aider. » dit-elle doucement. « Je peux te servir quelque chose ? Pour au moins te remercier de t’être déplacé ? » ajoute-t-elle en se dirigeant directement dans la cuisine pour aller elle-même se chercher sa quatrième canette de la soirée. Les chats dorment par terre et ne se réveillent même pas quand elle entre. « T’en veux une ? »