Un crissement de pneus, un bruit strident. Un klaxon. Et le crash de deux voitures. L'une fait des tonneaux, l'autre n'a que de la taule froissé. L'un va bien, l'autre est plongé dans le néant. Un s'enfuit, l'autre demeure. Cet autre c'est moi. Moi qui suit inconsciente sur mon volant, du sang coulant le long de mon visage... Mon sang. Je suis dans un triste état, mon cerveau refuse de se remettre en marche, comme un ordinateur malade, il ne veut plus s'allumer. Est-ce à cause de la violence du choc ? Ou est-il juste fatigué ? Je ne sais pas, mais je me vois là, dans un triste état. Je ne suis ni morte, ni vivante. J'erre comme un spectre dans cette ville, en ayant un pied sur terre et un pied dans le ciel. Et je vois mon téléphone clignoté, et d'un coup tout me revient. Cette douleur dans mon ventre, et Beth. Mon double, ma jumelle qui allait mal, et qui va être encore plus mal de me voir dans cet état.
Les secours arrivent, essayent en vain de m'extraire de mon véhicule, mais la violence de l'impact, m'a fait faire un corps à corps avec la voiture. Alors d'abord on me stabilise, puis on découpe le métal qui est présent dans ma chair. Mais le diagnostic tombe : "Elle est dans le coma, ces blessures sont graves, elle a peu de chance de s'en sortir.". Une jeune secouriste fut prise par les émotions, s'identifiant à moi, et se mit en tête de chercher quelqu'un à prévenir... Je ne pouvais pas être seule à ses yeux, c'était inconcevable, et moi de mon côté, il fallait que Beth sache. Alors je fis de mon mieux pour crée un courant d'air vers mon téléphone, et alors elle vit le numéro s'afficher, celui de ma jumelle. Elle reprit ses esprits et décrochait, n’annonçant que le drame qu'il s'était produit, ne disant que les choses basiques : Accident, Hôpital, on vous y attend pour tout vous dire. Elle raccrochait en fondant en larmes, elle n'avait pas pu lui dire, que pour moi tout était presque fini... Alors je vis les secours m'emmener à l'hôpital, et je suivais mon corps inerte, observant la scène avec les larmes aux yeux. Et je savais que Beth allait hurler de douleur... Et c'est ce qu'elle fit quand elle m'a vu. Je pouvais ressentir sa douleur si vive même en flottant dans les airs. Elle est mon tout, je suis son tout. Jamais l'une sans l'autre. A jamais cette image restera dans mon esprit.

Voilà près de cinq mois que je flotte entre les vivants et les morts. Cinq mois que mon cerveau refuse de refaire les connexions, alors que mon âme n’attend que ça de revenir auprès d'elle. Beth. Ma jumelle. Elle vient chaque jour, et je remarque qu'elle est de plus en plus malheureuse sans moi. Elle se perd dans les limbes de la vie, un peu plus chaque jour, et pleure toujours autant ma perte. Mais je m'assois, chaque jour à ses côtés, ma tête se posant son épaule. Elle ne peut me sentir, mais moi je sais que je veille sur elle. Et aujourd'hui, la même chose se reproduit. Elle s'est posé à côté de moi, a pris ma main, et s'est mis à chantonner notre petite musique en pleurant. Et moi j'ai posé ma main sur la sienne, me suis assisse près d'elle, j'ai caressé ses cheveux et ai repris la chanson. Elle ne m’entend pas, me sens pas physiquement, mais au fond je sais qu'elle ressent ma présence. Je le sens, je le sais. La connexion des jumeaux est véritable et on le sait toutes les deux.