Aujourd’hui je n’ai pas besoin d’aller au bureau. J’en profite donc pour traîner un peu dans mon lit. Habituellement je suis toujours le premier lever, mais ce matin il fait froid dans mon appartement et je préfère donc rester bien au chaud sous ma couette. Je rêvasse un peu et tout de suite mon esprit s’éloigne vers Nola. Cela fait quinze jours que je l’ai pas vu. Presque trois semaines même. Elle me manque de plus en plus. Je ne veux pas penser à elle, mais c’est tout simplement plus fort que moi. Pendant des semaines nous avons été très proche et d’un seul coup plus rien. J’ai l’impression d’être un drogué en manque. Pourtant c’est moi qui ai mis fin à notre relation. Je n’en pouvais plus de ressentir de la culpabilité dès que je finissais par aller la voir. Parce que Nola n’est pas qu’une inconnue, elle est la petite amie de mon meilleur ami. Je connais Thayer depuis ma plus tendre enfance, je ne peux pas lui faire un coup comme cela. Je ne peux tout simplement pas lui voler sa fiancée. Mais je suis tombé sous son charme. Au début, je ne savais pas qu’elle était avec lui. Je suis tombé amoureux bien avant la rencontre officiel. C’est bien là qu’est le problème d’ailleurs. Je me tourne dans mon lit et soupire longuement. Il faut que j’arrête de penser à la jeune femme. Je vais me pourrir ma journée sinon. Alors je finis par me lever et me dirige vers ma salle de bain pour une bonne douche chaude.

Il est treize heures. Après avoir traîné, j’ai dessiné un peu et me voilà dans ma cuisine pour essayer de me cuisiner quelque chose de potable. Avant c’est toujours ma mère qui cuisinais à la maison. Je ne suis pas doué pour me faire à manger, mais j’essaye régulièrement de faire de nouveau plat en piochant des recettes sur internet. Aujourd’hui j’ai envie de me faire du poulet au curry. Je sors un couteau à viande que ma mère m’avait donné à mon emménagement, oui elle avait pensé à tout. Comme toujours je fais attention. Parce que je pourrais me trancher le doigt facilement avec cela et je serais même capable de ne pas m’en rendre compte tout de suite. Alors je reste très concentrer sur ce que je fais. Mais voilà que mon téléphone se met à sonner. Je sursaute et le couteau m’échappe des mains. Comme dans un réflexe, je me penche rapidement et le rattrape par la lame avant de le serrer dans ma peau. Pourtant se dernier continue à glisser et me laisse une entaille assez profonde. « Manquait plus que ça ! » Contrairement à n’importe quelle autre personne de mon entourage, je ne me mets pas à hurler de douleur. Je lève juste ma main sous mes yeux pour observer la blessure. Ce n’est pas très beau à voir. J’ai l’habitude de voir se genre de chose sur mon corps et à force je sais quand je dois aller à l’hôpital ou pas. Pour le coup, je crois que je n’ai pas vraiment le choix. Une blessure à la main met toujours beaucoup plus de temps à cicatriser et puis ça m’as l’air bien profond. C’est donc en ronchonnant que je vais chercher mon téléphone. Je remarque un appel en absence de ma sœur, mais ne relève pas, j’enfonce mon cellulaire dans ma poche et prends mes clés de voiture. J’enroule ma main dans un torchon propre et le serre avec un nœud. Bah oui, cela me fait même pas mal.

J’arrive assez rapidement à l’hôpital. Mon torchon a légèrement viré au rouge. Je lève les yeux au ciel et finis par entrer dans cet établissement que je connais par cœur. Aux urgences tout le personnel me connaît. Je suis presque un VIP. En même temps, je dois venir ici au moins toutes les deux semaines. Je me dirige vers l’accueil et pose ma main ensanglanté sur le comptoir. « Salut Louis ! » L’infirmier me souris et je pointe ma main d’un signe de tête. « Qu’est-ce que tu nous as fait encore Ezechiel ? » « Petit souci avec un couteau. Tu peux appeler quelqu’un ? » Il hoche la tête et décroche le téléphone en cherchant dans sa liste les numéros de biper. D’un seul coup, je pense à quelque chose. Je crois que Nola travaille de jour cette semaine. Elle bosse tous le temps aux urgences et je ne voudrais vraiment pas la croiser. Ce ne serait pas le bon moment. « Tu peux éviter d’appeler le Docteur Debel ? » « Je fais de mon mieux vieux. » « Et Bridgestone il est pas là ? » « Travail de nuit ! » Je soupire et je regarde l’infirmier que je connais plutôt bien composer plusieurs numéros de bippers. Il finit par se lever pour m’emmener dans une salle d’examen.

Je me retrouve seul dans la pièce et prie intérieurement pour que Nola ne vienne pas. Pour que je ne la croise pas. Je me dis qu’elle ne va pas se déplacer pour des points de sutures. Ou alors si, parce qu’elle pourrait se douter que c’est moi. Non et non. Je ne veux pas la voir. Je ne peux pas la voir maintenant. Je veux juste me faire recoudre et rentrer chez moi. En plus je l’ai connu grâce à une coupure à la main. Pas la même, mais bon… La situation est similaire. Je stresse. Les minutes passent et la porte finis par s’ouvrir pour laisser entrer… Nola. « Il comprenne rien dans cet hôpital. » finis-je par râler un peu dans ma barbe. Je lève les yeux vers elle et lui offre tout de même un petit sourire. « T’embête pas avec moi, je peux attendre. » Je ne veux pas qu’elle croit que je suis venu pour la voir. Après tout j’ai mis fin à notre relation et je dois réellement me tenir à l’écart de la jeune femme.  

En sortant de chez moi j’hésite un instant à me rendre à l’hôpital de Town Square. Je n’ai vraiment pas envie de croiser Nola et c’est là-bas qu’elle travaille. Avec la chance que j’aie, je vais obligatoirement tomber sur elle. Oui mais voilà, le prochain hôpital est à plus de trente kilomètres. Je vais finir par me vider de mon sang. Puis arriver là-bas, il va encore falloir que j’explique ma maladie et tout le reste. Je dois avouer que j’ai un peu la flemme de devoir tout reprendre à zéro. Alors je conduis tout de même jusqu’à l’hôpital universitaire de Town Square. Là-bas, tout le monde me connaît. Je sais que je vais pouvoir négocier un peu pour que Nola ne soit pas au courant de ma présence. Lorsque j’arrive, je me rends compte que les urgences sont plutôt vides contrairement à certaines fois. Ceux qui veulent dire que les médecins sont tous plus ou moins libre. Intérieurement, je prie pour que Nathan soit là. Je sais que lui il n’ira rien dire à Nola. Il ne connaît pas notre histoire, personne ne connaît notre histoire, mais il est très professionnel et si je lui demande de rien dire, il le fera. Mais bien entendu, Nathan n’est pas là. Je serais presque prêt à m’énerver contre l’infirmier qui n’a rien demandé à personne le pauvre. Je pourrais proférer des menaces stupides, mais je crois que cela ne servirais absolument à rien. Alors je garde mon calme tandis qu’il m’emmène dans une salle d’examen vide. Comme un petit garçon puni je m’assois sur la table d’examen et balance mes jambes dans le vide. J’ai tellement l’habitude de venir ici que cela en devient lassant. Petit à petit je commence à en avoir marre. Je ne veux plus venir dans cet hôpital. J’en ai marre de ne rien sentir. Pour une fois dans ma vie j’aimerais me couper et hurler de douleur. Juste pour voir ce que cela pourrait bien faire. Juste pour prendre conscience du danger une fois dans ma vie. Cela m’aiderais peut être à éviter de penser à Nola également. Parce qu’elle habite mes pensées littéralement. Et bien entendu c’est elle qui entre dans la pièce.

Je râle, mais un petit sourire se dessine sur ses lèvres. Je soupire et la regarde se laver les mains. Elle est toujours aussi belle. J’aimerais me lever, la prendre dans mes bras et l’embrasser. Je me fais presque violence pour rester sagement assis à ma place. Ici nous sommes à l’abri de tous les regards. C’est dans cet hôpital que nous avons fait l’amour pour la première fois, c’est ici que je l’ai connu, ici que je l’ai embrassé pour la première fois aussi. Cet endroit est symbolique pour nous. Alors autant que je le déteste, je l’apprécie. Je me racle un peu la gorge et regarde Nola s’installer en face de moi. Elle me prend la main et je baisse la tête pour éviter son regard. « Tu sais bien que je ne partirai pas. Tu ne t’es pas loupé encore une fois… Je recouds. » Je lève les yeux au ciel et soupire. Elle a sa peau qui frôle la mienne et je me sentirais presque frissonner de la tête aux pieds. Une nouvelle fois je secoue la tête. Il ne faut pas que je pense à cela. Ce n’est vraiment pas le moment. Elle s’occupe de ma blessure, je signe ses stupides papiers et je m’en vais en courant. Je ne veux pas m’attarder ici. « Bon et sinon tu vas bien ? » Je crois que c’est la question qu’il fallait précisément ne pas me poser à cet instant précis. Parce que ces derniers temps, j’ai sincèrement l’impression que rien ne va dans ma vie. J’ai la sensation de tourner en rond. Je me dis que je ne pourrais jamais être pleinement heureux parce qu’il a fallut que j’aime la mauvaise fille. A croire que ça finira toujours mal pour moi. « Je suis en train de me faire recoudre sans anesthésie et je bronche même pas. Le tout fait par la fille dont je suis bêtement tomber amoureux et qui est la fiancée de mon meilleur ami. Tu crois que ça va ? » Je baisse les yeux et soupire. Non je ne vais pas bien. Je vais tout sauf bien. J’ai besoin d’elle dans ma vie, je le sais, mais je ne peux pas. Parce qu’elle est promise à un autre et pas à n’importe quel autre, à celui qui est mon meilleur ami depuis près de vingt ans. « Je fais de mon mieux pour t’oublier Nola, mais j’y arrive pas. Tu me manque… » J’ai ce besoin constant de la voir, de lui parler, de la prendre dans mes bras, de l’embrasser aussi. Je veux être avec elle et pas seulement en cachette. « Mais toi. Tu va bien ? » Finis-je par lui demander. Oui parce que j’aime me plaindre, mais je me sens concerner par elle aussi.  

En voyant Nola entrer dans la pièce, je me sens frissonner de la tête aux pieds. Ce n’est pas possible… Des femmes j’en ai connu dans ma vie. Je ne vais pas le cacher, j’ai longtemps été un coureur de jupons. Je changeais un peu de copine comme de chemise. Je ne voulais pas m’engager et cela m’allait parfaitement bien. Je n’ai jamais réellement cru au coup de foudre. Jusqu’à ce que je rencontre Nola. Après tout, je ne savais pas qui elle était la première fois. Ni les suivantes d’ailleurs. Cela ne fait que quelques jours que je suis au courant de sa relation avec mon meilleur ami. J’étais tombé sous le charme de la jeune femme sans avoir le temps de comprendre le pourquoi du comment. Et quand j’ai découvert sa relation avec Thayer je suis tombé de haut. C’est notre accident de voiture à tous les deux qui m’as fait comprendre que je ne pouvais pas continuer à me jouer de lui de cette manière. J’avais mis fin à ma liaison avec Nola. Je pensais que cela serait simple. Je pensais que je pourrais tourner la page et reprendre ma vie comme elle était avant que Nola n’y entre subitement. Je m’étais mis le doigt dans l’œil. Tout simplement. Je ne peux pas sortir Nola de mes pensées. Elle est constamment là. Je pense toujours à elle. Et je déteste cela. J’ai l’impression de me sentir faible face à elle. C’est ça le problème. Pourtant j’essaye de me montrer insensible face à elle. J’essaye seulement.

Nola prends ma main dans la sienne et commence à me soigner. Je finis par répondre à sa question. Non. Rien ne va dans ma vie en ce moment. D’une parce que plus les années passent et plus j’ai du mal à accepter ma maladie. J’ai l’impression que je ne pourrais jamais réellement contrôler cela et que je ne pourrais jamais pleinement vivre avec. Mais s’il n’y avait que cela, je crois que je pourrais encore dire que je vais bien. Mais rajouter mon histoire avec Nola et là plus rien ne va. Parce que je me sens coupable de l’aimer. Je ne devrais pas. Parce que l’on ne touche pas à la fiancée de son meilleur ami. C’est une règle absolue. Et pourtant je l’ai fait, j’ai trompé mon plus vieil ami. Et cela est littéralement en train de me bouffer. Visiblement je ne suis pas le seul à vivre la situation avec beaucoup de difficulté. « Tout va bien je ne sais pas. Je suis amoureuse du meilleur ami de mon fiancé, alors que je ne devrais pas, je ne fais que penser à lui, j'aimerai plus être avec lui qu'avec mon fiancé alors que je sais que ce n'est pas comme ça que ça doit se passer. Et ma soeur dont je dois m'occuper. Toi aussi tu me manques, mais tu sais aussi bien que moi que ce n'est pas la bonne solution. Notre solution... De ne plus se voir est compliqué surtout vu la personne qu'on a en commun, mais tu te vois vraiment être avec moi sans te sentir coupable moi non ! » En l’entendant parler comme cela, je baisse de nouveau les yeux. Je ne peux pas affronter son regard. Cela m’est difficile. Pourtant je ne peux pas m’empêcher d’être heureux de l’entendre dire que c’est avec moi qu’elle souhaiterait être. Je me sens coupable, mais en même temps, cela me plaît. « Je me sens coupable tous les jours Nola… » C’est un sentiment qui est littéralement en train de me tuer à petit feu.

Je croise le regard de la jeune femme et baisse de nouveau les yeux. Elle termine de me recoudre et me fais un petit bandage. J’essaye de fermer ma main. Je sais que je ne dois pas le faire, mais cela ne me fait pas mal, alors bon… Je vois Nola poser ses affaires et je comprends qu’elle va partir. Je la laisse se débarrasser de ses gants et me lève pour me diriger vers elle. J’hésite un instant et finis par la prendre dans mes bras tout simplement. « Me laisse pas Nola… » Je veux pas qu’elle me tourne le dos. Je ne veux pas la voir partir. J’en ai déjà marre de fuir. Je soupire longuement et plonge mon visage dans le creux de son cou. Mes lèvres effleurent sa peau. Mon front viens se coller au sien et je lui souris tendrement. « On peut trouver une solution non ? »

Je sais que nous sommes en train de faire une connerie. Je le sais parfaitement. On fonce droit dans le mur. J’aurais dû me retirer dès que j’ai appris qu’elle était la fameuse fiancée de Thayer. Parce que mon meilleur ami m’a longtemps parlé de la femme qu’il avait connu à San Francisco. C’était la première fois que je l’entendais me parler d’une femme de cette manière. Il était amoureux et j’étais heureux pour lui. Jusqu’à ce que je me rende compte que sa fiancée était la femme pour qui j’avais eu un coup de foudre il y a peu. Je me souviendrais toujours du jour où il m’a présenté la jeune femme. Il était exciter comme un gamin, je savais ce qu’il attendait. Il attendait que je lui donne mon approbation. Qu’elle était la bonne pour lui et tout le reste. J’ai été incapable de lui dire cela. Thayer m’avait même pris à part à la fin du dîner pour me demander ce que je pensais d’elle vu que je disais pratiquement rien. Il a cru que j’étais malade, mais j’ai vite rattrapé le coup en lui disant que je préférais étudier en silence. On avait rit comme deux idiots et il avait très rapidement oublié mon silence inquiétant. Nola elle avait parfaitement gérer la situation. J’en avais été scotché. Aujourd’hui il semblerait qu’aucun d’entre nous ne maîtrise réellement la situation. On s’aime c’est certains ou on est persuadé de s’aimer et c’est bel et bien là le problème. Parce que moi je culpabilise et elle aussi. Elle se retrouve pris entre nous deux et j’ai l’impression de la faire souffrir. Je déteste ce sentiment. « Tu vois, ce n’est pas ça que je veux pour nous. Dans d’autres circonstances, tout aurait été différent Ezechiel, tout. » Comme si je ne le savais pas. J’aurais dû la rencontrer bien avant Thayer, mais voilà… Il avait réussi avant moi. Je me surprends à être jaloux de mon meilleur ami. Je préfère oublier cela alors que Nola est en train de tout préparer pour s’enfuir loin de moi.

Je me lève rapidement et la rattrape. Je ne veux pas qu’elle m’échappe. Je ne veux pas qu’elle ouvre cette porte. Alors je ne trouve qu’une seule solution pour la retenir encore un peu. Je la prends dans mes bras. Je la sens hésité et pourtant elle se tourne et viens se blottir contre mon torse. Sans aucun doute le meilleur moment de la journée jusqu’à présent. Je la serre doucement contre moi et m’enivre de son parfum. Je n’ai plus envie de bouger. Ici rien ne peut nous atteindre et c’est le plus important. « Je ne veux pas que tu me laisses non plus, je veux être avec toi mais il… Je ne peux pas faire ça à Thayer. » Personne ne peut faire cela à Thayer. Il est mon meilleur ami et l’homme à qui elle a choisi de dire oui. Non on ne peut pas lui faire un coup comme cela. Dire la vérité pourrait être la pire chose qui puisse arriver. Parce que je perdrais mon plus vieil ami et elle… Je ne sais pas… L’homme qu’elle aime, sans aucun doute. Pourtant, même si je sais que je ne pourrais jamais faire un coup aussi dur à Thayer, je cherche encore une solution. « Une solution ? Non il n’y a pas de solution, je me suis mise dans une situation bien trop compliquée, je ne sais pas trop comment m’en sortir entre vous deux. Faire ce choix m’ait impossible parce que j’en perds un, et je sais que dans ma situation je ne peux, on ne peut pas. » Elle en perdra un, je finirais par en perdre deux. Parce que c’est forcément ce qui va finir par arriver. Je soupire quelque peu et m’éloigne de la jeune femme. Je plonge mon regard dans le sien et tente de lui sourire. Timidement. Mais le cœur n’y est pas vraiment. « Tu aura pas à choisir. Je vais m’effacer… » Ces quelques mots me brisent déjà le cœur, mais je sais que c’est la seule chose à faire. « Après tout je suis celui qui dérange. Tu va te marié avec Thayer et vous allez être heureux. Parce qu’il t’aime crois moi. C’est la première fois que je le vois comme ça avec une femme. » Je me penche doucement vers la jeune femme et dépose un léger baiser sur sa joue. Mais alors que je m’étais décidé à partir, je me retourne et viens l’embrasser tendrement. « Une dernière fois… » dis-je contre ses lèvres avant de l’embrasser à nouveau.

Prendre Nola dans mes bras est un véritable soulagement. Je me sens bien mieux avec elle dans mes bras. Je rêvais de cela depuis plusieurs jours déjà. Depuis notre rupture en réalité. Enfin. On ne peut pas réellement appeler cela une rupture puisque nous n’avons jamais été officiellement ensemble. J’aurais aimé, réellement, mais bon… Elle est avec Thayer. Elle a beau être dans mes bras, je sais qu’elle est toujours fiancée à mon meilleur ami. Et dans le fond, je suis persuadé qu’elle l’aime encore. Qu’elle l’aime tout simplement d’ailleurs. Pourtant, je ne peux plus la lâcher. Je sens son visage s’enfouir dans mon cou et je frissonne à se contact, mes bras se resserrant autour de son corps. Je n’aurais jamais dû tomber sous son charme. J’aurais dû m’abstenir. Au début, je pensais que je pouvais juste venir parler un peu avec elle. Parce que c’est comme cela que tout à commencer. Elle a juste pris le temps de me connaître et elle m’a fait parler de ma maladie. Elle est un peu la seule à savoir tout ce que je pense par rapport à mon analgésie. Je me suis réellement confier à elle et désormais je le regrette quelque peu. Parce qu’elle en sait trop sur moi. Et parce qu’en lui parlant de cette manière, je me suis bien trop attacher à elle. Mais voilà. La culpabilité est littéralement en train de me ronger. Parce que j’aime mon meilleur ami. Il est le seul que je connais depuis des années et qui est toujours à mes côtés. Je ne peux pas m’imposer un peu plus dans son couple. Il ne mérite vraiment pas cela. Il est amoureux et il mérite d’être heureux. Penser à mon meilleur ami, me fait baisser la tête. J’ai honte, mais je ne veux pas me séparer de Nola. Je suis pris entre tout un tas de sentiments contradictoires et c’est ça le pire. Alors je prends une grande décision. Je ne peux pas continuer comme cela. Je finis donc par croiser le regard de Nola et finis par lui dire que je vais m’effacer de sa vie. Je vais partir. L’éviter en tout cas. Trouver quelqu’un d’autre. Faire n’importe quoi, mais ne plus m’imposer dans sa vie. Parce que c’est bel et bien la seule solution. Elle va épouser Thayer et moi je resterais le pote sympa qui deviendra le parrain de leur enfant. Je préfère être le seul à souffrir. Mais visiblement, cette idée, ne plaît pas réellement à Nola. Elle n’a pas besoin de parler. Je vois dans son regard que c’est quelque chose qui ne lui plaît pas. Pourtant, j’ai pris ma décision. Je dois quitter la pièce. Mais je ne peux pas partir sans l’embrasser une dernière fois. Contradictoire encore une fois, je sais. Je l’embrasse tendrement et les bras de Nola s’enroulent autour de ma nuque. Notre baiser dure jusqu’à ce que l’on perde totalement notre souffle. C’est tellement bon. Je me demande réellement comment je vais pouvoir me passer de cela. Ce n’est pas possible. « Comme si j’allais pouvoir me marier après tout ça. Je vis dans le mensonge avec Thayer, je ne peux pas me marier avec lui Ezechiel, ça m’ait impossible. Je ne peux plus… » Et voilà. J’ai ruiné l’avenir de mon meilleur ami. Qu’est-ce qu’elle va bien pouvoir lui dire. Qu’elle ne veut pas se marié avec lui, parce qu’elle m’aime ? Non, ce n’est pas possible. Je ne sais même pas quoi dire. Je me sens tellement mal à l’aise d’un seul coup. Impuissant, je regarde Nola s’éloigner de moi pour aller prendre appui sur la seule et unique fenêtre de la pièce. Elle semble bien perdue dans ses pensées d’un seul coup. Je me rapproche un peu d’elle et d’un seul coup l’entends murmurer : « J’attends un bébé Ezechiel. » Je m’arrête subitement dans mes mouvements. Qu’est-ce qu’elle vient de dire ? Elle attend un enfant ? Mais de qui ? Je sens la panique m’envahir, mais je préfère ne pas y penser pour le moment. Il faut que je comprenne avant tout. Parce qu’elle est peu qu’être enceinte de Thayer après tout, non ? On a couché ensemble qu’une seule et unique fois. Ce n’est pas possible autrement. « Dit moi que t’es enceinte de Thayer… » dis-je alors doucement. Bizarrement j’ai peur que ce ne soit pas le cas. Petit à petit la panique monte en moi. J’ai l’impression que je ne peux plus respirer. Je commence à tourner en rond dans la pièce. Non, non ce n’est pas possible. « Nola… » Elle continue à me tourner le dos et son silence n’indique vraiment rien de bon.

Je regarde Nola se détourner de moi et je fronce les sourcils. Je n’aime pas cela. Nola n’est pas du genre à me tourner le dos. Bon. En même temps, je ne la connais pas si bien que cela dans le fond. Mais quand même, le peu que je la connais, me fait comprendre que ce n’est pas quelque chose de normal. Elle a quelque chose à me dire et je me rapproche doucement d’elle. Je l’entends à peine, mais je suis persuader d’avoir entendu ce que j’ai entendu. Elle est enceinte. D’un seul coup, c’est comme si je venais de me prendre une bonne claque. Elle est enceinte. Tout de suite, je me demande de qui elle peut bien être enceinte. Parce qu’après tout, nous sommes deux à partager sa vie, en quelque sorte. Et puis, nous n’avons couché ensemble qu’une seule fois. Je sais que cela est amplement suffisant, mais je n’ai pas envie d’y croire. Ce n’est pas possible. On a déjà assez de problème comme cela, elle ne peut pas être enceinte de moi. Il ne nous manquerait que cela. Thayer me le pardonnera jamais s’il apprend que c’est moi qui suis mis sa fiancée enceinte. Non ce n’est vraiment pas possible. Je suis littéralement en train de me torturer l’esprit. J’ai envie de tourner en rond dans la pièce, mais je me retiens. Je sais que ça va l’énerver, enfin, j’en suis certain, cela énerve tout le monde. Alors je reste planter là comme un idiot. Et comme un idiot je finis par lui demander s’il y a une possibilité qu’elle soit enceinte de Thayer. Je crois qu’entendre une réponse positive me soulagerait. Cela voudra dire que je ne pourrais plus jamais la revoir, mais au moins, notre problème sera plus que régler. Mais le regard de Nola me fait presque froid dans le dos. « Je... Je ne sais pas quoi dire. Ezechiel, je ne peux pas être enceinte de Thayer c'est pas possible pourtant j'ai essayé de me le dire. Je ne peux pas vivre avec ça, en sachant que je dois me marier dans six mois. Je ne peux pas tout garder pour moi, mais je sais que si je lui dis quelque chose c'est terminé et j'ai peur. Oui peur de me retrouver seule, avec ce bébé et ma soeur, je n'arrive pas à me résoudre d'avorter. Je ne peux pas, je ne sais plus quoi faire. »

Je n’ose vraiment plus bouger. J’entends le petit discours de Nola passer en boucle dans mon esprit. Elle est donc enceinte de moi. Elle attends mon enfant. Et elle ne veut pas avorter. J’ai fait un enfant à la fiancée de mon meilleur ami. Je crois que je mériterais de pourrir en enfer pour cela. Je me sens tellement mal. J’ai l’impression que je vais mourir. J’ai la tête qui tourne. Je m’assois de nouveau sur la table d’examen. Je prends une longue respiration et finis par plonger mon regard dans celui de la jeune femme. Je vois bien qu’elle est au bord des larmes, mais j’ai du mal à me lever pour la prendre dans mes bras. C’est tellement… Soudain. Je ne m’attendais vraiment pas à une nouvelle comme celle là. Qu’est-ce que l’on va bien pouvoir faire ? Je suis pas prêt à devenir père. Vraiment pas. Je sais à peine m’occuper de moi-même, comment je pourrais m’occuper d’un enfant. Pourtant. Je comprends Nola lorsqu’elle me dit ne pas vouloir avorter. Encore une fois, je me sens envahi par tout un tas de sentiments contradictoire et je déteste cela. « Tu sera pas toute seule Nola… » C’est tout ce que j’arrive à prononcer. Je me relève quelque peu et finis par la prendre de nouveau dans mes bras. « Je sais pas ce qu’on va faire. Je sais pas… Mais je serais toujours là pour toi. Pour ta sœur aussi. » Je ne connais même pas sa petite sœur. Nola m’as très peu parlé d’elle, mais bon… Je me dis que si je ne veux pas perdre Nola, il faudra que j’adopte également sa petite sœur. Mais ce qui me fait le plus peur, c’est de perdre l’amitié de Thayer. « Mais Thayer… » Je soupire longuement et m’éloigne quelque peu de la jeune femme. « Bordel on avait pas besoin de ça… » Je m’éloigne encore plus. J’ai la trouille. « Qu’est-ce qu’on va faire… »

Je regarde Nola et comprends assez rapidement qu’elle est en train de perdre pied. La situation était déjà assez compliquer comme cela, il fallait en plus qu’elle tombe enceinte du mauvais garçon. A croire que je n’apporte que du malheur dans sa vie. Je n’aurais jamais dû l’embrasser. C’est moi qui avais fait le premier pas la première fois et maintenant je me rends compte que je n’aurais jamais dû faire cela. On va se perdre à cause de cela. Je vais perdre mon meilleur ami, d’une manière ou d’une autre. La première image qui me traverser l’esprit est que je dois fuir cette ville. Il faut que je parte. Personne ne pourra se douter de quelque chose si c’est moi qui m’en vais. Je pourrais juste prétendre à une envie soudaine de voyage ou je ne sais quoi. Cela pourrait marcher après tout, non ? Non je n’en suis pas sûr, mais c’est un peu la seule idée que j’arrive à avoir. Parce que je viens de proposer à Nola de l’aider. D’être là pour elle, pour ce bébé et même pour sa petite sœur. Mais dans le fond, est-ce que j’ai vraiment envie de devenir père ? Je n’en sais trop rien pour être franc… Je suis en âge d’avoir une famille, là n’est pas le problème. Mais dans le fond, on se connaît à peine avec Nola. Oui je l’aime comme un dingue, mais est-ce que tout cela n’est pas qu’un simple coup de foudre. Quelque chose qui finira aussi rapidement que cela à commencer ? Qu’est-ce qui va se passer lorsque Thayer va finir par tout apprendre ? Peut être qu’il va vouloir me voir mort. Je ne pourrais pas lui en vouloir pour cela après tout. Tout ce mélange dans ma tête et j’ai l’impression de devenir dingue. Petit à petit. Et visiblement je ne suis pas le seul. On va finir par se disputer sans même savoir le pourquoi du comment.

« Tu crois que je ne rumine pas la même chose depuis plusieurs semaines. Je ne sais pas quoi faire, je fuis toute discussion mais je me doute qu’il y a un moment il va falloir que je lui avoue. Mentir sur sa paternité ? C’est une solution certes mais la moins bonne qui existe en plus le retour de bâton va être horrible. Que j’avorte je n’arrive pas à me rendre au centre pour faire le premier pas. Je ne peux pas, psychologiquement ce n’est pas possible et parallèlement ma sœur a beaucoup d’autres choses à gérer, je n’ai pas envie de lui rajouter en plus le problème que je suis assez conne pour tomber amoureuse du meilleur ami de mon fiancé et comble du comble sinon ce n’était pas drôle que je tombe enceinte de lui. T’imagine un peu. Oh mon Dieu, mais mes parents doivent s’en retourner dans leur tombe de savoir dans quelle merde j’ai réussi à me mettre, mais pourquoi, comment j’ai pu être aussi conne. » Je dois dire que cela me fait un peu mal de l’entendre parler de cette manière d’elle même. Elle est loin d’être conne. On n’avait pas prévu tout ce qui nous arrive et je pense que personne ne pouvait réellement prévoir cela après tout. Elle s’insulte et je n’aime pas cela. Mais il est clair qu’il faut que l’on se pose tranquillement pour parler de tout cela. Ce n’est pas le moment de prendre une décision à la légère. Vraiment pas. Je ferme les yeux un instant et lâche un long soupire. Okay. Il faut que je me calme et elle aussi. Je la prends par la main et la force à s’asseoir. Je me plante debout devant elle et pose tendrement ma main sur sa joue. « D’accord… Il faut qu’on se calme et qu’on réfléchisse. » lui dis-je alors doucement. Je dépose un baiser sur le front de la jeune femme et tire le tabouret sur lequel elle était assise tout à l’heure. Je prends ses mains dans les miennes et continue à réfléchir à vive allure. Il ne faut vraiment pas que je dise de connerie sur ce coup-là. Je pourrais le regretter pour le reste de ma vie après cela.

« Déjà… Sans parler de nous ou de Thayer. Tu veux devenir maman ? Je veux dire maintenant ? Avec ton internat et tout le reste… ? » Je ne veux pas qu’elle veuille garder ce bébé par principe et que dans quelques années elle regrette de ne pas avoir attendu d’avoir terminé ses études et tout le reste. Ce serait la pire chose qui puisse lui arriver après tout. Je prie intérieurement pour qu’elle ne me retourne pas la question, sinon je ne pourrais jamais lui répondre tout de suite. J’en suis certain. « Et… Tu veux te marier avec Thayer ? Je veux dire… Si tu me dis oui, je comprendrais. Tu es avec lui depuis longtemps, tu as accepté sa demande, tu l’aime. Mais si tu veux te marier avec lui, avoir une famille avec lui sans lui mentir alors… » Je n’arrive pas à dire la fin. Je ne peux pas me dire qu’elle pourrait vouloir avorter. Parce qu’on parle quand même d’un petit être vivant, d’un petit bout de nous. « Je veux pas que tu fonce droit dans le mur en choisissant de lui dire la vérité. Je ne veux pas que dans quelques années tu pense que j’ai été la plus grosse connerie de ta vie et que ce bébé aussi. »

Le doute s’empare littéralement de nous. Nous sommes en train de laisser le stress nous envahir et cela ne va plus. Il faut que l’on se calme. Jamais je n’aurais prévu qu’elle m’annonce une telle chose. Au plus profond de moi, je sais que je ne suis pas du tout prêt à devenir père. Je ne suis pas capable de m’occuper de moi-même comment pourrais-je m’occuper d’un bébé ? Et puis… On se connaît à peine avec Nola. Alors oui j’ai littéralement eu un coup de foudre pour elle, mais… Est-ce que l’on pourrait s’entendre dans la vie de tous les jours ? Est-ce que l’on va s’aimer longtemps ou c’est juste une passade comme cela ? Je me pose bien trop de questions et je le sais, mais je crois que c’est le moment où jamais de me demander tout cela. Parce qu’il ne faudrait pas que l’on fasse une erreur que l’on finira par regretter dans quelques temps. Ce serait tellement dommage. Je ne veux pas qu’elle pense que j’ai ruiné sa vie. Vraiment pas. Même si je suis très stressé, je préfère prendre les choses en mains. Il faut que l’on se calme sinon on va commencer à se gueuler dessus et ça n’ira pas. Alors je prends doucement les mains de Nola dans les miennes et la force quelque peu à me regarder. J’hésite un peu et finis par lui poser toutes les questions que je me pose à cet instant précis. Il faut savoir si elle veut vraiment de cet enfant, il faut aussi savoir ce qu’elle veut faire avec Thayer. Parce qu’il ne faut pas l’oublier dans cette histoire. Mon meilleur ami est fou amoureux de sa fiancée et je m’en veux déjà assez d’avoir coucher avec elle, mais alors lui avoir fait un enfant. Je crois que c’est pire que tout. Il ne voudra plus jamais me parler. Je vais perdre mon seul et unique ami et déjà ça fait mal. « Je veux avoir ce bébé ça c’est sur Ezechiel. Mais concernant Thayer, je ne sais pas. Dès qu’il apprendra que je suis enceinte, il va se douter qu’il y a une anguille sous roche et en plus… Je ne suis pas sure de mes sentiments, enfin je ne suis plus sure de l’aimer comme avant, c’est une routine entre nous, on fait les choses par habitude, on commence déjà à avoir du mal à s’entendre sur des petites choses, on se dispute souvent. Ca doit faire bientôt 5 ans je crois qu’on est ensemble, mais ce n’est plus comme avant. Alors qu’avec toi, j’ai l’impression que tout me semble évident. Et puis il ne voudra pas de cet enfant, je le connais dès qu’il va le savoir, il va me laisser deux choix, avorter ou le quitter. » De nouveau je me prends une claque. Thayer m’avait dit que ça allait un peu moins bien avec sa chérie, mais je ne pensais pas qu’elle doutait à ce point des sentiments qu’elle a envers lui. J’ai l’impression d’avoir détruit leur couple et je me déteste pour cela. Quoi qu’il arrive, quoiqu’elle me dise je m’en voudrais toujours. Je me sens tellement mal, c’est juste affreux. « Pourquoi il se douterait de quelque chose ? Il va croire qu’il va devenir papa c’est tout. Et je connais Thayer, il a envie de ça. » Contrairement a moi pensais-je alors. Ce n’est pas que je ne veux pas d’une famille, mais… Pas dans ses conditions là. Et pas alors que je continue à me battre pour trouver un équilibre entre ma maladie et ma vie privée. « Je sais pas Nola… Je… On se connaît à peine. Ca a été subit entre nous, mais qui dit qu’on s’entendra toujours aussi bien dans cinq ans ? » Je doute. Et encore je crois que le mot doute est encore trop faible pour dire ce que je ressens à cet instant précis, vraiment. « Je veux pas le blesser Nola. J’en ai déjà trop fait. J’ai fait un enfant à la femme de sa vie… » Je me déteste c’est certains. Je ne me supporte plus. Comment j’ai pu lui faire un coup comme cela sérieusement ? « Je me sens perdu… Je voudrais tellement que tout soit normal. Que tu sois ma petite amie et que tu viennes m’annoncer cela avec un grand sourire. Parce que même si je me sens pas vraiment prêt, je… Je veux avoir ce bébé avec toi aussi. »

Je me pose un bon million de questions. Je ne sais même plus où donner de la tête. Tout va trop vite pour moi. Je culpabilisais déjà assez comme cela d’avoir une relation plus qu’amical avec la fiancée de mon meilleur ami, mais là… Je crois que c’est pire que tout. Je voudrais vraiment me réveiller en sursaut dans mon lit et me dire que tout cela n’était qu’un horrible cauchemar. Je sais que j’ai des sentiments pour Nola. Sinon je ne m’accrocherais pas à elle de cette manière, mais… Thayer. Il est mon meilleur ami depuis la primaire, il a toujours été là pour moi. Il m’a toujours soutenu quand j’avais le moral au plus bas. Il a toujours été là et je suis en train de lui faire la pire des crasses. J’ai fait un enfant à celle qui doit devenir sa femme. L’espace d’un instant j’essaye de me convaincre qu’on pourrait simplement lui mentir. Que Nola pourrait lui dire qu’elle est enceinte de lui. Il serait le plus heureux de tous, j’en suis persuader. Je ne peux pas lui prendre ça. Je l’aurais a jamais sur la conscience, ce n’est pas possible autrement. Il va me haïr. Je ne sais pas si je pourrais supporter ça. Mais voilà, il faut bien que je pose toutes ces questions à Nola et je comprends qu’elle soit perdue elle aussi. « Oui, mais en grandissant, il finira bien par comprendre qu'il y a anguille sous roche, il te ressemblera ou elle, plus qu'à lui. Et puis construire cette relation sur un mensonge, t'imagine, même pour l'enfant ? Je ne peux pas élever un enfant autre qu’avec son père, je préfère même retrouver celle que ça. Ca ne finira ni pour l'un ni pour l'autre. » Je comprends ce qu’elle veut dire. C’est vrai que l’on ne peut pas faire cela. C’est loin d’être moral. Bordel. Je crois que je vais complètement devenir dingue. Je ne supporte déjà plus cela. Qu’est-ce qu’on va faire ? Je ne me sens pas la force de dire la vérité à Thayer en face à face. « Je devrais le quitter, recommencer quelque chose de neuf. Mais je me pose toujours des questions, je ne sais pas. J'ai de moins en moins de sentiments, mais pourquoi il a fallu que tu débarques dans ma vie maintenant, pourquoi il a fallu que je tombe amoureuse de toi ? Pourquoi je veux élever cet enfant avec toi et pas avec lui ? Pourquoi, tout simplement ce n’est pas simple ? » Je me tourne vers la jeune femme et plonge mon regard dans le sien. Je me sens tellement coupable. C’est de ma faute tout cela et elle me le fait clairement comprendre. Je passe une main sur ma nuque et soupire. « Je… Je vais m’en aller Nola. » C’est la seule solution que je trouve. Il faut que je m’en aille, que je sorte complètement de sa vie. Tout ira bien mieux pour elle comme cela. « On peut pas garder cet enfant et je peux pas détruire la vie de mon meilleur ami. Je ne peux pas. » Je ne pourrais pas vivre avec cela sur la conscience. Je connais Thayer, il peut être extrême parfois et je ne veux pas qu’il fasse de connerie à cause de moi. Je me déteste. Si elle n’était pas en face de moi, je crois que je serais déjà en train de faire une connerie. « Je me déteste tellement si tu savais. Je ne veux pas te demander d’avorter parce que c’est quand même notre bébé et parce que je t’aime, mais… On ne peut pas continuer comme ça. Tu dois être avec lui. Tu va l’épouser et moi je vais arrêter de te pourrir la vie. » Je relève la tête et mon regard croise celui de la jeune femme. Tout de suite je vois a quel point elle est triste et cela me brise le cœur. « Me regarde pas comme ça s’il te plaît… »