Il n'y avait pas de discutions dans la famille Liang, pas de réunion familiale où l'on s’épanchait sur ses problèmes. On gardait nos problèmes pour nous. Que le père traite mal son fils cadet devait être passé sous silence. On ne parle pas là de réel violence, juste d'ignorance Ti-Khuan  se contentait de faire comme si son fils n'existait pas, comme s'il n'était pas le sien. Parce qu'il n’était pas parfait, pas comme les autres. Ce matin avait été une fois de plus le moyen de montrer au cadet de la famille qu'il n'était pas accepté. Ayant reçu de la visite, le père avait simplement décidé de consigner Tao dans sa chambre, pour ne pas qu'il lui fasse honte. Shawn avait serré les dents. Il y avait bien des qualités qu'il pouvait citer en parlant de son père, mais son attitude était parfois inconcevable pour Shawn. Pourtant il ne disait rien, jamais. Il n'osait même pas montrer que ça le dérangeait. Il se contentait de retrouver son frère dans sa chambre – le dîné fini – et de lui offrir l'attention qu'il méritait .

Tao n'en voulait jamais à son père. Peut-être qu'il ne comprenait pas vraiment. Il avait un jour demandé à son frère si son père ne l'aimait pas, Shawn l'avait rassuré comme il le pouvait et la discution avait été close.

Sa colère Shawn la gardait pour lui jusqu'à ce qu'il puisse quitter la maison. Son lieu de refuge était resté le même tout au long des années, la salle de danse. Il avait grandi dans cette école et c'est la qu'il se sentait bien, la musique à fond dans la salle vide, sa salle. Sa mère lui l'avait réservée pour qu'il prépare les cours qu'il allait bientôt dispenser à des enfants. En vérité le plus souvent il utilisait cette place pour son propre entraînement, placée dans un des recoins éloigné, les passages y étaient moins fréquent. Il était tranquille. Il faut dire que l'intimité dans cette école n'existait pas. Toutes les salles de cours étaient dotées de vitres transparentes – pas  de mur – c'était un moyen pour sa mère d'avoir facilement un œil sur tout ce qui se passait dans chacune des pièces. Une idée qu'elle avait eu à la construction et dont elle était fière.

Il détendit son corps au son de la musique se laissant aller. Il ne prévoyait rien, dansait sur le rythme ce laissant aller durant plusieurs minutes. C'était un moyen efficace de ce vider la tête et de se chauffer un coup avant de passer aux choses sérieuses.
Ça faisait plusieurs jours qu'il tentait de réussir la même chorégraphie mais impossible, il bloquait toujours au même endroit. Élan, simple saut de basque, un double saut basque puis c'était là que ça coinçait. Son corps était tout bonnement incapable de faire un deuxième double saut basque. Il savait bien que son problème venait du premier, il lui avait déjà fallu des mois pour arriver un double alors en enchaîner deux à lui suite semblait hors de sa porté. Pourtant d'autres étudiants de l'école y arrivaient, alors il devait se tenir à niveau, il devait être le meilleur, il le devait. Une fois, deux fois, trois fois, dix-sept  fois qu'il recommençait la chorégraphie depuis le début mais en vain. La dernière fois sa réception avait été tellement mauvaise qu'il c'était simplement vautré sur le sol où il était resté quelques seconde. Des larmes de colère pointaient presque à ses yeux.

Shawn se relava d'un coup puis remit la musique. Cette fois je vais y arriver Le problème était de pas savoir où était son erreur. Il se rendait bien compte qu'il pouvait recommencer mille fois s'il ne trouvait pas la faille ça ne passerait pas. Mais Shawn était têtu et tenace, et il était prêt à chuter mille fois s'il le fallait. Concentre toi Shawn. Recommençant son enchaînement il empêchait son esprit de divaguer, le but était de rester concentrer sur ce qu'il faisait. Dans ce genre de moment il ne ressentait pas de plaisir à danser ça ressemblait plus à une sorte de torture.

Ratant une fois de plus son pas. Shawn sentit la colère l'envahir, il se dirigea vers la petit commode et envoya tout valser avec rage. La colère qu'il retenait venait encore une fois de sortir dans un moment peu approprié. Mais il fallait qu'elle sorte, qu'il trouve un moyen, et quand la danse ne suffisait pas il pouvait lui arriver de dérailler. Inspirant et expirant profondément, il se calma et alla remettre la musique, mais quand il se tourna pour retrouver à sa place, une jeune femme l'y attendait.

« Aley? Qu'est ce que – Qu'est ce que tu fais ici ? » Aleyna était là, face à lui. Elle avait mauvaise mine il ne pouvait pas le nier. Shawn la scrutait sans comprendre comment elle avait atterri dans cette pièce et surtout pourquoi ? Son cœur loupa un battement quand il pensa à sa meilleur ami, était-elle ici pour lui annoncer un malheur ? Sinon pourquoi ? Depuis qu'elle avait quitté l'école de danse, il ne l'avait plus croisée. La dernière fois était en faite le jour où elle l'avait mis dehors de chez elle.
Depuis il ne savait pas ce qu'elle était devenue. Shawn se rendait compte en la voyant devant lui de l'erreur qu'il avait fait. Son meilleur ami lui avait demandé de veiller sur sa soeur et il ne l'avait pas fait. Par orgueil, par bêtise, ou peut-être par frayeur... Maintenant elle était devant lui et apparemment pas dans le meilleur des états. Mais y avait-il vraiment de quoi être étonné ? A quoi Shawn s'attendait-il ? Aley avait perdu ses parents et son frère en même temps, elle c'était retrouvée seule et sans famille du jours au lendemain. Le jeune Liang c'était dit qu'elle allait s'en sortir, elle l'avait dit elle même – elle n'avait pas besoin de lui – et  n'y avait plus pensé.C'était tellement plus simple de ne pas y penser...

Le soleil perce par le volet entrouvert et viens doucement me caresser le visage. Je n’ose pas ouvrir les yeux. Un mal de tête est littéralement en train de me vriller le crâne en deux. Je crois que j’ai un peu abusé hier soir. La preuve, je ne me souviens de rien. Enfin si. Je me souviens d’avoir fait mon service au Fitzgeralds. Tout c’est bien dérouler d’ailleurs, comme très souvent. Je n’ai plus goût à rien depuis six mois, mais bosser pour Isaac est un réel plaisir. Lui au moins, il ne me met pas la pression. Il comprend que parfois, je peux avoir des coups de moins bien. Il connaît mon histoire. Pas dans les détails, mais il connaît les grandes lignes et c’est amplement suffisant. Mais après mon service, les souvenirs commencent à devenir troubles. Je sais que je suis rentré chez moi. Je me suis servi un verre de vodka et je me suis rouler un joint. D’autres verres ont dû suivre par la suite et d’autres joints aussi. J’ai la bouche pâteuse. D’un geste je replis la couette sur mon visage. Je n’ai pas envie de me lever. Après m’être retourné la tête, j’ai pu dormir quelque peu cette nuit. Au moins, je n’ai pas fait de cauchemars. Chose assez rare depuis quelques temps. Bien sûr, j’ai pensé à mes parents. Ils me manquent. Ce n’est pas par vague, c’est constant. J’ai l’impression que l’on m’a arraché une part de moi-même. Mes parents puis mon frère. Je n’ai plus personne sur qui compter, à qui parler. Plus personne à aimer… Rien qu’à penser à cela, je décide de ne pas me lever aujourd’hui. Je n’ai pas le courage. De toute manière je ne travaille pas ce soir alors je peux bien m’accorder une journée sous la couette. A déprimer. Et à fumer aussi. Enfin sûrement.

Je finis par sortir de mon lit. Je m’ennui allonger sur ce foutu matelas. De plus, ressasser mon passé ne m’aidera jamais à rien. Je décide de prendre une douche. Histoire de me débarrasser de mes idées noires. L’eau chaude permet de détendre mes muscles. Je reste un moment sous la vague de chaleur. Comme pour me sentir un peu mieux. Je m’habille d’un simple short en jean et un débardeur blanc un peu trop grand pour moi. J’enfile mes converses et décide de sortir. Il faut vraiment que je me change les idées. Je laisse mes pieds me guider. Je connais Town Square comme ma poche. J’ai grandis ici, je pourrais trouver le chemin de n’importe quelle boutique ou du Lycée juste en fermant les yeux. Instinctivement, j’évite le carrefour où à eu lieux l’accident… Je n’étais pas là, mais j’ai l’impression de tout avoir vécu. Une nouvelle fois, je sens ce vide immense m’envahir. C’est prenant, c’est dur et surtout c’est calme. Une douleur silencieuse qui s’immisce dans mes veines sans prévenir. Elle prend de l’importance à chaque battement de cœur. Une douleur sourde, mais bel et bien présente. Cela en devient insupportable…

Mes pas finissent par me guider devant l’école de danse. Mon refuge d’autre fois. Mon îlot de sûreté. Après le Lycée, j’ai passé les auditions pour intégrer l’école désormais très réputé des Liang. Leurs fils étaient d’ailleurs le meilleur ami de Maël. Shawn. Il venait souvent à la maison. Je le connais sans le connaître et pourtant. Depuis l’accident, j’ai abandonné l’école. Je faisais partie des meilleures. J’étais un très bon élément selon Madame Liang. Elle plaçait beaucoup d’espoir en moi. Mais dans l’accident, ma mère a perdu la vie et moi j’ai perdu la passion qu’elle m’avait transmise. J’ai arrêté de venir en cours. Un jour j’ai réussi une lettre, j’étais virée de l’école pour cause d’absentéisme répété. Je n’étais pas surprise. Au moins, je n’avais plus aucunes obligations envers eux. Pourtant, je connu à venir passer de nombreuses heures ici. Toujours pour la même chose. Regarder Shawn danser. Lui aussi, un jour, il a perdu le goût de la danse et c’est Maël qui l’a aidé à retrouver sa passion. C’est d’ailleurs pratiquement la seule chose que je sais a propos de lui. Et j’aime venir le voir danser. Parce qu’il a cette manière particulière d’aborder chaque chorégraphie. Il est doué dans ce qu’il fait et j’ai l’impression qu’il le sait. Malgré tout, je ne me lasse pas de venir le voir. Parfois il me remarque, mais la plupart du temps je sais me faire discrète.

Heureusement les salles ici, sont toutes ouvertes sur une baie vitrée. Il me suffit alors de m’asseoir dans un coin du couloir pour pouvoir observer Shawn tranquillement. Aujourd’hui, l’école est particulièrement calme. Je sens le parquet trembler sous les basses de la chanson qu’il est en train de passer dans le lecteur. Mais aujourd’hui il semblerait que quelque chose ne colle pas dans sa chorégraphie. Il répète le même pas encore et encore. Il ne me faudra que deux tentatives pour comprendre ce qui cloche. Au bout d’une vingtaine il finit par passer ses nerfs sur la commode. Sans réfléchir, je finis par me lever. Visiblement il a besoin d’aide et aussi bizarre que cela puisse paraître… J’ai envie de danser.

« Aley? Qu'est ce que – Qu'est ce que tu fais ici ? » Il semble surpris de me voir. Je lui offre un petit sourire et me rapproche doucement de lui. J’attrape lentement sa main et l’entraîne au centre de la salle. Je jette mon sac à main et le pousse du pied pour qu’il aille heurter le miroir. Un instant, je nous regarde tous les deux debout devant le miroir. Je suis maigre et mon visage est marqué par la peine. Je déteste mon image. Très rapidement je baisse les yeux. Je lui montre son pas et je me casse. « Ta jambe gauche, il faut que tu la remette en position initiale sinon tu va finir par te casser la jambe à forcer comme ça. » Je me tourne pour me retrouver face à lui et le regarde se mettre en position. Il tente encore une fois, mais échoue à nouveau. Six mois que je n’ai pas dansé… J’ai peur d’être rouiller et pourtant je n’hésite pas longtemps. « Regarde. » Je m’éloigne un peu du jeune homme et exécute le pas qu’il tente depuis si longtemps. Visiblement je n’ai rien perdu de mon talent. C'est tellement bon de bouger à nouveau. Mes muscles sont un peu endoloris, mais pourtant mes jambes exécutent le pas sans mal. Moi aussi, j'ai bosser depuis des heures. C'est Maël qui a finis par m'apprendre le petit truc pour réussir. Maël... Penser à lui me donne envie de pleure. D'ailleurs, je crois que mes yeux s'emplissent déjà de larmes.

Aley ne répondit pas à sa question ce contentant de l'attraper par la main pour le mener au milieu de la pièce. Elle semblait savoir ce qu'elle faisait, avoir un plan en tête et Shawn se sentait d'un coup comme un enfant, se laissant entraîner sans émettre aucune protestation. Puis une fois devant le miroir, il prit le temps de l'observer un peu plus, profitant du fait qu'elle détourne le regard pour l'épier sans gêne. Elle avait maigri, trop maigri au goût de Shawn, comme si elle se laissait mourir, comme si elle ne se nourrissait plus, et ce constat ne lui plaisait pas. Au delà de ça, son corps avait gardé sa cambrure et sa grâce naturelle. Il tenta alors de trouver le regard de Aley, mais quand il le croisa Shawn n'y trouve plus la  petite étincelle qui l’accompagnait toujours. Ses yeux étaient plus froids, plus tristes aussi ce qui ne faisait qu’augmenter ses appréhensions. Pourtant Shawn voudrait ne pas le voir, ne pas accorder d'importance à ça, parce que ça serait beaucoup plus simple de l’ignorer encore.
Ce qu'il voit c'est une Aleyna qui ne s'en sort pas aussi bien que ce qu'il pensait. Il aurait du s'en douter, quand elle avait quitté l'école. Il aurait sans doute du faire quelque chose, Aley était comme lui, elle vivait pour la danse, stopper son art aurait du être le déclique pour Shawn, mais non. Il avait fermé les yeux, refusé de voir. Maintenant qu'elle était devant lui, il n'avait plus le choix.

 « Ta jambe gauche, il faut que tu la remette en position initiale sinon tu va finir par te casser la jambe à forcer comme ça. » Ho ! Je sais quand même ce que je fais ein ! Shawn est de mauvaise fois parfois, mais il n'aime pas recevoir des conseilles d'autres élèves. Peut-être par ce que ça lui donne l’impression qu'il n'est pas assez bon, ou que l'on tente de le rabaisser. C'est pour cette raison qu'il ouvre rarement sa salle de répétition à une autre personnes. Aleyna – elle – ne lui a pas demandé son son avis, elle est entrée et au fond ça lui plaît assez qu'elle soit là, même si elle le force à faire face à ses erreurs et pas que celles qu'il fait en danse.
C'est sans rechigner qu'il l'écoute, lui portant toute son attention. Parce qu'Aley n'est pas suffisante, par arrogante, elle semble vouloir l'aider tout simplement et il l'a laisse faire. Sa remarque à du sens et il le sait. Alors il va se mettre en place pour tester. Il n'y a pas de merci, à peine un regard échangé. Il ferme les yeux et visualise son mouvent avec les corrections qu'elle vient d'y apporter. Mais son cerveau ne semble pas vouloir retrouver son calme. C'est idiot mais le fait qu'elle soit si proche, qu'elle le conseille, qu'elle le regarde, ça le déstabilise. Abandonnant la préparation mentale, il finit – tout de même – par se lancer..

Il sent le mouvement un peu mieux, un peu plus fluide mais c'est encore un échec. Cette fois il reste calme. La colère est gardée pour les moments en solitaire, ne jamais montrer ses émotions en public, c'est ce qu'on lui a appris même s'il n'y arrive pas toujours. « Regarde. » Aleyna va se mettre en place, elle n'est pas hésitante pour un sous et exécute son mouvement avec la grâce que Shawn lui connaît. C'est bêtement qu'il sourit en la voyant faire, comme ça, sans s’échauffer et sans se donner en spectacle, elle vient de réussir le mouvent sur lequel il s'acharne depuis des jours « Ça a l'air simple quand c'est toi qui le fait. » Et alors qu'il reprend sa place pour s’exécuter à son tours son regard croise celui de la jeune femme. Il les voit – les larmes qui pointent à ses yeux – mais il ne comprend pas. Est ce qu'elle c'est blessée ? Est ce qu'il a dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Ça le tracasse d'un coup.

Le problème avec Shawn c'est qu'il n'est pas à l'aise avec les sentiments. Aucun – quel qu'il soit – l'amour, la haine, la joie, la colère et surtout la tristesse. Les larmes, ce n'est pas une chose qu'il connaît bien, pas un chose que l'on laisse voire par chez lui. Dire qu'il n'a jamais vu personne pleurer serait évidement mentir mais il avait la fâcheuse tendance à paniquer quand il les voyait pointer sur les joues des autres. C'est donc un peu dans la panique et sans réfléchir qu'il se lanca dans son mouvement et ce dernier lui fut fatale. Sa jambe exécutant un angle étrange, il se retrouva au sol avec une drôle d'impression. Celle d'avoir loupé plus qu'un simple saut.

Fermant les yeux et grimaçant il était resté couché sur le dos, attendant que la douleur s'estompe un peu pour desserrer les paupières et voir la jeune femme légèrement penchée au dessus de lui. Il lui offrit un petit sourire accompagné d'un « Je crois que t'avais raison en ce qui concerne ma jambe. » Non elle n'était pas cassée mais il était bien obligé d'admettre qu'il ne maîtrisait pas aussi bien la situation que ce qu'il se plaisait à croire. Relevant le haut de son corps pour s’asseoir il grimaça en dépliant la jambe. « Tu t'assois un moment ? Je crois que j'ai besoin d'un petit break avant de recommencer. » Le temps que sa jambe ce remette, mais aussi celui de lui parler un peu. Il ne pouvait ignorer la tristesse qu'il avait vu passer sur son visage quelques secondes auparavant.

La jeune femme sembla hésiter quelques secondes mais finit par le rejoindre sur le sol froid de la salle de danse. Elle était à peine installée que Shawn commença à la questionner. « Pourquoi t'as arrêté de venir à l'école Aley ? Enfin je veux dire je sais pourquoi Mais – Mais... » Il ne voulait pas créer de malaise mais il était trop tard pour reculer. « Je veux dire, pourquoi t'es pas revenue ? Tu sais que la porte t'es toujours ouverte ? Je suis sûre que ma mère comprendrait, qu'elle comprend. » C'était idiot il le savait. Sa mère devait être le dernier soucis d'Aley aujourd'hui mais Shawn avait besoin de savoir pourquoi elle ne dansait plus. Il était évident que c'était ce qui lui convenait, ce qui la rendait vivante elle aussi et quand il la voyait, il pensait à lui et à ce moment de sa vie où lui aussi avait perdu la passion. Il s'en souvenait comme l'un des moments le plus délicat de sa vie. Puis Mael était arrivé. Mael aurait su quoi faire lui, il aurait eu les mots pour aider sa sœur, mais il était parti et c'était une chose que Aley – comme lui – devaient accepter.
 
Pourquoi avait-il commencé par cette question ? Il n'en savait trop rien. Un millier d'autres lui traînaient dans la tête mais il n'avait tout simplement pas osé les poser. Parce qu'il avait peur des réponses peut-être, ou parce qu'elles étaient trop personnelles et qu'il avait peur de la voir s'enfuir ou s'énerver. Alors il avait commencé par la danse, parce que c'était ce qu'il comprenait le mieux. C'était aussi de cette façon qu'il connaissait Aley, d'abord comme une bonne danseuse, bien avant d'être, une soeur, une amie ou une femme elle était une danseuse à ses yeux. « T'as mauvaise mine Aley. » Shawn tais-toi... Non mais sérieux tais-toi. Cette réflexion s'était voulue amicale plus qu'autre chose mais il lui semblait qu'elle était sortie comme un reproche, une attaque. Trouve un truc pour te rattraper vite « Enfin... Pas mauvaise, mauvaise mais.. Moins bonne que d'habitude enfin – enfin tu m'inquiètes un peu Aley. » Question rattrapage on avait déjà fait mieux. Il baissa les yeux un peu honteux d'avoir osé lui dire ça mais surtout anxieux de la réaction que pourrait avoir la jeune femme. Il n'avait pas été très fin. Il aurait sans doute pu poser une question plus banale telle que « Comment ça va ?» pour lancer le sujet ou simplement attendre un moment. Cette réflexion venait beaucoup trop vite dans la conversation .Qui avait envi de retrouver un personne après des mois et de s'entendre dire qu'on a une sale tête. Non décidément il n'avait pas assuré.

Je ne saurais pas l’expliquer, mais je sens presque heureuse en entrant dans cette salle de danse. Cela fait six mois que je viens a l’école uniquement pour espionner les répétions de Shawn. Je ne me présente plus au cours. Pourtant, j’étais l’une des meilleures. J’étais la première de ma promotion et on me voyait déjà avec un brillant avenir. Le jour de l’accident, j’étais sur scène pour passer l’une des auditions les plus importantes de ma vie. Ma vie a basculer ce jour-là, mais pas de la manière dont je l’avais espérer. Malheureusement. A la suite de cet événement, j’ai littéralement abandonner la danse. Cela fait six mois que je n’ai pas effectuer un seul et unique pas. J’en ai eu envie parfois, mais a chaque fois je repensais à mes parents ou à mon frère et je m’arrêtais tout de suite dans mon élan. Sans eux derrière moi, je suis incapable de danser. Ils étaient mes piliers. Nous étions une famille soudée et aujourd’hui je me sens brisée et je ne pourrais jamais retrouver toutes les pièces qui manquent. Malgré tout, aujourd’hui, je sens une certaine énergie me regagner. Shawn est en galère avec un pas que je connais par cœur et pour la première fois depuis longtemps, j’ai envie d’aider quelqu’un. Je veux juste lui montrer. J’entre dans la salle et croise le regard surpris du jeune asiatique. Il ne me voyait jamais lorsque je venais le regarder, aujourd’hui je me pointe même devant lui. Sans même répondre à sa question, je l’entraîne devant le miroir. Je lui explique ce qui ne colle pas et je remarque rapidement dans son regard qu’il se serait bien passer de m’entendre lui parler de cette manière. Pendant quelques secondes, nos regards se cherchent dans le miroir. J’évite tout de même rapidement le sien. Je ne veux pas recevoir sa pitié. Je m’en passerais facilement.

Il tente d’effectuer le pas pour la centième fois depuis une heure et encore une fois, il n’arrive pas à enchaîner les deux pas. Je ne sais plus comment lui expliquer. Je ne vais tout de même pas lui prendre la jambe pour lui montrer comment se placer. Il est un peu trop tendu et c’est pour cela que ça ne colle pas. Je soupire un instant et finis par relever le regard vers lui. Autant lui montrer par moi-même. Cela fait six mois que je ne me suis pas servi de mon corps pour danser et pourtant je ne prends même pas la peine de m’échauffer. De toute manière, si je me blesse, je n’en aurais rien a faire. La danse ne fait plus partie de ma vie désormais. C’est fini cette époque là. Je soupire longuement et finis par me lancer. Un, deux, trois… Mes pieds glissent parfaitement sur le sol. Tout devient facile d’un seul coup. En aucun cas je n’ai envie de lui montrer une forme de supériorité. Aussi bizarre que cela puisse paraître, je cherche juste à l’aider. « Ça a l'air simple quand c'est toi qui le fait. » Je tourne le regard vers lui et lui sourit timidement. C’est vrai ça à l’air simple. Cela avait aussi l’air simple lorsque c’est Maël qui l’exécutait sous mes yeux et que je ne savais pas encore le faire. Penser à mon grand frère me fait frissonner de la tête aux pieds. Je sens les larmes inonder mes yeux et je baisse rapidement la tête. Je ne veux pas que Shawn se rende compte de cela. Je ne suis pas faible, je ne suis pas triste. Personne ne doit le savoir. Je passe une main sous mes yeux et me recule quelque peu pour laisser le jeune homme tenter un nouveau mouvement.

En quelques secondes et sans que je n’ai le temps de comprendre le pourquoi du comment, je retrouve Shawn a terre en train de se tenir la jambe. « Qu’est-ce que je disais… » Je retiens un petit sourire de satisfaction et finis par me diriger vers lui. Il serre la mâchoire et on dirait qu’il se retient de lâcher un cri. Ah les hommes, tous des mauviettes parfois. « Je crois que t'avais raison en ce qui concerne ma jambe. » Non sans déconner ? Je l’avais prévenu, il ne peut s’en prendre qu’à lui même désormais. Bon. Je jette tout de même un coup d’œil à sa jambe. Ca va. Pas d’angle bizarre ou de sang, il va s’en remettre. Enfin j’espère vraiment. Ca me ferait mal pour lui sinon. « Tu t'assois un moment ? Je crois que j'ai besoin d'un petit break avant de recommencer. » Mon regard croise à nouveau le sien. Je ne m’attendais pas à cela. Je n’avais pas prévu cela même. Je pensais lui montrer son pas et partir. D’ailleurs, j’ai cruellement envie de partir, mais je ne sais pas. Il a une façon de me regarder qui subitement m’ordonne de lui faire confiance. « D’accord… » Dis-je doucement avant de venir prendre place à ses côtés.

Mes fesses ont a peine le temps de toucher le parquet que Shawn se racle la gorge pour reprendre la parole. « Pourquoi t'as arrêté de venir à l'école Aley ? Enfin je veux dire je sais pourquoi Mais – Mais... Je veux dire, pourquoi t'es pas revenue ? Tu sais que la porte t’est toujours ouverte ? Je suis sûre que ma mère comprendrait, qu'elle comprend. » Je relève rapidement mon regard vers Shawn. Qu’est-ce qui lui prends de me demander cela d’un seul coup ? J’aurais presque envie de partir en courant. Je ne veux pas parler de cela. Ce serait avouer mes faiblesses et ce n’est vraiment pas mon genre. Personne ne s’intéresse à moi depuis le décès de mes parents. Personne. En même temps, j’ai effacer tous le monde de ma vie. Je voulais juste que l’on me laisse tranquille. J’ai penser à mourir moi aussi. Pour le moment, je me contente de survivre. Ou tout du moins j’essaye. « Je pense que ça ne te regarde pas. » J’essaye de rester calme, je n’ai pas envie d’être violente avec lui. Après tout, il semble réellement intéresser parce que je pourrais bien lui dire. Pourtant, je ne veux rien lui dire.

« T'as mauvaise mine Aley. Enfin... Pas mauvaise, mauvaise mais… Moins bonne que d'habitude enfin – enfin tu m'inquiètes un peu Aley. » Cette fois, je me retiens d’exploser de rire. Il se moque de moi.Ca doit être ça. Nerveusement, je passe une main sur ma nuque. « Tu veux savoir pourquoi j’ai mauvaise mine ? » Je ne sais pas ce qui me prend, mais d’un seul coup, j’ai tout envie de balancer. J’ai envie de lui dire tout ce qui me tracasse, ce qui m’empêche de dormir et de danser. « J’ai mauvaise mine parce que mes parents sont morts, mon frère est je ne sais où dans la nature et je suis persuader que toi tu sais exactement où il est. Je n’arrive plus à dormir la nuit sans faire d’horrible cauchemar. Tu veux savoir, la seule chose qui arrive à me calmer c’est un bon joint. Je bosse dans un bar et effectuer un pauvre pas de danse, me donne envie de chialer pour le reste de la journée. » Enervée et a bout de nerf, je finis par me lever pour aller chercher mon sac à main, je n’ai pas envie de rester ici. « Alors oui tu vois rien ne va, mais je te demande même pas ton aide. Tu peux en rire, t’en foutre, ça me fera ni chaud ni froid. Je voudrais que tout ça s’arrête, mais je ne sais même pas comment faire… » Une nouvelle fois, je sens les larmes me monter aux yeux, mais je crois que cette fois, je vais être incapable de les retenir.

Poser la question avait été simple, comme droit sortie de ses entrailles. Il n'avait pas réellement pensé à la porté de ses mots, à l'intrusion qu'il voulait faire dans la vie de Aley. « Je pense que ça ne te regarde pas. » Ses mots étaient sortis comme le point final de cette conversation. Bien sûre – elle avait raison – elle  ne lui devait rien, n'avait rien à lui prouver et aucune raison de lui répondre. La curiosité de Shawn avait été mal placé mais il ne s'en rendait compte que maintenant. Un peu tard...

Hochant la tête en guise d'excuse, il baissa les yeux pour ne pas faire face à la froideur dont Aley venait de faire preuve. Il n'avait pas prévu cette conversation, et maintenant que les mots étaient sortis de sa bouches il le regrettait. Rester en surface aurait été une bonne initiative, parler de la météo aurait sans doute suffi. Mais il n'avait pu se retenir, parce que ça lui brûlait les lèvres et qu'au fond Shawn était sans doute un peu trop curieux. Ou en tout cas plus intéressé qu'il ne voudrait l'être.

Le silence qui avait suivi lui avait été fatale. Il venait de se lancer dans une tirade qu'il ne maîtrisait pas, prononçant des mots qu'il n'aurait jamais du dire. Pourtant Shawn n'était pas un gaffeur, pas du genre à parler avant de réfléchir, du moins normalement. Mais face à Aley, il semblait perdre ses moyens, dire exactement l'opposé de ce qu'il était censé dire. Il aurait voulu fermer sa bouche à l'aide d'un cadenas et ne plus l'ouvrir.
Shawn avait toujours trouvé Aley rayonnante et belle, différente des autres filles. Mais au lieu d'avoir eu le courage de dire les choses comme il le pensait, il venait de lui jeter à la figure que maintenant elle avait mauvaise mine. Ce qui n'était pas – exactement – un compliment. « Tu veux savoir pourquoi j’ai mauvaise mine ? » Non, non en faite je pense que ça va aller Le ton qu'elle utilisait n’annonçait rien de bon et il se serait bien passé de se faire hurler dessus. Mais il n'avait évidement rien dit, parce qu'au fond – même s'il n'était pas sûr d'avoir envie de le savoir – il le devait. Il se devait d'écouter la jeune femme et d'entendre le mal être qui semblait tellement lui peser.

« J’ai mauvaise mine parce que mes parents sont morts, mon frère est je ne sais où dans la nature et je suis persuader que toi tu sais exactement où il est. » Interloqué par cette phrase, il tenta de riposter avec un « Non pas du... » Mais la jeune femme avait continué son discours ne lui laissant pas le temps de finir. Peu importe elle ne l'aurait sans doute pas cru une fois de plus. « Je n’arrive plus à dormir la nuit sans faire d’horrible cauchemar. Tu veux savoir, la seule chose qui arrive à me calmer c’est un bon joint. Je bosse dans un bar et effectuer un pauvre pas de danse, me donne envie de chialer pour le reste de la journée. » Shawn en restait la bouche ouverte, il ne c'était pas attendu à ça. Pas préparé non plus. Il avait alors arrêté de respirer attendant la suite. Mais la jeune femme s'était dirigée vers son sac, apparemment bien décidée à quitté la pièce. Et il ne pouvait pas l'en blâmer.  « Alors oui tu vois rien ne va, mais je te demande même pas ton aide. Tu peux en rire, t’en foutre, ça me fera ni chaud ni froid. Je voudrais que tout ça s’arrête, mais je ne sais même pas comment faire… » Il ne voyait pas comme il aurait pu en rire. En vérité Shawn ce sentait mal, vraiment mal. Il était sans doute devenu aussi blanc qu'un cachet d'aspirine et n'avait toujours pas réussi à reprendre sa respiration. Il était pétrifié, alors que la jeune femme s’élançait déjà en direction de la porte.

La culpabilité, c'était le mot. Ce sentiments qui remontait en lui d'un coup, prenait son corps en assaut et ne lui lassait aucun répit. Il n'avait rien vu, rien voulu voir et d'un coup Shawn ne se trouvait plus d'excuse. Il avait merdé, il avait été idiot. Sa rancœur contre Mael l'avait aveuglée et maintenait il était incapable de réagir. Il la laissait partir.
Ce n'est qu'une fois qu'elle eut la main sur la poignée qu'il réagit enfin. « Aley ! » la jeune femme se stoppa mais semblait encore décidé à sortir, il se leva d'un bon pour la rejoindre et lui posa la main sur le bras l'obligeant à se retourner vers lui. « Ne pars pas s'il te plaît. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé c'était idiot ne t'en vas pas. » Aley détournait le regard espérant sans doute que Shawn ne voit pas les larmes qui coulaient sur ses joues. Mais il les avait vu, il les voyait. Et il faisait avec, même si elles lui donnaient l'impression d'être encore plus minable.

Shawn l'attira un peu plus vers lui alors qu'il reculait dans la pièce. « Laisse moi une autre chance, s'il te plaît. » Elle n'allait peut-être pas comprendre pourquoi il lui demandait une autre chance. Penser que c'était de ses paroles qu'il parlait mais c'était bien plus que ça.
Il continuait de la tirer vers le centre – lentement  pour ne pas le brusquer – la main toujours posée sur son bras. S'il avait laissé parler ses pulsions, il l'aurait simplement pris dans ses bras, tenter de la réconforter de cette façon, parce que lui était là maintenant et qu'il ne comptait pas la lâcher cette fois. Mais le ton agressif qu'elle avait utilisé quelques secondes plutôt l'en dissuada. Il avait peur de la faire fuir de plus belle en agissant comme ça.
Une fois revenus vers le centre, il la lâcha enfin. « Reste là, d'accord ? Je veux te faire écouter quelque chose. » Elle semblait un peu plus calme. Peut-être tentait-elle simplement de maîtriser ses émotions.

Shawn se dirigea en vitesse vers son Ipod – branché sur les enceintes c'était lui qui envoyait la musique – et commença à fouiller à l'intérieur. « Aller, aller ! Où es-tu ? » Les mains un peu tremblantes, il avait de la peine à trouver la bonne musique et redoutait que Aley agacée ne profite de ce moment pour quitter la salle sans qu'il ne la voit. « Je l'ai, je l'ai c'est bon ! » Il avait parlé fort cette fois, s'adressant autant à lui même qu'à Aleyna. Il lança la musique puis revient ce mettre en face de Aley. « Tu te souviens de cette chanson ? Tu sais je traîne trop souvent par ici, je danse mais je regarde j'écoute aussi. Je me rappelle la première fois que je t'ai vu. Tu dansais sur cette chanson. Je ne savais pas encore que t'étais la sœur de Mael. Pour moi, tu n'étais qu'une nouvelle danseuse, je ne savais rien de toi. Je me suis arrêté pour te regarder. Et j'ai plus pu arrêter. Tu es différente Aley, quand tu danses plus rien n’existe autours, tu effaces tout, le temps, les gens... » Il osa lui attraper la main pour la serrer et lui offrit un sourire. La musique, et ce souvenir, c'était la seule idée qui lui était venue en tête, le seul moyen qu'il avait trouvé pour lui parler sincèrement.. « Je peux même pas imaginer ce que tu vis, ce que tu ressens. Mais, arrêter la danse je sais que ce n'est pas la solution. C'est ta passion, je l'ai vu des les premiers instants, je l'ai ressenti. Je crois qu'il y a une connexion entre les gens comme nous, qu'on se reconnaît, qu'on se voit. Alors tu ne me demandes pas d'aide mais moi je voudrais pouvoir t'en donner. Je veux pas te laisser abandonner ça, parce que c'est du gâchis, parce que je sais ce que c'est que de vivre sans la danse quand on aime ça comme tu l'aimes. » Pas besoin qu'elle le dise, il était facile de deviner à quel point Aley pouvait lui ressembler sur ce point.


« Alors je peux pas régler tout tes problèmes, je voudrais mais je sais pas comment faire et je sais que ça n'est pas possible. Ce que je sais c'est que ça, on peut le régler ensemble, si tu le veux bien ? » Il aurait voulu en dire plus, lui parler de son frère, du fait qu'elle fume des joints, qu'elle fasse des cauchemars. Il aurait voulu savoir pourquoi danser était devenu aussi dur pour elle. Pourquoi elle s'était braquée d'un coup contre ce sport qui était sa vie. Mais il avait assez parlé.« Laisses-moi cette chance. Ne me dis pas non Aley je t'en supplie, accepte qu'on te donne un coup de main. » Elle avait déjà rejeté son aide une fois, mais c'était il y a des mois. La situation était différente aujourd'hui et il espérait qu'elle ne se braque pas contre l'idée car de toute façon, lui ne lâcherait plus l'affaire. Il ne pouvait plus maintenant.
Il braqua son regard dans le sien. Les yeux encore mouillés dans la jeune femme le prirent à la gorge et une sensation de lourdeur l'envahit. Il avait mal au cœur lui aussi, mal pour elle mais aussi pour lui. S’éloigner d'Aley avait été un moyen simple de ne pas faire face. D'oublier que son meilleur ami avait quitté la ville. Shawn avait perdu un refuge, une endroit où il se sentait bien, des personnes avec qui il se sentait bien. Les parents callaigh  étaient ceux que Shawn aurait voulu avoir, pas parfait mais tellement plus sensibles et vrais que les siens.  Leur mort l'avait touché au plus au point même s'il n'avait – comme à son habitude – rien  laissé paraître. Mais les larmes de Aleyna le renvoyaient à cet horrible accident dans lequel ils avaient disparu.

Je suis entré dans cette salle uniquement pour aider Shawn. Je ne sais pas ce qui m’a poussé à vouloir faire cela, mais je le voyais galérer et j’ai juste eu envie de lui montrer la bonne chose à faire. Je sais qu’il est un excellent danseur. A l’époque où j’étais encore dans cette école on était presque en compétition. Enfin. Je savais que je ne pouvais pas rivaliser avec lui, après tout il est le fils des directeurs, mais je voulais lui montrer qu’il n’était pas le seul à être bon. Aujourd’hui, je n’ai plus rien à lui prouver et pourtant je veux l’aider. Alors je suis en train dans cette salle. Je l’ai aidé et voilà qu’il veut que je m’asseye avec lui. Je sais que je ne devrais pas le faire et pourtant je me retrouve assise sur le parquet froid de cette salle de danse. Je pensais, qu’il allait ce contenté de faire la conversation. Me demander pourquoi je suis là et parler du quotidien, mais je m’étais bien tromper. Tout de suite, il enchaîne sur une conversation qui me déplaît profondément. Je ne supporte pas que l’on parle de moi depuis l’accident. Avant, j’étais plutôt du genre à parler facilement. Ma personne n’était pas mon sujet préféré, mais cela ne me dérangeait pas de parler de moi. Aujourd’hui c’est quelque chose que j’évite tout particulièrement. Je ne veux même pas en entendre parler même. Sans vraiment le vouloir – enfin je pense – Shawn finit par me faire savoir que j’ai mauvaise mine. Quelle tendre attention. Je soupire quelque peu et vois qu’il a besoin d’une réponse. J’hésite un instant et finis par lui dire le fond de ma pensée. Je lui explique pourquoi rien ne va en ce moment. Que mes parents me manque comme jamais, que j’aimerais vraiment savoir où est passé mon frère et que le joint est devenu mon meilleur ami. Il semble surpris d’apprendre cette dernière partie et je hausse négligemment les épaules. Je m’en fiche. Je n’ai rien à cacher. Bizarrement, j’ai l’impression que Shawn ne me jugera pas.

Mais après avoir laissé tout cela sortir, je n’ai qu’une seule idée en tête : prendre la fuite. Je ne veux pas l’entendre me dire qu’il est désolé et voir la pitié dans ses yeux. Je n’ai vraiment pas besoin de cela. Alors sans lui laisser le temps de parler, je me lève et vais chercher mon sac à main. Il faut que je parte d’ici. Rapidement. « Aley ! » J’ai la main sur la poignée de la porte et pourtant je m’arrête. J’attends une réaction de la part du jeune homme, mais rien. J’ouvre la porte et souffle un bon coup alors que la main de Shawn se pose sur mon bras. « Ne pars pas s'il te plaît. Je suis désolé. Je suis vraiment désolé c'était idiot ne t'en vas pas. Laisse-moi une autre chance, s'il te plaît. » Je fronce les sourcils et passe ma main libre sous mes yeux. Il faut que j’arrête de pleurer. Comme disait Maël, les larmes c’est pour les faibles. Je voudrais me dégager de l’étreinte de Shawn, mais celui-ci m’entraîne doucement vers le centre de la pièce. Je voudrais protester, mais je ne dis rien. Je ne veux pas, mais j’attends tout de même de voir ce qu’il a derrière la tête. Parce qu’il paraît certain que le jeune asiatique à envie de me montrer quelque chose. « Reste là, d'accord ? Je veux te faire écouter quelque chose. » « Non. Shawn, je… » Je n’ai pas le temps de finir ma phrase qu’il est déjà parti vers la chaîne hi-fi.

Je l’entends parler à son iPod et de mon côté, je soupire longuement pour ne plus craquer. Il faut que je me détende un peu. Je sens tous mes muscles contracter et surtout je ne cesse de me mordre la lèvre pour ne pas fondre en larmes. Une musique retentit dans la salle et cette fois il faut carrément que je serre les poings pour ne pas fondre en larmes. Shawn me rejoins et je me force à ne pas lever le regard vers lui. « Tu te souviens de cette chanson ? Tu sais je traîne trop souvent par ici, je danse mais je regarde j'écoute aussi. Je me rappelle la première fois que je t'ai vu. Tu dansais sur cette chanson. Je ne savais pas encore que t'étais la sœur de Maël. Pour moi, tu n'étais qu'une nouvelle danseuse, je ne savais rien de toi. Je me suis arrêté pour te regarder. Et j'ai plus pu arrêter. Tu es différente Aley, quand tu danses plus rien n’existe autours, tu effaces tout, le temps, les gens... Je ne peux même pas imaginer ce que tu vis, ce que tu ressens. Mais, arrêter la danse je sais que ce n'est pas la solution. C'est ta passion, je l'ai vu des les premiers instants, je l'ai ressenti. Je crois qu'il y a une connexion entre les gens comme nous, qu'on se reconnaît, qu'on se voit. Alors tu ne me demandes pas d'aide mais moi je voudrais pouvoir t'en donner. Je ne veux pas te laisser abandonner ça, parce que c'est du gâchis, parce que je sais ce que c'est que de vivre sans la danse quand on aime ça comme tu l'aimes. » Je n’ose même pas bouger. Cette chanson me rappelle beaucoup de choses en effet. C’est la première fois que je faisais une chorégraphie dans cette école. J’étais plus nerveuse que jamais, j’avais bossé dessus pendant des semaines, j’avais demandé des conseils à ma mère et à mon frère. C’était très important pour moi. Je suis touchée de voir à quel point Shawn m’avait cerné, alors que l’on ne c’est pratiquement jamais parler tous les deux. Il était juste le meilleur ami de mon frère. Cela n’allait pas plus loin. Mais là…

Il me prend la main et je tourne finalement les yeux vers lui. Je vais craquer. Je n’arrive plus à tenir. Il me demande de le laisser m’aider. Je sais que Shawn aussi à eu une période où il ne voulait plus danser et je sais que c’est mon grand frère qui lui a donné un coup de main pour cela. « Laisses-moi cette chance. Ne me dis pas non Aley je t'en supplie, accepte qu'on te donne un coup de main. » Je ferme les yeux et pousse un long soupire. Je ne voulais pas me laisser submerger par les émotions, mais je crois que c’est trop tard. Shawn a fait ressortir tout ce qui ne va pas chez moi en ce moment et je ne sais même plus quoi lui répondre… Je le regarde quelque peu et sans réfléchir bien plus longtemps, je vais me blottir dans ses bras. Je sens son corps se tendre, mais je m’en fiche. Ses bras finissent par se refermer sur moi et j’enfoui mon visage dans son tee-shirt. Je me sens secouer par des sanglots que je n’arrive même pas à comprendre. Nous restons comme cela pendant quelques instants et je finis par me reprendre. Je me recule quelque peu et essuie mes larmes. « Désolée… » Je renifle un peu et baisse les yeux. « Je… J’ai l’impression que rien ne va dans ma vie en ce moment… » Je me recule et plonge mon regard dans celui de Shawn. « Ils me manquent… Tu ne peux pas savoir à quel point. J’ai l’impression que plus rien ne va depuis qu’ils sont parti. C’est ma mère qui m’a appris à danser, c’est Maël qui m’a poussé pour que j’arrive à ce niveau. Il était toujours derrière moi à me demander le meilleur de moi-même. Comment je vais faire maintenant ? »[/color] Je remets mes cheveux en place, essuie mes larmes et tente de me reprendre, mais je n’y arrive pas vraiment. « Je veux plus danser… Tant que je n’aurais pas retrouvé Maël… Je veux le voir, je veux comprendre. Et puis… Danser. Ca amène trop de souvenir. J’étais sur scène quand mes parents sont morts. Je ne veux plus jamais vivre cela. »

Shawn était nerveux, sans raison apparente son corps se tendait sous le stress de cette conversation. Ça avait toujours été le cas avec Aley, elle avait ce pouvoir sur lui, cette capacité à la déstabiliser et ce sans rien faire. C'était sans aucun doute la raison qui l'avait poussé à ne jamais s’intéresser à elle, il ne lui parlait presque jamais ce contentait de l’épier de loin, parce qu'elle était une rivale de qualité, elle égalait facilement son niveau et ça Shawn avait de la peine à l'accepter. Mais il savait aussi que son malaise allait au delà de ça, que de Aleyna émanait quelque chose qu'il ne maîtrisait pas, cette connexion étrange qu'il sentait en sa présence mais avait toujours refusé d'accepter.

Le stress était amplifié par ce qu'il venait de dire, parce que justement il ne la connaissait pas assez pour savoir comment elle allait réagir. Parce qu'il avait beau tente de paraître sûr de lui, il n'avait pas de plan. Aucune idée pour lui venir en aide, même si c'était ce qu'il souhaitait.

Sa main avait trouvé la sienne dans une geste simple, sans qu'il ait réfléchi, sans que ça le trouble mais quand Aleyna se laissa aller contre lui, il ne sut comment gérer ce rapprochement physique, son corps se crispa légèrement à son contact, le temps qu'il comprenne ce qui était entrain de se passer. Il se laissa aller à son tours entourant de ses bras son corps frêle pour la serrer un peu plus contre lui. Sa main caressait ses cheveux dans un geste tendre comme il l'aurait fait avec un enfant. L'émotion le submergeait aussi et il devait serrer les dent pour ne pas y succomber, car ce n'était pas dans sa nature de faire voire cette sensibilité et puis ce moment était pour Aley. Il avait senti ce besoin d'aide, ce besoin de trouver quelqu'un pour la soutenir et il avait envie d'être cette personne. Il le lui devait bien, à elle mais aussi à Mael même s'il était parti.

C'est elle qui mit fin à leur étreinte alors que Shawn aurait voulu faire durer ce moment un peu plus. Cette instant où il sentait qu'elle se laissait aller, qu'elle lui accordait cette confiance. «Désolée... Je… J’ai l’impression que rien ne va dans ma vie en ce moment… » Il lui relava la tête et posa délicatement ses main sur chaqu'une de ses joues pour effacer les quelques larmes qui y traînaient encore. « Ne t'excuses pas Aley » Il lui adressa un sourire avant de ce rendre compte que son geste était déplacé et que son bras ne retrouve sa place initial, le long de son corps. Aley quand elle mit de la distance entre eux ne le quittant pourtant pas du regard.

« Ils me manquent… Tu ne peux pas savoir à quel point. J’ai l’impression que plus rien ne va depuis qu’ils sont parti. C’est ma mère qui m’a appris à danser, c’est Maël qui m’a poussé pour que j’arrive à ce niveau. Il était toujours derrière moi à me demander le meilleur de moi-même. Comment je vais faire maintenant ? » Shawn comprenait mieux maintenant , il comprenait pourquoi il état devenu aussi dur pour Aley de danser, tout prenait du sens. Quand lui même avait perdu la passion sa famille avait été en grande partie responsable. Évidement les deux situations ne pouvaient pas être comparées mais pour Shawn c'était aussi le départ de son frère qui avait tout engendré, qui l'avait poussé à tout remettre en question. Aley semblait elle aussi remettre cette passion en question, la vie était devenu trop dur pour elle et ça il pouvait le comprendre. « Tu vas t'en sortir. Tu n'es pas seule – plus seule. » Au fond il n'en savait rien,, il n'avait aucune idée de combien de temps il faudrait à la jeune femme pour s'en sortir. Pas pour oublier mais pour vivre avec le drame qui avait changé sa vi. La seule chose dont il était sûre c'est qu'il n'allait plus la laisser seule, qu'à partir d'aujourd'hui il serait là, même si elle le rejetait, même si elle s'énervait et prétendait qu'elle n'avait besoin de personne.

 « Je veux plus danser… Tant que je n’aurais pas retrouvé Maël… Je veux le voir, je veux comprendre. Et puis… Danser. Ca amène trop de souvenir. J’étais sur scène quand mes parents sont morts. Je ne veux plus jamais vivre cela. » Il hochait la tête, tentant de comprendre à quel point ce traumatisme avait pu la frustrer, comment les liens se faisaient dans sa tête, cette façon qu'elle avait de rallier la danse à des moment si dur. C'était ce qu'il fallait changer – il le savait – il fallait qu'elle se rappelle, qu'elle retrouve les vrais sensations que danser pouvait lui apporter, et pas le souvenir de ce drame. Le problème c'est qu'il ne savait pas comment commencer. Comme lui prouver que la danse n'avait pas de lien avec les malheurs de sa vie, qu'au contraire elle pourrait être une remède.

Il regardait le sol tout en réfléchissant puis releva la tête d'un coup, frappé par un éclair de lucidité. « Alors on va retrouver Mael. » Plutôt fière de sa trouvaille, il ne lui fallut pas plus de 2secondes pour se rendre compte que ça n'allait pas être aussi simple. « Je ne t'ai pas menti Aley, je n'ai aucune idée d’où il peut se cacher, il ne m'a pas donné de nouvelles depuis son départ. » Un frisson lui parcourut l’échine quand la pensée qu'il puisse lui être arrivé malheur lui traversa l'esprit. Il chassa cette idée de sa tête, espérant que Aley n'ait pas remarqué cet instant d’égarement. « Mais je crois qu'il te doit des explications. Qu'il nous doit des explications. On est sans doute les deux personnes qui le connaissons le mieux sur cette terre. Si quelqu'un peu le retrouver c'est nous. » Il déglutit difficilement pas sûr de vouloir continuer. « Mais... Je crois que tu devrais te préparer... Mael n'est pas le genre de personne à fuir pour rien, j'ai – j'ai un peu peur de trouver la raison qui l'a poussé à fuir la ville, je voudrais pas que – que ça empire les choses. » Shawn avait cette impression étrange de passer pour un hypocrite en disant ça. Il y a quelques minutes il se souvenait à peine de l’existence de Aley et voilà qu'il voulait la protéger. Il ne savait pas lui même d’où lui sortait cette élan de protection envers Aley. Il ne le comprenait pas.

« Je vais t'aider à le retrouver mais en contre parti, je veux que tu acceptes de te remettre à la danse. Je comprends que c'est dur. Sans doute mieux que tu le crois. Mais je peux pas te laisser abandonner par ce que ça te fait mal... Parce que c'est aussi ça d'être passionnée, accepter de vivre avec la douleur parfois. On va y aller doucement, je te le promets, si c'est trop dur on fera des pauses, on ira à ton rythme » Il lui offrit un petit sourire complice puis ce dirigea à nouveau vers la chaîne « J'ai un truc parfait pour commencer. » Trifouillant à nouveau dans son Ipod il lui fallut peu de temps cette fois pour mette la main sur la chanson parfaite. Puis il se retourna pour faire face à la jeune femme interloquée. « Quoi ? Ne me dis pas que tu ne connais pas la macarena ? C'est le B.A.B.A. de la danse » Puis il rigola doucement avant de venir la rejoindre. Le but était de s'amuser un peu, de ne plus penser à la danse comme ils la connaissaient, avec les cours, les auditions, les compétitions. Mais juste s'amuser... Et il ne voyait rien de mieux qu'une petite macarena pour remettre la danse à sa place.

Je ne sais pas vraiment ce qui me prend de me jeter dans les bras de Shawn de cette manière. Habituellement, je ne suis pas quelqu’un de très tactile. Enfin je l’étais, mais depuis l’accident je n’ai plus jamais pris quelqu’un dans mes bras. Aujourd’hui est une exception. Je vois bien que le jeune homme se sens mal à l’aise, mais je ne sais pas… J’avais besoin de cela. D’un simple petit câlin. Qu’il me sert un peu contre lui. Ce n’est pas grand chose, mais cela me fait beaucoup de bien. Pourtant, je me rattrape rapidement. Je renifle quelque peu et passe une main sous mes yeux pour effacer mes larmes. Je m’excuse et lui offre un petit sourire timide. Les mains de Shawn viennent se poser sur mes joues et du bout des pouces il efface mes larmes. C’est un geste tendre, un geste qui m’apaise littéralement. « Ne t'excuses pas Aley » Une nouvelle fois je lui souris alors qu’il s’empresse d’enlever ses mains de mes joues. La situation me ferait presque rire. On est aussi gêné l’un que l’autre. Il n’y a absolument rien d’amusant là-dedans, mais bon… Je crois que j’ai un peu les nerfs qui lâchent.

Après une légère hésitation, je finis par avouer au jeune asiatique que ma famille me manque. Je sais que je ne pourrais plus jamais revoir mes parents. Je me fais doucement à cette idée. Mais mon frère… Il est quelque part, il est vivant et je ne sais pas si je pourrais le revoir un jour. C’est tout ce qu’il y a de plus frustrant pour tout dire. Je lui explique aussi pourquoi je n’arrive plus à danser. Parce que le monde de la danse est directement relier à ma famille. C’est ma mère qui m’a transmis sa passion et mon frère qui m’ont poussé pour que j’atteigne un tel niveau. Il était mon coach personnel. Il était exigent, mais grâce à lui j’ai réussi à atteindre un niveau d’exception. Aujourd’hui je me sens seule face à tout cela. J’ai le sentiment d’un immense vide en moi pour être franche. « Tu vas t'en sortir. Tu n'es pas seule – plus seule. » Je relève les yeux vers Shawn. Je me demande pourquoi il s’intéresse tellement à moi d’un seul coup. Je sais que lui aussi a – un temps – perdu sa passion pour la danse, mais ce n’est pas une véritable raison. Pour moi en tout cas. Son acharnement m’étonne, mais pour une fois je n’ai pas envie de le repousser. Au contraire, je me sens prête à prendre la main qu’il me tend. Parce que je vois qu’il est prêt à tout pour m’aider. Au fond de moi, j’aimerais pouvoir danser à nouveau. Danser à l’épuisement, sans jamais me soucier du reste. Je voudrais retrouver ma bulle, m’y enfermer à nouveau sans avoir envie de pleurer toutes les cinq minutes.

« Alors on va retrouver Maël. Je ne t'ai pas menti Aley, je n'ai aucune idée d’où il peut se cacher, il ne m'a pas donné de nouvelles depuis son départ. Mais je crois qu'il te doit des explications. Qu'il nous doit des explications. On est sans doute les deux personnes qui le connaissons le mieux sur cette terre. Si quelqu'un peu le retrouver c'est nous. Mais... Je crois que tu devrais te préparer... Maël n'est pas le genre de personne à fuir pour rien, j'ai – j'ai un peu peur de trouver la raison qui l'a poussé à fuir la ville, je ne voudrais pas que – que ça empire les choses. » D’un côté, je suis surprise d’entendre qu’il ne sait absolument pas où se trouve mon frère. Je pensais que Maël ce serait au moins confier à lui. Mais visiblement non. Son enthousiasme m’étonne également, mais la fin de son discours me donne littéralement envie de le gifler. Il m’énerve d’un seul coup. Je sens de nouveau la rage et la colère m’envahir. Je déteste cette sensation. « Parce que tu crois que je le sais pas. Mon frère je le connais par cœur d’accord ? Il n’aurait jamais fuit sans raison et j’ai déjà cherché de partout. Dans notre famille, les endroits qu’il a toujours voulu visiter, de partout, tu comprends ça ? Je ne sais pas où il est… » De nouveau, je sens les larmes montés, mais cette fois je refuse de les laisser couler. J’ai bien conscience de m’emporter pour un rien, mais je crois que c’est plus fort que moi. « Désolée Shawn… Je n’aime pas parler de ça. Il m’a abandonné. Je le déteste pour ça… » Je sais que même si je retrouve Maël notre relation ne pourra plus jamais être la même, parce qu’un jour il a décidé de m’abandonner.

« Je vais t'aider à le retrouver mais en contre parti, je veux que tu acceptes de te remettre à la danse. Je comprends que c'est dur. Sans doute mieux que tu le crois. Mais je ne peux pas te laisser abandonner par ce que ça te fait mal... Parce que c'est aussi ça d'être passionnée, accepté de vivre avec la douleur parfois. On va y aller doucement, je te le promets, si c'est trop dur on fera des pauses, on ira à ton rythme » Une nouvelle fois, je me sens sur le cul. J’ai comme l’impression qu’il ne me laisse pas vraiment le choix. Il veut que je danse à nouveau et je comprends qu’il ne va pas lâcher le morceau. Je lève les yeux vers lui et lui offre un petit sourire. Je passe une dernière fois ma main sous mes yeux. Je secoue un peu mes cheveux et les attaches en un chignon flou. « D’accord… Je veux bien danser, mais uniquement avec toi. » Je ne veux pas me retrouver seule dans cette salle, pas pour le moment en tout cas. Je ne m’en sentirais pas capable. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que Shawn est tout à fait capable de m’aider. Il peut me porter, m’aider à me relever. Je le sens. Pour la première fois depuis le décès de mes parents, j’ai envie de me battre pour ma passion. Pour retrouver une raison de vivre en fait.

Shawn me fait savoir qu’il a une chanson pour me remettre doucement dans le bain et je fronce les sourcils. Je jette à nouveau mon sac à main dans un coin et enlève ma veste. Je me retrouve en short et débardeur. Mes baskets sont un peu usées, mais je suis persuader que je pourrais danser avec ça. Je m’attends à tout et n’importe quoi, jusqu’à ce que les premières notes de la macarena retentissent dans la salle. Je me tourne vers Shawn qui semble très sérieux. « Quoi ? Ne me dis pas que tu ne connais pas la macarena ? C'est le B.A.B.A. de la danse » Je ne peux retenir un fou rire. Mon premier fou rire depuis des mois. Je me tiens presque les côtes et ne cesse de rire. « Parce que t’appelle ça de la danse toi ? » Je me tourne un peu vers lui et lui donne un léger coup de coude pour l’embêter. « On doit pas jouer dans la même cours alors. » Je commence sérieusement à me détendre. Je me sens prête aussi. Il faut que j’effectue quelques mouvements, je crois que j’ai besoin de cela. « Tu permets ? » lui demandais-je tout en indiquant son iPod du doigt. Il hoche la tête et je me dirige vers la petite table. Je me penche en avant et commence à faire défiler les chansons. Il faut que je trouve quelque chose qui me donne envie de bouger, quelque chose qui me motive sérieusement. Je fais encore défiler les chansons et je finis par en trouver une. Une chanson du film Dirty Dancing. Sans aucun doute mon film préféré de tous les temps. « C’est bien mieux. »

Je retourne au centre de la pièce et me place face au miroir. Shawn juste derrière moi. Mon frère m’avait appris une petite chorégraphie sur cette chanson. Quelque chose d’assez simple par rapport à notre niveau. Je ferme les yeux et tente de me concentrer. Les pieds à plat, je ressens les sensations de la musique et tape légèrement du pied sous le rythme. J’ouvre à nouveau les yeux, Shawn est allée s’asseoir un peu plus loin et je me lance. J’enchaîne les pas sans vraiment me soucié du reste. Un léger saut, jeux de jambe, bras droit puis gauche. Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit. Je retrouve le rythme et la chanson se termine. Un peu essoufflée je m’arrête et fixe le reflet de Shawn qui ne me quitte pas des yeux. « Ca fait du bien. » dis-je alors doucement. Aussi bizarre que cela puisse paraître à cet instant précis, j’aimerais retourner me blottir dans ses bras. Je me tourne pour lui faire face et lui souris quelque peu. Je me sens nerveuse.

Plus que se reconnaître en Aley dans sa perte de la passion, Shawn avait la rage. La vérité c'est qu'il était en colère contre un tas de choses dans la vie mais incapable de le dire avec les bons mots. Le départ de Mael avait été un tournant dans sa propre vie. Du jours au lendemain il c'était retrouvé sans son meilleur ami et pour lui ça n'était pas rien. Parce que Shawn n'était pas le genre de personne à accorder facilement sa confiance. C'est sur il avait d'autres amis mais jamais il n'avait été proche avec un autre comme il avait pu l'être avec Mael. Et c'était à cet endroit qu'il rejoignait la jeune femme. Dans une proportion bien moins élevé, lui aussi avait ses propres souffrances et à cet instant précis il aurait voulu être capable de les partager avec Aleyna, de lui expliquer que c'était plus qu'un peu d'aide qu'il voulait lui apporter. Qu'il la comprenait simplement et que cette situation lui faisait aussi mal. Mais ça il était tout bonnement incapable de le dire. Montrer cette part de fragilité que Mael avait mis à nu avec son départ était encore trop lui demander.

Ce cacher derrière la danse, c'était la meilleures solution, celle qu'il connaissait, celle qu'il maîtrisait le mieux aussi. Parce que danser c'était le moyen d'avoir le contrôle sur au moins un pan de sa vie, son corps, ses mouvements. C'est comme ça qu'il vivait, comme ça qu'il partageait ses émotions aussi.
Les mots à peine sorti de sa bouche Shawn sut qu'il avait fait un erreur de les dire. Le regard de la jeune femme changea en quelques secondes, comme si d'un coup elle était retournée s'enfermer dans sa bulle lui refusant l'accès à cette partie intime de sa vie. « Parce que tu crois que je le sais pas. Mon frère je le connais par cœur d’accord ? Il n’aurait jamais fuit sans raison et j’ai déjà cherché de partout. Dans notre famille, les endroits qu’il a toujours voulu visiter, de partout, tu comprends ça ? Je ne sais pas où il est… » Se pinçant les lèvres Shawn était étonné et désorienté. Ne sachant plus sur quel pied danser, elle pleurait, criait et souriait le tout quasi simultanément ce qui brouillait un peu les pistes qu'il tentait de suivre. Il aurait été bien incapable de cerner Aley dans ce moment, il ne l'avait d'ailleurs jamais été et c’était aussi ce qu'il appréciait. C'était une fille pleine de surprise. « Désolée Shawn… Je n’aime pas parler de ça. Il m’a abandonné. Je le déteste pour ça… »  Shawn hocha la tête. Si il y avait bien une chose qu'il pouvait comprendre c'était ça.

Un soupire sortit de sa bouche, sans qu'il ne l'ait vraiment prévu, puis il ouvrit la bouche et la referma directement, il n'était pas sûr de vouloir lui dire ce qu'il savait. Il ne voulait pas lui donner des espoirs, pas qu'elle se retrouve encore plus déçu par la suite. Mais au fond, il lui devait bien ça... Même si elle risquait de lui en vouloir pour ce qu'il allait dire. « Je pense que je sais par où commencer. » Pour sûr Aley connaissait bien son frère, mais il y avait des choses qu'elle n'avait pas vécu avec lui, des moments que lui avait partagé dont Aley devait à peine connaître l'existence. « J'ai reçu un appelle il y a quelques semaines. Une fille qu'on avait rencontré quand on est parti en vacance à Sidney... Elle me disait que Mael l'avait appelé et – et qu'il cherchait un endroit où loger par là-bah. » Shawn n'en savait pas vraiment plus. Et l'appelle avait eu lieu des semaines auparavant il pouvait être bien loin de Sidney aujourd'hui. Une fois de plus ce jour là Shawn avait mal réagit, trop en colère pour comprendre l'appelle il c'était contenté de lui dire un simple « Okay » Et de raccrocher. Plus il y pensait il plus il se rendait compte que si la jeune femme l'avait appelé c'était sans doute qu'elle devait être inquiète pour son meilleur ami. « T’énerves pas d'accord, je sais que j'aurais du investiguer un peu plus... Mais je l'ai pas fait par ce que je suis un peu idiot. Tout ce que je sais c'est qu'on a un point de départ, il est sans doute passé par là-bah. Je sais aussi que tu connais ton frère mieux que personne mais... Moi aussi je le connais bien, et je connais aussi ses amis vu que la plus part sont les miens également. Si on regroupe nos infos on peut peut-être arriver à quelque chose non ? »


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« D’accord… Je veux bien danser, mais uniquement avec toi. » Quand Aley ramena ses cheveux en chignon, Shawn fut parcouru d'une sorte de décharge électrique. Incapable de dire si c'était la joie d'avoir réussi à la convaincre ou l'effet que lui fait sa nuque dénudée, il se contenta de détourner la tête quelques secondes avant de reporter son regard à nouveau dans le sien. « Ça me va ! C'est un deal mademoiselle Callaigh. » Il lui tendit la main comme pour conclure une bonne transaction. Décidément ses cours d'économie lui donnaient de mauvais réflexe. Mais quand la main de Aley trouva la sienne pour ce qui aurait pu être une poignée de main industrielle, il se surprit lui même à la garder serrer dans la sienne un peu plus longtemps caressant de son pouce la paume de sa main. « On fait ça ensemble » Puis il s’éloigna de la jeune femme pour aller mettre un peu de musique.

« Parce que t’appelle ça de la danse toi ? On doit pas jouer dans la même cours alors. Tu permets ? » Faisant mine d'être offusqué par son geste et ses mots il la laissa pourtant changer de musique sans rien dire. Tout ce qui lui importait vraiment c'est qu'elle trouve un moyen de se faire plaisir. D'oublier le monde autour et de ce concentrer sur ce qui la faisait vivre et non ce qui la tuait de l'intérieur.
Il ne connaissait pas grand chose des ressources d'Aley, où était ses amis, le reste de sa famille. Il n'avait jamais vraiment parlé de ça avec Mael, comme si c'était un sujet tabou alors que rien ne semblait l'être entre les deux meilleurs amis. Aujourd'hui, plus il analysait la situation plus il se rendait compte qu'il y avait des trous dans ses relations aux autres en général, des espaces béants qui lui même c'étaient imposé. Ses petites choses idiotes dont il avait simplement trop de peine à parler et que c'était peut-être ça qui l'handicapait le plus, ce qui l’empêchait de trouver sa place, de choisir un chemin sans avoir peur de le regretter. Shawn était un garçon perdu et la présence de Aley à ses cotées faisait s'envoler ça pour un moment. Il oubliait ses propres angoisses pour ce concentrer sur elle, et elle uniquement. Et ça lui faisait un bien fou.

Quand la musique retentit dans la salle, Shawn ne pu empêcher un petit rire de sortir de sa bouche. « Dirty dancing, évidement, j'aurais du m'en douter »« C’est bien mieux. »  « Oui c'est une façon de voir les choses. » Il la taquinait un peu, si il y avait bien une chose qu'il pouvait relever de ce film – au delà du côté un peu fleur bleu – C'était que les danseurs avaient du talent et qu'il avait été le déclencheur de pas mal de passion du côté féminin, alors il ne pouvait pas réellement le dénigrer.
Le corps d'Aley commença à bouger sous ses yeux ébahies. Elle c'était lancée, comme ça sans filet elle y était simplement allée. La chorée était plutôt simple mais Aley avait cette façon de rendre les choses extraordinaires, parce qu'elle s'y donnait corps et âme et que Shawn voyait bien que ça la touchait. Au plus profond de lui, il était aussi ému. Comme de voir un enfant faire ses premiers pas, elle dansait. Et c'était déjà bien plus que ce qu'il avait espéré en une journée. Quand la musique prit fin il eut l’impression que sa prestation avait duré à peine 2 secondes, fasciné, il avait à peine pu en profiter. « Ca fait du bien. » Il lui adressa un sourire en retour se rapprochant d'elle un peu plus. « C'était... Vraiment bien. Je crois que tu sous estimes la force que tu as en toi Aley, ce que t'as fait là, c'est bien plus que juste danser, c'était whoua.... Les émotions que tu faisais passer c'était  bien au delà d'une simple macarena... T'as raison, tu joues définitivement dans une autre catégorie. » Il rigola puis lui donna un petit coup d'épaule pour la détendre un peu.

Quand il releva la tête vers l'horloge ses yeux s’arrondirent. « Merddee, je vais me faire tuer. » Il adressa un coup d’œil à Aley puis vers la porte. Il n'avait pas envie de partir maintenant, alors qu'elle venait juste de passer un cap important. Il voulait rester, mais Shawn avait été élevé en respectant plusieurs règles et pour les Liang, arriver en retard était une pêché. Ça pouvait paraître idiot vu de l'extérieur mais c'était avec ce genre de règles stricts qu'il avait grandi et même si le monde qui l'entourait lui criait d'autres choses, il n'était pas capable de faire abstraction de son éducation. « Aley je suis vraiment désolé mais je peux pas rester. Ce que tu viens de faire c'est un bon de géant et je veux pas que t'oublie ça. On va continuer sur cette lancée toi et moi. » Il marqua une courte pause puis ajouta un. « Tu me promets de revenir ? » Il ne savait pas si il devait lui donner un rendez vous où lui laisser l’opportunité de venir quand elle en sentait l'envie. De peur qu'elle finisse par ne jamais revenir, il était tentant de lui imposer un horaire mais il ne le fit pour ne pas la brusquer. A son rythme c'est ce qu'il avait dit. 

Retrouver mon frère. Cela était littéralement devenu une obsession pour moi. Je ne pensais qu’à cela. Je me suis empêché de dormir pendant des semaines. J’étais convaincue que si je m’endormais, je ne le retrouverais jamais. J’ai passé des heures au téléphone à contacter tous les gens qui sont susceptible de connaître mon grand frère. Notre famille, même la plus éloigné, nos amis, même ceux que nous avions simplement connu en vacances. J’ai contacté tous le monde et personne n’avait été capable de me répondre. Personne ne savait où il était passé. C’est comme si d’un seul coup, Maël avait disparu de la surface du monde et c’est sans aucun doute ce qui me fait le plus peur. Et si Maël avait réellement disparu. Et s’il était mort lui aussi ? Je crois que je ne me remettrais jamais d’une telle nouvelle. J’ai déjà perdu mes parents, je ne veux surtout pas perdre mon frère. Pourtant il n’est pas là et il me manque tous les jours. Shawn essaye de me rassurer, mais il n’arrive qu’à m’énerver un peu plus. J’ai qu’une seule envie, c’est de tout envoyer bouler. Je sens la colère monter en moi, mais je serre les poings pour ne pas exploser. Il ne mérite pas que je m’énerve de cette manière contre lui.

« Je pense que je sais par où commencer. » Curieuse et surprise, je relève les yeux vers lui. Comment ça il sait ? Qu’est-ce qu’il me cache ? Déjà, je n’aime pas vraiment cela. « J'ai reçu un appel il y a quelques semaines. Une fille qu'on avait rencontrée quand on est partie en vacance à Sydney... Elle me disait que Maël l'avait appelé et – et qu'il cherchait un endroit où loger par là-bas. » Choquée. Je ne sais absolument plus quoi dire. Maël est en Australie. Mais pourquoi si loin ? Pourquoi il cherche à fuir aussi loin. Qu’est-ce qui a bien pu se passer dans sa tête pour qu’il disparaisse comme cela le jour de la mort de nos parents. Je suppose qu’il a été très affecté par leurs décès, mais pourquoi fuir ? J’étais là moi. J’avais besoin de lui et il avait besoin de moi. On aurait dû se soutenir, mais lui il a décidé de partir. Et je suis en train de détester Shawn pour ne pas avoir cherché à en savoir plus. Il semble qu’il remarque ma colère. « T’énerves pas d'accord, je sais que j'aurais du investiguer un peu plus... Mais je l'ai pas fait par ce que je suis un peu idiot. Tout ce que je sais c'est qu'on a un point de départ, il est sans doute passé par là-bas. Je sais aussi que tu connais ton frère mieux que personne mais... Moi aussi je le connais bien, et je connais aussi ses amis vu que la plus part sont les miens également. Si on regroupe nos infos on peut peut-être arriver à quelque chose non ? » Pour la première fois, j’oublie ma colère et je me concentre sur le jeune homme. Je me rends compte à quel point il est sincère. Il veut vraiment m’aider et visiblement il s’en veut réellement de m’avoir caché tout cela. Comment pourrais-je lui en vouloir dans le fond. « Je… Okay. Mais ne me cache plus rien. » C’est vital pour moi de retrouver mon frère. Vraiment.

La danse reprend très rapidement sa place dans notre discussion. Parce que c’est notre vie. C’est ce qui nous permet de nous lever tous les matins. Je ne danse plus depuis l’accident et pourtant… J’y pense tous les jours. En compagnie de Shawn, je finis par comprendre que j’ai réellement besoin de cela. La danse c’est toute ma vie. Je ne peux pas abandonner cette passion. Même si c’est encore dur de me lancer. Je fais comprendre à Shawn que je veux bien danser, mais uniquement avec lui. Je ne veux pas qu’on me voit. Je ne veux pas retourner devant un professeur. Je ne dis pas que j’ai l’impression d’avoir tout appris, mais pour le moment, je ne cherche pas à progresser. Je veux juste reprendre doucement. « Ça me va ! C'est un deal mademoiselle Callaigh. » Pour souligner ses paroles, il me tend la main. Je fronce quelque peu les sourcils et finis par serrer la main qu’il me tend. Je pensais ne faire qu’une poignée de main, mais Shawn garde ma main dans la sienne. Son pouce caresse ma peau et je sens un frisson m’envahir. C’est quoi ça ? Un peu mal à l’aise, je retire rapidement ma main.

Le jeune homme finis par mettre de la musique et me demande de danser sur la macarena. Surprise je le regarde avant de rire. Je veux bien danser, mais pas là-dessus. Je prends l’initiative d’aller changer de musique. Shawn me laisse faire et je fouille quelque peu dans son iPod pour trouver la chanson parfaite. Je ne me souviens pas vraiment du style de Shawn. Il suit tous les cours imposer par l’école, comme tous le monde, mais on a chacun un domaine de prédilections. Je suis douée en classique, mais je préfère les danses modernes ou en couple. Mais lui… Je ne sais pas trop. Ou tout du moins, je ne me souviens pas. J’aurais le temps de savoir, d’apprendre, d’observer. Parce que je le regarde depuis six mois, mais sans vraiment le voir. Je venais juste me réfugier ici. L’école de danse était devenue mon refuge. Tout simplement. Enfin. Je chasse mes idées noires et finis par trouver la chanson parfaite. Dirty Dancing. « Dirty dancing, évidement, j'aurais du m'en douter » Je me tourne vers le jeune asiatique et lui lance un regard qui veux tout dire, avant de lui faire remarquer que c’est bien mieux que la macarena. « Oui c'est une façon de voir les choses. » Je soupire et hausse les épaules. Il ne connaît rien à la vie se garçon.

Je me place au milieu de la salle et je me laisse littéralement emporté par la musique. J’oublie tout ce qui m’entoure et je me laisse enfermer dans le rythme. Cette chorégraphie, je la connais sur le bout des doigts. Elle est assez simple, mais je n’ai pas envie de donner dans le compliqué pour l’instant. Je veux juste retrouver quelques sensations. Je tourne, j’enchaîne plusieurs pas. Le port de tête, le sourire, bras tendus. Les muscles serrés. Je me sens bien. Je ne me suis pas échauffer, alors je ne force pas trop. Je danse simplement et je comprends que cela m’avait réellement manqué. C’est peut être de cela dont j’ai besoin pour sortir la tête de l’eau. Ma mère aurait voulu que je continue à danser. Elle n’aurait pas voulu que j’arrête. Et peut être qu’en dansant, je finirais par retrouver mon frère. Je me berce peut être d’illusions, mais cela me fait du bien. Cela m’apaise.

Lorsque la musique s’arrête, je me stoppe au milieu de la pièce et croise le regard de Shawn dans le miroir. Je passe une main sur mon visage et soupire quelque peu. « C'était... Vraiment bien. Je crois que tu sous estimes la force que tu as en toi Aley, ce que t'as fait là, c'est bien plus que juste danser, c'était whoua.... Les émotions que tu faisais passer c'était bien au delà d'une simple macarena... T'as raison, tu joues définitivement dans une autre catégorie. » A l’entente de tous ces compliments, je me tourne et croise le regard du jeune homme. Je ne m’attendais vraiment pas à cela venant de sa part et je me sens quelque peu honteuse d’un seul coup. Je ne sais plus vraiment où me mettre et j’aimerais bien me cacher dans un coin. « Dit pas de bêtises. Tu danse bien mieux que moi. J’ai perdu la main depuis bien longtemps… » Pourtant aujourd’hui, j’ai retrouvé cette motivation pour retrouver mon niveau d’antan. Je sais que je vais y arriver. Je m’en sens réellement capable. C’est comme un nouvel élan.

« Merddee, je vais me faire tuer. » Surprise, je le regarde. Il s’agite d’un seul coup et son regard cours entre la porte et moi. Oh. Il doit partir… « Aley je suis vraiment désolé mais je peux pas rester. Ce que tu viens de faire c'est un bon de géant et je ne veux pas que t'oublie ça. On va continuer sur cette lancée toi et moi. Tu me promets de revenir ? » Je ne vais pas le cacher, je me sens un peu déçue. J’aurais aimé passer un peu plus de temps avec lui, mais je ne vais pas le retenir. Fierté oblige. Alors en silence j’hausse les épaules et je me dirige vers lui. Je prends sa main dans la mienne et la serre fortement. Je me mets sur la pointe des pieds et dépose un baiser sur sa joue. « Merci Shawn. » dis-je doucement presque dans un murmure. Je me recule et finis par aller récupérer mes affaires. J’enfile de nouveau mon blouson et pose mon sac sur mon épaule. Main sur la poignée de la porte, je me tourne une dernière fois et souris à Shawn. « Je reviendrais. » Je marque une pause avant d’ajouter : « Promis. »