Je.. t'as essayé de me tuer là ?

Siam & Luben

Et un service de fait, un ! Luben regarde sa montre, il quitte même le bar à l'heure aujourd'hui. Ce qui en soit, est assez rare. Il salue ses collègues et quitte les lieux. Il part le sourire aux lèvres, attrape son casque et le pose sur ses oreilles. Bouton power. Les basses résonne dans ses oreilles et son sourire s'élargit. Il est dans son monde Luben. Il se sort une clope, l'allume avant de ranger le briquet et c'est parti. Il marche. Il danse à moitié à chaque pas. Sa tête dodeline en rythme avec la musique et il chante. Il est loin Luben. Il ne fait plus attention à rien. Asaf Avidan chante et il chante avec lui, entre deux taffes.

Il quitte le chemin tout tracé du parc pour couper à travers ce qu'il appelle la "forêt". Forêt qui ne compte que trop peu d'arbre pour être qualifiée de telle mais soit. Il fume. Fume, jette le mégot. C'est pas très écolo ça.. tant pis. Il ne fait toujours pas attention à ce qui peut se passer autour de lui. Il ne remarque pas même la jolie blonde qui vient de passer en le regardant avec insistance. Et pourtant elle aurait aimé qu'il la voit, elle a sourit de toutes ses jolies dents ultrabrite en le voyant danser et chanter, elle a essayé d'attirer son attention. Perdu. Il est dans sa bulle Luben. Il ne fait attention à rien. Pas même à cette jeune fille et son arc au loin. Il ne la voit pas, elle non plus apparemment. Il sort de nul part. Sursaute, pousse un cri presque bestiale alors que son casque glisse sur ses épaules. Il reste là surpris. De toute façon il ne peut plus bouger. Il est là, cloué à cet arbre. Il regarde cette flèche qu'il n'a même pas vu arriver. Elle est plantée dans son tee-shirt, elle l'a frôlée, de près, de trop près. Il ressent un léger picotement et la main sur la flèche il regarde autour de lui. Son coeur martèle sa poitrine. On l'a sorti de sa bulle trop brutalement. « Putain c'est quoi ce bordel ?! » Et il la voit la fille qui vient vers lui l'arc à la main. C'est elle. Il tire un coup sec sur la flèche, profondément enfoncée dans l'écorce de l'arbre, essayant de quitter le moins possible la brune des yeux. Elle lui fait peur, peut-être. Il soulève un peu son tee-shirt. Gagné! Une jolie éraflure se dessine sur son flan. Sa peau mate est partiellement tâchée de sang. Il grimace et laisse retomber son tee-shirt. Il jure encore. Pour lui. Et pour son tee-shirt, il l'aimait bien celui là..  Il se retourne vers la jeune fille, la flèche à la main. « Si tu voulais me tuer, tu t'es chiée là. - sa voix est tintée de sarcasme, il grimace à cause des picotements - putain.. tu peux pas faire attention merde..? » C'est pas très polie tout ça Luben. C'est pas comme ça qu'on parle aux demoiselles. Même quand celle-ci a essayé de te tuer. Il secoue la tête, dépité, agacé. Il soupire longuement.

La chaleur monte en son flanc. Il a eu de la chance, beaucoup de chance, quelques centimètres à côté et la flèche lui passait à travers. Au lieu de rentrer chez lui directement, il aurait fait un long détour à l'hôpital. Sa mère l'aurait accueilli, plus inquiète que jamais en voyant cette flèche plantée dans le corps de son fils. Et sans doutes aurait-elle fait la morale à cette fille et son arc. Pourtant ce n'est pas une femme violente, elle n'est pas impulsive et n'est pas méchante pour un sou, mais on ne touche pas à ses enfants et la brune en aurait pris pour son grade, à coups de remarques piquantes. Et Luben aurait ris de la voir ainsi, s'énerver contre la jeune fille. Il aurait ris de la voir se ratatiner face à cette femme plus âgée, cette femme qu'on écoute quoiqu'il arrive, et que l'on respecte.

« Crois-moi que si j'avais voulu te tuer, je t'aurais pas loupé. » Owh, c'est bon à savoir ça tient.. Il rit jaune. Elle est prétentieuse et un peu trop sûre d'elle au goût du garçon. Il se serait attendu à des excuses. Étrangement, il imaginait déjà une jeune fille terriblement gênée et inquiète venir vers lui et lui proposer de l'emmener à l'hôpital. Ça l'aurait fait sourire cette fois, pour de vrai. Il n'aurait pas regardé la jeune fille avec autant d'amertume qu'il ne regardait la présente fille. Oui, il aurait préféré qu'elle lui fasse des excuses. C'aurait été réglé. Il aurait vite oublié cet épisode. Parce qu'il en a vu des pires.
Elle lui tend de quoi désinfecter la plaie et il lui rend sa flèche. Il ne la remercie pas, elle lui doit au moins ça. Il imprègne le coton, soulève son tee-shirt et tamponne la plaie doucement. Il sait comment faire depuis le temps, il ne compte plus le nombre de fois où il a vu sa mère lui désinfecter une plaie. Il grimace, ça pique, ça mousse. Il relève la tête d'un coup. « La plus insouciante dans ce bois ?! On est dans un parc, si tu veux t'entraîner y'a des salles pour ça, ou d'autres endroits adaptés. Des endroits où les gens ne passent pas tu vois ? Et je n'ai jamais eu à faire attention dans ce parc, c'est pas maintenant que ça va changer. Jusqu'à maintenant, aucune flèche n'avait manqué de me tuer.. » Il soupire encore, se remettant à tamponner la plaie, essuyant la mousse qui s'en échappe à l'aide d'un autre coton. Elle l'énerve. Elle commence à l'agacer profondément. Elle se fout de lui, ça n'est pas possible autrement. Il en oublie presque la douleur. Seul point positif. Il jure. « Faire attention? Je te signale que c'est toi qui est arrivé de nulle part  ! Je pourrais te retourner le truc, t'imagines les emmerdes que tu m'aurais causé si t'étais mort ? » Il relève les yeux, choqué. Il se tait un moment, cherchant une plaisanterie dans les paroles de la jeune femme. En vain. « Tu te fous de moi là ?! Si j'étais mort ?! Mais, tu te rends compte des conneries que tu dis ? C'est tout ce qui t'importes ? Ne pas avoir d'emmerdes ? Je peux crever tu t'en tapes ? Je sais qu'on se connaît pas, j'peux comprendre que ça te toucherait pas beaucoup mais merde, tu pourrais montrer un peu de compassion, ou la feindre seulement.. » Il secoue la tête et laisse retomber son tee-shirt légèrement tâché de sang. Il rend la bouteille d'eau oxygénée à la brune et garde les compresses. Il les jettera plus tard. « Et t'es même pas foutu de t'excuser.. » Oui, elle l'énerve. Plus elle parle, plus le Bulgare se sent monter en pression. Mais il est patient Luben, alors il souffle. L'égoïsme et le manque de politesse de la belle l'agace et il tâche de le lui faire comprendre, le plus poliment possible. Oui, bon, pour la politesse on repassera.

« Bah maintenant tu ne pourras plus dire ça, y a pas eu mort d'homme. N'empêche qu'avec ce genre de raisonnement tu vas finir par te faire tuer. » Il hausse les épaules. « Qu'est-ce que ça peut t'foutre ? Si j'viens à m'faire tuer dans ce parc, peut-être que je penserais à toi en me disant que, peut-être, t'avais pas tord. En attendant, j'vais pas changer. T'es à Town Square, pas dans le Bronx. Y s'passe jamais rien ici..  » D'habitude. Quand une tarée n'a pas décidé de te tirer comme un pigeon. Il souffle, serre les dents. Mademoiselle n'a pas l'air d'avoir le sens des priorités. Et oh! elle fait de l'humour maintenant. « Ooooh tu plaisantais ? Je m'excuse alors. Non vraiment, je me suis emporté. - il sourit faussement puis secoue la tête - Parce que tu crois que m'filer du désinfectant, ça t'excuses complètement ? » Luben peste. C'est pourtant pas compliqué de dire pardon. C'est pas comme si ça n'était pas justifié, c'est pas comme si la flèche ne l'avait pas touché. Comment on peut-être d'aussi mauvaise foi ? Six lettres, ça lui arracherait tant la bouche que ça ? « Tu accorderais plus de crédit à une attitude compatissante feinte ou des excuses sans fonds qu'au fait que je t'ai passé le nécessaire pour te soigner? Les excuses, ça ne guérit rien, et l'hypocrisie non plus, à ce que je sache ! Maintenant, peut-être que je me serais excusée sincèrement si t'avais pas l'air aussi détestable. » Il se tait, cligne des yeux devant la brune. Elle plaisante encore là ou mademoiselle est sincère ? Il baisse la tête avant de relever les yeux vers elle, exaspéré. « C'est moi qui suis détestable.. Bon tu sais quoi ? Tes excuses gardes les, d'accord ? J'en veux plus. D'ailleurs ton "nécessaire", t'aurais pu le garder aussi. Si c'est pour que j'te sois redevable au final. Parce que si moi j'suis détestable, toi t'es carrément insupportable. Clairement, tes parents t'ont pas appris la politesse. Tout comme les mots ne suffisent pas toujours, les gestes non plus. » Luben ne cri pas, il sature. Sa voix est las, devant cette gamine pourrie gâtée. Luben, c'est pas quelqu'un de détestable. Luben, c'est une crème d'habitude. Nora pourrait le dire. Stan aussi. Taïs. Luben, c'est juste un emmerdeur qu'aime pas se faire emmerder. Un type normal quoi. Mais c'est pas un mec détestable. Ça non. L'autre ne le connaît pas, elle l'aimerait peut-être. Tant pis. Qu'elle crève, avec son arc dans les bois. « J'me casse. J'te laisse faire joujou avec ton arc. Tâches de mener personne à l'hôpital quand même. Ce serait embêtant que t'ai à faire à la justice à cause d'un con qui passerait par là. » Sarcasme, ô sarcasme. Il tourne le dos à la brune et replace son casque sur ses oreilles. Il rallume la musique et augmente le son des basses. Qu'elle parle, qu'elle l'insulte, il ne l'entend plus. Souffles Luben. Il jette la compresse dans une poubelle et reprend le chemin de son appartement. C'était bien la peine de quitter à l'heure aujourd'hui, tu rentreras aussi tard que d'habitude, bingo! Merci Robin des Bois.. Il pense à son jumeau, qui se moquera probablement de lui lorsqu'il lui racontera tout ça, qui le traitera sans doute de fillette lorsqu'une grimace passera sur le visage de Luben à cause de sa blessure. Il prendra peut-être même un malin plaisir à appuyer dessus. Mais il arrivera à lui faire retrouver le sourire, aussi rapidement que cette flèche est venu raser son flan.