Il est dix-neuf heures et je tourne inlassablement en rond chez moi. Les partiels sont passés, je n’ai plus besoin de crouler sous les révisions. J’attends désormais les résultats et ce avec un certain stress tout de même. Si je n’ai pas ma première année, je crois que je serais bon pour me jeter du haut d’un pont. J’aurais de nouveau échoué dans ma vie et ce serait véritablement pire que tout. Enfin… Pour le moment, je n’ai pas mes résultats et je dois attendre. Habituellement, j’arrive à m’occuper. Je me suis même remis à courir histoire de ne pas replonger dans mes mauvaises habitudes. Et puis il y a Lennon. Nous sommes officiellement ensemble désormais et les choses semblent enfin aller mieux entre nous. J’ai encore un peu de mal avec certaines notions de la vie de couple, mais je me soigne. Je deviens de plus en plus tendre et attentionné envers elle. On a eu quelques disputes lors de ma période de révisions, mais c’est parce que je passais mon temps enfermer chez moi la tête plonger dans mes livres, alors que je lui avais promis que l’on passerait du temps ensemble en tant que couple. J’avais un peu mal gérer, mais bon… Aujourd’hui cela va un peu mieux et on gérer bien mieux notre vie à deux. Sauf que ce soir, je ne pourrais pas passer la soirée avec elle. Elle m’avait appelé hier pour annuler, ses parents veulent la voir et il est clair que je ne suis pas le bienvenu chez eux. Elle c’est excuser un bon millier de fois et j’ai du passer plusieurs minutes à la rassurer en lui assurant que ce n’était pas grave. Je sais parfaitement pourquoi les parents Ainsworth ne peuvent plus me voir en peinture et je comprends très bien pourquoi Lennon ne veut pas encore leurs annoncer pour nous deux. Pour eux, je suis celui qui a tuer leurs fils et je crois que malgré toutes les méchancetés qu’ils ont pu dire à mon égard, je ne pourrais jamais leurs en vouloir. Gamin je les adorais et je garde de très bons souvenirs passer en leur compagnie. J’avais dit à la jeune femme de profiter de sa soirée et que je m’occuperais comme je pouvais sans faire de bêtises bien entendu. Alors j’ai un peu joué à mes jeux vidéos – comme un adolescent –, j’ai pris une longue douche chaude et finalement je me suis décider à sortir. Je crois que ce soir Isaac bosse et ce serait le moyen de passer une bonne soirée à le taquiner.

Lorsque j’arrive au Fitzgerald’s celui-ci est déjà bien plein. Comme tous les soirs pratiquement. J’arrive à me faufiler jusqu’au bar et d’un signe de la main intercepte le regard de mon ami barman. Il me sert la main et me demande ce que je veux boire. Je serais bien tenter par un verre d’alcool fort, mais j’ai promis à Lennon d’arrêter avec ces conneries, alors je lui demande simplement un soda. On dirait qu’Isaac va faire une attaque. Il me demande ce qui me prends et comme il a cinq minutes devant lui, je lui explique rapidement à quel point ma vie à changer ces derniers temps. Il à l’air surpris, mais à la fois content pour moi. Je finis par lui promettre de toujours venir le voir et le voilà soulager. Je continue à discuter de tout et de rien avec lui et comme souvent il me parle de sa petite-fille. Je crois que je n’ai jamais vu un homme de mon âge aussi fier d’être papa. C’est beau à voir tout de même. Enfin… Isaac dû retourner à son travail et je finis par regarder autour de moi pour voir si je ne connaissais pas quelqu’un. Mon regard ce posa sur Siloë qui était en pleine conversation avec un homme. Je me contente de lui envoyer un beau sourire et continue mon observation. Finalement j’aperçois une silhouette qui m’est familière. Une jolie rousse qui répond au doux prénom de Taïs. Elle est en cours avec moi et j’ai bien remarqué qu’il y avait quelque chose de différent chez elle. Etrangement elle se comporte comme moi il y a encore quelques mois. J’attrape mon verre et me dirige vers la jeune femme qui est littéralement en train de se noyé dans son verre d’alcool. « Tu devrais plutôt boire ça. » lui dis-je tout en lui tendant mon verre. Je ne sais pas pourquoi je me soucie autant d’elle, mais j’ai l’impression que c’est plus fort que moi. « Je peux m’asseoir ? » Qui ne tente rien n’as rien après tout.

Je venais juste au Fitzgerald’s pour une petite visite de routine. Histoire de dire bonsoir à Isaac et essayer de voir si Siloë ne traînait pas dans le coin. Je n’ai pas envie de passer ma soirée seul chez moi. C’est le meilleur moyen pour me faire broyer du noir ou pire recommencé les conneries. Il vaut mieux que je sorte, même si je vais dans un bar. Je crois que j’ai quand même besoin de sortir. Juste histoire de prendre l’air et je sais qu’ici je vais voir des gens que j’apprécie. Je trouve Isaac, mon ami, qui est également le propriétaire des lieux, mais ce dernier semble particulièrement occuper ce soir. Pour temps, il prend quelques secondes pour me parler comme à chaque fois. Et comme à chaque fois, il me parle de son bébé. Je trouve cela mignon même si j’ai vraiment beaucoup de mal avec les enfants et que je préfère les voir de loin. De très très loin même. Je regarde alors autour de moi et tombe sur une Siloë très occupée elle aussi. Si un jour je rentre dans ce bar et que je la trouve seule je crois que j’alerterais la police. Ou les médias. En tout cas, je ferais quelques choses. Je pensais être un coureur de jupons il y a encore quelques mois, mais face à elle j’ai l’impression d’être un petit joueur. Je me demande combien de mecs elle peut rameuter en une soirée. Enfin… Finalement mon regard se pose sur Taïs. La jolie rousse est en cours avec moi. Je suis souvent assis à côté d’elle et il y a un je ne sais quoi chez elle qui m’attire. Non je ne veux pas la mettre dans mon lit. Je ne sais pas comment l’expliquer. J’ai l’impression que quelque chose à détruit sa vie. Elle sourit tous les jours et pourtant il y a quelque chose qui semble brisé dans son regard. J’ai déjà essayé de discuter avec elle, mais je n’ai jamais eu que quelques informations. Je sais d’où elle vient, son âge et sa date de naissance et c’est tout. Pas grand chose. Après tout, elle pourrait être qu’une simple camarade de classe. Mais j’aimerais juste pouvoir discuter un peu plus avec elle. Apprendre à la connaître vraiment.

J’attrape mon verre de soda – un exploit pour moi – et me dirige vers la jeune femme. Après tout qui ne tente rien n’as rien. Je me poste à ses côtés et lui tends mon verre. Ce serait mieux pour elle à comparer aux deux shooter de vodka qui sont posé devant elle. « Tu sais Noam, si j’avais voulu boire un soda, j’serais aller me commander un menu chez McDo. » Oh mais c’est qu’elle a de la répartie la petite. Je suis assez étonné. C’est vrai après tout quand on la voit comme ça, on dirait presque qu’elle est fragile comme fille. Comme quoi, il ne faut jamais juger un livre par sa couverture. « Très drôle. » Je finis par lui demander si je peux m’asseoir à ses côtés et une nouvelle fois, la réponse ne ce fait pas attendre. « Tu fais ce que tu veux, ce n’est pas mon bar. » Bon. Cette fois je la trouve vraiment pas drôle. Je veux juste être sympa avec elle, c’est tout. Elle à l’air bien seule et je n’aime pas vraiment cela. Elle me rappelle ma personne il y a encore quelques mois. Je prends le tabouret à côté d’elle et m’assois tout en continuant à la fixer. « Tu sais, je faisais ça avant moi aussi. » J’attrape un shooter et l’avale cul sec avant de poser le verre retourner sur le comptoir. Je prends le deuxième et lui réserve le même sort. « Et je suis encore bien endurant je pense. » Bon j’avais dis que je ne boirais pas. Il faudra que j’envoi un message à Lennon avant que cela ne dégénère. On ne sait jamais. Taïs me lance un regard noir et je lui souris. « L’alcool ne résous rien. Je ne sais pas ce qui t’as amener ici et si tu ne veux pas m’en parler, tant pis. Mais boire jusqu’à en oublier son prénom cela ne sert absolument à rien… »

Si certaines personnes me voyaient, il serait littéralement en train de me dire que l’hôpital ce fou de la charité. Avant. Il y a quelques mois encore, j’étais à la place de Taïs. C’est moi qui venait dans ce bar pour me souler jusqu’à ne plus me souvenir de mon prénom ou de chemin à emprunter pour rentrer chez moi. C’était devenu une vraie habitude. Je buvais un verre de whisky comme on peut boire un verre de lait. Je ne dis pas que c’était bien. Je dis juste que je faisais ça par réflexe. Et aujourd’hui, j’ai juste envie d’aider la jolie rousse. Cela fait quelques temps que je l’ai remarqué. Que j’ai vu la tristesse qui habite constamment ses yeux. J’ai l’impression de me regarder dans un miroir. Je ne veux pas la laisser boire. Je ne sais pas pourquoi, j’ai juste envie de l’aider. C’est quelque chose que je n’arrive pas à expliquer. Alors je m’assois à ses côtés et avale son premier shooter en lui faisant remarquer que moi aussi je suis passé par là. Je sais parfaitement ce que ça fait. Elle semble surprise, mais je ne m’arrête pas. J’avale son deuxième verre sans sourciller. Oui j’ai vraiment l’habitude, ce n’était pas un mensonge. Je repose le verre à l’envers sur le comptoir et tourne la tête vers la jeune femme en lui faisant comprendre que l’alcool ne pourra jamais résoudre ses problèmes. C’est facile de parler comme cela, mais bon… Qui ne tente rien n’as rien. Je la voix hésiter et plonger son regard dans le mien. Elle à l’air complètement déstabilisée d’un seul coup. « Tu lui ressembles tellement tu sais. » Surpris. Je ne sais plus quoi dire. Je ressemble à qui ? Je vois les yeux de la jeune femme s’embué de larmes. Je préfère me taire. Visiblement elle en a beaucoup sur le cœur et ce serait peut être temps que tout cela sorte. Une larme vient rouler dans sa joue et je me retiens de venir poser ma main sur la sienne. Elle s’excuse et je lui offre un petit sourire timide. Elle n’a pas besoin de s’excuser, je commence à comprendre. « Si il avait été à côté de moi, il aurait dit exactement la même chose. » Cette fois, je doute moins. Elle aussi à perdu quelqu’un. Je ne sais pas qui, mais elle a perdue quelqu’un a qui elle tenait beaucoup et c’est pour cela qu’elle me parle comme cela. Je lui rappel cette personne. Comme Isaac peut me rappeler Gabriel de temps en temps. Je pose mon regard sur Taïs qui me vole mon soda. Sa réplique me fait sourire. « C’était mon but. » lui dis-je doucement en continuant à lui sourire.

« Pourquoi moi Noam ? Pourquoi ? Tu sais, il y a pleins d’autres filles dans ce bar, mille fois plus intéressante que moi et moins morose surtout. » Je suis son regard qui embrasse le reste du bar. Oui il y a pleins d’autres filles dans ce bar et je suis assez bien placé pour le savoir. Avant je venais ici, j’en choisissais une et je la ramenais chez moi. Mais ça c’était avant. « Je suis pas venu pour trouver une fille. J’ai déjà une copine. » Je n’ai plus besoin de draguer. Il y a Lennon dans ma vie désormais. « Si je suis venu vers toi, c’est parce que j’ai l’impression de me voir en toi. C’est bête hein ? » Je lève les yeux vers elle et lui sourit timidement. Il va falloir que je lui explique un peu mieux mon histoire je pense. « Moi aussi j’ai perdu quelqu’un qui m’était cher… Mon meilleur ami… Il est mort dans un accident de voiture il y a deux ans et pourtant je n’ai toujours pas tourné la page. Je me sens toujours aussi coupable. Alors tu vois, je venais ici pour me souler et pour tenter d’oublier. Ca n’a jamais marché… Maintenant je vais mieux, mais parce qu’on m’a aidé. »