« Bon aller Isaac bouge toi on va être en retard ! » hurla Charlie dans tout l’appartement. Personnellement je suis penché au-dessus du berceau de ma petite fille incapable de quitter la pièce. Ce n’est pas la première fois que je la laisse à ma sœur pour la soirée, mais je sais pas… Ce soir j’ai pas envie de laisser. Je voudrais rester là, à la regarder s’endormir. Oui je sais je suis un peu trop gaga, mais c’est plus fort que moi. C’est mon petit bébé à moi et je suis pas capable de la laisser toute seule. J’ai toujours peur qu’il lui arrive quelque chose alors que je suis au travail. En plus, je ne passe pas tout mon temps sur mon portable quand je travail. « Mais aller Isaac. » insiste Charlie en entrant dans la chambre. Je me tourne un instant vers elle en soupirant quelque peu. « Pourquoi tu stresse comme ça, c’est moi le patron je vais pas te virer. » lui dis-je en riant quelque peu. Je sais que Thomas est déjà au bar et il a assez d’expérience pour pouvoir démarrer le service tout seul. Et puis c’est tout de même quelque chose qui arrive rarement. Enfin. Je finis par déposer une baiser sur la joue de ma fille et me décide enfin à quitter la pièce en poussant Charlie vers la sortie étant donner qu’elle aussi commençait à regarder Théa d’un air tendre. Si on continue comme ça, on ne partira vraiment jamais. Je donne quelques derniers conseils à ma petite sœur et celle ci me fait gentiment comprendre qu’elle a pas besoin que je lui dise tout cela étant donner que c’est sa petite nièce et que ce n’est pas la première fois que je les abandonne. Abandon tout de suite. Je lui rappelle que je m’en vais bosser pour lui permettre de vivre ici et elle ce met à bougonner dans son coin. J’enfile ma veste en cuir et suis Charlie, direction mon bar pour le reste de la nuit.

Lorsque l’on arrive, l’endroit est encore assez calme. En même temps il n’est que dix-neuf heures. Les jeunes commencent à arriver uniquement vers les vingt heures voir même vingt et une heures. Autant dire qu’on a le temps de ce préparé. Je salue quelques clients et finis par rejoindre ma place préférer ici : derrière le bar. J’ôte mon blouson, vérifie le montant de la caisse et notre approvisionnement en alcool. Une fois que tout est parfait, la soirée peut vraiment commencer. J’ai beau dire tout ce que je veux, j’ai beau mettre dix ans à quitter ma fille, j’adore venir bosser ici. Cela peut paraître bizarre. Dans le fond, il ne doit pas y avoir beaucoup de gens qui veulent être barman de manière totalement voulu. Personnellement je sais que c’est mon truc. Léon m’as appris toutes les ficelles du métier et maintenant je suis devenu un véritable professionnel. Du genre Tom Cruise dans Cocktail. Vieille référence je sais, mais bon… C’est toujours ça. Les minutes défilent rapidement et en à peine une demi-heure le bar commence à ce remplir de plus en plus. Les gens défilent devant le bar et les commandes s’enchaînent. Un cosmopolitan pour une jeune demoiselle, une bonne dizaine de bière pour un groupe de mec, un whisky pour mon très cher ami Noam, un bloody mary et une tequila sunrise. Je ne m’arrête plus et les clients ne cessent d’affluer. On communique quelque peu avec Charlie. On ce tiens toujours au courant du déroulement de notre soirée. Des fois on s’arrête cinq minutes derrière le bar juste pour parler d’un client bizarre ou pour regarder notre couple préférer, comprenez Siloë-Jules et Devon, ce lancer des paris complètements débiles ou rire aux éclats. Ils nous mêlent souvent à leurs défis, a force on a l’habitude. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai aidé la demoiselle à monter sur le bar. Dommage qu’ils ne soient pas là ce soir, cela aurait pu être bien marrant. Ce soir, il n’y a que Noam comme habitué et je commence à entamer la conversation avec lui lorsque Charlie viens me chercher complètement paniquer. Le fût de bière est presque vide et elle n’as pas assez de force pour en soulever un nouveau. « T’inquiète je m’en charge, reste au bar. » lui dis-je tout en faisant signe à mon deuxième barman que je m’en vais quelques minutes.

Je reviens et finis par me battre pendant plusieurs minutes afin de pouvoir enclencher le nouveau fût. J’ai toujours peur qu’il me pète à la figure et ce malgré l’habitude. Une fois cela fait, j’en retourne à mes commandes. Au bout de quelques instants, Noam me fait signe que quelque chose cloche à une table juste derrière lui. Je saute par-dessus le bar et aperçois rapidement le visage d’Isobel. Qu’est-ce qu’elle fait ici ? Je n’ai pas le temps de me poser plus de question que je l’entends dire : « Lâchez moi vous me faites mal.. » Je me dirige rapidement vers elle et surtout vers l’homme qui la tient par le bras. Je connais cette bande de garçons. Ils sont souvent ici le week-end et la plupart du temps seulement pour tenter de ramener des filles dans leur lit. Je chope le garçon par le tee-shirt. « Tu la lâche. Tout de suite ! » lui dis-je froidement et sur un ton véritablement dur. Il lâche immédiatement le bras de mon ex petite amie et je le pousse quelque peu. « Maintenant tu sors de mon bar. On emmerde pas les femmes ici ! » Je lui montre gentiment la sortie et insiste quelque peu en aidant ses amis à ce lever de leurs chaise en quelques minutes ils ont débarrassé le plancher. Je rejoins mes collègues l’espace d’un instant pour leur demander de faire attentions à ce qu’ils ne reviennent pas et tout de suite je retourne près d’Isobel. « Ca va ? Il t’a fait mal ? » lui demandais-je alors quelque peu inquiet. Je fais toujours attention à ce que les femmes ce sentent bien dans mon bar. Je ne supporte pas ses machos qui croient que les femmes sont des objets. « Qu’est-ce que tu viens faire ici ? »

J’adore mon boulot c’est certain, mais je déteste devoir m’occuper d’homme comme celui qui vient de s’en prendre à Isobel. Il y en a toujours, des petits cons qui viennent ici uniquement pour ce mettre une caisse et dans le fond je m’en fiche totalement. Chacun fait ce qu’il veut de sa vie, mais dans mon bar il y a tout de même des règles. Chacun boit comme il veut, mais on n’embête jamais les jeunes demoiselles. Et c’est bien quelque chose que je surveille réellement. Je fais toujours attention lorsque je remarque qu’une femme entre seul ici ou même un petit groupe de filles. Je ne les surveille pas toute la soirée non plus, mais je jette régulièrement un coup d’œil pour être sûr qu’aucun homme ne vienne les déranger de manière assez lourde. Celle qui ce font draguer et qui en ont l’air heureuse, je m’en fiche totalement, mais celle qui me lance un appelle de détresse lorsque nos regards ce croise, je ne peux m’empêcher d’aller les aider. J’ai toujours été comme cela et je crois que je ne changerais jamais. Et particulièrement ce soir. Je n’aime pas que l’on s’en prenne aux femmes et encore moins lorsqu’il s’agit de la femme que j’aime. Je sais que je ne devrais pas être aussi protecteur avec elle, après tout nous ne sommes plus ensemble, mais c’est plus fort que moi. A l’époque, lorsque nous étions encore ensemble et qu’elle venait passer la soirée ici alors que je travaillais, je ne supportais pas qu’un homme l’approche. Même si c’était juste pour lui demander quelque chose ou pour engager la conversation de manière innocente. Personne n’avait le droit d’approcher ma femme et malgré la rupture et la distance, j’ai toujours les mêmes vieux réflexes. C’est donc sans réfléchir que j’attrape cet homme par le col de son tee-shirt pour lui ordonner de lâcher le bras d’Isobel. Je lui fais comprendre qu’il a intérêt à quitter mon établissement s’il ne veut pas finir avec mon poing dans la figure. Il joue les malins quelques minutes et finis par quitter le bar avec ses abrutit de collègues.

Je m’éloigne quelques instants et finis par retrouver mon ex petite amie qui n’as pas bougé d’un millimètre et qui semble être quelque peu perturbée. Je lui demande comment elle va et elle semble atterrir brutalement. Elle me sourit quelque peu, mais je vois bien qu’elle vient d’avoir une belle frayeur. « Je vais bien... Et c’est grâce à toi. Merci. J’ai juste un peu mal au bras j’aurais un petit bleu mais ça passera. Ne t’inquiète pas pour moi d’accord ?! » Tout de suite mon regard ce pose sur son bras et j’effleure du bout des doigts les traces rouges qui sont resté imprimer sur sa peau. C’est qu’il n’y est pas allé de main morte quand même… Mais qu’est-ce qui peu bien passer dans la tête de ces hommes pour faire du mal aux femmes. Je peux être impulsif de temps en temps, mais je ne m’en prendrais jamais a une femme, je les respecte bien trop pour cela. Enfin. Des cons il y en a de partout malheureusement. « Je m’inquiète si je veux… » lui dis-je alors en souriant quelque peu. On a beau être séparé, je crois que je ne cesserais jamais de me faire du souci pour elle. Elle a partagé ma vie pendant cinq ans, je peux pas la rayé de ma mémoire d’un seul coup non plus. Enfin. Je lui offre un nouveau sourire pour la rassurée un peu plus et finalement je lui demande ce qu’elle vient faire ici ce soir. Chose qui semble bien la perturbée. Ses joues virent au rouge et elle évite consciencieusement mon regard. Qu’est-ce que j’ai dit ? Les secondes passent et je finis par comprendre. Elle ce cherche une excuse. Je ne sais pas pourquoi elle est ici, mais il semblerait qu’elle n’ose pas m’avouer la véritable raison de sa visite. On m’appelle de loin, mais je n’y prête même pas attention. « Oh tu sais... J’étais dans le quartier et je suis dit "et bah si je passais faire un coucou à Cas" » Je fronce les sourcils et me retiens d’exploser de rire.

« Et sinon t’en a d’autre des mensonges comme ça ? » lui dis-je alors en souriant de nouveau. Je m’en fiche du pourquoi du comment, mais j’ai juste envie d’entendre la raison qu’elle tente désespérément de me cacher depuis quelques minutes. « Bon d’accord... Je voulais te voir... Je... Une semaine c’est long et je me suis dit que passer au bar serait moins suspect qu’à l’appartement. Ne pas te voir une semaine... Ca a juste été la plus longue semaine de toute ma vie. » finit-elle par me dire tout en baissant quelque peu la tête. Alors comme cela je lui manquais. J’ai presque envie de lui répondre qu’elle m’avait également manqué, mais je me retiens. Malgré tout cela me touche réellement. Peut être que dans une autre situation j’aurais pris la fuite, mais bizarrement ce soir je suis de bonne humeur et ce malgré l’altercation qu’il y a eu quelques minutes plus tôt. Aujourd’hui, j’ai envie d’en profiter. J’ai juste envie de passer une bonne soirée et c’est tout. Je fais signe à Isobel de me suivre et retourne près du bar. Comme a mon habitude je saute par-dessus ce dernier. Oui je pourrais faire le tour, mais j’ai toujours été un véritable flemmard. Et puis c’est un truc que j’aime bien faire. Isobel prend place sur un tabouret juste à côté de Noam qui est littéralement en train de ce noyer dans le fond de son verre. Je souris à la jeune femme et rapidement lui prépare son cocktail préféré. Je viens poser le verre devant elle et me penche un peu pour pouvoir lui parler. « Offert par la maison. » Je lui souris quelque peu et sens une main m’attraper pour me tirer un peu plus loin. Je me retrouve nez à nez avec Charlie qui me lance un regard noir et me demande à quoi je suis en train de jouer. Je soupire quelque peu et finis par lui demander de ce mêler de ses affaires. Elle repart bosser en bougonnant quelque peu.

Je continue à bosser tout en gardant constamment un œil sur Isobel qui est désormais en grande discussion avec Noam. Au moins, avec lui je suis sûr qu’il ne lui arrivera rien. Il a beau être bien éméché, il sait ce tenir et surtout il sait parfaitement qu’il s’agit de mon ex petite amie. Je profite d’une petite pause pour retourner vers la jeune femme. « Tu reste jusqu’à la fermeture ? » lui demandais-je alors presque comme un adolescent. J’aimerais bien passer un petit moment avec elle, mais pour l’instant je n’ai pas vraiment le temps, je peux pas planter mes barmen pour aller passer la soirée avec mon ex. Surtout que Charlie serait bien capable de venir me faire chier toute la soirée pour nous séparer. Bref. Je sais pas ce qui me prend, mais j’ai juste envie de profiter de la présence d’Isobel. La jeune femme ne semble pas vraiment convaincue pour rester et je me penche de nouveau vers elle. « Aller pour moi… On pourra passer un moment tout les deux comme ça. » lui dis-je doucement.

« Merci d’avoir été mon sauveur... Mon héro pour ce soir. » me dit la jeune femme tout en venant planter un bisou sur ma joue. Comme l’autre jour à l’appartement, je me sens frissonner de la tête au pied. Surtout reste concentrer Isaac. Ne pas ce laisser perturber. Je lui souris tout en essayant de cacher l’effet que ce simple contact viens de me faire. C’est hallucinant tout de même. Je pourrais toucher un nombre incalculable de femme sans rien sentir, mais dès qu’il s’agit d’Isobel tout est absolument différent. Il suffit qu’elle me regarde pour que je me sente comme un adolescent timide de quinze ans. Enfin. Je reprends donc une certaine constance et souris à la jeune femme qui n’a pas reculé d’un pas. Je sens presque son souffle chaud sur ma peau. Non ne pense pas à ça Isaac, pas maintenant. Pourtant nos regards ce croisent et je suis presque sûr que nous pensons exactement à la même chose. A croire que nous ne sommes vraiment pas capables de rester séparé très longtemps. Je lui en veux toujours d’être parti, mais j’ai presque envie de lui pardonner ce soir. Parce que je suis de bonne humeur, parce qu’elle me manque cruellement et parce que si elle reste aussi près de moi, je vais finir par l’embrasser. Heureusement – ou pas – elle ce recule et je lui souris de nouveau. Un rapide coup d’œil autour de moi et je me rends compte qu’il serait grandement temps que je retourne derrière mon bar. Je lui fais signe de me suivre et tandis qu’elle prend place sur un tabouret, je saute le comptoir pour retrouver ma place préférer dans cet établissement. Rapidement je lui prépare son cocktail préférer et lui fait savoir que cet effort. De toute manière, je crois qu’elle n’a jamais payé une consommation ici, j’allais ne pas faire payer ma petite amie à l’époque et aujourd’hui aussi je n’ai pas envie de la faire payer non plus. Je la laisse donc en conversation avec Noam et retourne à mon travail.

Entre temps, je me fais attraper par Charlie qui ne ce gêne pas pour me faire la morale. Auparavant elle aimait plutôt bien Isobel, mais depuis que cette dernière a quitté la ville, elle ne cesse de lui en vouloir. Bon en même temps, elle ne cherche qu’à me protéger et à protéger sa filleule et je ne peux pas lui en vouloir. Mais des fois, elle ferait mieux de ce taire tout de même. Je lui fais savoir que je n’ai pas besoin de son avis et que surtout que je suis assez grand pour prendre mes propres décisions. Elle bougonne, lâche quelques insultes et retourne ce mettre au travail. Tout comme moi d’ailleurs. J’enchaîne les cocktails, les bières et autres boissons alcoolisés. Je vois la caisse ce remplir et mon bar également. Je profite de cinq minutes de répit pour venir voir Isobel et lui propose de rester jusqu’à la fermeture. La voyant hésiter et ce poser des questions, je finis par ajouter : « Aller pour moi… On pourra passer un moment tout les deux comme ça. » Je sais, mon discours a beaucoup changer depuis la dernière fois où nous nous sommes vu, mais j’ai pas mal réfléchi et je me suis dit que le meilleur moyen de savoir si je pouvais encore lui faire confiance c’était encore en passant du temps avec elle. Je pense également qu’il faut que l’on passe du temps sans Théa dans les parages. J’adore ma fille, mais lorsqu’elle est là, je pense uniquement à elle et je n’arrive pas vraiment à me concentrer sur autre chose. Ce soir j’ai bien l’intention de passer la fin de la nuit avec Isobel et pour cela j’utilise même mon regard de chat potté. « D’accord... Je resterais... Pour toi… Et aussi pour moi je meurs d’envie de passer du temps avec toi alors je peux pas dire non... » me dit-elle alors en souriant de plus bel. C’est tout heureux que je retourne alors à mon travail. Je sais pas pourquoi, mais je me sens excité comme lors de notre premier rendez-vous. A l’époque, je l’avais embrassé en rentrant d’une soirée et je n’étais même pas sûr qu’elle veuille de moi. Pour le vérifier je l’avais invité au cinéma et nous nous étions rendu compte qu’en fait nous avions envie de tenter quelque chose ensemble. Ce simple quelque chose est devenu une véritable relation et a donner naissance à une belle petite fille. Aujourd’hui il y avait des embûches sur le chemin, mais peut être que la soirée allait changer la donne.

Les heures défilent à une allure hallucinante et très bientôt le bar commence à ce vidé. Les gens passablement voir très éméchés rentre doucement chez eux et promettent de revenir le week-end prochain. On récupère quelques pourboires. Noam vient me saluer, en me déboîtant presque l’épaule. Et au bout de quelques minutes, il ne reste plus aucun client dans le bar, excepter Isobel qui entre temps était allé s’asseoir à notre table. Jake prends congé, je lui demande s’il pourra assurer le service demain soir, il m’assure que oui et s’en va complètement fatiguer. « Je suppose que tu rentre pas avec moi. » entendis-je alors derrière moi. Je me retourne pour me retrouver, une nouvelle fois nez à nez avec Charlie. « Pas ce soir non. Mais on ce voit demain, d’accord. » « Fait pas de connerie Isaac, d’accord. » « Promis. » Je dépose un baiser sur sa joue, elle en fait de même et finis par quitter le bar à son tour. Me voilà donc seul derrière mon comptoir avec une Isobel qui m’observe de loin. Je lui fais signe de me rejoindre et en quelques secondes elle ce retrouve appuyée sur le bar en face de moi. Je sors quelques bouteilles d’alcool, le shaker et un grand verre. Avant c’est toujours elle qui goûtait mes nouveaux cocktails et ce soir j’ai envie de lui faire goûter celui qui me trotte en tête depuis plusieurs jours. « Je vais te faire goûter un truc. » lui dis-je alors tout en continuant à mélanger mes ingrédients et en restant quelque peu concentrer. Au bout de quelques minutes, je pose un verre devant elle tout en souriant. « Première fois que je le fais, si c’est pas bon dit le moi. » dis-je alors en riant quelque peu.

Pendant qu’elle goûte mon nouveau cocktail, je vais baisser un peu le son de la chaîne hi-fi et en profite pour éteindre quelques lumières pour rendre l’atmosphère un peu plus intimiste. Je passe près de la porte et ferme à clé pour que personne ne viens nous déranger. J’ai envie de passer une bonne soirée et personne ne pourra venir m’enlever cela. Je finis par rejoindre la jeune brunette qui semble apprécier le verre que je lui ai donné. De mon côté, je me sers une bière et finis par venir m’asseoir à ses côtés pour la première fois de la soirée. « Ah ça fait du bien de ce posé un peu. » dis-je alors en soupirant quelque peu. J’avale une gorgée de ma bière bien fraîche et me tourne quelque peu vers Isobel. Un instant, je la regarde en silence. Elle est toujours aussi belle et surtout, elle m’attire toujours autant. « Je suis content que tu sois là ce soir. » glissais-je doucement tout en plongeant mon regard dans le sien…

Je travail consciencieusement comme toujours, mais ce soir il y a tout de même quelque chose qui m’empêche d’être totalement concentrer, la présence d’Isobel dans le bar. J’ai beau devoir m’occuper sans cesse, avoir à courir dans tout les sens et donc ne pas toujours avoir la jeune femme dans mon champ de vision, je sais qu’elle est dans le coin et je ne cesse de penser à cela. Elle est là, accoudée au bar en train de discuter avec l’un de mes amis. C’est comme s’il elle n’avait jamais disparu d’un seul coup. Comme si elle n’avait jamais quitté la ville et que cette soirée était qu’une soirée comme les autres où l’on profite tout les deux d’un moment sans notre petit bébé. Enfin. J’essaye tout de même de me concentrer pleinement sur mon travail et au final je finis par y arriver. Les heures ce mettent alors à défiler à une allure assez hallucinante. Il est près de trois heures du matin lorsque le bar commence à ce vidé. Cela fait bientôt une demi-heure que je n’ai plus le droit de servir de l’alcool et les gens ce dirigent gentiment vers l’unique boîte de nuit de Town Square afin de terminer tranquillement leurs soirées. Le dernier client finit par quitter l’établissement et est très rapidement suivi par mes employés. Tout le monde est claqué. La nuit a été plutôt rythmée, on a dû gérer quelques problèmes et il faudra remettre cela demain. On a beaucoup moins de monde le dimanche, mais je tiens tout de même à ouvrir un peu. Enfin. Charlie me fait une petite remarque, me demande de ne pas faire de connerie et quitte le bar à son tour. Me voilà désormais seul avec Isobel. Le moment que j’ai attendu toute la soirée. Je me demande bien comment va ce terminer ce tête à tête, mais pour l’instant j’ai juste envie de profiter de cet instant avec elle.

La jeune brunette me rejoint au bar et très rapidement je décide de lui faire goûter le cocktail que j’ai inventé il y a quelques jours et que je n’ai encore jamais fait goûter à personne. Elle a toujours été celle a qui je demandais son avis pour mes cocktails. Bien entendu je sers ceux de base, ceux que tout le monde connaît, mais Léon m’avait appris à mélanger les saveurs à tester des choses nouvelles et pour cela tous les mois j’essaye de mettre une nouveauté à la carte. Je vois ceux qui marche et ceux qui n’ont aucun succès. Les plus célèbres restent, les autres retournent aux oubliettes. Celui là, je suis persuadé qu’il marchera. Il a une belle couleur, le jus d’orange masque devrait complètement masquer les effluves d’alcool et par conséquent plaire à la gente féminine. Il semblerait que je ne me sois pas réellement trompé. « On se bonifie avec les années. Tu te deviens de plus en plus doué. Je pourrais en boire jusqu’à la fin de ma vie tellement c’est excellent. » me dit-elle alors. Je lui souris tout en rangeant mes bouteilles d’alcool. On a tellement bossé à fond ce soir que c’est littéralement le bordel de ce côté du comptoir. Il y a de la vaisselle qui traîne, des bouteilles vides à même le sol et tout un tas d’autres trucs. Oh je rangerais ça demain, je n’ai pas la motivation ce soir et puis de toute manière j’ai envie de passer la soirée avec Isobel. Elle engloutie une nouvelle gorgée de son verre et je lui souris quelque peu. « Vas-y doucement quand même. Je voudrais pas être responsable de ta gueule de bois. » Je rigole quelque peu et finis par faire le tour du bar. Je vais pas rester debout toute la soirée.

Tandis qu’elle ce concentre de nouveau sur son verre, je vais fermer la porte d’entrée du bar, éteint quelques lumières et finis par baisser le son de la chaîne hi-fi qui crache de la musique depuis le début de la soirée. Un instant, je m’arrête dans mon élan. Cela fait peut être un peu trop intimiste non ? Avant c’était normal que j’instaure une telle ambiance, mais ce soir je me demande si c’est une bonne idée. Oh et puis merde. De toute manière, c’est Isobel. Elle ce fera peut être des films, mais dans le fond il y presque rien d’innocent là-dedans. J’ai qu’une seule envie depuis que je l’ai vu ce soir, la prendre dans mes bras et agir comme auparavant avec elle. Je le voudrais vraiment, mais il y a tout de même quelque chose qui me retient. Cette peur de l’abandon. J’ai tellement peur qu’elle reparte que je préfère rester en retrait pour l’instant. Histoire de ne pas être blesser de nouveau. « Je suis heureuse d’être là... Avec toi. Tu sais... Ca m’avait manqué de te voir travailler, être assise à cette table là-bas... Etre ton cobaye pour les cocktails. Toi dans ce bar avec moi. Ca faisait longtemps. Et je trouve que c’est juste… Parfait. » me dit-elle doucement. Pour cacher le plaisir que cela me fait d’entendre tout cela, je me cache derrière mon verre. On dirait vraiment un gamin… J’avale une longue gorgée de ma bière histoire de gagner du temps. Je ne sais plus vraiment quoi lui dire. Mon regard ce pose alors sur la table que nous avions l’habitude d’investir. « Ca me manquais aussi… Les premières semaines dès que la porte s’ouvrait, j’espérais te voir entrer ici… » J’avais espérer pendant des jours et j’avais finis par me dire que c’était complètement débile d’attendre de cette manière. Aujourd’hui je n’ai pas eu honte de lui dire cela.

J’allais dire quelque chose lorsque la musique changea et la nouvelle chanson me coupa littéralement dans mon élan. C’était notre chanson. Celle que l’on avait écoutée pendant des semaines en emménageant dans notre appartement. On avait eu pas mal de travaux à faire, à l’époque Isobel était enceinte, mais elle avait tenue à m’aider tout en me promettant de ce ménager. Le premier truc que j’avais branché avait été la chaîne hi-fi et cette chanson passait constamment à la radio. A force de l’entendre on avait commencé à la connaître par cœur et on la chantait à tue-tête tout en préparant la chambre de notre fille. C’était un truc totalement débile, mais ça nous faisait rire au moins. Un peu tendu, je croise le regard de la jeune femme qui semble également plonger dans ses souvenirs. Je pose mon verre sur le comptoir et descends de mon tabouret pour venir me planter devant Isobel. A partir de ce moment là, je ne réfléchis vraiment plus et n’écoute que mes envies. Je rapproche doucement mon visage du sien et après avoir croisé son regard viens doucement poser mes lèvres sur les siennes…

Il suffit que l’on ce retrouve tout les deux dans ce bar pour que les souvenirs reviennent en masse. J’étais déjà avec Isobel quand j’ai commencé à travailler ici. A la base, c’était juste pour le week-end, pour donner un coup de main au vieux propriétaire et surtout pour pouvoir payer le loyer sans que la jeune femme ne soit à cumuler la faculté et un autre travail. Puis j’ai abandonné mes études et je suis venu travailler ici à temps complet. J’avais fait cela uniquement parce que la brunette était derrière moi pour me soutenir. Elle ce fichait d’être un homme qui n’était que barmen. J’ai toujours eu peur que l’on me juge sur mon métier, parce qu’il faut l’avouer quand on entend mon nom de famille on s’attend plutôt à me voir à la tête de l’entreprise immobilière familial, pas à la tête d’un bar Irlandais à servir de la bière au pochtron du coin. Mais ce métier je l’aime. Quoi qu’on puisse en dire. Les seuls jugements qu’il pourrait me faire changer d’avis seraient ceux d’Isobel. Mais la jeune femme ne cesse de me soutenir dans tout ce que je fais et ce même encore aujourd’hui. Elle engloutie littéralement le cocktail que je viens de lui servir et je me dis que je sais désormais ce que je lui servirais lorsqu’elle viendra au bar. Enfin. En parlant de souvenir, je finis par lui avouer qu’elle m’avait tellement manqué que pendant quelques temps j’avais espérer qu’elle passe cette porte. C’est bien la première fois que je lui laisse clairement voir que j’avais espérer son retour. « Je sais... Et je m’en excuse. Si tu veux je peux la passer une centaine de fois maintenant pour me rattraper. » me dit-elle alors tout en souriant tendrement. Je rigole quelque peu face au naturel de sa réplique. Je serais presque tenter de lui demander de le faire, juste pour l’embêter, mais je préfère simplement hocher la tête. Un instant mon regard ce pose sur la jeune femme. Je me mords la lèvre tandis qu’elle vide son verre. « T’as déjà passé cette porte ce soir, je crois que ça me suffit amplement. » répondis-je alors.

J’allais relancer notre soirée. J’allais lui proposer de faire quelque chose histoire de ne pas ce laisser envahir par le silence qui planait au-dessus de nous quand une chanson bien spécifique ce mit à jouer dans le bar. La chanson que nous avions écoutée pendant des mois lors de notre emménagement dans notre nouvel appartement. C’était la chanson à la mode à l’époque et comme j’adorais écouter la radio en faisant les travaux, j’avais été obligé de l’entendre pendant des jours et des jours. A force j’en avais retenu toutes les paroles et surtout j’ai vu Isobel danser dessus avec son petit ventre de femme enceinte. Je l’as trouvais magnifique comme cela. Je l’ai toujours trouvé très belle, mais lorsqu’elle était enceinte, elle dégageait quelque chose de totalement différent. J’étais tout simplement retombé amoureux d’elle. Enfin. Cette chanson me renvoi violement au temps ou tout allait parfaitement bien entre nous. A l’époque ou nous étions heureux et amoureux. Ou nous formions une véritable famille et où je pensais que rien ni personne ne pourrait jamais venir nous séparer. Tout cela me rappelle à quel point, j’ai encore envie de vivre des choses en compagnie de la jeune femme. Je veux voir ma fille grandir et pouvoir me retourner pour observer toutes les réactions d’Isobel. Avant qu’elle ne parte, je me voyais même lui demander de m’épouser. Les choses ont bien changé maintenant. Les projets sont différents, mais l’envie d’être avec elle et toujours bel et bien présente. Plus que jamais d’ailleurs. C’est donc sans réfléchir que je me lève et que je viens tendrement déposer mes lèvres sur celle de la jeune femme. Très rapidement notre baiser devient bien plus fougueux. Un peu plus d’un mois que j’attendais cela. Et c’est toujours aussi bon. J’en rêve depuis le moment où elle est revenue dans ma vie. Dans le fond il y aura toujours une part de moi qui lui en voudra, mais pour le moment je ne pense qu’à ce baiser. Ma main vient glisser sur sa joue et je prolonge encore ce dernier. C’est uniquement lorsque l’on ce retrouve a bout de souffle qu’elle ce finis par ce reculer quelque peu. Son front viens ce coller au mien et elle finit par lâcher un simple : « Wahooo. »

Sa réaction me fait tendrement sourire. Je crois qu’elle ne s’attendait pas du tout à cela. Comme je ne m’attendais pas du tout à cela moi non plus. C’était juste venu comme cela. Juste une envie plus forte que les autres. Je retrouve mon souffle et plante mon regard dans celui d’Isobel. Ma main n’a pas quitté sa joue et mon pouce caresse doucement sa peau. « J’en pouvais plus Is. Tu me manque. Tu me manque trop. C’est pas humain le vide que j’ai pu ressentir quand tu étais pas là. Je sais que c’est moi qui t’es demandé du temps, mais je peux pas prétendre que je ne t’aime plus. Je te veux avec moi encore et toujours. Je veux te voir à côté de moi le matin au réveil, je veux entendre ton rire résonner dans l’appartement. Je veux que tu sois avec notre bébé tout le temps. Promet moi que tu ne repartiras jamais… » lui dis-je alors doucement. J’avais besoin de lui dire tout cela. Il fallait que ça sorte. Je ne pouvais pas faire autrement. Par envie – de nouveau – j’attrape ses lèvres dans un léger baiser puis viens enfouir mon visage dans le creux de son cou. J’ai besoin de la sentir près de moi. J’ai besoin de savoir qu’elle ne partira plus. « J’ai essayé de me convaincre que je pouvais vivre sans toi, mais je me contentais de me voiler la face. » finis-je alors par lui avouer.

Je n'ai aucunement réfléchis avant de venir l'embrasser. Je pourrais appeler ça un acte manqué, mais je crois que ce n'est pas du tout le cas. J'en crevais d'envie tout simplement. Les choses ne cessent de ce bousculé depuis qu'Isobel en revenue dans ma vie. Au départ je l'ai littéralement hais de revenir sans prévenir. Vraiment. J'ai passé une semaine à la maudire durant toutes mes nuits. Cela avait été compliqué. Je passais mes journées à m'activer pour être sûr de ne pas avoir le temps de penser à elle. Je n’arrêtais pas une minute. Je passais mon temps libre avec ma fille à essayer de lui faire faire tout un tas de truc qu’un bébé de six mois n’est pas vraiment capable de faire. Quand je n’étais pas avec Théa, je passais mon temps au bar à me laisser envahir par le travail. Mais dès que la nuit apparaissait et que Théa s'endormait ou que le bar fermait je me retrouvais seul face à mes vieux démons et Isobel était la première sur la liste. J’avais beau être crever son visage me revenais sans cesse en tête. Je ne me suis pas remis de son départ. J’ai même peur de l’abandon désormais… Il suffit que Malèa parte pour un week-end pour que je commence à me faire du souci et a me demander si elle va vraiment rentrer ou pas. Isobel a beau m'avoir expliqué le pourquoi du comment je n'arrive toujours pas à me faire une raison. Pour moi elle va repartir du jour au lendemain et je n'arrive pas à m'enlever cette idée de la tête... Au fond je me dis que si je lui fais encore confiance elle va en abuser. C’est totalement irrationnel et je le sais au plus profond de moi. Et je pensais que cela n'allais jamais changer. Puis Isobel est venu à la maison. C'était il y a une semaine. J'étais malade comme un chien ce jour la et la jeune femme c'était occupé de moi et de notre fille. L’espace de quelques heures on était presque redevenu une famille. J’y avais presque cru. Puis elle était repartie et tout cela m’avait rappelé qu’elle ne faisait plus partie de ma vie ou tout du moins plus vraiment. Pourtant ce soir, je n’ai pas réfléchi. Je l’ai juste embrassé et après cela je lui ai sorti tout ce que j’avais sur le cœur. Sans réfléchir non plus d’ailleurs. Faudrait que j’apprenne à tourner ma langue sept fois dans ma bouche avant de parler. Pourtant la jeune femme semble plus heureuse que jamais et c’est uniquement ce qui compte pour l’instant.

« Tu me manques aussi plus que tout... Je te le promets. Je te promets que je ne partirais plus jamais. JAMAIS. Je veux rester avec toi... Avec Théa. Je t’aime. Je t’aime plus que tout et je suis tellement désolé que tu es dut vivre tout ça. Je te veux aussi près de moi. Vivre loin de vous c’est l’enfer. Je veux retrouver notre vie. Tout me manque… Tu me manque, Je partirais plus jamais, je te le promets. » Je plonge mon regard dans le sien et très vite je comprends qu’elle n’a jamais été aussi sincère que maintenant. Elle pense chacun des mots qu’elle vient de prononcer et cela me touche plus que je ne l’aurais jamais imaginé. C’était déconcertant et déstabilisant. D’un seul coup, je n’avais plus envie de la lâcher. Je voulais profiter de cette soirée. Je laisserais les regrets m’envahir demain. Ou un autre jour, mais pas maintenant en tout cas. Je passe doucement ma main dans ses cheveux et cette fois c’est elle qui vient m’embrasser. J’en profite doucement et souris contre ses lèvres. Elle m’assure ne pas savoir vivre sans moi non plus et je souris de plus belle. Au moins elle on a été sur la même longueur d’onde durant son absence. Mais comme toujours la même question vient me heurter de plein fouet. Pourquoi est-elle partie alors que cela la faisais souffrir ? A croire que je n’aurais jamais vraiment de réponse à cette question. Mais cela a le don de me faire perdre bien. Putain Casey ce n’est pas le moment. Malgré tout je m’éloigne un peu d’elle et finis par retourner derrière mon bar juste l’espace d’un instant. Son verre vide me sert de prétexte, mais je sens son regard sur mon dos et je sais que je pourrais pas échapper à ses questions. Je soupire et lui fais face de nouveau. « J’ai entendu tout ce que tu m’as dit je te jure, mais c’est plus fort que moi… J’ai la trouille de plus te voir demain. » Ca me bouffe littéralement. C’est quelque chose que je ne serais pas expliqué. C’est là et cela me ronge tout simplement de l’intérieur. Il n’y a pas que pour moi que j’ai peur, mais également pour ma fille. Je veux pas qu’elle perdre sa fille une nouvelle fois.

« J’ai la tête qui va exploser… » Finis-je par dire doucement. Comme pour me redonner du courage j’avale une bonne gorgée de ma bière. Il faut que j’arrête de me poser trop de question. C’est tout simplement en train de me rendre dingue. Je repose mon regard sur la jeune femme et m’excuse dans un sourire. « D’un côté je me dis que je peux plus me permettre de te faire confiance aveuglément et d’un autre côté j’ai qu’une envie c’est de t’embrasser… » Et de lui faire l’amour là maintenant tout de suite aussi. Laisser la raison l’emporter ou pas ? Oh et puis merde hein. Au diable les bonnes résolutions. Je retourne vers elle et reviens l’embrasser. Elle va me prendre pour un fou. « Tu dois te dire que je suis dingue, mais je suis incapable de te résister. » murmurais-je doucement près de son oreille.