1 DAY MAYBE WE'LL FIND THAT BABY MAKES 3.

En bas de notre immeuble, adossé contre le mur, j’arrête un passant pour lui demander une cigarette et du feu. Cela fait des années que je n’ai plus fumé mais le stress me donne une soudaine envie de nicotine. Par chance, le jeune homme s’arrête pour m’en donner une que j’allume, les mains tremblantes, en grognant un merci. Je tousse malgré moi, comme un collégien qui grille sa première clope. Le goût est plus râpeux que dans mes souvenirs. Je me remémore la conversation que j’ai eu il y a quelques minutes avec Ivy dans notre cuisine.

« Tu vois quelqu’un d’autre ? ». La question était sortie de ma bouche sans que je m’en rende compte. Ce n’était vraiment pas mon genre de l’interroger à ce sujet. Au contraire, j’ai une entière confiance en elle et la jalousie n’est pas un de mes défauts.
Elle m’a alors répondu un simple « Non. », très peu convainquant. La colère commençait à monter en moi. J’ai commencé à élevé la voix :
[color=orange« Qu’est ce que t’as alors ? T’es étrange depuis quelques temps ! »[/color]
« Arrête avec tes questions idiotes. Après c’est moi la jalouse… ». C’est vrai que pour une fois, c’est moi qui déclenchait la dispute en parlant d’un possible adultère.
« Alors explique-moi ce qu’il y a ! Je sais qu’il se passe quelque chose. Alors dis le moi je t’en prie »
« Je … Je crois que je suis enceinte. ». Elle avait lâché cette phrase d’une voix désespérée et la nouvelle m’a fait l’effet d’un coup de poignard. Non c’était impossible, on a toujours pris toutes nos précautions ! Impossible surtout de retenir mon : « Putain de merde… »
« T’as que ça à me répondre ? Tu crois que j’en ai envie ? ». Comme si je n’avais pas entendu sa phrase j’ai demandé : « C’est sûr ? »
« J’espère que non. Je dois prendre rendez-vous chez le docteur. ». Là, nous sommes dans un sacré pétrin. J’ajoute « Et merde … » avant de sortir en claquant la porte.

Me voilà donc, en bas de chez nous, à ruminer dans mon coin. J’ai pris mes jambes à mon cou en laissant Ivy seule en haut. Elle doit m’en vouloir, me détester même. Mais dans des moments comme celui-ci, j’ai besoin de m’isoler pour réfléchir. Et on peut dire que j’ai matière à méditer face à ce problème.

Une mère passe devant moi, tenant un enfant par la main. Il doit avoir environ six ans et parle à toute vitesse d’un dessin qu’il a réalisé à l’école. L’espace d’un instant, la situation m’attendrie avant que la réalité me rattrape brusquement. Un enfant … Je ne suis pas prêt à être père et l’idée ne m’avait jamais traversé l’esprit avant. Tirant la dernière latte de ma cigarette, je réalise que ma réaction était stupide. Je ne peux pas fuir le problème. Rien que d’imaginer Ivy, déprimant en attendant mon retour, un élan de culpabilité s’empare de moi.

Mai quel con, qu’est-ce que je fous ici alors que je devrais être à ses côtés ? Je remonte les escaliers quatre à quatre, puis arrive essoufflé sur le palier. Je respire un bon coup avant d’ouvrir la porte. Elle est là, sur le canapé devant la télé. Elle semble plutôt en colère et reste les yeux rivés sur l’écran. J’avance jusqu’à elle, me met à genou sur le tapis et serre ses jambes contre moi tel un enfant qui ne voudrait pas laisser partir sa mère. Et l’image est plutôt bien choisie pour la situation.

« Excuse moi … Je ne t’ai pas abandonné, j’avais juste besoin de prendre l’air quelques instants. Je t’aime Ivy, et là, il faut qu’on parle sérieusement mais surtout calmement. » Je lève la tête dans sa direction, attendant un signe de sa part.

1 DAY MAYBE WE'LL FIND THAT BABY MAKES 3.

Malgré sa colère, je sens qu’elle s’est un peu détendue. Elle laisse même échapper un sourire. Ivy est tellement belle que je pourrais la contempler pendant des heures. Mais ce n’est vraiment pas le moment de penser à ce genre de chose. Après m’avoir écouté, elle hoche la tête pour approuver mes paroles. Me voilà rassuré de savoir qu’elle ne me déteste pas, ou du moins pas complètement.

Je suis incroyable, dans des instants comme celui-ci, ma seule préoccupation est de savoir si elle m’aime toujours. Comme si c’était la seule chose importante dans ma vie. Ca doit être le cas finalement, et ça me fait un peu peur. Prendre conscience que ce qui compte réellement, c’est d’être avec la personne qu’on aime, peu importe les difficultés que l’on rencontre. Oui c’est ça, exactement ! Elle me sort de ma rêverie avec sa douce voix : « Qui commence ? ». Son sourire, plus franche que le premier, me fait craquer. Je me redresse et m’assois à ses côtés sur le canapé. Je me rapproche assez pour sentir l’odeur délicate de son parfum. Je ne peux m’empêcher de passer une main derrière sa nuque. Le contact de sa peau me fait l’effet d’un tranquillisant. Un peu comme si ensemble, rien ne pouvait nous arriver ni nous faire flancher. Un regain d’assurance s’empare de moi.

« J’achèterai un test de grossesse demain. Et j'irai faire une prise de sang, ce sera plus sûr. ». Il est vrai que ça ne sert à rien de faire des plans alors que l’on ne sait même pas si Ivy est vraiment enceinte ou non. C’est peut être une fausse alerte, ou pas … J’essaye de capter son regard mais elle reste fermée, un peu mal à l’aise. Je presse de ma paume son cou de façon à la rassurer, lui montrer que je la soutiens. « Tu as totalement raison. Je peux m’arranger pour rester à la maison avec toi demain si tu veux. » L’idée de la laisser apprendre la nouvelle seule me répugnait. Ivy lève enfin les yeux vers moi. Je lui souris et lui lance un regard encourageant. Et parce que la question devait arriver un jour ou l’autre … « Qu'est-ce qu'on... Qu'est-ce qu'on fait si le test est positif ? » Alors là … Je crois que je me suis rarement sentit aussi hésitant. En fait le vrai fond du problème n’est pas de savoir s’il va y avoir un bébé mais ce que l’on va faire si c’est le cas. Et franchement, je suis perdu. Je nous imagine pas être parents mais encore moins lui demander de recourir à l’IVG. Alors que faire ?
« Honnêtement, je sais pas. Tu serais capable de… d’avorter ? » Plutôt contre cette pratique, j’espère que sa réponse sera négative, sinon la discussion n’en sera que plus compliquée.

1 DAY MAYBE WE'LL FIND THAT BABY MAKES 3.