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Bryan & Livia

Tell me something I don't know

Les rues de Town Square étaient particulièrement gelées ce soir-là. Une jeune femme épiait chaque parcelle des bâtiments, chaque passant en cherchant en eux quelque chose qui ne lui était pas étranger. Elle recherchait des bribes de son passé enfermés dans des êtres animés ou inanimés. Ici, tout était différent de Sydney. A commencer par la température qui l’avait contrainte à vêtir un bonnet et un long manteau, tandis qu’elle avait pour habitude de vivre en maillot de bain. Certes, elle avait quitté l’Australie avant l’hiver, mais ce retour brutal dans la ville de son enfance avait mis un froid dans sa famille. Et ce, pas uniquement au sens propre. Lorsqu’elle avait revu Crash et Micah, ses deux meilleurs amis, elle avait enfin pris conscience de ce qu’elle laissait derrière elle. De ce qu’elle avait pris le risque de perdre, et de ce qu’elle avait finalement perdu. Elle était incapable d’adresser la moindre parole à Micah sans être cassante. C’était sa façon de se protéger. De se protéger de la souffrance extérieure qu’il lui promulguait par sa simple présence, ou encore de se protéger d’elle-même. Malgré cette distance qu’elle instaurait entre eux, Livia ne pouvait faire face à sa curiosité de fille avide de tout savoir. Elle réfutait l’ignorance et se devait d’être toujours au-dessus de tout, spécialement au niveau intellectuel. Alors si elle ne pouvait faire venir les informations à elle par le biais de l’ami concerné, elle irait les chercher d’une autre façon.

Au cours de leurs retrouvailles, elle avait appris que Micah travaillait au Morning Coffee, mais aussi qu’il ne s’y trouvait pas ce jour-là. La jeune rousse repéra sans mal le café en question. Simple, il n’avait rien d’un magasin de luxe mais il avait ce petit quelque chose qui le rendait singulier. Les souvenirs. Elle se souvenait sans mal des journées qu’elle avait passé là-bas, avec lui, Crash et Aaron.  Alors en s’y engouffrant, Livia n’avait bien sûr pas l’intention de poser ses questions à Micah. Non, il y avait bien au moins une personne travaillant-là qui le connaissais un minimum, non ?
La chaleur enveloppa son corps paralysé par le froid dès lors qu'elle avait poussé la porte. Elle se sentait comme blottie dans ses couvertures, chaudement protégée des dangers du dehors. Dangers que, par ailleurs, Livia ne considérait pas comme tel. La peur n’était pas le genre d’émotion qu’elle s’autorisait à avoir. Être effrayé, c’est se tenir loin de l’expérience. Livia n’avait pas peur. Du moins, elle le cachait assez bien pour en être absolument convaincue elle-même.

L’étudiante balaya la salle des yeux. En entrant, une petite sonnette avait retentit. Son regard félin se posa sur une personne. Un homme se tenait au comptoir et ne semblait pas l’avoir remarquée. Ni une ni deux, elle traversa le Café de quelques grandes enjambées et vint se poster devant lui, un sourire rayonnant sur les lèvres. « Bonjour ! Un cappuccino et une pâtisserie, s’il vous plaît ! J’ai entendu dire qu’elles sont délicieuses, n’importe laquelle fera l’affaire. » . Parole de sa mère qui avait eu le malheur d’aller s’en chercher une un matin et qui depuis, ne s’en séparait plus. Elle passait son temps à vanter leur saveur, se raccrochant à cette pensée avec un peu trop de poids. Livia comprenait sa mère, dans un sens. Leur retour à Town Square signifiait plongeons en plein centre de leurs souvenirs avec Aaron. Son frère décédé. Alors elle se focalisait sur cette petite touche de bonheur pour oublier l’angoisse qu’elle avait depuis leur déménagement.
La rouquine ne savait pas si le brun était là pour prendre les commandes, mais il n’y avait que lui dans les environs. Sans doute la plupart des autres employés avaient-ils dû prendre leur congé ce jour-ci. De plus, elle avait vraiment besoin de se réchauffer et aurait été prête à payer n’importe quelle personne qui aurait été capable de lui faire son cappuccino. Evidemment, sa venue au Morning Coffee n’était pas uniquement dans le but de goûter aux gâteaux – bien qu’elle en raffole à un stade inimaginable. Elle avait jeté son dévolu sur ce pauvre garçon dont elle espérait bien soutirer quelques informations sur la vie actuelle de Micah. Manipulatrice dans l’âme, elle était prête à tout. D’une telle force, qu’elle ne considéra pas immédiatement la possibilité de devenir amie avec lui.

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