Bosser la nuit avait déréglé l'horaire du jeune homme. Du moins, côté sommeil. Étant un oiseau de nuit, il avait du mal à se coucher avant six heures du matin et le matin et malgré le fait qu'il se couchait tard (ou tôt, tout dépend de comment vous le voyez), il levait toujours autour de onze heures et midi. Avec seulement cinq heures de sommeil, il arrivait à faire sa journée. Ce n'était pas conseillé, mais il s'en foutait un peu. Il se rattrapait le lundi, lors de sa journée de congé, pour dormir une bonne partie de la journée. Sinon, il s'était habitué à son horaire étrange. Ce n'est pas comme s'il avait le choix aussi, veiller était un peu le but de son boulot et il ne s'en plaignait pas. Ce qui était le plus difficile était de trouver quoi faire durant la journée avant d'aller au club. Disons que contrairement à lui, ses potes bossent de neuf à cinq toute la semaine. Donc, il se retrouvait seul pour la plupart du temps. Au moins, il avait Mozart, son chat avec qui il aimait bien discuter. Ça pouvait avoir l'air con, mais il avait développé une très bonne relation avec ce chat. Il était son confident et non, il n'était pas schizophrène. La zoo-thérapie reste une très bonne méthode de confidence. Enfin bref, aujourd'hui il avait dans l'idée de nettoyer son loft. Chose qu'il s'était promis de faire il y a au moins trois mois. À vrai dire, à chaque semaine il se disait qu'il allait le faire et faut dire qu'il trouvait toujours une bonne excuse pour éviter. Pourtant, lorsqu'il se disait « Aujourd'hui, je vais m'y mettre et je ne quitterais pas tant que ce n'est pas fait. » il était sérieux et déterminé. Cela prenait seulement un petit dix minutes de nettoyage pour finalement arrêter - que ce soit pour jouer à la ps4 ou rejoindre un pote. Il avait toujours une "bonne" raison. Pourquoi aujourd'hui serait différente des autres journées ? Elle ne l'était pas, encore une fois, il avait trouvé mieux à faire. Remettant le chiffon sous l'évier, il tourna la tête vers son chat qui était assis tout près en le regardant. « Ne me regarde pas comme ça. » Il ne se sentait pas coupable, un jour le loft sera propre. Seulement pas maintenant. De toute façon, ce n'était pas un bazar non plus, mais un petit coup de balai ne ferait pas de mal. Il enfila son manteau qui traînait sur son divan avant de franchir la porte en direction vers le morning coffee. Et ouais, l'excuse du jour était qu'il avait besoin de boire son café et manger son pain au chocolat. Sur son chemin, il saluait les gens qu'il croisait. Après six ans passés dans cette ville, il a fini par connaître la plupart des citoyens. Le petit café était bien rempli, comme à son habitude. C'était le lieu où les gens se rencontraient pour parler de potins, d'actualité ou tout simplement se détendre. Duke s'y rendait quelques fois quand il n'avait rien à faire, il se posait à une table et lisait le journal. Comme un petit vieux! En fil pour la caisse, il tourna la tête vers la porte d'entrée en entendant les cloches qui signalaient l'arrivée d'un nouveau client. Un sourire se dessina au coin de ses lèvres en voyant Dakota se mettre en fil derrière lui. « Ah, mais qui voilà ? Je savais que tu ne pouvais pas te passer de moi, mais de là à me suivre... » ajouta-t-il en mimant une grimace avant de lui lancer un sourire à nouveau. Il aimait bien la taquiner, même s'il avait fini par comprendre qu'elle n'était pas intéressée. De toute façon, ça venait naturellement chez lui, il n'allait pas s'en empêcher. La caissière appela le jeune homme et ce dernier se retourna pour passer sa commande. « Je vais prendre un mokaccino avec un pain au chocolat et... » Avant de continuer, il se retourna vers son amie. « Tu prends quoi ? » Il peut quand même être courtois, ça lui donne des points.

Il faut avouer que l'on n'a pas le choix d'aller bosser même quand on n'en a pas envie, je n'avais pas le choix. Cette journée ? Je voulais la passer dans mon lit sous ma couette bien chaude, car je me sentais totalement enrhumée. J'avais cette migraine atroce, un peu de fièvre, mais quand il faut, il faut. J'étais la seule à être encore apte de faire tourner la société, car ce virus avait atteint tous les employés qui pour l'instant se comptaient encore sur les doigts d'une main. Et oui, c'était comme ça quand on commençait à monter une affaire, on n'avait pas assez d'argent pour se payer une dizaine d'employés en pleine forme. Je savais pertinemment que c'était une bien mauvaise idée, car j'allais empirer mon cas, merde alors cependant pas le temps de baisser les bras. On remonte en scène, voilà, voilà. Je remontais donc en selle. Une fois prête pour aller bosser enfin en gros, un jean, des ballerines, un t-shirt tout simple, une grosse écharpe et mon nez rouge. Bien sûr, j'avais coiffé mes cheveux et attachés aussi. Alléluia. J'étais prête à aller au boulot, si. Je ne savais même pas quelle heure il était, mais ce qui est chouette quand on est son propre patron, on n'a pas à se faire du souci lorsqu'on arrive en retard. Personne n'allait me mettre à la porte, heureusement, mais il fallait quand même qu'un minimum de travail soit fait. Je soupirais doucement en sortant de mon appartement. Je ne voulais pas sortir, j'étais tellement bien chez moi, avec mon chien tout mignon... Mais non, j'étais obligée de me rendre à mon maudit bureau, car j'étais raisonnable. Je traversais finalement la rue et passais devant le Morning Café. Rien qu'en passant, je sentais presque l'odeur d'un bon cappuccino me monter à la tête. Bon... Je n'étais pas à la pièce, je pouvais me permettre de prendre encore quelques dizaines de minutes sur mon temps de travail. Et moi qui pensais être raisonnable une ou deux seconde auparavant. J'entrais donc dans le café par la bonne porte. Pourquoi par la bonne ? Il n'y en avait qu'une, mais j'avais envie de l'ajouter. Bref. Je me rendais ici de temps en temps. À vrai dire, je trouvais l'endroit un peu trop fréquenté, il y avait toujours beaucoup de monde, mais... Mon dieu ! Que les cafés étaient bons. Je venais à peine de passer la porte d'entrée quand j'entendis la voix de Duke. Je levais la tête en souriant, le découvrant juste devant moi dans la file d'attente. "Salut à toi aussi ! Je ne te fais pas de bisous et je ne t'embrasserais pas non plus... " Je riais, car il me taquinait tout le temps. Il me draguait depuis... Je ne savais même plus quand, mais jamais je n'avais cédé à ses avances. Le pire, c'est qu'il gardait espoir. Ou peut-être pas, ce n'était plus qu'un petit jeu entre nous. Maintenant, ses petites piques ne me faisaient plus rien et je ne les relevais même plus. " J'ai un rhume ou je ne sais quoi !" La caissière l'appela puis, me demandant ce que je voulais, il se tournait à nouveau dans ma direction. "Un cappuccino, s'il te plaît." C'était très gentil de sa part, je n'allais tout de même pas refuser un bon café. Alors qu'il récupérait la commande, je me chargeais de trouver une table. Il y avait tellement de monde. Heureusement, il y en avait encore une de libre dans le coin de la salle. J'allais m'y asseoir en toussant légèrement. Quand il m'eut rejoint, j'attrapais ce que j'avais commandé. "Merci beaucoup." Je postais la boisson chaude à mes lèvres et avalais une micro-gorgée. C'était vraiment très chaud. "Comment tu vas toi ?" Demandais-je gentiment à Duke.