Cette soirée est littéralement en train de tourner au cauchemar. Je n’avais pas voulu cela et c’est juste en train de devenir horrible. Je me retrouve coincé entre la femme que j’aime qui me vouvoie en faisant comme si elle ne me connaissait pas et mon meilleur ami à qui je mens depuis bien trop longtemps désormais. Cela n’aurait été que cela, je crois que j’aurais pu encore gérer, mais là… C’est pire que tout. Nola viens littéralement de balancer qu’elle est enceinte, de moi. J’ai l’impression que mon monde est en train de s’écrouler, mais je n’ai même pas le droit de réagir. Je dois juste continuer à sourire. Comme un idiot… Tandis que Thayer prends l’air, je rattrape Nola et lui propose d’aller m’attendre chez moi. Je pensais qu’elle allait accepter, mais quand elle revient vers nous et juste avant de nous quitter pour de bon, elle laisse tomber mon trousseau de clé sur le sol assez discrètement. Elle finit par quitter le restaurant et Thayer s’effondre presque à côté de moi. « Tu crois que c’est vraiment fini ? » Sa voix et son regard me brise littéralement le cœur. Je suis responsable de tout cela. S’il est aussi triste c’est uniquement à cause de moi. Je me déteste tellement. Pourtant je ne dis rien. Je pose doucement sa main sur son épaule et soupire quelque peu. « Je suis désolé mon vieux. » Il ne dit rien. Il se contente de regarder dans le vide et il me fait vraiment de la peine. « Aller viens je te ramène chez toi. »

Arriver chez lui, Thayer me fais rapidement comprendre qu’il a envie d’être tout seul. Je voudrais le poser et le laisser. Vraiment. Pour ne pas ressentir toute cette culpabilité, mais là… Ca devient trop dur. Pourtant… J’ai peur qu’il fasse une connerie si je le laisse seul. Il a déjà bu et dieu sait ce qu’il serait capable de faire avec encore plus d’alcool dans le sang. « T’es sûr Thayer ? » « Oui laisse moi tranquille. Je vais aller me coucher. » Je le regarde un instant et finis par hausser les épaules. Si c’est ce qu’il veut. Je ne vais pas le forcer non plus. « D’accord… Je t’appelle demain. » A son tour d’hausser les épaules et il finit par fermer la porte. Je l’entends même s’enfermer à clé avant de faire demi-tour. Je soupire un bon coup. Maintenant qu’est-ce que je vais faire ? Quand est-ce que je vais enfin finir par tout lui dire ? Et surtout… Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire avec Nola. C’est avec toutes ses questions en tête que je finis par prendre le chemin de la maison. Avant de monter en voiture, je remarque le message que Nola m’as envoyé, mais ne lui réponds pas.

Une fois devant mon immeuble, je ferme ma voiture et monte rapidement les escaliers. Une bonne douche et je vais aller ruminer dans mon lit je sens. C’est un bon programme non ? Pourtant tout se bouscule lorsque je remarque une silhouette sur les dernières marches des escaliers qui mène à mon appartement. Nola est là. Elle semble perdue dans ses pensées et je finis par venir m’asseoir à côté d’elle. « Hey. » dis-je doucement. Je ne sais même pas par où commencer. « Thayer est parti se coucher. Il ne voulait pas me parler… » Je soupire doucement et mon regard se pose dans le vide. Je repense à la confession de Nola. Au fait qu’elle soit enceinte. Lentement, je passe mon bras autour des épaules de la jeune femme et dépose un baiser sur sa tempe. J’aimerais tellement pouvoir être avec elle sans que personne n’émette de jugement. Je voudrais que l’on soit un couple normal et que cette nouvelle de grossesse nous ravisse tout simplement. Mon regard se pose sur son ventre encore plat et je finis par faire glisser ma main sur celui-ci. C’est tellement bizarre… « Je crois qu’il faut que l’on parle. »
 

Cette soirée fut tout simplement horrible. Lorsque je vois Nola assise sur les marches qui mènent à mon appartement je comprends que la soirée n’est pas finie. Il va falloir que l’on discute tous les deux et je sais d’avance que cela ne va pas être une conversation très facile. Elle est enceinte et c’est quelque chose que l’on ne néglige pas. Mais pour le moment, je viens tout simplement m’asseoir à côté d’elle. J’ai besoin de me poser un peu. Dans le silence. Pourtant, tout de suite, Nola me questionne à propos de Thayer. Un instant, je ferme les yeux et soupire quelque peu. Je revois le visage de mon meilleur ami se décomposer suite aux différents aveux de Nola. On lui a brisé le cœur. Même si, j’aime Nola, je me déteste pour tout cela. On lui a fait trop de mal. « Il n’as rien dit. On lui a brisé le cœur Nola. Il ne voulait même pas discuter avec moi. Je l’ai ramené et il c’est enfermer chez vous. Je passerais le voir demain matin. » Pourquoi ? Pourquoi j’irais le voir alors que je vais passer la nuit avec la femme qu’il aime ? Je suis vraiment le dernier des imbéciles. « J’ai accepté de rien lui dire ce soir, mais je vais plus tenir très longtemps Nola… Si je le vois aussi désespérer encore une fois je vais finir par faire une connerie. » Elle me connaît. Elle sait parfaitement que j’en suis capable. Je ne connais pas le danger, ni la douleur, je pourrais faire n’importe quoi pour que la culpabilité cesse.

Finalement, je passe mon bras autour des épaules de Nola et la serre contre moi. J’ai besoin de la sentir contre moi. Avant que l’on ne lance cette discussion qui sera difficile. Tout doucement, je pose ma main sur son ventre plat. C’est tellement bizarre de ce dire qu’un petit être est en train de grandir là-dedans. Et surtout que ce petit être est un mélange de nous deux. Je fais juste remarquer à ma chérie qu’il faut que l’on discute tous les deux et d’un seul coup, elle s’emporte. Elle me parle froidement et me fait comprendre qu’elle ne veut même pas entendre parler d’avortement. Je sais que j’ai mal réagi au restaurant, mais en même temps Thayer était juste en face de moi et je dois dire que ce n’était pas le lieu idéal pour apprendre cela. Et puis… Je ne m’attendais pas du tout à cela. Nola va pour se lever et je la retiens quelque peu. Ma main vient glisser sur sa joue et je l’embrasse tendrement. « Je n’ai jamais dit que je ne voulais pas de cet enfant. J’ai juste dit qu’on devait en parler. » Oui pour moi il y a une nuance dans tout cela. Cette fois je me lève et j’aide à Nola à en faire de même. Je nous ouvre la porte et on entre dans mon petit appartement. Je débarrasse la jeune femme de ses affaires et tout de suite je vois bien qu’elle m’évite. J’attrape ses mains dans les miennes et me plante devant elle. « Nola… Je… Je ne m’attendais pas à ça. C’est tout. » Je soupire quelque peu et serre sa main dans la mienne. « Je sais pas vraiment si je suis fait pour être père. Je ne sais même pas m’occuper de moi. Et… Si bébé avait la même maladie que moi ? Je ne supporterais pas qu’un enfant subisse ça à cause de moi. » finis-je par dire. Je me rends compte que je parle vite, trop vite même, comme toujours lorsque je suis stresser.
 

Je ne supporte plus cette soirée. Vraiment plus. Je pensais avoir à rentrer seul chez moi, mais au final Nola est là. Le problème ? Je ne suis même pas sûr d’être heureux de la voir ici. Je sais que l’on va se disputer ou que tout du moins la conversation va être compliquée. On va parler de Thayer et surtout il va falloir que l’on aborde le sujet de sa grossesse, autant dire que cela ne me ravie pas du tout. Pourtant je sais que je ne vais pas la mettre à la porte. Elle n’a nulle part où aller ce soir. Je ne veux pas la savoir seule, je ne sais où. Alors je viens m’asseoir à ses côtés et je lui explique ce qu’as bien pu dire ou faire Thayer tandis que je le ramenais chez lui. Autant dire que ce n’est pas vraiment joyeux. Je m’en veux tellement. Je me sens coupable depuis le début, mais aujourd’hui je dois dire que c’est pire que tout. Je ne pense qu’à une seule chose : j’ai fait un enfant à la femme de mon meilleur ami. J’ai juste envie de disparaître de ce monde. Vraiment. Je voudrais creuser un trou et y rester pour les six prochains mois même encore plus. Je n’en peux plus. La jeune femme finis par me dire qu’avouer la vérité à Thayer finira de détruire notre amitié et cette fois c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. J’ai juste envie d’hurler. Je me lève et commence à faire les cents pas dans le couloir. « J’ai déjà tout détruit tu comprends ça Nola ?! Je l’ai trahi. J’ai trahi le seul ami que j’ai réussi à garder en plus de dix ans. On c’était promis de ne pas se séparer à cause d’une fille et voilà… J’aurais dû partir quand j’ai su au lieu de tomber amoureux de toi au point de préférer détruire tout cela plutôt que de te perdre… » J’ai l’impression d’être au pied du mur et pourtant je sais exactement ce que je désire. C’est sans aucun doute cela le problème d’ailleurs…

Je me rends compte que je viens de crier et cela ne s’arrange pas lorsque l’on aborde le sujet de sa grossesse. Je préfère donc nous faire rentrer dans mon appartement. Les voisins n’ont pas besoin de nous entendre nous hurler dessus. Il est encore tôt et pourtant je n’ai qu’une seule envie : aller me mettre dans mon lit avec ma chérie. Je ne veux plus parler de rien, j’ai envie de passer une nuit complète avec elle pour une fois. C’est tout. Mais je sais qu’elle n’abandonnera pas. Elle veut que je parle et je finis par lui dire tout ce que j’ai sur le cœur. J’ai peur de ne pas être un bon père, j’ai peur que notre bébé puisse avoir ma maladie et je sais que c’est quelque chose que je ne supporterais vraiment pas. Nola tente de me rassurer et après une légère hésitation, je finis par la prendre dans mes bras. Je la serre contre moi et me retiens presque de craquer. J’en peux vraiment plus. Je suis fatigué. J’ai l’impression d’être à bout. Au lieu d’entraîner Nola sur le canapé, je l’attire vers ma chambre. J’ai juste envie de m’allonger avec elle et ne plus bouger. C’est ce que je fais d’ailleurs. Je la prends dans mes bras et soupire quelque peu. Après quelques minutes de silence, je finis par me mettre légèrement au-dessus d’elle pour croiser son regard. Je l’embrasse tendrement et garde alors mon front collé au sien. « Je t’aime Nola… On n’en serait pas là sinon. Je n’ai jamais aimé une femme comme je t’aime toi, c’est… Je n’arrive même pas à expliquer pourquoi, mais c’est comme cela. Je t’aime et si tu veux que l’on garde ce bébé, on aura notre bébé et on va se trouver une belle maison, on va s’installer et surtout on va enfin assumer notre amour. Je veux plus du tout me cacher. J’en ai marre de ces mensonges et tout le reste. » Du bout des doigts je caresse sa joue tout en souriant. « Reste avec moi… Ne retourne plus là-bas. S’il te plaît… »
 

Je ne sais pas pourquoi je m’énerve comme cela. Je n’aurais jamais dû hausser le ton. Ce n’est pas le moment de m’en prendre à la jeune femme. Vraiment pas. Pourtant j’ai l’impression que nous sommes les seuls responsables de cette situation et on aurait dû arrêter cela bien avant. Je suis conscient que j’aurais dû mettre fin à cette bêtise bien avant. Dès que j’ai su, j’aurais dû mettre un stop à tout cela. Mais c’était déjà trop tard… J’étais déjà fou amoureux d’elle, malheureusement. Enfin. Non. Pas malheureusement… Parce que je l’aime et je suis heureux de cela. Mais je m’emporte. Je m’énerve et je hausse le ton. On c’est déjà disputer tous les deux, ce n’est pas la première fois et pourtant j’ai l’impression que c’est la première fois que l’on va aussi loin. Que je suis aussi dur avec elle. Je vois bien qu’elle est surprise, mais sa réponse ne ce fait pas attendre non plus. Ses mots me font mal au cœur, parce que je ne pourrais plus imaginer ma vie sans elle. Malheureusement. J’ai besoin d’elle, constamment. « Mais je ne veux pas que tu t’en aille… » dis-je tout doucement en baissant la tête. Comme un petit garçon complètement perdu. Parce que c’est ce que je suis dans le fond. Un pauvre garçon paumé. Je suis amoureux, mais je pense aussi à mon meilleur ami. Il a été depuis si longtemps… Je m’en veux c’est tout. « Reste Nola… J’ai besoin de toi. » ajoutais-je tout en ouvrant doucement la porte de mon appartement. A elle de choisir.

Heureusement quelques minutes plus tard, on se retrouve dans les bras l’un de l’autre. Une nouvelle fois, je me rends compte que je me sens bien uniquement avec elle. A partir de ce moment, je veux oublier Thayer. Je veux juste passer un bon moment avec la femme que j’aime. C’est tout ce que je demande pour terminer cette soirée de fou. J’entraîne Nola avec moi dans la chambre et on s’allonge sur mon lit. Après une longue hésitation, je finis par lui dire tout ce que je ressens pour elle. C’est un peu brouillon parce qu’il est clair que je ne suis pas doué pour ce genre de déclaration, mais j’ai l’impression que cela fait son effet sur la blondinette. Elle semble soulagée de m’entendre dire tout cela et je lui souris tendrement. Elle me promet de rester avec moi et je finis enfin par me détendre. Je ne cesse de caresser sa joue et mon regard ne perd pas le sien une seule seconde. « Tu me fait du bien Nola. Ton amour, ton attention… Regarde, ca fait longtemps que je ne me suis pas blesser, je vais mieux, je fais attention, grâce à toi ! » Nola à changer ma vie. Un peu en bien et en mal, mais elle a littéralement changé ma vie c’est certain.

Pendant quelques minutes, un léger silence s’impose entre nous, mais rien de gênant. Finalement mon regard se pose sur le ventre encore plat de Nola. Je soulève quelque peu son haut et glisse ma main sur sa peau fraîche. Je m’allonge un peu mieux à côté d’elle et continue à caresser doucement son ventre. « Je ne vais pas te mentir Nola, je ne me vois pas du tout papa… » Je sens l’inquiétude monter petit à petit en moi. J’ai peur. Vraiment. Et si je n’étais pas du tout fait pour cela. Et si… J’ai un millions de question en tête. « Ca me fait peur… C’est si petit un bébé et tellement de responsabilités... » Dans le fond, je suis encore un gamin. J’ai été célibataire jusqu’à maintenant, je ne m’étais jamais poser avant Nola. « Je panique un peu je crois. » dis-je avant de rire nerveusement tout en relevant les yeux vers elle.
 

Mon dieu cette soirée avait vraiment très mal débuté. On c’est retrouver tous les trois autour d’une table à ce jeter un bon nombre de mensonges à la tête avant que Nola ne donne les quelques vérités qu’elle possédait. A l’heure qu’il est je pense que Thayer la déteste de tout son cœur, et encore… Je connais mon meilleur ami par cœur, il va encore trouver le moyen de pardonner à Nola. Je ne pourrais pas supporter cela franchement. C’est horrible, mais j’ai vraiment envie de tout lui dire. Je sais que je me sentirais enfin mieux après cela. Je veux vraiment mettre fin a tout nos mensonges. Enfin. Pour le moment, on va essayer de terminer la soirée sur une meilleure note. Une fois dans mon appartement, nos esprits s’apaisent. Je pense que l’on avait besoin de dire tout ce que l’on avait sur le cœur un peu. Des fois ça ne fait pas de mal après tout. Un couple qui ne se dispute jamais ce n’est pas un vrai couple selon moi. Mais bon… Ca fait du bien quand c’est fini tout de même. Je sais que tout n’est pas encore arrangé, mais ça finira par aller mieux.

Une fois installé dans mon lit, je commence réellement à me détendre. Nola est là, à côté de moi et c’est tout ce dont j’avais besoin ce soir. Je n’ai plus envie de bouger de ce lit, je veux juste profiter de ce moment de tendresse avec la jeune femme. Avec la femme que j’aime. Tout simplement. On parle un peu tout les deux de manière sérieuse. On parle de ce bébé, je lui parle des mes doutes et de mes craintes. Je préfère être franc avec elle plutôt que de lui mentir. Je fais également remarquer à la blondinette que depuis qu’elle est entrée dans ma vie, je fais bien plus attention à moi face à ma maladie. « Mais il n’y a pas que cela de positif. Tu me rends heureux. Et ça c’est important ! » dis-je tout en venant l’embrasser dans le creux de son cou. Je le sens frissonné entre mes doigts et un sourire se dessine sur mes lèvres tandis que je me relève un peu pour venir lui voler un baiser. Finalement j’explique à Nola toutes mes craintes et bizarrement la jeune femme prend le temps de me rassurer. Petit à petit. « Je ne doute pas de nous, je doute de moi… » Je sais que notre couple ira bien, j’ai confiance en nous pour cela et surtout en elle. J’ai juste peur de moi même. Pour la première fois de ma vie j’ai peur de ma maladie. Mais je ne veux pas trop inquiéter la jeune femme non plus. Alors je préfère sourire à ce qu’elle vient de me dire. « Je t’aimerais même si tu étais violette et chauve. » Bon. J’exagère peut être un peu, mais au moins elle a compris où je voulais en venir. Je commençais enfin à me détendre quand la jeune femme finis par me supplier de la regarder et de lui dire si je veux vraiment garder ce bébé ou pas. Je croise son regard et remarque alors les larmes. « Non, non bien sûr que non ma puce ! Je suis un grand inquiet et c’est cette putain de maladie qui me fait peur… Mais je ne veux pas que tu abandonne ce bébé. » Surtout pas. Malgré mes doutes, je sais que je le regretterais toute ma vie si je lui demandais de faire une chose pareil. « J’aimerais bien une petite princesse aussi belle que sa maman. » finis-je par lui dire avec un petit sourire timide.

Après quelques minutes de silence où Nola est revenue se blottir dans le creux de mes bras, je finis par me rendre compte qu’elle n’a même pas mangé ce soir. Je ne connais pas grand chose sur les femmes enceintes mais ce serait quand même mieux qu’elle ne rate pas un repas. « Tu veux que je te cuisine un petit truc, vous devez avoir fait tous les deux non ? » Je me relève un peu dans le lit et me tourne pour regarder Nola. « Je peux nous faire un petit truc rapide et on se regarde un film avant d’aller au lit ? »
 

J’ai l’impression que Nola ne prends pas pleinement conscience de ce que j’essaye tant bien que mal de lui dire. Bien sûr que je ne doute pas de notre couple. Je sais que rien n’a été facile pour nous, mais je sais qu’on va s’en sortir tous les deux. Ca va faire du bien de se poser un peu, mais je ne peux m’empêcher de douter franchement. Ma maladie personne ne peut la comprendre. Je suis le seul à vivre avec. Personne ne peut comprendre. Je ne dis rien, je laisse Nola tenter de me rassurer. Parce que je ne veux pas la couper dans ce qu’elle me dit. Puis ça fait du bien de l’entendre dire tout cela. Elle me dit que je suis comme tout le monde dans le fond, que je suis un mec comme les autres avec juste une petite particularité en plus. Elle a raison dans le fond, mais lorsque je l’entends dire que je ne suis pas malheureux, je me fige un peu. Qu’est-ce qu’elle peut en savoir dans le fond. Je m’apprête à construire un avenir avec elle et j’ai envie de lui dire tout ce que j’ai sur le cœur parce que c’est important selon moi. « Nola… Je sais que tu pense comprendre, mais… Je ne suis pas heureux avec cette maladie. C’est mon enfer personnel. Je sais que personne peut vraiment comprendre, que pour vous c’est cool parce que je n’aurais jamais mal et que je ne sais même pas ce que c’est de souffrir, mais tu peux même pas savoir à quel point je déteste être comme ça. Je me blesse pas pour le plaisir. Alors quand je dis que je veux pas que mon enfant vive la même chose c’est que je ne veux pas ! C’est pas une vie de vivre avec ça… » Je ne montre jamais à quel point ma maladie m’affecte. J’essaye de toujours protéger mes proches, mais là je préfère être franc avec elle. Pour qu’elle comprenne vraiment. Une bonne fois pour toutes.

Heureusement la conversation se calme peu à peu. Cette fois, c’est Nola qui se fait du souci en ce qui concerne sa grossesse. Elle a peur que je me lasse d’elle, qu’elle ne soit plus assez belle pour moi. Je me retiens de rire parce que je ne veux pas la vexer. Il ne manquerait plus qu’elle me face la tête parce que j’ai rigolé. Non il vaut mieux éviter. Elle me dit même qu’elle sera jalouse des autres femmes. « Je peux t’assurer que tu n’aura pas besoin d’être jalouse. » Je me penche un peu vers elle et je finis par déposer un baiser sur ses lèvres. Un petit rire m’échappe lorsque je me souviens d’une chose que mon père m’avait dite une fois. « Mais tu sais, il paraît que les hommes prennent du poids comme leur femme. Si ça se trouve je vais perdre mes abdos. » Dis-je alors en riant. Je fais très régulièrement du sport même si selon mes médecins je n’ai absolument pas le droit d’en faire. Enfin. Je continue à rassurer ma compagne en lui faisant comprendre que je ne veux surtout pas la voir avorter même si j’ai encore des doutes sur ma façon de faire et sur mes capacités à devenir père. Je lui dis même que j’aimerais une petite fille aussi belle qu’elle. Sa remarque me fait sourire. « On aura bien le temps de découvrir tout cela. »

Après notre conversation à cœur ouvert, je finis par lui demander si elle a faim. Parce qu’avec toutes nos aventures pour la soirée, nous avons totalement zappé le repas. Elle est enceinte et je ne veux pas qu’elle manque un repas. Pourtant Nola ne semble pas du tout de mon avis. Elle me rattrape avant même que je n’ai le temps de me lever du lit. En deux secondes, je me retrouve plaquer sur le lit avec ma chérie au-dessus de moi et sans mon tee-shirt. D’accord. Je crois qu’elle n’as pas du tout faim au final. Elle parle doucement tout en me couvrant de baiser et je me sens frissonner de la tête aux pieds. « Okay on oublie le repas. » dis-je en me mordant la lèvre alors que ses lèvres se promènent dans le creux de mon cou. Je tourne la tête et viens attraper ses lèvres dans un tendre baiser. La température monte rapidement dans ma chambre. Je lui retire son haut et laisse mes mains glisser sur sa peau fraîche. Ma main glisse dans sa nuque et je la rapproche de moi pour sentir son corps contre le mien. On s’embrasse à en perdre haleine. Je n’ai plus de souffle et pourtant j’en demande encore et encore. J’étais en train de défaire la ceinture de son pantalon quand j’entends mon portable sonner dans la poche du mien. Je ne fais pas attention et continue à câliner ma chérie. Mais deux minutes après mon téléphone sonnent à nouveau. Je préfère quand même regarder de qui il s’agit. Cela pourrait mon frère ou ma sœur. Je sors mon téléphone de ma poche et le prénom qui s’affiche me refroidi d’un seul coup. Je pousse presque Nola et me lève d’un coup pour aller décrocher. C’est Thayer. J’aurais peut être dû ne pas répondre, mais je ne sais pas… J’ai toujours répondu pour lui et ce soir je sais que dans le fond il a besoin de quelqu’un comme son meilleur ami. Il me parle à peine. Je l’entends sangloter et je devine qu’il a trop bu. Je lui demande s’il veut que je vienne, mais une nouvelle fois il ne me répond pas. Alors pendant plusieurs minutes je lui parle pour qu’il se calme. Je vois Nola qui vient de me rejoindre dans le salon mais je ne la regarde plus. J’ai honte de moi. Une nouvelle fois je demande à Thayer s’il veut que je vienne et il me répond qu’il va essayer de dormir. Il me remercie et raccroche. Je regarde mon téléphone un instant avec une fort envie de me mettre à chialer moi aussi. Il a tout gâché sans même le vouloir. Non. En fait c’est moi qui suis tout gâché. Je ne dis plus rien. Je me lève et décide d’aller fouiller dans le frigo. Je veux plus voir Nola pour le moment. Je me déteste tellement. Je pose ce que j’ai trouvé sur le comptoir et mon regard se pose sur un couteau que j’avais laissé trainer là. Je ne cesse de le fixer, comme s’il était la réponse à toutes mes questions.
 

Je sais que je dois être vraiment chiant à toujours remettre ma maladie sur le tapis, mais c’est plus fort que moi. J’ai cela dans la peau. Je ne peux pas faire autrement. Je suis obligé de vivre avec depuis le jour de ma naissance et contrairement à ce que certains peuvent croire ce n’est vraiment pas une partie de plaisir. Oui je ne souffre pas, mais dans le fond, c’est une véritable torture quotidienne. J’ai appris à vivre avec, c’est vrai, mais si mon enfant pouvait éviter de vivre le même enfer ce serait bien. C’est tout ce que je demande dans le fond, mais j’ai bien conscience que l’on ne pourra jamais totalement être sûr tant que bébé ne sera pas né. Je me fais du souci. Je crois que c’est plus fort que moi, c’est dans ma nature et surtout je sais parfaitement que personne ne pourra jamais réellement comprendre ce qui m’arrive même si Nola dit comprendre. Elle est médecin pour elle je suis un cas rare c’est tout. Elle pense comprendre et tout ce qu’elle me dit, me touche vraiment, mais j’ai du mal à me détendre sur ce sujet. Je me contente juste de lui offrir un petit sourire pour lui faire comprendre que j’ai bien entendu tout ce qu’elle vient de me dire.

Finalement on parle enfin d’un sujet un peu plus joyeux ou tout du moins on évite de parler de ma maladie pour se concentrer un peu plus sur sa grossesse. J’ai encore un peu du mal à me dire que Noal est enceinte. Je pense qu’il va me falloir plusieurs jours pour digérer la nouvelle. C’est tout de même quelque chose d’important. Je vais être papa. Il va falloir que j’annonce cela à ma famille. Mon dieu… Comment va le prendre ma mère ? Elle ne sait rien de toute cette histoire entre Thayer, Nola et moi, mais elle va sans aucun doute trouver cela bizarre. Je n’ai jamais parlé de la jeune femme à ma famille. Enfin ma sœur est au courant de tout, mais elle est bien la seule. Bon. Je penserais à cela un autre jour. Pour l’instant, il faut que je me concentre sur Nola et sa jalousie du moment. Je me retiens pour ne pas exploser de rire fasse à sa remarque. « Tu me ferais presque peur dit dont ! » dis-je alors en riant quelque peu. Je n’ai jamais encore eu l’occasion de la voir jalouse, mais ça doit être quelque chose d’assez marrant j’en suis certain. Elle voudrait même que je grossisse un peu histoire d’être moins attirant, on aura tout vu. « Ton homme sans son sport, il deviens fou. » Et finalement elle parle encore de notre bébé en me disant que dans six mois il serait parmi nous. « Mon dieu… Il va falloir changer tellement de truc. Va falloir déménager, acheter tout un tas de truc. » Et voilà que je me remets à flipper. Je crois que je vais être un papa poule un peu chiant au final. Il va falloir me supporter. « Et oui j’aimerais bien savoir si c’est un petit boy ou une princesse ! »

Après tout cela, on abandonne rapidement les sujets de conversations. Nola n’as pas vraiment faim, non elle préfère m’embrasser et je dois dire que c’est une activité qui me plaît beaucoup. Nos baisers deviennent de plus en plus enflammer, elle me retire mon tee-shirt et je sens ses mains glisser sur mon torse. Le programme de la soirée me plaît beaucoup d’un seul coup. J’ai enfin le sentiment que l’on va pouvoir oublier toutes les tensions de la soirée. C’était sans compter sur mon téléphone portable. Il ne cesse de sonner dans ma poche et après trois appels je décide de décrocher. C’est Thayer à l’autre bout du fil. Il est en train de pleurer et il a du mal à parler. En deux secondes, je sors de mon lit et m’enfui dans la cuisine. J’essaye de parler avec mon meilleur ami, mais c’est compliqué, il n’as pas vraiment de discours cohérent. Il est fatigué et a bout de nerf. Je le laisse me parler et il finit par me dire qu’il va aller se coucher. Je lui demande pour la troisième fois s’il ne veut pas que je vienne le voir, mais il me dit que tout ira bien. Je raccroche sans vraiment être convaincu et finis par aller m’exiler dans la cuisine. Je me sens tellement mal. C’est juste l’horreur. J’essaye de m’occuper l’esprit, mais mon regard finis par se poser sur un couteau qui traînait sur le comptoir. Il me suffirait de l’attraper et de m’en servir pour me sortir de cette galère. C’est choisir la facilité, j’en ai pleinement conscience, mais c’est tout ce qui m’aiderais j’en ai bien peur. J’allais attraper le couteau quand je finis par sentir des bras s’enrouler autour de mes hanches. Nola me retiens et elle finit par ranger le couteau que je ne cessais de fixer. Je profite du fait qu’elle range ce dernier pour m’éloigner d’elle. J’avais réussi à mettre ma culpabilité de côté, mais elle me revient en pleine face. C’est violent. Je me sens terriblement mal. Mon regard se perd dans le vide tandis que Nola me questionne. « Il pleurais comme un gosse… » C’est tout ce que j’arrive à dire au final. Avant que je n’aie le temps de comprendre quoique ce soit, Nola s’en va en courant. J’entends la porte de la salle de bain claquée, mais je ne réagis même pas. Je reste un long moment sur place sans bouger et finis par retourner dans le salon. Je me laisse tomber sur le canapé, complètement sonné. J’entends les sanglots de mon meilleur ami résonner dans mon esprit. Les minutes défilent et je me rends compte que Nola n’est toujours pas revenue. Je finis par me lever et vais frapper à la porte de la salle de bain tout doucement : « Nola… » J’ouvre la porte et trouve ma chérie assise sur la baignoire, elle à l’air complètement barbouiller et je vois des larmes sur ses joues. Il manquait plus que ça. J’ai envie de tout plaquer, j’ai envie de prendre ma voiture et de partir. Je m’assois à côté de Nola sans même le toucher. « Tu devrais aller te coucher. » Je n’ose pas lui dire que je rêve de sortir de mon appartement. De ne pas être avec elle cette nuit. D’être un peu seul. Je ne veux pas la mettre dehors alors je préfère qu’elle aille se coucher et que ce soit moi qui parte un moment.

 

Je ne pensais pas que la soirée pouvait devenir encore plus pourrie. Je pensais vraiment que cette histoire de restaurant était ce que l’on pouvait faire de pire, mais non. Non il a fallut que mon meilleur ami m’appelle de nouveau et en pleurs cette fois. Je crois que depuis que je le connais j’ai vu Thayer pleurer une seule fois et c’était parce que sa mère l’avait puni et on avait dix ans. Depuis il n’a plus jamais pleuré. Jusqu’à ce soir. Cette conversation – si on peut appeler ça comme ça – viens de me chambouler littéralement. Je ne supporte plus du tout cette situation. Pourquoi il fallait que ça nous arrive à nous ? Je n’avais rien demandé à personne. Je suis tombé amoureux de la jolie interne qui s’occupait de moi. Elle n’a jamais mentionné d’homme. Jamais. Et puis Thayer aurait pu me parler d’elle avant aussi. Elle était sa fiancée. Je ne savais même pas qu’il était fiancé avant que j’arrive dans son appartement ce soir-là. Hé merde à la fin. J’ai envie de tout lâcher. Franchement j’ai juste envie de me retrouver seul. Mais Nola est là. Juste derrière moi. Elle me prend dans ses bras et je me fais violence pour ne pas la rejeter. Elle me conseil d’aller rejoindre Thayer et cette fois je me retiens pour ne pas hurler. Comment pourrais-je aller le rejoindre alors qu’il y à peine cinq minutes encore j’étais sur le point de faire l’amour à la femme qu’il aime. Non je veux plus de tout ça. Je veux être seul et je veux être tranquille. Mais avant que je n’aie le temps de dire quoique ce soit Nola se précipite vers la salle de bain et il ne me faudra pas longtemps pour comprendre qu’elle est partie vomir. Je me sens mal pour elle d’un seul coup. Je ne peux pas la laisser comme cela. Enfin je le voudrais, mais je sais que je ne pourrais pas la laisser là en train de pleurer. Je ne dis rien lorsqu’elle qualifie la situation de peu glamour. Je m’assois tout simplement sur le bord de la baignoire avec elle. Il n’y a rien de glamour, il n’y a rien de normal. Je me sens totalement vidé d’un seul coup. C’est comme si on venait de pomper toute mon énergie. Je ne regarde même pas Nola. Je sens juste que sa tête se pose doucement sur mon épaule alors que je lui propose d’aller se coucher. Et d’un seul coup, tout s’emballe. Tout s’enflamme. Nola s’énerve d’un seul coup. Elle me dit que je l’ai fait ce sentir comme une moins que rien et je soupire à nouveau. Je n’arrive même plus à réagir. J’ai juste envie de me laisser glisser dans un coin pour ne plus bouger pendant des heures et des heures. Elle quitte la pièce et il me faudra quelques secondes pour réagir à mon tour. Je la rejoins alors qu’elle est dans ma chambre. Mes doigts s’enroulent doucement autour de son poignet pour qu’elle se tourne vers moi. « Reste ici. Je vais juste faire un tour. Une demi-heure pas plus je te promets. Mais reste ici. Je reviens. » Je me rapproche d’elle et dépose un baiser sur sa tempe avant d’aller chercher ma veste pour quitter mon appartement.

Je pensais d’abord à aller chez Thayer, mais je me ravise et décide de partir faire un tour sur la plage. Je marche sans aucun but précis. J’ai juste envie de me vider l’esprit. Une petite voie me dit qu’il faut que j’arrête de me poser trop de questions et qu’il faut que j’arrête de culpabiliser. Je n’y suis pour rien. Je suis tombé amoureux de la mauvaise personne c’est vrai, mais je n’y suis pour rien. Je soupire plus d’une fois et passe un millions de fois ma main sur mon visage pour essayer d’avoir les idées clairs. Comme promis je retourne chez moi au bout de trente bonnes minutes. Mon souffle se coupe lorsque je passe la porte d’entrée. Dites-moi qu’elle est toujours là…