Quelle ville minuscule. Un seul café, un seul bar, limite une seule rue. Ok, Hunter était mauvaise langue. Mais comment sa mère avait-elle pu penser à venir dans ce bled ? Comme un enfant sans bonbons, le Valentyne la boudait, faisait tout pour l'éviter, et lui montrer que si elle continuait ainsi, elle perdrait ses deux enfants. Maahiya suivait Hunter comme son ombre, et il savait qu'elle le suivrait s'il partait. D'ailleurs il avait 20 ans, était connu, avait de l'argent.. alors pourquoi n'était-il pas resté en Angleterre ? La réponse était simple. Si l'acteur s'éloignait de sa mère, il pouvait toujours courir pour retrouver son père, et ça, c'était quelque chose à laquelle il ne pouvait pas renoncer. Et en cela, sa mère avait un moyen de le retenir.  Lorelei aurait pu déménager à New York par exemple, non ? Et bien non, il avait fallu que ce soit Town Square, cette ville -si on peut appeler ça une ville..- qui ne servait à rien et surtout dans laquelle il n'était pas reconnu. Et vu que ses talents d'acteurs étaient invisibles, si ce n'est par trois pelés et un tondu, il fallait bien que Hunter se recycle. Mais dans quoi ? Où ? Et comment ? Il n'avait pas de diplôme particulier, et n'aimait que ce qui avait attrait aux arts. Mais est-ce que ça allait le mener quelque part ça, hein ?


C'est avec cela en tête que le Valentyne poussa la porte du bar, qui fit retentir une petite sonnette. Hunter la regarda avec mépris. So has been. Il était presque minuit et dans la pièce, quoique spacieuse, régnait une atmosphère brumeuse, avec une odeur teintée de la sueur des corps palpitants en manque de sexe. Hunter jeta un coup d'oeil autour de lui et ne vit presque que des hommes, soit entre eux à boire de la bière, soit  face à face avec des femmes habillées avec trois bouts de tissu. Charmant. Personne ne s'était retourné en le voyant arriver, personne ne chuchotait sur son compte en rêvant d'avoir un autographe, non. Personne n'en avait rien à faire. Hunter soupira, et allait partir lorsqu'un aperçut un homme, peut-être un peu plus âgé que lui, assis seul au comptoir. Haussant les épaules, il se dit que de toute façon, fallait bien qu'il se fasse des amis un jour ou l'autre, pour survivre dans cette foutue ville.


S'asseyant à côté de lui, il l'entendit alors baragouiner, en ce qui semblait être une langue slave, ou même elfique, qui sait. Et bah il était bien tombé.. Mais le brun se reprit et répéta la même chose en langue cette fois compréhensible, et ainsi Hunter – autant que le barman- fut rassuré. L'acteur commanda un whisky à son tour et le but cul sec avant d'en commander un autre. Finalement, peut-être qu'à la fin de la soirée ce serait lui qui parlera l'elfique. Son voisin se tourna alors vers lui et le salua en se présentant. Hunter fit un sourire franc. Enfin quelqu'un de sympathique ! Mais il entremêla l'anglais avec sa langue étrange et cela donna une phrase confuse, que le Valentyne comprit malgré tout.


- Euh .. Hola ! Fit-il, rieur. Enchanté ! Enfin quelqu'un de perdu comme moi ici.. Je m'appelle Hunter Valentyne, ça te dis quelque chose ? Je suis acteur, et très célèbre. En Angleterre tout du moins, ici il ne savent pas ce qu'est le bon cinéma apparemment .. Il fit un sourire en coin. Tu n'es pas d'ici, donc ? Demanda-t-il alors, curieux de savoir d'où lui sortait ces mots qu'il ne comprenait pas. Qui sait, peut-être que ce serait une histoire passionnante.