Roh c’est pas possible, pourquoi ma sonnerie de téléphone me fait toujours sursauter ? Je devrais avoir l’habitude depuis le temps non ? Je pourrais avoir la jugeote de la changer aussi, mais non. Je préfère continuer de sursauter chaque fois qu’on m’appelle sur mon portable. C’est un comble quand même !

Je décroche et réponds à mon interlocuteur, en l'occurrence, un magazine de mode pour lequel je fais des piges de temps en temps.

«Lana-Joy, nous avons besoin de vous pour écrire un papier sur le mannequin Noah Johnson. Il est en shooting cet après midi à Town Square, plage est. vous pourriez vous y rendre ?» «Oui bien sûr mais un papier, vous voulez dire juste un article ou une inter...» l’homme me coupe directement «Débrouillez-vous, faites votre boulot.» Et il raccroche. Je soupire largement et m’adresse au chien de Mathéo, qui partage mon appartement depuis plusieurs mois. «Je déteste les rédac chefs qui pètent plus haut que leur cul. Tu pourrais pas m’aider à trouver un journal bien toi, au lieu de me regarder avec tes grands yeux qui disent juste j’ai faim !?»

Je balance finalement mon téléphone sur le canapé, avant d’aller m’habiller pour me rendre sur le lieu du shooting. Jusqu’à présent, j’ai plus été habituée à interviewer des sportifs en tenue dégoulinante, pas des mannequins tirés à 4 épingles. Avant de partir, je googlise je mannequin en question, et lis quelques lignes rapidement. Rien de très glaçant.

Une fois arrivée sur la plage, le vent me glace les os. Je me demande bien comment ils arrivent à travailler dans ces conditions. Mes yeux se posent sur les 2 mannequins marchant pieds nus sur le sable, au bord des vagues. Un long frisson me parcourt le dos, juste parce que j’ai froid pour eux. «Mademoiselle...» «Bonjour, je suis Lana-Joy Fitgerald, je travail pour le magazine Heart Skin, je viens écrire un article sur Noah Johnson.» «Très bien, voyez avec son agent, juste là.» Le vigile me laisse passer les ‘barrières de sécurité’ et je me dirige finalement vers la grande dame impressionnante. «Bonjour je suis...» et voilà qu’elle me coupe, elle aussi. Décidément, c’est une habitude aujourd’hui. «Je sais qui vous envoie. Vous pouvez regarder, mais vous n’obtiendrez aucune interview de Mr Johnson.». Je préfère me plier, elle n’a pas l’air très commode. «Très bien.»

Je m’approche un peu plus de l’endroit du shooting en faisant bien attention de ne gêner personne. Une vraie petite souris. Derrière moi, deux maquilleuses discutent. «Non mais t’as vu comme il est imbus de lui même ? Ni merci ni merde. Il regarde tout le monde comme des chiens, il me donne envie de vomir. Franchement j’en ai croisés des mannequins qui se la pétaient mais lui c’est le top du top.». Leur propos me glacent le sang. Je ne sais pas trop quoi penser de tout ça. Un peu plus tard, c’est l’assistant du photographe qui porte des propos peu glorieux à propos du jeune mannequin. J’avoue avoir du mal à comprendre. Il a pourtant l’air si... gentil.

Après une bonne quinzaine de minutes, les 2 mannequins ont l’air d’avoir fini et on leur apporte de quoi se couvrir. Le jeune Noah s’écarte du groupe pour aller siroter son café. Un regard en coin vers l’agent de celui-ci, et je prends la poudre d’escampette, direction le mannequin, qui est pour l’instant seul à l’écart de tous.

«Excusez moi, Noah Johnson ? Je suis désolée de vous déranger je...». Je croise son regard, tout en lui tendant ma main, plus pour la politesse qu’autre chose. Je lui souris finalement. Il a une espèce de classe inée, quelque chose qui rend presque tout chose. J’ai beau aimer les femmes, ce que dégage ce jeune homme est définitivement quelque chose de très fort. «Je m’appelle Lana Fitzgerald. J’ai croisé votre agent elle m’a bien dit de ne pas venir vous parler mais c’était plus fort que moi...» Je me pince la lèvre, un peu nerveusement. Je sais que je n’aurai pas dû, ça pourrait me couter mon poste, mais c’était vraiment plus fort que moi. Je sens que ce jeune homme a quelque chose de bien particulier, et il faut que je sache quoi...