You might wake up and notice you're someone you're not || Lauren
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Sujet: You might wake up and notice you're someone you're not || Lauren Lun 27 Jan - 16:26
You might wake up and notice you're someone you're not
Bip...... Bip...... Bip......
Le bruit constant me fait froncer les sourcils, à la manière d'un insecte dérangeant dont on voudrait se débarrasser sans vraiment avoir la volonté de le faire. J'essaye inconsciemment de pousser un gémissement mais rien ne sort, pas même un début de bruit. Quelque chose cloche, mais mon esprit est bien trop embrumé pour en prendre conscience immédiatement. Au lieu de ça, mes paupières s'ouvrent avec difficulté, certains de mes muscles comme ceux de mes doigts bougeant rapidement, presque par spasmes.
Bip.... Bip.... Bip....
Quand mes yeux s'ouvrent, mon regard se fixe tout de suite sur ce qui se trouve en face, mais de manière vague. Tout est blanc, tout est flou. Mon cœur s'emballe doucement, ma respiration se fait moins régulière. Tout n'est que lumière blanche, aveuglante, et cette lumière me bouffe de l'intérieur, me perd complètement. J'ai l'impression qu'un brouillard épais obscurcit ce qui se trouve dans ma tête, qu’un étau me compresse les côtes.
Bip.. Bip.. Bip..
Quand mon bras se contracte involontairement, la présence d'un corps étranger dans ma peau se fait remarquer, mais je n'ai pas suffisamment la force de bouger la tête pour pouvoir regarder ce dont il s'agit. Tout ce que je sais, c'est que rien n'est normal. Mon corps entier semble comme parcouru par une impression de malaise. Et là tout s’affole.
Bip.Bip.Bip.Bip.Bip.
Agitation. Bruit. Ombres. Des mots comme entendus sous l’eau, mâchés, brouillés, incompréhensible. Puis ténèbres, de nouveau. J’ignore combien de temps passe avant mon second réveil, avant le moment où tout se déroule « normalement », où ce grognement qui rêvait de s’échapper se fait enfin entendre sans soucis, où lorsque mes doigts fléchissent, le mouvement est volontaire. Toujours est-il que tout me semble toujours étrange, pas à sa place, mais je n’arrive pas à placer le doigt dessus. Mes yeux s’ouvrent de nouveau, mes sourcils se fronçant face à cette même lumière blanche. Mais j’ai à peine le temps de réaliser que je suis vraiment éveillé qu’un « papa » lâché avec joie et accompagné d’un enfant grimpant sur mon lit ne survienne. Ses bras m’entourent, ma main se porte instinctivement dans son dos, mais là encore, quelque chose semble différent… D'autres bras viennent se glisser autour de mon torse, adultes, cette fois. Et c’est à ce moment-là que la réalisation se fait, de manière très inconsciente. Différent de quoi ?
« …. Où est-ce que je suis ?... »
Ce qui semble être ma voix me surprend un peu… Elle est comme enrouée, les mots franchissant mes lèvres avec énormément de peine, certaines lettres se bloquant tout simplement, coupant ma phrase presque de moitié. Mon regard se pose sur l’enfant qui me fixe de ses grands yeux, quelque chose ressemblant à de l’espoir remplissant ses pupilles. Là encore, mes sourcils se froncent.
« …. Qu’est-ce qu’il s’est passé ?... »
Une personne rentre dans la pièce, en appelle une autre, et peu de temps s'écoule avant que les visites s’enchaînent. Des questions sont posées, beaucoup trop de questions. Qui je suis ? Je ne sais pas. Mon âge ? Je ne le connais pas. Où je suis né, qui sont mes parents, qui est l’enfant qui ne supporte pas qu’on le tienne de côté pendant tous ces examens ? Je suis incapable de le dire, de sortir le moindre nom. « Amnésie », me dit-on. « Totale », précise-t-on. « Hôpital », « accident de voiture », « accompagné par cette jeune femme », « fils ». Tous ces mots, lâchés les uns après les autres, sans que j’y comprenne quoi que ce soit. Le tout me fait tourner la tête, ce qui se fait surement remarquer car un instant après –ou peut-être est-ce plus long que cela-, la pièce est presque vide, à l’exception de la jeune femme qui m’a apparemment amené ici, ainsi que de l’enfant qui a l’air désespérément perdu…
Perte de mémoire complète… La réalité me frappe petit à petit, et je prends lentement conscience de ce que ça veut dire. L'étau est de retour, mais autour de mon cœur cette fois. Ces personnes-là, je les connais, sinon elles ne seraient pas là. Mais je ne sais pas qui elles sont. Je ne connais pas leur nom, leur âge… Notre relation. Oh, pour l’enfant, j’ai cru l’entendre dans cette bouillie de mots qui m’a assailli pendant qu’on me posait toutes ces questions. « Fils »…. J'aurai un fils, et bien jeune, de ce que je peux en voir... Mais pour Elle… L'étau se resserre davantage, et un profond soupir franchit mes lèvres, mes mains glissant contre mon visage. Pas besoin de faire le vide dans ma tête pour m'empêcher de paniquer, elle est déjà vide. Le silence dans la pièce est oppressant, j'imagine que personne n'a vraiment envie de le briser, de commencer une discussion maladroite.
Sujet: Re: You might wake up and notice you're someone you're not || Lauren Mar 28 Jan - 13:01
You might wake up and notice you're someone you're not
If you think of me If you miss me once in awhile Then I'll return to you I'll return and fill that space in your heart.
Encore une journée passée près de Shawn. Comme tous les matins je lève Ethan, et je me prépare pendant qu’il mange ses céréales devant les dessins animés. Puis je vérifie bien qu’il a son déjeuner dans son sac à dos, sa peluche, ses deux figurines de super héros, sous peine de désespoir profond, et on s’installe en voiture. Je le dépose à l’école, lui fais un câlin pour lui souhaiter une bonne journée, et je me gare enfin sur le parking de l’hôpital. Je reste tellement longtemps que je vais bientôt finir par avoir ma place attitrée…
C’est l’avantage de bosser dans l’informatique : du moment qu’on a une connexion internet, et un pc portable, on peut bosser un peu n’importe où. C’est ce qui me permet de passer mes journées auprès de mon meilleur ami, de l’homme que j’aime, du prince au bois dormant… Shawn. Comme tous les matins je dis bonjours aux infirmières qui me connaissent maintenant par mon prénom, enfin, celui que j’ai choisi en venant ici, je demande des nouvelles, s’il y a du nouveau, et comme tous les matins, RAS. J’entre dans sa chambre, et à chaque fois mon cœur se serre à le voir comme ça, allongé sur le lit, avec des tubes qui lui partent des bras… Il respire tout seul, et il semble tellement tranquille, là… je m’attends à chaque fois à ce qu’il se réveille d’un moment à l’autre, mais non. Comme tous les matins je me penche vers lui, l’embrasse sur le front et lui caresse doucement le visage, puis je m’installe sur la table roulante de la chambre. Je dépose le café et le donut que j’ai pris à la cafétéria de l’hôpital, sors mon pc de mon sac tout en lui racontant comment s’est passé la soirée et la matinée avec son fils. Les mots marrants qu’il a pu dire, les bêtises qu’il a faites, les nouveaux jeux qu’il a inventés… Et je commence à bosser.
En fond sonore, je passe ses albums préférés pendant que j’aligne les lignes de code, les algorythmes et autres trucs obscurs, pour créer ce que veulent mes clients. Heureusement que, depuis quelques années, j’ai réussi à arriver à me classer dans les meilleurs hackeuses/codeuses du pays, et les boîtes se précipitent pour me confier des boulots. Je relève le nez et constate qu’il est plus de midi : Le codage a le don de me faire oublier le temps qui passe. Je referme mon pc et viens m’asseoir sur le fauteuil tout près du lit, déballant une salade de mes affaires, et commence à manger tout en continuant la lecture à haute voix d’un de ses livres préférés. C’est con, mais je me dis que toutes ces petites choses, la musique, la lecture… ça sert peut-être à ce qu’il aille mieux, qu’il ne m’oublie pas… On dit bien que les comateux entendent ce qu’on leur dit… et je veux qu’il sache que je prends soin de lui.
Je me sers une tasse de café de ma thermos et retourne au boulot après lui avoir caressé doucement le visage. Et comme à chaque fois, j’ai les larmes aux yeux. Je me perds à nouveau dans mon travail, et la sonnerie du portable me sort de ma bulle. L’heure de chercher Ethan à l’école. Comme toutes les après-midi je passe le prendre, je le ramène dans la chambre d’hôpital pour qu’il passe du temps avec son père. Les murs sont décorés de ses dessins « Pour papa » qu’il a pu faire depuis les trois semaines qu’on a posé nos valises ici. Comme chaque soir mon loulou rentre en trombe dans la chambre, un grand sourire aux lèvres et plein d’espoir, et à chaque fois, je vois que son sourire s’éteint en voyant que Shawn est toujours endormi. Je l’aide à grimper sur le lit, le laisse lui faire un câlin avant de me mettre à jouer avec lui. Je prends Pansy, sa vieille guitare, et je commence doucement à gratter les cordes. On chante tous les deux, Ethan de sa petite voix haut perchée, et moi, de ma voix un peu rauque de fumeuse convaincue, avec en métronome le bip des machines qui sont reliées à Shawn. Mais quelque chose me fait poser ma paume à plat sur les cordes pour les étouffer. Comme si… les bips sont plus rapprochés. Enfin, je crois. Je repose la guitare et me tourne vers Shawn. Une seconde, j’ai l’impression de l’avoir vu ouvrir les yeux. Ma respiration s’emballe, mon cœur se serre. Je me relève. Non… sûrement une hallucination. Mais si? Je m’approche du lit, et je vois ses magnifiques yeux verts pour la première fois depuis deux mois. Mon cœur s’arrête, en même temps que je vois son bras se contracter. Oh putain, oh putain. Je suis tout près de lui, je vois ses yeux qui cherchent quelque chose, les machines qui s’emballent. Ethan semble avoir compris, parce qu’il se précipite vers le lit en hurlant « Papa », et je l’aide avant de m’y précipiter à mon tour. J’enfouis mon visage dans son cou, mes bras sur son torse, alors que les larmes se mettent à couler.
Putain tu l’as fait… putain Raz tu l’as fait… putain t’es là… oh merde… c’est le plus beau jour de ma vie…
Brusquement je me rappelle d’Ethan, que je viens juste de jurer comme un charretier, alors que depuis que m’occupe de lui je dois faire des efforts de dingue pour faire gaffe à ce que je dis. Mais là, circonstances exceptionnelles.
Ethan, papa est réveillé ! Papa est réveillé !
J’entends un troupeau de mammouths arriver depuis le couloir, une flopée de médecins et d’infirmières. On me demande de me pousser, et je dois lutter pour prendre Ethan et le garder loin de son père, le temps de faire des examens. Mais je m’en fous, mes larmes sont toujours en train de couler alors que je l’emmène dehors, dans le couloir, et que j’essaie de lui expliquer que les médecins doivent juste vérifier que son papa va bien, avant qu’on puisse le voir. Allez expliquer ça à un gamin de quatre ans… Les minutes me semblent des siècles, quand enfin le médecin passe la tête par la porte.
-Dites-moi… il va bien ? Il va s’en tirer ? C’est… c’est bon maintenant ? -Eh bien, physiquement oui, il va bien. Bien sûr il va devoir subir une série de tests pour être vraiment sûrs, mais il n'a pas l'air d'avoir gardé de séquelles de son accident. Par contre, il semble être victime d'amnésie. Ce genre de chose est très courant après un traumatisme crânien, surtout quand celui-ci a été suivi d'un coma... En général tout revient dans l'ordre au bout de quelques jours, voire quelques semaines. Il faut que tout se remette en place... après deux mois c'est normal. Bien, je vais vous laisser lui parler... - Merci docteur... -Le médecin s'éloigne et Ethan m'agrippe par le jean pour attirer mon attention. Je tourne la tête vers lui. - Quoi mon chat? - Il a dit quoi le médecin maman? - Que, comme l'accident de papa a été grave, il a encore un problème. Pour l'instant il ne se souvient plus de rien. Mais le médecin a dit que ça va revenir, il faut juste du temps. - Combien de temps? - J'en sais rien mon chat... j'en sais rien...
Je lui prends la main et on pousse doucement la porte de la chambre d'hôpital. J'y ai passé plus de temps que dans ma propre maison depuis qu'on a emménagé ici, Ethan et moi. Il y a une petite table avec du matériel de coloriage et quelques jouets, l'étui de Pansy, et autres... On s'approche du lit, maintenant qu'on est seuls, et les larmes me remontent en le voyant enfin réveillé. Alors oui il a perdu du poids, il a une mine affreuse mais au moins il est réveillé, il est là, il est vivant. Mon Shawn. Ethan grimpe lentement sur le lit, comme s'il se doutait que les choses ne serait pas comme il les avait imaginées, et se plante face à son père. Il met la main sur son petit torse.
Moi c'est Ethan, et toi t'es mon papa! Et puis elle c'est maman!
Là je souffre d'incontinence lacrimale, le petit monstre m'a juste crevé le coeur. Je m'assieds à côté de lui et prend doucement sa main.
Ethan est ton fils... et moi c'est R...Lauren. Ou Princesse, au choix. Putain qu'est-ce que tu m'as manqué...
love.disaster
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