Ce doute, toujours et encore ce doute qui plane. Est-ce qu'on va réussir à être parents un jour? Avant le mariage? Et même après le mariage? Lennon, ma meilleure amie, m'a rassuré, elle m'a dit que ça pouvait prendre du temps et que plus on y penserait, moins ça marchera. Alors on applique son conseil. On sort, on va au parc, on va à la fête foraine... On s'aère l'esprit mais toujours rien. Hier matin encore, Lauren a fait un test de grossesse. Négatif, une fois de plus. Il y a de quoi désespérer.

Mais bon. Aujourd'hui est un autre jour. Je passe la matinée à dessiner à la cuisine puis je "participe" à la conférence de Marvel grâce à la magie d'internet. La vidéo conférence me permets d'assister à ce que le directeur a à nous dire avant de finalement refermer mon ordinateur portable. Il est quatorze heures et j'ai promis à ma fiancée d'aller lui donner un coup de main. Lauren a trouvé un local à louer il y a une semaine et depuis, elle se tue à la tâche pour peindre eu meubler sa petite confiserie. J'aime savoir qu'elle est heureuse ici à Town Square, parce qu'après tout, c'est à cause de moi - plus particulièrement à cause de mon frère - qu'on a dû quitter notre petite vie à New York. J'avais peur qu'en venant ici, elle le regrette ou qu'elle ne se sente pas bien. Et pourtant, tout se passait à merveille. A part si on ne pense pas à mon frère qui n'est vraiment pas enchanté qu'il y ait à nouveau deux Calloway dans la même ville. Enfin bon. J'attrape les clés de ma voiture et quitte la maison après m'être assuré d'avoir fermé toutes les fenêtres et éteint tous les appareils. Rouler dans Town Square me rappelle de bons souvenirs. C'est ici que je suis né, ici que j'ai grandi et que je suis devenu la personne que je suis aujourd'hui. J'ai aussi de mauvais souvenirs bien sur, mais contrairement à Noam, je les occulte et pense qu'aux bons. Et puis je pense aussi à mon avenir ici. Notre mariage à Lauren et moi qu'on va célébrer ici, le fait que Town Square sera peut-être notre remède miracle pour qu'elle tombe enceinte... On va sûrement pouvoir fonder notre famille ici.

Quand j'arrive devant le local qui sera la future confiserie de ma fiancée, j'observe les travaux déjà effectués sur la façade extérieur. Ca me rappelle absolument la confiserie de New York et j'aime le fait qu'elle apporte de notre rencontre ici, dans l'Oregon. Je verrouille ma vieille Porsche - cadeau de mon père - et traverse la route pour atteindre le local. Ca sent fort la peinture encore mais ça prend joliment forme. Je suis très fier de ma fiancée. Elle est douée et j'aime savoir qu'elle s'occupe l'esprit plutôt que de ne penser qu'à bébé pour l'instant. Je cherche la jeune femme des yeux. « Lauren? Donne moi un signe de vie? » L'endroit est vide donc ma voix résonne entre les murs. C'est presque flippant.

Me dire qu'un jour, en espérant que ça soit d'ici quelques mois, notre enfant courrera dans les mêmes rues que moi quand j'avais son âge, me fait bizarre mais mais rempli d'émotion. Pourtant les sentiments c'est pas mon truc à la base. Mais là, il s'agit de la famille, ma famille que je vais fonder avec Lauren. J'ai beaucoup de chance de l'avoir rencontré à New York. Elle a accepté qu'on vienne ici, dans une ville qu'elle ne connaissait pas et encore plus loin de sa France. Tout ça pour un adulte qui se croit encore adolescent dans sa tête et qui avait besoin de son frère pour garder un oeil sur lui. Je ne pense pas que beaucoup de femmes auraient fait l'effort. C'est entre autre pour ça que je sais qu'elle est la femme de ma vie. Lennon m'a beaucoup questionné à propos de ma fiancé, du mariage et de tout le reste. J'ai vingt deux ans et ça la sidère que je veuille déjà me poser avec une femme et fonder une famille. Personne ne comprend ce choix et je m'en fou. Moi je sais. Je ne vois pas pourquoi j'attendrais d'avoir l'âge admit par la société pour pouvoir épouser celle que j'aime.

Enfin bon. Quoi qu'il en soit, quand je me retrouve dans la future confiserie de ma fiancée, je me sens apaisé et fier à la fois. Contrairement à moi, elle mène son petit bonhomme de chemin avec son entreprise et partout où elle va, elle succède. Je l'appelle mais Lauren met quelques secondes pour apparaître dans mon chambre de vision. Elle est adorable avec de la peinture sur les joues et son jeans tout tacheté. Elle s'approche de moi et m'embrasse. Avant qu'elle ne se recule, je pose ma main sur sa joue et lui efface la trace de peinture vert pistache qu'elle a sur le visage. « Elle va bien? » demandais-je à propos de ma future belle-soeur. Je sais que c'est pas toujours facile pour Lauren d'être loin de sa famille mais je sais aussi qu'elle prend régulièrement des nouvelles alors ça va. J'espère qu'ils pourront faire le déplacement pour le mariage.

Je tourne un peu sur moi même pour regarder la couleur des murs et les meubles déjà posés. C'est très "cupcakes" et "macarons" mais j'aime beaucoup. Ca correspond parfaitement aux pâtisseries que fait ma chérie. « C'est parfait! » Je lui souris avant de l'attirer contre moi pour l'embrasser sur les cheveux. Puis, je retire mon blouson et retrousse les manches de ma chemise. « Bon, je suis tout à toi. Pour quoi as-tu besoin de mes bras forts? » demandais-je malicieusement en tapant dans mes mains.

J’ai beau être dessinateur chez Marvel, je ne suis pas quelqu’un d’extrêmement manuel. Je sais me débrouiller avec un pot de peinture ou un marteau mais ça n’ira jamais plus loin. Mes dix doigts sont seulement doués pour le dessin. Néanmoins, j’ai proposé mon aide à ma fiancée pour les travaux de sa confiserie. C’est vrai que ça aurait été plus simple d’engager des artisans mais étant donné qu’elle ne connaît personne ici à Town Square, je peux comprendre qu’elle préfère faire les choses elle même pour être sûre que ça soit fait comme elle, elle le veut. Et même si Lauren est pâtissière, elle n’est pas plus habile que moi. Preuve, elle a de la peinture partout. Sa remarque me fait sourire. J’aime quand elle plaisante parce que c’est vrai que ces derniers temps avec ces histoires de bébés, c’est pas arrivé souvent… J’ai même l’impression que l’absence de bonne nouvelle concernant sa grossesse commence à créer des tensions entre nous. On ne parle que de ça, on ne pense qu’à ça et aller sous la couette est devenu presque une obsession alors qu’à la base ce n’est pas comme ça que ça devrait se passer. Non pas que je sois contre le fait de faire l’amour à ma fiancée mais c’est sûr que quand on doit se « forcer » c’est tout de suite moins marrant. « T’es quand même plus belle que Shrek. » dis-je avant de lui demander comment se porte sa sœur. Lauren m’explique qu’elle est dans le sud de la France. Je ne me suis jamais rendu dans ce pays mais grâce à elle, j’en apprends tous les jours et j’espère qu’un jour on aura les moyens d’y aller les deux.

Je poursuis en retroussant mes manches. Je suis venu pour faire les travaux qui étaient dans mes compétences et je préfère qu’on s’y mette avant que le sujet « bébé » refasse surface. Il faut qu’on s’occupe l’esprit et les mains. Je lève les yeux au plafond et fais un hochement de tête. Ca devrait être dans mes cordes. Je suis obligé de lâcher un petit rire en l’entendant dire que je suis grand, fort et musclé. J’irais pas jusque là mais c’est vrai que j’ai pas mal de force étonnement. Je prends le rouleau qu’elle me tend et me pencha pour lui voler un baiser avant qu’elle ne disparaisse. « Tu serais presque sexy à me donne des ordres dis donc ! » Je rigole et tourne sur moi même pour trouver une échelle. Une est posée contre le mur alors je m’en sers et grimpe dessus dans un coin pour commencer à peindre le plafond. Le silence s’installe dans la pièce et je suis forcé de me rendre compte que quand on fait attention à ne pas parler du sujet qui fâche on se retrouve sans rien à dire. C’est triste. Lauren passe sous on échelle et je décide de détendre un peu l’ambiance en passant un coup de rouleau sur son bras. « Voilà. Maintenant tu ressembles à Shrek ! » J’éclate de rire en faisant attention à ne pas tomber de mon échelle.

Je n'étais pas là quand Lauren a ouvert sa confiserie à New York. Je fais parti des gens qui ont vu le produit déjà fini et qui ont pu en profiter tout de suite. Cette confiserie a été un espèce de point de départ à ma nouvelle vie dans la grande métropole. Quand vous avez grandi dans une petite ville comme Town Square et que vous arrivez à New York, ça crée un vrai choc. Mais derrière toute cette foule, entre deux grands bâtiments de verre, se trouvait la petite entreprise de Lauren. Je me sentais presque comme dans l'Oregon tout d'un coup. Tout en simplicité et en douceur. C'est pour ça que j'ai commencé à fréquenter l'endroit. Et puis, il faut aussi avouer que la patronne était très mignonne. Au bout de deux semaines à me voir tous les jours, elle avait déjà mémoriser ce que je prenais avant d'aller aux bureaux de Marvel. Son audace m'a laissé sur le cul. Un peu trop timide pour l'aborder, c'est elle qui m'a dis de venir la chercher après la fermeture pour l'inviter. Il faut croire qu'on était vraiment faits pour se retrouver. C'est pour ça que je suis persuadé que j'ai fais les bons choix en lui demandant sa main et en voulant avoir une famille avec elle.

Le fait qu'elle amène un peu de New York dans l'Oregon me fait plaisir. Et vu que je n'étais pas là pour l'ouverture dans la grande ville, je tiens à l'être pour celle-ci. Je ne suis pas un grand bricoleur mais je veux faire de mon mieux pour l'aider et la soutenir. C'est ça un couple. Même quand il y a des bas, il faut être là pour l'autre. Lorsque l'ambiance retombe dans la pièce qui résonne, je me tente à la faire rire un peu en lui passant un coup de rouleau sur le bras. Heureusement, j'avais vu que c'étaient des vieux vêtements, sinon elle m'aurait assurément tué. J'explose de rire en l'entendant jurer en français. J'ai commencé à repérer quelques mots quand même au bout de deux ans de vie commune avec Lauren. Et je sais très bien interpréter ce qu'elle vient de dire. Je n'ai pas le temps de me calmer que la jeune femme a plongé son rouleau dans la peinture et vient de m'éclabousser avec. J'ouvre la bouche puis plisse les yeux en signe de défi. « Tu sais, il n'y a pas besoin de faire ça pour me voir enlever mon pantalon. Tu peux aussi me le demander. » Je souris et saute de l'échelle comme Spider Man l'aurait fait et attrape ma fiancée par la taille en la faisant tourner un peu. De grands gamins que voulez vous. Je fini par la poser et attrape son visage entre mes deux mains pour lui voler un baiser. « Tu devrais renommer cette confiserie "Shrek et Picasso". » Je lui vole encore un baiser et remonte sur mon échelle pour continuer à peindre le plafond. Quand j'ai terminé, mon estomac se met à manifester sa présence. Je descends de mon piédestal et essuie mes mains sur mon jeans. « J'vais chercher à manger à l'emporté. T'as une envie particulière? » demandais-je en faisant un gros sous entendu pour savoir si elle n'aurait pas une envie de femme enceinte.

On a toujours eu des moments de folie et de tendresse aver Lauren. Après tout, il ne faut pas oublier que je suis plus jeune que la jeune femme et elle a gardé son âme d'enfant donc on se complète assez bien dans le fond. On plaisante un peu autour du nom choisi pour la confiserie puis comme mon estomac nous fait part de sa présence, je propose d'aller chercher à l'emporté. Niveau nourriture, la ville n'a pas changé en deux ans. J'aime retrouver ces vieilles habitudes que j'avais. Même si j'adorais New York, Town Square sera toujours mon chez moi et c'est pour ça que dans le fond, je sais qu'elle nous portera bonheur et qu'on pourra enfin avoir notre famille. Quand je demande à ma fiancée ce qu'elle désire, elle me répond moi nu. Ca me fait rire. Je lui renvoie un petit regard coquin avant d'attraper mon blouson et mon porte monnaie que j'avais posé dans un coin en arrivant. Je vole un baiser à Lauren et quitte l'établissement. L'air frais fait du bien, je commençais à avoir mal au crâne à cause de l'odeur de peinture. Je traverse directement la rue et vais chez la meilleure pizzeria de la ville. Je commande la préféré de ma fiancée et attend sagement accoudé au comptoir. Comme à chaque fois que je me retrouve seul avec mes pensées, je songe à notre futur enfant. Je me fais du mal, c'est sur, parce que pour l'instant il n'y a pas de bébé mais ça fait quand même du bien de rêvasser un peu. Town Square est le lieu parfait pour l'élever. J'ai dépensé toutes mes économies pour cette maison en sachant qu'il pourra s'épanouir et faire des roulades dans le jardin... Et puis c'est ici qu'il y aura ses grands parents, son tonton aussi si un jour Noam se décide à sortir de son trou. J'ai vraiment envie que mon enfant vive la même enfance que moi ici. On est bien dans cette ville. Le pizzayolo me sort de mes pensées en déposant un carton devant moi et en tendant la main pour son argent. Ca se voit que le propriétaire a changé... Je lui donne sa monnaie et sort de la pizzeria pour rentrer chez le thaïlandais juste à côté. Je me commande deux plats; un au curry vert et un à l'aigre doux ainsi que du riz et des nems. Oui, gros appétit... Une nouvelle fois, j'attends patiemment. Je fixe la rue dehors et manque de m'étouffer en voyant mon frère qui se balade sur le trottoir d'en face. Ca me fera toujours autant bizarre de le voir. Enfin bref, quand il a disparu de mon champs de vision, j'embarque mes plats et traverse la rue en sens inverse pour retourner à la confiserie de Lauren. Quand j'arrive, je constate qu'elle a ouvert toutes les fenêtres pour aérer et laisser entrer le soleil. On s'installe à même le sol avec nos plats et commence à déguster tout ça. « Tu sais... Je pense qu'on devrait revoir un spécialiste à Town Square. J'ai confiance en celui de New York mais un deuxième avis ne ferait peut-être pas de mal? »

Je n'ai pas réussi à tenir plus de trois heures. Trois heures sans parler bébé, grossesse et tout le bordel. Peindre et faire les fous avec Lauren m'a changé les idées, mais à peine on se retrouve que les deux à manger à même le sol que je relance le sujet. J'ai envie qu'on sache, je veux savoir pourquoi ça ne marche pas. Si l'un de nous deux a un problème, au moins on sera fixé mais le plus pénible dans toute cette histoire c'est bel et bien de ne pas savoir. Le spécialiste qu'on a vu à New York nous a testé, on est compatibles, rien ne cloche et pourtant, plusieurs mois se sont écoulé depuis ce moment là et Lauren n'est toujours pas enceinte. J'ai envie d'avoir un deuxième avis, histoire de se rassurer. Et après tout, l'erreur est humaine aussi. Le médecin pourrait très bien avoir loupé quelque chose ou s'être trompé. C'est pour ça que je demande à Lauren si ça lui dirait qu'on trouve un autre spécialiste ici à Town Square et qu'on repasse la batterie de tests pour savoir si on a vraiment tout ce qu'il faut pour fonder notre famille. Lauren semble hésiter face à ma proposition. Je sais que c'est pénible de devoir repasser ses tests, à nouveau avoir des espoirs qui peuvent se voir briser si le résultat final n'est pas celui qu'on attendait mais j'ai vraiment envie de savoir pourquoi. Je veux qu'on puisse aller de l'avant. Si tout va bien, okay, on sera patient, on attendra que Dame Nature ait décidé qu'on soit prêts à pouponner mais au moins on saura. Je fais un sourire à la jeune femme en entendant qu'elle est d'accord. Je tends le bras et lui caresse le bras comme pour la remercier. Je sais que c'est pas facile pour elle. Pour moi non plus ça ne m'enchante pas de passer ses tests, c'est tellement impudique... Je continue de manger mon plat pour essayer de ne plus penser à tout ça mais la voix de Lauren brise le silence. Elle m'avoue avoir peur pour notre couple, qu'on pense trop à bébé et qu'elle a peur que ça nous sépare plutôt que ça nous rapproche. J'hésite quelques secondes avant de poser mon plat thaïlandais et de me glisser jusqu'à elle, passant chacune de ses jambes de chaque côté de mon bassin pour être plus près d'elle et être sûr qu'elle a toute mon attention. « Je me suis aussi posé la question mais je t'aime tellement que je doute qu'on en arrive à ne plus se supporter. Ca paiera. Un jour tu sortiras de la salle de bain, tu pleureras de joie et je comprendrais qu'on a réussi... Je comprendrais qu'on va être parents et tous ces mois de doute et de peur ne seront plus que des mauvais souvenirs... » Je prends son visage entre mes mains et l'approche de moi pour l'embrasser. La rassurer et la motiver sont les deux seules choses que je puisse faire. Pour le reste malheureusement, je suis impuissant et c'est bien ça qui m'agace. Mes doigts caressent ses cheveux et je lui offre un tendre sourire. « ... et ne me dis pas que tu n'aimes plus faire l'amour avec moi quand même? » demandais-je les sourcils levés, un air malicieux sur le visage.

Quand Lauren tombera enceinte, qu'elle accouchera, qu'on élevera notre bébé et qu'il sera en âge de comprendre, je lui dirais à quel point on l'a voulu, à quel point on l'a attendu et qu'on l'aime plus que tout. Je sais que je même si j'aurais peur d'être maladroit, je serais un vrai papa poule. Je ne sais pas si c'est bien ou pas mais je m'en fiche. Ce bébé, on l'aura tellement attendu que je ne compte pas l'abandonner ou le mettre de côté. Lauren semble être sur la même longueur d'onde et même si on ne devrait pas autant en parler, c'est le seul sujet qui nous tient vraiment à coeur. Bien sur, on parle de beaucoup d'autres choses, on s'aime et on a beaucoup de points communs mais on ne se sentira pas complet tant que la jeune femme ne sera pas enceinte. Et j'ai hâte de ce moment, j'ai hâte de l'entendre dire qu'elle est enceinte, de voir son ventre s'arrondir, de penser aux préparatifs de la naissance ET du mariage en même temps... On va vivre une année incroyable. Je me fais un peu du mal en pensant déjà à tout ça, parce que bébé n'est pas encore là, mais d'un autre côté, ça me réchauffe un peu le coeur. J'ai jamais autant voulu quelque chose.

Tout près l'un de l'autre, je vole un baiser à ma fiancée, lui demandant quand même si elle aime toujours autant nos moments sous la couette. L'ambiance est devenue lourde dans la confiserie et entendre le rire de Lauren me redonne le sourire. Je suis presque soulagé quand même. C'est vrai que faire l'amour est la partie "fun" quand on fait un bébé. Optimiste, Lauren me dit même qu'il y a d'autres moyens pour avoir un enfant si toutefois les résultats des tests n'étaient pas à la hauteur de ce que nous attendions. J'hoche positivement la tête même si j'espère très fort qu'on aura pas besoin de faire recourt à toutes ces possibilités. Je veux qu'on ait un bébé normalement, de la manière la plus naturelle qu'il soit. Les autres couples y arrivent, on peut très bien faire partie du lot. Ma fiancée me demande si elle veut que j'appelle le spécialiste ou si c'est elle qui s'en charge. C'est bête, mais la dernière fois, à New York, c'était elle qui avait appelé et comme ça n'a rien donné, une petite part de superstition fait son apparition. Je prends mon téléphone dans ma poche et chercher sur internet le numéro d'un spécialiste. Je connaissais cette ville par coeur, mais maintenant il me faut presque un plan. J'en trouve un qui a un nom de famille qui m'inspire confiance et porte le téléphone à mon oreille, toujours en regardant malicieusement Lauren. Une jeune femme décroche à l'autre bout du fil et je demande un rendez-vous en lui expliquant brièvement notre situation. La réceptionniste me dit qu'un rendez-vous s'est libéré dans une heure et qu'on pourrait le prendre si on est pas trop loin du cabinet. Je lance un regard à Lauren avant d'hausser les épaules et d'accepter son offre. Je raccroche, fourre mon téléphone dans ma poche et passe mes bras de chaque côté des hanches de ma fiancée pour l'approcher encore plus de moi et lui volet un tendre baiser. « J'ai déjà hâte qu'on y soit! » Je lui souris et l'embrasse encore en lui caressant la joue.

On termine notre repas tranquillement, Lauren ferme boutique et on se met en route pour le cabinet. Il me faudra quelques minutes pour retrouver la bonne avenue mais je me gare devant un bâtiment qui m'est familier. Je me demande si c'est pas là qu'on venait avec mes parents et Noam quand l'un d'entre nous était blessé... Enfin bref. Je sors de la voiture et tend la main pour prendre celle de ma chérie. Dans la salle d'attente, je lui lance un petit regard. « Faut pas être nerveuse, c'est la même chose que la dernière fois. » dis-je avec un sourire qui se veut rassurant. Je dis ça, mais je ne mène pas large non plus.

C'est un peu précipité. Il y a à peine une heure, nous étions en train de parler dans la confiserie de Lauren, tout en mangeant des plats à l'emporté. Et nous voilà dans le cabinet d'un spécialiste pour repasser une batterie d'examens pour savoir si nous sommes vraiment aptes à avoir un enfant ou pas. A New York, on nous avait dit que rien ne clochait, j'espère que lui ne va pas trouver quelque chose et qu'il va simplement nous conseiller d'être patient et de ne pas brusquer dame nature. Dans cette salle d'attente, nous sommes tout les deux très tendus. Mais heureusement, l'attente ne dure pas longtemps et le médecin vient nous chercher. Il nous serre la main puis on le suit dans son bureau. Je prends la main de Lauren dans la mienne, la serrant quelque peu pour la rassurer. On lui explique notre situation et l'homme en blouse blanche prend les notes nécessaires sur une feuille. C'est surtout Lauren qui parle. Moi je me contente d'hocher la tête de temps en temps et de me gratter nerveusement la nuque quand on en vient à en parler de notre sexualité. Autant dire que j'ai jamais été aussi mal à l'aise. Déjà à New York c'était le cas. Le médecin pose son stylo et deux assistantes viennent nous prendre chacun d'un côté pour passer les fameux tests. Pas besoin d'épiloguer sur ce qu'il se passe, on se retrouve quelques instants plus tard dans la salle d'attente. On se sourit et le médecin revient avec une pile de feuilles entre les mains. On se retrouve à nouveau dans son bureau et là, il nous annonce la nouvelle. « Vous vous portez tous les deux très bien. Il vous faut juste penser à autre chose, et la nature se chargera du reste. » Je tourne la tête vers Lauren pour voir le soulagement se dessiner sur son visage. Pour ma part, je commence à en avoir marre d'être patient mais bon... On ne peut rien faire de plus. L'important c'est qu'on aille tout les deux bien et que ça ne soit pas ça qui pose problème dans la conception de notre bébé. On prend congé du médecin pour se retrouver sur le trottoir main dans la main. Penser à autre chose... Il veut qu'on pense à autre chose et je sais très bien qu'il est là le soucis principal; on y arrive pas. On est toujours en train de penser à ça, de parler de ça. Je soupire quelque peu. « Bon... On va s'occuper l'esprit dans ce cas. » J'essaie d'être optimiste mais j'avoue que ça devient dur.