Ce matin-là, Jude voulait rester sous la couette. La simple idée du repas de présentation de ce soir lui serrait les entrailles. Jamais il n'avait voulu une telle chose, ce n'était pas ainsi que sa vie devait se dérouler, loin de là. Il avait ainsi espérer que personne ne vienne le déranger plus que ça et qu'il puisse passer sa journée à ruminer. Les derniers événements passés lui faisaient sérieusement regretter sa vie londonienne. Depuis qu'ils étaient arrivés à Town Square, il n'avait même pas eu le temps de respirer. On lui avait annoncé sans qu'il ne s'y attende qu'il allait devoir se marier. Rien que cette pensée lui donnait des frissons. Il se terra alors un peu plus au fond de sa couette, mais, c'était sans compter sur son père n'était pas de son côté. Ce dernier entra en trombe dans la chambre de Jude, ouvra les volets sans plus de cérémonie en lançant un « debout Jude, on a des choses à faire aujourd'hui. » Le jeune homme ronchonna et enleva la couverture de son corps pour se lever et rejoindre sa famille dans la cuisine. Il embrassa sa mère et sa sœur puis pris son petit-déjeuner alors que son père lui disait déjà comment il devrait se comporter pour la soirée qu'il redoutait tant. « Tu ne me feras pas honte, c'est important pour nous que tu te comportes comme il se doit, tu seras poli et tu feras en sorte que cette famille t'apprécies. C'est ta future femme que tu vas rencontrer. » Comme si Jude ne le savait pas. Ses parents ne cessaient de lui rabâcher ces paroles comme s'il était possible qu'il oublie ce détail. Il soupirait intérieurement et regarda un instant sa sœur avec pour seul espoir qu'elle le sorte de là. Cependant, c'était impossible, il allait devoir s'en sortir seul.


La journée lui avait parue interminable. Il n'avait pu être seul un moment. Son père le rappelait toujours à l'ordre lorsqu'il voulait sortir un peu pour faire un tour dans le parc à cinq minutes de la demeure familiale parce qu'il avait besoin de prendre l'air. Il avait enfilé des dizaines de costumes qui pour lui se ressemblaient tous. Une styliste les avaient fait sur mesure pour lui et il avait dû en choisir un. A vrai dire, il ne l'avait pas choisi, sa mère l'avait fait pour lui en ne cessant de répéter « tu dois être parfait mon chéri, ce soir est important pour nous tous, pense à ta sœur ». Bien sur, il savait très bien pourquoi ses parents l'obligeait à se marier. L'attention devait être centrée sur lui et non sur la grossesse prématurée de sa sœur qui serait un scandale pour la famille Campbell, si parfaite en apparence. La soirée approchait à grands pas. Jude était anxieux. Il n'avait en aucun cas envie de rencontrer cette famille. Il s'imaginait déjà la fille qu'il devrait épouser. Il la pensait hautaine, et complètement d'accord avec leurs parents pour cette histoire de mariage. Il s'était rendu très vite compte que dans son monde, seul l'argent et la réputation comptaient. Ainsi, la plupart du temps, lorsqu'il rencontrait des personnes de son âge, il trouvait des personnes superficielles qui vivaient à travers leurs parents. Le jeune homme n'aimait pas cela, au contraire. C'était sûrement pour cela qu'au final, il comptait ses amis sur les doigts de la main. Notamment Adam, malgré la distance, ils avaient gardé contact et il savait qu'il pourrait compter sur lui à tout moment. Il ne lui avait pas encore parlé du mariage arrangé que ses parents avaient organisé mais, il le ferait à un moment donné.


Il resserrait le nœud papillon noir autour de son cou, remis en place le col de sa chemise, ferma sa veste et noua les lacets de ses chaussures en cuir fraîchement cirées. Jude était fin prêt pour ce qu'il annonçait comme la troisième guerre mondiale, ce qui faisait rire sa petite sœur, assise en tailleur sur son lit. Emma ne viendrait pas ce soir, leurs chers parents avaient été clairs là-dessus. C'était un simple repas de présentation et Em n'avait pas sa place. Jude était d'autant plus déçu mais n'ayant pas le choix, il avait laissé passer, comme à son habitude. « Je n'ai pas envie d'y aller Em » se plaignit-il. A ce moment, sa petit sœur se leva pour se mettre face à lui. « Ne t'inquiètes pas, si ça se trouve tu vas avoir le coup de foudre et tu ne vas jurer que par cette fille après et le prénom Columbia me sortira par les yeux. » Jude ne put s'empêcher d'éclater de rire tellement il trouvait l'idée absurde. Cette fille devait être prétentieuse, comme toutes les filles de ce monde qu'il avait rencontré. « Tu racontes vraiment n'importe quoi toi ! » dit-il en lui déposant un baiser sur le front. En entendant son père l'appeler, il se détacha de sa sœur pour descendre après lui avoir promis qu'il lui raconterai tout dans les moindres détails.


Le trajet s'était déroulé dans un silence total. Jude avait été étonné d'ailleurs. Il avait pensé que son père lui répéterait une énième ce qu'il devrait et ne devrait pas faire, or, pour son plus grand bonheur, il s'était tu. Enfin un peu de calme avait pensé le brun quelques minutes avant qu'ils n'arrivent à destination. En descendant, le jeune homme fut époustouflé. Il n'avait jamais imaginé que la demeure serait encore plus grande que la sienne. Les trois membres de la famille Campbell traversèrent la grande allée qui menait à l'omposante porte d'entrée. Ils attendirent quelques secondes après avoir sonné. Une femme leur ouvrit les priant d'entrer, ce qu'ils firent. Ils arrivèrent dans le grand salon où celle qui devait être la maîtresse de maison le salua en prononçant un « Enchantée Jude » plutôt chaleureux. Un sourire crispé s'afficha sur son visage, il essayait de le rendre le plus naturel possible lorsqu'il répondit à son tour. « Je suis également enchanté, Madame. » Cette phrase sonnait tellement faux à ses oreilles qu'il retenais une grimace de dégoût. Ses parents la saluèrent également et ils attendirent que la jeune femme descende. Jude n'étais pas réellement à l'aise avec cette situation et espérais que la soirée ne soit pas trop longue.

Jude attendait patiemment dans le salon que sa future femme arrive. A cette pensée, il eu des frissons lui parcourir la colonne vertébrale. Il était condamné à passer le reste de sa vie avec une femme qu'il n'avait même pas choisie. Il soupira intérieurement, ne souhaitant pas alerter les adultes se trouvant dans la même pièce que lui. Après quelques minutes d'attente, il entendit des talons claquer contre le parquet, signe que le jeune fille allait arriver dans la pièce. Avant qu'elle ne rentre, il détourna le regard vers la fenêtre, faisant mine d'admirer le paysage qui se présentait sous ses yeux. Il l'entendit saluer ses parents, et ne voulant pas paraître impoli, il se retourna pour lui faire face. Jude la regarda quelques secondes dans sa robe hors de prix, plongeant son regard dans le sien puis gêné, détourna le regard en même temps qu'elle jusqu'à ce qu'elle s'approche de lui pour lui serrer la main. Il fut légèrement soulagé de voir qu'elle était autant gênée que lui par la situation. Le jeune homme l'avait senti lorsqu'elle avait coupé court à leur poignée de main et par leur échange de regard plutôt désespéré. Ils étaient dans la même situation au final et Jude se décida alors de se montrer agréable avec Columbia. Cela ne lui coûterait rien et puis, s'il devait passer sa vie avec elle, autant qu'elle soit le plus agréable possible. Il suivit docilement les trois adultes qui se dirigeaient vers la grande table de la salle à manger, suivi de la gouvernante et Columbia. Il entendit parfaitement cette dernière rigoler et esquissa lui-même un sourire en coin. Il se disait que ce serait tellement plus agréable si ses parents n'étaient tant à cheval sur les règles. Une fois tout le monde installé, il s'installa à sa place, face à Columbia. Il releva son regard vers la jeune fille. Le repas s'annonçait long mais il fallait bien faire des efforts pour s'entendre. « On peut se tutoyer ? » lui demanda-t-elle avant de lui proposer de l'eau. « Bien sur on peut se tutoyer » répondit-il comme si c'était une évidence, en tendant son verre d'eau. Cependant, il n'eut pas le temps de voir son verre se remplir qu'il entendit la mère de Columbia s'exprimer. « Columbia, voyons ce n’est pas à toi de faire ça. Margareth tâchez d’être plus rapide. » Il se sentait à présent un peu plus mal à l'aise. Jude n'aimait pas le ton employé par cette femme envers la dite Margareth. Il n'était lui-même pas du genre à se faire servir comme le petit enfant riche qu'il était. Il avait pour habitude de ne pas vouloir se faire assister et se servait lui-même, ne voulant pas profiter de la gentillesse de sa propre gouvernante qu'il renvoyait gentiment à chaque fois qu'elle lui proposait, malgré que ses parents ne comprenaient pas cette réaction, ils le laissait faire. Surpris par les propos froids de cette femme, il releva son regard vers la gouvernante et lui lança un sourire désolé puis la remercia lorsqu'elle le servit. Décidément, la soirée n'allait vraiment pas lui plaire si l'ambiance était ainsi tout le long du dîner. Il reporta son regard sur Columbia, pensant que lancer une conversation ne leur ferait pas de mal. Ils allaient bien devoir apprendre à se connaître un jour, autant commencer maintenant. Voyant son air renfermé, il ne sut par quoi commencer, ayant l'impression qu'il allait avoir pour seul réponse, un regard noir. Jude pris son courage à deux mains et décida tout de même de prendre la parole. « Tu es à Town Square depuis longtemps ? » Il fronça les sourcils à sa propre question. A vrai dire, il n'avait rien trouvé d'autre à lui dire. Il aurait put lui demander quelles études faisait-elle, mais il était persuadé qu'elle ne lui répondrait pas à cette question, sans savoir pourquoi. Les adultes étaient très vite retournés à leur conversation et les deux plus jeunes devaient bien trouver un sujet de conversation. Jude était mal à l'aise mais essayait de le cacher, ne voulant pas montrer que ce mariage ne lui plaisait réellement pas. Il se détestait d'ailleurs de ne pas avoir trouvé de solution pour se sortir de tout ça. Le jeune homme n'avait rien trouvé de cohérent et dieu sait qu'il s'était creuser les méninges. Il avait pensé à toute sorte de situation insolite. En passant par enfermer ses parents dans la cave et les laisser périr à partir en Alaska, là où personne ne pourrait le retrouver. Il secoua légèrement la tête sachant très bien que ses pensées absurdes ne le mènerait nul part, excepté aux ennuis.

Jude n'avais qu'une envie, s'enfuir. Pas à cause de Columbia, au contraire, plutôt pour elle. Il la voyait aussi gênée que lui et cette vision ne faisait que renforcer sa rancœur envers ses parents. Plus le temps défilait, moins il avait envie de faire d'efforts pour eux. Le jeune anglais avait détourné un instant son attention de la jolie brune devant lui pour se concentrer sur leurs parents. Ils avaient repris leur conversation, comme si tout cela était tout à fait normal. Jude ne s'attarda pas, ne voulant pas faire éclater toute sa colère. Malgré tout, il restait positif, se disant que c'était pour sa sœur, même s'il savait qu'Emma était du même avis que lui. Il détourna son attention vers Columbia qui s'était décidée à  répondre à sa question, un simple « depuis quelques années. Et toi ? » qui le fit légèrement réfléchir. Il se demandait à présent comment elle avait atterri dans cette petite ville, ce qu'elle en pensait, si elle s'était bien intégrée, ce qu'elle faisait dans la vie. Ses pensées se bousculaient dans sa tête sans qu'il ne puisse les arrêter. Ce qui le perturbait le plus, c'est qu'il avait finalement envie de la connaître. Tous ses a priori étaient partis pour laisser place à de la curiosité. Columbia était loin de la fille superficielle à laquelle il s'était attendu.
« C'est joli ici, les gens sont attachants » Cette simple phrase suffit à sortir Jude de ses songes qui releva le regard vers Columbia, un sourire en coin s'affichant au bord de ses lèvres. Sans le savoir, elle avait résolu quelques unes de ses pensées. Il décida ainsi de sortir de sa léthargie, n'ayant même pas répondu à sa question. Il se retint de sa taper le front même si sa main le démangeait, d'ailleurs quelqu'un avait du le remarquer puisqu'il avait involontairement leva son bras pour l'abaisser aussitôt. « On est arrivés il y à peine quelques semaines. » Il marqua un temps de repos, comme s'il pesait ses mots. Il avait envie de lui dire la raison de leur arrivée à Town Square, mais il savait que si ses parents entendaient, ils ne lui ferait pas de cadeau. Il décida alors de rester banal pour la suite. « Le peu de personnes que j'ai rencontrées m'avaient l'air sympa, oui. »
A cet instant précis, il réalisa alors qu'il ressemblait à ces personnes à qui on avait fait un lavage de cerveau, qu'on avait conditionné d'une certaine manière et qui ressemblaient plus à des pantins qu'autre choses. Il observait Columbia attentivement et ne pu s'empêcher d'être en colère quand il vit une larme roulé sur sa joue. Jude faisait à présent attention à ses moindres faits et gestes et ne put s'empêcher de la détailler quelque peu. Ses cheveux bruns ondulés, sa peau sans aucune imperfection, ses yeux noisettes qui reflétaient de la tristesse et qui lui lançait un regard d'excuses. Il secoua la tête et impulsivement, s'empara de la main de Columbia pour lui montrer son soutien. Parce qu'après tout, ils étaient dans la même situation mais la fragilité soudaine de Columbia l'avait touché en plein cœur. Il jeta un regarda à leurs parents qui étaient en pleine discussion. Il se pencha légèrement vers la brune en face de lui. « Si tu veux tout savoir, j'ai qu'une envie, c'est de m'enfuir moi aussi. » En effet, il avait bien compris depuis quelques minutes qu'elle voulait la même chose que lui et il essayait alors de faire abstraction de tout ce qui les entourait pour se concentrer sur Columbia. Il avait murmuré cette phrase de façon à ce qu'elle soit la seule à l'entendre, puis, pour qu'elle se détende un peu, il avait continué dans sa lancée. « J'ai même penser à creuser un trou dans mon jardin, mais je me suis dis que ce n'était pas une si bonne idée. On m'aurait trop vite repéré ! » Il afficha un sourire rassurant, et légèrement fier de sa dernière phrase. Il ne voulait pas qu'ils se gâchent mutuellement la soirée, c'était déjà assez dur pour tous les deux. Jude regardait toujours la jeune fille dans les yeux et se dit qu'ils pourraient essayer de sortir de table, au moins pour quelques minutes. Il lui sourit une dernière fois avant de se retourner vers leurs parents. « Excusez-moi de vous déranger dans votre conversation. J'aurais aimé savoir si l'on pouvait se lever quelques instants, le temps pour Columbia de me faire visiter votre magnifique demeure ? » Jude n'aimait pas le ton qu'il avait employé mais il se devait de rester poli envers son hôte. Il jeta un regard à son père qui n'avait pas l'air contre cette idée, quant à sa mère, elle esquissa simplement un petit sourire. Peut-être avaient-ils l'impression qu'il approuvait enfin leur décision. En réalité, il ne pourrait jamais être d'accord avec de telles pratiques, qui le mettait hors de lui.

Cette sensation de soulagement était indescriptible. Jude avait eu la gorge nouée en attendant que sa future belle-mère se prononce. C'était une femme imposante, et le jeune anglais avait l'impression que rien ni personne ne lui échappait. Il s'était même attendu à ce qu'elle refuse en leur disant que ce n'était pas le moment, qu'ils auraient bien le temps plus tard. Après tout, la manière dont elle avait parlé à sa gouvernante prouvait à quelle point cette femme était hautaine et méprisante. Jude avait même retenu son souffle pendant quelques secondes, inconsciemment. Il espérait tellement que sa réponse soit positive pour enfin s'éloigner de toute cette mascarade. La première chose qui lui faisait vraiment envie, c'était de respirer l'air frais. Alors, lorsqu'il vit Madame Lively acquiescer, il sentit sa gorge se desserrer, l'air infiltrer ses poumons puis se déverser dans chaque cellule de son corps. Il sentait qu'il allait enfin pouvoir être libre de ses gestes et de ses paroles envers Columbia. Il se leva alors, remercia son hôte et lança un dernier regard à ses parents avant de quitter la pièce.

En suivant Columbia, il ne put s'empêcher de la détailler à nouveau ; et de se sentir idiot par la même occasion. Il ne la connaissait pas mais elle avait ce côté intriguant et fragile. Jude était certe très sociable mais n'avait pas pour habitude de vouloir faire connaissance à ce point avec une personne. Lorsqu'elle se retourna vers lui, il plongea son regard dans le sien. « Je suis vraiment désolée pour… » Il suivit son regard qui se dirigeait vers la salle à manger. Il secoua légèrement la tête pour montrer son désaccord. « Tu n'y es pour rien. C'est nos imbéciles de parents qui ont tout orchestré » Il sourit légèrement, puis se rendit compte qu'il venait d'insulter la mère de la jeune fille sans réellement le vouloir. « Enfin, mes parents sont des imbéciles. Je connais pas ta mère, je ne peut dire si c'est une imbécile ou pas... » Il passa sa main gauche derrière sa nuque. Geste instinctif lorsqu'il se sentait gêné. C'était le cas en ce moment. Il était toujours en train de dire des choses qu'il ne fallait pas devant les personnes qu'il ne fallait pas. Un rire nerveux s'échappa de sa bouche alors qu'il relevait le regard vers la jeune fille qui n'avait pas du tout l'air énervé contre lui. Le voilà rassuré, il n'allait pas se faire chasser à coup d'escarpins de cette maison. Ou plutôt manoir. « Désolé, mes paroles dépassent mes pensées des fois... » Il lui sourit sincèrement puis détourna le regard vers la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Il n'avait pas réellement fait attention lorsqu'il était arrivé, trop occupé à fuir le regard des adultes présents dans la pièce, mais, ce salon était très moderne. En réalité, s'il n'avait pas regardé, c'est que ça lui était bien égal. La décoration et lui faisaient dix mille et cela n'était pas prêt de changer.

« Je parie que tu t’en fiches pas mal de ma maison. » Jude eu l'impression qu'elle avait lu dans ses pensées. Même s'il n'était pas compliqué de déduire qu'il n'en avait rien à faire du nombre de pièces de la maison, d'où venait telle ou telle céramique ou encore le nom des fleurs qui ornaient le jardin. Non, il est vrai qu'il n'était réellement pas intéressé par la maison. Il sourit alors tendrement à Columbia et ne put s'empêcher de se moquer gentiment d'elle. « Bonne déduction Sherlock ! » Son sourire ne s'effaça pas, voulant signifier à Columbia qu'il était toujours comme ça et qu'elle finirait sûrement par s'habituer aux bizarreries de Jude. Après tout, il ne fallait pas oublier qu'ils allaient être mariés et que pour cela, ils allaient devoir se supporter.

Il la suivit alors lorsqu'elle se dirigea vers ce qu'il supposait être sa chambre. Il ne la quittait pas, ne voulant pas se perdre et se retrouver dans la cave ou le grenier. Son idée se conforta lorsque Columbia poussa une porte et qu'il rentra après elle. Il n'avait pas pour habitude de rentrer dans la chambre d'une fille qu'il connaissait à peine, se sentant très vite gêné, mais après ce qu'ils avaient vécu dans la salle à manger, il se disait que rien ne pourrait être plus gênant. C'était d'ailleurs probablement la situation la plus embarrassante de sa vie. Heureusement que la soirée s'améliorait, il n'aurait pas tenu des heures ainsi. En voyant Columbia ouvrir une grande baie vitrée et se diriger vers l'extérieur, il la suivit, découvrant le balcon de la chambre. Il fut soulagé de pouvoir enfin respirer l'air extérieur. Il s'appuya sur la barrière après avoir franchi la porte et détourna son visage vers celui de Columbia et il l'écouta se confier un peu à lui. « J’aime venir ici, ça me libère un peu de ma mère. » Il lui rendit son sourire, heureux d'enfin pouvoir parler librement avec elle sans être épiés. « Je dois te paraître bizarre de te parler comme ça, je m’excuse. » Il secoua la tête. Il ne la trouvait en aucun cas bizarre et elle devait se sortir cette pensée de la tête. Il ancra son regard dans le sien pour lui sourire tendrement. « Ne racontes pas n'importe quoi. Je ne te trouves pas bizarre du tout. » Il voulait ajouter autre chose mais ne savait pas comment tourner sa phrase. Aussi étrange que cela puisse paraître, il avait cette sensation qu'il pouvait tout dire à Columbia sans qu'elle ne le juge ou qu'elle ne parte en prenant ses jambes à son cou. Il se sentait tout simplement en confiance et il avait envie qu'elle ressente le même sentiment que lui. « Tu sais, le plus bizarre dans cette histoire, c'est cette rencontre » il sourit légèrement avant d'ajouter « Avant de te rencontrer, je pensais que tu allais être une de ces filles qui ne pensent qu'à leur apparence et qui cherchent à tout prix à se faire un nom dans la société. » Il sourit tendrement à Columbia mais continua de parler. Il avait besoin de lui dire ce qu'il pensait pour qu'ils puissent enfin faire connaissance. Ce qu'il mourait d'envie. « Mais, il est clair que je me suis trompé, tu n'es pas du tout comme ça et je suis rassuré. Si on doit passer notre vie ensemble, autant que ce soit avec quelqu'un qui partage les mêmes opinions que moi. » Il se retient de dire qu'en plus il l'a trouvait magnifique, pensant que ce serait déplacé. Il se retourna pour admirer la vue que lui offrait le balcon. Il n'était pas déçu. Il avait toujours apprécié les choses simples, et le coucher de soleil qui lui faisait face était une des choses qu'il adorait regarder. Au fond, Jude était un cœur tendre et c'est pour cela qu'il avait du mal à accepter ce mariage. Il avait toujours cru qu'il choisirait lui-même sa future femme.

Le milieu dans lequel il avait évolué n'avait fait perdre la raison à Jude. Le jeune homme avait toujours gardé les pieds sur terre malgré tout. Il n'aimait pas leur milieu superficiel et n'avait en aucun cas voulu ressembler à ces fils à papa qui le regardait de haut lorsqu'il ne prenait pas part aux conversations ou qu'il ne s'intéressait pas aux personnes les plus influentes. Non, Jude n'était pas comme cela. Il avait un bon fond, et la plupart du temps il était à l'aise avec les autres. Excepté ce soir. Du moins, pour le début de soirée. Plus la soirée avançait, plus il se sentait à l'aise avec Columbia. Il lui lançait encore un regard tendre tout en l'écoutant parler. Il ne s'en rendait même pas compte. C'est comme si le destin leur avait joué un tour, que même s'ils s'étaient rencontrés dans des circonstances réellement bizarres et tendues, au final, ils étaient faits pour se rencontrer.

« J’ai aussi cru que tu allais être comme ça. Enfin, comme la plupart des gens de notre milieu. A croire que l’argent fait perdre la tête. ». Il sourit encore une fois. Décidément, depuis qu'ils avaient quittés la salle à manger, il n'arrêtait pas de sourire. Le fait de se retrouver seule avec Columbia jouait sûrement beaucoup, sans la pression de leurs parents, il était beaucoup plus facile de se détendre. Il remarquait que Columbia se détendait aussi, ce qui lui fit penser qu'elle ressentait la même chose que lui. C'était assez rassurant. Il l'écoutait attentivement, attendant qu'elle ait fini pour reprendre la parole. « Je suis contente de ne pas te décevoir sur ce point alors. » Il voulut ajouter que pour l'instant, elle ne la décevait sur aucun point mais il la vit se baisser pour enlever ses chaussures. C'est à ce moment qu'elle se mit à rire sans que Jude ne comprenne quoi que ce soit. Il s'imagina tout un tas de scénarios. Il pensa d'abord qu'elle s'était fichue de lui, qu'en fait elle cautionnait le mariage, qu'elle ne s'intéressait qu'à l'argent. Tout cela en quelques secondes seulement. Il lui arrivait de parfois s'imaginer trop de choses. C'était probablement ses études de droit qui déteignaient sur lui. A force de faire des plaidoyers, il finissait par lui-même se poser trop de questions et arriver à des conclusions un peu trop hâtives.

« Tu devrais demander le divorce, une femme doit toujours porter ses talons face à son mari. » Jude la regarda, légèrement surpris. Il s'attendait à tout, sauf à ça. « Pardon, je dis n’importe quoi. » avait-elle ajouté. Il se rendit compte qu'il avait du faire une tête plus qu'étrange puisqu'il l'a vit baisser la tête timidement. A ce moment, il reprit ses esprits. « Quoi ? On est même pas mariés que tu parles déjà de divorce ? On est bien partis pour être le couple de l'année ! » Jude se mit à rire légèrement, surtout pour montrer à Columbia qu'elle n'avait pas à être timide comme cela. Jude voulait qu'ils se fassent un peu plus connaissance. Comme s'il n'avait plus la notion du temps, ou que ce dernier s'était tout simplement arrêté. Il aurait voulut la serrer dans ses bras pour lui faire comprendre qu'il était là, qu'elle n'avait pas à faire de manières avec lui, qu'elle avait juste à être elle-même et qu'il l'accepterait telle qu'elle était.

« Je savais que ma mère avait un penchant pour les bruns aux yeux bleus. » Le jeune homme sourit légèrement, au même moment que Columbia. « Elle a fait un très bon choix. » D'accord, là, Jude était figé. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle lui dise quelque chose comme cela. Il ancra son regard dans le sien, ne voulant pas fuir cet instant. Elle venait implicitement de lui dire qu'elle le trouvait attirant. Jude était, au fond, heureux de l'entendre, mais, ne savait quoi lui dire. Des milliers de phrases s'offraient à lui. Ils étaient loin du moment ou Columbia avait descendu les escaliers. A présents, ils étaient au temps des confessions et c'est ainsi que Jude su ce qu'il allait dire. « Mes parents ont toujours connu mon genre de filles ». Sous-entendu, 'tu es mon genre de fille Columbia'. La subtilité n'avait jamais été le fort de Jude et il le savait. La plupart du temps, il ne tournait pas autour du pot. Avec Columbia, il ne pouvait pas lui dire clairement qu'elle lui plaisait, vu la situation. Il lui sourit tendrement. Encore. Finalement, ils étaient beaucoup mieux sur le balcon de sa chambre que dans la salle à manger. Jude se dit, dans un moment de folie passagère, qu'ils devraient installer une table et dîner ici tous les deux. Au moins, ils seraient tranquilles.

Un rire raisonna dans la tête de Jude. Celui de Columbia. Elle l'avait laissé échappé, sans qu'il ne s'y attende. Son cerveau s'était empressé de l'imprimer, de l'ancrer dans ses souvenirs pour ne plus en sortir. Il se surprenait lui-même à avoir ce genre de réaction. D'habitude, il se contentait de parler poliment, de faire connaissance si la personne était intéressante et surtout, il se méfiait beaucoup. Pas de la méfiance à un niveau international, juste ce qu'il faut. Jude aimait vérifier qu'on ne se serve pas de lui pour atteindre son entourage. Le pouvoir attirait, tout comme l'argent, et le jeune homme avait appris avec le temps qu'il fallait se méfier de certaines personnes. Or, le problème avec Columbia – qui n'en était pas réellement un – c'est qu'elle se retrouvait dans la même situation que lui. Un sentiment de soulagement empara Jude en voyant Columbia relever la tête. Aussi étrange que cela puisse paraître, il aimait se plonger dans son regard. Cette envie de la connaître un peu plus prenait tout son sens lorsqu'il regardait ses prunelles. Ce sentiment était étrange, il voulait essayer de la chasser, ou du moins de le cacher.

« C’est déjà un bon point. » Heureusement pour lui d'ailleurs. Il ne se voyait pas passer sa vie avec une fille qui ne lui plaisait pas. Jude secoua la tête intérieurement. Il ne devrait pas penser à cela, il divaguait légèrement. Ils s'étaient rencontrés il y à quelques heures et il se mettait déjà à penser des choses qu'il ne devrait probablement même pas envisager. Il était troublé. Pourtant, elle avait raison, c'était un bon point. Un nouveau sourire éclaira son visage en guise de réponse. Ce n'était pas le moment de s'attarder sur ce point, Jude préférait même éviter la question pour l'instant.

Cependant, il ne pouvait s'empêcher de se demander comment et pourquoi la mère de Columbia voulait la marier. Le point de vue de ses parents, il le connaissait, même s'il ne le cautionnait pas, il avait compris leurs raisons. Columbia, elle, semblait brisée ; que ce soit par l'annonce des fiançailles ou par autre chose, il l'ignorait. Ce qui le troublait un peu plus encore, c'est qu'il pouvait ressentir sans problèmes ce qu'elle ressentait. Pas entièrement, c'est sûr, mais elle n'arrivait pas à cacher tout ce qu'elle ressentait. Ce simple détail était perturbant. Il voulait la prendre dans ses bras pour lui faire oublier. Peu importe ce que c'était. « Ça te fait peur à toi ? » Il fronça les sourcils. Ne sachant pas où elle voulait en venir. « Le mariage je veux dire.. Enfin, les fiançailles. » C'était donc ça. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il n'avait pas peur. Premièrement, ce n'était dans ses habitudes d'avoir peur et deuxièmement parce qu'il préférait ne pas penser à toute cette histoire. Il n'eut même pas le temps de répondre que Columbia avait déjà repris la parole. « Personnellement, je suis morte de trouille… »

Sa bouche se transforma en moue à ces paroles. Il l'effaça rapidement, ne voulant pas qu'elle le remarque. La voir si vulnérable lui fit mal au cœur. Ses yeux étaient mouillés lorsqu'elle se retourna vers lui en avançant légèrement. Jude s'approcha encore plus de Columbia. Il voulait réellement la protéger, et surtout aller voir leurs parents pour leur dire leurs quatre vérités. La dernière proposition était impossible, mais la première était tout à fait réalisable. Naturellement, il releva sa main droite pour la poser sur la joue de Columbia et passer son pouce sous son œil où une larme avait fini par s'échapper. « Je n'ai pas peur. Je dirais surtout que je suis en colère, et peut-être un peu perdu, mais tu ne devrais pas avoir peur non plus. Je serai là pour toi, toujours. » C'était une promesse qu'il venait de prononcer sans vraiment s'en rendre compte. Il pensait ce qu'il disait. Dans un geste tendre, il se rapprocha un peu plus de Columbia pour la prendre dans ses bras, voulant lui montrer que ces paroles n'étaient pas dites juste pour la rassurer. « Je voudrais que tu me promettes une chose. Quand tu sens que tu ne vas pas bien, que tu veux parler de tout ça, préviens-moi. Je sais que c'est peut-être bizarre parce qu'on ne se connait pas vraiment, mais je n'ai pas envie de te savoir triste. » Il sourit légèrement. « Je préfère quand tu souris. » Une de ses mains passa machinalement dans les cheveux de Columbia, voulant la rassurer un peu plus.

On avait souvent répété à Jude qu'il était très fort pour écouter les autres, qu'il ne jugeait pas et que ses conseils se révélaient parfois très bons. Lui n'avait jamais fait attention à ces réflexions. Il prenait la vie comme elle venait, et les problèmes qui allaient avec. Sans que les autres ne s'en rendent vraiment compte, il arrivait la plupart du temps à connaître la vérité. Jude posait les questions qu'il fallait au bon moment, il essayait de détendre l'atmosphère avec des petites blagues au second degré ou encore avec son sourire charmeur dont lui seul avait le secret. Il n'aimait pas être le centre d'attention, ce qu'il voulait réellement était de faire sourire les personnes qui l'entouraient.

En voyant Columbia si démunie, il s'était senti prêt à tout pour lui redonner le sourire – telle une force centrifuge qui le poussait à faire ressortir ce côté doux qu'il possédait en lui. Jude n'avait pas pour habitude de montrer cette facette de lui à tout le monde. Généralement, c'est surtout sa sœur qui en faisait les frais, surtout ces derniers temps. En grand frère protecteur qu'il est, il n'était pas résigné à laisser Emma faire face à cette épreuve seule. Il était celui qui avait été là pour la première échographie, pour l'annonce à leurs parents. Il avait l'habitude de prendre soin des autres plus que de lui-même. Non, ce n'était pas quelque chose qu'il pouvait contrôler, au contraire.

Les filles qu'il avait rencontré auparavant n'était pas comme Columbia. Ces filles-là ne lui donnait pas l'envie de les protéger, de se battre contre leurs parents, de les connaître réellement ou de les consoler face à une détresse flagrante. Lorsqu'il rencontrai une fille, Jude faisait attention à elle en bon gentleman, que ce soit une amie ou encore sa petite-amie, malgré qu'il n'ai jamais vraiment connu le grand amour. Le spectacle qui se jouait devant ses yeux le laissait perplexe. Le jeune anglais n'aimait pas voir les larmes couler le long des joues si parfaites de Columbia. Il laissait toujours sa main caresser doucement les cheveux de cette dernière, ne voulant pas rompre le contact tellement il se sentait apaisé à présent. Toute trace de colère s'était envolée pour laisser place à un bien-être inconnu qui était venu s’immiscer dans son organisme.

« C'est psychologue que tu devrais faire. » La douce voix résonnait dans sa tête comme une mélodie. Son rire restait une fois de plus dans sa mémoire et il ne put se résoudre qu'à esquisser un large sourire, se détachant un peu d'elle pour regarder ses prunelles chocolat. Il n'avait jamais penser à s'orienter vers la psychologie, n'ayant d'autre choix que de s'orienter vers la faculté de droit. « Si j'avais le choix, je ne serais pas en droit et je n'irais pas non plus vers la psychologie. » Ou comment sous-entendre que les études qu'il fait ne lui plaisent pas et qu'elles ont été choisies pour lui. Il se rendait compte que peu à peu, il finissait par se dévoiler à Columbia. Jude ne bâtissait aucune barrières contre elle. Il venait de lui avouer qu'il n'aimait pas les études qu'il faisait et il se demandait si elle allait lui demander ce qu'il souhaitait réellement faire. Les métiers de la scène étaient des métiers difficiles, seuls les meilleurs réussissaient. Il se dit alors que lui dire que son rêve était de grimper sur les planches anéantirait tout. La peur qui lui prenait les tripes était qu'elle lui rit au nez. Il ne voulait pas qu'elle détruise le peu de confiance qu'il avait en lui comme ses parents l'avaient fait.

« Je le ferais » promit-elle. Son sourire s'élargit un peu plus, heureux qu'elle ne lui dise pas que ce n'était que des paroles en l'air. Ce n'en était pas. Jude ne pourrait plus dormir s'il lui arrivait quoi que ce soit et qu'il n'avait rien fait. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il voulait faire partie de sa vie. En simple ami, amant, mari. Il est vrai qu'ils devaient se marier alors qu'il pense ceci était un peu ridicule, pourtant, il ne voulait pas se résigner à seulement faire plaisir à ses parents en l'épousant. Si leurs vies devaient être liées, il voulait en savoir plus sur elle.

« Merci beaucoup Jude. T'étais pas obligé... » Jude sourit une nouvelle fois. Puis la seconde d'après, il se claqua mentalement. Il devrait réellement arrêter de sourire bêtement. « Je suis contente que ça soit toi. » Ces paroles eut pour effet de gêner Jude qui laisser traîner son regard vers le sol. Il ne savait pas comment lui expliquer qu'il ne se forçait pas avec elle, malgré les circonstances, et que tout ce qu'il disait ou faisait était naturel. Tout simplement, il n'arrivait pas à lui expliquer qu'elle était l'une des rares personnes avec qui il se sentait capable de faire ressortir sa personnalité. Ses yeux se relevèrent pour regarder Columbia. « Je n'étais pas obligé, mais j'en avais envie. » Ses yeux bleus reflétaient la sincérité et personne n'aurait pu remettre ses pensées en doute. « Et moi, je suis content que tu ne sois pas une pimbêche. » Un sourire en coin, il s'empressa d'ajouter « enfin, je suis content que ce soit toi aussi, et pas une autre. »

Sans savoir comment, ni pourquoi, Jude se dit qu'ils devraient s'amuser un peu. Pour passer le temps, mais surtout pour se changer les idées. Un air malicieux prit directement place sur son visage alors qu'il ne quittait pas la jeune fille du regard. « J'ai une idée... » Il prenait son temps, observant chaque réaction passant sur le visage de la brune qui lui faisait face. « Si on jouait un peu ? » C'est vrai que dit comme ça, elle aurait pu le prendre pour un fou, ou bien un grand enfant qui voulait faire un jeu de société. Non, il avait une autre idée derrière la tête. Le jeu était risqué mais en valait la chandelle.

C'était tellement étrange que Jude ne s'y faisait pas. Il avais l'impression que tout cela était rapide et pas assez à la fois. Comment, en quelques heures, il pouvais ressentir de telles choses pour une seule et même personne ? Il ne saurais même pas le décrire, tant ça le dépassait. Plus il la regardais, plus il la trouvais attachante. Et séduisante. Sans qu'elle s'en doute, elle l'était. Columbia était un mystère pour le jeune homme, mais, plus il lui parlait, plus il arrivait à la cerner. Pas entièrement bien sur, il ne pourrait jamais la connaitre totalement en une seule soirée, mais le simple fait qu'elle s'ouvre un plus à Jude, lui permettait d'y voir un peu plus clair. La soirée n'était pas terminée, certes, et malgré le début catastrophique, il espérait qu'elle se termine sur une bonne note. Pour le moment, aussi bizarre que cela puisse paraître, il espérait qu'elle ne se termine pas. Alors qu'il sortait tout un tas de bêtises, il l'entendit rire, ce qui le fit lui-même sourire.

Sans qu'elle n'ai eut à dire quelque chose, Jude était parti sur cette idée folle de faire un jeu. En réalité, ce n'était pas tellement un jeu, mais lui le prenait comme tel. « Tu me fais peur là. » Ce n'était pas le but de Jude de lui faire peur. Tout ce qu'il voulait c'était pimenter un peu cette soirée, pour la rendre encore meilleure. L'ambiance en salle à manger devait être froide et monotone, alors de leurs côtés, ils avaient bien le droit de profiter. Le ton qu'avait employé Columbia était à l'image de sa phrase. Il n'avait pas voulu l'apeuré en lui proposant cela, juste à ce qu'ils passent une meilleure soirée. Pour cela, il fallait qu'elle accepte. Ce n'était pas gagné, mais il ferait tout pour la convaincre. « Pardon, je t’écoute. C’est quoi les règles, ? » Les règles ? Mince, il n'y avait pas vraiment de règles. « En fait, il n'y a pas vraiment de règles. » Il se pinça les lèvres, lança un regard vers la rambarde du balcon et repris. « Ou alors, la règle c'est d'arriver le plus vite en bas ? » Jude sourit à Columbia. Pourtant il devait l'avoir un peu plus effrayée avec ses phrases, ou soi disant règles, qui n'avaient pas de sens. « J'avais dans l'idée qu'on puisse sortir d'ici. La meilleure idée serait de sortir par la porte... » Il se pencha vers la rambarde pour regarder vers le bas. « Parce qu'on peut passer par le balcon, mais je ne donne pas cher de nos pauvres corps après. » Voilà comment effrayer une fille. Malgré qu'il souriait, Jude ne savait pas s'il avait été clair dans ce qu'il disait. Il pouvait parfois se perdre dans ses pensées. Il était peut-être en étude de droit, et se débrouillait pas mal, ce n'était pas pour cela qu'il était fait pour être avocat. En regardant Columbia, il ne savait si elle était d'accord ou non avec son idée. C'est vrai que c'était risqué de vouloir partir en plein milieu du repas. Non, en début de repas même puisqu'ils n'avaient techniquement pas commencé. Il espérait juste qu'elle ne le prendrait pas pour un fou. Ils se connaissaient à peine et il lui proposait de s'enfuir de ce repas. « Si tu n'es pas d'accord, je comprendrais. On trouvera autre chose à faire. » Jude sourit pour rassurer la jeune femme, lui montrer qu'il ne l'obligeait à rien. Parce qu'après tout, si leurs parents se rendaient compte qu'ils étaient partis, ils auraient droit à un savon. Ce ne serait sûrement pas beau à voir. Pourquoi Jude se mettait toujours dans de telles situations ? Il lui arrivait souvent de parler trop vite, d'exposer ses idées et réaliser qu'elles pouvaient ne pas être si bonnes. C'est un de ses côtés qui faisait souvent rire les autres. Sans le vouloir, il arrivait à faire rire les autres. Columbia allait sûrement finir par se moquer elle aussi parce que Jude faisait une tête à la fois désespérée et à la fois désolé. Il appréhendait la réaction de cette dernière, se demandant si elle allait adhérer à son idée ou juste lui rire au nez en lui disant que son idée était ridicule. Jude espérait au fond de lui qu'elle adhérerait. Parce que de un, il voulait passer du temps avec Columbia en dehors de cette atmosphère pesante, et de deux, il se sentirais ridicule. Enfin, il parait que le ridicule ne tue pas. On verra bien l'effet qu'il aura sur Jude.