Ça n’a pas été facile de quitter New York, ma vie là bas, mon boulot, Luka... j’ai dû quitter tous mes amis, rencontrés par la danse ou par d’autres moyens. Mais c’est pour la bonne cause. Et puis, ‘ai l’habitude maintenant. De la Russie jusqu’à l’Amérique, et de New-York jusqu’ici. Maintenant, reste à trouver mes marques. Appartement loué, tchek, au moins, il est meublé, pas besoin de se farcir les magasins de meubles en kit. C’est toujours ça. Bon, il reste quand même à remplir le frigo, ça c’est une autre histoire. Heureusement, le propriétaire de l’appartement a laissé l’abonnement internet, et je peux me renseigner un peu sur la ville qui vient de m’accueillir. Enfin m’accueillir, tout est relatif, je ne lui ai pas laissé le choix.

«Ecole de danse. hum.». Oui, je parle souvent toute seule quand je suis chez moi. Ne vous inquiétez pas, mon psy m’a dit que ce n’est pas une forme de folie. Parfois j’en doute. Je continue mes recherches sur les cours de danse que je pourrai éventuellement prendre. A New York, il y a beaucoup d’école de danse, beaucoup de cours, souvent individuels, pas besoin de s’y inscrire à l’année. On choisir quel court on veut prendre, et premier arrivé premier servi. Je ne sais pas trop si c’est la même chose ici. «Le mieux, c’est d’aller voir, en route !». Je me lève et enfile ma veste en cuir, mes bottes à talon, et hop, direction l’école de danse. Je demande quelques fois ma route à quelques habitants. Ils ont l’air sympa. J’arrive enfin à destination. J’entre et cherche l’accueil, pas très ben indiqué, je demande alors à une jeune femme qui passait par là.

«Hey ! Je cherche quelqu’un qui peut me renseigner sur cette école, tu sais où j’dois aller ?». «Tu connais pas cette école ? Même pas de réputation ?». Ok, je dois rougir là ? Je hausse les sourcils. Ça a l’air tellement évident pour elle. «Euh, non... désolée. J’irai sûrement en enfer pour ça !». Elle lâche un rire. Je ne sais pas s’il est moqueur ou amusé. J’esquisse un sourire. «Tiens, vas voir là bas, la 2eme porte, ils devraient pouvoir te renseigner !». Je la remercie et file direct là où elle vient de m’envoyer. Je frappe et entre, à la recherche de renseignements. «Bonjour, je cherche quelqu’un pour me renseigner sur cette école ?!» «Oui que voulez vous savoir ?» «Euh, tout, enfin, comment ça fonctionne ? On prend une carte on choisit ses cours ?» «Ah non mademoiselle, ici c’est une ECOLE de danse, non un studio de danse. Ici on s’inscrit, on passe des auditions, et si on est pris on prend des cours.». «Je vois. Et je peux encore m’inscrire ?». La vieille dame me donne un paquet de papiers et me dit d’une voix sèche. «Attention mademoiselle, c’est une école réputée, l’inscription coûte cher, et tout désertage au milieu de l’année vous donnera droit à l’exclusion définitive. Lisez le règlement avant de remplir le dossier.». Je me redresse un peu, et avec un micro sourire je lui réponds «Oui chef !» avant de sortir de la pièce. «Et bah, ça rigole pas ici !». Je regarde les papiers dans mes mains, hésite un moment, et finis par m’asseoir dans un canapé au milieu du grand hall lumineux. C’est partit pour la lecture du règlement. Après presque une heure, papiers remplis, cheque signé, je retrouve ma ‘copine’ au même endroit que tout à l’heure. «Encore vous ?» «Et oui ! Et j’espère que ce ne sera pas la dernière fois !» Je lui tends mon dossier, qu’elle feuillète rapidement. «Vous avez mis un CV ?» «Oui.» «Très bien, la directrice ou son fils prendront part de votre dossier. S’ils estiment qu’il est bon, ils vous appelleront pour une audition.». D’un signe de tête je lui fais comprendre que j’ai tout compris. «Merci.». Elle grogne quelque chose et je referme la porte derrière moi, un petit sourire amusé au bord des lèvres. «Je pense que je viens de me faire une copine !».

En sortant, je croise un charmant jeune homme métisse asiatique avec qui j’échange un sourire. C’est à peine 3 heures plus tard, tranquillement étalée sur mon lit à pianoter sur mon ordinateur, que je reçois un coup de téléphone d’un numéro inconnu. Je décroche. Une voix masculine me propose de venir auditionner dans 1h à l’école de danse pour défendre ma place à l’intérieur de celle-ci. J’accepte. Evidemment. Et 1h plus tard, me voilà devant la salle d’auditions. Le trac monte, comme toujours. Je pense à ma mère, et à tout un tas de choses. On m’appelle, je monte sur scène. Dans l’auditorium, un jury composé de 5 personnes, les yeux rivés sur moi. Je prends une grande inspiration et fais signe au régisseur de lancer la musique. Je me lance. Une chorégraphie de mon invention, commençant par de la danse classique, puis quelque chose de plus ‘street’. Je ne sais pas si ça va plaire, mais c’est ce que j’aime, ce que je sais faire. Je ne suis pas juste une danseuse, je vis ma passion à fond...