Mon rire cristallin résonne dans toute la rue. Je sens que mon coeur est léger, je me sens bien, simplement bien. Mon père me sourit et me regarde comme si j’étais la 8ème merveille du monde. Cette fois je pique un léger fard et baisse les yeux un peu timidement. Je sens toute la fierté dans son regard, et je sais que jamais je ne pourrai me sentir aussi bien qu’à cet instant. Il passe son bras sur mon épaule et dépose un baiser sur mes cheveux bruns. «Tu ressembles beaucoup à ta mère, n’est-ce pas ?». Je me contente de hocher la tête. C’est vrai qu’on me l’a souvent dit, et je tiens mes yeux d’elle. Ceux de mon père sont bleus aussi, mais pas aussi clairs, et pas aussi puissants. Je passe mon bras dans son dos, et nous marchons côte à côte. C’est étrange comme je me sens accomplie, un bien être inouï m’envahit, c’est comme si j’avais attendu ça toute ma vie...

Mon téléphone sonne et je me réveille en sursaut, une sueur froide coule le long de ma tempe. J’ai fait encore de même rêve, celui que je fais depuis des années. Le coeur encore battant, je décroche le combiné et réponds d’une voix encore à moitié endormie, et à moitié sonnée par ce réveil brutal. «Mmoui ?». Je n’ai même pas eu le temps de voir qui était l’appelant. Mais lorsque celui-ci prononce mon prénom, je sais déjà à qui j’ai à faire. «Teeghan...». Je ne sais pas tout à fait déceler si l’air de mon indic est grave, ou s’il est plutôt enjoué. Ce qui est sûr c’est que le temps qu’il met pour annoncer la suite est bien signe qu’il veut mettre dans son discours une once de suspense. «Quoi Stan quoi ? Accouche putain !». Stan est un ami russe que je connais depuis le collège. Il est sûrement le seul ami que j’ai gardé de cette période là. Avec lui ça a toujours été je t’aime  moi non plus, mais on n’est jamais sortis ensemble. Simplement de l’amitié. Et même si nos vies ont pris des chemins différents, elles ne se sont pas séparées pour autant. Stan est fils de flic, et c’est grâce à ça qu’il est rapidement devenu mon indic numéro un quant à la recherche de mon paternel.

«ça y est, j’ai son adresse.». Je reste bloquée quelques secondes, silencieuse, la bouche grande ouverte. «Tu... tu déconnes ?». Ça fait exactement 3 mois que j’ai posé mes valises dans la petite ville de Town Square, juste parce que Stan m’avait dit que mon père habitait là. Et même si c’était une petite ville, je ne connaissais de lui que son prénom, impossible donc d’en savoir plus et de le chercher à travers la ville. Je l’ai peut être déjà croisé,mais je ne sais pas à quoi il ressemble. «Ok donne ! Je vais y aller aujourd’hui.». Ça fuse dans ma tête, j’imagine tout un tas de choses. Mais après avoir raccroché, je reste quelques minutes dans mon lit, bloquée, pensive. Après une grande inspiration, je me décide à aller me préparer.

Quelque chose de simple, pas trop gothique, pas envie de lui faire une mauvaise première impression. En même temps, ce serait bête de ne pas être moi même. J’opte alors pour quelque chose qui me correspond mais qui n’est pas non plus ‘trop’.

10h35, devant la maison des Fields.

Je prends une grande inspiration. Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je me sens à la fois faible et sur excitée. Et si je ne lui plaisais pas ? et si c’était pas lui ? Et s’il ne se souvenait plus de ma mère ? Et si c’était sa femme qui m’ouvrait ? Et s’il était mort ? Je chasse toute ces pensées, ou du moins j’essaie, et j’appuie sur la sonnette. Le bruit intérieur retentit et je ferme les yeux un instant comme pour me recentrer. Le bruit de la porte qui s’ouvre me fait revenir sur terre, alors que je découvre un jeune homme, posant ses pupilles bleutées sur moi. Je suis désarmée, je m’attendais à me retrouver face à un homme d’une cinquantaine d’années, pas à une jeune homme d’une vingtaine passée. Je préfère ne pas imaginer qui il pourrait être pour mon père, s’il était son fils ? Mon frère ? Teeghan calme-toi. «Je.. bonjour je...». Je prends une nouvelle grande inspiration. «Je viens voir Timothy Fields.» Cette phrase est sortie d’une traite comme si je l’avais apprise par coeur. Le ton de ma voix est stressé, et je sens que mes jambes ne me tiennent qu’à moitié. Mes mains tremblent, j’ai peur de ce qu’il va me répondre. Impossible de dire le sentiment qui se dégage de ce jeune homme en me voyant aussi désarmée. Mais rapidement il met fin à ma souffrance en me disant que l’homme on question - mon père - n’est pas là pour l’instant. J’ai envie de crier, de hurler, de pleurer, de lui demander si je peux l’attendre à l’intérieur. Mais au lieu de ça, je lâche un «Oh. Je vois. Merci.» d’un air complètement désemparé. Etre si près du but et à la fois si loin, c’est comme si mon chateau de carte était en train de se faite balayer d’un coup de vent.

D’un coup, je sens que mon ouïe se trouble, mon coeur s’accélère et ma vision devient presque floue. Ma tête tourne, je suis au bord du malaise. Le trop plein d’émotions sûrement. Je m’appuie d’une main sur le mur de la maison, en espérant que ça passe rapidement, mais ça n’a pas l’air de vouloir passer aussi rapidement que je le voudrais...

Assis dans le canapé, je zappe de manière totalement nonchalante les chaînes de la télé. Je ne suis pas chez moi, mais dans la maison de mon enfance. Mes parents sont partis en vacances pour deux semaines et ils nous ont demandé de veiller sur la maison en leur absence. Comme nos appartements respectifs sont un peu petit et que l’on aime toujours autant la maison où nous avons grandi, Luna, Naël et moi avons décidé de passer notre weekend ensemble ici. Comme lorsque nous étions plus jeunes. Une soirée film, pizza et bières a déjà été programmer. Je sais par avance que l’on va discuter toute la nuit. Parce que c’est ce que nous avons l’habitude de faire tous les trois. Il y a quelques années, on passait notre temps à nous chamailler. Désormais on a du mal à rester séparer plus de deux semaines. Nous sommes très fusionnels et on se dit tout. Réellement tout. Ils ont été les premiers à savoir que la belle interne que j’avais rencontrée n’était en fait que la petite amie de mon meilleur ami. Ils avaient été les premiers à juger également. Malheureusement. Depuis mon petit frère avait changé d’avis, mais pas ma sœur. Pourtant, je sais que ce soir c’est elle qui va ramener ce sujet sur le tapis. Il va falloir que je leur parle encore de tout cela. Mais ils me parleront de leur vie privée également. On passera une bonne soirée c’est certains. D’ailleurs ma sœur vient s’asseoir sur l’accoudoir du canapé à côté de moi. On discute un peu et elle décide d’aller prendre une douche. Deux secondes après, c’est mon frère qui finit par me rejoindre. Il se laisse littéralement tomber dans le canapé et on décide de faire une partie de jeu vidéo.

« Les gars vous voulez pas arrêter un peu. J’en ai marre de tourner en rond dans la maison. » Je lève les yeux vers Luna qui nous regarde les mains sur les hanches. Elle ressemble à maman lorsqu’elle nous parle comme cela. Je rigole et lance un regard à Naël pour qu’il comprenne que l’on doit arrêter. On se retrouve alors tous les trois dans le canapé, tous affalés les uns sur les autres, comme toujours. Alors que Luna lançait un sujet de conversation, je vis mon frère commencer à regarder mon bras. Il y a trois jours je me suis encore couper profondément en aidant un pote à déménager et je me suis retrouver à l’hôpital pour de nouveaux points de sutures. Mon frangin se rapproche encore un peu et bien entendu il vient toucher du bout du doigt. Il m’énerve quand il fait ça. Il croit que je le vois pas ou quoi ? Certes je ne sens rien et je sais que c’est ce qu’il test, mais bon il n’est pas obliger de faire ça. « Tu pourrais arrêter de me tripoter ? » « Non mais… Ca me fascine. » « Ca fait vingt-trois ans que ça te fascine, tu ne veux pas passer à autre chose ? » Il me tire la langue comme un enfant de quatre ans et finit par enlever sa main de sur mon bras. Ma sœur as arrêté de se focaliser sur ma maladie depuis longtemps, mais je ne sais pas pourquoi Naël ne cesse d’être émerveiller par la moindre de mes blessures. Surtout les plus impressionnantes. Il s’amuse à me taquiner encore un peu et je le vois lancer un regard à Luna. « Tu commande les pizzas Sloàn ? » Je fronce les sourcils et me tourne pour lui lancer un regard noir. Sloàn est mon deuxième prénom et je n’apprécie pas vraiment ce dernier. « Arrête de m’appeler comme ça. » « Mais aller ! T’es malade, l’hôpital c’est ta deuxième maison et tu t’appelle Sloàn. Comme le mec de Grey’s Anatomy. En plus tu te tape une interne ! » Cette fois, j’ai vraiment envie de le frapper. « Je me tape PAS une interne, d’accord ?! » Je finis par me lever pour aller me réfugier dans la cuisine. J’entends mon frère et ma sœur discuter encore sur ma situation sentimentale et je continue à bouder dans mon coin.

J’allais partir dans mon ancienne chambre lorsque j’entends que l’on sonne à la porte. Bizarre. Personne ne sait qu’on est ici et nos parents ont prévenu tous leurs proches de leurs départs. Première vacances loin du pays sans les enfants, ça se fête ! Luna et Naël ne prennent même pas la peine de se lever pour aller voir qui sonne. Je soupire et me dirige vers la porte d’entrée. Je me retrouve en face d’une jeune femme au look un peu dark et qui m’as l’air visiblement un peu perdue. « Je… Bonjour je... » Et stressée aussi. « Je viens voir Timothy Fields. » Sous le coup de la surprise, je ne sais même plus quoi dire. Je la regarde un instant et me demande ce qu’elle pourrait bien vouloir à mon père. « Il n’est pas là pour l’instant. » dis-je alors simplement. Je sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression qu’il y a un truc pas vraiment normal qui se passe d’un seul coup. « Oh. Je vois. Merci. » J’ai l’impression de lui avoir annoncé la mort d’un de ses proches. Elle est plus pâle que jamais et je me demande si elle va bien l’espace d’un instant. Je pensais la voir partir, mais elle reste là et prends même appui sur le mur de la maison. Elle m’inquiète vraiment. « Mademoiselle vous vous sentez bien ? » Je la regarde à nouveau et la vois flancher d’un seul coup. Woh. Je me précipite vers elle et passe mon bras autour de ses hanches pour la soutenir. « On va peut être entré deux minutes. » Je l’aide à marcher et l’emmener directement dans la cuisine. Je lui donne un verre d’eau et lui laisse le temps de souffler un coup. Luna et Naël apparaissent dans l’encadrement de la porte et pointe la jeune femme du doigt en me demandant le plus discrètement possible qui peut être cette jolie fille. Je n’en sais absolument rien alors me contente d’hausser les épaules. « Vous vous sentez mieux ? » finis-je par demander à la jeune femme tout en me penchant un peu vers elle. Je m’en voudrais de l’avoir fait tomber dans les pommes quand même. Pourtant je n’oublie pas la raison de sa venue. Elle voulait voir mon père. « Je suis désolé de vous demandez ça, mais… Pourquoi souhaitez-vous voir mon père ? » Je veux être sympathique avec la jeune femme et lui parle donc d’une voix assez douce. Tandis que mon petit frère dans la cuisine et se plante devant elle. « Vous nous voulez quoi ? » Je soupire et pousse Naël en lui montrant la porte. « Ne faites pas attention à mon petit frère. Il connaît pas les bonnes manières. » finis-je par dire tout en laissant un regard noir aux deux gamins qui nous espionnent depuis le salon.

« Mademoiselle vous vous sentez bien ? ». A cet instant précis, pas très bien effectivement. Ma respiration s’est accélérée, pourquoi je me sens comme ça d’un seul coup ? Pourquoi mon coeur cogne dans ma poitrine et ma tête tourne comme dans le tourniquet de Crash ? Sans doute le fait de me rendre compte que j’ai un frère. Mais je n’arrive pas à réaliser, mon corps me fait défaut. Mais au moment où j’allais ouvrir la bouche pour lui dire que non, ça allait passer, mes jambes ne me retiennent plus et je flanche sur le pas de la porte. Le jeune homme se précipite pour me retenir avant que je ne tombe pour de bon. Mon ouïe s’est engourdie, ma vision troublée...

« On va peut être entrer deux minutes. ». Il m’aide à entrer à l’intérieur, je me sens tellement faible. Depuis des années que je cherche à entrer en contact avec mon père, que j’espère trouver une famille, me voilà chez eux, et je tombe dans les pommes. Une fois dans la cuisine, il me donne un verre d’eau que je prends le temps de boire doucement, et de reprendre mes esprits. « Vous vous sentez mieux ? ». Je hoche doucement la tête. «Merci, je suis désolée vraiment...».
Mais je sens que le jeune homme semble toujours interrogatif face à ma venue ici. « Je suis désolé de vous demandez ça, mais… Pourquoi souhaitez-vous voir mon père ? ». Sa voix est douce, posée, je sens qu’il ne veut pas me brusquer, pourtant il a l’air de vraiment vouloir savoir la raison de ma présence et de ma demande face à son père. Mais une nouvelle fois, j’allais ouvrir la bouche quand je vois apparaître un nouveau jeune homme, qui m’agresse légèrement, lui n’a visiblement par le tact de son frère. « Vous nous voulez quoi ? » « Ne faites pas attention à mon petit frère. Il connaît pas les bonnes manières. ». Oh mon dieu, son frère, ce qui voudrait donc dire que j’ai deux frère. Je recommence à me sentir mal. Respire Teeghan respire. Tout va bien. Non. Tout ne va pas bien. Le pire est à venir, au moment où je me retourne un peu plus, et où je comprends que la jeune femme qui se trouve là, est très certainement la soeur de ces deux là.

Je me retourne et pose mes deux mains sur le plan de travail. Je n’ai pas envie de voir le regard de ces 3 jeunes gens quand je vais leur avouer que je suis leur soeur. Je ne connais pas leur histoire, je ne sais pas s’ils ont une mère présente, si je vais détruire leur famille. Je m’en voudrai sûrement, mais je veux connaître mon père, je donnerai n’importe quoi pour ça, quitte à me mettre mes demi-frères et soeurs à dos.

«Si je suis venue ici, c’est pour rencontrer mon père...». Je laisse s’écouler quelques secondes avant de me retourner. Ils sont là, tous les trois face à moi, bouche bée, incompréhension dans les yeux. «Je m’appelle Teeghan, j’ai 22 ans, je suis née en Russie et je n’ai jamais connu mon père, j’ai passé toute ma vie à le chercher et...» Je soupire. «Je suis désolée de vous annoncer ça comme ça de but-en-blanc...». Je baisse les yeux, trouvant subitement un intéret à mes pieds. Teeghan était un prénom que mon père adorait, c’est ma mère qui me l’a dit. Il disait toujours qu’il voulait appeler une de ses filles comme ça. Si j’avais su qu’avant moi il y en avait une. Si il faut elle s’appellait pareil ? A ma naissance ma mère a décidé de me donner Teeghan en 2ème prénom, et à ma majorité j’ai décidé de l’utiliser comme prénom usuel.

Le plus jeune des trois secoue la tête « C’est pas possible ! Papa n’aurait jamais trompé maman ! Et puis il est jamais allé en Russie, tu te trompes de famille ! » . Je secoue la tête, compréhensive de son déni. «Ma mère est danseuse étoile. Elle est venue danser aux états unis et c’est là qu’elle a connu mon père. J’ai fais assez de recherches pour savoir que... votre père... est aussi le mien...». Mes yeux se mettent à briller, je déteste faire du mal aux gens, mais j’ai tellement souffert de son absence. Je ne sais même pas s’il m’acceptera, j’aurai peut être foutu le bordel pour rien, mais j’ai besoin de savoir que j’existe, que je ne suis pas issue de rien, d’une soirée banale, d’une partie de jambes en l’air sans lendemain. J’ai besoin de savoir s’il a ressenti quelque chose pour ma mère ou si c’était un coup pour rien, si je suis la fille d’une pute et d’un salaud ou pas...

« J’y crois pas à ton histoire. Tu veux quoi exactement ? De l’argent ? ». Je serre les dents, j’ai envie de pleurer. Je secoue la tête d’un air déçue et dégoutée. «Je veux pas d’argent, je veux juste voir mon père. Je repasserai quand il sera là...». Je prends le chemin vers la porte d’entrée en passant au milieu du jeune homme et de la jeune femme. Mais avant de passer la porte, je sens une main presser doucement mon bras. Je m’arrête et me retourne. Face à moi, le plus vieux des trois, qui m’a ouvert la porte un peu plus tôt. Mes yeux humides sont plus bleus que jamais.

La jeune femme qui vient de sonner à la porte demande à voir mon père. Cela m’intrigue en réalité. Mais je n’ai pas vraiment le temps de la questionner sur cela. En effet, la brunette est littéralement en train de faire un malaise devant ma porte. Je me précipite presque vers elle pour la soutenir. Je ne sais pas si elle allait tomber dans les pommes, mais je n’allais pas la laisser s’écrouler sur le bitume non plus. J’enroule mon bras autour de ses hanches et l’entraîne dans la cuisine. En passant, j’ai le temps de voir mon frère et ma sœur se tourner pour voir ce que je fabrique. Je leurs laisse cinq minutes avant de débarquer dans la cuisine. En attendant, j’installe mon inconnue sur une chaise et vais lui chercher un verre d’eau. Je lui laisse quelques minutes pour se remettre de ses émotions et en attendant je l’observe discrètement. Son regard bleu perçant me laisse presque sans voix. Je la regarde encore un peu et me dis que si je l’avais déjà croisé dans les rues de Town Square, je suis sûr que je me souviendrais d’elle. Je lui laisse encore un peu de temps et finis par lui demander si elle se sent mieux. En tout cas, son visage a retrouvé des couleurs. « Merci, je suis désolée vraiment... » Je hausse les épaules pour lui montrer que ce n’est pas bien grave. Je lui offre un petit sourire et continue à la regarder.

Après un léger silence, je finis par lui demander pourquoi elle vient chercher après mon père. Elle est bien jeune pour pouvoir connaître mon paternel. Après peut être qu’il lui a donné un coup de main et qu’elle veut juste le remercier. Mon père est un homme au grand cœur, cela ne m’étonnerait même pas qu’il vienne en aide à une jeune femme un peu paumée ou quelque chose dans le genre. Malgré tout, je n’ai pas envie de tirer de conclusions hâtives, alors je finis par interroger la jeune femme. Je ne veux surtout pas la forcer, alors je lui demande calmement. Mais bien entendu, Naël en as décider autrement. Il débarque violement dans la cuisine et lui demande directement ce qu’elle nous veut. Je m’excuse pour lui et le repousse avec un regard noir. A le voir, il semblerait que la jeune femme soit sur le point de s’évanouir à nouveau et cela devient bien pire lorsqu’elle croise le regard de ma sœur. Je commence à me demander ce qu’elle nous veut réellement. Elle finit par nous tourner le dos et je fronce les sourcils. Il ne va quand même pas falloir que je la secoue pour qu’elle nous parle non ? Elle finit par nous tourner le dos et l’espace d’un instant, j’ai peur de la voir partir en courant. Pourtant elle finit par prendre la parole. « Si je suis venue ici, c’est pour rencontrer mon père... » J’ai l’impression que je vais m’étouffer. Naël me donne un coup de coudes dans les côtes, tandis que je vois Luna blêmir. On a tous compris, mais je crois qu’on ne veut surtout pas se l’avouer. Alors on attend, sans rien dire. « Je m’appelle Teeghan, j’ai 22 ans, je suis née en Russie et je n’ai jamais connu mon père, j’ai passé toute ma vie à le chercher et… Je suis désolée de vous annoncer ça comme ça de but-en-blanc... » Et là c’est claque. Elle pense que notre père est le sien. Ce n’est pas possible. En même temps… Elle est plus jeune que nous. Naël à vingt-trois ans. Cela pourrait coller. Mais je ne vois pas mon père infidèle. Je suis le plus vieux de la famille. J’ai toujours vu mes parents s’aimer comme au premier jour. Pourquoi serait-il voir ailleurs ? J’ai le cerveau qui bouillonne d’un seul coup. J’ai du mal à la croire, mais je ne dis rien.

Naël se charge d’agresser la jeune femme. Je pose ma main sur son épaule pour qu’il se calme, mais c’est trop tard. Il a déjà tout dit. « Ma mère est danseuse étoile. Elle est venue danser aux Etats Unis et c’est là qu’elle a connu mon père. J’ai fais assez de recherches pour savoir que... Votre père... Est aussi le mien... » Mais quel genre de recherche as-t-elle pu faire ? Je reste sous le choc, mais malgré tout, j’ai envie de la croire. Pourquoi elle nous mentirait après tout. Elle à l’air totalement retourner par sa propre révélation. Je ne la prends pas vraiment pour une fille qui cherche volontairement à détruire notre famille même si c’est sans aucun doute ce qu’elle est en train de faire. Je suis tellement perplexe et perdu que je ne dis toujours rien. En réalité, je pense à son prénom. Papa nous avait toujours dit qu’il avait voulu appeler Luna, Teeghan, mais que maman n’avais jamais voulu. C’est cela qui me perturbe le plus. Elle ne pouvait pas savoir cela si elle n’as jamais connu son père. Je voudrais dire quelque chose, mais Luna est plus rapide que moi. « J’y crois pas à ton histoire. Tu veux quoi exactement ? De l’argent ? » « Je ne veux pas d’argent, je veux juste voir mon père. Je repasserai quand il sera là... » Je lance un regard noir à ma sœur tandis que la jeune brunette passe entre nous pour se diriger vers la porte d’entrée. « Ca va pas de lui parler comme ça ! » dis-je a mon frère et ma sœur avant de partir dans l’entrée. Lentement je pose ma main sur le bras de Teeghan. Je ne veux pas qu’elle parte comme cela. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie de parler avec elle et ne pas la laisser partir. « Attends. Je suis désolé pour leurs réactions. Juste attends deux minutes. » Je la laisse là et retourne dans la cuisine pour attraper Luna et Naël par le bras direction le salon. Je les fais s’asseoir sur le canapé comme deux gamins. « Non mais vous avez perdu la tête ou quoi ? Ca va pas de lui parler de cette manière ?! » « Mais tu te prends pour qui Eze ? Tu va accepter son histoire, tu crois que papa à tromper maman ? » « Personne n’est parfait… » Dis-je alors en soupirant. « Ce n’est pas parce que toi tu tape la fiancée de ton meilleur pote que tout le monde fait pareil ! » Si Luna n’avait pas été ma petite sœur je crois que je lui aurais collé une gifle à cet instant précis. Je préfère ne pas répondre et me contente de secouer un peu la tête. « Vous restez ici ou vous partez, mais si j’en vois un débarquer dans la cuisine ça va pas se passer de la même façon ! »

Je finis par rejoindre Teeghan et lui indique une nouvelle fois le chemin vers la cuisine. Cette fois, je ferme la porte derrière moi. Elle reprend place sur une chaise et je m’assois en face d’elle. Après une hésitation je lui tends la main. « Ezechiel. » Je la regarde à nouveau et devine les larmes dans ses yeux. Je ne sais pas pourquoi mais à cet instant précis j’en veux vraiment à mes deux cadets. Je pense que cela a dû être assez dur pour elle de venir ici alors bon. Je pense que cela ne sert à rien d’hurler en tout cas. J’ai toujours détesté les conflits et ce n’est pas quelque chose qui va changer aujourd’hui. « Je… Je ne vais pas te dire que je te crois comme ça d’un seul coup. Mais… Si ma mère avait voulu Luna se serait appelé Teeghan… C’est pour ça que je n’ai pas réagi comme les deux autres. » Je passe une main sur mon visage et soupire quelque peu. « Je ne vais pas te le cacher, j’ai vraiment du mal à voir mon père tromper ma mère. Mais bon… Je suis un peu mal placer pour juger. » Après tout je me fou ouvertement de la gueule de mon meilleur ami donc bon… Je ne vais pas jouer le moralisateur non plus. « Comment tu as fait pour atterrir ici ? C’est ta mère qui t’as dit que mon père était aussi le tien ? » Cela me fait tellement bizarre de dire cela. Nous avons le même père…