Welcome in my class, little boy ! || Arthur&Claire

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ARTHUR&CLAIRE

« Maiiiiiiiiiiiiiitresseeeeeee ? ». Je me retournais avec un sourire en entendant la voix flutée de la petite Lindsay, 7 ans. Cette gamine était adorable, mais elle était surtout douée pour poser des questions à toute heure de la journée, et parfois certaines n’avaient strictement rien à voir avec le cours. Mais l’on pardonnait tout à Lindsay. Lindsay et ses longs cheveux blonds et ses grands yeux bleus. Lindsay et son sourire à faire s’émouvoir les vieilles dames les plus récalcitrantes. Oui, on lui pardonnait tout, parce que c’était une petite fille brillante. Ces questions étaient généralement pertinentes, et elle faisait preuve d’une grande maturité pour son âge. Elle était tout simplement la meilleure de la classe. Ses parents étaient professeurs au lycée de la ville, et il ne m’aurait pas étonné qu’ils lui aient appris quelques petites choses avant qu’elle n’entre à l’école primaire. Elle était talonnée de près par son amie, Marie-Alice, enfant très calme et toujours très attentive. Derrière, il y avait Bryan, le passionné de lecture, James le rêveur, Carrie la pipelette, et bien d’autres encore, aux personnalités les plus marquantes les unes que les autres. Et rien que pour cela, je ne regrettais pas d’avoir choisi le métier d’institutrice.

« Maiiiitresseeeee ! » repris la fameuse Lindsay. Les enfants étaient en pleines opérations de calcul, et j’étais en train d’aider ceux qui avaient le plus de difficulté malgré leurs efforts. « Y’a quelqu’un à la porte ». On était vendredi, et j’avais appris le matin même l’absence pour cause de maladie de ma collègue qui s’occupait des moyennes sections de maternelle. Aussi, ne fus-je pas surprise lorsque j’ouvris la porte et que la directrice se présenta à moi, accompagnée de deux petites têtes blondes qui se tenaient par la main, manifestement intimidées. « Mlle Garnier, voici Lohan et Britney. Les enfants, voici Mlle Garnier, qui sera votre professeur pour la journée. Entrez donc ! ». Je laissais passer les deux maternelles, remerciais la directrice et refermais la porte. Je m’agenouillais ensuite près des deux arrivants, gênés par les regards intrigués que leur jetaient les élèves les plus vieux. « Mes chéris, vous allez voir, tout va très bien se passer. Vous allez vous installer derrière, et je vais vous apporter des choses à faire. Si vous voulez, il y a aussi des livres dans la bibliothèque ». Le petit garçon leva sa tête vers moi et m’adressa un sourire charmeur. Je lui ébouriffais affectueusement les cheveux puis le poussais, lui et sa camarade, vers deux chaises libres au fond, tout cela sous le regard des autres élèves que je remis rapidement au travail. J’apportais ensuite tout un nécessaire pour dessiner aux deux enfants, restais près deux quelques minutes puis, voyant qu’ils se débrouillaient très bien tout seuls avec leurs crayons, repris la leçon avec les autres.

Les choses se passèrent sans encombre jusqu’en début d’après-midi. Après avoir donné les cours habituels de maths, français et histoire, je laissais mes élèves faire un travail d’écriture et m’approchais des deux enfants qui, après le dessin et la lecture, étaient en train de regarder les panneaux affichés sur les murs de la salle, représentant les différentes choses effectuées par la classe au cours de l’année. Les dessins et poèmes se mêlaient à des séries de photos représentant différentes sorties. Le petit garçon, Lohan, se mit à me parler de chèvres et de cochons, en ayant aperçu sur l’une des images accrochées. « Ben moi, ben moi tu sais… z’ai déza vu une vache ! » ajouta-t-il en pointant du doigt le dessin de l’animal. Il était vraiment craquant avec son air innocent et sa petite bouille d’ange, et c’est avec un grand sourire que je lui répondis que ‘’Dis donc, tu en as bien de la chance, moi je n’en ai jamais vu ’’. Nous eûmes une conversation de cinq minutes tous les deux puis la cloche de la récré retentit, nous interrompant. Nous descendîmes tous dans la cour, Lohan alla retrouver ces camarades et moi une collègue, la prof des plus grands, qui, fille d’une mère française et d’un père américain, parlait les deux langues couramment. Nous nous mîmes à converser en anglais, mais au bout d’un certain temps, je repris ma langue maternelle, que je ne parlais pas beaucoup, en ayant rarement l’occasion. Je ne remarquais pas tout de suite que mon nouvel élève s’était approché en silence et qu’il nous écoutais avec attention. Quand je m’en rendis compte, il était l’heure de retourner en classe, et je n’y fit plus attention.

La fin d’après-midi passa très lentement. C’était l’heure où les enfants commençaient à fatiguer, et ou certains commençaient à s’agiter, sentant venir l’heure de la séparation. Ainsi, pour finir la journée, mais aussi la semaine, j’entamais mon heure de lecture du vendredi soir et les élèves, que ce soit les plus petits ou les plus grands furent bientôt suspendus à mes paroles. Enfin, la dernière cloche sonna et avec lenteur, ils s’habillèrent et nous sortîmes de classe pour rejoindre la vingtaine de parents qui nous attendaient avec impatience derrière les grilles de l’école. « Papaaaaa ! » s’écria Lohan qui marchait auparavant auprès de moi. Je le vis courir vers un homme qui, reconnaissant son fils, lui fit un grand sourire. En saluant mes élèves, je jetais des coups d’œil furtifs vers le petit garçon et son père. Tous deux étaient tournés vers moi et je fis un signe vers eux, présentant un dernier sourire à l’enfant.

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Mon fils est amoureux...

hj : je mets les paroles en français en italique, et celles en anglais seront juste en couleur

J'étais prêt à monter sur ma moto quand mon téléphone sonna. En regardant l'appelant, je ne pouvais pas ne pas décrocher. C'était mon ex femme : Violet. Je portais alors mon téléphone à mon oreille : "Allo ?"
"Arthur c'est Violet !"
"Oui j'ai vu, ça va ? Rien de grave ?"
"Oui ça va, mais j'ai besoin que tu me rendes un service ?
"Dis toujours..."
"Je devais partir le week end prochain en déplacement mais ils ont changé la date et me demandent de partir ce week end. Je sais que c'est un peu du dernier moment, mais est-ce que tu pourrais aller chercher Lohan ce soir à l'école et le garder ce week end ? Je sais que c'est pas ton week end mais si tu peux ça m'évitera de le laisser chez mes parents..."
"Mais oui bien sûr ! Tu sais que si ça ne tenait qu'à moi je te le ramènerai même pas !"
(Un silence s'installa au bout du fil, et elle esquivait ma remarque.)
"Je lui ai mis ce qu'il avait besoin dans son cartable... Merci Arthur."
"Pas de soucis, à Dimanche soir ! Ah et attends ! Ça veut dire que ça redécale tout ou que je l'aurai encore le week end prochain ?"
"J'peux pas décaler j'ai trop de trucs planifiés avec le boulot, mais si tu peux pas le week end prochain je le laisserai à mes parents !"
"Non non pour moi y'a pas de soucis, c'est un plaisir de l'avoir 3 semaines de suite au contraire !"
"Ok, bonne journée. Et oublie pas, c'est 16h30 la sortie de l'école !"
"T'inquiètes ! Bonne journée à toi aussi !"
Je raccrochais mon téléphone, un petit sourire au bord des lèvres. Je ne voyais mon fils qu'un week end sur deux, et de savoir que j'allais pouvoir profiter de lui ce week end et le prochain encore, ça me mettait dans un état tout euphorique. Tant pis pour le boulot, j'étais mon propre patron après tout, je pouvais décaler ce que j'avais prévu. Mon fils passait avant tout.
Un coup d'oeil à ma montre, j'avais encore le temps de faire ce que j'avais prévu, avant de préparer l'arrivée de Lohan, et d'aller le chercher à l'école.

16h, j'arrivais (à pieds) devant l'école. Et oui, Lohan était encore trop petit pour monter sur ma moto, alors quand il était là, on fonctionnait en métro, et pour son plus grand plaisir ! 30 minutes d'avance. Pas l'habitude de fonctionner en métro, j'avais un peu de mal à prévoir, et je préférais quand même être en avance. J'avais même pris le temps de lui acheter un petit goûter. Je trépignais d'impatience de le voir me courir dans les bras. L'un de mes plus grands plaisir dans ma vie. Papa gâteau ? Moi ? Mais pas du tout !
Je ne remarquais que très peu les regards des mamans célibataires, impressionnées de voir un papa aller chercher son enfant à l'école. C'est vrai qu'on n'en voit pas beaucoup, je me sentais presque un peu seul. Mais l'heure arrivait à grand pas, et j'entendais la voix de mon bout de chou. Je me tournais alors vers lui et m'accroupissais pour le recevoir dans mes bras, manquant de tomber à la renverse. "Hey salut bonhomme ! T'as vu c'est la surprise !" Je frottais ses petits cheveux blonds et déposais un bisou sur son front. A la naissance de Lohan, Violet et moi avions décidé de toujours lui parler en français à la maison, quand on pouvait, au maximum, pour qu'il soit bilingue. Et a 4 ans, il l'était déjà. Je lui parlais donc en français, et c'est dans cette même langue qu'il me répondait.
Il sautillait, aussi content que moi de passer du temps ensemble "Alors ça veut dire qu'on va être ensemble pendant 2 jours ?" "Et oui ! maman travaille alors au lieu d'aller chez papi et mamie, on va rester tous les deux !" "Ouaiiiiiii !! Ah et papa !! Viens faut que tu vois quelqu'un !" Il me prenait par la main et m'emmenait à travers la petite foule pour arriver juste devant un petit groupe d'institutrices. Il me dit alors, toujours en français : "C'était ma maitresse aujourd'hui, et elle parle français !".
Mon regard auparavant planté dans le regard de mon fils, je levais les yeux vers la jeune femme dont il me parlait. Elle avait un visage angélique, elle avait l'air d'une douceur infinie, et ce petit sourire posé sur son visage donnait l'impression qu'elle était l'institutrice parfaite.
Je lui dis alors, dans un anglais parfait : "Bonjour, Lohan a absolument voulu que je vienne vous saluer, il me dit que vous étiez son institutrice aujourd'hui, je crois qu'il est un peu amoureux !"
Je lâchais un petit rire amusé pendant que Lohan me tapait avec sa petit main sur ma cuisse pour me dire d'arrêter. Il lança alors : "Parle lui en français papa !".
Je haussais les épaules en adressant un sourire à l'institutrice, avant de lui dire alors en français : "Je crois que Lohan veut que je vous parle en français ! Les enfants ont vraiment des idées farfelues !!".

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ARTHUR&CLAIRE

hj : français en gras ; anglais en couleur Smile

Comme il existait plusieurs sortes d’élèves, il existait plusieurs sortes d’instituteurs. Il était parfois étonnant de voir comment plusieurs collègues étaient diamétralement opposés dans leur façon d’agir et de concevoir les choses. Aussi irréaliste qu’il puisse paraitre, il existait des mêmes des maitres qui n’appréciaient pas plus que ça les enfants, les trouvant même parfois trop collants. Il était vrai que chacun avait sa propre méthode et se sentaient plus à l’aise avec une certaine tranche d’âge. Moi-même, j’avais toujours enseigné dans les classes « moyennes » à savoir des élèves entre 7 et 9 ans, et je n’étais pas habituée à faire cours à des plus grands, ou même à des plus petits. Mis à part cela, j’aimais les enfants, et me sentais bien en leur présence.
il était toujours déroutant d’accueillir de nouveaux élèves dans sa classe. Il m’était pourtant arrivé à plusieurs reprises de subir cette expérience, et si au début cela pouvait s’avérer difficile de gérer une classe pendant que deux ou trois électrons libres s’occupaient à rester le nez en l’air, ou bien à lancer des crayons à la tête de leurs camarades. Je m’étais énervée plus d’une fois, ce qui pourtant m’arrivait bien peu souvent. Toutefois, aujourd’hui je n’avais eu aucun problème avec les deux enfants de plus dont j’avais dû m’occuper. Britney était restée fourrée dans des livres d’images et n’avait commencé à me parler que lorsque nous avions évoqué les animaux de la ferme avec Lohan, qui, depuis le début de la matinée, était resté à observer ce qui se passait. Il était surement intimidé, ce qui aurait été normal, mais j’en avais connu qui le montrait plus.

Nous descendîmes tous ensemble dans un brouhaha général indiquant que chacun était pressé de rentrer chez lui. Même ceux qui entraient en classe avec un grand sourire et une énergie débordante dès le matin étaient soulagés de quitter pour deux jours les bancs de l’école. Ma foi, je les comprenais. Près des grilles, le vacarme était encore plus assourdissant. Les mères accueillaient leurs rejetons avec des cris de joie, et celles qui avaient réussi à rassembler leur progéniture se mettaient à bavarder avec leurs voisines, surement pour en vanter les mérites. Rare homme au milieu des femmes, le père de Lohan le pris dans ses bras après que celui-ci ait couru vers lui. Après mon dernier signe, je me tournais vers un groupe de collègues, uniquement féminin, et nous nous mîmes à raconter en détail notre journée. Notre conversation tourna rapidement vers la maladie de la prof des maternelles et des différents élèves qui avaient rejoint nos classes respectives. Certaines avaient été moins chanceuses que moi et avaient hérité de jeunes récalcitrants qui avaient passé la majorité de leur temps à se chamailler et a embêter les autres élèves. Heureusement, c’était en général les maitresses les plus âgées et avec le plus d’expérience qui les prenaient en charge, et elles savaient très bien y faire. Alors que je mettais à parler de ma classe, une de mes interlocutrices m’interrompit « Les ennuis commencent ! » dit-elle avec un soupir. D’un même mouvement, nous nous retournâmes pour apercevoir que plusieurs parents s’étaient approchés, manifestement dans l’intention de nous dire quelque chose. Et oui, le métier d’instituteur ne se terminait pas lorsque nous relâchions les enfants ! Il fallait encore expliquer à tous ces pères et mères la raison des mauvais notes de leur enfant, ou bien juste les écouter lorsqu’ils parlaient d’eux. Notre petit groupe se dispersa alors pour entendre les différentes réclamations, et je me retrouvais nez à nez avec Lohan et son père.

Je vis l’enfant adresser un discret signe à son paternel qui tourna alors sa tête vers moi. Il me fit un sourire, et je m’aperçus qu’il ressemblait beaucoup à son fils. Je n’aurais su dire s’il était à l’aise, ni si c’était lui ou Lohan qui avait pris l’initiative de venir me voir. Je me doutais bien qu’il voulait mettre un visage sur l’institutrice provisoire que j’avais été pour son fils. « Bonjour, Lohan a absolument voulu que je vienne vous saluer, il me dit que vous étiez son institutrice aujourd'hui, je crois qu'il est un peu amoureux ! ». J’avais vu juste. En même temps ce n’était pas étonnant. « Et oui, c’est moi qui ait hérité du plaisir de le recevoir dans ma classe ! » répondis-je en souriant à mon tour. « Et d’ailleurs, félicitation, tu as été très sage » ajoutais-je en baissant la tête vers le petit garçon qui semblait contrarié. Avant que je n’ai pu ajouter quelque chose, il s’adressa à son père dans un très bon français, lui demandant qu’il utilise la même langue à mon encontre. Surprise de l’entendre dire cela, je me demandais comment avait-il su que parlais la langue de Molière. Je me souviens alors qu’il m’avait écouté durant la pause de l’après-midi.
Finalement, l’entendis l’homme m’avouer le désir de son fils. « Oh oui, si vous saviez ce que j’entends parfois ! » dis-je en français avec un petit rire en songeant aux diverses déclarations auxquelles j’avais eu droit durant mes quelques années d’enseignement. C’était un vrai plaisir de s’exprimer dans cette langue pour changer, même si j’avais perdu mes réflexes. Il s’avérait que parfois je me remettais à parler en anglais lorsque j’avais commencé en français. L’inverse était tout à fait possible. Avec Dany, mon copain, nous parlions essentiellement l’anglais, malgré que je lui eus appris ma langue maternelle. En fait, c’était surtout une question d’habitude. « Et bien, ce n’est pas le premier à être tombé amoureux de moi, mais je suis sure que ce ne sera pas non plus le dernier » fis-je en réponse à la plaisanterie de mon interlocuteur, après avoir jeté un petit coup d’œil à Lohan qui tenta de démentir. « Donc, vous êtes de France ? J’imagine que votre femme est américaine pour que votre fils parle aussi bien ? Sinon, je me présente, je suis Claire. Claire Garnier. Un nom typiquement français comme vous pourrez le remarquer ! »

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Mon fils est amoureux...

Cette jeune femme avait vraiment un côté doux qui se dégageait d'elle, elle devait être une vraie bonne institutrice, de celles qui aiment réellement les enfants et qui fait tout pour bien s'en occuper. Il y en a comme ça, et puis il y a les autres. L'année passée, Lohan avait eu une maîtresse pas très agréable et un peu trop dûre. Pour sa première année de maternelle, ça avait été un peu un calvaire pour le faire aller à l'école, mais cette année, tout allait beaucoup mieux, il aimait beaucoup sa maitresse, mais visiblement, il aimait encore plus sa maîtresse de remplacement... « Et oui, c’est moi qui ait hérité du plaisir de le recevoir dans ma classe ! » me répondit-elle avec le sourire avant d'ajouter, en direction de Lohan « Et d’ailleurs, félicitation, tu as été très sage ». J'avoue que j'étais fier de mon fils, quand je repensais à l'année dernière ce calvaire, entre ça et notre séparation avec Violet, ça avait été une période vraiment très difficile pour Lohan. J'ébouriffais ses petits cheveux blonds et il me demanda alors de lui parler en français, ce que je fis.

Elle me répondit alors dans un français quasi parfait, sûrement altéré par plusieurs années de non pratique. « Et bien, ce n’est pas le premier à être tombé amoureux de moi, mais je suis sure que ce ne sera pas non plus le dernier ». Je lâcha un petit rire amusé, et hochais la tête avant de lui répondre. "Ca ne m'étonne pas tant que ça après tout, vous avez l'air d'être ce genre de maîtresses qui font le fruit d'admirations de la part de ses élèves, hein Lohan ?". Il se cachait derrière moi, et ses petites joues se mettaient à rougir doucement. Il me faisait vraiment trop craquer. La jeune institutrice me posa alors quelques questions :« Donc, vous êtes de France ? J’imagine que votre femme est américaine pour que votre fils parle aussi bien ? Sinon, je me présente, je suis Claire. Claire Garnier. Un nom typiquement français comme vous pourrez le remarquer ! » A moi de lui répondre, avec un sourire amical posé sur mes lèvres. "Oui, je suis français, on est arrivés mon ex-femme et moi à Time Square à la naissance de Lohan il y a un peu plus de 4 ans. Et sa maman est américaine en effet, ça facilite les choses, comme ça petit bonhomme est bilingue, ça l'aidera sûrement pour ses études plus tard !!" Au moment où elle se présenta à moi, je lui tendis la main pour la lui serrer, et me présenta à son tour. "Enchanté Melle Garnier, Arthur Delorme, un nom très français aussi !!".

Lohan était sorti de derrière mes jambes et il regardait Melle Garnier avec une réelle admiration on aurait dit qu'il avait des coeurs dans les yeux. Il était assez excité contrairement à d'habitude, sans doute le fait que je sois venu le chercher à l'école. D'ailleurs, il avoua a sa maîtresse, une fois que je l'eu pris dans mes bras. "D'habitude c'est maman qui vient me chercher à l'école mais ce week end je le passe avec papa et je suis trop content !!!". Il me faisait vraiment craquer. Son français n'était pas parfaitement parfait mais il n'y avait pas nécessairement de fautes, du moins pour un enfant de 4 ans, c'était quasi parfait. Il avait un petit accent américain, parce qu'il avait quand même plus l'habitude de parler anglais, surtout depuis notre séparation avec Violet.
Je regardais Lohan avec une telle admiration... Mon sourire en disait long sur l'amour que j'avais pour mon fils, c'était vraiment la merveille de ma vie.

Je me tournais vers Claire et lui demanda alors "Ca fait longtemps que vous êtes institutrice ? Vous semblez jeune... Je pense aussi que c'est pour ça que les enfants sont sous votre charme...". Je lui offrais un sourire avant d'écouter sa réponse à ma question.

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ARTHUR&CLAIRE

(hj : tout est en francais maintenant)
Je regardais le père et le fils avec un sourire franc. Le petit était terriblement mignon lorsqu’il essayait de convaincre son père à parler en français, aucun doute qu’il ferait des ravages quand il serait plus grand. Le père était tout à fait aimable et intéressé par ce qui s’était passé dans la journée de Lohan. Cela se voyait qu’entre eux il y avait beaucoup d’amour. Je n’avais pas d’enfants, mais cela me donnait tout bonnement envie d’en avoir. Il n’y avait pas de plus beau lien. En attendant, je me sentais heureuse en la compagnie de mes élèves, appréciant tout simplement de les voir chaque jour. Chaque enfant qui rejoignait ma classe, que ce soit pour toute l’année ou provisoirement était une nouvelle agréable rencontre. Après quelques années d’enseignement, je voyais encore mes premiers élèves qui se trouvaient à présent dans les classes supérieures et nous nous disions parfois bonjour. Aucun doute qu’a un moment ou à un autre je ne les révérais plus, mais l’avantage avec le métier d’institutrice, c’était que d’une année sur l’autre, l’on voyait de nouvelles têtes. Si Lohan avait 4 ans, il était fort possible que je m’en occupe trois ans plus tard.
Il devait d’ailleurs avoir parlé de moi à son père puisque celui-ci me fit un compliment avant d’interroger l’enfant d’un regard. Celui-ci, qui ne m’avait pas paru très timide au premier abord c’était caché pour pas qu’on ne le voit rougir. Décidément, il était adorable. Je ne sais pas si j’étais vraiment ce genre de maitresse, mais il était vrai que les enfants m’aimaient bien. Il était rare que ce soit eux qui disent qu’ils étaient amoureux de moi, les parents s’en chargeaient la plupart du temps, attendris. Toutefois, cela faisait toujours plaisir. « C’est gentil à vous. Mais vous savez, je sais aussi être très méchante ! » répondis-je en plaisantant. Je fis un clin d’œil à Lohan qui rougit encore un peu plus.

« Oui, je suis français, on est arrivés moi et mon ex-femme à Time Square à la naissance de Lohan il y a un peu plus de 4 ans. Et sa maman est américaine en effet, ça facilite les choses, comme ça petit bonhomme est bilingue, ça l'aidera sûrement pour ses études plus tard » m’informa mon interlocuteur. « Mmh oui, ce ne pourra qu’être un plus. Je regrette parfois que l’école n’aménage pas des heures de langue avec des professeurs de français ou d’autres nationalités comme nous avions en France » complétais-je au vague souvenir de mes propres études. C’était d’ailleurs à cette époque que j’avais commencé à apprendre l’anglais, et cela n’avait été que plus facile plus tard de me perfectionner dans la langue. Paris étant une ville touristique, il n’était pas rare que l’on entende parler des étrangers dans la rue, et même les musées et autres monuments culturels possédaient des guides dans les différentes langues. Suite à cela, je me présentais donc. « Enchanté Melle Garnier, Arthur Delorme, un nom très français aussi » dit à son tour l’homme en me serrant la main. C’était tout de même rare de croiser un camarade du pays. Autant il arrivait chaque année que je trouve dans ma classe un canadien, autant les représentants de la France ne courraient pas les rues, surement du fait de l’éloignement du pays par rapport à l’Amérique. Rare, mais cependant très plaisant.

Le petit garçon, qui avait apparemment pris de l’assurance, se planta devant moi et se mit à me parler. M. Delorme le pris alors dans ses bras. « D'habitude c'est maman qui vient me chercher à l'école mais ce week end je le passe avec papa et je suis trop content !!! » s’exclama-t-il en gigotant entre les bras de son père, un grand sourire plaqué sur le visage. « Je suis sure que vous allez bien vous amuser ! J’espère que tu me racontera ce que vous avez fait si ta maitresse est encore absente lundi et que nous nous voyons » lui-dis-je souriant. « Je vais faire un dessin pour toi ! Hein papa, tu vas m’aider ! » répondis-t-il, manifestement content.
« Non, c’est vrai, cela ne fait que trois ans que j’enseigne. Mais j’aime beaucoup mon métier, les enfants aussi. Et vous, que faites-vous dans la vie ? » demandais-je avec politesse après que le père Delorme ne me pose la question de savoir depuis combien de temps j’étais institutrice. Effectivement, cela ne faisait pas très longtemps mais je n’avais que 26 ans, et donc encore de longues années d’enseignement devant moi. Peut-être que, dans trente ans, des élèves que j’aurais eu se retrouveraient de l’autre côté de la grille et que dans soixante, lorsque je serais vieille et moche, je me retrouverais à regarder les paquets et paquets de dessins effectués au cours des ans par les différents élèves.
« Au fait, habitiez-vous à Paris ? Peut-être nous sommes nous déjà croisés ? ». Il y avait peu de chance, je ne savais même pas si nous avions le même âge et de plus, j’étais partie jeune, ce qui limitait les possibilités.

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Mon fils est amoureux...

Lohan dans mes bras, il commençait à gigoter dans tous les sens. Il n'était pas de nature sur excité, plutôt calme, bien que c'était quand même un enfant et que tous les enfants sont énergiques. Lohan était timide au premier abord, et une fois déridé, il était presque entreprenant ! Mais c'était mignon, surtout venant de la part d'un enfant ! Il me demanda alors si j'allais l'aider à faire un dessin pour sa maîtresse provisoire. "Bien sûr que je vais t'aider !" Je plaquais un bisou sur sa tempe avant d'écouter de nouveau Melle Garnier répondre à ma question sur le fait qu'elle était jeune pour enseigner. « Non, c’est vrai, cela ne fait que trois ans que j’enseigne. Mais j’aime beaucoup mon métier, les enfants aussi. Et vous, que faites-vous dans la vie ? ». A moi de lui répondre alors : "Je suis photographe ! Je suis venu m'installer aux Etats-Unis pour ça ! 4 ans à New-York et j'ai opté pour plus petit, Time Square me paraissait une ville parfaite pour élever un petit bout de chou !"

J'étais parti de chez mes parents le jour de mes 18 ans, j'ai habité quelques mois à Londres après mon bac, avant d'avoir une proposition pour partir aux Etats-Unis. J'avais pas mal bougé, voyagé, New-York était mon pied à terre mais je n'y dormais que quelques mois par an. Jusqu'à ce que ma relation avec Violet soit plus sérieuse, et surtout qu'elle tombe enceinte et qu'on se marie...

L'institutrice me demanda alors : « Au fait, habitiez-vous à Paris ? Peut-être nous sommes nous déjà croisés ? ». Je lui offris un sourire amical avant de répondre à sa question : "J'habitais dans une grande maison dans le seizième arrondissement. Mon père avait beaucoup d'argent. En même temps il fallait bien ça pour nourrir 6 enfants ! Mais bon, je suis parti à mes 18 ans... Et vous, vous habitiez où ?" Je n'aurai jamais pensé rencontrer une française ici, ça ne courrait pas les rues. La probabilité pour qu'en plus de ça on ait quasi le même âge, et qu'elle soit de Paris, était mince. Je m'étais toujours dit que "ce qui doit arriver arrivera" quoi qu'il arrive, et que donc, je devais rencontrer cette jeune femme. Pour quoi, je ne sais pas, sans doute pour repenser à mon passé quelque peu douloureux, peut être pardonner à mes parents, mes frères et soeurs. Peut être aller voir ma mère qui était malade... Qui sait après tout...

Après la réponse de Claire, Lohan lâcha d'un ton plutôt enjoué "Moi aussi j'aimerai bien visiter Paris, la tour Eiffel... mais papa il dit que je suis trop petit"... "Pour l'instant oui ! Mais on ira bientôt c'est promis !"

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ARTHUR&CLAIRE

Ainsi, j’avais devant moi un photographe. Le moins que l’on puisse dire, c’était que cela ne courrait pas les rues. Je ne savais même pas s’il y avait un studio photo en ville, et je me promis de me promener dans le centre un de ces jours afin de voir ou il était situé. Arthur me raconta ensuite qu’il avait habité quatre ans à New-York avant de déménager ici suite à la naissance de son fils. Il avait bien raison, Time Square était une petite ville plutôt tranquille, mais avec un vaste panel d’endroits à voir et où se reposer. Parcs, activités culturelles, boutiques en tout genre, écoles… C’était effectivement un endroit qui convenait à tous, aux plus vieux comme aux plus jeunes. Cela faisait dix ans que j’avais emménagé et je n’avais aucune envie de partir pour l’instant. C’était ici que j’avais fait mes études, que j’avais eu mon premier poste en tant qu’institutrice, que j’avais connu de bons comme de mauvais moments… « Photographe ? Ce doit être un métier passionnant ! Vous prenez en photo des paysages, ou seulement des gens ? » demandais-je, véritablement intéressée par les spécificités du métier, au risque de paraitre un peu trop curieuse.

Avec surprise, je découvrais qu’il venait de Paris lui aussi mais également qu’il avait quitté le pays au même âge que moi. Etonnée de cette coïncidence, je fis un rapide calcul dans la ma tête… S’il était parti à 18 ans, qu’il en avait vécu quatre à New York et quatre ici, j’arrivais donc à un total de 26. Non vraiment, s’en devenait presque bizarre. En même temps, j’étais, comment dire… excitée de savoir que l’on avait pu se croiser en France mais sans vraiment se voir et que maintenant, nous nous retrouvions, tous les deux face à face aux Etats-Unis. Peut-être était-il dans le même lycée, dans le même collège ? Peut-être nos parents se connaissaient-ils ? Peut-être s’était-on déjà parlé mais sans se souvenir l’un de l’autre ? Cela me paraissait un peu gros, mais je ne pensais pas que cela puisse être impossible. Ce qui était sûr, c’était que nous habitions dans le même quartier, dans la même ville et que nous avions le même âge. « C’est vraiment hallucinant ! Moi aussi je vivais dans le seizième car mes parents dirigeaient une entreprise de textile dans cet arrondissement. Et je suis partie également à l’âge de 18 ans » dis-je avec un grand sourire.

A la pensée des circonstances de mon départ, je devins rêveuse et oubliais un instant que les Delorme se trouvaient en face de moi. Je ne repris mes esprits qu’en entendant la petite voix de Lohan me parlant de la tour Eiffel. "Moi aussi j'aimerai bien visiter Paris, la tour Eiffel... mais papa il dit que je suis trop petit". "Pour l'instant oui ! Mais on ira bientôt c'est promis !" répondis son père à l’instant même en l’embrassant. « Et tu verras, c’est très beau ! » ajoutais-je. « En plus tu sais, y’a même un bâtiment à Paris, ou y’à plein d’animaux, même des dinosaures ! Je suis sure que cela t’intéressera ». En tout cas, moi j’avais déjà visité ce musée, certes j’étais un peu plus vieille, et j’avais adoré cela.

Tout de même, cette question de coïncidence me revenait en tête. Déjà que je ne m’attendais pas à croiser une famille de français en ville, voilà que je me retrouvais à faire la conversation avec un compatriote parisien. Finalement, le petit Lohan avait eu une bonne idée en persuadant son père de venir me parler ! Je ne doutais pas que nous allions nous recroiser encore beaucoup de fois, et avoir encore une multitude de sujets de conversation à aborder, notamment des anecdotes sur notre jeunesse. Finalement, sans plus avoir peur d’être trop curieuse, je finis par lui poser des questions plus directes. « Vous avez cinq frères et sœurs alors ? Ce n’était pas trop dur de cohabiter tous ensemble ? Moi je n’ai qu’un frère, et cela va faire bien longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvés, nous nous parlons seulement par téléphone. Vos parents sont-ils toujours en France ? » A vrai dire, je me sentais proche de ce jeune homme, même si cela ne faisait que dix minutes que nous nous connaissions. Il fallait dire que le fait de savoir que nous avions tant de points en commun y était pour quelque chose.

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Mon fils est amoureux...

Je ne savais pas trop bien pour l'instant si la jeune institurice était simplement curieuse, ou si elle faisait semblant de s'intéresser par politesse. Je penchais pour la première solution, bien que la curiosité n'était pas réellement le mont approprié. Disons qu'elle s'intéressait à ce que je pouvais faire. Les gens en général ne s'intéressent aux gens qu'ils ne connaissent pas pour une raison bien précise, là, Melle Garnier avait vraiment l'air sincère. Elle avait l'air d'être une personne vraiment gentille.

« Photographe ? Ce doit être un métier passionnant ! Vous prenez en photo des paysages, ou seulement des gens ? » Je lui offris un sourire amical. En effet, j'adorais ce métier, il m'avait choisi autant que je l'avais choisi, et finalement, je m'y étais accroché comme j'avais pu. Et j'avais réussi. Je lui répondis alors : «Oui c'est vraiment un métier passionnant, on apprend des choses tous les jours, on rencontre beaucoup de monde, et puis faire de sa passion un métier c'est vraiment quelque chose d'unique, vous devez le savoir !».

Lohan avait pris possession de mes épaules et il jouait avec mes cheveux en écoutant notre conversation avec son institutrice remplaçante. Il me faisait craquer. JE tenais ses jambes au cas où, il était lourd mais j'adorais vraiment le porter sur mes épaules, ça me rappelait quand il était tout petit.

Rapidement, on en venait à parler de notre ancienne vie à Paris, elle m'annonça alors : « C’est vraiment hallucinant ! Moi aussi je vivais dans le seizième car mes parents dirigeaient une entreprise de textile dans cet arrondissement. Et je suis partie également à l’âge de 18 ans » J'écarquillais les yeux. J'hallucinais vraiment. C'était impressionnant. Je lâchais alors «C'est pas vrai ! » sur un ton vraiment choqué. Comme quoi, on peut rencontré quelqu'un avec qui on a beaucoup de points communs, dans un endroit dont on ne soupçonnerait pas l'existence !

Lohan me demanda alors quand il pourrait aller à Paris, et Claire ajouta « En plus tu sais, y’a même un bâtiment à Paris, ou y’à plein d’animaux, même des dinosaures ! Je suis sure que cela t’intéressera ». Lohan gigotait sur les épaules et disait en sautillant «Je veux y aller papa je veux y aller quand est-ce qu'on y va ?» «quand tu auras 5 ans» lui répondis-je. Je comptais l'emmener à Paris à son anniversaire.

J'étais toujours impressionné de voir que nous avions autant de points communs. C'était vraiment fou de me retrouver là avec une "copatriote" française, qui a vécu dans le même quartier que moi, au même âge que moi etc... Elle me demanda alors : « Vous avez cinq frères et sœurs alors ? Ce n’était pas trop dur de cohabiter tous ensemble ? Moi je n’ai qu’un frère, et cela va faire bien longtemps que nous ne nous sommes pas retrouvés, nous nous parlons seulement par téléphone. Vos parents sont-ils toujours en France ? ». Je l'écoutais très attentivement me raconter son histoire. C'était triste qu'elle ne soit pas proche de son frère, mais je ne l'ai jamais été non plus, mis à part avec Capu. «En fait je suis proche que de ma petite soeur, qui vient de s'installer à Time Square. Je n'ai jamais été proche de mes autres frères et soeur. Et oui, mes parents sont toujours en france. Les vôtres aussi ?».

Je fis descendre Lohan de mes épaules, il était beaucoup trop dissipé. D'ailleurs, il commençait à me faire sentir sa fatigue. Pourtant, j'étais bien là en train d'apprendre à connaître Claire... J'espérais qu'il reste calme encore un peu...

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ARTHUR&CLAIRE

J’écoutais avec attention le père Delorme me parler de son métier, et je comprenais très bien le fait que l’on puisse vivre de sa passion. Il semblait fier de me parler de photographie, que je me félicitais intérieurement de lui avoir posé la question. Nous ne nous attardâmes finalement pas sur la question, car après l’annonce de mes origines, il semblait presque aussi étonné que moi. Ravie de trouver un sujet de conversation approprié avec un parent d’élève autre que l’école et les cours, j’évoquais le musée de mon enfance, m’adressant à la fois à Arthur et Lohan.

Je ne pus retenir un petit rire en voyant l’enfant s’agiter dans les bras de son paternel à l’entente de la composition du fameux musée. Calme et attentif dans la classe, je voyais à présent qu’il pouvait être très exubérant, et je pensais que cela provenait du climat de confiance que nous avions réussi à instaurer. En effet, voir que son père et moi nous attendions à priori bien lui faisait apparemment plaisir, car son regard ne cessait de dériver entre Arthur et moi, manifestement en l’attente d’une réaction de notre part. Je ne tardais pas a enchaîner les questions sur sa vie, afin d’en savoir plus sur ce mystérieux jeune homme que j’aurais pu croiser des années auparavant mais que je n’avais finalement jamais connu. Je pouvais paraître directe et largement sans gêne, mais je m’en fichais un peu, je souhaitais juste un peu plus d’information. Il me répondit avec plaisir, évoquant la relation qu’il entretenait avec sa famille proche. «En fait je suis proche que de ma petite soeur, qui vient de s'installer à Time Square. Je n'ai jamais été proche de mes autres frères et soeur. Et oui, mes parents sont toujours en france. Les vôtres aussi ?». Un peu intriguée de voir qu’il ne s’entendait pas avec toute sa fratrie, je me retiens de poser d’autres questions indiscrètes qui auraient pu le mettre mal à l’aise. En tant que maîtresse et lui parent, j’étais sure que nous nous reverrions à plusieurs reprises, et le temps viendrait ou nous approfondirions notre relation. Pour l’heure, je me contentais de lui sourire avec franchise. « Comment s’appelle votre sœur ? Peut être aurais-je l’occasion de la rencontrer si un jour elle vient chercher son neveu à l’école ! » Hasardais-je en jetant un regard vers l’enfant qui esquissait un bâillement, toujours juché sur les épaules de son père. « Et oui, mes parents sont toujours en France ! Je ne pense pas qu’ils veuillent un jour s’installer en Amérique, la classe française les a toujours passionné… J’ai beau leur dire qu’ici, la mode est tout aussi sophistiquée, ils ne veulent rien entendre… Ils sont très… patriotiques. Les vôtres, l’idée ne les tente pas de venir ? » déclamais-je. Je me plaquais la main sur la bouche, me rendant compte que je parlais un peu trop vite et un peu trop de ma famille. Je me laissais emporter par l’excitation du moment, et respirais avec calme pour me parler. Autant éviter qu’il ne me prenne pour une folle.

Lohan, qui était descendu des épaules de son père, me jeta un regard étonné. Je ne savais pas si il avait très bien compris le sens de mes mots, mais en tout cas, les paroles de son père avaient résonnée à son oreille. « Mais si papa et toi vous êtes pareils… alors toi aussi tu as un enfant, comme moi ? Et cet enfant, il a un papa aussi ? » questionna t-il, visiblement intéressé par ma future réponse. Je me sentis rougir et évitais de regarder Arthur puis m’agenouillais à hauteur de mon jeune élève. « Tu sais, ton père et moi nous ne sommes pas pareils, nous sommes justes… très ressemblants. Parce qu’on a vécu à Paris, tous les deux… au même endroit. Mais si ça t’intéresse de le savoir, non, je n’ai pas d’enfant » lui dis-je avec douceur. Je me relevais, lui ébouriffant les cheveux au passage, et me tournais vers Mr Delorme. « Votre fils est vraiment a-do-ra-ble. Peut être suivra t-il vos traces et deviendra photographe un jour. Qu’en pensez vous ? Cela vous plairait ? Et puis, je n’ai jamais eu l’occasion de poser pour un professionnel ! Ou se trouve votre boutique, j’aimerais bien y faire un tour ! ». Converser avec cet homme était vraiment très appréciable, notamment parce que j’avais l’impression que nous avions encore plus de choses en commun que nos origines. Je voyais bien que Lohan commençait à trépigner sur place, mais il ne semblait pas pressé de s’en aller. Et moi aussi, j’avais envie de continuer à discuter.

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