Un personnage, sept jours dans la semaine, sept mises en situation dans Town Square. Voici le principe des challenge weeks. Chaque jour de la semaine, un membre recevra une mise en situation qu'il devrait développer en un minimum de 500 mots. Dès qu'il aura répondu à une situation, Morning Coffee lui enverra la prochaine. Le tout, pendant sept jours, du lundi au dimanche. Si le membre a réussi son challenge, il gagne un prix.


Lundi ▪ Le cirque débarque en ville et Micah décide d'y emmener sa petite soeur. Le Monsieur Loyal croise le jeune homme et fait tout pour essayer de le recruter.
Mardi ▪ Micah se fait honteusement draguer par une fille, et ne trouve pas de meilleure excuse que de lui dire qu'il est déjà en couple... avec un homme... dont toutes les caractéristiques correspondent à un certain Sebastian (alors qu'il ne se passait encore rien entre eux à l'époque).
Mercredi ▪ Une araignée s'est échappée, et se balade en liberté dans le magasin où travaille Micah. Il est seul à devoir gérer cette crise.
Jeudi ▪ Micah, au centre commercial, se retrouve embarqué dans un flashmob sur Unchained Melody à cause de Cachou. Il essaye de se fondre dans la masse.
Vendredi ▪ Micah décide se faire faire un tatouage avec son meilleur ami. Il y a peu chance qu'il arrive à aller jusqu'au bout de son idée.
Samedi ▪ Alors qu'il décide d'acheter furtivement du lubrifiant au supermarché, l'une des anciennes prof de lycée de Micah tombe sur lui dans le rayon alors qu'il tient ce qu'il est venu chercher en mains. Il ne sait plus où se mettre.
Dimanche ▪ Après avoir tant lutté pour avoir son lubrifiant, Micah se décide à l'utiliser pour la première fois. Il a enfin la maison pour lui tout seul et décide de se faire plaisir.

Le cirque. Micah n'avait rien contre le cirque. Il adorait même le cirque ! Dans une autre vie, dix ans en arrière. Mais Sam avait dix ans de moins et elle avait exigée d'aller au cirque. Personne ne refusait rien à Samarah Summers, surtout pas Micah.

Mais rien ne stipulait qu'il devait rester éveillé une fois sa tâche de chaperon accomplie !

Le jeune homme roupillait donc, la tête dodelinant dangereusement vers l'épaule de son voisin de gradin. La jambe en plastique dur de Britney, la poupée de Sam, s'enfonçait dans ses côtes. Mais l'aîné avait l'habitude d'être maltraité par ce bout de plastique immonde et quasi chauve tant sa sœur l'avait peignée avec amour. Son système nerveux faisait abstraction du contact désagréable, comme un torturé habitué à souffrir la même douleur encore et encore.

En bas, deux clowns se disputaient. Micah ne sut jamais quelle était l'objet de la dispute et pourquoi le grand maigre avait lancé sa tarte dans la tronche du petit gros. Son cerveau ne se remit en route que lorsque l'un deux beugla :

« TU VAS ME LE PAYER ! »

« Pa – payer ? » Vite ! Où était la sortie ? Réveillé en sursaut, Micah attrapa la main de sa sœur pour s'enfuir. Pas de bol, dans la panique, il balança une baffe à Britney qui dégagea tout en bas des gradins pour finir sa course en roulant mollement sur la piste.

Il y eut un moment de silence entre le frère et la sœur. Un silence atroce, pesant, lugubre, même au milieu des rires de la foule. Les grands yeux de la cadette se gorgèrent de larmes, ses lèvres tremblèrent.
« B – Britney... » bredouilla t-elle au bord de l'explosion.
Micah prit sa petite soeur par les épaule, et plongea un regard digne d'un super héros dans ses petits yeux mouillés.
« Je vais la chercher. »

Indifférent à l'agonie de Britney, les clowns avaient quitté la piste pour laisser place au numéro spectaculaire des éléphants.

Bin voyons.

Mais l'hypothèse de finir écrabouillé sous une patte d'éléphant n'était que peu de choses en comparaison de la colère de Sam. L'adolescent n'eut pas besoin de se lancer dans une réflexion supplémentaire pour se douter de l'effet désatreux qu'allait avoir une Britney réduite à l'état de crêpe. Un carnage total... Il choisit donc d'appliquer la solution la plus simple possible – a défaut d'être la moins suicidaire. Eviter à tout prix de perdre Britney.

Micah dévala les gradins, et bondit donc, en avant, bras tendus. La gravité aidant, il glissa sur la terre battu de la piste, attrapa Britney et roula sur le côté, évitant ainsi une double mort par écrasement. Le dresseur affolé, donna un ordre à l'un de ses mastodonte, et avant qu'il ai le temps de réaliser, Micah sentit une trompe s'enrouler autour de lui. Qu'est ce qui se passait encore ? Dans le doute il serra la poupée contre lui, comme si c'était sa soeur elle-même, et se retrouva sur... sur – le dos de l'éléphant ? Il était sur le dos de l'éléphant ? Ah oui. Il était sur le dos de l'éléphant à côté du dresseur qui paradait debout sur la bête. Lorsque l'adolescent se releva en équilibre, une fraction de seconde plus tard, il ne put s'empêcher de secouer la tête, agitant ses cheveux en bataille dans un mouvement digne des plus grandes publicités pour shampoing du monde ! Sans le savoir, et juste en essayant de se dépoussiérer la tignasse, Micah venait de s'attirer l'attention du Monsieur Loyal resté en bas, le souffle coupé par son éblouissante prestation suicidaire.

Le numéro terminé, il se jeta littéralement sur lui. « Jeune homme, vous êtes un artiste dans l'âme ! Que dis-je, un acrobate né ! Vous avez la grâce, la prestance et quel sens du spectacle ! Toute la foule a vibrée avec vous ! » Micah allait le remercier poliment et se carapater rendre Britney à sa sœur, mais l'autre poursuivit. « Je veux vous engager ! »
« Gné ? »
« Travaillez avec nous ! Vous êtes jeune, vous êtes souple et vous avez la silhouette parfaite ! »
« Parfaite pour ?... » Okay. Oui, Micah envisageait de dire oui. Parce que finir écrasé sous un éléphant ? Nettement moins pire que les mygales ! Il enverrait des chèques à sa famille par la poste !
« Micaaaaaaaaah ! » Samarah, attrapa sa poupée, vérifia qu'elle n'avait rien de cassée et ordonna simplement. « On rentre à la maison, j'ai froid. » en prenant la main de son frère. « Au revoir monsieur. »
Et Micah la suivit docilement, parce qu'on ne refuse rien à Samarah Summers...

Un jour comme un autre dans la vie de Micah. Après un épisode... perturbant la veille au cirque, et une proposition d'embauche inattendu, l'adolescent avait décidé de retenter sa chance au Morning Coffee. Son objectif ? Accaparer l'attention de son dieu grec préféré pour qu'il l'embauche dans son café. Ça ne fonctionnait pas tellement jusque là, mais si un cirque avait voulu de lui, c'est qu'il avait sa place dans un café !

L'adolescent avait donc rassemblé ses affaires après la fermeture de l'animalerie, direction le Morning Coffee. Déception en arrivant surplace : Sebastian n'était pas là. Qu'à cela ne tienne, il finirait par arriver tôt ou tard ! Micah s'installa et commanda un chocolat chaud.

« Salut. » fit tout à coup une voix fluette, un peu trop proche de son oreille. L'adolescent tourna la tête. Une fille venait de s'installer à côté de lui. Il plissa les yeux, réfléchissant aussi vite que possible. Est-ce qu'il la connaissait ? Dans le doute il répondit d'un ton le plus neutre possible. « Salut. »
« Je m'appelle Sadie. » enchaina la jeune fille. Ouf, il ne la connaissait pas.
« Micah. »
« T'es plutôt mignon Micah. Tu m'offre un café ? »

Micah avait cette bouille, qui lui valait de se faire draguer par autant de filles que de garçons. Ca n'arrivait pas tellement souvent, et une partie de lui était flatté. L'autre refusait tout net de se faire taxer un café par Sadie.

« Okay Sadie, écoute, je suis désolé mais je sors déjà avec quelqu'un. »
« C'est pas grave, j'suis pas jalouse. »
« Lui ...si ? »
« Attends, tu sors avec un mec ? » Oh, mauvais signe, elle fronçait les sourcils. Est-ce qu'il avait été trop loin dans le bobard ? A moins qu'il ai une tête d'hétéro. De pur et 100% hétérosexuel. « Il s'appelle comment ? »
« Il est pas vraiment... à l'aise avec ça. Vis à vis de sa famille tout ça alors – »
« Il a pas de nom et il existe pas non plus. »
« Hey ! Il existe ! Et si je te le présentais, tu le préfèrerais sans doute à moi. »
« Il est si canon que ça ? »
« Vachement canon. » Tiens en parlant de canon. Son dieu grec venait d'arriver. Micah se rinça l'œil au passage. « Le genre, brun ténébreux. Avec un regard de braise, mais super mystérieux. Je sais toujours pas de quelle couleur exacte ils sont d'ailleurs... Et un putain de corps de rêve. Je sais pas où il trouve le temps de se tailler cette carrure d'athlète avec tout ces abdominaux qu'on voit rouler à travers son pull, mais je te jure Sadie... » et l'air rêveur sur son visage n'était qu'à moitié mimé « mon mec quand il se fout à poil, il appartient au Louvre »
« Et sinon, il a une grosse bite ? »
Micah ouvrit des yeux ronds comme des soucoupes. « Quoi si c'est ton mec vous vous êtes bien envoyé en l'air. »
« Ouais, tu vois... longue, mais pas flippante, large mais pas non plus comme un tube de Pringles. » Super. Maintenant il imaginait l'attirail de son futur patron. Futur patron qui se trouvait à quelques mètres de lui. Il fallait qu'il se débarrasse d'elle. Plan B, évacuer tous les fantasmes que Sebastian lui inspirait dans son petit ami virtuel. « C'que je préfère, c'est quand je l'ai dans la bouche. Et qu'il essaie m'obliger à la prendre en entier... »
« Eww, c'est bon je veux pas savoir ça. »
Micah fit une petite moue innocente. « J'sais pas, tu veux savoir quoi ? La texture de son sperme ? Parce qu'il en a à revend – »
« T'es complètement taré. J'me casse. »

L'adolescent retourna à sa tasse. Mission accomplie ! Puis il s'en alla l'air de rien rejoindre Sebastian. Non, Micah, regarde le au dessus de la ceinture, au dessus ! Il n'aurait sans doute jamais l'occasion de vérifier s'il était vraiment aussi bien monté que dans ses fantasmes de toute manière... Les joues légèrement roses, Micah sourit au dieu grec. « Hey ! J'vous ai manqué depuis l'autre jour ? »

Après un énième refus d'embauche la veille de la part de Sebastian, Micah était de retour à l'animalerie. Sa journée s'était partagée entre divers traumatismes, impliquant une morsure de chinchilla sur son index coté torture physique, et le repas des serpents à base de souris congelées pour le supplice moral. La fermeture approchait et la jeune victime n'avait qu'une hâte : rentrer chez lui, s'enterrer sous la couette et prétendre que tout ça n'était jamais arrivé, et que sa vie n'avait jamais atteint ce stade critique de délabrement absolu.

Dernière étape avant la libération : vérifier que tout ce petit monde était bien installé pour la nuit. Température des vivariums des serpents ? Check. Aquarium des tortues ? Check. Cage des furets ? Check. Connard de chinchilla enragé ? Check. Mygale en liberté sur le lino ? Check.

…

Attendez ? Mygale en liberté sur le lino ? Le cerveau de Micah fit le point en même temps que ses yeux sur la grosse arachnide poilue qui cavalait pour se planquer sous un meuble. « OH. MON. DIEU. »

Les réflexes inscrits dans son code génétique lui hurlèrent d'écrabouiller la bête mais son porte monnaie parlait plus fort. Ce truc valait plusieurs centaines de dollars ! Blanc comme un linge, le cœur battant à tout rompre et le courage d'un élève de sixième face à sa prof de math, Micah trouva la bravoure nécessaire pour dandiner son fessier jusqu'à ramper après la chose, dans l'espoir qu'on avait planqué sous le meuble un bazooka pour l'aider à surmonter cette crise.

Pas de bazooka. Mais elle était là, avec toutes ses – pattes et ses deux crochets et ses huit petits yeux scintillants. « Oh mon dieu... » couina Micah d'une voix suraigüe. « Viens là pepette, s'il te plait... » Et comment il allait la prendre ? Dans sa main ? « NON, viens pas ! » Marche arrière. Micah se redressa sans quitter le meuble des yeux. Impossible de la pousser avec un balai. Il fallait qu'il la capture et la coince DANS quelque chose. Son pull ? Non trop épais, il risquait de l'écraser dans l'opération. Son t-shirt, ça ferait l'affaire ! Micah se déshabilla et s'arma du balai pour titiller la bête et la faire sortir de sous le meuble. Avec une dégaine à faire pleurer un spartiate digne ce nom, l'adolescent passa a l'attaque. Il racla le meuble du bout du balai. La mygale furax, s'enfuit à toute vitesse en quête d'une nouvelle planque. Le cerveau de Micah ne fit qu'un tour. Tel un gladiateur balançant son filet sur l'ennemi, il envoya son t-shirt sur le monstre. En plein dans le mille !

Il la tenait, il la tenait ! Micah se jeta sur le piège improvisé et le referma tant bien que mal en forme de baluchon. « Micah : 1, Pepette : 0. »

Ce qu'il n'avait pas prévu, c'est que Pepette trouve les manches de son t-shirt AVANT son sprint en direction des terrariums, et se faufile sur son bras.

« OH MON DIEU ! »

Il y eut un hurlement, une baffe monumentale à vous assommer un bœuf. La mygale fit un vol plané sur cinq mètres avant de se ratatiner sur le lino. L'adolescent avait viré du blanc au bleu, tétanisé par le contact direct. Mon dieu, il avait envie de la tuer. Il avait TELLEMENT envie de la tuer. Et de fuir aussi. Pourquoi est-ce qu'il avait accepté de faire la fermeture tout seul ? Et – et qu'est-ce qu'elle faisait ? Elle était toujours vivante ? Apparemment oui, car elle s'était remise sur ses pattes et filait à toute blinde vers la grille d'aération.

« Mémémémémémé... » bredouilla l'adolescent, en s'élançant à sa poursuite.

Trop tard, l'araignée, ses pattes et son corps grassouillet s'était glissé dans l'aération. Elle allait terroriser Town Square. Et Micah s'approchait encore un peu plus du licenciement.

« Hé merde... »

Les animaux avaient décidé de pourrir la vie de Micah. Après les éléphants, il y avait eu la mygale. Et les mauvaises langues auraient pu dire qu'il forçait le destin mais Micah aimait son chien ! Cachou, c'était son labrador. Son âme-sœur canine. Partenaire de conneries et champion de câlins toute catégories. S'il devait passer une seule bonne journée, ça serait grâce à Cachou.

Voilà comment il s'était retrouvé au centre commercial, avec son chien. Le problème, c'est qu'il était condamné à rester dans la galerie marchande. Un mal pour un bien ! Son porte monnaie lui en serait reconnaissant. En attendant, Cachou tirait sur sa laisse de temps en temps, attiré par dieu sait quoi. Le monde sans doute. Il y'avait beaucoup de monde pour un jeudi ! Est-ce que c'était les soldes ? Il l'aurait su. Les Summers avaient un radar à soldes, c'était le seul moment de l'année où ils s'achetaient des vêtements.

Par acquis de conscience, le jeune homme se mit à trottiner vers une vitrine... Et cachou qui trainait ! « Mais viens ! Espèce d'emmerd – »


Micah cligna des yeux et tourna la tête, incrédule. La foule présente était en train de se réunir par... couples ? Qu'est ce que c'était que ce bordel ? Et pourquoi la musique de Ghost résonnait dans le magasin ? Il n'eut pas le temps de se poser plus de question. Excité comme une puce par l'agitation, Cachou tira brusquement sur sa laisse pour le trainer vers les danseurs.

Okay, il était ridicule. Tout seul avec son chien au milieu du dancefloor improvisé. Il fusilla l'animal du regard et – percuta quelqu'un. « Oh pardon, je... » Micah leva les yeux vers l'homme en question. Car c'était un homme. Et quel homme ! Beau, brun, dans les vingt-cinq ans à vue de nez. Très attirant à vue de libido. Hmm, une telle vision alors que tout le monde batifolait autour d'eux... Non ! Non, surtout pas ! Aujourd'hui c'était balade avec Cachou. Pas journée drague ! « On pourrait... faire comme tout le monde, et danser ? » s'entendit proposer Micah. Et ce n'était pas sa voix. Nope.

Ou alors si. Et son partenaire devait se sentir aussi ridicule et paumé que lui, car deux secondes plus tard, ils entamaient un slow langoureux. Porté par l'ambiance générale, l'adolescent glissa ses mains sur les épaules de Beau Brun (faute savoir son nom) et l'observa. Bon sang, il l'avait déjà vu quelque part. Mais où ? « Je t'ai déjà vu, non ? Je te jure que c'est pas une technique de drague. Mais j'suis sûr que... » L'autre se mit à sourire. D'un sourire que Micah décrypta comme énigmatique, amusé et sans doute un poil moqueur. « Y a des chances. » répondit-il simplement. Plus vague, tu meurs. Mais ça lui donnait un air mystérieux, loin d'être déplaisant. Ajouté à une rencontre romantique dans... un centre commercial – d'accord cette partie là gâchait un peu le tableau – Micah s'imagina toutes les tournures que cette danse pourrait prendre.

Correction. Que cette danse aurait pu prendre. Si la musique ne s'était pas arrêtée, et que tout le monde ne s'était pas dispersé d'un coup. Séparé bien trop vite à son goût de son cavalier, Micah ouvrit la bouche pour dire quelque chose mais Cachou tenta encore de lui démonter le bras en tirant sur sa laisse. L'adolescent fit volte face comme un yoyo malmené. « Mais merde Cachou ! » il se retourna pour s'excuser et rattraper le coup avec Beau Brun. « Désolé, il est vraiment... » Micah s'interrompit et papillonna des yeux. Il avait disparu.

« Si tu savais comme je te déteste... » grommela t-il à l'intention du labrador.

Saloperies d'animaux.