Lennon & Jamie

Je me sentais étrange, presque perdue dans cette ville qui ne me semblait plus être la mienne. J'avais l'impression d'être une étrangère dans ma propre ville. Ces cinq années loin de Town Square avaient fait de moi une autre personne, une autre Jamie même si je n'avais pas le sentiment d'avoir tant changé que ça. Au final, pendant ces cinq ans, j'avais bougé de ville en ville, incapable de trouver un autre chez moi. L'Italie peut-être avait été ce qui se rapprochait le plus de la définition de "chez moi" puisque j'y avais passé un peu plus de un an. Après, ça avait été quelques mois en France, quelques mois en Russie, presque un an à New-York, une virée à Los Angeles, Las Vegas, Miami et enfin quelques mois à San Francisco. Et boum. Retour à la case départ. En lisant cette offre d'emploi pour un boulot de traductrice ici à Town Square, j'avais eu le sentiment que je devais y retourner, qu'il était temps de me poser un peu enfin et de retrouver cette sensation de se sentir appartenir à un endroit. Mais peut-être m'étais-je trompée ? Peut-être étais-je incapable d'appartenir réellement à un endroit comme je me sentais incapable d'appartenir à un homme ? Ou peut-être fallait-il juste un peu de temps pour retrouver mes habitudes et mes repères. Et je savais ce que je devais faire pour ça. Revoir Lennon, retrouver ma meilleure amie. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis une éternité et j'étais étonnée de savoir que c'était elle qui avait abandonné en premier notre amitié, je n'aurais pas cru. Moi pendant ces cinq ans, j'avais continué de penser à elle, de lui écrire pour lui raconter ce que je vivais afin de ne pas perdre notre lien mais peu à peu, la distance et le temps avaient sûrement eu raison de ses promesses d'éternité.

Pour autant, je ne lui en voulais pas plus que ça et je voulais juste la revoir. J'avais donc réussi à obtenir son adresse par ma soeur qui s'était renseignée pour moi et en cette fin de journée, je me rendis donc chez elle, une petite boule au ventre quand même à l'idée de la revoir après tout ce temps. Je ne me rappelais même plus le son de sa voix, ni l'éclat de son sourire. Comme quoi le temps efface bien des choses. Comme je ne commençais le boulot que la semaine prochaine, je profitais de ces journées pour vagabonder dans ma ville ou juste passer du temps avec ma soeur et mes parents pour rattraper le temps perdu. J'allais faire de même avec Lennon ce soir. J'espérais qu'elle serait chez elle, après tout je ne savais pas ce qu'elle était devenue, ce qu'elle faisait et je risquais de me retrouver devant une porte close. Mais qui ne tente rien n'a rien. Je finis par atterrir devant un petit immeuble non loin du studio que je venais de louer et je me réjouis à l'idée d'être tout près de chez elle. Je regardais sur la boîte aux lettres et grimpais les escaliers jusqu'à sa porte. Je restais un moment immobile, retenant presque mon souffle et me décidais enfin à donner deux petits coups. Il n'y avait plus qu'à croiser les doigts pour qu'elle soit là.

code by biscotte

Lennon & Jamie

Je ne savais même pas pourquoi je me sentais si nerveuse. Après tout, ce n'était que Lennon ma meilleure amie de toujours. On se connaissait par coeur, je n'avais pas à craindre nos retrouvailles. Bien au contraire. Pourtant, debout sur le pas de sa porte, je sentais mon coeur battre un peu plus fort en espérant qu'elle soit là. Et elle l'était. La porte s'ouvrit et une cascade de cheveux blonds lumineux m'éblouit presque autant que le sourire dessiné sur son visage. Sourire qui se figea pour se transformer en une moue surprise. On aurait pu jurer qu'elle venait de voir un fantôme, et peut-être était-ce que j'étais désormais. Après tout, cinq ans étaient passés déjà. C'est long cinq ans surtout à nos âges. C'est presque toute une vie pour nous, du moins on le ressent comme ça. « Mais… » J'esquissais un petit sourire tandis qu'elle reprenait peu à peu des couleurs. « Mon dieu ! Jamie ! » Mon sourire s'agrandit et je hochais la tête. " Surprise ! " Elle semblait vraiment surprise de me revoir, j'avais imaginé que depuis quelques jours que j'étais ici, elle avait peut-être appris mon retour. Après tout, c'est une petite ville ici. Tout le monde se connaît ou presque. Mais non, elle l'ignorait sûrement vu l'expression de son visage. « Mais… mais quand es-tu revenues ? J’ai l’impression que ça fait une éternité que je n’ai pas eue de tes nouvelles ! Raconte moi tout, les villes, les gens, …» J'éclatais de rire devant le flot de questions qui me submergeaient. J'ouvris la bouche pour parler mais elle me prit par le bras pour m'entraîner à l'intérieur de chez elle. Soudain, mon coeur était plus léger. Je la retrouvais enfin et toutes ces années loin l'une de l'autre me semblaient loin. J'avais eu peur de la revoir, peur que tout ait changé mais c'était toujours la même Lennon, le même sourire, le même enthousiasme. " Doucement, doucement, je vais tout te raconter." Je lui fis un sourire malicieux et l'apaisais de mes mains comme pour la calmer. Elle sembla contrite un instant et sourit : « Je suis désolée Jam’, je … je te bouscule avec toutes mes questions. » Je m'installais sur le canapé et elle se laissa choir à mes côtés en soupirant. Elle me regarda, me dévisagea même comme si elle ne croyait toujours pas à ma présence dans son salon, à mon retour. « C’est juste tu m’as tellement manqué, si tu savais… » Je hochais la tête et posais mon autre main sur la sienne. Elle m'avait tellement manqué aussi. Je l'avais toujours ressenti mais c'est en la revoyant que j'en prenait vraiment conscience. Ca me semblait maintenant presque impossible de savoir que j'avais réussi à passer toutes ces années loin d'elle. Comment avais-je pu ? " Tu m'as manqué aussi Len' ! Promis, je repars plus. Enfin pas tout de suite, et plus aussi longtemps. Je te laisse plus maintenant." Je soupirais doucement, contente de me sentir enfin à ma place. Il avait suffi que de quelques secondes auprès d'elle pour comprendre que ma place avait toujours été près d'elle. " Ca fait tellement bizarre d'être de retour. Je suis arrivée il y a quelques jours. J'ai du enquêter pour avoir ton adresse, je ne savais pas que tu avais déménagé. Tu recevais toujours mes cartes ? " Après tout, peut-être ne les recevait-elle plus à cause du déménagement. " Et toi alors ? Dis moi tout." J'éclatais de rire en me rendant compte que je faisais exactement comme elle à la bombarder de questions.

code by biscotte

Lennon & Jamie

Lennon avait toujours été comme une soeur pour moi, bien plus que ça même. Nous avions toujours tout partagé et ces cinq années passées loin d'elle me faisait comprendre à quel point elle m'avait manqué. En fait, je n'avais pas réalisé jusqu'à maintenant le vide qu'elle avait laissé dans ma vie. Bien sûr, c'était moi qui étais partie. Moi qui avais choisi de quitter Town Square et de vivre ma vie loin d'ici, loin d'elle. Mais jamais, jamais je ne l'avais oubliée. Et même si je me contentais de cartes postales où j'écrivais une petite anecdote qui m'était arrivée, je la considérais toujours comme ma meilleure amie. J'aurais pu lui écrire de longues lettres mais ce n'était pas moi, et elle le savait. Les cartes postales, ça me ressemblait plus. Et puis, je savais qu'un jour ou l'autre, je reviendrais à Town Square et je savais que j'en aurais plus à lui dire que si je lui avais écrit de longues lettres chaque semaine.

Me retrouver devant elle me faisait tout drôle. Je la retrouvais comme elle était avant mais en même temps ce n'était plus la même Lennon. Elle était plus mince me semblait-il, ses traits semblaient tirés, las même si son sourire illuminait son visage. Ses cheveux étaient toujours aussi blonds, peut-être un peu plus courts que lorsque nous avions 17 ans. Les miens au contraire avaient poussé et je ne les coupais que rarement. Nous nous dévisagions comme si nous voulions imprimer ce moment et le graver en nous pour toujours. Nos retrouvailles. Elle n'avait pas changé, elle me bombardait de questions, si bien que je dus la calmer en lui disant en riant que je lui raconterais tout. Elle me fit entrer chez elle et on s'installa dans son canapé. « Je suis désolée Jam’, je … je te bouscule avec toutes mes questions. » Je ris doucement et secouais la tête comme pour lui faire comprendre que ce n'était pas grave. Au contraire. Je préférais cette effusion de mots, de paroles plutôt qu'un silence gêné entre nous. Cela me montrait que les choses entre nous étaient toujours pareilles. Notre complicité était toujours là et avait ressurgie à la seconde même où elle m'avait ouvert la porte. Elle m'avoua que je lui avais manqué et je lui répondis qu'à moi aussi, elle avait manqué. Pour la rassurer, je lui promis que j'étais là pour rester. Du moins, jusqu'à que l'envie de repartir me reprenne. Mais pour l'instant, je me voyais bien poser mes valises à Town Square pour les dix prochaines années à venir. Maintenant que j'avais retrouvé ma Lenny, je n'avais plus envie de la laisser et je me rendais compte que je serais sûrement incapable de repartir aussi longtemps. Je ne savais même pas comment j'avais pu supporter ces années là. Je lui racontais ensuite que j'étais là depuis quelques jours et que j'avais du chercher son adresse pour la trouver. Sinon, j'aurais été la voir sitôt mon avion atterri. Je lui demandais si elle recevait toujours mes cartes, espérant qu'elle me répondrait que non. Ainsi, je comprendrais mieux les raisons de son silence. « J’ai eu quelques problèmes avec mes parents donc j’ai du déménager. J’imagine que tes cartes doivent m’attendre bien sagement là bas. » Elle souriait mais je voyais qu'elle semblait se forcer. J'étais étonnée d'entendre qu'elle ait des problèmes avec ses parents. Je les connaissais bien et ils étaient plutôt cools. Sa famille entière était géniale à vrai dire et ils me considéraient même comme un membre de leur tribu. " Je suis soulagée, j'avais cru que tu ne voulais plus me répondre, plus m'avoir dans ta vie." J'étais pas du genre à montrer mes émotions mais devant Lennon, je me laissais aller. Je ne craignais pas de lui faire part de mes faiblesses, de mes doutes et mes craintes. C'était la seule personne qui me connaissait si bien. " Tu ne retournes plus voir tes parents du tout ? " Je devais avouer que j'étais un peu étonnée. Il s'était passé des mois et des mois, sûrement plus d'un an depuis sa dernière lettre en réponse à une de mes cartes. J'avais du mal à comprendre ce qu'il avait pu se passer pour qu'elle reste loin de ses parents si longtemps. Cependant, je ne m'éternisais pas sur le sujet et lui demandais de tout me raconter. A mon tour, je la bousculais de questions, désireuse de tout connaître d'elle, de combler le vide de ces cinq années. Elle resta silencieuse un moment comme si elle réfléchissait à quoi me dire et elle finit par esquisser un mince sourire en répondant : « Et bien écoute à part le problème avec mes parents il n’y a pas grand-chose, je fais mes études en journalisme, je bosse au Morning Coffee avec un patron… juste. Franchement j’arrive même pas à te décrire le mec, t’en reviendrais pas en tout cas. » Elle éclata de rire et je ris avec elle. Son rire avait toujours été contagieux. " Hum, je sens que je vais aller faire un tour au Morning Coffee prochainement. Et ca se passe bien tes études ? Pas trop dur ? " Le journalisme avait toujours été ce qu'elle avait voulu faire et j'étais contente d'entendre qu'elle s'était accrochée à ça. « Et puis il y a Noam, sa vie a été un peu chamboulé ces derniers temps donc je l’aide comme je peux. » Elle avait dit ça d'un ton troublé et je sentis qu'elle ne me disait pas tout. " Noam ? " J'avais prononcé son prénom comme si je ne me souvenais pas de lui alors que bien entendu les nombreuses soirées passées en sa compagnie et en celle de Gabriel étaient encore gravées dans mon esprit. " Je ne savais pas que vous étiez proches." Pour moi, Noam était seulement le meilleur ami de son frère, du coup je trouvais cela étrange que Lennon prenne soin de lui. N'étais-ce pas à Gabriel de le faire ? Cependant, je n'ajoutais rien d'autre, voulant la laisser se confier à moi à son rythme. Ca faisait tellement longtemps que nous ne nous étions pas vues. Peut-être avait-elle besoin de temps pour se laisser aller de nouveau. Je serrais un peu plus fort sa main qui tenait la mienne comme pour lui montrer que j'étais là.

code by biscotte

Lennon & Jamie

En retrouvant Lennon, j'avais l'impression de me retrouver. Elle m'avait tellement manquée. C'était une partie de moi-même et loin d'elle, je sentais comme un vide en moi. Maintenant que j'étais de retour à Town Square, je comptais bien rattraper le temps perdu, toutes ces années loin d'elle. Elle avait été bien entendu surprise de me revoir, j'avais demandé à ma famille de ne rien lui dire s'ils la croisait pour garder la surprise. Et ça avait marché ! Rapidement, elle m'avait entraîné dans son salon, me faisant assoir dans son canapé et me pressant de questions. J'avais ri devant cette masse d'interrogations et puis nous avions commencé à discuter de tout, de rien. La retrouver n'avait pas été une mince affaire, ma soeur m'avait dit qu'elle n'habitait plus chez ses parents et j'avais du "enquêter" pour obtenir son adresse. Je ne pus m'empêcher de lui demander si elle avait reçu mes dernières cartes, incapable de donner une explication à son silence. Même loin l'une de l'autre, nous étions parvenues à rester en contact avec des lettres, des cartes postales, parfois quelques mails. Et puis, d'un coup plus rien. Le silence, le néant. Elle me sourit et me rassura en me disant que mes cartes étaient sûrement dans sa chambre de jeune fille à l'attendre. Ce qui sous entendait qu'elle ne voyait plus ses parents. Je ne relevais cependant pas, me contentant de lui avouer que j'avais crains qu'elle m'ait oubliée, mise de côté. Elle sembla presque choquée de ces paroles, de ces mots qui montraient pourtant une réelle inquiétude de ma part. Sans nouvelles de Lennon pendant un an, peut-être plus, j'avais réellement eu l'impression de perdre ma meilleure amie, de me retrouver seule au monde. Peut-être était-ce ça qui m'avait donné envie de revenir à Town Square. La retrouver enfin. « Non bien sûr que non ! Comment oses-tu penser ça. » Elle secoua sa tête, ses cheveux blonds virevoltant autour d'elle et elle resta silencieuse un moment avant d'ajouter : « J’ai juste eu une période un peu difficile et j’ai oublié où étaient les choses importantes. » Elle soupira doucement, détournant le regard un instant. Je serrais un peu plus fort sa main dans la mienne, sentant qu'elle était malheureuse. Je la connaissais assez pour savoir qu'elle ne me disait pas tout mais je n'avais pas envie de la brusquer. Je voulais juste lui faire comprendre que j'étais là et que je n'allais pas repartir de sitôt. On allait avoir le temps de se retrouver, d'apprendre à se connaître de nouveau. " J'espère que tu te sens mieux. En tout cas, maintenant je suis là. Je ne serais plus loin de toi. Tu m'as tellement manqué Lenny." J'avais repris le petit surnom que je lui donnais souvent avant, il y a encore longtemps. J'avais besoin de la retrouver, de la sentir redevenir aussi proche qu'avant. Je savais qu'on allait avoir besoin de temps pour ça. Après tout, on avait passé cinq ans loin l'une de l'autre, c'était pas rien.

Pourtant, rapidement, la discussion prit un ton plus léger lorsqu'elle me raconta son travail au Morning Coffee, son patron étrange. Elle rit et je ris avec elle, en ayant enfin le sentiment de la retrouver. Je restais dans le ton de la plaisanterie en lui disant que je n'allais pas tarder à faire un tour là-bas histoire de voir le phénomène, ce qui la fit rire de nouveau. Je l'interrogeais ensuite sur ses études. J'avais envie de tout savoir sur ce qu'elle avait fait pendant mon absence. Est-ce que ça lui plaisait autant ? Est-ce qu'elle aimait ce qu'elle faisait ? Je savais que pour Lennon, c'était un sujet important il y a cinq ans. Elle avait envie de réussir et s'accrochait pour ça. Pourtant, elle poussa un petit soupir désabusé et haussa les épaules en me souriant : « J’ai connu une petite baisse de régime, mais j’espère m’y remettre très sérieusement, en même temps allier le Morning Coffee et les cours c’est pas ce qu’il y a de plus facile. » Je hochais la tête, je comprenais tout à fait ce qu'elle voulait dire. Moi aussi, j'avais parfois eu du mal à me concentrer sur mes études. Pour pouvoir vivre décemment, je devais travailler à côté et je n'avais finalement que peu de temps pour bosser chez moi sur mes cours. Parfois, la vie empiétait tout simplement sur le temps consacré aux études. Parce que bien entendu, j'en profitais également pour sortir beaucoup. Je m'étais fait plein d'ami(e)s, j'avais profité. J'avais découvert d'autres pays, d'autres cultures, d'autres mondes. C'était une expérience magique à condition qu'on la vive à fond. Ce que j'avais fait. " Oui, c'est pas évident. Puis bon, il y a des moments où c'est juste difficile d'arriver à se concentrer sur les cours, les études." J'avais cru comprendre qu'elle avait traversé une période difficile, j'aurais aimé lui demander pourquoi, ce qu'il s'était passé. Était-ce une peine de coeur ? Une dispute avec ses parents ? " Tu te sens mieux maintenant ? " Je n'avais pu m'empêcher de le lui demander. J'avais besoin de savoir que tout ça était loin derrière elle, de savoir qu'elle était heureuse.

La discussion continuait et soudain le nom de Noam me sauta aux oreilles. Je ne comprenais pas pourquoi Lennon devait l'aider et je ne pus m'empêcher de lâcher sur un ton entendu que je ne le savais pas si proche du jeune homme. Une fois de plus, son regard quitta le mien comme pour ne pas affronter mes yeux inquisiteurs, les interrogations qui s'y bousculaient et qui restaient sans réponse. Même si Noam faisait partie de notre vie, de notre paysage familier si je puis dire, il n'était pas ce qu'on peut appeler un ami, ni pour moi, ni pour elle. Elle finit par lâcher à voix basse : « On va dire qu’on s’est un peu rapproché ces derniers temps, plus que ce qu’il faudrait d’ailleurs. » Elle continuait de regarder ailleurs et soupira doucement avant de rajouter en me souriant : « Enfin ne t’inquiète pas, on a mis un terme à tout ça. » J'esquissais une moue surprise, incapable de croire à ce qu'elle venait de me lâcher. Elle avait donc eu une histoire avec Noam. Notre Noam. Comment ça avait pu arriver ? Qu'avait pu dire Gabriel ? Je savais qu'il tenait à sa soeur et qu'il n'aurait pas apprécié de la voir avec lui même si Noam était son meilleur pote. " Alors là .. J'en reviens pas. Noam et toi. Whaou." Je la regardais et je vis son regard où brillait une lueur de tristesse. " Il t'as fait du mal ? Parce que si c'est toujours le même qu'avant ... " Je n'avais pas besoin d'en dire plus, sa réputation le précédait. Homme à femme, séducteur, infidèle, buveur, tourmenté. Bref, pas l'homme que j'aurais voulu voir avec Lennon. J'étais cependant contente que ça soit fini entre eux. Même si elle en souffrait, c'était le mieux pour elle. Un mal pour un bien. Parce que Noam n'aurait pu que la détruire. " C'est bien fini, hein ? "

code by biscotte

Lennon & Jamie

« Oui, je commence à m’en sortir petit à petit. A vrai dire j’ai eu quelques problèmes d’addictions » J'esquissais une petite grimace. Même si lors de notre jeunesse, Lenny et moi avions testé un peu de tout au niveau de drogues passant par les joints jusqu'à la coke, j'avais toujours veillé de mon côté à ne pas devenir accro. Ca me faisait peur, je savais à quel point cette merde pouvait nous détruire, nous changer. Ainsi, en Europe j'avais été plutôt clean à ce niveau-là. Je me sentais coupable d'entendre que Lennon avait du traverser ça sans moi, déçue qu'elle ne m'en ait pas touché mot dans ses lettres. Je me rendais compte que le temps qu'on avait passé loin l'une de l'autre avait creusé un gouffre qu'il allait falloir qu'on franchise l'une et l'autre pour nous retrouver. " Le principal, c'est que tu ai décroché. J'aurais voulu être là pour toi Lennon, je suis désolée d'être partie aussi loin, aussi longtemps." Je me rendais compte que mon égoïsme, mes envies de découvrir le monde m'avaient éloignée de tout le monde peu à peu. J'espérais sincèrement que Lennon ne m'en voulait pas de l'avoir laissée seule si longtemps. La blondinette semblait vouloir me parler mais elle resta silencieuse un moment avant de finir par articuler d'une voix faible : « Je suis tombée là-dedans suite au… départ de Gabriel. Il fait un stage à New York. Et être seule avec les parents, c’est pas facile, sans parler du cas Noam.» A nouveau, j'esquissais une petite moue. Je comprenais mieux maintenant. Lenny avait du se sentir seule sans Gabriel. Elle et son grand frère étaient du genre fusionnels, toujours accrochés l'un à l'autre, à se taquiner, à se chamailler. J'avais toujours été un peu jalouse de leur complicité et je dois avouer que Gabriel m'avait donné envie d'avoir un grand frère. D'ailleurs, à force de le côtoyer, j'étais devenue une sorte de seconde petite soeur finalement. " Oui, ça a du d'être difficile de te retrouver toute seule. Tes parents sont pas toujours faciles. Il se plaît à New-York ? Moi, j'ai trouvé cette ville ... trop grande. Trop anonyme." Je souris en haussant les épaules. New-York avait toujours été une sorte de fascination pour moi mais la découvrir m'avait remise les pieds sur terre. J'étais faite pour les petites villes où la chaleur des rapports humains était encore présente.

En me parlant, j'avais pu comprendre que Lennon avait vécu une histoire avec Noam. J'étais étonnée de savoir que Lennon avait pu succomber au charme du beau ténébreux. Après tout, elle le connaissait depuis longtemps et elle savait comment il était. Tout sauf l'homme parfait. Je lui demandais s'il lui avait fait du mal parce que je la connaissais assez pour savoir qu'elle était fragile. A la différence de moi, Lennon ouvrait son coeur entièrement, se donnait corps et âme quand elle aimait. Elle soupira doucement et un sourire ironique se dessina sur son fin visage tandis qu'elle haussait les épaules : « Bien sûr on parle de Noam là ! » Je ne pus m'empêcher de rire en hochant la tête. Il n'avait pas changé lui. J'étais impatiente au fond de le revoir. On n'était pas amis mais on avait la même conception d'une bonne soirée. Puis, j'avais surtout envie qu'il s'éloigne de Lennon. Je ne lui faisais pas confiance, je n'y pouvais rien, je le connaissais trop pour ça. Et je n'avais pas envie qu'il la fasse souffrir encore. Curieuse, je lui demandais si c'était bien fini entre eux et elle haussa les épaules, le regard lointain. « Mais il n’est pas aussi horrible que tu le penses Jamie. Même si il a participé à ma petite descente aux enfers, il est certainement le seul qui ait toujours été là. Ca peut te sembler totalement surréaliste mais je ne me vois pas sans lui aujourd’hui. Que ce soit en tant qu’ami ou quoi que ce soit d’autres. » Elle soupira et je lui souris doucement, je pouvais comprendre. Même si je n'avais jamais eu une âme de romantique, je savais que parfois on pouvait tomber amoureux de la mauvaise personne, et qu'une mauvaise personne n'était pas toujours aussi mauvaise qu'on le pensait. Cependant, je me méfiais de Noam. Je savais qu'il était coureur de jupons, instable et impulsif. J'aurais préféré voir ma Lenny posée avec un homme doux et fidèle, quelqu'un qui la ferait sourire au quotidien, pas un jour sur deux. " Fais attention à toi, hein ? Je lui fais pas confiance. Bien sûr, il n'est pas aussi horrible mais il n'est pas l'homme idéal pour une vie de couple." Je ne voulais pas la blesser mais je lui disais ce que je pensais comme toujours. J'avais toujours été sincère avec elle. " Enfin, je suis contente de savoir qu'il ne t'a pas laissé tomber quand tu allais mal." Je lui souris et elle haussa les épaules. Je la sentais désireuse de changer de sujet et d'ailleurs, elle me regarda, un sourire sur les lèvres. [color:7b9b=red}« Enfin pourquoi on parle de moi ? Alors que j’ai Jamie la grande voyageuse devant moi, hein ? » Je rigolais et secouais la tête. " Mais parce que je veux tout savoir sur ce qui s'est passé dans ta petite vie, Mlle Ainsworth. Après tout, ma meilleure amie m'a manqué." Je lui souris et continuais : " Puis moi .. Comme tu imagines, c'était merveilleux. J'ai adoré l'Europe, c'est un rêve qui devenait réalité. J'ai rencontré plein de gens, des rencontres formidables, inoubliables, d'autres moins mémorables mais en tout cas, j'ai beaucoup appris sur la vie, sur moi." Un sourire nostalgique se dessina sur mon visage : " Bon désolée de te décevoir mais je ne suis toujours pas tombée amoureuse. Même les italiens n'ont pas eu raison de mon coeur." Je ris doucement, je savais que Lennon rêvait de me voir tomber amoureuse, de m'attacher à quelqu'un, enfin.

code by biscotte

Lennon & Jamie

« Ne t’inquiète pas Jamie, ce n’est rien. Tu avais des choses à découvrir, je ne t’en veux pas. » Je souris à la blondinette assise à mes côtés. Je m'en voulais de savoir qu'elle avait du traverser tout ça sans moi. Ma place était à ses côtés, je n'avais même pas su être là pour elle, deviner sa douleur loin d'elle. J'avais pensé à moi en partant à l'autre bout du monde et en laissant derrière moi ma famille et mes plus proches amis. Pourtant, je savais que ces années loin d'ici m'avaient été bénéfiques. J'étais plus calme, plus posée, plus mature peut-être. J'avais appris à voir plus loin que le bout de mon nez, j'avais appris à ne compter sur moi-même moi qui avais tellement l'habitude de dépendre des autres. J'étais devenue une fille indépendante et j'aimais ça. Avant, j'aimais me reposer sur ma famille et tout était bien sûr plus facile. La solitude ne m'avait jamais fait peur et même si certains soirs, elle était difficile à supporter, je m'étais adaptée comme toujours et j'avais survécu. Mais maintenant que j'étais de retour ici, j'allais pouvoir veiller sur ma Lenny. " Je sais, j'avais ma vie à construire, mes rêves à réaliser mais j'aurais du être plus présente, t'appeler plus souvent, t'écrire de vraies lettres. Enfin, maintenant je suis là et je compte bien me rattraper. Tu ne te débarrasseras plus facilement de moi." Je lui souris et serrais sa main dans la mienne.

Et pour rattraper le temps perdu, rien de mieux que de discuter. Je lui posais des questions sur son frère qui se trouvait à New-York, lui demandant s'il se plaisait. Je partageais avec elle mon opinion sur NY, cette ville que je trouvais trop froide. Moi qui avais grandi dans une petite ville où tout le monde ou presque se connaissait, NY n'était pas fait pour moi. Personne ne se regardait, personne ne se souriait. Non, ce n'était pas pour moi. Lennon m'avoua ensuite qu'elle avait eu une histoire avec Noam, le meilleur ami de son frère. J'étais sous le choc lorsqu'elle me dit ça, abasourdie. Noam n'était pas du tout le mec que j'aurais vu avec elle. Lennon avait besoin de quelqu'un d'attentionné et de stable, pas d'un mec comme lui. Il passait son temps à boire, à se détruire et à draguer tout ce qui bougeait. Il était, pour moi, incapable de se poser et je refusais de savoir Lenny avec un mec comme ça. Elle me rassura en me disant que c'était fini désormais et ça me soulagea. Même si elle tendait de le défendre en me disant qu'il n'était pas si horrible que ça, je restais sur ma première idée, Noam n'était pas un homme fait pour la vie de couple et Lenny risquait de souffrir à ses côtés.

Elle changea subtilement de sujet en me demandant pourquoi on parlait d'elle alors que j'avais plein de choses à lui raconter et je souris en lui disant que je voulais tout savoir d'elle, lui avouant qu'elle m'avait manqué. Etre loin d'elle avait vraiment créé un vide dans ma vie, elle me manquait et je sentais que sans elle, j'étais incomplète. Lennon était un peu comme une partie de moi et j'étais heureuse de savoir que j'allais être de nouveau près d'elle. Elle esquissa un petit sourire et répondit : «Tu m’as manqué aussi. » On se sourit et j'enchaînais alors sur mes voyages en lui racontant à quel point c'était magnifique. Ces espaces découverts, ces cultures, ces gens. Un vrai défi, une véritable expérience de vie mais j'avais adoré. Pour la faire rire, je renchéris en lui disant que je n'étais pas tombée amoureuse d'un italien, que même eux, ces hommes qui pouvaient selon les dires séduire n'importe qui, n'avaient pas réussi à faire craquer mon petit coeur. Elle éclata de rire en secouant la tête et laissa échapper : « Crois moi je préfère que tu tombes amoureuse ici à Town Square au moins j’aurais l’occasion de te voir ! L’Italie est définitivement trop loin. » Je souris en hochant la tête. Si j'étais tombée amoureuse en Italie, je serais sûrement restée là-bas. L'Italie est un pays merveilleux pour vivre une belle histoire d'amour ! « D’ailleurs tu serais resté en Italie que j’aurais probablement détesté cet homme qui t’arrache à moi ! » A croire qu'elle lisait dans mes pensées, ou plutôt qu'elle me connaissait par coeur. J'éclatais de rire et je hochais la tête : " Oui, de toute façon, j'ai trouvé les italiens beaucoup trop prétentieux. Je déteste ça. Enfin, au moins, maintenant je suis à Town Square et je ne repars plus avant un moment." Je souris et rajoutais malicieusement : " J'espère qu'il y a des mâles séduisants qui sont arrivés en ville depuis mon départ. Histoire que je m'amuse un peu. Et je compte sur toi pour m'accompagner draguer." Je voulais lui changer les idées et surtout lui montrer que d'autres hommes que Noam existaient et étaient sûrement bien plus intéressants.

code by biscotte