1h45 du matin et Holden s'ennuyait ferme à cette soirée où il n'aurait pas du mettre les pieds. Le garçon en chemise blanche haussa un sourcil, devant lui, un jeune couple s’apprêtait à copuler à quelques centimètres à peine de l'endroit où il était assis. Ce n'est qu'au moment où la blonde du couple lui proposa de se joindre à eux qu'il recula pour quitter cette fête. Un peu coincé ? Voyez ça comme vous voulez, il était plutôt ouvert comme garçon, mais un plan à trois craignos avec deux personnes qu'il ne connaissait à peine, ce n'était pas réellement son truc. Il s'empara d'une bouteille de champagne avant d'en boire le contenu au goulot. Infect ce champagne, pensa t-il. Il aurait préféré de loin un bon verre de whisky. Il commençait à sérieusement se demander ce qu'il faisait à cette soirée, une connaissance à lui l'avait invité et il avait pensé que cela serait sympa de sortir un peu, rencontrer de nouvelles personnes. Tu parles, il tournait en rond comme un hamster dans sa cage depuis des heures dans l'espoir d'un miracle. Son chauffeur était monté à l'étage quelques heures plus tôt en compagnie d'une charmante demoiselle et Holden envisageait sérieusement les cinquante minutes à pieds pour rejoindre son appartement. C'était décidé, il partait, ce n'était pas sa soirée de toutes façons, une fille bourrée avait renversé son verre sur lui et une autre lui avait parlé de shampoing pendant une bonne demi heure. Ce fut tout vu.

En sortant de la pièce à manteaux - oui, c'était ce genre de soirée où une pièce est dédié aux manteaux -, il l'aperçut au bras d'un homme. Il la serrait contre lui, un bras passé autour de sa taille fine, si fine. Il crut trépasser. Ses yeux bleus semblaient habités d'un rêve primitif, il n'avait cessé de penser à elle depuis ce soir là. Ca faisait pourtant deux ans, c'était ridicule de penser qu'elle était la bonne, malgré ça, son cœur n'avait pu battre pour aucune autre. Dans son désarroi, il fit tomber une lampe en se retournant pour partir. « désolé. » lança t-il froidement. Il venait d'avaler un affront qu'il digérait plutôt mal, en même temps, elle avait mit les choses au clair en ne venant pas deux ans plus tôt. Elle n'avait pas ressenti la même chose. « ne vous dérangez pas pour moi. » fit il en affrontant son regard avant de passer devant elle de façon nonchalante. Son rêve se brisait d'un coup en milles morceaux, alors, elle s'était finalement mariée et ce devait être l'heureux élu. Il s'attendait à quoi en même temps, on ne brisait pas une union pour un moment éphémère. Pour quelques minutes puissantes, terrifiantes et jouissantes. On abandonnait pas le projet d'une vie pour un garçon avec qui l'on a partagé qu'un regard. Si seulement...

Il passa devant un miroir et s'injuria lui même un instant d'avoir pu être assez stupide pour l'attendre. Car malgré quelques relations d'un soir, il n'avait laissé personne entre dans sa vie ou plutôt dans son cœur depuis cette rencontre dans l'attente futile de revoir son âme sœur. Il faut croire que l'amour tombe, mais jamais au bon moment. Il frappa ce même miroir, perdant son sang froid avant de se diriger vers la porte d'entrée.

Et dire qu'il avait espéré secrètement la revoir toutes ses années, il avait enchaîné les histoires futiles finissant parfois au lit parfois non. Mais jamais il n'avait ressenti cette chaleur, cette exaltation qu'avec une seule personne alors qu'il ne l'avait même pas embrassé. Il avait pourtant essayer de ressentir la même chose avec d'autres, se plongeant dans des illusions, mais jamais ça n'avait fonctionné. Il n'en avait parlé à personne, persuadé qu'ils ne comprendraient pas, il fallait l'avoir vécu pour en saisir le sens. Une déception palpable l'envahissait, il avait naïvement cru à la réciprocité de ce moment, naïvement pensé que peut être, son âme soeur s'était dévoilé à lui ce soir là. Malheureusement toutes ses envies et ses projets tombaient à l'eau, il ne pouvait pas être avec elle si elle était amoureuse d'un autre, loin de lui l'idée de brisé une union. Deux ans auparavant, il avait agit sous le coup de l'impulsivité, en vain... « attends ! » il était déjà bien trop éloigné pour saisir ces paroles, dans sa tête se battaient énormément de pensés et de sentiments, la colère était le principal sentiment du jeune homme actuellement. Le poing en sang, il ne percevait même pas la douleur que cela produisait à son organisme. Il se retourna pourtant arrivé au pallier, comme s'il savait qu'elle serait face à lui, à le regarder. Ses doux yeux bleus le fixer avec une intensité performante, Holden rêvait de l'embrasser. Elle était capable de lui faire ressentir tant de choses en ne faisant rien, ou quasiment. Il lui adressa un sourire charmeur et fit un pas vers elle. Ils n'étaient plus qu'a quelques mètres. Leurs histoires n'était finalement peut être pas faite pour être vécu, peut être pas dans cette vie du moins.

« oh j'ai compris tu sais, ne perds pas ton temps à m'expliquer. » il haussa les épaules, l'observant, silencieusement, ce qu'elle était belle, fine, superbement maquillé, elle était vrai, il l'avait imaginé de cette façon dans tous les scénarios qu'il avait mentalement crée car après tout, jusque là, il ne l'avait vu qu'en tenue de wonder woman, maquillée comme un pot de peinture et il ne savait rien d'elle. Même pas son prénom. Il se demandait bien ce qu'elle faisait dans ce genre de soirée, mais il était bien là lui alors franchement pas si étonnant que cela. Il ajouta alors nerveusement. « c'est vrai. qui tombe amoureux en un regard ? le coup de foudre, c'est dans les films romantiques destinés aux femmes n'est ce pas ? » la réponse était lui, il était tombé amoureux d'elle la minute même où il avait posé son regard sur elle, simplement, sans la connaître. Une pensée lui effleura tout de même l'esprit, quelles étaient les chances pour qu'ils se revoient, la vie avait peut être décidé de leurs donner un coup de pouce. Celui qu'il pensait être son mari vint les rejoindre intrigué par la discussion. Un pas en arrière une fois de plus, sans jamais quitter le regard de Lorelai. Oh et puis merde. Quitte à se prendre une bonne gifle suivit d'un poing dans la gueule, il s'approcha d'elle, la prit fougueusement à la taille pour la serrer contre lui et déposa un tendre baisé sur ses douces lèvres. Elles avaient un goût anormalement fruité. L'idée de ne plus jamais la revoir sans jamais l'avoir embrassé lui semblait inconcevable. Après quelques secondes d'embrassades passionnés, il s'écarta d'elle et secoua la tête. Il se rendait compte qu'il venait de partager un baisé parfait avec elle, si on oubli le fait que son mari était juste à côté mais il pourrait toujours plaider la folie. Agir de la sorte n'était pas dans ses habitudes mais elle avait cette capacité à le rendre dingue. La dernière fois, il avait tant regretté de n'avoir pas fait plus, de l'avoir laissé partir si facilement, il lui avait laissé sa chance et elle ne l'avait pas prise. Aujourd'hui, il prenait les devants en l'embrassant tendrement. Il allait être plus difficile encore de la sortir de sa tête avec ça. Il se sentait fébrile, ses jambes ne le soutenait plus aussi bien que quelques minutes plus tôt. Jamais il n'aurait envisagé finir sa soirée comme ça. « je... » il ne trouvait plus de mots pour décrire cet acte d'amour manqué, abasourdie, elle le regardait comme un chevreuil apeuré. Il avait fait assez de dégâts pour ce soir et sortit de l'appartement sans se retourner.