Sweet glitter
Pour une fois qu’elle était debout avant onze heures et demi et qu’elle était prête à mettre le nez dehors, qui plus est, Mrs Wright préférait ne pas insister en ordonnant une énième fois à Haley de ranger sa chambre. Elle se demandait parfois si elle ne resterait pas éternellement une adolescente, mais elle craignait que sa réaction soit, comme la plupart du temps, vive, et qu’elle finisse par s’enfermer dans la pièce pour ne pas en sortir jusqu’au lendemain. La jeune fille passait son temps à se plaindre qu’elle n’était plus une enfant et qu’elle en avait assez qu’on lui donne encore des ordres, pourtant, elle ne cessait de se comporter comme si c’était encore le cas. Mrs Wright n’espérait plus une prise de conscience de sa part, alors en attendant, elles étaient dans une lutte constante, dès qu’elles n’étaient pas toutes les deux d’accord, et c’était quelque chose qui se répétait assez souvent.
Haley réajusta sa veste, et après avoir remonté la fermeture éclair pour être protégée du froid qui régnait dehors, elle passa ses paumes de main derrière sa nuque pour soulever son épaisse tignasse blonde qui avait été enfermée par le col par ce geste, pour ensuite les laisser flotter librement sur ses épaules. Pour leur donner une allure négligée qu’elle aimait temps, elle passa sa main dans sa chevelure, les laissant s’éparpiller un peu plus sur les côtés. Voilà. Maintenant, elle était prête.
Sa mère l’avait bouclé pour une fois, et n’avait pas fait le moindre commentaire : sur son maquillage, sa tenue, ses cheveux, et n’avait même pas tenté de la congédier dans sa chambre d’où elle venait, parce qu’elle n’était pas assez briquée à son goût. Mais qu’est-ce que ça pouvait vraiment bien lui faire en plus franchement ?! Tant qu’elle, elle était bien dans sa piaule, elle ne demandait rien à personne en échange merde ! Enfin, de quoi bouffer, c’est sûr, mais en même temps, c’était normal puisqu’elle vivait chez ses parents, c’était quand même un peu beaucoup à eux de faire ce boulot qui était le leur. Elle sorti son téléphone portable de la poche de son manteau et rédigea un rapide sms pour indiquer à son amie Léonie qu’elle était en route et qu’elle n’allait pas tarder d’arriver – enfin, elle était encore sur la palier de la maison, et était déjà en retard d’un bon quart d’heure, mais ça, elle n’avait pas forcément besoin de le savoir. Elle verrouilla l’écran, le rangea de nouveau puis se lança dans la rue à grandes enjambées, laissant des empreintes de pas dans la neige, derrière elle.
Elle n’aimait pas toutes les potes de Léonie, parce qu’elles étaient parfois un peu connes, et qu’elles aimaient pas les jeux vidéos. Elle savaient qu’elles seraient là elles aussi, parce que son amie le lui avait dit, mais à chaque fois, elle en profitait pour se moquer d’elles, parfois de façon à peine voilée, mais elles étaient bêtes, donc elles ne percevaient pas l’ironie, ce qui était encore plus marrant. Pourtant, elle adorait passer du temps en compagnie de Léonie, parce que malgré ses airs qui pouvaient paraître un peu pète-secs, elle avait beaucoup plus de cultures que certaines de ses copines. La première fois qu’elle l’avait vu, elle était rentrée dans une boutique de vêtements, un peu par hasard, parce qu’elle cherchait un cadeau pour la fête des mères à l’époque, et qu’elle était désespérée. Cette dernière avait réussi à lui faire essayer une robe, qu’elle convoitait également, mais dans une autre couleur. Haley n’aurait sûrement jamais portée en temps normal, et elle était repartie avec, le cadeau pour sa daronne en plus. Elles avaient fait la conversation à travers les cabines d’essayage, et elles avaient pris le temps de discuter, se découvrant plus de différences que de points communs, mais avec le même goût pour les beaux vêtements, ce qui les avait en fin de compte, rapprochées.
Elle arriva finalement chez son amie un moment après, regrettant de ne pas être venue avec son vélo à moitié rouillé et pété, dont la peinture commençait de plus en plus à s’effiler, mais arriver comme ça chez elle aurait fait mauvais genre. Elle donna plusieurs petits coups de sonnettes pour entamer une petite mélodie. Ce ne fut pas Léonie qui vont lui ouvrir mais une autre invitée qui lui adressa un mince sourire.
- On avait deviné que c’était toi, annonça t-elle, en disparaissant du seuil pour la laisser passer.
- En même temps, j’suis la dernière à arriver non ? Elle n’était pas dupe, et en plus Léonie lui avait répondu un peu avant par texto que c’était le cas.
Elles rejoignirent sans grand mal le reste de la troupe, on pouvait entendre les rires depuis le bout du couloir.
- Je reviens, je vais chercher à boire, dit la blonde, faisant comme chez elle, mais en espérant secrètement que Léonie lirait dans ses pensées et qu’elle viendrait la rejoindre dans la cuisine, qu’elles aient au moins une conversation cinq minutes toutes les deux, parce que même si elle n’avait honte de rien, elle n’avait pas forcément envie que quelqu’un d’autre vienne y mettre son grain de sel.