Is it really you ?
Il est quinze heures et cela fait près d’une heure que je me répète que je dois aller faire les courses. Je déteste faire cela. Avant c’est Emma qui s’en occupait. Parfois je voulais y aller pour elle, mais elle râlait en disant que je ne prenais jamais les bons produits. Cela fait deux ans que je me débrouille tout seul, mais à chaque fois je suis obligé de penser à ma femme. Oui. Deux ans qu’elle n’est plus là et pourtant je pense encore à elle à chaque petit moment de la journée, en particulier lorsque je regarde Théa. Ma fille n’y es absolument pour rien, mais elle ressemble tellement à sa maman que cela me trouble plusieurs fois par jour. Au moins, je me dis qu’Emma m’as laissé le plus beau des souvenirs d’elle, même si au début j’étais loin de penser comme cela. Enfin. Ce n’est pas penser à Emma qui va me faire sortir de chez moi. Dehors il pleut à torrent et rien que penser sortir avec Théa là-dessous me décourage. Pourtant ma princesse commence à tourner en rond dans la maison et je sais qu’elle aurait besoin d’aller voir un peu ailleurs. Je finis donc par me sortir du canapé et attrape Théa qui courait dans tous les sens au passage. « Aller viens princesse on va acheter à manger un peu. » Oui parce que sinon ce soir on risque de manger encore des pâtes et je crois que si je lui sers encore cela ma fille va finir par me jeter son assiette à la figure. Oui parce qu’elle est exigeante en plus de cela. Je chatouille un peu ma fille qui se débat dans mes bras. On se dirige vers sa chambre pour lui mettre des vêtements un peu plus chauds et j’essaye de la coiffer un peu quand même. Bien entendu ma Théa veut une tresse et cela me fait sourire. Je crois que je ne remercierais jamais assez mes parents de m’avoir donné trois sœurs. Sans elles je n’aurais jamais pu m’en sortir entre les robes, les poupées et les tresses. Il pleut à torrent, mais bien entendu Théa a juste envie de mettre une robe aujourd’hui. Quand elle en vient à commencer à pleurer je perds patience.
« Théa il pleut dehors et il fait froid alors aujourd’hui tu mets un pantalon d’accord ? » Elle me dit non de la tête et je soupire.
« Quand on revient à la maison tu pourras mettre ta robe ma chérie, promis. » Visiblement mon compromis lui convient, puisqu’elle finit par enfiler son jean elle même. On finit de se préparer et on court sous la pluie direction la voiture et finalement le supermarché.
Théa à décider d’être sage aujourd’hui et elle tient sagement le caddie de sa petite main tout en regardant de partout autour d’elle. Je crois que ma fille sera une véritable commère. Elle est toujours en train de regarder autour d’elle et parfois elle fixe les gens en écoutant leur conversation. J’aime bien la voir évoluer dans son petit monde. Aujourd’hui elle a même décidé de vouloir m’aider à choisir les différents produits. Elle prend ses yaourts préférés et on compte ensemble le nombre de pomme que je mets dans le sachet. Bon après trois c’est un peu la galère pour ma petite puce, mais tous les jours j’essaye de lui apprendre quelque chose de nouveau. J’ai hâte de la voir aller à l’école et apprendre pleins de choses. J’espère que ma fille sera curieuse de tout cela. On continue à déambuler entre les rayons. Je suis au milieu des différentes marques de pâtes qui existent quand mon regard est attiré par une silhouette sur ma droite. Je tourne la tête un instant et crois rêver. A quelques mètres de moi ce trouve Emma. Effrayé, je ferme les yeux et secoue quelque peu la tête. Lorsque je les ouvre de nouveau, la jeune femme n’est plus là et je finis par me dire que j’ai juste halluciner. Emma est décédée il y a deux ans, je ne peux pas la croiser au supermarché. C’est mon esprit qui me joue des tours. C’est tout. Je me répète cela plusieurs fois et me replonge de nouveau dans ma liste des courses.
Au détour d’un rayon, j’aperçois la même silhouette et cette fois je suis sûr de ne pas rêver. J’ai l’impression d’avoir ma femme en face de moi. Ma femme il y a un peu plus de deux ans quand elle était enceinte de quelques mois seulement. Je sens le malaise m’envahir d’un seul coup. Je deviens fou c’est ça ? Je ferme de nouveau les yeux et quand je les rouvre la jeune femme est toujours là en face de moi en train de comparer deux articles différents. D’un seul coup, je ne réfléchis plus. Je m’avance vers elle et alors qu’elle allait repartir, je lâche toutes mes affaires pour poser ma main sur son épaule.
« Emma ? » Prononcer son prénom me donne juste envie de pleurer.
« Emma c’est toi ? » finis-je par dire d’une voix presque suppliante. Théa viens se coller entre mes jambes tandis que la jeune blonde se tourne vers moi…