« Noooon, pour l'instant ça n'est pas dans mes priorités. » avais-je répondu alors que mon amie me tannait pour savoir si j'avais oui ou non quelqu'un dans ma vie en ce moment. Ce n'était évidemment pas le cas, je n'avais pas le temps avec mon premier boulot qui arrivait et puis.. Et puis je ne savais pas comment gérer ça. Je n'avais jamais eu de petit ami, aucune relation. C'était trop difficile, et je ne faisais pas trop d'efforts. Je regardais ma montre, trop souvent à mon goût. Ca n'était pas que je ne m'amusais pas avec cette amie, mais elle posait trop de questions. Et je détestais ça. Les gens trop curieux sont dangereux, et sont souvent déçus quand ils entendent ce qu'ils ne veulent pas entendre. « Excuse moi il va falloir que je parte... J'ai du boulot à la maison, un tas de paperasse à faire alors.. » Je finis ma tasse de café et commence à me lever. Mon amie n'a pas l'air de rechigner, alors je lui fais la bise et commence mon chemin.

J'avais mal choisi le jour pour mettre une robe. En effet il y avait énormément de vent et elle virevoltait sans cesse. Mes cheveux furent immédiatement décoiffés, on aurait dit un nid d'oiseau. Des mèches se collaient à mon rouge à lèvre alors que j'essayais de les repousser en arrière, bref l'anarchie capillaire. Je n'avais qu'une hâte: rentrer et me mettre au chaud. Je pousse la porte de l'immeuble et remet à peu près en place mes cheveux alors que j'entends et vois dans le miroir la porte de l'ascenseur qui se referme. « Attendez! » Trop tard il fallait courir. J'entre de justesse dans l'ascenseur et fait face à la personne entrée avant moi. Je ne pus réprimer un sourire... C'était un travesti. « Peu importe ce que vous vous imaginez… Vous êtes loin du compte. » J'éclate alors de rire alors que quelque chose me tombe près des pieds. J'écarquille les yeux et éclate de rire. Je me baisse alors pour ramasser la boîte de tampon qui ne s'était par chance pas ouverte. Je tends l'arme du crime à mon interlocuteur. « Vous savez, vous avez beau vous déguiser en fille cela ne va pas vous faire en devenir une vraiment! »J'arbore un sourire. « Je veux dire.. Vous n'en aurez sûrement pas besoin. C'est pousser le vice très loin, quand même! Mais après vous faites ce que vous voulez, je veux dire... Vous êtes libre! » Je riai alors en regardant ses yeux bleus, ils étaient vraiment jolis. Je me demandais à quoi il ressemblait sans tous ces artifices. Le voyant gêné, j'arrêtai tout de suite mon jeu et me calmai. « Laissez moi deviner.. Un pari perdu ? » Je lui souris en appuyant sur le numéro 2 du tableau de bord tandis que les portes se refermèrent.

Lizzie paierait pour cette humiliation. Okay, ça me prendrait du temps pour trouver une idée à la hauteur mais je ne perdais pas espoir. Il n’y avait aucune chance pour qu’elle s’en sorte aisément cette fois-ci. Elle avait touché le fond cette fois-ci. D’ailleurs, j’allais certainement m’arranger pour que Nolan fasse également parti de mon plan. Lizzie savait être une sorcière lorsqu’elle le voulait.

Je pestais encore contre elle, en entrant dans l’ascenseur. Elle allait voir que son frère pouvait également être tyrannique. Et puis quoi encore, elle me ferait marcher sur la tête sans que j’aie mon mot à dire ? Manquerait plus que ça ! Je secouais la tête instinctivement tandis que j’entendais une voix lointaine me demander d’arrêter l’ascenseur. Quoi ? Non, personne ne pouvait rentrer dans cette boite volante tant que j’y étais ! Sauf que pas de chance, une frêle silhouette se fraya un chemin juste avant que les portes se referment.

Mon regard accrochant le sien, je sus à cette seconde que mon pire cauchemar se réalisait sous mes yeux et que j’en perdais le contrôle total. Au sourire de la brune qui se dévoilait sous mes yeux, je sus que je ne ressortirais pas de l’ascenseur sans faire une boulette. J’étais pourtant confiant généralement mais là, c’était tout le contraire. Le regard insistant de la jeune femme me mettait mal à l’aise. Non, en fait ça n’était pas son regard, mais l’intensité qu’elle mettait sur les vêtements que je portais. Ça portait à confusion, je le comprenais. Mais à qui ça n’était pas arrivé de se retrouver dans une situation inextricable, au point d’opter pour la solution la plus ridicule afin de faire taire un interlocuteur ?! C’était à ce moment-là que la boîte de tampon m’échappa des doigts pour atterrir aux pieds de la jeune femme. Décidément, on ne faisait pas plus maladroit.

Déjà que la situation était embarrassante mais certes comique, j’étais en train de toucher le fond. Elle devait totalement me prendre pour un désaxé total. Se baissant, elle me ramassa la boite avant de me la tendre, non pas sans une petite remarque. Je me pinçais les lèvres en l’écoutant. « Oh boy ! » secouais-je la tête, en fermant les yeux une seconde. « En plus d’être maladroit, vous devez me prendre pour un vicelard désaxé qui ne prend son pied qu’en se travestissant ! » rouvris-je les yeux pour plonger mon regard dans le sien. Visiblement, ma soirée pouvait empirer. Elle avait un joli rire, délicat et très naturel. Je comprenais son hilarité. Ça n’était pas souvent qu’on faisait de telles rencontres dans l’ascenseur. Je détournais cependant des yeux sentant l’embarras m’habiter progressivement. J’arquais toutefois un sourcil lorsqu’elle mit le doigt sur la raison de mon déguisement inopiné. « Pire que ça ! Une frangine diabolique. » Elle ne la connaissait peut-être pas, mais Lizzie était un monstre vivant. Ou alors, elle avait été élevée dans une famille qui avait fait d’elle un monstre. Autant dire qu’au final, nous étions tous ou presque ses marionnettes qu’elle prenait plaisir à torturer. « Je m’appelle Caleb. » souris-je alors à la jeune femme, en retirant cette maudite perruque blonde, qui me démangeait la tête, comme du poil à gratter. A mon tour, je me penchais vers la console pour appuyer sur le numéro 4.