Kora & Nils

Par une calme soirée d'été, Nils a envie de décompresser après une journée fatigante mais il est bientôt interrompu dans ses rêveries par une Kora enragée.

Par une calme soirée d'été, peut être un peu trop calme, Nils n'avait rien à faire et avait décidé de rester chez lui. La journée avait été fatigante pour lui et il n'avait qu'une envie maintenant : dé-com-pres-ser ! C'est pourquoi dés qu'il eu couché la petite Lola, il prit son temps pour manger et faire la vaisselle. La télévision tournait en bruit de fond, il ne savait plus trop quand est ce qu'il l'avait allumé mais cela lui faisait une présence car il n'aimait pas ce moment où il se retrouvait seul à s'affairer dans la maison, sans sa fille pour lui tenir compagnie. Même quand elle faisait la sieste, ce n'était pas pareil car il savait qu'elle ne manquerait pas de gazouiller pour l'appeler dans une ou deux heures, là il avait toute la nuit à attendre pour revoir sa petite frimousse. C'est fou comme le jeune papa était gaga de sa progéniture.  Il se disait parfois que ce serait différent s'il avait plusieurs enfants et qu'il aurait moins de temps à consacrer à chacun mais, ensuite, il se rappelait de combien il avait désiré avoir un frère ou une sœur pour s'amuser avec lui enfant et il désirait la même chose pour sa fille, ce qui accentuait plus encore son envie de construire une grande famille.

Avisant le tapis de course acheté adolescent et qu'il avait toujours apprécié utiliser depuis, il décida que courir un peu lui ferait le plus grand bien. Courir était pour lui un échappatoire mais il n'aimait pas le faire en plein rue où  il risquait sans cesse de croiser des gens qu'il connaissait pour l'interrompre ou lui rappeler des choses auxquelles il n'avait pas envie de penser. De toute façon, depuis qu'il avait sa fille, il ne pouvait pas se permettre de la laisser tous les jours à ses parents pour aller courir une demi-heure. Une fois en tenue de sport, Nils chaussa sa paire de basket achetée quelques jours plus tôt pour remplacer les anciennes devenues trop usées et monta sur le tapis. Il régla sa vitesse et commença à courir. Bien vite, il s'aperçut que le programme de la télé lui tapait sur le système plus qu'autre chose et il redescendit pour l'éteindre et mettre un de ses cds favoris dans sa chaine hifi, celui de Bill Haley. Certainement pas le plus moderne mais c'était pour lui une valeur sûre et ce cd était un cadeau qui lui avait été fait par sa première petite amie, Alice, il lui rappelait donc de bons souvenirs en plus de lui plaire beaucoup pour sa musique. Rock around the clock retentit dans le salon, pas trop fort pour ne pas déranger les voisins ni la petite qui dormait dans la pièce d'à côté mais assez fort pour lui donner de l'entrain.

Il pouvait maintenant retourner courir et laisser vagabonder ses pensées. La paix qu'il ressentait dans ses moments là lui donnait l'impression d'être seul au monde. Il avait l'impression que personne ne viendrait plus jamais le déranger, qu'aucun rédacteur en chef ne le harcèlerait plus pour un article qu'il n'avait pas eu le temps de retoucher comme il le désirait, qu'il ne devrait pas sans cesse faire des choses pour les autres...  La musique continuait de défiler sur le lecteur. Il avgait écouté ces chansons des dizaines de fois et pourtant, il les aimait toujours autant. Elles l'apaisaient quand il était en colère, au contraire elles lui donnaient parfois le courage de se lever le matin. On sous-estime très souvent le pouvoir de la musique sur nos vies.

Kora & Nils

Par une calme soirée d'été, Nils a envie de décompresser après une journée fatigante mais il est bientôt interrompu dans ses rêveries par une Kora enragée.

Il faut croire que Nils avait un peu trop espérer quand il pensait que plus personne n'allait maintenant le déranger. En effet, il entendit tout à coup quelqu'un frapper ou plutôt cogner dans ce cas à sa porte. Las, il éteignit le tapis de course et, toujours torse nu et en sueur il se dirigea vers la porte, sa bouteille d'eau à la main. Il n'attendait personne et n'avait aucune envie de se presser pour ouvrir. « J'sais que t'es là! Ouvre cette porte! » Il se décida finalement à ouvrir car il n'avait aucune envie d'avoir à gérer, en plus de la personne derrière la porte  qui ne semblait pas décidée à le laisser tranquille, sa fille en larme d'avoir été réveillée. Derrière la porte se trouvait une jeune femme, certainement d'origine asiatique d'après la forme de ses yeux mais ses cheveux étaient teints en blond. Son visage ne disait rien au journaliste. Mais il eu vite l'occasion de se rappeler qui elle était puisqu'elle lui envoya en pleine tête un journal ouvert à la page d'un de ses dernier article. Ah, c'est elle... C'était une actrice qui avait joué dans une pièce dont il avait fait une critique pas très élogieuse la semaine précédente.

« Alors comme ça on écrit de la merde à mon sujet!? » A vrai dire, Nils n'avait pas vraiment critiqué l'actrice en elle même, pour autant qu'il se le rappelait. Il avait surtout assassiné un de ses partenaires de scène, celui avec qui elle partageait les rôles principaux. Comment s'appelait-il déjà, François, Francis ? C'était un prénom français en tout cas. Ce n'était pas de sa faute s'il jouait de manière pas du tout naturelle. Et peut être avait-il également dans cet article un peu critiqué le premier rôle féminin, il n'était plus bien sûr des mots qu'il avait employé. Une gamine colérique et insipide, peut être. L'adjectif colérique semblait plutôt bien lui convenir en plus, qu'est ce qu'on dit déjà : il n'y a que la vérité qui blesse. Nils ne voulait pas montrer son énervement d'avoir été dérangé pendant sa soirée, il répondit donc aussi calmement qu'il était possible de le faire. « J'ai vu votre pièce, elle ne m'a pas plu, c'est mon métier d'en faire la critique, il me semble. Il ne faut pas vous sentir personnellement visé. Dans votre cas, j'ai plus critiqué le personnage que l'actrice qui le jouait. » Plus il parlait, moins il était sûr de ce qu'il avançait, c'était peut être le contraire après tout. Il avait vu cette pièce il y a plus d'une semaine, il ne pouvait se souvenir de tout. Et puis il devait avouer qu'aller la voir avec Anya n'était peut être pas l'idée du siècle, il avait du coup prêté plus d'attention aux caresses de sa petite amie qu'au jeu des acteurs. « Ton but c'est de foutre en l'air le début de carrière des nouveaux acteurs? » « Mais non, ne le prenez pas personnellement je vous dis. » Nils commençait malgré lui à perdre son calme.

Kora & Nils

Par une calme soirée d'été, Nils a envie de décompresser après une journée fatigante mais il est bientôt interrompu dans ses rêveries par une Kora enragée.

La jeune femme face à Nils vacillait par moment. Elle n'était certainement sous l'emprise de l'alcool voire peut être d'une drogue quelconque qui sait. Nils le voyait bien mais il n'avait aucune envie de se montrer prévenant en lui offrant une chaise, elle débarquait sans crier gare pour lui chercher des noises après tout. Ce qui le dérangeait plus, c'était qu'elle s'obstine à garder ses lunettes de soleil malgré la nuit et le fait qu'ils étaient à moité chez lui. « Quand on parle à quelqu'un, la politesse veut qu'on puisse le regarder dans les yeux. Il faudrait du coup, toujours par politesse, que vous enleviez vos lunettes de soleil pour m'adresser la parole, mademoiselle. » Il avait prit soin de bien insister sur le mot mademoiselle pour mettre de la distance entre eux, il ne l'avait jamais vu de près cette fille après tout. « Ne pas le prendre personnellement ? Tu te fous de ma gueule  ? » Décidément, elle était vraiment agressive, que ce soit son caractère naturel ou seulement un effet de ce qu'elle avait ingurgité avant de venir d'ailleurs. Nils était bien décidé à ne pas se laisser faire. « Je n'ai pas à me justifier sur ce que j'ai écris, mademoiselle. Une critique se doit d'être constructive et non attaquer les gens sans justification, la mienne l'était, je n'ai pas à avoir mauvaise conscience et vous n'avez pas à venir me déranger chez moi ainsi. » Il devenait vraiment difficile de garder son calme maintenant, il n'avait plus qu'une envie, c'était que cette actrice dégage de chez lui illico presto et le laisse continuer son footing dont il avait maintenant encore plus besoin que précédemment.

Mais la jeune fille ne semblait pas décidée à s’éclipser, au contraire, elle se remit à lui crier dessus :  « T'as pas la moindre idée de tous les efforts que j'mets dans mon boulot pour réussir! »   « Et toi, as tu la moindre idée du travail que nécessite le métier de journaliste ? Moi aussi, j'ai besoin de percer, contrairement à ce que tu penses. Je n'ai pas un joli petit salaire qui m'attend tout chaud en fin de mois si je ne me casse pas le cul à trouver des articles à rédiger pour différents journaux. Si tu crois que c'est facile... En l’occurrence, j'avais besoin de faire la critique de ta pièce. Je suppose que tu n'as que ta petite personne à nourrir, et bien ce n'est pas mon cas et je ne peux pas me permettre de refuser un article pour le plaisir d'une inconnue quand ma fille a besoin de vêtements, de nourriture et de toutes sortes de choses. » La compassion ne fonctionnerait certainement pas sur cette furie mais Nils ne cherchait même plus à convaincre la jeune fille qu'il n'était pas en tord, il était juste sortie de ses gonds à l'idée que la jeune fille pensait qu'il n'y avait qu'elle qui du travailler dur pour vivre. « Tu vas arranger ça tout de suite! J'vais pas partir d'ici tant que t'auras pas fait quelque chose! Tu fais comme tu veux, ça te regarde, mais tu vas pas tout foutre en l'air ! »  « Qu'est ce que tu veux que j'y fasse ? Faire publier un petit erratum dans le numéro de demain « en fait la pièce était géniale » ? Jamais je ne ferait ça et puis de toute façon, je n'en ai pas le pouvoir. Dégage maintenant ! » Nils n'avait pas envie que tout le quartier le prenne pour un fauteur de trouble. Il vivait dans un quartier normalement calme et voilà qu'une furie venait avec ses gros sabots faire du tapage nocturne...