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 New job, new life. [Jillana]

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MessageSujet: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyMar 15 Juil - 10:17




Jillian & Lana


«Non Armstrong NON ! T’as tout dégueulassé merde !». Je prends le molosse par le collier pour le faire descendre, non sans force, de mon lit. Armstrong est un jeune rottweiler de quelques années à peine, encore un bébé dans sa tête, à faire toutes les conneries possibles et imaginables. Il faut dire qu’avec Matheo, ils ont vécu dans la rue pendant plusieurs mois, alors autant dire que ce chien n’est pas vraiment élevé, et surtout, il n’obéit pas - ou peu - à une voix féminine, trop habitué à entendre la voix grave de son maître. Heureusement, j’ai réussi en quelques semaines à l'appâter avec des biscuits achetés pour l’occasion.

J’entends la bête se précipiter vers le couloir, puis le bruit de la porte d’entrée retentit. «Boh... il a dû sortir tout seul.». Je me rends vite compte de la connerie que je viens de sortir à voix haute, puis je me précipite hors de ma chambre pour être sûre qu’il n’aurait effectivement pas trouvé le moyen de sortir seul. «Armstrong !». Je me retrouve face à face avec Mathéo, mon coloc. «Ah, c’est toi !». Les voilà tous les deux en train de se faire léchouilles et papouilles, c’est assez répugnant. «Tiens, j’t’ai pris ça sur la route, c’était gratos !». Je récupère le journal qu’il me jette à la volée, et pose un oeil sur l’hebdomadaire gratuit du métro. «Ah bah ouai, heureusement que c’était gratos, je m’étonnais que tu aies mis des thunes pour m’acheter un journal !». Il me lance son éternel regard noir avant de répliquer, aussi vite que son ombre. «Eh dis donc tête à claques, tu vas arrêter de la ramener quand je pense à toi ok ?» «Tu penses à moi ?». Je pouffe de rire. Oui, Matt et moi c’est une longue histoire. Notre façon de communiquer est assez étrange, mais ça ne nous empêche pas de nous aimer profondément. Il est un ami sur qui je peux compter, et ça croyez moi, c’est plus qu’important dans la vie. «Ouai j’suis bien obligé, je préfèrerai que tu ailles bosser pour payer le loyer j’te rappelle ! C’est pas pour rien que je t’ai ramené ça, y’a p’tetre un truc bien rubrique petites annonces !». Je soupire légèrement tout en ouvrant le quotidien. Je m’attends à tout avec lui. «Si c’est une petite annonce cochonne, je t’étripe !».

Mes yeux s’arrêtent sur une annonce plus qu’alléchante, publiée ce matin même par un journal hebdomadaire, recherchant quelqu’un, mais l’annonce s’arrête là. Peu importe. Je jette un oeil à ma montre avant de décrocher mon téléphone, il ne faut pas perdre de temps. Ce poste sera à moi. Quelques tonalités, je reste patiente, du moins j’essaye. Matheo me pousse légèrement en grognant «Hey grosse, va t’asseoir au lieu de rester là au milieu tu gènes le passage là !». Je lui adresse un magnifique doigt d’honneur quand une hôtesse répond au bout du fil. «Bonjour je vous appelle suite à l’annonce que vous avez passé dans le quotidien gratuit...» la jeune femme à la voix douce me coupe assez rapidement pour me donner directement un rendez vous pour cet après-midi même, à 14 heures. Je la remercie et finis par raccrocher mon téléphone, non sans un petit sourire au coin des lèvres. «Rendez vous dans 2 heures !». Je n’attends pas une réponse de mon colocataire, et fonce à la salle de bain pour me préparer.

Un peu plus d’une heure plus tard, me voilà fin prête, si bien qu’en sortant de ma chambre, j’arrive à clouer le bec de Matt, présentement assis sur le reste du canapé -la moitié ayant été dépiautée par le molosse. «Comment tu me trouves ?». Il ferme alors la bouche, ce qui me fait sourire. C’est vrai que c’est rare de me voir habillée comme ça. Ma robe noire moulante arrivant au dessus du genou, légèrement fendue au niveau de la cuisse. Elle n’est ni trop habillée, ni trop sophistiquée, juste classe pour un entretien dans un grand journal. Autant jouer la carte de l’originalité pour me démarquer des autres. Mes cheveux sont tirés en une queue de cheval parfaite, mes yeux maquillés les rendant encore plus bleus, et un léger rouge à lèvre mettant en valeur ma bouche parfaitement dessinée. Un joli collier en or habille mon cou, le plus simplement du monde. J’ai peur d’en avoir fait trop. «Tu es... ouaouh...». Je suis surprise de la réaction de Matheo, il n’est pas du genre à rester pantois de cette façon. «Sûr, ça fait pas trop ?». Il secoue la tête énergiquement en guise de réponse, et je viens déposer un tendre baiser sur sa joue. «Merci !». On a beau se traiter de tous les noms, ça crève les yeux qu’on s’adore ! L’avantage de la non ambiguïté sûrement.

Me voilà partie en centre ville, mes talons aiguille claquant sur les pavés. Je vais essayer de ne pas me casser la figure. Je ne porte pas des talons tous les jours, et les pavés ne sont pas toujours mes meilleurs amis, surtout que je suis légèrement une grande gaffeuse. Lorsque je pousse la porte du grand immeuble, je pose mes yeux sur le nom du journal, celui-là même que j'avais l'habitude de lire quand j'en avais encore les moyens... Un léger sourire se dessine sur mes lèvres et voilà qu’une hôtesse vient à ma rencontre. «Bonjour, vous venez pour le poste ?» Je hoche la tête et offre mon plus beau sourire à la jeune femme. Je reconnais sa voix, c’est elle que j’ai eu au téléphone un peu plus tôt dans la journée. Sûrement la secrétaire ou l’assistante du rédacteur en chef. Je suis l’hôtesse qui m’amène vers une salle où quelques jeunes femmes attendent elles aussi pour l’entretien.

Quelques dizaines de minutes plus tard vient mon tour de me présenter au principal intéressé, j’entends le rédacteur en chef. «Melle Fitzgerald ?». Je me lève, passe mes mains le long de la robe pour la faire redescendre un peu, et me présente à l’hôtesse qui, à voix basse, me donne une seule et unique consigne. «Surtout ne lui posez aucune question, c’est très important si vous voulez avoir le poste.» Un simple signe de tête de ma part, et là voilà qui ouvre déjà la porte du bureau. J’ai à peine eu le temps de poser mes yeux sur la plaque qui ornait la porte, juste le temps de m’apercevoir que c’était une rédactrice en chef. Je m’avance doucement vers le bureau, alors que la ‘patronne’ fait le tour du bureau, ne lâchant pas le contact de sa main avec le bois. Elle porte des lunettes noires, accentuant quelque peu la distance émise entre son poste et celui qui est à pourvoir. Elle est grande, élancée, de longs cheveux bruns tombent en cascade sur ses épaules. Son élégance est la première chose qui me frappe, une sorte de prestance auprès de laquelle on ne pourrait passer. Elle tend sa main libre vers moi pour se présenter, main que je viens serrer assez rapidement. «Bonjour, je suis Melle Fitzgerald.». Impossible de savoir pourquoi, mais je me sens d’un coup tétanisée. Elle me fait signe de m’asseoir, et je manque d’ailleurs de rater la chaise tellement je me sens déstabilisée. Il ne faut pas être détective privé pour remarquer que la jeune femme - qui entre nous doit avoir à peine 5 ans de plus que moi - est aveugle, ou au moins mal voyante. Ce qui est assez étrange pour une rédactrice en chef qui est sensée lire des centaines d’articles par semaine. Mais la consigne était claire, ne poser aucune question. Alors pendant qu’elle me parle, je prends le temps de détailler les traits de son visage, ses mains, sa façon d’attraper les objets. J’en conclus rapidement que sa cécité ne date pas de très longtemps. Il est difficile pour moi de ne pas m’intéresser à mon interlocuteur, c’est quelque chose carrément contre nature pour une personne comme moi. Mais je me contiens, j’essaie tant bien que mal de rester calme face à cette grande dame. Entre nous, il serait carrément impossible à quiconque de ne rien ressentir devant la beauté évidente de cette femme... J’attends patiemment que la journaliste me parle du poste à pourvoir. Pourquoi tant de mystères ?

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyMer 16 Juil - 7:33

   
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J'ai ouvert les yeux depuis une bonne trentaine de minutes. Et je fixe le plafond. Je fixe le plafond depuis presque autant de temps. Enfin. Ce que je pense être le plafond. Je l'imagine bleu. Bleu comme il l'a toujours été. Mais pour ce que j'en sais, quelqu'un aurait tout aussi bien pu le repeindre en bariolé. Et puis, vert, rouge, orange ou mauve, quelle importance maintenant ? C'est à peine si je peux distinguer les couleurs les unes des autres. Un long soupir s'échappe d'entre mes lèvres tandis que je me place en position assise sur le lit. C'est l'heure. Mon corps tout entier le sait. Le sent. C'est l'heure. Et le réveil se met à sonner, plus ponctuel que jamais.

Une main paresseuse se pose délicatement sur mon dos alors qu'un visage se niche au creux de mon cou. Et même si j'ai tout, sauf l'envie de sourire, je souris. Je souris parce que je n'ai ni la force ni le désir de faire autre chose. Parce que plus que tout, je souhaite éviter les mêmes questions fatidiques. J'aimerais faire mieux, pourtant. J'aimerais faire mieux que la veille. Et que la veille de la veille. Mais jusqu'à présent, je n'en trouve pas l'énergie. Je n'en trouve plus l'énergie. « Bonjour toi... » Mon sourire s'élargit involontairement, attendrie par la patience et la douceur dont elle peut parfois faire preuve. Malgré tout ce que je lui fais subir, son soutien est jusqu'ici indéfectible. J'arrive presque à me convaincre que notre couple ressortira plus fort de cette épreuve. Et j'ai envie d'y croire. Je décrète même que j'y crois. Je ne serai rien sans elle, après tout. Mais le silence de mes pensées doit l'alerter, parce que je sens à nouveau ses mots glisser dans mes oreilles. « Tu sais, tu n'es pas obligée d'y aller. » Et elle a raison. Je ne suis pas obligée d'y aller. Je veux y aller. Là est toute la nuance. D'ailleurs, s'il y a bien une chose qui peut me faire aller de l'avant, c'est d'essayer de reprendre une vie normale. Il est temps d'arrêter de se morfondre, Jill.

C'est ainsi qu'une heure et des poussières plus tard, je me retrouve dans mon bureau, café à la main. Assise dans mon fauteuil, je profite de la chaleur qu'offre l'énorme baie-vitrée. Ce n'est pas comme si je peux faire grand chose d'autre, en réalité. Alors j'attends. J'attends que ma journée commence. J'attends qu'on m'envoie les premières victimes. Aujourd'hui, je fais passer des entrevues. Si je ne peux plus être mes yeux, quelqu'un devra le devenir. Ma secrétaire s'est chargée de passer l'annonce par tous les supports possibles et inimaginables ce matin-même. Elle sait que je ne veux pas qu'on s'étale sur ma condition. Alors elle s'est contentée de faire au plus simple. Le seul critère, c'est d'être une femme avec un minimum de qualifications dans le domaine. Je ne suis pas sexiste, non. Mais quelque part j'ai besoin de m'identifier à cette personne. J'ai besoin de garder un point d'ancrage auquel je pourrais progressivement attribuer confiance. Tout est dit.

J'entends les portes s'ouvrir. Voila la première candidate. Je me lève pour l'accueillir, mais je reste à portée de mon bureau. Ma main rencontre la sienne. Elle se présente. Et le trop plein de timidité qui transperce son timbre me fait déjà mauvaise impression. « Mademoiselle Delaney. Enchantée. » Ma voix est ferme, quasiment vide d'émotions. L'imposante paire de lunettes posée sur mon nez ne fait que renforcer cette sévérité. Mais je préfère aller droit au but. « Bien. Commençons. » 

... Trop craintive. Trop bavarde. Trop odorante (oui, trop odorante, vous avez bien compris). Trop curieuse. Trop crédule. Trop peu cultivée. Les candidates s'enchainent et rivalisent d'ingéniosité lorsqu'il s'agit de susciter mon exaspération. Autant dire que pour l'instant, c'est tout, sauf brillant. Mais je ne perds pas espoir. Il est encore tôt.

Rectification. Si, je perds espoir. Il est presque deux heures. Et c'est toujours le néant total. Seule l'espace de quelques secondes, j'en profite pour me masser l'arête du nez. Puis je soupire un bon coup avant d'intimer à la secrétaire d'envoyer la suivante via l'interphone. Je me lève pour accueillir la nouvelle venue. Et dieu, je commence à avoir mal aux pieds avec ces chaussures. Mais j'essaye de passer outre. J'essaye de rester la plus neutre possible. Les lunettes de soleil aident assez. Je lui tends ma main. Et lorsqu'elle l'attrape pour se présenter, je ne peux pas m'empêcher de noter la douceur de sa peau. La tonalité de sa voix me plait, tout comme l'odeur subtile de son parfum. Oui, à ce stade des entrevues, je m'accroche aux moindres petits détails positifs. Sinon, je risque d'y passer les deux prochaines semaines. « Enchantée mademoiselle Fitzgerald. Je suis Jillian Delaney. » Je reste tout juste polie. Assurée aussi. Finalement, je lui pointe la chaise d'un signe de main puis je prends place dans mon fauteuil. « Je vais aller droit au but. En l'état, je suis incapable d'exercer correctement. » Bon, ça c'est fait. Il ne faut pas être lumière pour deviner que je suis malvoyante. Il n'y a qu'à voir à quel point je tatillonne sur mon bureau pour trouver le moindre petit objet. D'ailleurs, je ne compte pas m'étendre sur le sujet. « J'ai besoin d'une assistante. De quelqu'un pour être mes yeux. Pour faire ce que je suis inapte à faire : lire. Je ne cherche pas une nouvelle décoration à ajouter à mon bureau, non, je cherche une personne qui sait penser par elle-même et qui n'a pas peur d'exprimer ces pensées, une personne qui saura prendre des initiatives. Un problème ? Vous le fixez. Des ennuis personnels ? Ça ne me concerne en rien. Une envie de pleurer ? Vous attendez d'être chez vous. Je ne serai pas votre nounou, ni votre gentille voisine et encore moins votre amie. Je serai votre patronne. » Je sais que ce discours est intimidant. Et dans deux cas sur trois, ça fait presque fuir la postulante. Mais il faut savoir qu'aujourd'hui, je suis dans un de mes meilleurs jours. Alors si elle n'est pas capable de supporter ça, elle peut tout de suite remballer. « Alors, qu'en dites-vous, mademoiselle Fitzgerald ? » 


Dernière édition par Jillian Delaney le Sam 19 Juil - 2:05, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyMer 16 Juil - 9:14




Jillian & Lana


« Enchantée mademoiselle Fitzgerald. Je suis Jillian Delaney. » Jillian, c’est marrant, j’ai toujours adoré ce prénom. Une fois assise sur le fauteuil qu’elle me montre, je repose mon regard sur elle. « Je vais aller droit au but. En l'état, je suis incapable d'exercer correctement. ». Ne pas poser de question, être attentive, à l’écoute, mais ne pas poser de question, c’est la règle, c’est ce qu’on m’a demandé avant d’entrer dans ce bureau. Pourtant, il y a tant de choses qui me brûlent les lèvres. Pourtant je reste là, immobile, sur ce fauteuil, à regarder cette jeune femme, si belle mais pourtant si froide. Mes yeux ne la quittent pas une seule seconde, je regarde chacun de ses gestes, chaque attitude. Je suis quelqu’un qui parle beaucoup en général, j’aime tout savoir, poser des questions, être au courant de tout, mais là, je me sens frustrée. Frustrée de ne pouvoir ouvrir la bouche. Alors pour palier à ça, j’observe, ce qui m’évite de laisser sortir les mots d’entre mes lèvres.

« J'ai besoin d'une assistante. De quelqu'un pour être mes yeux. Pour faire ce que je suis inapte à faire : lire. Je ne cherche pas une nouvelle décoration à ajouter à mon bureau, non, je cherche une personne qui sait penser par elle-même et qui n'a pas peur d'exprimer ces pensées, une personne qui saura prendre des initiatives. Un problème ? Vous le fixez. Des ennuis personnels ? Ça ne me concerne en rien. Une envie de pleurer ? Vous attendez d'être chez vous. Je ne serai pas votre nounou, ni votre gentille voisine et encore moins votre amie. Je serai votre patronne. » Plus elle parle, et plus je souris. Elle parle de décoration à ajouter à son bureau. J’imagine une assistante en mode pot de fleur, assise sur le coin du bureau, les jambes ballantes à se limer les ongles.

Visiblement, elle cherche quelqu’un de confiance, quelqu’un qui ne serait pas juste à ses pieds pour faire ce qu’elle demande, mais quelqu’un qui prendrait des initiatives. Exactement ce que je recherche depuis plusieurs mois. J’avoue que la froideur de cette femme me fait un peu froid dans le dos, mais j’ose imaginer qu’elle n’a pas toujours été comme ça, et que sa récente cécité lui a mis un coup au moral, ce qui paraît logique. Pendant qu’elle continue sa longue tirade, je la détaille, de ses mains, la longueur de ses ongles, sa bague à l’annulaire gauche, jusqu’au parfait dessin de ses lèvres. J’aimerai pouvoir voir la couleur de ses yeux. Je les imagine verts, ou peu-être noisette. Je crois que même des yeux noir ébène lui iraient à merveille. Je lui envie cette prestance, cette classe, même avec ses lunettes noires lui donnant cet air supérieur qu’elle n’aurait sans doute pas sans elles.


« Alors, qu'en dites-vous, mademoiselle Fitzgerald ? » Je remets les pieds sur terre au moment où j’entends mon nom. Merde, reste concentrée Lana ! Je me racle un peu la gorge avant de répondre. «Une assistante, pas idiote, active et réactive, qui prend des initiative. Je crois que vous avez votre homme ! Enfin.... votre femme !». Putain merde ! Si je loupe ce job en or à cause d’une blague pourrie, je crois que je me tire une balle. Je soupire légèrement et me reprends. «Tout ce que je voulais dire, c’est que ça me convient parfaitement. J’ai toujours voulu travailler dans un journal comme le vôtre. J’ai eu plusieurs postes depuis mon diplôme mais rien qui ne me plaisait vraiment. Rassurez-vous, je ne cherche pas un boulot pour me faire de nouveaux amis, le boulot c’est le boulot. Et... je ne pleure jamais.» Ça, c’est juste pour lui faire comprendre que je l’ai bien écoutée et que je suis vraiment motivée pour le poste. Impossible qu’il me passe sous le nez. «J’ai vraiment besoin de trouver un poste qui me donne envie de me lever le matin. Faire les interviews des sportifs pour écrire 3 lignes dans magazine de foot ne m’intéresse pas. J’ai envie de quelque chose qui me plaise, je vous avoue que mon but pour l’avenir c’est pas d’être assistante d’une grande journaliste comme vous l’êtes, j’ai envie de devenir cette journaliste. Envie de parcourir le monde, voir des millions de choses, parler avec des millions de gens, écrire des pages et des pages que d’autres millions de gens liront... enfin... le journalisme pour moi ce n’est pas juste une passion, c’es une vocation. Alors si ce poste à vos côtés peut m’ouvrir des portes intéressantes dans l’avenir, je prends. Avec grand plaisir !».Je m'arrête une seconde avant de dire, d'une voix un peu moins enjouée, presque un peu désolée. «Je parle beaucoup, excusez-moi, mais je sais aussi me contenir !» Je vois un petit rictus se former au creux des lèvres de mon interlocutrice. Tout petit hein, mais je l’ai vu, même s’il n’a pas duré très longtemps. Je n’attends plus qu’une chose à cet instant précis, c’est qu’elle fasse un peu retomber la pression en me disant que je suis prise.

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyJeu 17 Juil - 7:29

   
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02H07 : Votre humour vient de nous quitter, je suis désolée mademoiselle Fitzgerald. Je garde cette remarque pour moi, certes. Mais la boutade me brûle les lèvres. D'ailleurs, je n'en pense pas moins. Il y a du niveau. Sa vanne est tellement moisie que ça me fait presque rire. Presque. Et puis, c'est dit avec une telle spontanéité que bizarrement, je n'arrive pas à m'en offusquer. C'est même rafraichissant. Cette spontanéité, j'entends. Quoi d'autre ? Alors je la laisse poursuivre. Je la laisse poursuivre son petit monologue. Je me surprends même à essayer d'imaginer ses mimiques. A ce stade, je ne peux qu'imaginer, de toutes façons. Je ne sais pas pourquoi, mais je la vois bien parler avec ses mains. Ses mots véhiculent une énergie qui s'y prêterait volontiers.

Et force est de constater que son discours sonne... Je ne sais pas. Vrai. Oui, sa voix reflète une certaine vigueur. Une vigueur que j'apprécie. Une vigueur dont elle aura besoin pour le poste. Je dirai même que c'est la première candidate dont je n'ai pas envie de jeter le dossier au bûcher (non, je vous assure que je n'exagère pas). Mais attendons un peu pour les réjouissances. Maintenant, j'ai peur d'être déçue. Alors je préfère ne pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Il est encore tôt. Si tôt.

Son "je ne pleure jamais" me rappelle vaguement moi. Moi qui ai simplement trop d'amour propre pour pleurer en public. Ou pour pleurer tout court, d'ailleurs. Je vois bien que le ton employé pour cette portion de phrase n'implique pas forcément un quelconque sérieux de sa part, mais je ne peux pas m'empêcher la comparaison. Et la suite de sa tirade continue de me faire le même effet. Le même effet de déjà vu (ou déjà entendu, devrais-je dire). Ça fait du bien d'écouter parler quelqu'un d’équivalemment passionné, mine de rien. Quelqu'un qui postule par réel amour de la profession, plus que par dépit. Par dépit de ne pas pouvoir suivre sa vraie vocation. Par dépit de ne pas avoir une rémunération suffisante. Par dépit de beaucoup d'autres choses, en vérité. Et Dieu que j'en ai vu passer dans ces bureaux, des écrivains ratés et des diplômés de facs de lettres en perdition. Pour ça, je permets un sourire discret de percer le bout de mes lèvres l'espace de quelques secondes. A peine visible. A peine tenu. Je ne veux pas qu'elle prenne trop ses aises. On n'est pas au club med.

Lorsqu'elle a semble-t-il terminé de parler, je marque un court de temps de pause avant de reprendre la parole, aussi ferme qu'à l'accoutumée. « Du moment que vous ne parlez pas pour ne rien dire, faites-le autant qu'il vous fera plaisir. » Je n'attends pas de réponse. Et je ne cherche pas à faire la conversation. Loin de moi l'idée. Mais comme énoncé plus tôt, je ne veux pas non plus d'une plante verte. Si c'était le cas... Eh bien j'aurais acheté une plante verte et promu ma secrétaire, Lorelei, au poste. Détrompez-vous, je l'aime bien, c'est une gentille fille. Une très gentille fille, même. Seulement, ça s'arrête là. C'est une gentille fille et c'est à peu près tout. Disons les choses comme elles sont. « Avant qu'on poursuive, avez-vous des questions concernant l'emploi mademoiselle Fitzgerald ? » Il est vrai que j'ai expressément demandé à Lorelei de réprimer la curiosité des candidates. Mais ce n'est pas une question piège. Ma voix s'est quelque peu adoucie, comme pour mieux appuyer cette pensée. Si on peut éviter les quiproquos inutiles sur les diverses nuances et obligations que l'emploi impose, je préfère qu'on le fasse maintenant. Qu'on soit claires d'entrée de jeu. « Je sais à quel point le caractère peu orthodoxe du poste suscite l'interrogation. Croyez-moi, si j'avais postulé parmi les candidates, j'aurais été la première à craquer sous le poids de la curiosité. Alors allez-y. » Un geste avenant de la main accompagne mes paroles. Le tyran qui sommeille en moi semble avoir eu son quota de torture. Pour le moment. Et puis je ne tiens pas à faire fuir la seule aspirante qui jusqu'à présent, a su éveiller mon enthousiasme et ma curiosité.

« D'ailleurs, vous n'aurez pas besoin de votre curriculum vitae, vous pouvez le ranger. » Si tant est qu'elle l'ait sorti. Tant est qu'elle l'ait tout court, d'ailleurs (qui n'apporterait pas son CV à un entretien d'embauche ?). Mais je préfère quand même le préciser. Pourquoi ne pas jeter un coup d’œil ? Je ne peux pas le lire, de un. Et je ne cherche pas forcément quelqu'un de sur-qualifié, de deux. Une formation s'acquiert éventuellement sur le tas. La passion non. Connaitre les rudiments du métier suffit, donc. Sous réserve évidemment d'avoir une motivation suffisante. Mais ce point-ci n'a pas l'air d'être un problème pour mademoiselle Fitzgerald. Alors je ne vois pas l'utilité de l'énoncer. 
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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyJeu 17 Juil - 8:55




Jillian & Lana


Je crois que je parle trop, comme d’habitude. Enfin, quand on me lance sur un sujet qui me plait, j’ai vraiment du mal à m’arrêter. Rares sont les occasions qui me clouent le bec, il faudrait que je sois fortement mal à l’aise pour ça. A cet instant précis, ce n’est pas le cas, et même si cette femme en face de moi émet une distance professionnelle - ce qui est normal - je ne me sens pas mal à l’aise face à elle. Peut-être que ce serait mieux, si je pouvais un peu fermer ma bouche quelques minutes. Le réel avantage, c’est que si je suis prise pour ce poste, je n’aurai pas besoin nécessairement d’être tirée à quatre épingles pour venir au boulot, ce n’est pas ma patronne qui m’emmerdera sur ça. Je crois même que je pourrai m’amuser à venir habillée n’importe comment, je ne pousserai pas jusqu’au jogging basket cependant. Allez savoir pourquoi je me mets à penser à des choses pareilles, mon cerveau va souvent trop vite pour moi.

« Du moment que vous ne parlez pas pour ne rien dire, faites-le autant qu'il vous fera plaisir. » C’est bien la première fois que quelqu’un m’autorise à me laisser parler à ma convenance. Ok, parler pour ne rien dire, c’est aussi quelque chose qui me plait bien, mais je ferai des efforts, je m’en fais la promesse. Suite à cette phrase d’ailleurs, je laisse ma bouche fermée, et me mordille même la lèvre inférieure pour me contenir et ne pas ajouter quelque chose. Pas que j’ai une idée de quoi rajouter, juste que si je m’écoutais, j’aurai toujours quelque chose à rajouter, même si parfois ce n’est pas nécessaire. Bref, je reste concentrée du mieux que je peux, même s’il faut avouer que la beauté plastique de cette femme ne me laisse pas indifférente et que bien heureusement, elle ne peut pas voir la façon dont je la dévore des yeux depuis que je suis entrée dans ce bureau.

Elle me sort de mes rêveries au moment où elle me demande « Avant qu'on poursuive, avez-vous des questions concernant l'emploi mademoiselle Fitzgerald ? » Il me faut quelques secondes pour arriver à remettre de l’ordre dans mes pensées, mes idées. J’aurai des tas de questions à lui poser, mais on m’a expressément demandé de ne poser aucune question, alors me voilà maintenant tiraillée entre ma nature profonde et cette ‘règle’ que l’on m’a imposée avant d’entrer entre les murs de ce bureau. Avant même que je n’ai eu le temps de demander quoi que ce soit, Melle delaney ajoute quelques mots, d’une voix plus douce qu’un peu plus tôt. « Je sais à quel point le caractère peu orthodoxe du poste suscite l'interrogation. Croyez-moi, si j'avais postulé parmi les candidates, j'aurais été la première à craquer sous le poids de la curiosité. Alors allez-y. »  Je ne veux surtout pas paraître intrusive, et je ne poserai aucune question qui pourrait porter sur le caractère personnel de son histoire, sa cécité etc... alors j’essaie de rester le plus professionnelle possible. «Je suis journaliste, vous savez très bien ce que c'est. J’ai forcément l’habitude de poser beaucoup de questions, m’intéresser aux gens qui m’entourent, autant dans ma vie personnelle que professionnelle, mais je ne me risquerai pas à vous poser des questions trop... personnelle ! Alors j’ai juste besoin de savoir, a proprement parler, à quoi je vais vous servir. Mis à part être vos yeux, si on peut dire. Est-ce qu’on va travailler dans le même bureau, être ensemble du matin jusqu’au soir, est-ce que je vais me contenter de lire et parfois donner mon avis, ou est-ce que je vais vous aider sur d’autres choses du quotidien...?». Evidemment, d’autres questions me brûlent les lèvres. Comment est-ce que ça lui est arrivé, comment en est-elle arrivée là, est-ce que c’est définitif ? J’aimerai connaître son parcours, ses études, j’aimerai savoir si elle a quelqu’un dans sa vie... bon ok là c’est plus du tout le côté professionnel. Mais bon, je me dis que peut-être, si j’ai le poste, j’arriverai à en savoir un peu plus, petit à petit. C’est à ça que je me raccroche. Je ne contenterai jamais de venir au boulot, bosser et ne m’intéresser à rien ni personne. Ce n’est pas dans mon tempérament.

« D'ailleurs, vous n'aurez pas besoin de votre curriculum vitae, vous pouvez le ranger. » Je ne réponds rien à cette dernière phrase. En entrant dans ce bureau et en comprenant le handicap de mon interlocutrice, j’avais bien entendu compris que les papiers administratifs nichés dans mon sac à main ne me serviraient pas à grand chose. «Ah oui, et si ça peut vous aider à prendre une décisions quant à mon éventuelle insertion dans votre journal, sachez juste que ça ne me dérange pas de venir travailler tôt, et de finir tard le soir. On va dire que je n’ai pas d’impératif personnel, pas de vie de famille qui m’attend à la maison, pas d’homme qui attend que je lui prépare un dîner en rentrant du boulot. Je suis libre comme l’air, et totalement prête à me consacrer corps et âme à mon job.» Cet ajout n’était absolument pas fait pour faire de la peine, ni même pour parler de ma vie perso, c’était juste pour ajouter une ‘corde à mon arc’ quant à ma disponibilité.

«Et si ça ne vous dérange pas, je préfèrerai que vous m’appeliez par mon prénom, j’avoue avoir un peu de mal à ce qu’on m’appelle Mademoiselle, je trouve ça trop impersonnel. Enfin, ça ne tient qu’à moi, si ça vous dérange, je m’y ferai !»

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyVen 18 Juil - 11:59

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De toutes façons, qu'on se le dise, je n'aurais répondu à aucune question d'ordre personnel. Ma vie ne regarde que moi. Et ma famille, dans une certaine mesure. Je n'ai parlé de mon accident à personne (mon psychiatre ne compte pas). Pas à ma femme. Pas à mon frère. Pas à mon proche entourage. A personne. Ce n'est donc certainement pas aujourd'hui que je vais commencer à déballer mes malheurs à une illustre inconnue. Une illustre inconnue qui souhaite travailler pour moi, qui plus est. Comment je sais qu'elle veut aborder le sujet ? C'est simple. Depuis que je suis revenue des Philippines, c'est toujours de ça dont il est question. Ma cécité. Mon handicap. Ma malchance.

Avant, "professionnelle" et "ambitieuse" étaient les mots qu'on employait pour me qualifier. Maintenant, ça se réduit à "pauvre femme" et "aveugle". Les gens chuchotent et spéculent sur mon passage. Je sais que jusqu'à présent, je n'ai rien fait pour faire changer les choses. Pour faire taire et/ou donner tort à ces personnes. Seulement, j'ai de plus en plus l'impression de n'être plus que ça. Une brillante journaliste devenue inopinément malvoyante. Et peut-être qu'on ne s'en rend pas compte, mais ces on-dit pèsent. Ils pèsent de plus en plus. Ils pèsent de en plus sur mes épaules. Ce n'est pas tant les racontars, non, c'est plutôt la pitié des gens qui m'accable. Je ne la supporte plus. Et c'est en grande partie pour ça que je reprends sérieusement le travail. Il est temps de remonter la pente. De ne plus qu'être cette journaliste au destin brisé par un typhon. J'ai perdu la vue, certes. Mais je ne suis pas devenue impotente. Je ne suis pas cette pauvre petite chose fragile que tout le monde s'évertue à vouloir que je sois. J'ai juste besoin de le prouver. De le rappeler.

Maintenant que je lui ai donné carte blanche pour l'interrogatoire, je suis bien obligée de répondre. Alors je réponds. Je réponds avec assurance et franchise. « Si vous êtes prise, vous travaillerez effectivement dans le même bureau que moi. Le plus gros de votre travail consistera à lire, donner votre avis et si nécessaire réviser les articles. Vous serez donc souvent amenée à collaborer avec d'autres journalistes. » C'est ce qui est bien avec le travail en amont : on touche à tout et on parle à tous. On n'a certes, moins de temps pour le travail de terrain, mais comme il est coutume de dire, on ne peut pas tout avoir. « D'ailleurs, vous n'aurez pas besoin de votre curriculum vitae, vous pouvez le ranger. » Pourquoi ? Je suis aveugle. Tout est dit, je pense.

Et quand elle commence à me parler de ses disponibilités, je me dis que c'est fini. Qu'elle parlera de sa vie pendant les vingt prochaines minutes jusqu'à ce que finalement, je la mette à la porte. Mais en fait non. C'est vraiment juste pour me spécifier qu'elle peut endurer le plus drastique des plannings. A vrai dire, la partie "pas d’homme qui attend que je lui prépare un dîner en rentrant du boulot" a le don de me faire à moitié sourire. Et pour la première fois depuis très longtemps, je réussis à me sentir normale l'instant de quelques secondes. Si ça n'avait pas été un entretien d'embauche, je suis sûre qu'on aurait presque pu sympathiser autour d'un bon café. Malheureusement, c'est bel et bien un entretien d'embauche. Alors je garde un visage aussi impassible que possible. Le travail c'est le travail. Et je préfère que ça reste comme ça. « Tant mieux. On aura besoin des deux. » De son âme et de son corps, j'entends. Et dans un sens strictement professionnel, s'il-vous-plait. Je suis tentée de rajouter que malheureusement, contrairement à elle, j'ai une vie et que de fait, ses horaires resteront décentes. Mais je m'abstiens. Parce qu'en fait, je ne compte pas les heures, même avec une vie.

En parlant de compartimenter vie privée et vie professionnelle, elle reprend la parole après un court laps de temps. Je ne vois pas l'utilité de l'interrompre, donc je la laisse continuer. Elle veut que je l'appelle par son prénom. Mes sourcils se froncent très légèrement. J'hésite un instant. Et d'ailleurs, je ne m'en souviens déjà plus. De son prénom, je parle. L'a-t-elle seulement énoncé ? Je ne sais plus. Après toutes les candidates que j'ai reçu et tout ce qu'elle a elle-même dit, je commence à en oublier les détails. Ceci étant, après réflexion, je préfère m'en tenir au mademoiselle. « Je suis désolée... Rappelez-moi votre prénom ? » Maintenant, j'ai juste l'air condescendante. Et je m'en rends bien compte. Mais il n'y a pas trente-six façons de le demander. Et il va bien falloir que je m'y confronte un jour ou l'autre. « Malgré tout, pour l'instant, nous nous en tiendrons au mademoiselle. Je préfère garder une certaine distance professionnelle. J'espère que vous comprenez. » Là, j'ai l'air encore plus condescendante. De toutes façons, on ne me paye à être gentille. Et je ne vois même pas pourquoi j'ai pris la peine de rajouter un "j'espère que vous comprenez". Peut-être que je l'apprécie (apprécier est un grand mot) trop pour l'envoyer sur les orties. Peut-être que j'ai gagné en retenue à défaut d'avoir regagné la vue. Je ne saurais le dire.

J'enlève et je pose un instant ma paire de lunettes pour me masser l'arête du nez. C'est un tic. C'est ce que je fais quand je réfléchis, en fait. Je peux la prendre à l'essai sans plus attendre et renvoyer toutes les autres chez elles. Ou je peux toutes les faire passer et choisir ensuite. Je relève finalement la tête. « Bien, j'ai tout ce qu'il me faut. Merci d'être passée mademoiselle Fitzgerald. Laissez vos coordonnées à l'accueil, nous vous recontacterons dans les plus brefs délais. » Il faut quand même que je vois tout le monde. Ne serait-ce que par courtoisie. 
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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyVen 18 Juil - 21:41




Jillian & Lana


J’essaie de faire attention à chaque mot que je prononce, chaque parole, pour être la plus parfaite assistante aux yeux de cette journaliste de talent. Je rêve tellement d’en arriver là où elle en est, elle a l’air si jeune pour être à un poste si haut gradé. Je meurs d’envie de lui poser des question sur son parcours, parler avec elle de tout ce qui a fait d’elle une journaliste de renom. Au lieu de ça, je me concentre pour ne pas trop parler, ne pas trop en faire. J’essaie à contrario d’être le plus naturelle possible, ou du moins, de le paraître. C’est tout moi ça, je sui dune antithèse à moi seule, et quand mon cerveau va plus vite que moi, ça me fatigue. On dit qu’en moyenne un être humain a soixante mille pensées qui lui traverse l’esprit, chaque jour. Je pense que je suis bien au dessus de cette moyenne.

Lorsque Melle Delaney me demande si j’ai des questions, j’essaie de faire le tri, de trouver les plus adéquates à la situation, au dépit d’autres plus personnelles, qui ne manqueront pas de sortir un jour, quand elle sera plus habituée à mon blabla quotidien. Sans doute. En guise de réponse, la froideur de la jeune femme, accompagnée de quelques phrases. « Si vous êtes prise, vous travaillerez effectivement dans le même bureau que moi. Le plus gros de votre travail consistera à lire, donner votre avis et si nécessaire réviser les articles. Vous serez donc souvent amenée à collaborer avec d'autres journalistes. » Je hoche la tête, mais me rends bien compte rapidement que ça ne rime à rien puisqu’elle ne peut pas voir mon attitude. « Très bien ». C’est tout ce que je trouve à répondre. Et avant qu’elle n’ouvre une nouvelle fois la bouche pour dire quelque chose, je préfère être sincère et lui avouer que je suis dévouée à mon travail. « Tant mieux. On aura besoin des deux. ». Des deux ? Il me faudra quelques secondes pour comprendre quelle parle de ma dernière phrase. ‘corps et âme’. J’esquisse un petit sourire. Elle ne répond rien d’autre, je n’en attendais pas moins d’elle, je n’imaginais pas qu’elle allait se livrer à moi, me dire le nom de son mari ou des potentiels enfants.

J’ose ouvrir à nouveau la bouche pour lui demander si ça la dérange de m’appeler par mon prénom, mais en voyant sa tête, je crois que je comprends vite. « Je suis désolée... Rappelez-moi votre prénom ? » Je me racle la gorge. Je crois que je ne lui ai même pas dit. « Lana-Joy, enfin… Lana. » Pourquoi j’ai ajouté ça ? J’avais qu’à dire ‘pour les intimes’ aussi. N’importe quoi. Je laisse tomber ma tête en arrière d’un air désespéré. Si le bruit d’une claque sur ma propre joue n’aurait pas fait autant de bruit, je l’aurai sûrement fait pour me remettre les idées en place. « Malgré tout, pour l'instant, nous nous en tiendrons au mademoiselle. Je préfère garder une certaine distance professionnelle. J'espère que vous comprenez. » Comme je m’y attendais. « Je comprends, bien sûr ». Je ne suis pas déçue, je m’y attendais, mais son ton vraiment froid et distant me fait un peu plus croire que si je suis prise pour le poste, ça ne va pas être facile tous les jours.

Je la regarde s’asseoir sur son large fauteuil, et elle retire ses lunettes pour se masser le nez et le visage. Bleus, ses yeux sont d’un bleu pure, et j’en reste complètement absorbée pendant quelques secondes. Je sens qu’elle est en train de réfléchir à quelque chose, peut-être est-elle hésitant quant à me donner le poste tant convoité. Alors je reste là, à rien dire, juste à la regarder, jusqu’à ce qu’elle finisse par me dire « Bien, j'ai tout ce qu'il me faut. Merci d'être passée mademoiselle Fitzgerald. Laissez vos coordonnées à l'accueil, nous vous recontacterons dans les plus brefs délais. » « Merci. » Je me lève et récupère mon sac, légèrement mal à l’aise, ne sachant pas si je dois m’avancer vers elle pour lui serrer la main et lui dire au revoir. Voyant qu’elle ne prend pas la peine de se lever, je me dirige vers la porte du bureau, avant de me retourner au dernier moment. « Bonne fin de journée, et bon courage pour la suite des entretiens. ».

Lorsque je passe la porte du bureau, je me sens étrange. Je ne sais pas quoi penser de cet entretien. Généralement, on sait à quoi s’en tenir, l’employeur est suffisamment explicite pour qu’on sache à peu près où on va. Là, j’ai eu l’impression de faire face à un mur. Un mur froid et distant, qui ne laisse transparaitre aucune émotion. A peine un rictus, ou peut-être deux, à moins que ce ne fut qu’une gêne face à une de mes paroles. Bref, me voilà totalement dans le flou.

Sur la route du retour, je retire mes talons et finis le chemin pieds nus sur les pavés, les pensées dans le vague. En rentrant, je m’étale sur le canapé comme une grosse loque, et Armstrong essaie de venir me lécher le visage mais il n’en est pas question. « Alors comment ça s’est passé ? » « Bof, j’en sais rien. Je crois que c’est une patronne tyran. » « Si t’es prise, tu vas vite la délier la patronne, j’te connais ! » « Hum. En tout cas, elle est belle ! » « Bon, c’est déjà ça ! ».

L’attente du coup de fil me paraît une éternité, et il me faudra attendre vingt heures pour recevoir un coup de fil du journal. Lorsque je décroche, c’est la voix de l’hôtesse que je reconnais au bout du fil. « Melle Fitzgerald ? Vous êtes retenue pour le poste d’assistante auprès de Melle Delaney, vous serez en période d’essai pendant 1 mois. » Je fais une espèce de grimace comme si je hurlais de joie, et Mathéo est déjà mort de rire. Il ne faut pas être devin pour comprendre que je suis prise. « Parfait ! Et je commence quand ? » « Vous êtes attendue demain à 9h au bureau. » « Je serai là, merci beaucoup et bonne soirée ! ».


*************


J’ai laissé tomber la robe pour aujourd’hui, je me suis bien rendu compte que ça ne servait à rien, premièrement parce que ma patronne est une patronne, et que mon radar ne me dit rien de bon côté attirances de cette jeune femme, deuxièmement parce qu’elle est aveugle et que ça ne sert donc à rien de me pomponner, et troisièmement parce que je ne mets quasiment jamais de robe et que je ne suis pas à l’aise dedans pour travailler. Alors j’ai opté pour un pantalon léger, sombre, et un chemisier crème. Lorsque La secrétaire frappe au bureau de ma nouvelle patronne, mon coeur se met à battre un peu plus vite. L’inconnu d’un nouveau boulot sûrement. Elle m’annonce, et j’entre dans le bureau, que j’ai déjà visité la veille. « Bonjour ! ». Mon bonjour est souriant, même sans les yeux, on peut l’entendre. Je suis heureuse d’être ici, et je compte bien communiquer ma bonne humeur. Si je peux arriver à décoincer un peu ma patronne, ça ne sera pas du luxe !

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptySam 19 Juil - 7:46

   
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Je regrette déjà d'être passée à la candidate suivante. A peine est-elle entrée dans la pièce qu'elle trébuche et s'étale. Pour une raison évidente, j'ignore les détails, mais les bruits perçus me donnent une idée plutôt précise de la scène. Je soupire. Je soupire d'exaspération. Je soupire lorsqu'elle commence à se confondre en excuses. Lorsqu'en plus de ça, je l'entends mastiquer ce chewing-gum. Je déteste les chewing-gums. C'est tout, sauf professionnel. « Ce n'est rien, mademoiselle Wessex. J'espère que vous allez bien au moins. » Je ne peux pas exactement vérifier par moi-même. Alors quand elle répond par l'affirmative et vient me serrer la main, je ne cherche pas plus loin. Tant qu'elle ne clamse pas en direct, ça ne devrait pas trop mal se passer. Il n'y a pas de raison. Je lui tends un mouchoir récupéré à tatillon. Pour le chewing-gum. Le sang. La saleté. Peu importe vraiment. C'est peut-être même plus pour être polie que par réel élan de considération. « Merci ! Jolies lunettes de soleil, au fait. C'est des Dior ? Je peux les voir de plus près, dites ? » Je ne sais pas si je dois rire ou pleurer. Il ne manquerait plus qu'elle me fasse une accolade. Je lève instinctivement les yeux au ciel. Mademoiselle Fitzgerald, Lana, vous me manquez. Revenez s'il-vous-plait. Par pitié.

Lorsque j'en ai terminé avec les entretiens, il est près de vingt heures. Cette journée m'a complètement terrassée. Mais bizarrement, je me sens bien. Mieux que ces derniers jours, du moins. Je profite de la solitude nocturne pour me reposer quelques minutes. Minutes au bout desquelles entre ma secrétaire, toute sourire, pour me demander si j'ai besoin qu'elle appelle certaines candidates ou même ma femme avant de quitter les locaux. « Appelez mademoiselle Lana-Joy Fitzgerald. Dites-lui qu'elle commence sa période d'essai dès demain. »

▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬▬
Je suis là depuis sept heures, à aménager (ou plutôt faire aménager) mon bureau pour qu'il puisse accueillir une deuxième personne. J'aime avoir mon espace personnel. Et le voir se faire envahir ne me plait qu'à moitié. Pour ne pas dire pas du tout. Mais ai-je le choix ? Je me console en me disant qu'au moins, c'est une personne que j'ai choisie. Une personne qui me permettra de reprendre mes activités professionnelles. Qui fera que tout redeviendra enfin (partiellement) normal. Et puis, je m'y ferai. Il n'y a aucune raison pour que la cohabitation tourne à l'occupation. J'ai bon espoir. Oui, j'ai bon espoir.

Lorsqu'il est quasiment neuf heures (merci à toi, téléphone qui parle), la secrétaire m'annonce l'arrivée de mademoiselle Fitzgerald, qui entre sans plus tarder. Le "bonjour" qu'elle lâche est sonore. Transpire carrément la joie de vivre. Et je ne peux pas m'empêcher de sourire quelque peu. Un sourire réservé, certes. Mais un sourire quand même. Ça doit déjà être plus agréable que la veille. Parce qu'il faut bien le dire, je n'ai pas été particulièrement charmante. D'ailleurs, je ne le suis pas beaucoup ces temps-ci. J'essaye d'y remédier. D'y travailler. Je sais que le chemin est long. Et je ne veux pas brûler les étapes. Mais en gage de bonne foi, j'ai laissé tomber la paire de lunettes, qui admettons-le, fait tout autant d'effet qu'un gros panneau lumineux targué du mot "aveugle". « Bonjour. Comment allez-vous ? Je vois que vous avez l'air en forme. » On s'entend que je ne vois pas réellement. C'est une façon de parler. Appuyée contre le rebord de mon bureau les bras croisés, je tente de faire face à mon interlocutrice. Elle est arrivée par la porte, logiquement, je devrais être entrain de regarder dans la bonne direction. Mais entre théorie et pratique, le fossé creusé peut parfois s'avérer profond.

Trêve de banalités. Le travail n'attend pas. Ou peu. « Bien, commençons si vous le voulez bien. » Ma main droite vient se poser sur la pile de dossiers qui paressent près de moi. Il s'agit non seulement d'articles, mais aussi de photos. Le tout reste à trier, examiner, réviser, assembler. Ce n'est pas une montagne non plus. En ce début de semaine, beaucoup travaillent encore sur leurs papiers. Mais la journée s'annonce chargée en perspective. On a toujours quelque chose à faire, ici. Toujours. Et remettre quelque chose au lendemain alors qu'on pourrait le régler de suite s'avère souvent fatal. La procrastination est ma pire ennemie. Notre pire ennemie.

Sauf que c'est à ce moment là que mon téléphone choisit de sonner. Et j'ai comme l'impression de perdre beaucoup en crédibilité. J'hésite entre répondre ou l'éteindre. Mais c'est la sonnerie dédiée à ma femme. Alors je me sens obligée de décrocher. D'autant plus que ça a sûrement à voir avec moi quittant la maison tôt ce matin sans rien dire. Pour ma défense, j'ai laissé une note. Enfin, Max a laissé une note. D'ailleurs, pour ce que j'en sais, je suis peut-être totalement dépareillé au niveau vestimentaire. C'est à peine si je sais que je porte une jupe et un tailleur. Je tatillonne donc jusqu'à trouver mon portable. Un « Excusez-moi. » à l'attention de mademoiselle Fitzgerald et je décroche bel et bien. « Allô ?... Oui je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller... Non je n'ai pas le temps ce midi... D'accord, ce soir... Non, je ne serai pas en retard, promis. Bon, je dois vraiment y aller... A tout à l'heure... Moi aussi, je t'aime. » Heureusement que ni moi, ni ma femme n’aimons les longs discours enflammés au téléphone. Ceci étant, je crois que c'est le moment gênant où je raccroche et m'excuse à nouveau. « Désolée pour ça. Où en étions-nous déjà ? »
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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyDim 20 Juil - 11:01




Jillian & Lana


Je suis de nature plutôt joyeuse en règle générale, malgré ma maladie qui me fait parfois passer un peu pour une bipolaire. Attention, je ne suis pas bipolaire, j’ai juste une thyroïde qui fonctionne mal, et qui donne des effets pas toujours très agréables. Depuis que je suis adolescente, j’ai appris à en faire mon parti, à me contrôler aussi. Quand je sens que je suis dans une mauvaise phase, j’essaie au maximum d’éviter d’être trop en contact avec les gens que j’aime, pour éviter tout désagrément. Heureusement, les périodes de trouble sont rares et peu longues. Je suis bien plus souvent heureuse et joyeuse, même si j’ai quand même un caractère bien trempé.

C’est donc avec un large sourire que j’arrive à mon nouveau travail ce matin. Je compte bien apporter la bonne humeur. J’ai cru comprendre que le nouveau handicap de ma patronne ne lui facilite pas la vie, et que ça l’a fortement grisée. Je ne sais pas comment elle était avant ça, donc je ne peux pas vraiment juger, peut-être est-ce dans son tempérament naturel, mais je n’espère pas pour elle. On m’a souvent répété ces derniers temps, que si je voulais que les gens changent autour de moi, c’était à moi de changer. Au départ, je n’avais pas compris comment en changeant mon comportement, je pouvais changer celui de mon entourage. Mais aujourd’hui, j’ai compris. Entrez quelque part en faisant la gueule, les gens ne seront pas heureux de vous voir, et ne seront pas non plus très agréables. Alors que si voue entrez avec un large sourire, votre interlocuteur ne peut que ressentir votre bonne humeur, et c’est la plupart du temps, assez contagieux.

C’est donc pour ça qu’en entrant dans le bureau de mon nouvel emploi, ma voix est tintée d’un large sourire. Une voix gaie et heureuse d’être ici. A mon grand étonnement, ma nouvelle patronne a laissé tomber sa paire de lunettes noires, laissant ses magnifiques yeux à découvert. Son sourire, aussi mince soit-il, me fait penser un peu plus que la théorie est vraie. Un sourire amène un sourire, même pour quelqu’un qui ne peut pas le voir. C’est magique vous ne trouvez pas ? « Bonjour. Comment allez-vous ? Je vois que vous avez l'air en forme. » Elle est appuyée contre son bureau, les bras croisés, et je m’approche un peu d’elle, pouvant pour la première fois plonger mon regard dans le sien. C’est assez déstabilisant d’avoir un regard aussi bleu, planté dans le sien, tout en sachant qu’il ne peut pas vous voir. «Je vais très bien oui, merci ! Si vous saviez depuis le temps que j’attends un vrai boulot comme celui là. Merci de m’avoir donné ma chance.» Elle n’a même pas vu mon CV, je ne sais pas si quelqu’un lui a lu, elle ne m’a pas demandé ce que j’ai pu faire avant, même si je lui en ai parlé très vaguement. Après tout, j’aurai très bien pu mentir quant à mes études de journalisme, sortir d’une école qui n’a rien à voir, mentir sur toute la ligne...

« Bien, commençons si vous le voulez bien. » Je hoche la tête, par habitude. Il va falloir que j’y fasse attention, à ces habitudes. Fini les réponses inaudibles, remplacée par un signe de tête, ou un simple signe de main pour traduire une attente quand je suis concentrée à lire ou faire quelque chose. Je vais devoir apprendre à mettre des mots sur toutes ces mauvaises habitudes. «Allons-y, je suis toute ouïe !» Je pose les yeux sur la pile de dossiers qu’elle me montre. Elle n’est pas gigantesque, j’ai vu bien pire dans mes précédents boulots. J’ai vu que d’hier à aujourd’hui, Melle Delaney m’a fait installer un bureau non loin du sien, avec un ordinateur et suffisamment de place pour y travailler sans que nous soyons l’une sur l’autre. Enfin... en tout bien tout honneur évidemment !

Avant même qu’elle n’ait eu le temps de commencer à m’expliquer quoi que ce soit, son téléphone se met à sonner. Je baisse les yeux sur ledit téléphone sans vouloir forcément être curieuse, d’ailleurs, aucun indice n’aurait pu se traduire puisqu’aucune photo ne s’affiche, simplement un mot : Love. C’est mignon. Lorsque je relève les yeux vers ma patronne, je peux sentir son léger malaise. « Excusez-moi. » «Je vous en prie.» Je la regarde porter le téléphone à son oreille et m’éloigne un peu, comme si je ne voulais pas assister à sa conversation téléphonique. Mais nous sommes dans le même bureau, et même si je me concentrais au maximum, j’entendrai quand même ce qu’elle raconte à la personne qui partage visiblement sa vie. « Allô ?... Oui je suis désolée, je ne voulais pas te réveiller... Non je n'ai pas le temps ce midi... D'accord, ce soir... Non, je ne serai pas en retard, promis. Bon, je dois vraiment y aller... A tout à l'heure... Moi aussi, je t'aime. » J’esquisse un petit sourire en entendant la fin se sa phrase. J’avais bien remarqué son alliance à l’annulaire gauche. Mais d’un seul coup, je me souviens d’hier, lorsqu’elle s’est présentée. Melle Delaney. Mademoiselle ? Je pars légèrement dans mes pensées et me mets à imaginer pourquoi elle se fait toujours appeler mademoiselle, est-elle simplement fiancée ? Sa bague ressemble pourtant bien à une alliance. « Désolée pour ça. Où en étions-nous déjà ? » Je sors de mes pensées et reporte mon attention vers elle. «Oh, c’est rien, ça arrive, pas de soucis. Hum... je crois qu’on en était à cette jolie pile de dossiers.». La confusion de la jeune femme en rapport à son coup de fil s’estompe rapidement, et je la vois se remettre au travail à une vitesse folle. Elle m’explique rapidement ce que je dois faire, pour l’instant, lui lire les quelques articles, et lui décrire le plus précisément les photos.

Je m’assieds dans le fauteuil qui m’est destiné. Je retire ma veste que je dépose sur le dossier de la chaise, et ouvre la première pochette, avant de me racler la gorge. Melle Delaney, quant à elle, s’installe dans son fauteuil à son tour, légèrement tournée vers moi. Elle est concentrée. Ça se voit très facilement. Je prends le papier qui est sous mes yeux, et commence à lire à haute voix, de manière très fluide, avec ma voix légèrement éraillée qui me donne ce timbre assez sexy. C’est contre ma volonté, et même si je ne trouve pas avoir une voix plus sexy que ça, c’est ce que disent tous les gens de mon entourage. Une fois l’article fini de lire, je relève les yeux vers ma patronne, silencieuse, attendant certainement qu’elle dise quelque chose. «Mis à part quelques fautes de syntaxe, je trouve ça pas mal. Il y a un thème particulier pour chacun vos hebdomadaires ?» J’avoue avoir lu plus d’une fois ce journal, mais je n’ai pas fait forcément le lien quant à un éventuel thème précis chaque semaine. J’ai toujours eu l’habitude de lire des journaux divers et variés, qui n’ont aucun fil directeur. Il faut que je mette le pied dedans, pour de bon. «Ah oui et la photo qui accompagne l’article. Une jeune femme blonde, très mince, les cheveux attachés en un chignon légèrement fouilli, une tenue légère qui semble flotter au vent. Son expression est assez neutre je trouve, enfin... comme la plupart des mannequins à vrai dire. Mais elle est jolie. Elle a un côté un peu masculin, c’est intéressant, presque androgyne. J’aurai joué sur ça et ajouté une autre femme à ses côtés...».

Lorsque je tourne le regard vers Melle Delaney, je tombe droit sur ses jambes croisées, longues et fines et musclées, sa jupe s’arrêtant tout juste à mi-cuisses. Elle n’est pas seulement jolie, elle a un corps de déesse grecque. Concentre-toi Lana, c’est pas le moment de mater ta patronne !

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyMer 23 Juil - 10:35

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Ce coup de téléphone m'a mis légèrement mal à l'aise. Moi qui d'habitude prêche le travail acharné et les heures supplémentaires, me voila en ligne dès les premières minutes de collaboration avec mademoiselle Fitzgerald. J'ai l'impression d'avoir assassiné une partie de mon professionnalisme à coups de machette. J'hyperbolise un peu la chose. Et je sais que je n'ai de compte à rendre à personne. Encore moins à cette femme (si ce n'est par pure courtoisie). Cette inconnue que je viens à peine de rencontrer. Mais pour une raison qui m'échappe, son opinion m'importe plus qu'elle ne le devrait. En même temps, considérant qu'on va devoir se supporter un bon de temps, ce n'est peut-être pas plus mal. Il n'y a pas de raison pour que cette cohabitation échoue. Elle se passera bien. J'aimerais qu'elle se passe bien. Je me promets de faire des efforts. Pour mon entourage. Pour ma femme. Pour ma famille. Fini les pots cassés et les mélodrames. Je veux faire mieux. Et ce nouveau regain de vitalité professionnelle me donne de l'espoir. C'est exactement ce qu'il me fallait pour reprendre du poil de la bête. Le chemin est encore long, certes. Je suis toujours assez exécrable, certes. Mais au moins, maintenant, j'essaye d'y remédier. C'est un début. Un bon début, même.

C'est donc pleine de bonnes résolutions que je prends place dans mon fauteuil et me replonge dans le travail. D'une oreille attentive, j'écoute mademoiselle Fitzgerald lire le premier article. Mes sourcils sont légèrement froncés. Et ma main vient soutenir mon menton. Sa lecture est fluide, son ton clair. Et sa voix. Dieu sa voix. Je crois que je pourrais l'écouter toute la journée. Elle a ce petit côté... Je ne sais pas. Attractif ? D'ailleurs, il ne me paraissait pas si marqué hier, à l'entretien. Au final, c'est plutôt une bonne chose, puisque c'est ce qu'il va se passer : je vais l'écouter à longueur de journée. Mi-bercé, mon esprit remet les pieds sur terre lorsqu'elle met fin à son discours et commence à s'adresser à moi. Je cligne rapidement des yeux. L'article. Question. Réponse. C'est bien Jillian. « Non. Pas particulièrement, non. Mais n'oubliez pas la cible. On s'adresse à un public adulte, d'une tranche d'âge située entre vingt-cinq ans et plus. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas la dernière paire de chaussures achetée par Paris Hilton, non. On s'intéresse à l'actualité, la vraie. La politique, le monde, l'économie, la culture. » Ma voix est teintée d'un certain sérieux. Mes jambes viennent se croiser tandis que mes mains se mettent à bouger d'elles-mêmes, comme pour rythmer mes paroles.

Je l'écoute ensuite décrire la photo, son avis avec. Son idée n'est pas mauvaise, étant donné que l'article traite, entre autres choses, des divergences d'opinion concernant la récente légalisation du mariage homosexuel dans l'Oregon. « Oui, pourquoi pas. J’appellerai la tech pour qu'ils nous montent les négatifs du dossier. » Ils doivent avoir pas mal de ces clichés, j'ai eu vent du shooting photo. Le journaliste que j'ai envoyé sur l'affaire préfère seulement jouer la carte de la sûreté. Rester neutre au possible. On ne doit pas prendre parti, juste exposer les faits. Je demeure moi-même plus ou moins de marbre. J'ai beau "soutenir la cause", je n’apprécierai sans doute jamais les polémiques sur le sujet. D'ailleurs, pour être honnête, je suis contre le mariage tout court. Ce n'est qu'un bout de papier. Un prétexte pour faire la fête. Je n'ai pas besoin d'un tierce pour me dire que j'ai le droit d'être heureuse. Le droit vivre avec la personne que j'aime.

Mais je me rends vite compte que cette antipathie totale peut éventuellement me faire passer pour quelqu'un d'intolérant. Et sans trop savoir pourquoi, je ressens comme un besoin urgent de me justifier. « Ne vous méprenez pas. L'égalité pour tous est une très bonne chose. D'ailleurs, ça serait plutôt hypocrite de ma part de dire le contraire, étant donné que je vis en concubinage avec une femme. Mais parfois, je me dis que le monde gagnerait à se mêler de ses propres affaires. » Il y a être curieux et être curieux. Se soucier de la façon dont Lady Gaga a bu son dernier café et vouloir savoir comment le dernier président a été assassiné. J'ai conscience que ce que je dis n'a pas forcément de lien direct avec le sujet de conversation, soit la photo. Parfois, j'ai tendance à m'égarer. A partir trop loin. A être trop zélée. Je l'ai d'ailleurs peut-être déjà perdue en cours de route. Aucun moyen de le savoir, vraiment. Bref. Passons. « Passons. »

Et on passe. Enfin, je passe. « Nous ferons un compte rendu de chaque article. Ces comptes rendus seront délivrés, je l'espère ce soir, à nos collègues pour qu'ils puissent effectuer les premières modifications. » J'explique globalement ce qu'on fera. Ça peut paraitre évident, certes, mais je préfère le dire clairement. Comme dit l'adage, mieux vaut prévenir que guérir. « Ceci dit, je suis d'accord avec vous concernant cet article. Mis à part les quelques tournures hasardeuses, le reste n'est pas mauvais. » C'est le genre de phrase qui comporte généralement un "mais". Surtout venant de ma part. « Mais le fait est que le lecteur lambda aura du mal à accrocher. Ça se lit, évidemment. Mais ça manque de... Je ne sais pas, sentiments peut-être. C'est froid. Impersonnel. On n'arrive pas à s'identifier. » Moi non en tous les cas. Ceci dit, je suis assez difficile à convaincre. Et puis, le jour où je n'aurais rien à dire, ça sera celui de ma mort.
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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyVen 25 Juil - 10:42




Jillian & Lana


Je me concentre du mieux que je peux pour lire l’article de manière la plus fluide possible. Imaginez que je bégaye en lisant, ou que je m’arrête à chaque mot, butant sur quelques syllabes. Je n’attendrai pas longtemps avant d’entendre «Melle Fitgerald, nous allons mettre fin à votre période d’essai plus vite que prévu». Un peu de concentration, et tout ira bien. Finalement, c’est comme à mon habitude que je lis cet article avec une voix posée, calme, et tout à fait linéaire, marquant cependant correctement la ponctuation. Pas nécessaire de mettre un ton particulier, ce n’est ni un poème, ni une poésie, ni même une histoire que je lis à ma nièce pour l’endormir le soir. C’est donc dans un ton neutre que je finis la lecture de cet article, avant de reposer le regard sur ma patronne. Je lui pose quand même la question rapport au thème éventuel du journal, avant de donner mon avis. Ce à quoi elle me répond : « Non. Pas particulièrement, non. Mais n'oubliez pas la cible. On s'adresse à un public adulte, d'une tranche d'âge située entre vingt-cinq ans et plus. Ce qui nous intéresse, ce n'est pas la dernière paire de chaussures achetée par Paris Hilton, non. On s'intéresse à l'actualité, la vraie. La politique, le monde, l'économie, la culture. » Mon regard reste bloqué sur le sien, pendant qu’elle me raconte tout ça. Je crois que je n’ai pas tout suivi, je suis trop absorbée par son regard azur totalement hypnotisant. Je n’ose même pas imaginer lorsqu’elle n’avait pas cette cécité, ce qui pouvait se passer dans ses yeux, ses expressions, tout ça. Je crois que j’aurai pu tomber complètement sous son charme.

Suite à ses explications, je hoche la tête, et me rendant compte une nouvelle fois que ça ne sert à rien, j’accompagne mon geste d’une simple demi-phrase. «Très bien, je vois.» Vient ensuite la description de la photo accompagnant l’article, et je me permets d’ajouter mon avis à cela. Espérant au fond de moi qu’elle ne me prenne pas pour ce genre de nana qui donne toujours son avis sur tout et n’importe quoi. « Oui, pourquoi pas. J’appellerai la tech pour qu'ils nous montent les négatifs du dossier. » Un léger rictus naît au coin de mes lèvres. Je suis rassurée de voir que mes idée ne sont pas trop tranchées. Après tout, elle aurait très bien pu être contre le mariage pour tous. Après tout, je m’en fous un peu, je ne suis pas vraiment pour le mariage, qu’on soit hétéro ou homo. Je ne suis pas militante pour ce genre de choses, je préfère de loin me battre pour ces gamines qu’on force à se marier à des hommes qui ont 3 fois leur âge, alors qu’elles sont encore mineures. J’appelle ça du viol organisé, ça me dégoûte.

Cependant, je remarque quand même que Melle Delaney reste assez de marbre quant au sujet de cet article. Peut-être qu’elle s’en fout, peut-être même qu’elle n’est pas vraiment pour cette loi de mariage pour tous. Après tout, qu’est-ce qu’on en sait, il y a des homophobes un peu partout, et elle s’oblige peut-être à parler de ça, simplement parce que c’est d’actualité. Et c’est à cette pensée que ma patronne reprend la parole, comme si elle avait entendu ma pensée. Parfois, j’ai même peur de penser à voix haute. « Ne vous méprenez pas. L'égalité pour tous est une très bonne chose. D'ailleurs, ça serait plutôt hypocrite de ma part de dire le contraire, étant donné que je vis en concubinage avec une femme. Mais parfois, je me dis que le monde gagnerait à se mêler de ses propres affaires. » Je crois que si j’étais en train de manger ou de boire, je me serai étouffée. Elle est en concubinage avec une femme ? J’ai presque envie de la faire répéter pour être bien sûre de ce que j’ai entendu. Heureusement qu’elle ne peut pas voir que mes yeux sont limite en train de sortir de mes orbites. Je sais que ça fait cliché, mais la plupart des femmes gay sont quand même relativement plus masculines que la moyenne. Sûrement une question d’acceptation de notre part de masculinité. Je ne suis pas masculine pour autant. M’enfin, mon radar ne me trompe quasiment jamais, et je peux repérer une femme qui aime les femmes à des kilomètres à la ronde. Pourtant, elle, je n’aurai jamais cru ça une seule seconde. « Passons. ». Oui voilà, passons, il vaut mieux. Je crois que je ne pourrai plus jamais la regarder de la même façon désormais. Dieu qu’elle est belle, c’en est presque pire maintenant que je sais qu’elle est homo. Ok, du calme Lana. Je crois qu’il me faudrait un shot de vodka, ce soir, ou demain. Non, on va attendre ce week end, ramener une fille à la maison pour faire tomber cet excès de libido. Et même si ce n’est pas tellement mon genre, parfois, ça ne fait pas de mal.

Là voilà qui enchaîne en m’expliquant comment nous allons procéder désormais. Je l’écoute patiemment mais je ne peux m’empêcher de penser à ce qu’elle a dit plus tôt. J’ai vraiment du mal à l’imaginer avec une femme, pourtant, un couple de femmes avec une nana comme elle, ça doit être juste sublime. Je secoue la tête pour essayer de chasser ces idées de ma tête, ce n’est pas vraiment le moment. « Ceci dit, je suis d'accord avec vous concernant cet article. Mis à part les quelques tournures hasardeuses, le reste n'est pas mauvais. Mais le fait est que le lecteur lambda aura du mal à accrocher. Ça se lit, évidemment. Mais ça manque de... Je ne sais pas, sentiments peut-être. C'est froid. Impersonnel. On n'arrive pas à s'identifier. » Je me recentre et arrive à peu près à me reconcentrer. «Ok, alors là je fais quoi, je renvoie l’article à la personne qui l’a écrite, ou on essaye de modifier quelques trucs ?» Je commence à me sentir un peu plus à l’aise. Peut-être le fait qu’elle se soit un peu confiée à moi rapport à son couple. Après tout, moi aussi j’aurai pu être homophobe, et me parler de ça aurait pu me faire fuir. En l'occurrence, ce n’est pas du tout le cas, et heureusement.

Une matinée à travailler, ça passe vite, et passé les coups de 13 heures, mon ventre commence à gargouiller. Je n’aurai jamais osé dire que j’avais faim, surtout que la veille je lui ai fait comprendre que j’avais tout mon temps à consacrer à mon boulot, n’ayant pas de vie de famille. Du coup, je ne comptais pas réclamer ma pause déjeuner. C’est pourtant mon ventre qui s’en charge lui même. Je crois que même un sourd aurait pu l’entendre. Dans un moment de silence, pendant que nous travaillons cette fois chacune de notre côté, un grondement se fait entendre et je lâche un petit rire discret, amusé. «Je suis désolée, j’ai un ventre qui parle !». Elle me propose du coup de prendre notre pause déjeuner, je ne tarde pas à accepter. Mais comme je ne sais pas vraiment ses rituels, nous partons chacune de notre côté. J’opte pour la cafétéria. Environ 30 minutes plus tard, je suis de retour au bureau. Melle Delaney n’est toujours pas là. Mon téléphone sonne et je me permets de décrocher, étant toute seule. C’est mon frère. Je m’assieds dans le canapé qui m’a accueilli la veille pour mon entretien. «Isaac ça va ? Ça m’fait toujours peur quand tu m’appelles dans la journée. Non je suis au boulot. Oui, je te raconterai...» Ma patronne entre dans le bureau à cet instant précis et je pose mes yeux sur elle, j’en perds presque mes mots. Elle est tellement... bon, mettre fin à la conversation avec mon frère. «Je sais pas, appelle Lucy, je sais. J’essaierai de passer après le boulot pour voir si tout va bien. Je suis désolée Isaac. Promis je ferai au mieux. A ce soir.». Je raccroche rapidement et suis ma jolie patronne des yeux. Elle connait son bureau par coeur. «Interlude fraternel terminé, on peut se remettre au boulot.» Je suis un peu tracassée par mon frère, il ne va pas très bien en ce moment, ma belle soeur est à Atlanta avec son père mourant, et il doit s’occuper de son bar et de ses 2 enfants tout seul. Evidemment, pile au moment où je trouve un job important.

La secrétaire frappe à la porte, apportant le café que ma patronne a visiblement commandé. D’un geste naturel, je me lève pour aller le chercher et fais le chemin pour l’apporter à Melle Delaney. Mais c’est sans compter ma maladresse légendaire, je me prends les pieds dans un je-ne-sais-quoi et renverse la moitié de la tasse sur le tailleur de ma patronne. Voilà, un boulot en moins. Bravo Lana. «Oh mon dieu, je suis désolée.» Heureusement que le café n’était pas trop chaud, je le sens dégoulinant sur la main, et il n’est pas brûlant. «Je... pardon ! Je vais nettoyer tout ça, je peux vous donner ma chemise si vous voulez, j’ai un débardeur en dessous.». Lana le boulet en action. Après ça, je crois que je n’oserai plus jamais remettre les pieds ici. Je crois qu'elle me perturbe plus que je ne l'aurai pensé.

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MessageSujet: Re: New job, new life. [Jillana]   New job, new life. [Jillana] EmptyLun 4 Aoû - 7:09

   
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« Renvoyez l'article. Avec une annotation de tout ce qui a été dit. » On ne va pas lui mâcher le boulot. Et je suis même prête à parier que l'auteur concerné s'y attend. Je lui ai déjà fait une remarque du genre la semaine dernière. Et la semaine d'avant. On dirait qu'il le fait exprès. Qu'il cherche de l'attention. Parce que les articles en question arrivent toujours nickel chrome dans les deux jours qui suivent ces remarques.

S'en suit une matinée bien chargée. Tellement que je ne vois pas le temps passer. Je me sens… Bien. Pour la première fois depuis une éternité. Je me sens à nouveau entière. A nouveau moi. Une certaine frustration grogne toujours, évidemment. Mais trouver un substitut à mes yeux me permet de faire abstraction de mon handicap. De ne pas en faire une fatalité. De me concentrer sur ce qui compte vraiment. Et puis, il faut l'avouer, la bonne humeur de mademoiselle Fitzgerald aide beaucoup. Elle ne pose pas de questions gênantes et sait se tenir. Avantages non négligeables dans ce monde où la curiosité maladive règne en maître. Mais je préfère garder ces compliments pour moi. Nous sommes encore très loin du stade de la fraternisation et des éloges à cœur ouvert. Dieu merci. Il ne manquerait plus que je régresse au stade d'adolescente en attente de se faire dévirginiser. Non, ce n'est pas une sorte de réflexion subliminale sur ma vie sexuelle. Loin de là.

Finalement, le ventre de mademoiselle Fitzgerald sonne l'heure de la pause déjeuner. Pause que je lui accorde volontiers. Qu'on s'accorde volontiers, vraiment. Même s'il y a parfois confusion, le but de ce travail n'est pas de mourir d'inanition. Nous partons donc chacune de notre côté. Enfin, elle part tandis que je me contente de sortir une barquette de mon sac. De la salade récupérée au supermarché du quartier. C'est plus ragoûtant que ça en a l'air, je vous assure… Okey, ce n'est pas de la haute gastronomie. Mais c'est surtout que je préfère rester dans ma zone de confort. Se déplacer entraine trop de complications. Trop de déconvenues. Et je risquerais de ne pas revenir avant deux bonnes heures. Ce qui serait fort fâcheux pour ma nouvelle collègue. Pour la pile de dossiers dormant calmement sur le bureau. Je sais bien que ce ne sont là que des excuses. Qu'au fond, la peur me ronge. La peur du regard des autres. La peur de ne pas réussir à faire face. Mais je ne me sens pas encore prête. Pas encore. Bientôt. Mais pas encore. Tant que je peux nier, je nie. C'est plus facile. Et c'est en partie pour ça que j'ai refusé le déjeuner du midi avec ma femme, un peu plus tôt. Ici, dans ce bureau, je me sens à l’abri. Je me sens en contrôle. Assez en contrôle pour m'en donner l'illusion, du moins. Et ça me suffit. Pour l'instant.

Après une salade indigeste, un passage aux toilettes et au bureau de la secrétaire, me voila de retour dans mon "antre". Mademoiselle Fitzgerald est là. En pleine conversation téléphonique, on dirait bien. Je tente sciemment de ne pas paraitre intrusive et me dirige à mon bureau sans broncher. Ce n'est pas exactement comme si je pouvais me permettre de donner des leçons après l'évènement de ce matin. Et techniquement, si elle le souhaite, sa pause peut durer un peu plus longtemps que trente courtes minutes. Ça ne me dérange pas. Du moment qu'on travaille efficacement après. Un cerveau alimenté vaut mieux que dix au point mort.

J'attends donc sagement assise qu'elle termine. Et elle termine. Termine très vite. Un bref sourire traverse la cime de mes lèvres. Et alors que je m'apprête à reprendre, un toquement se fait entendre à la porte. La secrétaire, je devine. Je sens déjà l'odeur du café venir me titiller les narines. Je me lève instinctivement pour me placer devant le bureau et attraper le gobelet. Sauf que voila, le café ne reste pas longtemps dans le gobelet en question. Ma bouche s'entrouvre légèrement. Surprise. Je sens le liquide tiède imbiber mon tailleur. Du calme Jillian. Inspire. Expire. Inspire. Ce n'est rien. Ses excuses servent un peu sa cause. Un peu. Pourquoi je ne suis pas restée assise déjà ? « Laissez. J'ai un rechange. » Ma voix est monocorde. On peut y sentir une pointe d'exaspération. Mais rien de dramatique. Ça arrive à tout le monde. Ça arrive à tout le monde. Je contourne mon bureau maladroitement et sors ledit rechange du dernier tiroir. Un tailleur gris, d'après mes souvenirs. Vestige de mes nombreuses nuits passées ici. « Je reviens. »

Et je reviens cinq minutes plus tard dans mon tailleur de rechange. Dans mon tailleur trop serré, surtout. J'ai vaguement l'impression d'étouffer. Mais je fais comme si de rien. Mon visage légèrement crispé pourrait tout aussi bien être dû à la bourde de mademoiselle Fitzgerald. D'ailleurs, je crois que je m'adoucis avec les années, parce que je me trouve étonnamment indulgente. Ou peut-être que c'est juste elle. Je ne sais pas. Je ne veux pas savoir. Et ça m'irrite rien que d'y penser. La secrétaire, qui visiblement n'a rien d'autre à faire que d'attendre ici, ose finalement briser le silence. « Est-ce que vous voulez un aut… » Elle n'a pas le temps de continuer, puisque je la coupe dans son élan. « Non merci Lorelei, ça ira. » Si elle a un minimum de bon sens, elle saura que c'est le moment de battre en retraite. J'ai eu ma dose de café pour aujourd'hui. Ceci dit, je regrette quelque peu de l'avoir envoyée sur les roses. Après tout, ce n'est pas de sa faute si je me retrouve à moitié asthmatique dans ce tailleur. Je ne sais même pas pourquoi je me mets dans un état pareil. Pour une raison qui m'échappe, je n'arrive pas à garder mon sang-froid.

J'ai besoin d'être seule. Mademoiselle Fitzgerald gêne. Me donne une envie inexplicable de crier. C'est fou. Ce matin encore, elle me faisait sourire. Et voila que j'ai envie d'arracher des têtes. Pour rien. C'est bien ça, le pire. J'inspire un grand coup. « Allez déposer les dossiers déjà étudiés aux concernés. » C'est assez explicite sans être trop froid. Comment se débarrasser de quelqu'un avec une subtilité dénuée de subtilité. Ca devrait la tenir occupée le reste de l'après-midi. Les journalistes qu'on a dans la boite adorent torturer les stagiaires (et les nouveaux en général) en débattant trois heures sur les changements que j'impose. Bizutage, je suppose. Ils doivent aussi chercher à saper ou stigmatiser mon autorité, quelque chose qui s'en rapproche. Je n'ai jamais pris la peine de poser la question. « A demain. » Parce que oui, elle revient demain. C'est juste un café renversé. Elle ne s'échappera pas aussi facilement, non.
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