and i've got an hangover +  Amy & Mila

Putain d'alcool, putain de soirée, et putain de gueule de bois. Comment était-ce possible d'avoir la tête en vrac à ce point alors qu'avec les années qui passent j'ai plus que l'habitude de boire comme un trou? C'est complètement illogique et frustrant. Posant une main sur mon front, je veux me retourner mais en suis empêchée par un corps allongé à côté du mien. Sous le choc, j'ouvre les yeux, ce que je regrette immédiatement. J'aurais du prendre le soin de fermer mes volets avant de me coucher. Je dois cligner plusieurs fois des yeux afin de me faire à la lumière du jour, et pour constater qu'il s'agit bien d'Amy qui dort profondément à mes côtés. Amy, qui cela pourrait-il être d'autre? Elle est la seule que j'embrasse et avec qui j'ai des rapports depuis de nombreux moi. Et celle qui me rend complètement barge, dans le mauvais sens du terme. A chaque fois que l'on doit se voir, je me dis que je serai forte et que je ne céderai pas à son espèce d'aura. Le magnétisme qu'elle a sur moi me tue, mais je ne peux rien faire pour ne pas y céder.

En me rasseyant doucement dans mon lit, je ne peux même pas m'empêcher de la regarder. Pour une fois, son visage est détendu, sans la moindre grimace ou mimique qu'elle a l'habitude d'afficher. Son petit air de supériorité qui me donne envie de goûter à ses lèvres à nouveau tout en ayant envie de la baffer. Contradictoire hein? Welcome to my life. Ses cheveux détachés lui tombent sur le visage, et je ne peux m'empêcher de les coincer derrière son oreille pour le lui dégager.  Pa-thé-tique. D'ailleurs elle me le ferait sûrement remarquer si elle était réveillée. Encore que jamais je n'oserais avoir un seul geste tendre à son égard si elle était réveillée.

Je me glisse hors des draps et prends un large t-shirt dans mon armoire, que j'enfile avec un bas de sous-vêtement. Plus pour me protéger du froid qu'autre chose, Amy doit connaître mon corps par coeur à force. Et ce n'est pas pour me déplaire. J'hésite longuement devant ma porte de frigo ouverte sur quoi prendre. Café, jus de fruit? Non... J'opte plutôt pour une boisson énergisante, bien que je sais que la femme dort actuellement dans mon lit m'en fera la remarque. Tant pis. Je décide de lui servir en avance un grand verre d'eau avec une aspirine, pour quand elle se réveillera, et je retourne dans la chambre.

Le truc pénible avec Amy c'est qu'on ne sait jamais quand elle dort ou qu'elle ne dort pas. Sa respiration reste à la même vitesse que d'habitude, elle ne ronfle pas et ne donne aucun indice concernant cela lorsque j'entre dans la chambre. Déposant son verre sur la table de nuit du côté où elle se trouve, je retourne sous les draps et me laisse aller contre mes coussins. Les draps et la couette sont tournés dans tous les sens, témoignant de nos activités de la nuit dernière, et rien qu'en y pensant je ressens une étrange sensation dans le creux de mon ventre. Jamais personne ne m'a mise dans un tel état, mais je ne vois pas comment je pourrais le lui dire. Pourquoi, je devrais le lui dire. C'est vrai quoi, vous l'avez vu? Elle est parfaite, même quand il s'agit de me rendre folle. Je me tourne sur le côté pour lui faire face et être frappée une nouvelle fois par la beauté naturelle qui irradie d'elle. Et, comme tout à l'heure, mes doigts glissent dans ses cheveux, noirs corbeau et incroyablement doux.

Il y a ces nuits paisibles & ces nuits mauvaises. Tout porte à croire vu ma tête, que cette soirée de la veille était vraiment mauvaise, et ma nuit affreuse. Tout ce dont je me souvenais de la veille, c’était qu’ après une journée éprouvante au boulot, tout ce dont j’avais besoin, c’était de décompresser. Et dieu sait combien la semaine avait été difficile pour moi. J’étais surement allée boire un verre comme à mon habitude, assez déplorable. Comme s'il n'y avait que cette issue. En vérité je n’en avais plus aucune idée, et peu importe. J’avais passé une nuit mouvementée, et dès mon réveil je me sentais encore plus fatiguée que la veille, ainsi qu’une migraine qui aller surement pointer le bout son nez, encore ici, à mon habitude. Il y avait pourtant ces soirées où il m'arrivait d'être raisonnable, mais j'imagine que j'étais encore en compagnie à me faire boire. Je n'étais pourtant plus tellement comme ça depuis quelques temps, essayant d'arrêter les conneries, avec les "mauvaises fréquentations". Oh et puis... Quand on n'a pas vraiment le moral, ça fait du bien après tout. Je ne pouvais pas me blâmer, il ne fallait pas que je m’apitoie sur mon sort. Un vendredi soir seule, ça aurait été bien pire encore. Ça aurait été surement une soirée plateau repas devant la télé avant d'aller dormir, comme une vieille.

Je me réveillais paisiblement, ouvrant mes yeux tout doucement, en découvrant que je n’étais visiblement pas chez moi. Le soleil était déjà aux aurores, me faisant plisser les yeux de force. On entendait le mouvement de la ville à travers les murs : les voitures, ainsi que la population de cette ville paisible, mais mouvementée à son centre. Il devait donc être déjà une heure plutôt avancée de la matinée. La seule chose qui attirait mon attention était l’aspirine posée à côté de moi sur le guéridon, fraîchement dissous. Je me relevais doucement sur mon oreiller, me revêtant du drap plus bas, la tête complètement déconnectée. Me réveillant enfin totalement, je comprenais seulement que j’étais chez Mila. En fait, ça ne m’étonnais pas vraiment. Je m'en doutais, certes, mais je m’en mordais déjà les doigts ; et je voyais déjà son mauvais caractère arriver de loin. Ce qui n'était pas vraiment le moment. Mais le temps avait l'air magnifique, comme à son habitude, malgré la saison. Je trouvais cette ville magnifique à cette époque de l'année. C'était même ma saison préférée. Malgré le fait que je n'habitais pas dans le même quartier que la belle femme à côté de moi, j'aimais beaucoup cet endroit. Ce quartier de la vieille ville était animé, et tout y était à proximité, ce qui était pratique, je le trouvais vraiment pas mal. Complètement différent du mien, mais pas mal.

Me retournant après quelques minutes d'inattention, je remarque enfin Mila à mes côtés, habillée légèrement, sirotant une boisson énergisante. Elle avait, à son habitude, l'air de m'ignorer totalement. Je lève les yeux au ciel puis me relève encore un peu plus, relevant le drap encore une fois. J’avais les cheveux en pagaille, et mes yeux montraient tellement ma fatigue que j'aurai pu marcher sur mes cernes. Je devais être totalement affreuse à voir. Je lui accorde juste un simple « Mais quelle horreur… Boire ça au réveil... » de ma voix écorchée du réveil, avant de boire à mon tour une gorgée du breuvage sensé m’enlever ce mal de tête affreux. Je n'étais pas du genre démonstrative avec elle ; et je n'avais pas vraiment la force, ni le courage d'engager la conversation avec cette dernière. Elle savait pertinemment que ses habitudes alimentaires et son mode de vie me dérangeait quelque peu. Enfin, ça ne me dérangeait pas plus que ça en fait, j’avais juste du mal à comprendre, et je le lui faisais souvent savoir. Mais j’en avais tellement l’habitude à présent. A part pour certaines choses sur lesquelles je n'étais pas vraiment d'accord, et que moi même j'avais arrêté. Mais c'était sa vie, pas la mienne, et je n'avais rien à lui dire. C’était comme une routine du week end. Une routine que je voulais d'ailleurs arrêter, mais c'était totalement impossible. Quelle faible me diriez vous. Mais il fallait bien avouer que je ne résistais pas à un "On se voit?" de sa part. Je suis même du genre à ne même pas y réfléchir, j'accepte forcément à chaque fois. Trop faible je vous ai dit.

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and i've got an hangover +  Amy & Mila

Amy ouvre les yeux quelques instants après que je sois retournée dans mon lit à ses côtés, bien que j'ignore combien de temps cela fait que je suis revenue. Perdue dans mes pensées, je ne vois jamais le temps passer. Ce qui peut être un peu handicapant, mais c'est Amy elle-même qui me flanque des migraines. Sérieux, comme moi, Mila Montgomery, j'ai pu me laisser attraper comme ça par une spirale infernale de sentiments? Elle est comme la drogue que je prends discrètement quand elle n'est pas là, parce que je sais qu'elle déteste ça. Ma vie craint.

Je ne dis rien cependant, histoire de la laisser émerger tranquillement. Amy a toujours eu le réveil difficile, à moins que je sois la raison principale de son agacement matinal, je ne savais pas trop. remarque, c'était tout à fait possible.

« Mais quelle horreur… Boire ça au réveil... »

Et nous y voilà. Je tourne la tête pour voir une Amy avec des cernes monstres et les cheveux en bataille, en train de me regarder boire ma boisson avec un air de dégoût non dissimulé. Je lève les yeux au ciel avec un petit sourire amusé malgré tout. J'aurais du parier sur sa réaction tiens, j'aurais peut-être pu ainsi m'acheter une nouvelle guitare, ce ne serait pas du luxe.

« Bonjour à toi aussi ô Belle aux bois dormant... »

Je souris doucement et termine ma canette avant de la déposer sur la table de nuit. Je sais que ce n'était pas très malin de boire ça au lever sans avoir rien d'autre dans le bide, mais je préfère largement ça à un verre d'eau ou une connerie de ce genre-là. L'eau, c'est fait pour se laver. Je regarde Amy boire son verre d'aspirine, déposant mon coude sur mon genou replié et ma joue sur ma paume. A chaque fois j'essayais de comprendre ce qui me retenait auprès d'elle et me forçait à penser à elle de cette manière, mais à chaque fois je ne trouvais pas. C'était juste inexplicable. Inexplicablement pénible, mais inexplicablement agréable.

« Alors, tu as quelque chose de prévu aujourd'hui Madame l'architecte? »

Un autre truc qui nous différencie au dehors de notre caractère et de notre histoire personnelle, c'est sans doute notre rythme de vie. Je joue de la guitare et je chante dans des bars et Amy est architecte. Huh. Vous voyez la différence? Quelques fois je me demande ce qui fait qu'elle n'ai pas encore tenté de m'étrangler ou de tout simplement ne plus répondre à mes appels, mais deux secondes après, j'arrête d'y penser. Ca me fait flipper.

« J'ai une représentation ce soir, au bar là... Je t'en avais parlé. Tu viens me voir? »

J'essaye bien de cacher ce petit ton d'espoir qui meurt d'envie de naître en moi, je lui propose déjà de venir me voir, hors de question de lui montrer à quel point j'ai envie qu'elle vienne...

Quelques secondes après ma remarque, elle me répliqua un « Bonjour à toi aussi ô Belle aux bois dormant... », ce qui aurait pu avoir le don de m’énerver encore un peu plus. Je pense d’ailleurs que c’était intentionnel. Je devais bien admettre que j’avais un mauvais caractère, surtout au réveil. Bon, surtout quand on a la gueule de bois, en fait. Cela m’étonnait surtout qu’elle soit de bonne humeur comme ça, elle aurait pu très bien me remballer également, ou alors elle était réveillée depuis déjà un petit moment, et elle avait eu le temps d’émerger. J’opte pour cette dernière solution.  Je lui répondais par un simple sourire ironique, un peu agacée sur les bords, même si j'aimais intimement ce genre de remarque.

On n’avait pas à la prier pour qu’elle finisse sa canette aussitôt. Elle n’avait jamais été du genre à boire un très grand verre de jus d’orange au réveil, et de se poser pour prendre un petit déjeuner copieux. En tout cas à présent je ne jurais que par mon aspirine. Cette soirée avait eu tout l’effet inverse. Je détestais ça en vérité. Et je savais pertinemment que c’était encore la faute de Mila. Mais bon, elle y était habituée, elle. Je pense qu'elle avait carrément oublié la notion de semaine et week end. J'aurais même pu parier qu'elle ne savait même pas quelle jour on était. Elle vivait à son rythme.  

« Alors, tu as quelque chose de prévu aujourd'hui Madame l'architecte? »

Cette fois ci m’asseyant contre le lit, je reposais ma tête contre mes mains, essayant de chercher du courage pour y réfléchir. C’était un peu trop me demander, avec ce mal de tête. J’avais toujours une tonne de boulot, et il arrivait souvent que j’ai aussi à bosser le week end, que ce soit pour terminer un projet, finaliser, ou même m’avancer pour la semaine qui arrive. Je savais qu’elle s’en moquait souvent d’ailleurs, ce que je ne comprenais pas forcément. Au moins j'avais une situation, et j'essayais de m'en sortir, être autonome, etc. Mais ce n'était pas l'aspiration de tout le monde. Certaines personnes préféraient s'amuser, chacun ses priorités après tout. Mais si on pouvait faire les deux, ce n'était pas plus mal.

«Je ne pense pas … Rien de particulier en  tout cas. » lui rétorquai-je enfin, quelques minutes à réfléchir, la tête toujours dans le vide. Je n'avais vraiment pas ma tête à moi à ce moment. Mais je ne pense pas me tromper en disant que je n'avais absolument rien de particulier à faire aujourd'hui.  
Mais étant une mordu de travail, je pouvais toujours trouver quelque chose à faire. Mais je n’avais ni rendez-vous, ni projet à terminer. En même temps, vu la semaine que j’avais déjà passé, j’avais envie de me reposer pour une fois. Quand on bosse comme une dingue, il faut savoir tout de même faire des pauses. Je suis le genre de personne à être très sérieuse, et une vraie bourreau de travail, mais j'étais aussi quelque peu fêtarde, je savais également prendre du bon temps. Comme la phrase populaire le dit : il faut un temps pour tout !

« J'ai une représentation ce soir, au bar là... Je t'en avais parlé. Tu viens me voir?» me lançait-elle une nouvelle fois. Je ne pouvais m’empêcher de lui répondre immédiatement un « encore ? », repensant à la dernière soirée que l’on avait passée ensemble. Il en fallait du courage pour la suivre. J’étais totalement morte, et enchainer les soirées c’était assez … déconseillé. Et puis j’imagine qu’elle demandait surement à tout le monde de venir la voir, à ses amis comme à moi. Que je sois là ou pas, ça n’aurait pas changé grand-chose. Je lui aurais bien sorti un petit "Tu n'as qu'à demander à la fille là, celle qui est 'intéressante et drôle' " mais j'attendrai un peu pour faire ma peste. Et j'avoue que ça m'était complètement sorti de la tête. Elle m'en avait surement parlé, oui, mais alors c'était le genre de chose que je zappais facilement. Ce qui pouvait l'énerver. Donc je préférais laisser couler. « J’en sais rien … Peut être...». Je ne savais même plus où c'était, et si je lui demandais, elle me ferais la morale comme quoi j'ai aucune tête, avec une mémoire sélective, ou que je ne l'écoute jamais. Je ne savais même pas où j'étais hier soir, donc pour me souvenir de ça ... J'y allais souvent à ses prestations, pas toutes, mais presque. Les seules fois où je n'avais pas pu, étaient les fois où j'étais déjà prise, et non pas parce que je n'avais pas envie de venir.

Je finissais enfin mon verre, mon mal de tête commençait à vouloir enfin me lâcher la grappe. Cherchant mon t-shirt qui ne devait plus être très loin, j'essayais tout de même de m'habiller, je n'aurais plus à m'enfouir sous les draps. Je jetais un coup d’œil rapide sur mon téléphone portable, non pas pour les trois sms non lus, mais pour apercevoir l'heure : elle affichait dix heures quarante deux déjà. Heureusement qu'on était le week end, sinon je serais déjà parti en courant.

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