Respirer. C'est ce dont elle avait besoin, de respirer, d'aller dans un endroit elle ne reverrai pas Daryll. Si la dernière fois qu'elle a vu Aaron, ça c'est plutôt bien passé, même mieux qu'elle ne l'aurait cru. Elle sait ce qu'il représente pour elle, elle sait ce qu'il est dans son petit coeur qu'elle pensait ne plus sentir battre, qu'elle pensait qu'elle ne sentirait vivre. Il la rend vivante, c'est une évidence pour elle, mais elle n'est pas prête à admettre tout ce remue-ménage qu'il occasionne. Elle ne croit pas au coup de foudre, dans tout les cas. Elle ne croit pas qu'on peut tomber amoureux comme ça, sans connaître l'autre, et pourtant c'est ce qu'il s'est presque passé. Elle est presque, la tête en l'air, dans les nuages chez elle. Et ce qu'il lui sert de beau-père s'en ai rendu compte. Daryll l'a bien fait comprendre quoi qu'elle fasse, il fera attention à ne pas qu'elle soit trop ailleurs, et comme la brune est sauvage, elle l'a bien fait comprendre qu'il n'a aucun droit sur elle. Ca a tourné aux vinaigres. Comme toujours depuis un moment. Elle se retrouve avec un hématome sur le bras qui a décidé de rester depuis la dernière fois. Ce matin, quand elle a entendu le bourreau partir, elle prit ce qui rester comme fringue, et elle est partie loin de chez elle. Si elle a erré sans savoir au début, elle s'est d'abord dirigé vers un café, à regarder les gens passés, un chocolat chaud en face d'elle, bu froid au final. Dans un geste gracieux, elle a enfilé sa veste en cuire, et elle est partie. La tête dans les pensées, et cette irrépressible envie de fumer autre chose que ses cigarettes. Elle prend un chemin qu'elle connait par coeur sans pour autant le faire souvent, ça fait un moment d'ailleurs qu'elle n'est pas venu ici. Quelques mois, quelques années, elle ne sait plus, elle qui a tellement l'impression de vivre depuis des années, depuis des longs moments sans qu'elle se rend compte. Un coup d'oeil pour voir si elle a de l'argent, si elle a de quoi prendre tout ce qu'il faut. Elle reste un moment, hésitante, puis il prend un ou deux grammes de marijuana, et la range dans son sac. Elle ne connait plus trop les bonnes adresses, ni les prix, elle ne sait pas ce qui lui a pris d'ailleurs, elle risque encore plus de replonger, mais quand elle voit l'hématome, quand elle n'a pas sa veste, elle se dit qu'elle ne tiendrait pas. Aaron ne sera rien y faire dans tout les cas. Elle range vite son achat, et passe dans une librairie prendre des feuilles de cigarettes, et s'en va. Un coup d'oeil à l'heure, et laisse échappé un soupire. Elle aurait du prendre un livre, de quoi lire tranquillement. Elle regarde ce qui lui reste, un peu plus de quoi prendre un livre. Elle fait le chemin dans l'autre sens, et rentre à nouveau dans la librairie, et prend "Le Joueur" de Dostoïevski Elle a envie de le lire pour finir, non pas parce qu'Aaron a sorti une citation. Elle range dans son sac en jeans, et prend le chemin du lac, pour être tranquille, à l'abris. Elle fait le chemin qu'elle connait par coeur, de tout les endroits de la  ville, celui-ci est son préféré de toute la ville. Surtout quand elle a une place, ce qui arrive neuf fois sur dix, en face du lac, comme cette fois-ci. Elle dépose son dos près d'un arbre, et sort ses achats, le livre près d'elle, et de quoi se rouler un joint. Quand celui-ci est fait, elle le regarde. Elle a souffert pour quitter ce monde dans lequel elle compte entrer à nouveau, et puis, une fois, juste le temps de finir le sachet, après tout, elle n'a rien à perdre, non ? Elle met le joint dans sa bouche, et l'allume, les yeux clos, elle tire une longue taffe, avant de les rouvrir. Elle avait oublié à quel point ça lui fait du bien. Et qu'elle en a besoin.

Est-ce que j'écoute ? Spoiler,  non :