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| thousand miles away – adrian & isadora | |
| Auteur | Message |
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| Sujet: thousand miles away – adrian & isadora Ven 8 Nov - 14:46 | |
| thousand miles away
Adrian & Isadora Les mains dans les poches, le bout de ses chaussures grattant le gravier dans un crissement dérangeant, Isadora fixe les portes closes maintenant désertées. Les buveurs, les fumeurs et les emmerdeurs ont délaissé les lieux aux petites heures du matin, chancelant de taxis en taxis dans un balais tant de fois répété. La jeune femme se tient dans l’ombre d’un commerce. Le club est fermé. Adrian devra bien sortir un jour ou l’autre. Isa en tremble. Elle est si proche mais elle se refuse le moindre espoir, certaine qu’elle ne s’en remettra pas si son frère l’ignore encore une fois. Tout ce qu’elle possède est coincé dans un sac à dos qui lui arrache l’épaule du poids des souvenirs qu’il contient. Un avion et deux autobus plus tard, la voilà enfin au seul endroit où elle désire être. Isadora n’en a rien à faire de ces américains aux coutumes étranges, de cette petite ville cliché ou même de ce qu’elle deviendra. Tant qu’Adi est là, rien d’autre n’a d’importance. Le cœur d’Isa flanche chaque fois que la porte grince. Le prochain sera son frère, le prochain. Elle aurait pu lui écrire, lui dire qu’elle arrive, mais la peur qu’il se sauve l’aurait paralysée. Isa s’en fiche de ce qu’on peut dire de son frère. Prisonnier, meurtrier, pour elle il est le meilleur, et rien ne changera jamais ça. Les pas d'Isadora on foulé le sol de Town Square depuis le matin, ses mots s'accrochants aux oreilles des gens. Elle a demandé partout s'ils ne sauraient pas où trouver un grand britannique qui vient d'arriver en ville. Certains l'ont prise pour une folle, d'autres se sont rappelés un vague accent dans un passé proche sans pouvoir l'aider. Une caissière à l'épicerie lui a dit l'avoir vu derrière le bar dans ce club, l'ayant trouvé mignon. Ce fut assez pour Isa qui a laissé son coeur se poser devant les portes de cet endroit, ayant décidé que ce serait le bon. Elle tente de trouver quelque chose à lui dire. Quelque chose d’intelligent qui le fera sourire. Une remarque qui lui rappellera à quel point elle lui a manqué. Rien ne vient. Tout est gobé par cette angoisse d’être rejetée. Isadora a longtemps refusé la possibilité qu’Adrian regrette son geste, qu’il la tienne pour responsable de son sort. Sans elle, il n’aurait pas gâché cinq ans de sa vie. Isa secoue la tête dans un déni total. Adrian l’aime encore, elle en est certaine. Il est son frère on ne peut pas changer de sang. Alors qu’Isa n’y croyais plus, une silhouette qu’elle reconnaîtrait parmi mille se détache de la nuit. Ses yeux détaillent le pas et l’air qu’il a. Trop bouleversée pour arriver à ouvrir les lèvres. Les années sans lui s’effacent. Les familles d’accueil, les amis qui ne comprendraient rien, même si elle avait tenté d’expliquer, les nuits où elle aurait simplement voulu le voir, recevoir une lettre, un petit bout de lui. Elle s’en balance, c’est du passé. « . . . Adi ? » Laisse tomber Isadora, terrifiée à l’idée qu’il lui file entre les doigts comme l’autre fois, à la prison. Son frère se retourne enfin, pour voir le spectacle d’Isa, qui tente de retenir ses larmes, détestant être faible alors qu’il est si fort. Elle a besoin de lui, ne le sait-il pas ? Elle a grandi en tendant une main vers lui, si grand, si loin. Cette main s’est transformée en poing. Lui seul saurait en déplier les doigts crispés. « Tu vas au moins me parler cette fois ? » Lui crie Isa, ayant délaissé la tristesse pour la colère. Elle se contente de croiser les bras, ayant parcouru tout un océan pour le retrouver. Plantant ses ongles dans la paume de sa main, Isa se retient de ne pas lui sauter dans les bras, trop fière pour être si faible. Si un regard pouvait brûler, Adrian commencerait à cramer. Plantant ses ongles dans la paume de sa main, Isa se retient de ne pas lui sauter dans les bras, trop fière pour être si faible. Si un regard pouvait brûler, Adrian commencerait à cramer. « Tu croyais quoi ? Qu’il suffirait de t’enfuir pour être débarrassé de moi ? » Il est vrai qu’en cinq ans, la douce enfant s’est forgé une langue acérée. Si Adrian avait accepté de la voir, peut-être qu’il connaîtrait la jeune femme qu’est devenue sa sœur. Isa aurait voulu laisser ses remparts en Angleterre, mais ils se sont fusionnés avec sa chair, la séparant du monde à jamais, si seule dans sa tour inaccessible. |
| | | | Sujet: Re: thousand miles away – adrian & isadora Dim 10 Nov - 15:31 | |
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Thousand miles away Je ne comptais plus le nombre de cocktails que j'avais préparé au cours de la nuit, cosmopolitain, mojito, sex on the beach, caipirinha, martini et compagnie ; le nombre de bouteilles de champagne qui avait été commandé, le nombre de shots et de verres de vodka, tequila et j'en passe que j'avais servi à ces fêtards acharnés. Cela avait été une bonne soirée, les caisses étaient remplies, j'avais reçu pas mal de pourboires et le grand patron était pleinement satisfait. Je ne comptais pas non plus le nombre de personnes qui s'étaient rendu aux toilettes pour vomir ou bien pour sniffer un coup, le nombre de clubbeurs qui allaient se réveiller le lendemain, la tête comme un ananas et la bouche pâteuse, ni le nombre de jeunes filles faussement effarouchées qui avaient succombé à des séducteurs d'un soir. Ces mêmes jeunes filles qui m'avaient dragué ouvertement pour que je leur offre à boire gratuitement, sans le moindre résultat. De ce côté-là, c'était un peu plus décevant, aucune d'entre elles ne m'avait tapé dans l’œil à croire qu'à force de bosser dans ce milieu, j'avais élevé le standing minimum de mes conquêtes. En vérité, ce n'était pas vraiment la vérité. J'étais trop crevé pour en ramener une chez moi. Tout ce que j'avais besoin, c'était une bonne douche et dormir dans mon lit jusqu'à pas d'heures. « Pas de distraction ce soir. C'était le fric ou la meuf. ». Je plaisantais avec mes collègues alors qu'on comptait chacun nos pourboires en sortant de la boite, riant entre nous. Il y avait un after après, une soirée chez une pote de l'un de mes collègues, je n'avais pas trop envie d'y aller même si les deux barmans présents me poussaient à venir. Je rangeais mes billets dans la poche de ma veste, tout à fait content de mon chiffre d'affaire de la soirée et j'allais taper sur leur dos pour leur dire que j'étais claqué et que j'allais rentrer dormir. Mais, une voix familière m'en empêcha. « Adi ? ». J'aurai reconnu cette voix entre mille, mais je préférais ne pas y croire. Cela remontait à tellement longtemps, la voix paraissait plus mature mais il avait ce déchirement dans le ton qui me rappelait étrangement celui de ma petite sœur. Je me retournais pour en avoir le cœur net en sachant pertinemment que je la verrai. Ma petite sœur, dont je gardais des souvenirs d'enfant à la bouille d'ange, des yeux rieurs quand elle me regardait. Devant moi, elle était là, à peine sorti de l'adolescence, les yeux flous de larmes qui ne coulaient pourtant pas. Elle semblait tellement fragile que ça m'en brisait le cœur. J'étais incapable de prononcer le moindre mot, incapable de faire un pas vers elle. Cette scène ressemblait étrangement à celle qu'on avait vécu quelques mois plus tôt, lorsque j'étais sorti de prison. Elle m'avait attendu, malgré le fait que j'avais refusé de la voir pendant cinq ans, elle m'avait attendu. Et en la voyant, j'avais soudainement été pris de panique, préférant l'ignorer en rejoignant des potes qui étaient venu me chercher plutôt que de la serrer dans mes bras, elle, ma sœur, ma seule famille, mon unique repère. « Tu vas au moins me parler cette fois ? Tu croyais quoi ? Qu'il suffirait de t'enfuir pour être débarrassé de moi ? ». Elle non plus n'avait pas oublié. Elle se tenait là, stoïque, les bras croisés et ses poing fermés pour sans doute éviter de les planter dans mon visage. Je supportais son attitude, je supportais ses cris, mais ce dont j'avais du mal à supporter, c'était son regard, froid et meurtrier qui m'accusait de maux dont j'étais pleinement coupable. Je m'y voyais comme celui dont sa sœur avait toujours cru et qui l'avait lâchement abandonné lorsque tout c'était compliqué. Je ne détournais pourtant pas mes yeux des siens même si c'était difficile et je ne savais pas comment réagir. « C'est qui cette meuf, Adrian ? Alors tu viens ? On y va là. ». Les paroles de mes collègues me sortirent de ma torpeur et je détournais enfin le regard pour me retourner vers eux. J'avais deux issues, comme à l'époque, la fuite ou les retrouvailles. Et j'avais la trouille. C'était tellement plus facile de fuir, de dire que ce n'était personne et de les suivre dans une soirée où je me saoulerai pour oublier l'erreur que j'aurai faite en abandonnant ma sœur une nouvelle fois. C'était la voie que je comptais prendre, c'était décidé. J'allais être lâche. Et pourtant, quelque chose me poussa à regarder une dernière fois ma sœur, croiser son regard et comprendre que j'en étais incapable. Elle avait l'air brisée et je me rendais compte que je l'étais aussi, comme si je n'existais entièrement qu'avec ma sœur, et que sans elle, un bout de moi disparaissait. « Sans moi, les mecs. C'est ma petite sœur... ». Le dire à voix haute résonnait étrangement, à moins qu'il ne s'agissait de ma voix qui avait chancelé et qui se trouvait brusquement éraillé, mes collègues partirent sans faire le moindre commentaire. Sans doute, s'étaient-ils rendu compte de la gravité de la situation. « Qu'est-ce que tu fais là, Isa ? ». J'avais laissé quelques secondes de silence avant d'ouvrir la bouche une nouvelle fois en m'approchant, me stoppant à quelques pas de ma sœur sans pouvoir avancer davantage. J'étais légèrement sur la défensive, je n'osais pas la prendre dans mes bras, je ne m'autorisais aucune familiarité à part utiliser le surnom que je lui avais toujours donné. C'était étrange de se trouver si proches depuis si longtemps et pourtant si éloignés par les différentes blessures de la vie. Je paraissais froid, insensible et intouchable. Pourtant ce n'était qu'une carapace qui commençait à s'effriter au fur et à mesure que je la regardais. C'était impossible de ne pas être touché par ses beaux yeux bleus, son visage aussi angélique que dans mes souvenirs et pourtant dont les traits paraissaient si durs, son apparence fragile que j'avais toujours voulu protéger. Je me rendais brusquement compte que je ne connaissais rien de sa vie, que je n'avais pas la moindre foutue idée de ce qu'elle avait vécu pendant mes années d'absence, ce qu'elle était devenue surtout. Je ne voyais en elle que cette gamine de treize ans que j'avais quitté en larmes un jour. C'était une jeune femme qui se trouvait devant moi, une pale copie de mes souvenirs. |
| | | | Sujet: Re: thousand miles away – adrian & isadora Lun 11 Nov - 19:27 | |
| thousand miles away
Adrian & Isadora « C'est qui cette meuf, Adrian ? Alors tu viens ? On y va là. » Des voix en sourdine. Des types qui n’existent pas. Il n’y a qu’Adrian, le reste on s’en fout. J’ai soudain le ventre qui se tord dans la peur de voir le passé se répéter. S’il fallait que mon frère choisisse ces inconnus à moi, j’en aurais le cœur brisé. Pas comme ces amoureuses éperdues qui se racontent des mirages pour ne pas voir que le prince charmant est un salaud. Non, comme quelqu’un à qui on aurait arraché son espoir et sa famille. J’ai survécu dans ces familles, dans cette vie, me faisant la promesse qu’on se retrouverait un jour. C’était ça le rêve, pas autre chose. Sauf que je n’ai jamais pensé que son rêve à lui pourrait être de recommencer à zéro. Sans moi. Tant pis, je viens avec ce sang qui traverse son cœur à chaque battement. « Sans moi, les mecs. C'est ma petite sœur... » Sa voix me fait crever un peu. Vous avez entendu, je suis sa sœur, c’est qui je suis. Il a troqué ses mots de gamin pour un timbre grave. Une voix qui cache un tremblement dans la gorge quand on le connait assez pour effriter les intonations. Il reste là, immobile, comme une grande statue qui a appris à cacher ses émotions pour survivre dans cet endroit où les fenêtres ont des barreaux. Alors, Adi, tu me prends pas dans tes bras. Parce que même si t’arrives très bien à vivre sans moi, tu m’as manqué plus que tu ne pourras jamais l’imaginer. Ses yeux n’ont pas changé. Je suis chez moi, dès qu’il est là. Je me fous des gens avec leurs accents étranges, de cette ville trop cliché. Je m’en fous parce qu’il est là. Je reste hypnotisée par ses pas, ayant rêvé si souvent de le voir avancer vers moi. Adrian a pris le plus beau de papa, ses cheveux de prince, sa lèvre inférieure, sa mâchoire osseuse. Tout le reste est enterré avec lui, se décomposant six pieds sous terre. J’ai oublié cet homme qui n’était plus mon père dès le moment où il a posé la main sur moi, mais je ne pourrais jamais oublier Adrian. J’ai jamais voulu essayer, ça ne servirait à rien, il fait partie de moi. Les secondes filent et je voudrais n’être jamais venue. Je voudrais qu’on soit tout sauf ces deux étrangers qui n’ont visiblement rien à se dire. J’oublie tout lorsqu’il s’adresse enfin à moi « Qu'est-ce que tu fais là, Isa ? » Oh, je crois que mon cœur a manqué un battement. Je n’arrive pas à me rappeler la dernière fois où j’ai entendu mon nom passer ses lèvres. Ce que je fais ici, c’est évident. Ça prend pas un doctorat pour comprendre. La question c’est qu’est-ce que je ferais ailleurs. J’ai pas ma place dans les cases coincées où on tente de faire rentrer les gens. Mes yeux se sèchent des larmes que je ne pleurerai pas. Je suis plus une gamine, Adi. T’as plus besoin de me protéger contre le monde. Je sais comment faire pour m’en sortir. J’ai fait ce qu’il faut pour rester moi-même, malgré ton absence. « Qu’est-ce que tu crois ? Tu me manquais, idiot! » Je ne flanche pas, je ne changerai pas. Je trouve sa question bête, je vais pas le cacher. On est une évidence, Adi. Toi et moi. J’ai attendu ce moment tellement longtemps que ma patience semble s’évaporer après avoir été étirée sur cinq longues années. J’arrive pas à la retenir, je veux pas lui laisser le temps de s’enfuir à nouveau. Regarde, Adrian, pas même un océan ne va nous séparer. Je fais pas juste le jurer, je vais te le prouver. « Tu vas me serrer dans tes bras ou t’attends l’apocalypse ? » Je le veux, là, maintenant. Je veux qu’il me dise que tout ira bien, je veux l’entendre. Les secondes grandissent en minutes qui forment des heures. Le temps n’a plus vraiment de sens dans tout ça. Ma tête tente de me raisonner, mais c’est peine perdue. J’imagine les pires scénarios. Mes bras sont croisés, dans l’attente de le serrer. « Un peu plus et je vais croire que ça te fait pas plaisir de me voir. » Faudra me le dire plusieurs fois, si tu veux plus de moi. Je le croirai pas. Ça prendra plus que quelques mots pour me faire peur. On a été séparés si longtemps que j’ai forgé une volonté de fer pour ne jamais être le genre de personne qui baisse les bras. T’aurais du être là, Adi, pour m’empêcher de construire des remparts autour de mon cœur, pour me dire que c’est ok d’avoir de sentiments et que ça ne finit pas toujours par nous blesser. T’aurais du, mais t’y était pas. J’aurais pris une visite par semaine, une par mois. J’aurais pris tout ce que t’aurais bien voulu donner. Faut croire qu’il ne te restait plus rien. Je cligne des yeux, certaine qu’il aura disparu. Je chasse un fantôme, certaine que si j’y crois assez fort, je parviendrai à le toucher. |
| | | | Sujet: Re: thousand miles away – adrian & isadora Mar 12 Nov - 20:17 | |
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Thousand miles away Ma question résonnait dans la nuit froide de Town Square et je me rendais soudainement compte combien elle était stupide. Je ne m'étais pas attendu à la voir, cette question avait dépassé mes lèvres avant même que j'arrive à réfléchir et à formuler une phrase intelligente. Elle avait reçu cette lettre, cette pauvre lettre d'excuse partie d'Amérique pour rejoindre ses mains d'Anglaise à des milliers de kilomètres. Cette lettre pleine de regrets que j'avais à peine formulé, n'expliquant en rien mon attitude, mais qui appelait à des lendemains meilleurs. Au fond de moi, j'avais espéré en lui envoyant cette lettre qu'elle viendrait, qu'elle verrait le nom de la ville et qu'elle sauterait dans un avion pour me retrouver, mais une partie de moi n'avait pas voulu y croire, n'y croyait pas encore. Je m'étais interdit d'espérer, sans doute pour ne pas être déçu de ne jamais la revoir, surtout parce que j'étais responsable de son absence dans ma vie. J'avais voulu l'éloigner et j'avais réussi. Et voilà, qu'elle était là, devant mes yeux, comme un mirage. Je ne réalisais toujours pas. J'avais envie de la toucher pour me persuader qu'elle était bien réelle mais je n'osais pas, je me retenais de peur de l'effrayer. J'avais peur qu'elle me voyait comme notre père. J'avais la trouille. La trouille qu'elle m'identifie à ce monstre que j'avais tué de sang froid en sa présence. Je n'avais jamais formulé ceci de cette manière à ma psychologue mais c'était la vérité, j'avais refusé de la voir en prison parce que j'avais peur de lire dans ses yeux une pointe de frayeur et d'angoisse. J'avais peur qu'elle me voit coupable. Je l'étais, c'est sûr, au nom de la loi, mais pas encore selon l'avis de ma petite sœur. Je ne l'aurai pas accepté. Je n'aurai jamais réussi à vivre dans l'enfer de la prison avec cette image, c'était beaucoup plus facile de continuer ainsi dans l'ignorance, et ce, même si je me trompais. « Qu'est-ce que tu crois ? Tu me manquais, idiot ! ». Un sourire vint se pointer au bord de mes lèvres en entendant la manière dont elle m'appelait. Idiot. Cela fait longtemps, trop longtemps et cela me rappelait des souvenirs que j'avais enfoui au fin fond de ma mémoire. Je doutais qu'elle se rende compte de mon sourire avec la pénombre de la nuit, mais dans le doute, je l’effaçais rapidement pour éviter tout risque, ce qui en soit était complètement ridicule. J'avais du mal à montrer mes sentiments, même lorsqu'il s'agissait de ma sœur, encore plus maintenant qu'on avait été séparé. « Tu vas me serrer dans tes bras ou t'attends l'apocalypse ? ». Elle ne m'avait pas laissé le temps de répondre que déjà, elle me laissait interdit. L'apocalypse ? Hein ? De quoi elle parlait ? Je n'arrivais plus à connecter toutes les parties de mon cerveau. Je n'étais pas habitué à ça de sa part, à autant de répondant. Elle n'était plus la Isadora de mes souvenirs, la petite fille qui me voyait comme son héros et qui faisait tout ce que je lui disais. Elle avait grandi et bizarrement, elle n'était pas si loin de l'idée que je m'étais faite d'elle. Elle me ressemblait en quelque sorte. Je lui souriais cette fois, à pleine dent, un large sourire qui s'étirait alors que je secouais la tête face à ses propos. « Un peu plus et je vais croire que ça te fait pas plaisir de me voir. ». Elle se trompait. Enfin, je savais qu'il y avait une pointe d'ironie dans ses mots et qu'elle ne les pensait qu'à demi-mot. Brusquement, j'éclatais de rire. Un rire franc, sincère que je ne retenais pas, qui me surprenait moi-même et qui se propageait dans la ville. Il se transformait en mille éclat comme si ce rire voulait rattraper tout ceux que j'avais loupé avec elle. J'avais quelques larmes qui perlaient au coin des yeux mais je m'en foutais. Je me foutais de tout, de pleurer, de rire, d'être ridicule ou touchant. Sans attendre, je franchissais les derniers pas qui me séparaient de ma sœur et je l'empoignais brusquement pour la serrer contre moi. Mon cœur battait à mille à l'heure, je ne pouvais plus m'empêcher de sourire et je n'y croyais pas mes yeux. Je resserrais mon étreinte comme si je voulais me persuader que tout ceci était bien réel puis je posais ma tête sur la sienne, humant son adorable odeur que je ne reconnaissais pas. Je clignais des yeux pour chasser les larmes qui brouillaient ma vue sans toutefois couler, puis je me reculais pour admirer ma petite sœur devenue grande, sans que mon large sourire ne me quitte un seul instant. J'avais l'impression de me mettre complètement à découvert, à nu, la fragilité à fleur de peau, chose qui ne me caractérisait en aucune manière. « Tu m'avais manqué, Isa. Zazou ! ». J'avais accompagné mes paroles en pinçant sa joue naturellement sans m'en rendre compte. Je riais de nouveau en me remémorant ce surnom qui datait de l'époque où je moquais d'elle lorsqu'elle passait son temps à visionner des dessins-animés et en l’occurrence le Roi Lion. Je riais surtout pour ne pas qu'elle s'attarde sur le geste d'affection que je venais de réaliser malgré moi. J'avais encore du mal à savoir comment me poster, me positionner face au gouffre qui nous séparait. Certes, il n'y avait plus un océan entre nous, mais il restait ce que le temps avait œuvré pour nous dissocier. Des années de rupture qu'une étreinte ne pouvait pas effacer aussi facilement. Nous avions beau être très proches lorsque nous étions gamins, nous avions appris à vivre séparément et les habitudes étaient difficiles à changer. Et tout cela était de ma faute. « Tu sais, je suis désolé. Je... Voilà quoi, je regrette d'avoir refusé que tu viennes me voir en prison... Mais, il faut que tu saches que je... ça me faisait plaisir quand on me disait que t'étais là pour me voir. Tous les mois. J'attendais même tes visites, mais t'aurais dû lâcher l'affaire dès le début, Isa. Je ne voulais pas te voir. ». Je ne savais pas comment m'exprimer, je butais sur les mots en serrant les dents et pourtant je n'avais jamais autant parlé, et je ne m'étais jamais autant planté à la fin d'une phrase. J'avais bien commencé et j'avais chuté. Je la fixais en me mordant l'intérieur de la bouche en me demandant comment ma sœur allait réagir à mes propos. Comment elle allait réagir tout court. |
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