« Un jour je danserai comme toi ? » Shawn se tourna pour faire face au petit Nick jetant un coup d’œil furtif à l'horloge. « Hem... Oui sans doute ! Peut-être encore même mieux ! » Il ajouta des gestes à ses paroles en poussant délicatement l'enfant vers la sortie. Nick était adorable et Shawn appréciait de lui donner cours – à lui et tout les enfants qui participaient – mais les petits avaient tendance à le coller un peu plus que ce qu'il ne pouvait supporter. « Je pense pas que c'est possible, Annie elle dit que t'es une sorte de super héros de la danse. » Un rire franc sortie de la bouche de Shawn. « Vraiment ? » c'était plutôt flatteur bien que loin de la réalité. « Je voudrais bien être un super héros de la danse moi aussi, comme ça Annie elle m'aimerait plus ! » C'était donc ça. Attendrit par cette révélation, il stoppa son mouvement acceptant la possibilité d'être en retard pour passer un peu de temps avec le jeunes garçon. Les autres enfants avaient déjà quitté le cours et ils n'étaient plus que les deux dans la salle. Il s'agenouilla pour être à sa hauteur. « Tu sais quoi Nick ? Je crois pas que t'ai besoin de danser comme comme moi, parce que de là où je suis, j'ai bien vu que Annie te regardait danser avec les yeux qui brillent. Tu devrais peut-être juste lui dire que tu l'aimes bien. » « Non, je l'aime pas bien. » Shawn lui offrit un mine peu convaincue. « Oui bon un peu... Tu le dirais  toi à une fille si tu l'aimais bien. » Hum – oui là c'était un peu plus personnelle comme question. Shawn se releva alors pour signifier la fin de cette petite entrevue, mais l'enfant semblait attendre patiemment une réponse, levant ses grands yeux vers lui. « Mais oui bien sûr, c'est ce que font les hommes. » Menteur « Bon allez – hem – ta mère t'attend, va te changer crapaud. »

Le souffle court Shawn entra avec fracas dans la pièce pensant y voir Aley entrain de l'attendre. Mais personne n'y était. Il scruta sa montre et s'aperçut qu'il avait en fait quelques secondes d'avance. Parfait Ayant couru à travers l'école aussi vite qu'il le pouvait pour arriver à temps, il profita des quelques secondes qui suivirent pour reprendre son souffle et installer son ipod. Puisque Aley n'était toujours pas là, il allait profiter de ce moment pour s’entraîner un peu.

Plus les minutes passaient et plus l’agacement de Shawn allait en grandissant. Si il y avait bien une chose qu'il ne supportait pas, c'était les gens en retard. Trop agacé pour continuer à danser, il s’empara du téléphone pour tenter de joindre Aley. Mais après le cinquième appelle, il comprit enfin qu'elle ne répondrait pas. Pire, qu'elle n'allait sans doute pas venir. Prit d'un coup de sang il n'en fallut pas plus à Shawn pour attraper son vélo et partir en vitesse. Il n'avait pas réfléchi à ce qu'il allait dire une fois en face de Aley mais l’agacement avait pris le dessus et la question ne c’était même pas posée. Il allait voir Aleyna que ça lui plaise ou pas !


Toc Toc Toc

Trois coups secs et drus raisonnèrent contre la porte, ce qui ne laissait aucune chance au doute : Shawn était énervé. Réellement énervé. C'est sans surprise que personne ne vint lui répondre. Pourtant Shawn savait très bien que Aley était ici, la musique qui sortait de la pièce en était la preuve première. Le jeune homme frappa à nouveau en accompagnant ce geste par des mots. « Aley ! Ouvres cette porte, je sais que t'es là ! » Il attendait avec une impatience certaine tapant du pied sur le sol comme le font les gens bien trop stressés. « Fais pas la gamine ouvres cette PORTE ! » Au delà de l’énervement on pouvait facilement déceler une note de frayeur dans sa voix. L'envie irrésistible de rentrer comme un malfrat et sans son accord lui traversa l'esprit mais son éducation bien trop strict le cantonnait encore à rester sur le perron. « Bordel tu pourrais au moins répondre que je sache si tout vas bien. » Cette fois il ne réfléchit pas. Sa phrase à peine finit il poussait déjà le le loquet pour rentré. L'idée qu'elle soit en mauvaise posture l'avait d'un coup pris de panique et ses bonnes manières avaient mis les voiles en quatrième vitesse.


Ce fut d'abord le soulagement. Aley allait bien – enfin bien était un grand mot – Avachit sur son canapé son pétard à la main et la bouteille qui l'accompagnait, elle ne faisait pas franchement plaisir à voir. Puis le soulagement fit vite place à la colère. La puissance de cette dernière l'étonna lui même. Cette envie irrépressible de la prendre et de la secouer dans tout les sens. « Tu tu moques de moi là ? » Il s'approcha d'elle pour lui retirer brusquement sa drogue des mains. « C'est pour ça que tu viens pas ? Tu préfères te shooter avec cette merde ? Fais chier Aleyna » Il se débarrassa de l'objet sans tenir compte de ce que Aley pouvait bien en penser. Puis fut pris d'une quinte de toux. « On étouffe ici bordel. » Se dirigeant vers la fenêtre il ouvrit le tout d'un coup sec, prenant une grande inspiration. Libération Puis les mains posées sur le rebord il arrondit un peu le dos poussant un grand soupire et sans oser la regarder il lui adresse un « T'avais promis... » à peine audible. C'était peut-être ça le pire, il l'avait cru – cru pouvoir lui faire confiance – mais non. Cette sensation d'impuissance l'envahit. Que fallait-il faire maintenant ?

Shawn m’avais donné le numéro de son amie à Sydney. Il m’a également donné le numéro de tous les gens qui seraient susceptible d’avoir eu un contact avec mon frère ces derniers mois. J’avais confiance en lui. Je ne sais pas pourquoi, mais Shawn a cette force du désespoir qui m’attire. Il veut que je me batte et il est prêt à se battre avec moi, alors que dans le fond, je ne lui avais absolument rien demandé. Pourtant il fait tout pour tenir la promesse que nous nous étions faites dans cette salle de danse, il y a quelques semaines. J’ai tenu ma part du contrat. Je suis venu à ses rendez-vous. Presque tous les jours en réalité, sauf lorsque j’étais d’après-midi au bar. D’ailleurs. Aujourd’hui, je ne travaille pas. Alors avant de devoir me préparer pour rejoindre mon nouveau professeur de danse, je décide de prendre mon téléphone. Il faut que je retrouve mon frère. Coûte que coûte. Les cinq premiers numéros ne mènent nulle part. Oui ils connaissaient mon frère, mais cela fait des mois voir des années qu’ils ne l’avaient pas vu. Autrement dit, cela ne m’amène rien de nouveau. Puis après avoir vérifié les fuseaux horaires, je décide de passer se coup de fil en Australie. Au bout de deux sonneries, une voix féminine me répond. Je me présente très rapidement et elle semble pressée. « Je veux juste savoir si tu avais vu Maël Callaigh ces dernières semaines. Je suis sa sœur et je le cherche de partout… » « Je ne sais pas où il est. » « Mais on m’a dit qu’il t’avait appelé… » « Oui. Mais s’il ne t’as pas appelé toi, c’est qu’il ne veut pas. » « Okay. Merci… C*nnasse. » Sur les nerfs, je raccroche et jette mon téléphone portable à l’autre bout de la pièce. Mais pour qui elle se prend celle-là ? De quel droit me donne-t-elle une leçon de morale sur ce que mon frère veut et ne veux pas ? Il me faudra plusieurs minutes pour reprendre mes esprits. Les paroles de cette fille ne me quittent plus. Il ne veut pas… Il veut plus de moi. Pourtant Maël et moi étions tellement fusionnels. On se disputait comme tous le monde, mais pas au point qu’il s’en aille comme cela. Je sais qu’il y a quelque chose de bizarre là-dessous, mais je ne sais pas quoi…

Je finis par récupérer mon téléphone pour faire de nouvelles tentatives. J’appelle un autre numéro. Un homme. Bizarrement. Il me sert le même discours que la jeune femme avant lui. J’essaye de ne pas m’énerver cette fois, mais je raccroche avec la même vigueur. Un autre numéro et encore une fois, le même discours. Cette fois, c’est encore plus clair. « Si Maël est parti c’est pour une bonne raison. S’il ne veut pas t’appeler c’est pareil. Tu devrais arrêter de le chercher, vraiment ! » Cette fois, ce n’est pas la colère qui me submerge, mais la peur. Mon frère ne veut vraiment plus de moi. Il a tourné la page. Il m’a réellement abandonné. Je pose mon téléphone et cherche ma respiration. Je suis littéralement en train de m’étouffer avec mes larmes. Je sanglote en silence et finis par fondre en larmes. D’un seul coup. Maël est vraiment parti. Il ne reviendra jamais. Je n’arrive pas à accepter cette idée. Ce n’est pas possible. Il ne peut pas me faire cela. Pas lui. On n’abandonne pas sa famille.

Pour ne pas pleurer pour le reste de la journée, je me lève rapidement et me dirige vers un meuble en particulier dans mon petit salon. J’ouvre la commode et sors de quoi me rouler un joint. J’ai besoin de ça. Il faut que je noie mes pensées, que j’arrête de penser et tout de suite. Je ne peux pas me laisser submerger par les émotions. Je suis toute seule, je ne peux pas. Je ne m’autorise pas à craquer, c’est tout. Alors je me roule un joint et j’attrape une bouteille de vodka. Il ne faut plus que je pense à tout cela. Ou alors si. Je suis peut être qu’une merde pour que mes parents me laissent tomber et que mon frère en face de même. Je sais que mes parents n’avaient pas choisi cela, mais Maël l’as fait lui. Il a choisi de m’abandonner. Et je n’arrive pas à savoir pourquoi. Parce que nous n’étions pas en froid, tout allait bien entre nous. Mais il est parti…

Les heures passent et se ressemble. J’en suis à mon deuxième joint et ma bouteille est plus vide que pleine. Je plane totalement. A moitié allongée dans mon canapé, je reste là, à fixer le vide. Vide. Je me sens vide justement. Comme si on m’avait retiré toute mon énergie. Je n’ai plus aucune motivation. J’ai des idées noires aussi. Très noire… J’ai envie d’en finir. Je ne supporte plus de me sentir aussi seule. Aussi abandonnée dans la vie. Avant tout allait bien, aujourd’hui j’ai l’impression d’être dans un trou sans fond. Caresser un cercle et il devient vicieux. Alors je bois. Encore et toujours. Jusqu’à ce que trois coups résonnent dans ma tête. Je finis par comprendre que quelqu’un frappe à ma porte lorsque j’entends une voix provenir de l’extérieur. « Aley ! Ouvres cette porte, je sais que t'es là ! » Je soupire. Shawn. Il a essayé de m’appeler plusieurs fois en une heure et je n’ai pas répondu. Je ne veux pas le voir. Je ne veux pas de sa pitié et de ses beaux discours. C’est à cause de lui que j’en suis là. C’est de sa faute ! « Fais pas la gamine ouvres cette PORTE ! Bordel tu pourrais au moins répondre que je sache si tout vas bien. » J’essaye de ne pas faire de bruit, mais ma chaîne hi-fi est allumée et crache la chanson préférée de mon grand frère en boucle depuis près d’une heure. Il sait que je suis là et il entre. Sans me demander. Je ne me tourne même pas. Je veux qu’il parte. Tout de suite !

« Tu tu moques de moi là ? » Je lève les yeux vers lui et d’un seul coup, il m’arrache mon joint de la main. « Hé ! » J’essaye de me relever, mais j’ai un peu de mal. J’ai bu en étant assise et comme tout le monde le sais, ce n’est jamais bon. Pourtant, je finis par me relever et croise le regard de Shawn. Il a honte de moi, je le sais, mais je m’en fiche. « C'est pour ça que tu viens pas ? Tu préfères te shooter avec cette merde ? Fais chier Aleyna » Je préfère même pas lui répondre. Je sens la colère monter en moi, petit à petit. C’est de sa faute. Je le sais. C’est lui qui m’a donné les numéros de téléphone. C’est lui le responsable. Je le regarde bouger et je sens la colère qui continue à monter. Il ouvre la fenêtre et j’entends à peine ce qu’il me dit. Je regarde ma bouteille et avale une gorgée. Il m’énerve. « T'avais promis... » Me dit-il doucement et là… C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. J’attrape un cousin et lui jette dessus. J’ai beau avoir beaucoup bu, j’arrive encore à viser. « Toi aussi t’avais promis ! » hurlais-je. Je sens les sanglots venir envahir ma gorge, mais je ne veux pas laisser s’échapper les larmes. Il ne les mérite pas. En zigzaguant un peu, je me dirige vers la fenêtre. Au moment où Shawn se tourne vers moi, je commence à frapper son torse de mes poings fermés. Je suis bien plus petite que lui et il faut dire que je n’ai pas de force. Pourtant, je tape. Je tape comme si c’est la seule chose qui me restait à faire. « C’est de ta faute. C’est toi qui m’as dit de les appelés. C’est de ta faute… ! » Je ne cesse de répéter cela. Mon discours n’as plus aucune cohérence. Je continue à frapper et soudainement je m’arrête. Je lève les yeux et ravale un nouveau sanglot. « Sors. Sors de chez moi ! » Je hurle de nouveau. Je n’en peux plus. Je suis à bout de force. Je voudrais juste que l’on me laisse tranquille. Une bonne fois pour toute. « Je veux plus te voir. Sors. » J’ai les jambes tremblantes et je sens qu’elles sont sur le point de se dérober, mais je tente de rester debout. Le temps qu’il s’en aille. Parce que je veux qu’il parte.

Les mains bien ancrées sur le bord de la fenêtre Shawn respirait profondément. S'énerver n'était pas la meilleure solution et lui même le savait, pourtant il lui était impensable de rester sans rien faire face à cette situation, bien que l'emprise que pouvait avoir ses moments de colère le laissait souvent sans force et un peu honteux. Les si mon père m'avait vu qui raisonnaient dans sa tête à chaque fois qu'il haussait le ton ne l'y aidaient pas non plus. Mais la phase de culpabilité n'avait pas encore été engagée, il se contentait de se calmer. C'est au moment précis où il allait se retourner pour mettre de l'eau dans son vin qu'un coussin vient le percuter en pleine figure. D'abord surpris il resta quelques secondes le coussin en main, tentant d’analyser ce qui était entrain de lui arriver.  « Toi aussi t’avais promis ! » Se débarrassant enfin de l'objet volant il fixait Aleyna avec une incompréhension non masquée.  Il ne voyait là que deux possibilités, soit Aleyna lui tenait un discours totalement confus, soit son cerveau avait été endommagé lors de sa rencontre inopinée avec le coussin – Comment la situation avait-elle pu se retourner en une fraction de seconde ?

La rage – la haine il avait pu la sentir dans sa voix, dans sa façon de crier mais aussi dans sa posture, dans ses yeux vitreux et la forme que prenait sa bouche une fois sa phrase finie. Il comprenait doucement que quelque chose clochait. « De quoi tu parles là ? » Ce n'est qu'une fois la jeune femme debout que Shawn prit réellement conscience de la situation. La fille qu'il avait devant lui n'était plus que le fantôme d'Aleyna blanche comme un cachet d'aspirine elle titubait difficilement jusqu'à se retrouver devant lui. Restant sur place il attendait que l'explication lui vienne – mais Aleny restait muette.

Ça il ne l'avait pas prévu.
Il avait eu le temps de visualiser la situation sur le chemin qui le menait chez Aleyna. Il y avait pensé, retourné le tout plusieurs fois jusqu’à épuisement cérébrale, mais à aucun moment – dans aucun de ses scénarios – il ne se retrouvait sous le coups d'Aleyna. Cette colère et cette haine il ne les avait pas prévues.
Ce n'était pas douloureux du moins physiquement, elle avait beau y mettre l'énergie du désespoir son corps entier était ralenti par les effets de la drogue. Non, c'était un douleur bien plus profonde qui l'envahissait. Quelque chose qui par les coups passait directement au cœur pour y provoquer un électrochoc.

Aleyna était cassée.

Il avait vu les pleurs, la douleur et cette difficulté de vivre qui la tenait. Il avait eu le temps de l'observer durant les quelques heures qu'ils avaient passé ensemble mais jamais il ne l'avait vu cassée. Le premier jour, elle lui avait montré ce petit bout de sa vie, cette fragilité, cette fissure. Mais c'était bien plus que ça. Comme à son habitude Shawn avait minimisé la situation. Elle fumait un peu – oui ça arrive à d'autres. Elle buvait un peu – qui n'a jamais abusé un peu de la bouteille ?. Elle était triste, ou en colère, c'étaient des choses qu'il pensait pouvoir gérer. Mais la situation était clairement entrain de lui glisser des mains.

Les paumes en l'air à hauteur de la tête il ne bougeait pas alors que Aleyna se défoulait sur lui. La vérité c'est qu'il ne savait pas comment réagir. Il laissait la jeune femme le rouer de coups tout en hurlant qu'il était fautif. Fautif il l'était peut-être, d'avoir été un mauvais ami premierement – il avait rompu une promesse faite des années auparavant. « On sera toujours là l'un pour l'autre, quoi qu'il arrive – on se viendra en aide et peut importe ce que l'autre demande. » il se souvenait de ce pacte. Ce moment précis où Mael était devenu l'une des personnes les plus importantes de sa vie. Celle qu'il pouvait appeler nuit et jour et sur qui il pouvait se reposer quand il en avait besoin. Mais tout ça lui semblait loin derrière, depuis le dernier coup de fil qu'il avait reçu de  Mael, les choses c'étaient embrouillées dans sa tête. Il ne lui avait demandé qu'une chose : Prendre soin de sa sœur – Et Shawn n'avait pas su le faire. Il était resté passif.

Ce n'était pas de la pitié ni de l’acharnement, il le lui devait simplement. Comme s'il avait une dette à payer. Mais ça Aleyna ne le savait pas. Et il comptait bien se garder de le lui dire. Parce qu'au delà de cette impression de dû – Shawn en avait envie. Il voulait voir Aley comme il l'avait toujours connu, cette fille vive et souriante qui lui donnait des frissons. Aujourd'hui c'était des frissons de peur qui le parcouraient. La peur qu'il soit impossible de la sortir de cette impasse. « Aley » Il l’appela la première fois d'un ton serein, espérant la calmer mais rien de changea. « Aley » Augmentant le ton légèrement il espérait faire stopper la nué de coup qui se perdaient sur son torse. « Aley ! » Toujours rien. « ALEY arrête. » Il avait beau crier à son tours la jeune femme semblait totalement déconnecté. Elle ne l'entendait pas, ne le voyait pas. Shawn n'était plus qu'un objet sur lequel elle pouvait laisser sortir cette rage.

Les coups stoppèrent enfin. Mais aucun soulagement n’accompagna cet arrêt. Le vide il le sentait lui aussi, pesant et étouffant. Il n'osa dire un mot.  « Sors. Sors de chez moi ! » Shawn ne bougea pas d'un pouce tentant d'agripper son regard au sien pour lui faire bien comprendre qu'il ne comptait pas partir.
 « Je veux plus te voir. Sors. » A cette instant précis, il se fichait bien de ce qu'elle voulait ou ne voulait pas. Ce qui se jouait était bien plus grand que ça. Et il restait alors planté devant elle sans bouger. « Non – Non je ne sors pas Aleyna. » Le regard glacial qu'elle lui lançait en disait long sur son état d'esprit. Elle n’appréciait visiblement pas cette affrontement. « Tu vas faire quoi ? Me mettre dehors par la force ? Je pense pas que t'y arrives vu ton état. » Son corps semblait d'un coup beaucoup trop grand, il aurait voulu se faire tout petit, se cacher dans un coin de la pièce pour ne pas déranger mais rester là tout de même – mais il ne pouvait pas. Alors il faisait face, sans bouger. Sans oser le moindre mouvement. Fini le gentil Shawn, il faisait preuve d'une autorité qui n'aurait pas dû être. « Maintenant tu vas m'expliquer ce qui ce passe ! » Sa voix avait retrouver un timbre normal bien qu'un peu autoritaire ce qui ne l'empechait pas de bouilloner à l'intérieur. « Je me fiche bien que ça te plaise ou pas. Si je dois rester ici pendant des heures ou des jours, je le ferais. Je peux être très acharné quand je le veux. La seule chose que je t'ai promis c'est que j'allais être là. Alors je suis désolé que ça te plaise pas ! Mais je compte pas partir ! » Elle pouvait aussi sortir elle même de l’appartement, mais il doutait qu'elle le fasse, Aley était totalement stone – et ivre qui plus est. Le monde extérieur allait beaucoup trop vite quand on était dans ce genre d'état.

La douleur est là. Elle est puissante, intense. Ce n’est pas part vague, c’est constant. Cela ne me quitte jamais. La douleur s’insinue dans mes veines, à chaque battement de cœur elle gagne du terrain. J’aimerais tellement que cela s’arrête, que je trouve le bouton qui permette de faire taire cette douleur sourde. Cette impression de ne pas être apprécier à ma juste valeur, que les gens ne me remarque pas et que ce monde fait tout pour me montrer à quel point j’ai perdu tout ce qui était cher dans ma vie. Mes parents, mon frère… Le peu d’estime que j’avais de moi est parti au moment même où j’ai décroché mon téléphone pour retrouver Maël. Je n’aurais jamais dû faire cela. Je n’aurais jamais dû écouter Shawn. Il pensait avoir raison, mais il a eu tort et j’ai bien l’intention de lui faire comprendre. Parce qu’il se prends pour un sauveur a venir chez moi pour m’ôter mon joint et me faire la morale sur les promesses que j’ai pu lui faire, mais tout cela est entièrement de sa faute. Je n’aurais jamais eu le numéro de téléphone de cette fille s’il ne m’en avait pas parlé. Je le déteste. Il m’énerve. Je voudrais juste qu’il s’en aille. Je lui jette un coussin et lui fais comprendre que lui aussi avait promis. « De quoi tu parles là ? » Ca c’est la meilleure. Il me demande de quoi je parle. J’ai juste envie d’hurler, de pleurer, de frapper. Je voudrais tout laisser sortir, parce que je n’en peux plus. Je me sens à bout de force. L’alcool me monte à la tête, le joint à réduit mes forces. Je me sens faible. Je voudrais juste que tout s’arrête, qu’on me laisse tranquille une bonne fois pour toutes.

Je voudrais tellement qu’il comprenne, que lui aussi il sente cette douleur qui me bouffe à petit feu. Je ne veux pas de son aide, mais il est le seul présent. Le seul à qui je peux réellement m’en prendre. Peut être que lui aussi il finira par m’abandonner. Je l’aurais sûrement mérité après tout. Mais je ne peux pas le laisser aussi facilement. Il doit payer lui aussi. C’est avec une difficulté déconcertante que je finis par me lever. Il me faudra quelques secondes pour trouver mon équilibre et encore quelques secondes pour faire mon premier pas. Je titube, mais je finis par me rapprocher du jeune asiatique. Je croise son regard et y voit de l’incompréhension. Mais cela ne m’arrête pas. D’un seul coup, la rage submerge la tristesse. Je me laisse totalement aveugler par cette colère sourde qui gronde en moi. Cette colère qui est présente depuis le début également. Elle est sans aucun doute plus forte que le chagrin. Elle me détruit également à petit feu. Je me dresse devant Shawn et sans réfléchir viens abattre mon poing contre son torse. La rage prend le dessus, je frappe avec la force du désespoir. Je sais que je ne peux pas lui faire mal. Mes gestes vont au ralentit et il est deux fois plus fort que moi après tout. Mais je frappe. Comme si ma vie en dépendait, je frappe encore et encore. Je laisse sortir la colère, la rage, la tristesse. Tous ses sentiments qui bouillent en moi depuis si longtemps. Je me sens vide. Brisée. C’est comme si plus rien n’avait d’importance. Je voudrais juste que cela s’arrête, mais la colère est encore là. Alors je continue à frapper. J’entends la voix de Shawn qui m’appelle, mais je l’ignore. Je ne peux plus m’arrêter. Il ne me reste plus que cela. Frapper encore et encore. Frapper pour aller mieux. Frapper pour oublier. Je voudrais m’effondrer, mais je reste camper sur mes jambes. J’accuse Shawn, je m’en prends à lui. C’est ça où m’en prendre à moi-même au risque de me faire plus de mal que nécessaire.

« Aley. » La voix de Shawn résonne à mes oreilles, mais ce n’est qu’un bourdonnement au milieu de toute cette douleur. Minutes après minutes, mes poings s’abattent sur son torse. Je ne sais que faire d’autre. Il faut que je frappe. C’est tout. « ALEY arrête. » Il hurle et peu à peu je prends conscience qu’il est bel et bien là. Il n’est pas mon punching ball, mais bel et bien Shawn. Et je ne veux pas de lui ici. Je veux que l’on me laisse tranquille. Je voudrais hurler, mais les mots ne sortent plus. Je m’arrête de frapper. Je relève les yeux vers lui et croise son regard. Je veux qu’il sorte. Je hurle à nouveau. La colère est toujours présente, toujours aussi sourde, toujours aussi violente. Je veux qu’il parte. Je ne veux plus le voir ici. Qu’il s’en aille. Il ne m’a apporté que du malheur, c’est tout. Je voudrais qu’il sorte, mais il ne bouge pas…

« Non – Non je ne sors pas Aleyna. Tu vas faire quoi ? Me mettre dehors par la force ? Je ne pense pas que t'y arrives vu ton état. » Je lui lance un regard noir. Je voudrais hurler à nouveau, mais ma gorge est coincée par cette boule qui ne cesse de grossir. J’ai l’impression d’étouffer. Je sens la panique me gagner. La crise d’angoisse devient de plus en plus importante. Que vais-je devenir ? Quelqu’un va-t-il pouvoir me sortir de ce cauchemar sans fin ? « Maintenant tu vas m'expliquer ce qui ce passe ! » La voix autoritaire de Shawn me fait frissonner. C’est la première fois qu’il me parle de cette manière. Je me sens comme une enfant d’un seul coup. Je n’ose plus bouger. Je suis tétanisé. Je suis incapable de bouger. Je ne comprends plus les sentiments qui m’envahissent. Les barrières vont finir par tomber, je le sais. « Je me fiche bien que ça te plaise ou pas. Si je dois rester ici pendant des heures ou des jours, je le ferais. Je peux être très acharné quand je le veux. La seule chose que je t'ai promis c'est que j'allais être là. Alors je suis désolé que ça ne te plaise pas ! Mais je ne compte pas partir ! »

Cette fois la douleur et la peine sont plus fortes que tout. Mes genoux tremblent avant de se dérober. Je me laisse glisser sur le sol. A genou, je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps. Mes épaules sont secouées par de violents sanglots, je n’arrive même plus à respirer. Je ne peux pas parler. Je peux juste pleurer encore et encore. Parce que j’ai tout perdu. Tout ce qui comptait un tant soit peu pour moi. Alors il ne me reste plus qu’à pleurer toutes les larmes que je retiens depuis si longtemps. Je sens Shawn qui vient s’asseoir à mes côtés et je me penche quelque peu pour venir poser ma tête contre son épaule. Les minutes passent sans qu’aucun d’entre nous n’ose bouger. Peu à peu je retrouve ma respiration et mon calme. « Je voudrais que ça s’arrête... » dis-je doucement dans un murmure. Je me sens désorienté. C’est comme si plus rien n’avais de sens d’un seul coup. J’ai l’impression de vivre un cauchemar sans fin. Je renifle quelque peu et m’éloigne du jeune homme pour récupérer ma bouteille. J’ai besoin de boire encore, j’ai besoin de noyer mes sentiments et mes peurs. Je grimace sous la chaleur de l’alcool qui passe dans ma trachée et soupire longuement avant de passer une main sous mes yeux pour essuyer mes larmes. « J’ai… J’ai appelé tes amis. » Je sens la douleur revenir, plus violente que jamais. C’est insupportable comme sensation. « Personne ne sait où il est. » Je soupire à nouveau. « Ton amie en Australie… Elle m’a carrément dit que… Qu’il ne voulait plus me voir et que c’est pour cela qui ne m’appelle pas. » Les larmes reviennent plus violente que jamais. Je ne supporte plus de pleurer, mais je n’arrive plus à m’arrêter. « Il veut plus de moi dans sa vie. Personne ne veut de moi… Je sers plus à rien. » J’hésite un instant et lui tourne le dos. « Je sais plus quoi faire Shawn. J’ai envie de baisser les bras… Je ne le retrouverais jamais. Je ne danserais plus jamais. Je veux que ça s’arrête. Que la douleur s’en aille une bonne fois pour toute ! » Je rigole nerveusement. Sans aucun doute sous les effets de l’alcool. « Je ferais mieux de rejoindre mes parents… » Ces quelques mots ne sont pas jeter au hasard. J’ai déjà pensé à cela. Souvent. J’ai des idées noires tous les jours. Cela ne me quitte jamais.

En titubant de nouveau, je me relève. Je récupère ma bouteille et en bois encore une longue gorgée. Je me laisse tomber sur le canapé et me tourne vers Shawn. « Tu veux un verre ? » Autant boire à deux, non ? Je suis lunatique et cela n’annonce rien de bon pour le reste de la journée… Mais il va en avoir marre et lui aussi il va me quitter. Peut être que c’est ça que je cherche aussi, que tout le monde m’abandonne. Une bonne fois pour toute.

C'était un peu trop pour lui. Un peu trop à gérer. Il voulait être là, se prouver qu'il en était capable – capable de ne pas lâcher l'affaire, d'être présent et d'accompagner Aleyna sur ce chemin difficile. Mais la voire s’effondrer devant lui c'était trop dur, c'était comme de regarder une assiette échapper des mains de quelqu'un et la voir tomber – au ralentie Pour finir par se fracasser violemment contre le sol et éclater en mille morceaux. Aleyna venait d'éclater en mille morceaux et Shawn n'était pas sûr d'avoir les armes nécessaire pour recoller les morceaux. Il n'était même plus sûr que ça soit possible. Mais il c'était engagé, il n'y avait plus de retour en arrière possible, plus de porte pour fuir la réalité. Elle était devant lui – vraie et bouleversante.

Elle était au sol, son corps entier secoué de spasme, il l'avait regardé se décomposer sans pouvoir rien faire. Impuissant une fois de plus. Sa lèvre inférieur tremblait alors qu'il s'asseyait à côté d'elle instinctivement. Il n'avait pas vraiment réfléchi, il n'avait pas de plan juste celui d'être là. Sans oser la toucher parce qu'une fois de plus ce contact physique n'était pas dans sa façon d'être et il maudissait cette partie de lui qui lui interdisait toute marque d'affection. C'est elle qui trouva le contact avec son corps se contentant de venir poser sa tête sur son épaule pour y pleurer à grosses larmes. Prenant le peu de courage qu'il avait à deux mains, il déposa sa paume sur celle de Aley la serrant avec fermeté. « Je suis là Aley. » C'était un murmure, des mots à peine susurrés au creux de son oreille. La promesse d'un présence.

Pourquoi personne n'était là ? Il ne pouvait empêcher son esprit de se poser la question. Où était ses amis. Aley en avait eu, il ne se souvenait pas d'une fille seule. Alors où étaient-ils ? Comment avaient-ils pu la laisser creuser sa tombe comme ça ?  « Je voudrais que ça s’arrête... » Son cœur se serra si violemment qu'il en eu presque le souffle coupé. Il aurait voulu lui répondre que tout ça allait s'arrêter, qu'il avait la solution à ses problèmes, mais ce n'était pas le cas.
Aley c’était déjà enfuie, elle avait rompu le contact pour trouver le réconfort qu'il ne savait comment lui apporter dans l'alcool. Shawn ne lui dit rien cette fois, la regardant descendre sa bouteille sans laisser paraître aucune expression et pourtant ça bouillonnait dans sa tête. Tout se mélangeait, il avait envie de la prendre dans ses bars pour la consoler comme une enfant, autant que de lui ôter la bouteille des mains pour lui hurler dessus mais il ne fit aucun des deux.

Il attendait.

« J’ai… J’ai appelé tes amis. » C'était donc ça  « Personne ne sait où il est. » Oui ça ne lui semblait pas si étonnant. Il lui avait bien dit que cette piste pouvait ne mener nul part. « Ton amie en Australie… Elle m’a carrément dit que… Qu’il ne voulait plus me voir et que c’est pour cela qui ne m’appelle pas. » « Mais... »  « Il veut plus de moi dans sa vie. Personne ne veut de moi… Je sers plus à rien. » Les larmes avaient repris de plus belle sur le visage de la jeune femme mais la distance qui les séparait, empêchait Shawn de faire quoi que ce soit. « Dis pas ça Aley... » Elle mit encore plus de distance entre eux en lui tournant le dos. Il se releva alors, passant nerveusement sa main dans la nuque redoutant ce qui allait suivre. Il savait déjà où cette conversation les menait – à ce moment fatidique où Aley allait verbaliser son envie de mourir et cette perspective l'effrayait. Il recula alors un peu au contraire de ce qu'il avait envie de faire. Son esprit était confus.  « Je sais plus quoi faire Shawn. J’ai envie de baisser les bras… Je ne le retrouverais jamais. Je ne danserais plus jamais. Je veux que ça s’arrête. Que la douleur s’en aille une bonne fois pour toute ! Je ferais mieux de rejoindre mes parents… »  Merde elle l'avait dit.

C'était cet instant. Ce moment fatidique où Shawn aurait pu se laisser entraîner avec Aleyna dans cette spirale infernale. Dans cette dépression sans fond. Sauf que Shawn n'était pas un gars comme ça et il ne comptait pas rentrer dans ce jeu. Il fronçait les sourcils, tentant de remettre les choses à leurs places. Pour les Liang le suicide était une forme de lâcheté de haut degré. On lui avait appris depuis tout petit que c'était lâche, mal, punissable... Et s'il avait tenté par tout les moyens de passer au dessus de ça et de vivre avec sa génération et dans la culture de  ce pays, de tel propos ravivaient son énervement. C'était plus fort que lui. « Tu peux pas dire des trucs comme ça... Tu peux pas les penser. » Elle venait tout de même de lui dire qu'elle avait envie de mourir et s'il pouvait y voir un sincérité qui le touchait il ne pouvait accepter d'entendre ça.


« Tu veux un verre ? » Il soupira longuement. La vérité c'était qu'il avait bien envie d'un verre mais qu'au vu de la position qu'il soutenait pour le moment c'était la pire idée au monde que d'accepter son offre. Il sa rapprocha alors d'elle. « Non j'en veux pas de ton verre. Ce que j'aimerais c'est que tu te battes un peu. Parce que je peux pas le faire à ta place » Il n'était pas sûr que le moment soit rêvé pour lui servir un discours de ce genre. Aley était dans un état second. Mais il se lança quand même. « T'es entrain de te laisser bouffer là. Franchement tu les crois ses cons ? Tu crois cette fille quand elle te dit que ton frère veut plus entendre parler de toi ? qu'il en a rien à foutre ? S'il te plaît ! T'es plus intelligente que ça, tu connais ton frère et tu sais aussi bien que moi qu'il est pas parti parce qu'il voulait plus te voir, il t'aime plus que tout et ça j'en suis sûr ! Je sais pas ce qui se cache là dessous mais on va le découvrir, faut juste que tu sois patiente et que tu te reprennes. » Il alla s’asseoir à coté d'elle. « A partir de aujourd'hui, je veux plus t'entendre dire des trucs pareils ! Jamais ! T'es pas tout seule et si tu décidais de – de enfin – d'aller retrouver tes parents je te le pardonnerais jamais! Tu m'entends ? Jamais ! » Il se rapprocha un peu d'elle et lui retira la bouteille des mains. « Maintenant j'ai soif. Et toi t'as clairement assez bu ! » Il amena la bouteille à sa bouche sachant bien qu'il était entrain de faire l'exact opposé de ce qu'il venait de lui dire, mais bordel ça faisait du bien de boire un coup. « J'imagine que t'es pas en état pour un cour de danse mais je connais un danse très simple qui devrait te convenir. »

Il se leva pour étreindre la musique de Aley qui ne collait pas à ce qu'il avait derrière la tête et ils se retrouvèrent dans le silence le plus total. Posant la bouteille sur la table il revient vers elle les deux mains libres et l'attrapa par les deux bars pour la forcer à quitter le canapé où elle semblait être si bien installée. « J'ai la musique parfaite pour un slow » Puis il colla son corps contre le sien la serrant fermement contre lui pour ne lui laisser aucune échappatoire. Puis il commença à fredonner une chanson. Se  sentant tout d'abord idiot il continua pourtant et chantonna même. « But you are not alone, I am here with you » Une chanson de Michael Jackson qui se portait plus que bien au contexte.

« Je suis là Aley. » J’entends à peine ses mots. Je reste juste là. Ma tête posée sur son épaule. J’ai l’impression que mon monde ne tourne plus rond. Je me sens perdue. J’ai été abandonné par tous ceux qui me sont cher. Mes parents d’abord, puis mon frère et mes amis aussi. Je ne sais plus quoi faire. J’ai peur. En réalité c’est ça le problème. Je suis terrorisé et je ne sais absolument pas quoi faire. Mon frère était tout pour moi. Mon pilier, mon modèle. Je l’aimais plus que tout, je l’aime toujours plus que tout d’ailleurs, mais il n’est plus là pour ça. Sans lui plus rien n’as de sens. Qu’est-ce que je vais bien pouvoir faire de ma vie sans mon grand frère, sérieusement ? J’ai l’impression que je ne pourrais plus jamais me relever de cette épreuve. Assise sur le sol, je commence à envisager le pire. Et si je mettais fin à mes jours ? Tout serait bien plus facile, non ? Je n’aurais plus aucun problème et au plus profond de moi même je suis persuadée que je ne manquerais à personne. Alors voilà. Je pleure et je pense au pire. Je sens la main de Shawn se poser sur la mienne et j’ai l’impression que ce contact m’apaise quelque peu.

Pourtant je lui fais part de mes idées noires. Dans le fond, Shawn est la seule et unique personne qu’il me reste dans ce bas monde. Il est celui qui tente de m’aider depuis le début. Il est là alors que je l’ai rejeté plus d’une fois. Je ne sais pas pourquoi il s’accroche de cette manière, mais je crois qu’un jour je lui serais réellement reconnaissante de tout cela. Parce que sans lui, j’aurais déjà sombrer. Je pense même que sans lui je ne serais déjà plus de ce monde. Je me suis raccrocher à l’idée que lui allait venir me chercher, uniquement parce que je ne me suis pas pointer à son cours de danse. A force, je commence à le connaître et je sais pourquoi il est venu ici au départ. Juste pour me mettre un coup de pied au cul, parce que je ne me suis pas venue au rendez-vous qu’il m’avait fixé. Je serais presque heureuse du fait qu’il soit énervé contre moi. Pourtant, il semble ne rien comprendre à ce qui se passe à ce moment précis. Alors je lui raconte. J’essaye de rester calme, mais voilà… Les larmes, la honte, la colère et la tristesse reviennent en force. Je me sens affaiblie, à terre et encore battue à mort. Une fois encore je cherche du réconfort dans ma bouteille de vodka. « Dis pas ça Aley... » Je lève les yeux vers lui et renifle d’une manière qui est tout sauf sexy avouons le. Pourtant je le dis. Et je le répète. Parce que je pense vraiment qu’en finir serait encore la meilleure des solutions. « Tu peux pas dire des trucs comme ça... Tu ne peux pas les penser. » Une nouvelle fois, je le regarde. « Je pense ce que je veux. »

Je crois que je m’attendais à tout sauf à la réaction de Shawn. Je l’ai toujours vu comme un jeune homme posé. Qui ne s’énerve jamais. Un jeune asiatique aux valeurs familiales plus importantes que le reste. Mais aujourd’hui visiblement, j’ai poussé un peu trop loin. « Non j'en veux pas de ton verre. Ce que j'aimerais c'est que tu te battes un peu. Parce que je ne peux pas le faire à ta place T’est entrain de te laisser bouffer là. Franchement tu les crois ses cons ? Tu crois cette fille quand elle te dit que ton frère veut plus entendre parler de toi ? Qu’il n’en a rien à foutre ? S'il te plaît ! T'es plus intelligente que ça, tu connais ton frère et tu sais aussi bien que moi qu’il n’est pas parti parce qu'il voulait plus te voir, il t'aime plus que tout et ça j'en suis sûr ! Je ne sais pas ce qui se cache là dessous mais on va le découvrir, faut juste que tu sois patiente et que tu te reprennes. A partir de aujourd'hui, je veux plus t'entendre dire des trucs pareils ! Jamais ! T'es pas tout seule et si tu décidais de – de enfin – d'aller retrouver tes parents je te le pardonnerais jamais! Tu m'entends ? Jamais ! Maintenant j'ai soif. Et toi t'as clairement assez bu ! J'imagine que ne t’es pas en état pour une cour de danse mais je connais une danse très simple qui devrait te convenir. » Je ne l’ai jamais vu comme cela et j’en reste complètement scotchée. Je n’aurais jamais crue le voir comme cela une fois dans ma vie. Je ne sais plus du tout quoi dire. Merde quoi. Shawn a bu d’un trait une énorme gorgée de ma bouteille. Jamais je n’aurais cru voir cela de ma vie. Je le regarde la bouche ouverte. « Tu… » C’est la seule chose que j’arrive à dire au final. Avant de reprendre mes esprits. « Non mais tu te prends pour qui à me parler comme ça ? » finis-je par dire sous une colère que je ne me connaissais plus. Mais pourquoi je m’en prends toujours à lui au final ? Bonne question. C’est juste qu’il est toujours le seul à me chercher jusqu’au bout. « Je te demande pas de conseil Shawn ! »

Mais avant que je n’aie eu le temps de dire quoique ce soit de plus il se lève et arrête la musique. Une fois de plus, je me retrouve sur le cul. Je ne sais absolument plus quoi dire. Il me force à me lever et me prends dans ses bras. D’un seul coup, la colère disparaît. Je me serre contre lui et ma tête se pose doucement contre son torse. Il commence doucement à nous faire tourner et entame une chanson de Michael Jackson. Il chantonne et je m’apaise peu à peu. Avant de sentir autre chose m’envahir. Je me mords la lèvre pendant quelques secondes et finis par exploser de rire. Je rigole à m’en déchirer la mâchoire. « Désolée, désolée… » dis-je en riant de plus en plus fort. « C’est juste… » Je m’éloigne quelque peu de lui et tente de me calmer. « Tu crois sérieusement que mes problèmes vont s’envoler juste avec un slow et une stupide chanson. Tu vis dans le monde des bisounours ou quoi ? » Je lève les yeux vers lui et préfère retourner m’asseoir dans le canapé. Je souffle un bon coup et me serre un nouveau verre. « Tu est vraiment mignon Shawn, mais ce n’est pas comme ça que ça marche dans mon monde. »

Je me relève et attrape sa main pour l’entraîner sur le canapé avec moi. Je le laisse seul un instant et disparaît dans la cuisine. J’attrape un citron, un couteau, du sel, deux verres et une bouteille de Tequila. Je retourne vers Shawn et pose le tout devant lui. « Okay. » Je me tourne vers lui et tente de lui sourire même si le cœur n’y est pas. « On va tenter à ma manière. Je suis sûre que te détendre un peu ne te ferais pas de mal à toi aussi. » Je nous sers deux verres et lui en tends un. Il regarde cela comme si je venais de lui donner du poison et je rigole à nouveau. « Ca va pas te tuer mon vieux. Ca te rendra juste moins psycho rigide. » Je sais que c’est la Aleyna déjà bourrée qui parle. Je n’aurais jamais agis de cette manière avec lui sinon. La preuve. Je suis en train de me rapprocher de lui. Mon visage est à quelques centimètres du sien. C’est comme si je ne contrôlais plus rien. Mon regard ce plonge dans le sien et je lui souris. « Aller Shawn ! » soufflais-je doucement…

Il aurait du s'en douter. Arrêter de parler avant de pousser Aleyna à bout, mais les mots étaient sortis comme une flot sans qu'il ne pense réellement à l'impact qu'ils auraient sur la jeune femme. A ce qu'elle allait en penser.  « Tu…  Non mais tu te prends pour qui à me parler comme ça ? Je te demande pas de conseil Shawn ! »  Il voulait la secouer – il voulait une réaction et au moins il en avait une. La colère d'Aleyna était bondissante lui faisant bien comprendre qu'en allant sur ce chemin il n'arriverait à rien. Elle avait raison, qui était-il pour se permettre de lui dire ses choses. Il lui parlait comme il l'aurait fait avec son petit frère, son meilleur ami ou tout du moins une personne à qui il tenait. Petite à petite l'idée se faisait la place dans son esprit. Il tenait à Aleyna, sans vraiment savoir pourquoi – peut-être simplement car elle était la petite sœur de son meilleur ami ou parce qu'en la voyant perdue, il s’identifiait un peu à elle. Quoi qu'il en soit il était incapable de l'expliquer et face à ce constat une seule solution lui sauta aux yeux. Il fallait trouver un autre mode d'approche.

Ce n'était pas facile pour Shawn – Pas facile de savoir quoi faire. Comme se rapprocher d'Aley sans qu'elle n'ait l'impression qu'il s'incruste dans sa vie ou qu'il tente de lui faire la morale. Parce qu'au fond c'est comme ça que ses discours devaient sonner aux oreilles de la jeune femme – et il s'en rendait compte – les vielles paroles moralisatrices d'un imbécile qui croit tout savoir. Mais ce n'était clairement pas le cas – il ne savait rien. Rien de ce qu'Aley pouvait ressentir, il avait connu la tristesse à l'annonce du décès des parents Callaigh, il avait connu la déception de voir Mael partir, mais l'intensité et les répercutions que tout ça avait sûre Aley était tellement plus forte – et c'était bien normal.

Attrapant fermement la jeune femme, il l’emmena dans une danse, dans l'esprit de Shawn c'était par là que tout passait, comme ça qu'il gérait ses frustrations, ses colères, ses peines. Il avait appris à tout ressentir dans ses mouvements plus que dans autre chose. La tactique sembla marcher quelques secondes, le corps de Aley se détendit. Puis elle commença à rire et un léger sourire s'afficha sur le visage de Shawn. La situation était ridicule et il était bien obligé de l'avouer.  « Désolée, désolée… » Bon certes, c'était de lui qu'elle se moquait mais au moins elle rigolait, il pouvait se venter d'avoir gagné ça.  « Tu crois sérieusement que mes problèmes vont s’envoler juste avec un slow et une stupide chanson. Tu vis dans le monde des bisounours ou quoi ? » D'un coup la situation devenait à nouveau moins drôle. « J'ai pas prétendu que ça allait résoudre tes problèmes. » Son ton était plus sec à nouveau. Shawn ne pensait pas pouvoir résoudre quoi que ce soit, la seule personne qui pouvait le faire c'était elle-même.
Et motivation commençait un peu à le déserter, plus il passait du temps avec Aley et plus elle semblait lui fermer ses portes. Elle le quitta alors pour aller se rasseoir sur le canapé. « Tu est vraiment mignon Shawn, mais ce n’est pas comme ça que ça marche dans mon monde. »  Il lui lança un regard un peu agacé suivit d'un long soupire. « Et si tu m'expliquais comment ça marche dans ton monde ? » Il ne voulait plus rentrer dans l’énervement ou la confrontation. Peut-être devait-il tenter tout simplement de la comprendre – de la connaître car c'était probablement le noyau du problème.

Il n'en fallut pas plus à Aley pour venir le chercher et l’emmener sur le canapé. Shawn attendait la suite avec impatience mais la seule chose qu'il gagna fut de se faire abandonner. La jeune femme disparu dans la cuisine le laissant seul avec tout le loisir de se demander ce qu'elle pouvait bien mijoter. Quand elle revint avec un bouteille d'alcool Shawn laissa échapper un léger soupir. C'était donc ça  « Okay. On va tenter à ma manière. Je suis sûre que te détendre un peu ne te ferais pas de mal à toi aussi. » Le jeune homme avait bien compris où elle voulait en venir. Il décida pourtant de la laisser aller jusqu'au bout de son idée avant d’émettre une quelconque protestation. Au fond elle n'avait pas tord – il avait bien besoin de se détendre, puis c'était lui qui voulait comprendre le monde dans lequel vivait Aley non ? Apparemment l'alcool était sa solution. Tendant son verre la jeune femme semblait plutôt sûre d'elle et Shawn hésita quelques instants devant l'opportunité qui s'offrait à lui. Avait-il vraiment envie de se descendre une tequila en plein milieu de l'après-midi pour il ne savait même pas quelle raison ? « C'est pas vraiment une heure...  » Pas le temps de finir qu'Aley avait déjà enchaîné « Ca va pas te tuer mon vieux. Ca te rendra juste moins psycho rigide. » Shawn sentit une vague d’énervement le saisir, il jeta un regard noir à la jeune femme mais petit à petit son sentiment mutait. Elle venait de le défier – il le savait bien – Et  s'il y avait une chose à laquelle il ne pouvait résiste,  c'était celle de relever un défis.

Son regard planté dans celui de la jeune femme, il se rendit à peine compte qu'elle c'était rapprochée de lui. Ce n'est qu'une fois qu'il sentit son souffle près de sa bouche qu'il prit réellement conscience de la situation. Le corps d'Aley penchait dangereusement sur lui et il sentit un léger frisson le parcourir. « Aller Shawn ! » Ne lâchant pas son regard ,il porta le verre et sa bouche et l'avala d'un coup sec pour finir par replonger ses yeux dans ceux d'Aleyna « Ne prétends pas que tu me connais Aleyna ! Je peux être bien différent de celui que j'ai l'air d'être. » C'est sûre, Shawn avait certaines valeurs mais ça ne l'avait jamais empêché de faire la fête et de se descendre quelques verres – voir même plus. Mael en avait d’ailleurs été le premier témoin mais aussi la première victime puisqu'à chaque fois qu'il descendait un verre, Shawn se retrouvait à squatter chez son meilleur ami pour ne pas se faire griller par ses parents. « Je pense juste qu'il y a un temps pour tout. » Lâchant enfin son regard il se pencha un peu en arrière. « Mais si tu veux qu'on s'aventure sur ce terrain, il va falloir sortir plus de citrons. La tequila toute seule c'est pas le top. » Il reporta cette fois son attention sur la table puis se pencha un peu pour attraper un citron et humidifier sa main puis il y déposa un peu de sel et attrapa son verre. C'était le genre de choses qu'il était habitué à faire avec Mael à coté de lui et non pas sa sœur déjà bien lancée.

« Je te propose qu'on rende ça un peu plus intéressant ? Tu connais le jeu du "je n'ai jamais" ? Le principe est simple, tu annonces une chose que tu  n'as jamais faite, si l'autre l'a déjà fait il boit sinon c'est à son tours d'annoncer une chose qu'il n'a jamais fait. » Shawn voulait appendre à connaître Aley un peu mieux et il venait peut-être de trouver le meilleur moyen d'y arriver. Il laissa le temps à la jeune femme de préparer son verre puis se lança. « Je n'ai jamais... Embrassé une personne du même sexe que moi. » Il la défia du regard – amusé – attendant  de voir si la jeune femme allait boire. A quel point Aleyna pouvait-elle être délurée ?

D’un côté, Shawn m’exaspère au plus haut point. Réellement, il m’énerve. Et d’un autre… Je ne sais pas. Il y a tout de même ce petit quelque chose chez lui qui est plus qu’attendrissant. On dirait un petit garçon sans défense, perdu dans un monde bien trop grand pour lui. C’est touchant de le voir comme cela. Mais lorsqu’il me fait la morale comme il vient de le faire, j’ai juste envie de lui coller une baffe. Il m’énerve. Et il le remarque assez rapidement d’ailleurs. Je n’ai pas besoin de faire de grand discours, je crois qu’un regard à suffit pour qu’il comprenne où je voulais en venir.

Pourtant il n’abandonne pas. Il me prend contre lui et nous lance dans un slow tout ce qui a de plus ridicule en chantonnant une chanson que je n’avais pas entendu depuis des années. L’espace de quelques secondes, j’essaye réellement de me détendre. Je respire un grand coup et je sens les muscles de mon corps qui se détendent un à un. Avant de partir dans un fou rire pratiquement incontrôlable. Cela faisait des mois que je n’avais pas rit de cette manière. J’y vais de bon cœur. Je sens mes épaules secouer par mon fou rire et le regard de Shawn se pose sur moi. Il à l’air perplexe. Jusqu’à ce que je lui fasse comprendre le fond de ma pensée. « J'ai pas prétendu que ça allait résoudre tes problèmes. » Alors à quoi il pensait en nous lançant dans cette danse. Que j’allais juste accepter de danser avec lui ? Comme cela sans raison particulière. Juste pour lui faire plaisir. A croire que je n’ai pas assez bu selon lui. Enfin je n’en sais rien, mais son idée était loin d’être géniale quand même, non ? Je sais à quoi il se raccroche. Il c’est mis en tête de me venir en aide et j’ai comme l’impression qu’il va en falloir beaucoup pour qu’il abandonne, mais je n’ai pas besoin de son aide et surtout je n’en veux pas. Vraiment pas.

« Et si tu m'expliquais comment ça marche dans ton monde ? » Il n’en faudra pas plus pour que je finisse par me décider à bouger. Il veut que je lui montrer comme ça marche chez moi. Il n’y pas de souci. Peut être que cette fois-ci on va peut être finir par s’amuser un peu. Jusqu’à présent j’ai connu un Shawn toujours sérieux. Bien trop sérieux d’ailleurs. Je crois que je ne l’ai encore jamais vu s’amuser. Alors c’est avec une bouteille de Téquila à la main que je finis par revenir dans le salon. Je veux qu’il s’amuse à ma manière. Je veux le voir boire tout simplement. Un Shawn alcoolisé, ce n’est pas quelque chose que l’on doit voir tous les jours quand même. Non ? Je lui tends un verre rempli et je finis par croiser son regard. On dirait que je viens de lui demander de se suicider en buvant du poison. Non mais il a jamais touché un verre de sa vie ou quoi ? Cela m’étonnerait tout de même parce qu’il est quand même le meilleur ami de mon frère. Et mon grand frère est loin d’être une sainte nitouche. « C'est pas vraiment une heure... » « Oh mais arrête on dirait ma grand-mère ! » finis-je par répondre en soupirant. Il est trop stricte, trop bonne école. Il m’énerve. En fait, il n’est pas drôle. Voilà c’est ça. Il n’est pas drôle. Pauvre garçon quand même. Il ne boit toujours pas son verre et je finis par me rapprocher de lui pour le tenter un peu. Vous n’allez tout de même pas me dire, qu’il n’est pas attirer par les femmes en plus. Je me doute que je suis loin d’être jolie en ce moment, mais bon. Peut être que mon charme fonctionne encore. Qui sait… Il me regarde… Comme si j’étais folle, mais au moins il me regarde.

« Ne prétends pas que tu me connais Aleyna ! Je peux être bien différent de celui que j'ai l'air d'être. » Je soupire. « Je ne prétends rien du tout ! » Mon regard lui fait juste comprendre que j’aimerais qu’il arrête de prétendre. Je voudrais voir le vrai lui. Le Shawn qui relâche un peu la pression et qui oublie ses parents pour l’espace de quelques minutes au moins. Je suis sûre que cela lui ferait du bien en plus. « Je pense juste qu'il y a un temps pour tout. Mais si tu veux qu'on s'aventure sur ce terrain, il va falloir sortir plus de citrons. La tequila tout seul ce n’est pas le top. » Je rigole à sa réplique et finis par me lever pour aller à la cuisine, chercher plus de munitions. « Voilà pour monsieur ! » Peu à peu je retrouve mon sourire. Parce que je me dis que Shawn va peut être arrêté de me juger ou pire peut être qu’il va essayer d’arrêter de chercher à me comprendre coûte que coûte. Je laisse Shawn boire un nouveau verre et rigole à nouveau. « Je te laisse me rattraper hein ! Parce que j’ai un peu d’avance. » En même temps, je bois depuis près de trois heures désormais. Pourtant je me sens bien. C’est comme si mes problèmes c’était envoler. Juste le temps d’une après-midi.

« Je te propose qu'on rende ça un peu plus intéressant ? Tu connais le jeu du "je n'ai jamais" ? Le principe est simple, tu annonces une chose que tu n'as jamais faite, si l'autre l'a déjà fait il boit sinon c'est à son tour d'annoncer une chose qu'il n'a jamais fait. » « Merci je connais. » dis-je en riant. Je pense que j’ai participé à plus de soirée qui finisse en jeu débile que lui. Dans le fond, je trouve l’idée assez intéressante. Je vais pouvoir voir à quel point il est coincé. Parce que je suis persuader qu’il n’as jamais rien fait de complètement dingue. Ou alors c’est parce que Maël l’as poussé à le faire. Et encore. Je me sers un verre et lève les yeux vers Shawn en souriant. « Je n'ai jamais... Embrassé une personne du même sexe que moi. » Je n’hésite pas bien longtemps avant de porter mon verre à mes lèvres. Cul-sec. Je vois le regard surpris du jeune asiatique ce poser sur moi et je rigole. « Faut bien tout tester hein. » Vive la justification à deux balle. J’avais embrassé une fille une fois, au détour d’une soirée. C’était juste pour le fun. Mais en ce moment il y a aussi Teeghan dans ma vie. Enfin, elle me plaît bien quoi. Bref. Je me sers un nouveau verre et cherche une question. « Je n’ai jamais… Fait un plan à trois. » Pendant un instant, un silence s’installe entre nous. Shawn ne bois pas. Je m’en doutais dans le fond. Les minutes passent et on continue notre petit jeu, on abandonne assez rapidement les questions sexuelles pour parler de chose un peu plus générale. On se dit que nous n’avons jamais trahi des amis, que l’on a jamais trahi sa famille et autres. Puis une question me vient en tête comme cela d’un seul coup. « Je n’ai jamais vécu le grand amour… » Une nouvelle fois, nos regards se croise. Avant même que Shawn ne réagisse, je vais me blottir contre lui. Je ne sais absolument pas pourquoi je fais cela. J’ai juste besoin de le sentir contre moi. Je suis de nouveau bien imbibée et je ne réfléchis plus à mes gestes. Ses bras s’enroulent autour de mon corps et je soupire doucement. « Tu sais t’es gentil Shawn. Je ne sais pas pourquoi tu reste avec moi, mais je t’aime bien. Puis t’es mignon aussi. Et au final tu sais t’amuser. Un peu… » Je rigole et viens enfouir mon visage dans le creux de son cou. Doucement…