Nous sommes en plein préparatif du voyage à Paris avec Isaac, il essaye de se débrouiller comme il peut au boulot pour arriver à finaliser les grosses commandes et toutes les choses un peu difficile, avant de laisser son bar à Arya. Je sen que ça le stresse un peu, mais à côté on est tous les deux très impatients de partir en famille, avec Théa. Aujourd’hui,  c’est Malèa qui s’occupe de Théa, elle a eu envie de passer sa journée avec sa nièce. Je ne vais pas l’en empêcher, même si j’ai perdu 6 mois avec ma fille, je ne vais pas l’empêcher de passer du temps avec sa famille. Je dois avouer que c’est de plus en plus difficile de la voir partir avec quelqu’un d’autre que son père ou moi. J’ai confiance en Malèa, je sais qu’elle s’occupe très bien de Théa, mais ça me fait toujours un petit pic au cœur.

Isaac est au bar depuis ce matin, je lui passe un coup de fil, je m’ennuie déjà de ne pas être avec ma fille. Il ne répond pas, je lui laisse un message. Je soupire largement, étalée comme une larve sur le canapé. Je me redresse d’un coup, il n’est pas encore 10h, et Nathan m’avait dit qu’il était de repos aujourd’hui. Je vais lui rendre visite, à cette heure ci, les jumeaux sont debout depuis belle lurette, et par la force des choses, Nathan doit l’être aussi. Je profite des jours où Isaac travaille pour aller voir Nathan. Même si je sais qu’il a bien compris que Nathan était mon meilleur ami et non un danger potentiel, je sais qu’il est très jaloux de lui. Il a sûrement ses raisons. Bref, une fois prête, me voilà partie en direction de chez Nathan. Ce n’est pas très loin, je peux y aller à pieds. 10h30, je frappe 2 petits coups à la porte. J’ai toujours les clefs, et même si c’est aussi un peu chez moi, je n’ose pas entrer comme ça comme dans un moulin. J’entends la voix de Nathan qui crie, les jumeaux ont encore fait des siennes. J’entre alors dans la maison, et j’ai le temps de faire à peine trois pas, que je trouve Nathan en train de s’exciter violemment sur une porte, visiblement fermée à clefs. Par déduction, j’imagine que les jumeaux sont derrière, et qu’ils ont fait une connerie. Un petit sourire naît sur le coin de mes lèvres, je croise les bras, attendant que Nathan remarque ma présence. Je ne compte pas l’aider tout de suite. En plus, il est encore en ‘’pyjama’’, et rien que ça, ça me fait sourire. Pas que ce soit la première fois que je le vois dans cette tenue, mais juste parce qu’il me fait rire.

Il ne met pas très longtemps avant de se retourner, aussi surpris et confus que possible. Je tente tant bien que mal de dissimuler mon sourire qui voudrait bien s’élargir. « Heu... T'es là depuis combien de temps ? Dis-moi que tu m'as pas vu m’exciter comme un âne contre cette porte ? ». Je lâche un petit rire amusé et hausse les épaules. « Le pire c’est que tu sais très bien que tu n’obtiendras rien d’eux en t’énervant comme ça ! C’est pas très pédagogue ça cher ami ! ». Je le vois râler, souffler, et se laisser tomber lourdement dans le canapé. « Ils vont m'achever ». Je m’approche un peu de lui et pose mes avant bras sur le dossier du canapé, pour le regarder. Pauvre petit chou. « Si t’arrives à les faire sortir de là je t'offre mon café. ». J’écarquille grand les yeux. Nathan ? M’offrir son café ? SON café ? « Oulà, je sais pas trop ce qu’ils ont fabriqué, mais pour avoir cette récompense, ça doit pas être joli joli ! ». Je remonte mes manches et adresse à mon ami un petit sourire de défi. « C’est parti ! ».

Je me dirige vers la fameuse fort, et frappe tout naturellement. « Scott ? Dani ? C’est Sha’ ! Vous venez pas dire bonjour ? ». J’entends la petite voix de Dani, étrangement paniquée. « Nathan va pas nous punir si on sort de là ? » J’esquisse un sourire. « Mais non, on va discuter calmement lui et moi, ok ? ». J’entends le loquet de la porte s’ouvrir et je me retourne vers Nathan, un sourire triomphant sur les lèvres, avant de me retrouver assaillie par deux petites têtes rousses. « Hey salut les terreurs ! Bon alors, c’était quoi votre bêtise aujourd’hui ? » « Mais rien, on a voulu faire plaisir à Nathan, on lui a préparé un petit déjeuner, et on est restés sage jusqu’à ce qu’il se réveille, et après il nous a couru après ! » Je me retourne vers Dani « C’est vrai ça ? ». Il se contente d’hocher la tête, alors je me tourne vers Nathan. « T’as pas honte d’engueuler tes frères alors qu’ils ont juste voulu te faire plaisir ? ». Evidemment, je savais aussi bien que Nathan, que ces petits monstres n’avaient pas fait ça simplement dans le but de ‘’faire plaisir ‘’ à leur grand frère. Ca n’a jamais fait partie deux, de faire plaisir pour le plaisir. « Allez, filez dans votre chambre, je vais discuter un peu avec votre frère, le temps qu’il se réveille un peu avec un café. Ensuite je viendrai faire votre Wendy, petits pirates ! ». J’adore ces gosses, même s’ils sont parfois difficiles à gérer.

Je les regarde monter dans leur chambre et je viens m’écraser sur le canapé à côté de Nathan. « Bon allez, je te laisse boire un café si t’arrête de faire la gueule ! Qu’est-ce que tu veux, ils m’adorent et ils m’écoutent. Enfin, un peu plus que toi. C’est la vie !! Avoue que je t’ai sauvé la mise quand même !! ». Je lâche un petit rire et me jette sur lui pour lui faire un gros bisou. « Allez arrête de bouder, je dirai à personne que tu t’excite contre les portes !! »

Je sais que ces gamins m’adorent. Ils sont élevée entre leur grand frère qui ne s’en sort par, et leur tante qui ne s’en sort pas mieux. Seul Leah leur cousin est capable de les mener à la baguette. Et moi, je suis juste leur amoureuse, la soeur ou la mère qu’ils auraient sans doute aimé avoir. Et puis avec ma voix douce et mes sourires, ça marche toujours. Une fois envoyés dans leur chambre, je reviens vers Nathan qui semble toujours faire du boudin. Ça me fait plus sourire qu’autre chose. Je suis gentille, même si j’ai gagné le défi, je lui laisse son café. S’il n’a pas son café il va être de mauvaise humeur, déjà que c’est pas la joie ! (mdr). « C'est bien beau mais au final je ne sais toujours pas ce qu'ils ont bien pu faire. ». Je soupire, il est vraiment borné. «Je crois que des fois il ne faut mieux pas savoir !». Je me redresse de sur le canapé et me dirige vers la cuisine. « C'est vrai que tu me laisses mon café ? ». Je lâche un rire amusé et hoche la tête avant de lui faire signe de me rejoindre dans la cuisine.

« Tu te joins à moi, je vais pas gâcher ça, pour une fois que les jumeaux préparent le petit dej, je vais passer au dessus de la raison pour laquelle ils ont fait ça et profiter. ». «T’as pas tort ! C’est comme ça qu’il faut le prendre !». Je pique un toast et croque dedans à pleines dents. « Dis voir toi ? Tu as définitivement déserté la maison. Tout ce passe bien avec Isaac ? ». Un petit sourire se dessine sur le bord de mes lèvres. Je hoche la tête comme une enfant, fière d’elle, de sa vie, de ce qu’elle a accompli. «J’suis tellement bien avec lui si tu savais. Tout est rentré dans l’ordre, bon y’a toujours des moments où il a peur que je m’en aille, et il est plus jaloux qu’avant, mais je peux m’en prendre qu’à moi même...». Je hausse les épaules avant de boire une gorgée de café.

«Bon et toi, me dis pas que t’es toujours tout seul... tu m’fais de la peine à rester tout seul ! Faut te reprendre en main mon vieux ! Ça en est où ta vie sentimentale ?». Je vois ses yeux s’écarquiller, mais Daniel lui sauve la mise. On entend sa petite voix venant tout droit de l’escalier. « Nathan ? » « Dani ? » « Tu vas nous punir » « Ça dépend de ce que vous avez fait les garçons, mais je vous promets que si vous me le dites par vous même je resterai calme ». Je regarde Nathan capituler avec ses petits frère. Ça se voit qu’il les aime, même si parfois, souvent, ils ont tendance à nous faire tous devenir fous. « On peut le dessiner. ». Je fronce les sourcils et me retourne vers les jumeaux. C’est bien la première fois que je les entends dire une chose pareille. Dessiner une de leur bêtise. Bah voyons. Je suis dubitative. Il disparaissent dans leur chambre et je refais face à Nathan. «Mon dieu Sha, mais qu'as-tu fait à mes frères ? Ils vont me dire d'eux même ce qu'ils ont fait. Miracle ! ». J’éclate de rire.

«Eh ! Qu’est-ce que tu crois ! Leah n’a qu’à bien se tenir, Sha est dans les parages !». Je lâche un petit rire cristallin. «Mais bon, je m’attends à tout avec ces deux là, c’est la première fois que je les entends vouloir dessiner une de leur bêtise. Ça sent u peu l’entourloupe quand même ! J’ai peur !». On rit tous les deux, mais rapidement je le rappelle à l’ordre. «Hey mais toi, ne crois pas que tu vas échapper à ma question. Dani t’a sauvé la mise, maintenant tu réponds à ma question ! Attention !». Je fais mes gros yeux genre je vais sévir s’il ne me répond pas. Ça marche avec les jumeaux, pourquoi pas avec le grand frère ?

Il n'allait pas m'échapper comme ça, il allait cracher le morceau coûte que coûte. Je connais assez bien Nathan maintenant pour savoir comment lui parler, et comment avoir ce que je veux, quand je veux. Et oui, les femmes sont comme ça, sûrement un peu manipulatrices malgré elles, mais c'est aussi comme ça que les hommes les aiment, parfois. « Faut pas que t'ai de la peine pour moi ! Je suis plutôt heureux tout seul, je dis pas que j'y pense jamais – à retrouver quelqu'un – mais les jumeaux me donnent bien assez de travail et combiné à l’hôpital je ne pourrai pas gérer... Ça m'est déjà arrivé une fois je referai pas cette erreur. » . J'esquisse un sourire. Je comprends tout à fait sa position. Je ne l'ai jamais vécue, mais je n'ai pas vécu moins pire non plus. Quoi qu'il en soit, j'avais déjà compris que sa vie amoureuse était légèrement tabou, je m'en rends encore plus compte aujourd'hui. Mais je sais aussi combien c'est important de se sentir aimé, par quelqu'un d'autre que sa famille ou ses amis. «Je suis sûre que tu trouveras quelqu'un qui te correspond, et avec qui tu seras heureux... je pense que tu as simplement besoin... d'un peu de temps !». Mon sourire est réconfortant, je ne sais pas s'il souffre de n'avoir personne dans sa vie, et je sais qu'il a raison quand il dit qu'il n'a pas tellement le temps pour ça, mais j'espère simplement qu'il n'est pas malheureux.

Je finis ma tasse de café alors que Nathan en est déjà à sa seconde, et c'est alors qu'il me confie : « J'ai très envie d'aller espionner les jumeaux. C'est mal non ? »  . Je retiens un petit rire amusé. «Oui c'est mal, mais sûrement pas pire que la connerie qu'ils ont faite !». Je lui fais signe de venir avec moi, je retire mes talons pour ne pas faire de bruit et nous faire surprendre. On monte doucement à l'étage, nous dirigeant vers la chambre des jumeaux donc la porte est entre-ouverte. Nathan est devant moi et tente de regarder où sont les jumeaux. Mais c'est sans compter que ces petits garnements ont une longueur d'avance, et j'entends Scott derrière moi qui nous dit «Vous cherchez quelqu'un ?». Evidemment, ce petit boulet me fait sursauter, et Nathan avec moi. Ça a le mérite de les faire bien rire tous les deux. «Ah ça c'est malin ! Bon, ça en est où ces dessins ?». Dani me tend le sien, et avant même que Nathan ne le voit, j'essaie de comprendre la chose. Mais il est plus rapide et vient se poster à côté de moi pour la compréhension du dessin. J'arrive a deviner les 2 petits diables, au milieu il y a comme une flamme, c'est pas très rassurant. Je pointe la flamme du doigt et demande alors : «C'est quoi ça ?». «Du feu !» «Oui merci ! mais avec quoi vous avez fait ça ?». Scott hausse les épaules et tous les deux descendent en 4ème vitesse l'escalier de la maison. Je me tourne vers Nathan et lui demande alors : «Tu reconnais l'endroit ? J'ai un peu de mal c'est pas des as du dessin !». Nathan cogite un peu et reconnaît l'arrière de la maison, avec la cabane. On y court en 4ème vitesse, et on en fait le tour. A l'arrière, un reste d'ourson a été brûlé vif, avec une partie de la haie d'ailleurs. Par terre, une bombe de déodorant. «Oh mon dieu !». Je pose ma main devant ma bouche et ramasse le déo. «Tes frères sont des meurtriers !». Je ne peux as m'empêcher de lâcher un rire, nerveux certainement. Ils auraient pu se blesser, je me demande d'ailleurs comment ils arrivent à ne jamais se faire mal, ou très peu. Ils auraient pu mourir 1000 fois depuis qu'ils sont nés. Diablotins.

Mon téléphone se met à sonner, c'est Malèa. Je m'excuse auprès de Nathan et décroche rapidement. «Oui ? Qu'est-ce qui se passe ? Ok, ok j'arrive tout de suite, bouge pas !». Je raccroche. «Je vais devoir te laisser engueuler les jumeaux, je dois rentrer, Théa ne s'arrête plus de pleurer depuis 1h et Malèa s'en sort pas.». Je grimace légèrement, un peu mal à l'aise de devoir quitter Nathan maintenant. «Tu m'appelle hein ! Tu me raconteras ! Et je viens te voir quand je rentre de Paris !». Je lui plaque un bisou sur la joue et file en courant rejoindre ma fille, le laissant seul avec ses frères et leur nounours carbonisé.


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Une semaine plus tard.


Tout juste rentrés de Paris, je décide d'aller passer la nuit chez Nathan, j'ai besoin d'un peu de temps, de ne pas être avec Isaac pendant quelques jours, pour voir si j'arrive à prendre une décision quant à ma grossesse. Je n'ai pour l'instant rien dit à Nathan. Les dernières nouvelles qu'il a eu de moi, datent de l'appel que je lui ai passé pour qu'il me rassure, et que mes nausées ne soient rien de grave. Depuis rien.
En ouvrant la porte de chez Nathan je remarque qu'il n'y a personne. Il doit être en train de travailler. Encore. Je pose mon sac dans l'entrée et vais m'effondrer sur le canapé. Ce n'est que quelques heures plus tard que j'ouvre les yeux, en entendant la porte d'entrée s'ouvrir. Je me redresse et sors ma tête de dessus le canapé. «Salut bel inconnu !». Un petit sourire de sa part, et me voilà déjà un peu mieux. Sauf que maintenant, j'ai envie de pleurer. Il me demande ce que je fais là, et je me retourne pour être dos à lui, haussant simplement les épaules. Je tripote nerveusement le plaid que j'avais posé sur mes genoux. Nathan me rejoint sur le canapé. Je tourne les yeux vers lui, et je m'effondre en pleurs...