Sa conscience le perturbait, alors qu'il rentrait chez lui, la nuit tombée depuis une bonne heure maintenant. Il avait beau essayer de refouler tout ça, il avait l'impression que si les choses se passaient si mal avec Lula, c'était de sa faute. Il manquait de patience, de compréhension, simplement parce que dès le départ, il avait décidé de ne lui accorder aucune chance. Il ne voulait pas ne serait-ce que de discuter avec elle, apprendre à la connaître, parce qu'il ne voulait pas s'attacher à elle, même pas un minimum. Il n'avait pas la moindre idée d'où venait cet esprit si … sauvage. Il avait mit ça sur le compte de son jeune âge, de ses fréquentations, sans chercher plus loin. Il s'était montré insensible quant au fait que la demoiselle avait perdu son petit ami, se disant qu'après tout, elle était jeune, elle s'en remettrait, ce n'était de toute façon pas de l'amour, enfin ce genre de connerie. Ce n'était pourtant pas son genre, il n'était pas un type dénué de tout sentiment, bien au contraire, mais au travail, il les mettait toujours de côté. C'était bien plus simple comme ça, vous imaginez s'il se mettait à côtoyer les familles de victimes par exemple ? Jamais il n'y arriverait. Il avait déjà eu la malchance d'avoir son meilleur ami pour coéquipier, et de le perdre au boulot. Ça suffisait, il ne voulait plus revivre ça. Et pourtant, il ne cessait de se dire que les choses seraient bien plus simples avec la jeune fille s'il se montrait un peu plus ouvert et compréhensif. Ce soir encore, ils s'étaient quitté en mauvais termes. Il ne savait même plus pourquoi, il n'avait pas réellement fait attention, mais il se souvenait que ça avait terminé avec la demoiselle qui lui jeta son livre de physique en pleine figure, alors qu'il refermait la porte derrière lui pour la laisser réviser. Il lui arrivait de rester le soir lorsque ses parents étaient de sortie – comme une babysitter, oui, on pouvait le dire, non mais vous voyez à quoi il en était réduit ? - mais aujourd'hui, il allait pouvoir profiter d'une soirée tranquille. Ou pas. C'était désagréable cette boule au ventre qu'il ressentait chaque fois qu'il pensait à elle. De la culpabilité. Rien de plus désagréable comme sentiment.

Bon et puis allez, autant s'en débarrasser, tenter de faire un effort. Si lui en faisait un de son côté, elle en ferait certainement aussi, n'était-ce pas comme ça que ça fonctionnait ce genre de chose ? Il avait donc fait demi-tour, s'excusa auprès des parents de la jeune fille, prétextant qu'il avait oublié quelque chose dans sa chambre, et frappa à la porte de celle-ci.« Lula ? ... » Il entra doucement, remarquant qu'elle était déjà couchée, apercevant seulement sa silhouette grâce à la lumière de la lune. Il l'avait quitté peu de temps avant, elle ne dormait probablement pas mais devait faire semblant pour l'ignorer. Cela ne l'étonnait pas, et il s'en moquait, il voulait qu'elle l'écoute. Doucement, le californien s'approcha du lit. « Bon, écoute, il faut qu'on discute. Si on veut que ça fonctionne, on devrait repartir sur de bonnes bases. Pour commencer, il faudrait que tu comprennes que je suis là pour t'aider, je suis pas un boulet que tu te coltines toute la journée, d'accord ? » Il s'était assis sur le bord, attendant sa réponse. Rien. Il remarqua alors qu'il n'entendait même pas sa respiration, pourtant assez prêt d'elle. Une main sur son arme, il dégagea le drap de ce qu'il pensait être le visage de la jeune fille, pour s'apercevoir qu'il n'y avait là d'un gros oreiller, et aucun signe d'elle.« Bordel mais qu'est-ce que... » Il ressentit une forte envie de hurler, de prendre cet oreiller et de le déplumer, simplement pour calmer ses nerfs. Évidemment, il n'en ferait rien. Mais elle était partie. Non seulement elle le prenait pour un parfait imbécile, mais en plus de ça, elle se mettait en danger. Bien joué. Et lui qui ne demandait qu'une soirée tranquille, voilà qu'il allait devoir courir dans toute la ville pour la retrouver, sans alarmer ses parents et si possible avant qu'il ne lui arrive quoi que ce soit... On n'était pas couché. Rapidement, il remit l'oreiller en place, la couverture par dessus, et après un bref « elle dort, je ne vais pas la déranger plus longtemps, passez une bonne soirée. » à ses parents, il rejoignit sa voiture, se demandant où il pourrait bien aller la chercher en premier. Heureusement qu'ils vivaient dans une petite ville, imaginez si ça lui été arrivé à Los Angeles ...