Un avantage majeur quand on vit seule c'est qu'on achète ce que l'on veut quand on va faire les courses, pas de scène entre les rayons pour savoir quelle marque de joghurt est la meilleure, pas de conflit bio/pas bio, commerce équitable ou non. Bon il reste tout de même un problème, quand on est fatiguée et qu'on a juste envie de se vautrer sur le canapé, il y a personne d'autre pour les faire ces courses, et là on comprend mieux le sens du mot corvée.
C''est dans cet état d'esprit que ce trouvait Cassiopée ce soir là, elle rentrait tout juste du boulot, où elle était restée plus tard pour réparer les gaffes d'un stagiaire, qui avait mis à sac la présentation de la page culture du journal de demain. La jeune femme en voyant ça avait vu rouge, très rouge. Elle aurait pu hurler sur ce stagiaire jusqu'à ce qu'il file se cacher sous son bureau pour prier à ce que ça s'arrête le plus vite possible. Mais le docteur avait dit plus de grosses colère, donc elle avait déchiqueté trois feuilles de papier avant d'être assez calme pour dire respectueusement à cet imbécile de déguerpir.
Elle poussa son caddie entre les rayons, balayant les étalages du regard et essayant de se souvenir de ce qu'elle avait besoin, eh oui dans son accès de rage la liste de courses y était aussi passée... Elle avançait courbée au dessus du caddie et trainant les pieds, elle devait avoir l'air d'une vieille femme. Et elle se sentait comme une vieille femme, son dos la tiraillait et elle sentait presque le poids des ses cernes sous ses yeux. Il y avait quelques temps elle abandonné le sommeil de marmotte qu'elle avait auparavant, ses cachets de somnifères en même temps.
Elle remplissait son caddie un peu au bol, selon l'esthétique du packaging ou selon ses envies, d'ailleurs elle avait faim, ce qui explique pourquoi elle achètera au final plus de sucreries que de vraie nourriture. Arrivée au rayons boisson elle prit plusieurs bouteilles de jus de fruits ou il était marqué "haute teneur en vitamine C", elle avait lu quelque part que ça donnait de l'énergie.
En enlevant une des bouteilles elle ressentit un résistance, sans trop réfléchir elle tira plus fort la bouteille vert elle, ouvrant une ouverture vers le rayonnage voisin et deux yeux verts écarquillés qui la fixaient. Elle venait d'arracher farouchement du jus de fruit des mains d'une autre cliente. "Oh désolée !" Elle tendit la bouteille vers la paire d'yeux verts mais arrêta son geste. Elle avait déjà vu ces yeux quelque part, mais où ? Elle resta figée la bouche grande ouverte entre le lait et les jus de fruits.

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Cassie avait beau se creuser la tête elle n'arrivait pas à remettre un nom sur ces deux yeux. "Cassie !?" Cette voix en revanche elle la reconnaissait. Toujours la bouche ouverte, toujours sous le choc d'avoir eu à se battre pour une bouteille de jus de fruits avec un vieille connaissance et resta plantée là la bouteille à la main alors qu'Eileen avait déjà fait le tour du rayonnage et fonçait sur elle.
Eileen. Pas une si vieille connaissance que ça après tout. Ca devait faire à peu près trois ans pas plus. Par contre elles avaient été amies depuis bien plus longtemps qu'elle ne pouvait se le rappeler. Elle avaient été très proches, toujours là l'une pour l'autre. Cassie l'avait aidée du mieux qu'elle pouvait quand elle avait accueilli sa nièce chez elle, avec toutes les craintes et incertitudes qui étaient arrivées avec. Elles avaient vécu beaucoup de choses ensembles. Puis après son école Cassie à commencé à travailler comme une tarée pour son journal et la voyait de moins en moins, puis plus du tout. Elle l'avait vraiment regretté. Puis après avoir tout quitté pour partir pour son périple sauvage, elle avait accepté l'idée de couper les ponts avec son entourage. Voir Eileen surgir comme ça s'était un peu comme voir apparaître un fantôme de sa vie d'avant. Un fantôme qu'elle était heureuse de revoir mais qui lui rappelait aussi des tas de souvenirs qu'elle fuyait depuis 2 ans.
Mais Eileen était bel et bien réelle et matérielle, Cassiopée ressentit le choc, de chair et d'os contre elle alors qu'Eileen la serrait dans ses bras. "Mais c'est pas vrai mais qu'est-ce que tu fais lààààà ?" Elle semblait vraiment heureuse de la voir, elle n'avait pas changé, peu être un tout petit peu plus maigre et elle avait l'air fatiguée. Cassie réussi à extraire quelques phrases entrecoupées de sa gorge. "Eileen ? Mais tu... Depuis quand ?" Elle secoua la tête comme si ça pouvais éclaircir ses idées et prit une grande respiration. "C'est fou ! Je m'isole dans un coin perdu au fin fond de l'Oregon et c'est ici que je te trouve !" Elle lui fit un énorme sourire, elle mourrait d'envie de tout lui raconter comme avant, de l'écouter parler pendant des heures que ce soit de joie ou de tristesse et d'avoir des nouvelles de Lucy qui devait avoir bien grandi.
Mais un rayon de supermarché ce n'était pas vraiment le meilleur endroit pour discuter avec une amie qu'on a pas revue depuis 3 ans. "Ecoutes, je finis vite mes courses et on se retrouve au café juste à côté. J'ai hâte de savoir comment tu as atterri ici !" De son côté Cassie n'était pas très enthousiaste à l'idée de devoir raconter l'histoire qui l'a menée à déménager à TS, au pire elle mettrait le silence sur les passages gênants, elle l'avais fait très souvent. Et puis mince, après tout c'était Eileen, elle ne lui avait jamais menti sur quoi que ce soit, c'était pas ce jour là qu'il fallait commencer !

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Cassie avait donné rendez-vous à son amie dans un bar juste tout près du supermarché, en attendant elle amassait des articles dans son caddie, impatiente d'en finir avec ces courses et de pouvoir rejoindre Eileen pour savoir ce qu'elle avait à lui à raconter. La voir lui avais fait du bien, Eileen c'était l'Amie à qui elle disait absolument tout depuis toujours. Depuis son arrivée dans cette petite ville elle avait eu du mal à s'ouvrir aux gens, à faire confiance et encore plus à se confier, elle avait tout absorbé comme une éponge, mais comme Eileen était là elle allait pouvoir évacuer tout ça.
Cassiopée trottinait à présent à travers les rayons, sa fatigue comme envolée, le dos plus droit et une sorte de sourire béat aux lèvres. Elle s'amusa à imaginer ce qui amenait son amie à TS, elles étaient tout de même très loin de chez elles. La jeune femme ne croyait habituellement pas au destin et autres trucs du genre, mais devant un hasard pareil elle se posait tout de même des questions. Qu'est-ce qui pourrait donc l'avoir fait déménager, une mutation ? un homme ? une soudaine et irrépressible envie de venir respirer l'air de l'Oregon ? de nouveaux problèmes de santé ? Les possibilités étaient infinies.
Elle prenait à présent des choses tout à fait au hasard des étalages, peu importe. Arrivée aux caisse elle supplia du regard la caissière pour qu'elle aille un peu plus vite, en vain, elle continua à tiper les codes-barres au ralenti en mâchonnant bruyamment son chewing-gum. Cassie habitait trop loin pour aller poser ses achats chez elle et éventuellement se changer, elle fit tout de même le détour jusqu'à la voiture, histoire de ne pas être trop chargée.
Enfin, elle poussa la porte du bar, repéra rapidement Eileen et se glissa sur le banc en face d'elle, aussitôt assaillie par un chien qui semblait sortir de nulle part. "J'suis désolée c'est encore un bébé, il est un peu foufou !" Elle sourit et gratta la tête du chiot, qui n'était même pas impressionné devant quelqu'un d'inconnu. "Alooooors raconte !! Qu'est-ce que tu fais ici ? Tu t'es perdue ?"
- Je crois qu'on peut dire ça oui ! Je passais par là par hasard et je suis tombée sous le charme, c'est tellement plus tranquille qu'à Ottawa ! Après l'Alaska j'avais besoin d'un peu plus de calme, tu vois. Un grande ville c'était devenu trop stressant pour moi.
Elle avait prévenu Eileen de son voyage, elle avait juste envoyé une carte postale pour lui dire ou elle était. Mais aucune d'explications sur le pourquoi du comment, c'était encore bien trop frais pour qu'elle ait le courage de tout raconter.
- Et toi alors pour quoi es-tu là ? Et Lucy comment elle va ?
Elle avait connu la "fille" d'Eileen depuis tout bébé et se sentait comme une tante, une tante un peu honteuse maintenant de ne plus avoir été rendre visite cette petite fille.

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Une fois dans le café, Cassiopée avait finalement décidé de ne pas tout dire des raisons de son escapade au nord, elle était un peu déçue de ne pas arriver à tout dire à celle qui avait été son amie la plus proche mais c'était encore un peu dur pour elle. Eileen semblait avoir compris que ce n'était pas si simple et n'insista pas, Cassie la remerciait intérieurement pour sa compréhension. Et elle se réjouissait plus à l'idée d'une conversation joyeuse pour leurs retrouvailles.
- Et Lucy comment elle va ?
La jeune femme s'attendait à avoir de bonnes nouvelles, des anecdotes marrantes, bref tout ce qu'on dit normalement quand on parle de quelqu'un qu'on considère comme son enfant. Mais au son du nom Lucy Eileen changea subitement d'expression, ses yeux se baissèrent vers la table, son sourire s'effaça; on voyait clairement qu'elle tentait de cacher sa réaction mais la tâche semblait difficile. Cassie s'inquiéta, elle adorait Lucy.
- Ben... Kathleen est venue la récupérer. A Noël. C'est pour ça que j'ai préféré quitter le pays, changer de cap... j'arrivais plus à rester dans cet appart où on avait vécu toutes les deux...
- Quoi ? Non mais elle...
Elle s'arrêta, réagir par la colère n'aiderai sûrement pas Eileen. Mais elle était aussi triste pour elle que consternée. Elle avait toujours eu beaucoup de peine avec Kathleen, déjà qu'elle avait pas toujours été très agréable avec sa soeur, mais qu'ensuite elle lui laisse sa fille dans les bras, pour enfin revenir la reprendre alors qu'Eileen l'avait élevée. Cassie serait volontiers partie à New York sur le champ, histoire de lui expliquer le fond de sa pensée.
Mais sa priorité maintenant était plus de réconforter son amie que de s'énerver, elle avança donc sa main sur le bras d'Eileen avec un regard compatissant, elle était réellement désolée pour son amie, elle savait ce que Lucy représentait pour elle."Mais bon. Comme on dit c'est la vie. Faut continuer d'avancer. Et puis tu vois si j'étais pas venue m'installer ici, j'aurai pas rencontré tous les gens que j'ai rencontré, et je t'aurai sans doute pas retrouvée de si tôt !" Son optimiste était remarquable. "Je suis contente que tu le voit comme ça, et puis si tu as besoin de moi je suis là hein ? Je te ferait plus faux bond promis." Elle sourit, même si Eileen paraissait voir les choses du bon côté, ça avait tout de même dut être un énorme choc pour elle, et Cassiopée tenait à être là pour elle en cas de besoin. Elle aurait dut le faire bien plus tôt mais c'était trop tard.
- Mais alors, tu connaissais du monde ici, ou t'es vraiment arrivée comme un cheveu sur la soupe ?
- Comme un énorme cheveux !, dit-elle en riant. "Je voulait changer d'air et je me suis dit pourquoi pas les Etat-Unis ? Je me suis un peu promenée et voilà, j'ai posé mes bagages ici. L'avantage c'est que personne ne se doute que je suis ici, mes parents doivent toujours se demander pourquoi j'ai disparu. Et, je me suis fiancée il y a deux ans, ça n'a pas vraiment marché, alors je ne tient vraiment pas à recroiser le type en question !"
Tourner l'histoire à la dérision la rendait beaucoup plus facile à raconter. Cassiopée sentit lentement le soulagement venir remplacer le poids qui écrasait ses épaules depuis 2 ans.

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Eileen écarquilla les yeux, quand Cassie lui parla de son fiancé, plutôt ex fiancé, comme elle oubliais souvent de dire, par habitude ou bien juste parce que le mot ne passait pas. Elle n'avait jamais parlé de ces fiançailles avec son amie, chose étrange étant donné qu'elle lui disait tout habituellement. Mais tout c'était passé si vite, Cassie était tombée sous le charme comme une mouche. Puis il y avait eu tellement à faire avec son travail et l'organisation du mariage, elle était sûrement trop concentrée sur les choses qu'elle avait à faire pour constater que ce type était loin d'être son prince charmant. La jeune femme était bien trop naïve, après avoir grandi sans manquer de rien elle avait tendance à croire que le monde était tout rose. Du coup, elle n'avait pas su faire la différence entre un quelqu'un d'amoureux et quelqu'un d'intéressé.
- T'as raison, quand ça marche pas, vaut mieux partir avant de s'enfoncer dans un truc qui est mauvais pour tout le monde, surtout pour soi !
Cassie était sidérée, après des années sans s'être vues et des parcours très différents, elles se comprenait aussi bien que si elle ne s'étaient jamais quittées. "L'important c'est que tu te sentes bien ici. Et puis les gens sont vraiment sympa..."
Elle l'avait remarqué bien assez vite, à Ottawa on pouvait aller chercher son pain 3 fois par semaines pendant des années à la même boulangerie sans obtenir de la caissière d'autres mots que bonjour et merci. Alors que la boulangère de TS, elle, tenait toujours à être mise au courant de l'état de santé de la jeune femme, celui de son chien et même de ses tulipes. Tout le monde semblait connaître tout le monde et s'intéresser réellement à eux. On se sentait tellement plus entouré qu'en ville. D'ailleurs Eileen avait esquissé un petit sourire en coin que Cassie aurait reconnu entre mille expressions différentes. "Je connais ce sourire... Tu as rencontré quelqu'un de spécial, et ne me dit pas non parce que je ne te croirais pas !" Elle fit un grand sourire à son tour, son amie avait l'air heureuse sous sa fatigue, et le fait qu'elle soit heureuse la rendait heureuse, et curieuse, elle mourrait d'envie de savoir qui qui était la cause de ce sourire en coin. "Bah alors, racontes ! Tout, et tant pis si c'est long !"
De son côté, Cassie rêvait de rencontrer à nouveau quelqu'un, elle se sentait vraiment seule parfois et elle gardait depuis très longtemps un pot de cornichon plein au fond de son frigo parce qu'elle n'était jamais arrivée à l'ouvrir.

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- Elle s'appelle Willow.
Cassie ne parvint pas à cacher l'éclair de surprise qui passa sur son visage. Mais il fut vite maitrisé et son sourire revint. Eileen lui avait confié avoir eu une histoire avec une femme par le passé, elle en avait été étonnée d'abord; elle n'avait rien du tout remarqué et elle craignait que leur en amitié en souffre. Mais elle avait vite compris que c'était avec une femme qu'Eileen semblait se sentir le mieux. Et de toute façon, Cassie ne souhaitait que le bonheur de son amie par n'importe quel moyen et jamais, au grand jamais elle ne serait permise de critiquer l'un de ses choix.
D'un nouveau sourire elle l'encouragea à continuer. Au fil de son récit, les yeux d'Eileen s'illuminaient, une sorte de sourire béat fendait son visage et ses joues rosissaient. Cassie la contempla, amusée, elle avait l'air totalement amoureuse de cette fille. A ce moment elle aurait pu la serrer dans ses bras pour lui dire à quel point elle était contente pour elle. Après avoir appris qu son amie fraichement retrouvée avait eu des problèmes récemment mais avait tout de même réussi à s'intégrer ici et même à rencontrer quelqu'un, ça la rendait heureuse et en même temps lui redonnait espoir. Comme quoi il est toujours possible de reconstruire sa vie ailleurs.
Mais comme d'habitude, Cassiopée avait tendance à s'enthousiasmer trop vite. On parlait là d'Eileen et c'est triste à dire mais il devait forcément y avoir un couac. "Enfin voilà, c'est pas une relation très facile à vivre parce qu'on a tous un peu nos démons, elle vient de perdre sa mère, et elle s'assume pas trop, elle a un petit ami depuis 4 ans.... Eileen quoi ! Qui cherche toujours plus compliqué qu'il n'existe !!" Hein ? Un petit ami ? Depuis quatre ans ? La jeune femme était dans le flou total, elle fronça les sourcils. "Oulaaaah mais tu fait vraiment exprès c'est pas possible !" Eileen avait vraiment le don pour se mettre dans des situations pas possible, c'était le genre de fille que Cupidon vise et touche avec quelques arrière-pensées sadiques derrière la tête. Mais comme elle l'avait toujours fait, Cassie tenta tout de même d'être positive. "Ecoutes, si ça marche bien entre vous deux elle finira bien par s'assumer, elle sera plus à l'aise."
- Et toi alors, tu compte te trouver un chéri ici ? Pas le genre à te trop bosser ou à te tromper quoi.. !
Le sourire encourageant que Cassie portait un peu plus tôt s'évanouit immédiatement pour laisser place à une expression mélangée entre la déception, la tristesse et un peu de honte. Eileen la connaissait assez pour reconstituer l'histoire avec un minimum d'indices. Elle la connaissait assez pour savoir que seul le fait de se faire tromper la rendrait assez honteuse pour aller se terrer au fin fond de l'Alaska et laisser sa famille et tout ses amis sans aucune nouvelles. Elle peinait à relever ses yeux pour affronter le regard de son amie et n'osait rien dire non plus de peur que sa voix tremble. Mais le besoin de se confier était plus fort que la peur et la honte, elle se lança d'une voix mal assurée.
- C'est de ma faute. Je travaillais jour et nuit pour mon boulot, pour l'organisation du mariage, et puis il y avait les galas, les soirées,... On avait aucune vie privée, un couple peut pas vivre comme ça ! J'étais aveuglée par tout ce que j'avais à faire, j'aurais du le voir plus tôt que ça n'allait pas. Au fond je crois que je le comprend...
Sa voix était trop nouée pour lui permettre de continuer. Elle repensa à ce mariage, aux nuits blanches passées devant les plans de tables. Ce mariage aurait ressemblé à sa vie d'avant, réglé comme du papier à musique, d'apparence parfaite et sans faille mais sans aucune pause pour pouvoir respirer.

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Cassie avait la voix totalement nouée, pour la première fois elle parlait à quelqu'un du fiasco qu'avait été sa relation et c'était plus pénible qu libérateur pour l'instant. Mais Eileen la soutenait et le lui montra bien en serrant sa main, elle lui donnait du courage. Ca faisait tellement de bien d'avoir de nouveau une amie qui est toujours de son côté et sait trouver les mots qui réconfortent. "Moi je pense tout simplement que c'était pas le bon. Parce que si ça avait été le cas, tu aurais réagi différemment face à lui, et il aurait agi différemment face à toi. C'est aussi simple que ça ! Et maintenant que tu as changé de mode de vie, tu vas te trouver un joli et gentil chéri qui prendra soin de toi ! Et qui te méritera surtout !" Pas le bon difficile à entendre dire d'une personne avec qui on a partagé maison, voiture et jardin, mais avec du recul elle se rendait bien compte que ce n'était pas le genre de type dont elle avait rêvé. Et il y a avait eu bien des signes qui lui auraient fait comprendre que c'était voué à l'échec si elle n'avait pas été trop occupé pour les voir. Mais comme disait son amie, il fallait positiver. Elle lui sourit. Comment faisait donc cette fille pour lui remonter le moral aussi bien qu'un gros pot de glace ? "Il est joueur de hockey, tu sais quel effet ils font au canadiennes !" Là d'où elles venaient toutes les deux, le hockey est autant un symbole que l'élan et le sirop d'érable et les joueurs sont de véritables héros. Autant dire que lorsque Cassie avait rencontré son futur compagnon, elle s'est volontairement jetée dans ses filets. "Mais tu as raison, il me faut que je me trouve quelqu'un, j'ai bien peur de ne pas savoir vivre seule." La jeune femme vivait ses premières années en solo et n'était pas du tout du genre manuelle, changer une ampoule, tondre le gazon ou tailler les haies était son vrai cauchemar. Encore dernièrement elle avait tenté de monter une étagère Ikea, sans grand succès. Mais le pire était sûrement la solitude, sa maison était bien trop grande pour elle seule et son chien. "D'ailleurs si tu croise la route d'un beau gosse, je t'autorise à distribuer mon numéro !", fit-elle avec en riant. Bien sûr retrouver l'amour elle en rêvait mais elle était devenue tellement méfiante qu'elle doutait pouvoir faire confiance à quelqu'un à nouveau. Mais Eileen semblait convaincue qu'elle trouverait quelqu'un de bien, alors pourquoi pas ? Elle changea de sujet de peur de se mettre à rougir :
- Et alors, ton boulot, tu écrit toujours ?

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- Et puis tu sais, je n'ai vraiment aucun souci à me faire pour toi. Regarde moi ta belle gueule. Je donne pas 10 jours avant qu'un beau mec se présente à toi. Bon, je dis pas que ce sera forcément le bon, mais toute belle chose est bonne à prendre.
Des encouragements, c'était tout ce dont la jeune femme avait besoin ces derniers temps. Ses échecs lui avaient enlevé beaucoup de sa confiance en elle et elle était devenue une fille timide et gênée. En particulier devant les hommes, à coup sur si Eileen la voyait balbutier bêtement devant un type elle ne la reconnaitrait pas. Au moins avec son amie elle se sentait en pleine confiance et lui parlait comme elle l'avait toujours fait. "Tu as toujours ton chien ?" Eileen avait bien sentit que Cassie préférait changé de sujet assez rapidement. "Oui je l'ai toujours !  Il se plait tellement plus ici qu'à Ottawa, ici il peut courir comme il veut, profiter du jardin, la belle vie pour un chien quoi !" Elle avait adopté Inuk son husky, il y a 4 ans mais il se mourrait d'ennui dans son appartement en ville. A TS il retrouvait gentiment sa joie de vivre tout comme sa maîtresse. "Il doit d'ailleurs m'attendre à la maison, je rentre tout juste du boulot. Parlant boulot, tu écris toujours ?"  A l'époque ou elles étaient très proches, Eileen écrivait des romans policiers, et elle s'y connaissait très bien. Elle connaissait par coeur les étapes d'une arrestation y compris la lecture des droits, le profil psychologique complet d'un criminel et tout les type d'arme qu'on pouvait trouver aux Etats-Unis. Regarder Les Experts avec sa meilleure amie était donc devenue une activité qu'elle évitait par tout les moyens. Ce genre de série est bourré d'erreurs que le grand public n'est pas capable de déceler, mais pas Eileen qui relevait chaque détail. Il faut avouer qu'apprendre que le flic beau gosse avec une dégaine d'enfer faisait au fait absolument tout de travers, ça gâchait un peut le charme. "Oui ! toujours ! Même si je commence à avoir des fourmis dans les fesses ! J'ai envie de bouger. J'en ai marre de rester toute seule assise chez moi dans mon canap à écrire. J'ai envie de vivre des trucs un peu palpitants... enfin... et toi alors, tu vas faire quoi ici ?" Comme elle la comprenait !  Vivre presque à la campagne c'était clairement reposant, mais si on ne se trouvait pas d'occupation on devenait vite fou. "Eh bien étant donné que j'ai passé la frontière avec une bonne partie des économies de mon ex, rien de vraiment illégal je te rassure, je pensait m'installer ici et me la couler douce, mais j'ai vite vu que je n'arriverait pas à rester tranquille bien longtemps. Alors j'ai repris un boulot dans le journalisme, au fond j'aimais bien ça. Je suis la directrice artistique tu petit journal que tu vois là.", dit-elle pointant du doigt un journal sur un table voisine. "Et la deuxième page a été largement gâchée par mon nouveau stagiaire..." Habituellement, il aurait fallu à Cassie d'y penser pour qu'elle enfonce les ongles dans la tables et insulte intérieurement ce pauvre empoté de stagiaire. Mais sa vieille amie avait un effet calmant sur elle, elle se sentait plus sereine.
- Ca fait un bien fou de te voir, je me réjoui d'avance de tout ce qu'on va pouvoir faire ensemble, comme avant. Et cette fois promis j'aurais plus de temps !, elle lui sourit. "Tu m'as parlé de vivre des choses plus palpitantes à l'avenir, tu as des idées, des projets ?"

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