Il faisait nuit. Pas un chat dehors. Pas un chat, mais un Micah. L'adolescent s'était éclipsé de la maison des Summers par la fenêtre de sa chambre. Il avait traversé les rues de la vieille ville pour se rendre devant une maison qu'il connaissait maintenant parfaitement.

Soyons clair. Il n'était pas dans ses habitudes de rendre des visites nocturnes à Sebastian. Micah squattait éventuellement le Morning Coffee où le rejoignait chez lui en soirée. Le voir débouler à minuit était une nouveauté à titre exceptionnelle. Mais aujourd'hui était un jour exceptionnel. Il avait décidé de marquer le coup et s'il fallait braver quelques interdits au passage, qu'à cela ne tienne !

Devant l'habitation Petterson, le jeune homme s'étira un instant avant de s'avancer dans l'allée. Un brouillard rose bonbon orné de petits cœurs embrumait son cerveau. Il répondrait de ses actes... plus tard. En attendant il empoigna quelques petits cailloux et les lança à sa fenêtre. La seule fenêtre munie d'un balcon. Et finalement Micah ne devait pas connaître si bien que ça sa maison, parce qu'il n'avait aucune idée de la pièce à laquelle était reliée ce balcon.

Quatre jets de cailloux plus tard, la lumière s'alluma, enfin. Les yeux de Micah s'illuminèrent alors qu'il entendait la claquement de la fenêtre. Sebastian apparut, la mine revêche et fatiguée. L'adolescent lui adressa un sourire espiègle, silencieux de toute explication, juste pour prendre le temps de l'admirer, de détailler le galbe de ses épaules dénudées malgré le froid de l'hiver, la naissance de son cou, la ligne harmonieuse de sa mâchoire jusqu'à la courbe de ses lèvres, si réticentes à lui être agréable lors de leur première rencontre. Micah les avaient conquises et n'avait de cesse de les faire siennes depuis. Un baiser était si intime, parfois plus que l'acte lui-même. Et il se pouvait que ce fut la raison pour laquelle il adorait par dessus tout embrasser Sebastian.

« Tu me manquais ! » s'écria t-il en dénouant ses mains de son dos. Micah écarta largement les bras et agita une rose au bout de ses doigts. « Et aujourd'hui est un jour spécial ! Je m'étonne que tu ne l'ai pas remarqué toi l'homme des clichés ! »

Ses yeux brillaient de convoitise et d'affection contenue. « Oh ! » s'exclama t-il en tirant un bout de papier de sa poche. Sam avait voulu contribuer à ce moment, voyant que Micah ne savait pas comment formuler sa déclaration, elle avait mit la main à la pâte. L'adolescent déplia le petit papier avec précaution, avant de lever le nez vers Sebastian. « Ça fait un mois aujourd'hui que j'ai cassé ta boite aux lettres ! Je voulais te chanter quelques chose mais... je voulais pas te faire souffrir. Alooooors... » Micah tira ses lunettes de sa poche, se reconcentra sur son papier et récita : « Sebastian, mon amour pour toi est très grand. Très très grand. Plus haut que la plus haute montagne de tout le... » Micah plissa les yeux devant l'écriture de sa sœur. « de tout le – euh.... oh et puis merde. »

Il froissa le papier, cala sa rose entre ses dent et agrippa la plante qui grimpait le long du mur. Un peu d'escalade plus tard, le jeune homme enjambait le balcon, manquait de glisser et s'étalait sans aucune grâce sur Sebastian. « Oups ! » Un rire cristallin lui échappa, avachi dans ses bras. Micah lui tendit sa rose et enroula ses bras autour de son cou. « Je voulais être ton Roméo. » gloussa t-il en embrassant ses lèvres avec gourmandise. « Je sais que tu veux qu'on reste caché, et je suis super bien dans le placard avec toi. J'suis sûr que si on y reste encore longtemps on va se retrouver à Narnia ! »

Nouveau rire. Micah cala ses fesses sur la rambarde du balcon et encercla la taille de Sebastian de ses jambes, l'entrainant tout contre lui. « Ya personne pour nous voir à cette heure-ci. » souffla t-il tout bas, comme un secret. Il ouvrit son manteau pour le sentir un peu plus près de son corps. « Sam est nulle pour écrire des déclarations, va falloir que je me débrouille alors... je pourrais te dire que – mon cœur bat très fort et que j'ai envie de rire quand tu poses tes mains sur ma taille, gentiment, juste comme là maintenant. J'ai envie de rire parce que ça me chatouille toujours un peu, et que je suis heureux dans ces moments là, avec toi. Et j'suis heureux, parce que t'as l'air heureux aussi. Et je suis heureux d'être la raison qui fait que t'es heureux. » Les yeux bruns le fixaient avec adoration et il ne put se retenir de caresser la joue de Sebastian du dos de la main. « Tu es si beau, si parfait… Et c'est dingue, parce que je sais même pas à quel moment t'es devenu si important. » Micah fit une moue mi boudeuse, mi pensive. Quelle importance ça avait de toute manière ? Il le tira brusquement par le col, pour lui voler un baiser encore, grognant de satisfaction dans sa bouche alors qu'il perdait toute retenue. « Tout ça pour dire que t'as vraiment vraimeeeeent intérêt de m'offrir d'autres mois comme celui-ci Sebastian Petterson. »