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 omg, you again ? → andreeew

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MessageSujet: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyDim 3 Fév - 0:31


L’amour, chez les Delorme, est une histoire de famille et de tradition. Il y a des familles comme ça, après tout, pourquoi pas la mienne ? Maman m’a élevée dans cette espèce de dégout invétéré du sexe, cette chose affreusement ennuyeuse et dégradante que l’homme impose à sa femme un peu trop souvent. Le sexe, c’est pour faire des enfants, s’amusait-elle à répéter à raison de deux, ou trois fois par jours, histoire qu’on imprime bien. Comme la tradition et le machisme de base vont très souvent de paires, les mâles de la fratrie n’avaient, eux, pas droit au même discours. Papa faisait les leçons de morale sur ô combien il faut se protéger et se retenir tant que possible, mais contrebalançait tout ça, philosophe, en confiant à ses fistons que les hommes avaient des besoins vitaux que Maman ne pouvaient pas les empêcher d’assouvir et qu’il fallait qu’ils fassent ce qu’ils avaient à faire sans s’en vanter mais en profitant de la vie. Papa, bon rustre à la moustache blanche et aux idées extrême-droite, se serait pendu si un de ses fils avait viré gay, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle le sujet n’a jamais été abordé à la maison. Aujourd’hui, avec le recul est les quelques dix mille kilomètres qui nous séparent du domaine familial, je dirai que cette éducation conservatrice et merdique n’a eu le mérite que de me rendre coincé et de déclencher chez Arthur des virées gay dont il ne parle que peu mais qu’il ne faut pas être aveugle pour manquer. Un regard par-là, une allusion de temps à autre, à dire vrai, l’idée ne me choque même pas ; je crois que je suis sortie bien plus tolérante du ventre de ma mère qu’elle de la sienne. Peu importe, toutes ces déblatérations ne mènent cependant qu’à une tragique conclusion. Compréhensive, agile, sûre de moi, intelligente et pas trop niaise, je n’en suis pas moins absolument, divinement, infiniment coincée, et les pensées qui se bousculent à dix mille à l’heure dans ma tête en disent long sur le sujet.

Qu’on s’accorde bien, je ne suis pas une vierge effarouchée. Effarouchée, peut être, mais j’ai connu des histoires et des hommes, en France, ne me contentant pas de rester au stade de petite fille timide et coincée. Une ou deux relations sérieuses de quelques mois, des bisous sur le backseat d’une voiture miteuse, les entrées discrètes dans ma chambre à coucher, la folie. Mais malgré moi et ce que je peux en dire, mon côté petite fille sage a toujours pris le dessus, m’empêchant de voir parfois dans le plaisir d'une seule nuit une occasion que j'aurais pu saisir. Ma mère a bien réussi son boulot finalement, en grande prêtresse de Dieu contre tous les Satans, elle a réussi à insérer dans nos esprits fragiles une forme avancée de contrôle qui ne plairait sans doute pas du tout à ma thérapeute si j'osais lui en toucher trois mots. Fais pas ci, fais pas ça, malgré l'océan entier qui me sépare de son tyrannisme, j'ai l'impression d'entendre encore sa voix comme une horrible chanson qui vous reste des heures dans la tête et vous traumatise pour tout aussi longtemps. Maman va mourir, et qu'on me pardonne ces pensées châtiées qui me traversent, mais je ne peux pas supporter de savoir qu'elle a sans doute pourri une période bien plus importante de ma vie que je ne voudrais y croire.

Tout ça pour en revenir à ce bar dans lequel je me trouve ce soir et qui me ramène des flashs étranges de quelques soirées récentes qui ont terminé dans définitivement trop d'alcool et aussi bien loin du domicile de mon grand-frère. Arthur n'a pas attendu que je me dévergonde pour passer du bon temps, lui, et il ne semble torturé pour rien, absolument rien au monde. Mais enfin, avant que je ne parvienne au même résultat, le chemin est long. Pourtant, je suis installée au bar de cet endroit charmant - ew - où je suis déjà venue me corrompre plusieurs fois ces dernières semaines - par plusieurs fois, comprenez deux royales fois. Bref, je garde des souvenirs assez bons - impérissables - de ces soirées - déni de mon cerveau - et c'est sans doute ce qui me pousse à revenir ce soir, bien que je prétende le contraire. Toujours est-il que je suis là, il est plus de 22 heures, et je sirote un martini en attendant qu'il me monte suffisamment à la tête pour pouvoir affronter la gente masculine et ses obsessions divers. Pour l'instant, personne n'est venu à la charge et c'est tant mieux, étant donné que je n'accepte que très rarement d'adresser la parole à qui que ce soit avant d'avoir atteint un taux d'alcoolémie potable. Je pianote sur le bar et inspire, en terminant mon martini avant d'en recommander un autre - mon dieu, si ma mère me voyait. Il faut que j'arrête de penser à ça. Je soupire et me mords la lèvre, sursaute, interrompue dans mon fil de pensées, quand quelqu'un s'installe de manière tout à fait détachée à la place libre à côté de la mienne. Je tourne discrètement la tête, mais la personne en question - un homme - semble parfaitement désintéressé, ce qui est tout à fait et incroyablement arrangeant. Je tourne les yeux légèrement moins discrètement et plisse le front, penchant la tête sur la gauche pour dévisager mon nouveau voisin - heureusement qu'il ne regarde pas par ici. C'est assez bizarre, d'ailleurs, cet air un peu familier... De nouveau, je sursaute alors que le barman claque mon verre devant moi, tandis que des flashs me reviennent subitement. Je manque de m'étrangler, situation d'urgence oblige, et m'apprête à fuir lâchement en attrapant verre, sac et affaires avec moi au passage, mais c'est sans compter sur le karma - mauvais - qui pousse mon voisin, et donc ancienne "conquête", si tant est que l'on puisse appeler ça comme ça, à se tourner vers moi. Prise en flagrant délit de commencement de fuite, je ne peux qu’arborer un sourire tout à fait crispé et pas du tout naturel en me rasseyant correctement, tirant sur ma robe pour déposer mes mains sur mon verre. « Hm, oh, bonsoir ! », je lance, sur un ton qui sonne nettement moins détaché que je ne l'aurais espéré.
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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyMer 6 Fév - 3:01

Stop making the eyes at me,
I'll stop making the eyes at you

Le samedi soir s'inscrit dans la longue continuité d'une légende rituelle dans l'histoire de l'humanité, une tradition qui se transmet de génération en génération, n'importe où, dès que possible — c'est le samedi soir qu'on célèbre la Terre entière. Ça se solde souvent sous la couette d'un autre les beaux jours, au-dessus d'une cuvette pour les moins bons. Toujours est-il que c'est une règle de vie, une norme tatouée dans les veines, et qu'il était hors de question pour Andrew Seamore d'y couper sous quelque prétexte que ce soit. Premièrement, parce que le samedi était une des seules journées que son emploi du temps daignait lui accorder, et qu'il savourait chaque minute libre comme un prisonnier savoure son dernier repas. Le samedi était la journée de luxe, c'était, dans une métaphore aussi peu charismatique qu'élégante que personne ne veut creuser davantage, sa station service personnelle, son bonus de fin de niveau, son menu pause, et il suffisait de le brandir en étendard comme on accroche un bout de carotte au bout d'un bâton pour lui insuffler un courage de paresseux en devenir. Le fait est qu'il était désormais au bout de son Exode, comme on tomberait sur un gigantesque lac d'eau potable après une traversée du désert, et il ne savourait rien davantage que les quelques heures qui entrecoupaient les horaires barbares auxquelles il était condamné. Il y avait deux façons de passer un samedi soir. Il y avait la délectation de la plus gracieuse atonie, en pyjama à 19h, des occupations de fille à marier avec le sex-appeal d'une femme au foyer, le seul plaisir de se dire qu'on ne bougerait plus de la soirée, qu'on pouvait mourir et renaître à son aise sans que ça n'incombe le moindre petit effort. C'était le samedi soir des gens qui travaillent trop. Et puis, il y avait les autres. Ceux où il marchait encore dans les rues passé 21h, les mains dans les poches et la cigarette aux lèvres, ceux où il passait encore les portes des bars à l'heure où il devait habituellement se coucher. Ceux où il s'installe nonchalamment sur un tabouret au bar à cinq cent mètres de chez lui, où, croisant les jambes, il commande une vodka d'un ton détaché, où il lorgne à la recherche ce qui serait son éventuelle fin de soirée, que ce soit des cocktails ou des femmes, de la liqueur ou des hommes. Ce sont les samedis soirs qu'il pratiquait le plus.
Après il y a éventuellement ceux où la jeune fille à côté essaie de s'enfuir.
Et manque de se vautrer.
Et a un méchant air familier.
Il y a des fois où les samedis soirs passés aiment à faire des caméos.
    — Hm, oh, bonsoir !
Il cligne des yeux, les sourcils haussés, véritablement surpris face à une énergumène qu'il n'aurait jamais cru revoir, Capucine, véritable phénomène. Elle a le sourire tendu des vainqueurs ratés, des tocs de menteurs imparfaits, elle a la fuite d'un James Bond après un crash en deltaplane, la discrétion d'un chat obèse, et il la regarde stupéfait de cet admirable manque de qualification pour ne pas se faire remarquer. Il ne l'avait même pas remarquée et pourtant elle s'était dévoilée à lui lorsque son but était d'à tout prix l'empêcher de détourner les yeux, et il avait lâché un rire surpris à la regarder là, plantée dans une élégance maladroitement fabriquée, articiellement rattrapée, tandis qu'elle tirait dans sa robe comme on mettrait un sens interdit vers un sentier impraticable. Il lui sourit, les sourcils haussés d'un air désintéressé, et le rictus tout entier souligne la moquerie silencieuse qu'elle lui inspirait. Elle est embarrassée et il le sait, immédiatement, ça se lit dans ses yeux comme ça se lit sur ses lèvres, comme ça se hurle sur ses gestes, instantanément il le lit dans ses pensées. Pas toi, pas ici. Le fait est qu'il était souvent celui qui n'était pas là où il devrait. Le fait est que lui, ça l'amusait, qu'au fond même s'il s'en doutait il voulait savoir de quoi Capucine fuyait.
    — T'aurais-je fait peur, Capucine ? Tu me vexes, je pensais que pour une fois mettre une chemise ne me donnait pas l'air d'un senior référencé délinquant sexuel. Il s'appuie sur le comptoir, la vodka entre les lèvres, et se penche doucement vers elle, les yeux fixés dans les siens comme s'il se voulait Gorgone. Ou est-ce que c'est simplement moi qui t'inspire autant d'embarras ? C'est presque adorable, si je faisais comme toi je n'aurai plus qu'à m'enfermer au même endroit et ne plus jamais sortir pour— en fait non attends, mauvais exemple, c'est déjà ce que je fais pour travailler.
Il explose finalement de rire, quittant une stature qui n'était pas la sienne, et croise les jambes, un sourire plus franc sur les lèvres tandis que du bout des doigts il joue avec le parapluie en papier planté dans son verre. Il se faisait acteur lorsque les circonstances lui imposaient ou lorsqu'elles s'imposaient d'elles-mêmes, et voir Capucine dans un état pareil faisait d'elle un public parfait.
    — Non sérieusement, est-ce que tu as peur que quelqu'un lise dans ton esprit ? « Capucine, tu AS couché avec un anglais, traîtresse à ton pays, tu seras pendue sur la place publique ! » Tu sais si tout le monde faisait comme toi, plus personne ne voudrait de moi dans son lit et eux d'être dans le mien, et mes nuits seraient d'un ennui mortel. Pense-y, tu peux ruiner la vie affective d'un homme comme ça, et Dieu sait ce qu'il nous reste. Barman, un Bloody Mary et un Martini s'il vous plaît. Il lui sourit avec désinvolture, l'air de se soucier davantage du contenu de son verre que de la quelconque influence qu'il pouvait avoir sur elle. Si tu as peur que je te dévergonde, essaie simplement de mettre les deux pieds par terre avant de commencer à courir.


Dernière édition par Andrew E. Seamore le Mer 8 Mai - 11:09, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyMer 13 Fév - 16:19

Mais bien entendu, vue ma royale discrétion, je suis repérée avec sans doute même plus de facilité que si j’étais restée vissée sur ma chaise à boire mon verre en tournant la tête sans demander mon reste. Il ne manquait bien évidemment que ça à la collection des moments catastrophiques de ma vie, celui là approchant sans aucun doute le top 1, alors même que j’ai quand même connu une vive humiliation quand j’ai récité la mauvaise poésie à la maitresse en CM2. Bref, awkward quoi, et en grand cette fois-ci. Je me rassois, rattraper le fiasco avant qu’il n’ait trop l’air d’en être un. Il n’attend, pour sa part, pas que j’ai repris mes aises pour s’exprimer joyeusement – ou pas. « T'aurais-je fait peur, Capucine ? Tu me vexes, je pensais que pour une fois mettre une chemise ne me donnait pas l'air d'un senior référencé délinquant sexuel » Il s’appuie sur le comptoir et se penche étrangement vers moi, ce qui me contraint à reculer légèrement. Je tousse et secoue la tête, non un sénior délinquant sexuel n’est pas exactement le thème qui me viendrait à l’esprit pour le décrire à priori. Un chasseur de femmes, sans doute, un tombeur sûr de lui par-dessus tout, mais la délinquance, ça non. D’ailleurs quand j’y repense… Non, en fait, n’y repensons pas, je sens déjà mes joues rougir. Je secoue la tête et me dandine un peu histoire de meubler le silence qu’il installe volontairement, et pianote sur le bois du bar du bout des ongles, lalala. « Ou est-ce que c'est simplement moi qui t'inspire autant d'embarras ? C'est presque adorable, si je faisais comme toi je n'aurai plus qu'à m'enfermer au même endroit et ne plus jamais sortir pour— en fait non attends, mauvais exemple, c'est déjà ce que je fais pour travailler » Je ne suis pas exactement sûr de suivre. Il ne me fait pas peur, ça non, et je m’empresse d’esquisser la réplique cinglante que je vais lui sortir, puis me ravise finalement, mauvaise idée je crois. Sa référence au fait qu’il serait forcément contraint de fuir le bar – voire le monde, qui sait – me fait sourire entre deux phases de perte d’esprit. « Non sérieusement, est-ce que tu as peur que quelqu'un lise dans ton esprit ? « Capucine, tu AS couché avec un anglais, traîtresse à ton pays, tu seras pendue sur la place publique ! » Tu sais si tout le monde faisait comme toi, plus personne ne voudrait de moi dans son lit et eux d'être dans le mien, et mes nuits seraient d'un ennui mortel. Pense-y, tu peux ruiner la vie affective d'un homme comme ça, et Dieu sait ce qu'il nous reste. Barman, un Bloody Mary et un Martini s'il vous plaît. » Je tique un peu je l’avoue, je ne suis pas absolument convaincue que Dieu soit au courant qu’il ne reste aux pauvres hommes que la vie sexuelle pour passer le temps et sortir de leur vie quotidienne, mais soit, si la chose lui fait plaisir, alors laissons le l’affirmer. La vérité c’est que je n’ai pas particulièrement peur de lui, ni même du fait d’avoir couché avec lui – ew – j’ai juste peu l’habitude de ce genre de pratiques alcoolisées. La gentille petite fille que j’ai toujours été était plutôt du genre jupe longue et cheveux tirés qu’arrogance et extravagance, ce qui a sans doute joué dans mon comportement actuel face à certaines habitudes que développent les gens normaux en manque d’amour – gosh, où se trouve donc le prince charmant si dûment promis dans tous les contes Disney ? Qu’ils aillent tous au Diable ceux-là.

« Si tu as peur que je te dévergonde, essaie simplement de mettre les deux pieds par terre avant de commencer à courir » J’écarquille les yeux et rigole un peu, secouant vivement la tête. « Peur que tu me dévergondes ? » Je ris comme si la possibilité était ridicule et hausse une épaule. « Je n’ai pas peur que tu me dévergondes, ça, aucun risque. Ca n’est pas parce que je passe une nuit dans le lit d’un homme que je vais devenir une jeune femme dévergondée ». Quel mot affreux, en plus, mon Dieu. « C’est l’adaptation au paysage américain qui dérègle mes principes, et le fait que tu sois anglais n’est pas pour me déplaire, bien au contraire ». Je glisse une main dans les cheveux, me mords la lèvre et attrape rapidement le verre que le serveur, salvateur, me rapporte. « Honnêtement, ça marche à chaque fois ? Tu t’assois à côté d’une fille éplorée, tu devines ce qu’elle a envie de boire, elle est tellement impressionnée qu’elle pense qu’elle avait envie d’un bloody mary à en crever alors qu’elle déteste ça depuis toujours, et paf, l’affaire est conclue ? » je demande, réellement curieuse derrière la question légèrement provocatrice. « Non parce que je suis réellement impressionnée ». Je parle beaucoup, sans doute le stress, ou les vagues de chaleur, ou l’alcool, je ne sais pas trop encore. J’avale une gorgée de mon verre et croise les jambes en m’enfonçant dans mon siège. « Tu as couché avec toutes les filles qui sont là ce soir ? » Je me doute bien que non, la question n’est posée que pour la forme et l’amour du meublage.
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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyMer 27 Fév - 1:14

Stop making the eyes at me,
I'll stop making the eyes at you


Un sourire tranquille s'installe sur ses lèvres tandis que, le geste presque inconscient, Andrew attrape le verre de Martini qu'on lui avait posé sous le nez. Il croise les jambes, les décroise et les recroise encore dans un souci de confort perfectionniste qui lui était propre, un genre de bougeotte bourgeoise, et il sourit, toujours, le regard droit devant lui, et il a ce coin de rictus sardonique perché sur les lèvres, automatique, systématique, une attitude réflexe dont il se targuait par défaut. Capucine a le regard partagé, oscillant ostensiblement entre une libération chronique et un vestige de bonne éducation, bien que l'un ne soit pas incompatible avec l'autre — mais il y avait le besoin de la différence marquée entre les deux, de la tension palpable entre deux points tantôt alignés, tantôt opposés. Tout était une question de point de vue. Elle a le rire facile et le geste large, elle a la parole vivante, c'est une qualité, il le remarque, il le reconnaît. Il échappe un rire tranquille et son regard balaie vertigineusement la salle avant de revenir vers elle, brutalement, comme un recalibrage net sur son visage, et il la fixe d'un air amusé, captivé par ses réactions, curieux de la voir agir, curieux de savoir comment elle pouvait bien penser, à quoi le cours de sa pensée pouvait bien ressembler. Quelque chose de fragmenté, un morcellement d'impossibilités, pour l'instant. C'était plutôt remarquable.
— Honnêtement, ça marche à chaque fois ? Tu t'assois à côté d'une fille éplorée, tu devines ce qu'elle a envie de boire, elle est tellement impressionnée qu'elle pense qu'elle avait envie d'un bloody mary à en crever alors qu'elle déteste ça depuis toujours, et paf, l'affaire est conclue ? Non parce que je suis vraiment impressionnée.
Il la fixe une dizaine de seconde, les sourcils haussés, l'air d'encore écouter le silence qu'elle avait laissé en se taisant, puis laisse échapper un rire en tendant de nouveau le bras vers son verre. Ça aurait pu être une excellente théorie, à vrai dire elle avait tout de tangible si ce n'était le fait que ce n'était pas sa stratégie, si ce n'était le fait qu'en réalité la stratégie en elle-même n'existait pas, et il avait admiré un aussi remarquable assemblage, assimilage d'éléments. Reposant le verre sur le comptoir, il fit pivoter son siège de manière à pouvoir la fixer proprement, le visage bien en face et, s'accoudant d'un geste indolent, il reporta son regard sur elle, la détaillant presque inconsciemment du regard, sans la dévisager, sans improprement dire la mater, simplement une situation réflexe, un examen de routine, à guetter ce qu'elle faisait, ferait, ce qu'elle s'apprêtait à faire, comme s'il ne savait se contenter de regarder, comme s'il y avait toujours cet autre chose à percevoir dans le déjà vu. C'était extrêmement gênant lorsque mal interprété. Il s'en tint à la regarder dans les yeux.
— A vrai dire, le Bloody Mary m'était destiné, ça a toujours été mon cocktail préféré, mais je suis ravi de t'aider à réaliser tes expériences gustatives et par la même occasion les miennes, je n'ai jamais été trop Martini. Maintenant, ce détail scénaristique mis à part... Est-ce que ça sous-entendait que j'ai une affaire à conclure ? Pas que j'essaie de retenter ma chance, à vrai dire j'envisage une discussion purement amicale — libre à toi de douter de ma sincérité mais j'affirme que je ne mens pas — mais s'agit-il d'une comparaison ou d'une simple projection ? Admettons que la conclusion soit tirée sur la première option, qui à mon avis est bien plus riche en discussion que l'autre, à ce moment là, à ce moment précis, Capucine... Il se tourne de nouveau, prenant une nouvelle gorgée de Martini, mais son regard reste fixé sur elle, lui aussi partagé entre la curiosité et l'amusement. Parlons de ton choix de mot, cela signifierait-il que tu es éplorée ?
Il marqua une pause volontaire, un vide brutal dans un milieu trop dense, et, quittant brutalement le sérieux sarcastique duquel il s'était emprunté le temps de quelques secondes comme si rien n'était arrivé, il lui lança un sourire plus doux, beaucoup plus tranquille, tellement moins perçant et, l'air perplexe un instant, il haussa brièvement des épaules.
— Oh, non, je sais qu'on me dit fille facile mais quand même, j'ai mes limites, il y a beaucoup trop de gens en âge et situation de baiser au mètre carré pour avoir tous fini dans mon lit. Il plissa les yeux, le regard tourné, vers la foule, et se retourna vers elle dans une moue peu convaincue. Et beaucoup trop de boudins, aussi.

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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyMer 8 Mai - 13:48

« A vrai dire, le Bloody Mary m'était destiné… » Il me perd au début de sa phrase, alors qu’il n’en prononce que les quelques premiers mots. Je le fixe, interloquée et me maudissant intérieurement pour mon manque de jugeote et ma naïveté. Je n’ai jamais été très douée pour jouer les filles fortes et indépendantes qui se dévergondent facilement, qui assume leur liberté sexuelle et leur pouvoir de séduction, et ce alors même que j’ai compris très tôt ce qui chez moi pourrait plaire aux hommes. D’ailleurs, Arthur ne s’y méprenait pas non plus à l’époque, de même que toute la ribambelle de frères et sœurs que ma mère avait eu la générosité de faire avant moi, et souvent les copains des copains des membres de la famille ne se gardaient pas de se répandre en compliments délicieux à mon encontre. Je secoue la tête en réalisant que je suis vraisemblablement en train de manquer le cœur d’une conversation hautement sérieuse qui donnera potentiellement lieu à réaction de ma part – à en croire son air profondément mystérieux et son assurance sans borne. Il faut que je me reconcentre sur ses paroles, maintenant, en oubliant l’erreur fatale du cocktail – que je garde quand même, d’ailleurs, je ne suis ni pauvre ni radine mais ma fierté mal placée m’enjoint de faire comme si la femme forte et indépendante, et pleine d’assurance aussi, en avait suffisamment pour avoir le culot de s’en foutre, ce qui est légèrement à l’encontre de mes bonnes manières de fille prude – non, je ne suis pas prude, pardonnez-moi. J’inspire et hoche la tête, absolument pas en mesure de savoir de quoi il vient de me parler, par ailleurs assez longuement et avec pas mal de sérieux. « … mais s'agit-il d'une comparaison ou d'une simple projection ? Admettons que la conclusion soit tirée sur la première option, qui à mon avis est bien plus riche en discussion que l'autre, à ce moment là, à ce moment précis, Capucine... Parlons de ton choix de mot, cela signifierait-il que tu es éplorée ? » What ? Je plisse le front et le fixe, essayant de comprendre ce qu’il vient de me dire. Si je suis éplorée ? Mon cerveau proteste et refuse le qualificatif, même si force est d’admettre qu’il me correspond assez bien finalement. « De quoi tu parles ? » C’est sorti tout seul. Je roule des yeux en mimant les interloquées, et fais face à mon verre donc j’avale une nouvelle gorgée, dans une lenteur délibérée et désespérante.

Mais la conversation change de tournure, fort heureusement pour moi, et nous en revenons à ses qualités de séducteurs que je ne dénie pas, d’ailleurs. « Oh, non, je sais qu'on me dit fille facile mais quand même, j'ai mes limites, il y a beaucoup trop de gens en âge et situation de baiser au mètre carré pour avoir tous fini dans mon lit. » Je ris un peu malgré moi et hausse une épaule en faisant tourner mon bassin pour observer la salle, posant les coudes sur le bar surélevé. « Et beaucoup trop de boudins, aussi ». Je secoue la tête et roule des yeux de nouveau, même si je dois bien lui donner raison sur ce coup-là. Ce n’est pas un homme pour rien cela dit. « Quel macho… » Je souris un peu, retrouvant un semblant de stabilité émotionnelle, quoi que toujours un peu interloquée par son accusation lancée un peu plus tôt concernant mon statut d’éplorée et toutes ces phrases que j’ai été infoutue d’écouter et qui pourtant, je suis sûre, ont une importance capitale dans notre échange de ce soir. Je joue avec mes cheveux et hausse une épaule finalement. « Les boudins aussi, ont le droit de s’envoyer en l’air de temps en temps ». Je soupire, me retourne pour aviser mon verre de nouveau. « La vie serait bien cruelle sinon ». Nouvelle gorgée de cocktail, je m’agite un peu sur mon tabouret en me demandant si c’est fortement alcoolisé ou non soudain. Non pas que j’ai prévu de rentrer sobre chez mon frère chéri, mais faisons face un instant aux dangers de l’alcool quand je suis assise face à un séducteur charmant et ma foi tout à fait honorable dans un lit. Du coup, je repousse un peu mon verre en décidant d’être raisonnable. « Et pour ta gouverne, je ne suis pas éplorée le moins du monde ». Je remets mes cheveux en place et, faisant abstraction de toute bonne résolution potentiellement prise trente secondes plus tôt, récupère mon verre pour noyer ma nervosité dedans. Oui, une gorgée, ça va déjà mieux, je le sens. « Je suis une femme forte qui profite de son statut de célibataire quand elle en a envie ». Hm.
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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptySam 11 Mai - 21:10

Stop making the eyes at me
I'll stop making the eyes at you

— Quel macho...
Elle avait dit ça dans un sourire qui accompagnait celui d'Andrew, taquiné qu'elle ait relevé ce détail qu'incombait le chromosome Y hérétique qui régnait sur son ADN, et, portant patiemment le verre de Martini à ses lèvres, il considéra du regard la salle comble qui se déhanchait dans un canon désorganisé devant eux. S'il n'avait pas relevé, il avait vu. Il avait vu Capucine et l'incertitude coup de vent dans ses yeux, Capucine et l'inconfort temporaire dans ses gestes. C'était plus fort que lui, et il ne pouvait pas blâmer d'une déformation professionnelle le regard indifféremment inquisiteur qu'il posait sur les gens, comme une passion désabusée et motivée par rien d'autre que l'ennui seulement encouragée par son métier. Il ne lui en tiendrait pas rigueur, il n'avait pas retenu de raison suffisante pour l'embêter. Il en restait là, il en resterait là ; en dépit de ce petit ton pressant que prenait le versant de sa conscience qui voulait savoir, qui cherchait à savoir. Il s'efforça de la faire taire d'une gorgée d'alcool.

— Et pour ta gouverne, je ne suis pas éplorée le moins du monde.
Oh, dans ce cas, puisqu'elle le relançait... Emboîtant la phrase d'un « Vraiment ? » du ton égal qui lui était propre, le regard d'Andrew s'attacha encore quelques instants sur la foule éparpillée avant de couler vers la jeune femme, légèrement plus calme, nettement plus perçant, et il articula de nouveau le même sourire détaché comme une mauvaise habitude. Il se défendait à penser qu'elle lui avait tout de même tendu une perche, et que dans les faits, oui, sa toute aussi mauvaise habitude de s'inquiéter du monde entier s'appliquait également aux coups d'un soir. Il n'arrivait pas vraiment à situer ça sur la raison qui l'avait poussé à devenir médecin ou sur le murmure de sa fierté qui était curieux de savoir pourquoi Diable elle était tombée dans son lit. Sa conscience était l'enfant bâtard de l'honneur et de la curiosité, et elle lui dictait là, tout de suite, maintenant, le comportement le plus Andrewesque qui soit, elle lui faisait le coup du « C'est la bonne volonté qui insiste », et se gargarisait de la marge d'erreur de chacune de ces manœuvres, et dont la réussite ne se mesurait pas au nombre de fois où les gens ont avoué, mais où leurs réflexes ont simplement parlé pour eux.
Et puis, franchement, Andrew aimait bien Capucine. C'était la moindre des choses de se pencher un peu sur la façon dont elle se portait.
— Je suis une femme forte qui profite de son statut de célibataire quand elle en a envie.
Son sourire fut piqué d'une nouvelle goguenardise. Capucine elle-même semblait douter de ses propres paroles, comme un acteur lâche une improvisation hasardeuse lorsqu'il oublie son texte, un genre de maquillage de dernière minute, et il ne peut retenir un rire devant les mimiques qu'elle met en œuvre dans cette direction ; la main dans les cheveux, l'air désintéressé, l'éternité à boire une seule goutte dans l'espoir de faire taire de la gêne qui fendait le silence. Lui-même boit et, hochant de la tête comme pour nier tout ce qu'elle venait de dire, il désigna du menton les personnes en train de danser comme s'ils n'avait même pas été là.
— On fait tâche, Capucine. On vient des deux seuls pays d'Europe où les manières font partie des clichés les plus tenaces, et regarde-nous, au milieu de ces américains mangeurs d'homme dans le sens le plus figuré qui soit, les deux seuls cloués au bar. Ici, tu ne profites de rien d'autre que de l'alcool si tu ne bouges pas, pas vrai ? Il haussa une épaule en s'accoudant au comptoir auquel il tournait le dos. Ça ne veut pas dire que je t'invite à danser. Je ne suis pas encore assez ivre pour m'exposer à pareille honte. En fait, je te mets au défi de trouver un anglais lambda qui sache danser. Enfin, je digresse...
Retenant difficilement un « encore », il reporta le même regard à la fois purement désinvolte et parfaitement scrutateur sur elle.
— Tu sais que les femmes fortes sont souvent très mauvaises au lit, sauf si elles sont folles, ou si ce ne sont pas vraiment des femmes fortes. Il parut réfléchir quelques instants. Et ta santé mentale n'est pas vraiment déplorable.
En général, Andrew amenait le sujet de la façon la plus délicate qu'il pouvait, c'est-à-dire en sautant à pied joint dans le plat et en se roulant copieusement dans ce qu'il contenait, tout en y joignant la certaine délicatesse hypocrite qui n'était rien d'autre que l'effet tampon du flegme de son ton, ce qui menait à une espèce de placide brutalité qui était à son sens le meilleur groupe nominal jamais inventé pour le décrire. Finissant son verre d'une traite, Andrew décroisa les jambes et fit pivoter son tabouret en soutenant un sourire presque innocent à la jeune femme, bien résolu à ne pas laisser cette rencontre au point de la personne que l'on croise par hasard, qu'on questionne pour la politesse, et qu'on oublie une fois reparti quelques secondes plus tard. Il attachait toujours bien trop d'affection aux détails pour ça.
— Alors, ce Bloody Mary ?
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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptySam 1 Juin - 14:24

Bon. Il se pourrait, par une malchance incroyable et un acharnement de tout potentiel Dieu existant là-haut dans le ciel sur ma personne que le mensonge pourtant clairement annoncé, avec tant d’assurance, sur le fait que j’assume ma situation de femme forte qui va très bien, ne prenne pas. Que le scepticisme d’Andrew soit plus fort que mon talent d’actrice, qui n’a pourtant jamais été remis en question auparavant – pas que je m’en souvienne en tout cas. J’ai toujours été sage, mais aussi toujours relativement douée pour dissimuler mes bêtises sous des mensonges légers, maquillés d’un sourire et d’un haussement d’épaules. Ma tant aimée mère n’a d’ailleurs jamais vraiment vu clair dans mon jeu, préférant de loin me délaisser au profit de ses aînés parfaits et perfectibles plutôt que de s’intéresser avec plus d’attention à ma vie de jeune femme sage. Je crois, et je pense que c’est pareil pour Arthur, qu’à un moment donné, j’aurais préféré qu’elle finisse par voir clair dans mon jeu et qu’elle m’en colle une pour me réprimander d’une de mes – rares – conneries, plutôt qu’elle ne se trouve aveugle toute sa vie. Mais elle a préféré me faire chier jusqu’au bout, et me porter un peu d’attention une fois tragiquement allongée sur son lit de mort. Je ne sais même pas comment elle va, il y a des semaines que je n’ai pas demandé la moindre nouvelle. Venir habiter ici est la meilleure chose qu’il m’est arrivée, même si les fruits mettent encore un peu de temps à se concrétiser. Plus médecin, plus étudiante, plus en couple, j’ai épuré l’intégralité de ma famille pour ne garder que le meilleur : Arthur.

« On fait tâche, Capucine. On vient des deux seuls pays d'Europe où les manières font partie des clichés les plus tenaces, et regarde-nous, au milieu de ces américains mangeurs d'homme dans le sens le plus figuré qui soit, les deux seuls cloués au bar. Ici, tu ne profites de rien d'autre que de l'alcool si tu ne bouges pas, pas vrai ? Ça ne veut pas dire que je t'invite à danser. Je ne suis pas encore assez ivre pour m'exposer à pareille honte. En fait, je te mets au défi de trouver un anglais lambda qui sache danser. Enfin, je digresse... » Je tourne la tête vers la piste de danse pour observer les couples et les autres en mouvement et hausse une épaule, m’accrochant au bar comme si on allait m’en arracher. Danser, oui, sans problème, mais j’ai intérêt à boire un peu plus moi aussi. Non pas que je sois une mauvaise danseuse d’ailleurs, pas du tout et bien au contraire, je peux au moins me vanter d’avoir assimilé les nombreuses heures de danse imposées par ma mère. Mais quand même. Je hausse une épaule et l’avise de nouveau, m’apprêtant à répliquer d’une quelconque normalité sans aucun intérêt mais le laissant finalement enchainer à loisir sur une conversation qui dérive décidemment vers l’étrange.

« Tu sais que les femmes fortes sont souvent très mauvaises au lit, sauf si elles sont folles, ou si ce ne sont pas vraiment des femmes fortes ». Il marque une pause au cours de laquelle j’enfonce mon regard dans le sien, penchant la tête pour tenter de comprendre où il essaye d’en venir. « Et ta santé mentale n'est pas vraiment déplorable. » Je plisse le front et m’interroge sur le sens et la portée de cette dernière phrase. Il me semble assez évident bien que très surprenant, et compte tenu de mon intelligence naturelle qui, j’aime à le penser, n’est pas vraiment en reste, que se dissimule sous cette observation lancée au hasard comme on parlerait de cookies ou de la météo un compliment de taille sur mes capacités sexuelles. Le temps que l’information se fraye un chemin jusqu’à mon cerveau et que je réalise qu’effectivement, je ne me trompe pas, je crois que je rougis légèrement, ce qui passerait sans doute inaperçu si je n’étais pas légèrement gênée aussi – et que je ne lui servais pas le lot intégral de la fille qui ne sait pas comment réagir à un compliment de la sorte, gesticulant sur sa chaise comme une malheureuse. Je ne suis pas vierge pourtant et je n’étais pas non plus abonnée à la messe ou promise au couvent, j’ai toujours attiré les hommes, je crois, et ça m’a toujours semblé flatteur. Mais je crois découvrir un monde relativement différent, maintenant, et il me laisse étonnamment sceptique et peu sûre de moi finalement, ce qui n’a pas réellement lieu d’être. « Alors, ce bloody mary ? » Bien entendu, nous allons tout à fait revenir à un sujet des plus banaux pour oublier très vite le reste. Capucine, tais toi, sirote tranquillement le cocktail. Oui, aller. « Personne ne t’a jamais dit que tu parlais beaucoup ? Non, parce qu’en tant que représentante de la gente féminine, je tenais à le souligner, c’est rare de trouver quelqu’un qui jongle avec autant d’aise entre de multiples sujets de conversation ». Merde. Je termine mon cocktail en m’armant d’un sourire, sentant la petite flemme de l’adrénaline qui se pointe. « Il est très bon… Enfin était ». Certes. J’inspire et pianote un instant sur le bar pour essayer d’attirer l’œil du barman histoire qu’il m’en serve un autre rapidement, mais en vain, je crois. « Est-ce que ta digression sur ma santé mentale avait pour objectif final de me servir un compliment déguisé sur mes… » Ahem, je tousse un peu et inspire, me redressant sur ma chaise. « Performances au lit ? » Comment insister lourdement sur un sujet que l’on préfèrerait de loin esquiver ? Comme ça. « Tu m’en vois flattée, tu n’étais pas mal non plus ». Oh, mon Dieu. Où est mon propre bouton « stop » ? Je me dandine un peu, il fait chaud par ici, ou c’est moi ? Je ferme la bouche pour ne rien ajouter mais je crois que je tiens vraiment mal l’alcool, ou alors il fait vraiment trop chaud, ou je suis vraiment folle, toujours est-il que je poursuis d’un ton léger, presque guilleret. « Peut être qu’on devrait remettre ça ». Ou peut être pas, d’ailleurs, hein, qui sait au fond ? « Si on est meilleurs qu’en danse ». J’hoche la tête pour appuyer mes propos, mortifiée par ce qui vient de sortir de ma propre bouche, mais étonnamment réchauffée, aussi.

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MessageSujet: Re: omg, you again ? → andreeew   omg, you again ? → andreeew EmptyDim 9 Juin - 23:58

Stop making the eyes at me
I'll stop making the eyes at you

Le pourpre lui monte aux joues et la fierté redresse à peine son menton, Capucine, ou de la mortification délibérée, de la fuite à la petite semaine qu'Andrew adorait observer, dans une sorte de complexe semi-cruauté, la fascination amusée d'un simple hobby, et il suit des yeux la moindre courbure de sourcil, le plus simple mouvement de la nuque, et il voit les doigts qui pianotent et le regard qui vagabonde, et il adore la voir se plonger seule la tête sous l'eau, sans aide, sans rien demander à personne — elle s'enfonçait. Est-ce qu'il allait lui dire et la repêcher ? Hm — non. Il lâche un rire imperceptible lorsqu'elle chasse le naturel comme une mouche agaçante, penchée sur le fond d'un cocktail qui ne pourrait bientôt plus excuser son silence, et il est presque tenté de la taquiner, Andrew, de la chatouiller sur ces espèces de réflexes féminins tellement maniérés, il a envie de se recoiffer aussi ostensiblement qu'il puisse être possible, il a envie de se mordre les lèvres aussi perceptiblement que permis — mais il n'en fit rien, terminant simplement son Martini dans un curieux battement de cil. Il la laissa à son propre acharnement, à son antagonisme personnel, et lui simple spectateur du duel en mort subite contre elle-même, qui boit à la victoire de l'une, à la défaite de l'autre. C'était extrêmement plaisant à regarder.

Avec un peu plus de recul, son comportement était à la fois d'une fabuleuse lâcheté et d'un perceptible dédain, et, si rien dans ce qu'il faisait n'allait plus loin que la simple gentillesse de la taquinerie, le quiproquo était palpable tant sa façon d'être toute entière était exécrable, et il se sentait glisser lentement sur la balance du mauvais goût lorsqu'il se surpris à se reprendre lui-même pour s'être amusé d'elle. Il ne pensait pas à mal — simplement, ce réflexe d'observation avait tantôt fait de reprendre sa place d'instinct animal, et il était en même temps troublé par le fait que Capucine soit le sujet d'une de ces affections éphémères dans l'action et ironiquement des plus durables dans sa mémoire. Le verre vide claqua sur le comptoir et Andrew posait un regard plus doux sur sa camarade de beuverie — bien que le côté populaire du terme contraste énormément avec l'obligeance des bonnes manières qu'elle dessinait au moindre geste —, davantage penché sur cette observation première que dans la moquerie silencieuse qui ne lui ressemblait que les mauvais jours.
— Personne ne t'a jamais dit que tu parlais beaucoup ? Non, parce qu'en tant que représentante de la gente féminine, je tenais à le souligner, c'est rare de trouver quelqu'un qui jongle avec autant d'aise entre de multiples sujets de conversation
La remarque lui arrache un battement de cils surpris et un sourire plus sincère. Haussant une épaule dans un geste soulignant délibérément l'espèce de malheureuse vérité universelle qu'elle avait énoncée, il joua pensivement avec la coupe vide qu'il avait reposé. Elle avait marqué un point — il avait énormément de mal à se concentrer sur la linéarité d'une conversation, et ça sautait aux yeux.
— C'est, en fait, une des remarques qui me revient le plus souvent. Je dois admettre que c'est un foutoir incroyable là-dedans — il désigna sa tête de l'index — mais je fais des efforts, je le jure. Une conversation classique entre toi et moi donnerait certainement une migraine à quiconque y prêterait une oreille attentive.
La sensation de classe fort distinguée dont Andrew se sentait saisi était vaguement ébranlée par le cri alarmant de son portefeuille, et il dût se résigner à se séparer de son désir d'un autre faire et à faire passer son geste par une sobriété prudente qui n'était certainement pas dans ses habitudes. Il devait alors adopter un autre panel de geste — dans la déception de l'à-contre-cœur, toujours, parce qu'il avait l'air nettement moins cool lorsqu'il marquait des pauses que lorsqu'il pouvait entrecouper ses paroles par un peu d'alcool.
— Est-ce que ta digression sur ma santé mentale avait pour objectif final de me servir un compliment déguisé sur mes...
Minauderies gênées.
Performances au lit ?
Oh mon dieu.
Tu m'en vois flattée, tu n'étais pas mal non plus.
Il.
Peut être qu'on devrait remettre ça.
Ne devait pas.
Si on est meilleurs qu'en danse.
Rire.
Trop tard.
A vrai dire, cette fois-ci, il ne se moquait pas d'elle — bien que l'espèce de contradiction compulsive entre ce qu'elle voulait dire et ce qu'elle disait l'amusait bien —, mais il y avait dans la Capucine gênée aux airs de rien quelque chose qui lui plaisait, qui l'intéressait davantage que le devrait une conversation de bar, comme s'il explorait un terrain inconnu où il avait été parachuté sans s'en rendre compte. Elle avait l'air si distante, si prude, dans une chaste froideur gênée par sa propre pudeur, et pourtant ses mots chassaient toute la décence qu'elle imposait rigoureusement à ses gestes, à sa pensée — et la satisfaction de taper dans le mille avait suffit à lui forcer un sourire plus large.
L'aspect inattendu que prenaient les choses aussi.
— Peut-être - peut-être que c'est une perspective qui me branche. Peut-être qu'il y a de la Capucine que je connais le mieux en face de moi, peut-être que je rencontre de nouveau la Capucine que j'ai vue le plus, et qui prend si naturellement le dessus sur une pudibonderie qui ne marche plus. Peut-être que c'est quelque chose qui me plaît, peut-être que ça peut encore marcher. Et puisqu'on est dans les suppositions, dans la continuité de la conversation... Peut-être que c'est à son tour de m'apprendre deux ou trois trucs, sur elle, parce que c'est une fille foutrement plus bavarde, parce que c'est une nana tellement plus intéressante, tellement plus importante. Peut-être qu'elle a un peu plus confiance en moi.
Peut-être que ça ne me gêne pas.
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