► i hate you so much right now ◄

Vendredi, dix-huit heures.
Joséphine sortait enfin du lycée. La nuit était tombée depuis de longues minutes sur Town Square, mais elle s’en fichait un peu. Ce jour là, elle avait eu le droit à deux bonnes heures de colle, pour avoir mal répondu à sa professeure d’histoire-géographie. Cette pétasse n’avait rien trouvé de mieux à faire que de la garder prisonnière du lycée deux heures de plus. Déjà qu’elle n’aimait pas ça, alors en plus, si c’était pour être punie, c’était encore pire. Joe n’était pas une véritable rebelle ou une cancre de première catégorie. Non. Elle avait même de bons résultats ! Le problème était tel qu’elle se cherchait un peu. Sa mère avait une très mauvaise influence sur sa personne et depuis quelques années, Joe avait franchement du mal avec toute forme d’autorité. Sa mère était tellement à l’ouest qu’elle laissait faire à sa fille tout et n’importe quoi… mais lorsqu’il s’agissait de son père, ce n’était pas la même et elle savait pertinemment que si son paternel en venait à apprendre qu’elle avait chopé deux heures de colle, elle passerait un sale quart d’heure. De toute façon, c’est tout ce qu’il savait faire ces derniers temps, l’engueuler, l’engueuler, l’engueuler. Parce qu’elle rentrait tard, sentait l’alcool de retours de soirée. Parce qu’elle faisait le mur, parlait mal à Nicole, ne rangeait pas sa chambre. Un jour, il avait même été convoqué au lycée parce que sa fille s’était battue avec une de ses camarades. Cette connasse de Jessica avait bien mérité le poing qu’elle lui avait foutu dans la tronche et pour cause, cela faisait plusieurs années qu’elle se foutait ouvertement d’elle. Joséphine n’était pourtant pas une mauvaise enfant, elle avait même un très bon fond, mais depuis quelques temps, elle déraillait complètement.
Sa mère n’avait pas une tune et la seule personne qu’elle parvenait à véritablement respecter était sa grand-mère, qui vivait avec elles. La vérité était telle que Joséphine avait la nausée à chaque fois qu’elle foutait les pieds dans la belle et luxueuse maison de son père et Nicole. Il vivait une vie parfaite, avec sa femme parfaite et leurs gosses parfaits. Elle n’avait été qu’une erreur de jeunesse et sa naissance avait gâché à tout jamais la vie de sa génitrice. Son père l’avait toujours traité comme ses autres enfants, avec un amour inconditionnel, mais Joe ne pouvait s’empêcher de se sentir comme le vilain petit canard. Encore plus depuis que cette Kyle avait débarqué chez eux. Non, mais c’était qui cette fille ? Elle se pointait avec son joli minois et son air de chien battu et paf, tout le monde était à ses pieds. Kaylee ne cessait de lui rabattre les oreilles sur ô combien Kyle pouvait être géniale, etc…. Et Joe en avait franchement sa claque. Elle n’était pas jalouse, mais lorsqu’elle voyait le dialogue se faire naturellement entre son père et Kyle, elle avait toujours ce pincement au fond de son cœur. Parce qu’en réalité, la relation qu’elle entretenait avec son paternel était loin d’être facile. Parfois, il tentait de lui parler, mais elle rejetait toute forme de dialogue. Elle lui en voulait. D’être heureux, d’avoir abandonné sa mère qui ne s’était jamais remise de leur séparation, même s’ils n’avaient jamais été vraiment ensemble. Sa mère avait enchaîné les tentatives de suicide pour la simple et bonne raison qu’elle aimait encore Brian… Et Joe était incapable d’être impartiale dans cette histoire. Comment l’être alors que vous êtes témoin de la descente aux enfers de votre génitrice et du bonheur absolu de celui qui a détruit sa vie ?
Alors, elle subissait et bien que la blonde était heureuse de sortir - enfin - du lycée, elle l’était beaucoup moins à l’idée de rentrer chez son père. Ce week-end là, elle devait le passer chez lui et elle en avait sa claque. Très peu pour elle les repas de famille joyeux et vifs. Très peu pour elle, les jeux de société au coin du feu. Parfois, ils lui faisaient penser à ces familles que l’on voit dans les publicités… C’est donc en soupirant qu’elle franchit le pas de la porte, claquant cette dernière derrière elle. Nicole était dans la cuisine, à faire à manger. Sa belle-mère la salua avec un chaleureux sourire, mais Joe ne prit même pas la peine d’y répondre. Au lieu de cela, elle monta les escaliers pour se rendre dans sa chambre… où bien évidemment, la squatteuse professionnelle était. Ça l’énervait de devoir partager le seul endroit qu’elle avait pour elle dans cette baraque avec une parfaite étrangère. Et sa colère ne fit que s’accentuer lorsqu’elle aperçut Aaliyah, en train de sauter sur son lit, le sourire aux lèvres. « Vire ! », lança-t-elle brutalement, surprenant sa petite sœur, qui se laissa alors tomber sur les fesses, à même le matelas. Elle l’aimait bien Aaliyah, mais ce soir là, elle n’était franchement pas d’humeur. « Mais/ », la gamine n’eut même pas le temps de continuer que la blonde la coupait. « C’est pas un putain de trampoline, okay ? C’est mon lit ! ». La petite semblait déçue et après lui avoir lancée une petite moue boudeuse, sortit de la pièce en traînant des pieds. Joe soupira alors fortement, balançant son sac de cours sur son lit et sortant son vieux téléphone portable de la poche arrière de son jean. « Ah t’es là, toi ? », déclara-t-elle après avoir aperçu Kyle, à l’autre bout de la pièce, assise sur le second lit, qui avait été mis en place par Brian, de longs mois plus tôt. D’après lui, c’était plus logique que Joe partage sa chambre avec Kyle, dans la mesure où elles avaient sensiblement le même âge… mais la blonde trouvait cela terriblement injuste et elle comptait bien le faire savoir.

why do you hate me so much ?
Kyle n’avait pas passé une excellente journée, à peu près comme toute celle depuis bien des années de toute façon. Au lycée, elle ne savait comment, les élèves avaient appris qu’elle sortait de prison pour mineur et depuis aucune ne lui adressait vraiment la parole. Elle sentait les regards lourds posés sur elle et elle se contentait tant bien que mal de les ignorer. Elle n’était pas vraiment doué pour se faire des amis de toute façon, elle était bien mieux seul qu’avec les premiers venue. Elle aurait bien trainé avec Kyllian comme elle avait souvent l’habitude de le faire, mais depuis qu’ils c’étaient embrassé elle tentait de l’éviter un maximum. Elle ne voulait plus ressentir ce genre de chose pour lui, elle ne voulait pas tomber amoureuse encore un peu plus de Kyllian. Elle savait que c’était mal parce que si quelqu’un l’apprenait, si cela se savait elle allait tout simplement être viré de la famille Darwin et placé dans un groupe. Et lorsque vous faites partit d’un groupe les chances d’être adopter un jour son de deux sur 200 ou un truc du genre. Elle aimait beaucoup les Darwin, Aaliayh, Kaylee et Theo l’avaient toujours considérer comme un membre de la famille et elle adorait passer du temps avec eux, elle se sentait enfin un peu à sa place. Seulement depuis ce baiser avec Kyllian elle ne savait plus où elle en était. Brian et Nicole étaient de plus en plus en comme des parents pour elle, elle s’attachait à eux. Si ils lui proposer de l’adopter et qu’elle disait oui cela voulait dire qu’elle allait devoir laissé tomber ces sentiments pour Kyllian, elle allait devoir tirer un trait dessus pour de bon et elle ne savait pas si elle voulait vraiment faire ça. Elle ne savait plus quoi penser et cela lui faisait peur, elle était terrifier. Elle aurait surement voulu quelqu’un à qui se confier, mais qui ? Joe ce n’était surement même pas la peine d’y penser, elle serait la première à lâcher tout ça et à la faire virer de la maison. Elle aurait surement pu se tourner vers Ioannis, il était bien l’un des rares amis qu’elle avait en ville, mais il était le meilleur ami de Kyllian, il finirait surement par lui lâcher le morceau. Elle n’avait personne, elle n’avait plus eu personne pour se confier depuis des années, c’est pour ça qu’elle c’était construit ce mur autour d’elle. A peine sortit du lycée elle avait donc pris la direction de la maison, elle avait tenté d’éviter Kyllian à peine l’avait-elle vu et elle avait réussi. Il faut pourtant avouer qu’essayer d’éviter quelqu’un qui vit sous le même toit que vous c’est vraiment dur. Elle arrivait toujours à trouver des excuses pour le moment mais elle savait qu’au bout d’un moment ca finirait par rater et qu’elle se retrouver face à lui. Elle devait peut être simplement lui dire la vérité, lui dire que si ils continuer à ressentir tout ça, elle pourrait être viré de la famille. Chassant tout ça de son esprit elle essaya de mettre son sourire en place avant de rentrer dans la maison. Elle salua Brian, Nicole et les petits qui jouaient dans le salon avant de s’excuser disant qu’elle avait beaucoup de devoir à faire. Elle monta directement dans sa chambre et tenta de se mettre à écrire. Le prof de philosophie voulait qu’ils écrivent quelques choses de personnel en deux pages et Kyle n’était pas arrivé à sortir une seule phrase en deux heures de cours. Elle avait des choses à dire, mais aucune qu’elle ne pouvait prendre le risque de laisser lire au prof de philosophie. Aaliyah était rapidement apparu dans la chambre, elle avait un peu parlé puis la petite blonde c’était mise à sauter sur le lit de Joe. Kyle n’était pas vraiment présente, perdu dans ses pensées alors elle ne prit pas la peine de lui conseiller d’arrêter. « Vire ! » Joe était là, et visiblement d’une humeur massacrante ce qui fit soupirer la jeune brune. Aaliyah tenta de répliquer.  « C’est pas un putain de trampoline, okay ? C’est mon lit ! » Kyle aurait bien eu envie de prendre la défense de la petite fille mais seulement elle n’était pas d’humeur à ce qu’elle s’en prendre plein la tête, elle en avait déjà assez eu au lycée. Elle avait donc regardé Aaliyah sortir de la chambre en trainant des pieds, elle en eu le cœur serrer. Comment Joe pouvait-elle agir comme ça avec ses frères et sœurs ? Ce n’était pas la première fois que Kyle la voyait agir comme ça, même avec son père et sa belle-mère et elle ne comprenait pas. Elle avait la chance d’avoir une famille, peut-être pas parfaite, mais une famille qui l’aimait et elle était toujours désagréable. Kyle avait toujours rêvé d’avoir des petits frères ou des petites sœurs, et Joe se contentait de les envoyer balader sans cesse. « Ah t’es là, toi ? » Amabilité bonsoir… Kyle soupira une nouvelle fois, ne se sentant pas vraiment d’humeur à se prendre la tête mais elle en avait aussi marre de voir Joe agir comme ça. « Je peux savoir ce que t’as contre moi ? » Kyle laissa un petit silence s’installer avant de reprendre. « Je ne t’ai jamais rien fait Joséphine et ça devient épuisant que tu me crache à la gueule sans cesse. Je sais que tu veux pas de moi ici, et je le comprend. Mais je suis pas un défouloir… »

fiche par blvd of broken dreams.

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Au fond, Josephine n'était pas tant en guerre contre Kyle. Non, elle l'était contre elle-même, contre le monde entier. Son problème résidait au fait qu'elle était perdue. Complètement paumée, incapable de mettre de l'ordre dans sa vie, dans ses pensées. Et pour canaliser ce gros foutoir continuel, elle prenait des pilules. Des bleues, des rouges, des vertes... de toutes les couleurs... Et pourtant, elle les haïssait. Du plus profond de son être. Parfois, quand elle se regardait dans le miroir, elle voyait sa mère. Un peu plus jeune et mieux entretenue, bien entendu, mais cette lueur grisâtre dans son regard, cette petite étincelle perdue au milieu du néant, c'était celle de sa génitrice. C'était comme un poison qui vous envahit peu à peu. La haine n'engendre que la souffrance et la blondinette n'en avait pas tout à fait conscience. Elle était en colère. Contre Kyle, contre son père, Nicole, Kyllian... contre le monde entier sans véritable raison. Au fond, elle s'en voulait à elle, parce que c'était de sa faute. A elle et personne d'autre. Si elle n'avait pas pointé le bout de son nez, les choses auraient été bien différentes. Peut-être sa mère aurait-elle trouvé un autre homme ? Peut-être vivrait-elle un vrai conte de fée, à l'image de celui que vivait au quotidien Brian ? Peut-être, peut-être pas... Et pourtant, Joe avait cette idée gavée au fin fond de son esprit, inscrite au marqueur indélébile. Tu n'es qu'une erreur.
A quoi bon être gentille et exemplaire si c'était pour ne rien recevoir en retour. Sa mère se fichait bien qu'elle rapporte de bonnes notes à l'école et au final, avait-elle véritablement besoin des félicitations de son père ? Non, parce que pour elle, Brian n'était qu'un égoïste, qui avait abandonné sa pauvre mère et détruit sa vie. Elle le haïssait de vivre une vie aussi idyllique au quotidien alors que sa mère sombrait un peu plus chaque jour. Au final, la seule personne qui arrivait à faire garder la tête hors de l'eau à Josephine était sa grand-mère. Cette vieille veuve qui avait consacré une partie de sa vie à élever sa fille, puis sa petite fille. La seule qui avait les idées claires et une influence un tant soit peu positive sur la petite blonde. Cependant, ce soir là, alors que Joe était de retours chez son père, sa grand-mère était bien loin. Autant physiquement qu'au niveau psychique. Les chiens étaient lâchés et pas question de baisser les crocs face à cette fille qui se croyait chez elle. Au fond, Joe la détestait de s'être adaptée aussi vite, alors que même au bout de dix-sept ans, la blonde ne se sentait pas à sa place dans ce foyer. Son père avait recueillie une adolescente dans le but de la remplacer. C'était ainsi qu'elle voyait les choses. Une fille plus gentille, respectueuse, plus belle, plus intelligente... Une version améliorée de ce qu'elle était. On remplace la vieille version par la nouvelle. Et ça accentuait encore plus cette sensation de ne pas appartenir à ce monde là.
C'était un sentiment qu'elle ressentait au quotidien. Dès lors qu'elle passait le pas de la grosse porte en bois massif. Cette impression de n'intéresser personne, de ne pas vivre dans le même monde. A table, l'ambiance était toujours joyeuse et chaleureuse. Ils avaient tous leurs habitudes, leurs places prédéfinies, leurs traditions... Et elle dans tout cela ? Elle ne vivait dans cette maison que par intermittence. Dur de trouver sa place parmi une fratrie de cinq enfants. Et avec l'arrivée de Kyle, ça ne s'était pas arrangé, loin de là. Alors oui, peut-être que ça semblait injuste pour les autres, mais d'après Josephine, son manque de sympathie envers la nouvelle venue était tout à fait légitime.  « Je peux savoir ce que t’as contre moi ? ». Joe fut tout d'abord un peu étonnée par la réflexion de la brune. Il était rare qu'elle riposte et surement ce soir là s'était-elle sentie pousser des ailes ? Peu importait, la blonde n'était pas d'humeur et allait très rapidement la faire descendre de son piédestal. « Euuuh laisse-moi réfléchir quelques minutes, le temps que je fasse une liste... mais ça risque de prendre du temps tellement elle sera longue ! », lui répliqua-t-elle, acerbe. Elle se fichait bien de savoir que Kyle avait un passé difficile, des manques affectifs ou quoique ce soit d'autre. Son père et sa belle-mère s'étaient pris pour l'abbé Pierre en invitant la brune à partager leur quotidien... C'était à peine s'ils lui témoignaient de l'intérêt et comme une envie de pisser, ils voulaient se faire bien voir et recueillir une délinquante chez eux. Hallucinant. « Je ne t’ai jamais rien fait Joséphine et ça devient épuisant que tu me crache à la gueule sans cesse. Je sais que tu veux pas de moi ici, et je le comprend. Mais je suis pas un défouloir… ». Ouh, elle détestait ça, qu'on l'appelle par son prénom et ce, même de la part de personnes qu'elle n'appréciait guère. Du coup, l'adolescente se tendit immédiatement. Elle n'avait pas la tête à ça, mais c'était plus fort qu'elle. Peu importait la fatigue et les répercutions, elle était bien trop franche et honnête pour se laisser marcher sur les pieds par l'autre squatteuse ! Parce que oui, il y aurait des répercutions au conflit qui allait suivre et Kyle en ressortirait victorieuse. Pauvre petite Kyle qui n'a plus de maman. Pauvre petite Kyle qui a vécu des choses trop dures pour une fille de son âge. Pauvre petite Kyle qui a fait de la prison ! Son père allait se mettre du côté de la brune et Joe aurait tout perdu au change. Peu importait. De toute façon, dans cette baraque, il n'y en avait que pour Kyle. « Si tu ne veux pas supporter mes remarques, t'as cas te trouver un autre endroit où pieuter, écoute ! Ici, c'est ma chambre, la seule pièce qui m'est réservée, donc si t'es pas contente, tu sais où est la sortie ! », lui lança-t-elle en haussant un peu la voix. Elle se fichait bien que Nicole l'entende et qu'elle débarque. De toute façon, les trois mioches étaient très certainement l'oreille collée à la porte de la chambre et ils ne tarderaient pas à prévenir leur mère en cas de dérapage.