Siloë-Jules Hurtlake-Griffinth & Keleana Hurtlake

Bonjour ! Je viens chambouler ta vie ! Tu veux un kinder bueno?

Deux grands yeux verts émeraude tachetés de marron et de doré, deux épais sourcils qui les mettent en valeur,  des petites pommettes saillantes,  des lèvres pulpeuses, quelques tâches de rousseur, un visage relativement fin encadré par de longs cheveux bruns. Voilà ce que me renvoie mon miroir. J’essaye d’appliquer une fine couche d’eye liner mais ma main tremble. C’est bête hein, je ne comprends pas pourquoi je réagis de la sorte. Je suis pourtant venue à Town Square pour ça. Pour la rencontrer. Et pourtant, chaque jour je repousse l’échéance, prise par un sentiment de peur incompréhensible et incontrôlable. Ca n’a pas de sens. Je n’avais pas peur quand je me suis disputée avec ma mère, la remettant en cause. Je n’avais pas peur quand j’ai fais des recherches. Je n’avais pas peur quand j’ai tout lâché, que j’ai pris des billets d’avions pour venir m’installer ici alors que je ne savais même pas où j’allais vivre et alors que je ne connaissais personne. Mais quand il s’agit d’aller la voir, là il n’y a plus personne. Je me suis promis que je le ferais. Je me suis promis que je ferais la connaissance de cette fille qui a une partie de mon sang, qui est aussi la fille de ce père que j’ai tant aimé.


Je respire un bon coup, fermant les yeux, serrant les poings pour me tranquilliser et me permettre enfin de finir de me maquiller. Pas grand-chose, je ne plonge pas ma tête dans un pot de maquillage. Juste de quoi faire ressortir mes grands yeux de chaton attendri ainsi que cacher ce petit air fatigué. Puis je me fixe de nouveau, essayant de trouver un défaut dans ma tenue, dans mon maquillage, dans ma coiffure. Non pas que je dois être parfaite, je ne le serais jamais de toute manière, mais étant extrêmement nerveuse j’essaye de me redonner confiance. Tenue, check. Un slim, des bottines, un petit pull et une veste noire, de quoi avoir suffisamment chaud pour cette saison et ne pas paraître trop friquée, ou d’avoir l’air d’une petite poufiasse ou que sais-je encore, parce qu’au fond je ne suis rien de tout ça. Je ne suis pas friquée, je ne fais pas particulièrement attention à mon apparence et encore moins à la mode ou que sais-je. Non mon but est simplement d’éviter de lui donner un apriori sur moi et de croire que j’ai été favorisée. Parce que d’après les recherches que j’ai pu faire, je crois avoir compris que la vie n’a pas été toujours toute rose pour elle…
Cheveux, check. J’ai abandonné l’idée d’en faire quelque chose de sympa aujourd’hui, avec mes mains tremblantes, je n’arrivais à rien. J’ai donc décidé de les laisser lâché, simplement. Pas de chichis, pas de froufrous, de la simplicité. C’est bien la simplicité non ? Maquillage, check. Je rajoute juste un peu d’ombre à paupière marron doré et le tour est joué. Je range précipitamment ma trousse de maquillage et rejoins ma chambre en vitesse pour faire mon sac. Portable, porte monnaie, Ipod, parapluie, gants… Faire l’inventaire de ce dont j’ai besoin me permet de me détendre et de ne penser qu’à ça. Une fois que je suis fin prête, je préviens Siam que je sors et me lance à l’aventure, avec un plan de la ville en main, juste au cas où.


Je préfère y aller à pied, pour me donner le temps de réfléchir à comment je vais lui annoncer les choses. Ca va faire 6 mois que papa est mort, 6 mois que j’y songe, mais 6 mois que je n’ai toujours pas trouvé de réponse à cette problématique… En même temps je me vois mal débouler chez elle et lui faire « Salut Siloë, je suis ta sœur ! Et oui, on a le même père, qui est mort il y a 6 mois soit dit en passant et qui m’a appris ton existence 3 jours avant. C’est dingue non ? Sinon tout vas bien chez toi ? T’aurais pas des kinder bueno ? » Je n’ai pas beaucoup de tact d’habitude, mais il est hors de question que je la joue ainsi. Je risque déjà de lui apprendre une nouvelle qui va sans doute chambouler sa vie et changer la conception qu’elle avait de certaines choses, tout comme ça a été le cas pour moi, alors il faut que je trouve une façon de le faire doucement.


J’arrive bien trop tôt à mon goût devant la boutique où elle travaille, que je manque même de dépasser tellement je suis prise dans mes pensées. Mon cœur rate un battement avant de s’affoler de plus belle. Je suis déjà passée devant cette boutique à plusieurs reprises ces dernières semaines, faisant l’état des lieux, évaluant diverses choses et surtout repoussant le jour fatal à plus tard. J’ai fais la même chose devant chez elle, mais je me suis mise d’accord avec moi-même sur le fait que ce serait encore plus bizarre de débarquer chez elle pour lui annoncer tout ça. D’accord j’ai fait tout plein de recherches et j’ai eu de bonnes sources, mais elle n’est pas supposée savoir tout ce que je sais non ? Et puis, c’est son endroit à elle, je ne me crois pas permis de débarquer dans sa vie comme ça et d’en plus empiéter sur son territoire privé, intime et personnel. Je pense que c’est la moindre des choses que de le faire dans un endroit… Un petit peu plus public. Enfin je crois. Je ne sais même pas quelle va être sa réaction et je crois que c’est ce qui me terrifie le plus. Je fais un pas en arrière, prête à faire marche arrière quand je vois à travers la vitrine son visage, penchée sur ce qui semble être un bureau. De nouveau je ferme les yeux pour me donner du courage, et fais un pas en avant. Toujours les yeux fermés, je pousse la porte d’entrée et de sorte que quand je les rouvres enfin, je suis devant le fait accompli et je ne peux plus faire marche arrière. Trop tard. Et je ne sais même pas ce que je peux dire. « Bonjouuur » je lâche premièrement, comme j’ai l’habitude de le faire lorsque je rentre dans n’importe quel magasin. Anodin et poli. Je regarde distraitement autour de moi tout en m’avançant doucement vers celle qui se trouve être ma sœur, évitant de la regarder maintenant. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai l’impression que si je la regarde, elle saura tout. Que sans avoir besoin de parler, mon regard sera capable de tout lui avouer. Et elle est passée où la fille bavarde qui n’a peur de rien ?


Je me décide donc de prendre mon courage à deux mains et de la regarder droit dans les yeux, de découvrir enfin de prêt ma demi-sœur. C’est vrai qu’elle me ressemble un peu, d’une certaine manière. Elle a certains traits de mon père dont j’ai moi-même hérité. « Est-ce vous Siloë-Jules Hurtlake-Griffinth ? » je demande sans trembler, ayant enfin retrouvé mon courage en faisant bien attention de n’écorcher aucun de ses noms ou prénoms. Je ne sais même pas si elle aime qu’on l’appelle ainsi par son nom complet, mais j’avais le besoin de dire mon propre nom de famille. Et puis après tout, c’est sous ce pseudonyme complet qu’elle est recensée et qu’on l’a trouve sur internet. Attendant sa réponse je me contente de l’observer dans les moindres détails. Ca fait bizarre de découvrir une sœur a 21 ans, vous savez ?

Codes par Wild Hunger.

Siloë-Jules Hurtlake-Griffinth & Keleana Hurtlake

Bonjour ! Je viens chambouler ta vie ! Tu veux un kinder bueno?

Mais est ce que j’ai bien fais ? Etait-ce réellement bien avisé de l’appeler ainsi avec tous ces noms ? Ne risque t’elle pas de prendre peur ? Ne risque t’elle pas de croire que je suis une psychopathe ou je ne sais quoi ? Comment l’appelle les autres, ceux qui ne la connaissent pas, mais qui connaissent son nom ? Et d’abord qu’elle partie du nom est ce qu’ils connaissent ? Pourquoi est ce que j’en ai dit autant, est ce que c’était vraiment une bonne idée ?

Tant de questions qui se bousculent dans ma tête alors que ma supposée sœur écarquille deux grands yeux étonnés et me regarde avec surprise. Je suis prête à parier que je ne vais pas tarder à devenir rouge pivoine, ce qui est d’autant plus étonnant puisque normalement je ne suis pas timide en public et que converser avec les autres ne m’a jamais fait peur. A croire que c’est toute une épreuve que de retrouver sa sœur et de lui adresser la parole. En même temps, nous sommes toutes deux à l’âge adulte, nous n’avons aucun souvenir commun, nous ne connaissons rien de l’autre, nous avons grandi dans deux mondes foncièrement différents et pourtant nous avons en parti le même sang, à la différence près que moi je le sais et qu’elle l’ignore. Et moi qui avais toujours rêvé d’avoir un frère ou une sœur … Et moi qui pensais que nous serions complice, qu’on rigolerait et qu’on se chamaillerait sans arrêt, que nous n’aurions pas de secrets l’un pour l’autre … Je n’avais jamais imaginé que nous devions construire cette relation en partant pour ainsi dire de rien. Maman … J’ai peur.

« Euh… Oui. Pourquoi ? » répond-elle dans un bredouillement non contrôlé, ce qui prouve que je l’ai surprise. Qu’est ce que je lui ai demandé déjà ? Je suis tellement stressée que j’en oublierais même jusqu’à mon nom … Ah oui, le nom complet tout ça tout ça. Bon au moins je ne me suis pas trompée de personne. J’aurais été maligne si en plus je ne savais pas reconnaître ma sœur. Non pas que ce soit instinctif, ca aurait trop beau que ça se passe comme dans les films, qu’en un regard on se reconnaisse. Heureusement que nous ne sommes pas frère et sœur. Vivre ce qu’ont vécu les jumeaux Skylwalker dans Star Wars doit être affreux aussi. Mais le sujet n’est pas là, et je ne sais pas pourquoi je laisse mon esprit dériver de la sorte, c’est mal.

Je me reconcentre sur la situation présente au moment où Siloë se lève de sa chaise pour me faire face et se mettre à ma hauteur. Oui parce que s’il y a bien une chose que nous avons en commun, c’est notre taille … Pas particulièrement grande. D’ailleurs elle est même légèrement plus petite que moi. « Comment vous connaissez tous mes noms ? » ET VOILA ! J’étais sure que ça n’allait pas lui plaire ! J’étais sure que c’était une mauvaise idée et que je n’aurais pas dû. Qu’est ce qui m’est passé par la tête ? Et qu’est ce que je peux lui répondre ? Je ne peux décemment pas tout lui balancer comme ça, de but en blanc. Il faut que je trouve une parade, il faut que je trouve une excuse, il faut que je fasse quelque chose…  « Oh excusez-moi … Je pensais que c’était de notoriété publique, je ne savais pas … Comment faut-il vous appeler ? » je finis par demander, assez timidement mais en essayant de rassembler tout le courage en ma possession. Il n’est plus question de faiblir, maintenant qu’on y est, on y reste. Je jette un rapide coup d’œil autour de moi pour essayer de trouver de l’inspiration pour continuer. « En tout cas, vous avez avec une très jolie petite boutique. Très conviviale, bien décorée et colorée. Bravo. C’est vous qui vous êtes occupée de la déco ? » Et t’as trouvé que ça comme inspiration? BOUFFONNE ! Je crois que dans quelques secondes je vais avoir envie de me cacher sous terre. Pourquoi est ce que je parle déco moi ? Pitoyable … Enfin bon je suppose que je ne changerais pas … Je dirais toujours ce qui me passe par la tête.

Codes par Wild Hunger.

Siloë-Jules Hurtlake-Griffinth & Keleana Hurtlake

Bonjour ! Je viens chambouler ta vie ! Tu veux un kinder bueno?

« Non… Enfin personne ne sait que je suis mariée… Enfin mariée, si on peut dire ça comme ça. Bref. Hurtlake. Hurtlake ça suffira. » Je frissonne mais essaie de en pas le montrer. Je suis surprise mais j'essaye de le cacher aussi. Et dire que les révélations en font que commencer ? Est-ce vraiment le bon endroit et le bon moment pour tout ça? Est ce qu'elle va m'en vouloir? Stupides questions … Évidemment qu'elle m'en voudra et évidemment que ce n'est pas le bon endroit. Il n'y aura jamais de bon endroit, ni de bon moment. Idéalement peut être que le bon moment aurait été à l'enterrement de mon père... De notre père. Mais c'était il y a 6 mois. Et elle ne sait pas qu'il est mort. Du moins je ne crois pas que ma mère ou qu'un membre de notre famille l'ai averti. Enfin penser tout cela est bizarre car je dois aussi à présent penser qu'elle fait entièrement partie de notre famille. De MA famille. Moi qui ai toujours été fille unique, s'entendre dire et se rendre compte que quelqu'un d'autre porte le même nom de famille que soit est assez perturbant. Raison de mon frisson, et raison pour laquelle je cherche du courage en perdant mon regard dans la jolie boutique.  « Bon. J’apprécie les compliments, mais… C’est Devon qui vous envoi ? » Je retourne précipitamment la tête vers elle pour la fixer dans les yeux. Devon ? Qui ? Elle a dit ses mots en souriant, ce qui signifie que ce ne serait pas forcément une mauvaise chose, mais je ne peux m'empêcher d'être vexée qu'elle puisse penser que je suis envoyée par quelqu'un. Enfin même si en théorie je suis envoyée par mon père... Oui bon NOTRE père. Flûte, c'est tellement confus dans ma tête ...En même temps c'est vrai que je suis suspicieuse... Je débarque comme ça, je lui fais peur, je raconte des conneries … Et je stresse à mort. Qu'est ce que je suis sensée répondre à ça moi ? Est ce que je dois lui balancer la vérité comme ça d'une traite comme ça je serais débarrassée ? A tous les coups c'est comme ça que ça va se finir, vu le tact que j'ai toujours eu … Je ne suis pas du genre à faire dans la dentelle. Même quand je le veux je n'y arrive pas. « D’ailleurs vous vous appelez ? » Okay … Là je panique. C'est la fin du monde. Je vais faire une crise de panique. Je n'en ai jamais fais mais faut bien un début à tout non ?

Je l'attends, mais elle ne vient pas. Cela m'aurait bien aidé pourtant. Enfin ça m'aurait permis de remettre mes explications à plus tard. Moi procrastinatrice ? PAS DU TOUT ! Mais comme mon corps refuse de m'aider et que je me porte bien -malgré mon cœur qui bats un peu trop vite- je me dois de répondre. Le silence à déjà bien trop duré et je vais paraître encore plus bizarre. « Devon ? » Je demande pour gagner du temps en faisant mine de réfléchir, plissant et levant les yeux légèrement, comme si cela me demandait un effort surhumain. En réalité, il y a effort surhumain, qui consiste à essayer de trouver une parade, ou du moins à ce que je vais pouvoir dire et continuer cette conversation. « Non je ne vois pas du tout. Qui est-ce ? » Petit sourire désolé et innocent, petit air d'ange, petite fille gentille. Je ne veux pas lui faire peur. Comment ça je veux entrer dans ses grâces ? Enfin … Je suis prête à parier que je l'agace plus qu'autre chose... Et oui j'ai évité de dire mon prénom. Je veux juste de gagner du temps. Ca sert à rien je sais mais je crois que je ne suis pas prête … vraiment pas. Le serais-je vraiment un jour ?

Codes par Wild Hunger.