Vingt-deux heures trente. Vautrée dans mon canapé, je regarde une émission débile à la télé. J’ai froid, mais j’ai trop la flemme de me lever pour aller régler le chauffage ou mettre la cheminée en marche. Alors je reste là, enroulée dans mon plaid. Je me laisse vivre. Cette émission est totalement débile et pourtant je reste littéralement bloquer dessus. Je ne comprends même pas ce qui se passe dans cette émission. Juste des gens qui se crient dessus sans raison. Sans aucun doute une de ses télé réalité à la mode qui m’exaspère plus que tout au monde au final. Mais je ne veux pas bouger. Je n’ai pas la motivation de faire quoique ce soit de moi aujourd’hui. J’ai fumé un joint ce matin et je me suis rendu compte que je n’avais plus rien pour me faire ma dose ce soir. Il faudrait que je sorte pour me ravitailler, mais je ne sais pas… Je manque cruellement de motivation. Et puis je suis bien dans mon canapé après tout. Mon chat, Meow, me monte sur les genoux et viens me renifler le visage. Je lui fais un petit sourire et le caresse doucement. Il n’est pas à moi à la base, mais à mon grand frère. Je me souviens du jour où il l’a ramené à la maison. Il pleuvait à torrent et Maël avait passé la porte de la maison avec une petite boule de poil noir entre les mains. Les parents n’étaient pas vraiment d’accord à l’idée de le garder, mais bien entendu on avait réussi à les faire craquer. C’était l’époque où tout allait bien dans ma vie. Je me sentais heureuse et épanouie. Mon frère était encore dans ma vie et mes parents étaient toujours vivants. Je soupire et regarde le chat une nouvelle fois. « Toi au moins tu m’as pas abandonné… » Je n’ai même pas le temps de finir ma phrase que je fonds littéralement en larmes. Je suis à bout de forces et surtout au bout du rouleau. J’ai l’impression que rien ne va, que rien n’ira plus jamais bien. Je me sens démunie et faible. C’est juste une sensation affreuse. Alors comme souvent dans ce genre de moment, je finis par me lever, pour aller chercher une bouteille d’alcool.

De nouveau assise dans mon canapé, mais avec quelques verres dans le sang, je me plonge dans mes souvenirs. Je me sens envahie par tout un tas de sentiments. J’ai envie d’hurler ma tristesse et mon désespoir au monde entier. J’ai envie de tout casser. J’ai même envie d’en finir avec ma vie. J’ai tenté de danser à nouveau, mais c’est tout simplement impossible. Je ne peux plus me regarder dans un miroir. J’ai honte de moi. Je suis devenue plus maigre que jamais, j’ai constamment des cernes sous les yeux. Je passe tout mon temps libre à boire pour oublier et je fume joint sur joint juste pour ne plus penser. J’ai l’impression d’être une honte ambulante. Si mes parents étaient encore vivants ils auraient littéralement honte de moi. Plus les jours passent, plus je me détruits. J’en suis complètement consciente, mais je ne fais rien pour changer cela. Parce que je n’ai plus la force et plus personne pour me soutenir surtout. Enfin il y a bien Saoirse, mais en ce moment tout est compliquer entre nous. On a légèrement dérapé et depuis notre relation est quelque peu tendu. Je n’ose plus vraiment la rappeler, j’ai peur qu’elle me rejette également. Alors je préfère me renfermer chez moi et boire comme ce soir. Le chat me regarde presque avec un regard accusateur, mais je préfère l’ignorer. Il est plus de vingt-trois heures et je ne rêve que d’une seule chose : me fumer un truc. Ou prendre un truc un peu plus fort même. Oui c’est une bonne idée ça, un truc un peu plus fort. Je tente de me lever du canapé et la tête me tourne. Oups. J’ai peut être un peu trop bu. Tant pis. J’ai besoin de ma dose. Cela devient urgent.

Une demi-heure plus tard, me voilà dans le quartier le plus mal famé de Town Square. Je sais qu’il y a pas mal de dealer dans le coin et que je pourrais trouver ce que je cherche de manière assez rapide. J’ai froid et je ne marche pas bien droit après tout ce que j’ai bu, mais je m’en fiche royalement. Je serais presque même joyeuse. Je cherche autour de moi et finis par remarquer un homme un peu bizarre avec une capuche noire et me dirige vers lui. « Excuse-moi. Ne t’aurais pas de quoi planer un peu ? » Il me regarde d’un air surpris et je lui offre un petit sourire de fille bourrée. « Mais bien sûr ma belle. Tu paye comment ? » Cette fois c’est moi qui le regarde de manière surprise. Je lui montre finalement mes quelques billets et c’est très discrètement que l’on échange la marchandise. J’allais repartir, mais l’homme me retient par le bras. Il approche son visage du mien et je peux sentir son haleine pleine d’alcool. « Tu ne voudrais pas qu’on se shoot tous les deux. Histoire de passer une bonne soirée ? » Il commence à me faire peur en me regardant de cette manière, franchement je n’aime pas ça. Pas du tout même. Je me sens frissonner. « Non ça ira. » Ma voix tremble un peu et je me rends compte que je ne suis pas réellement convaincante. Et puis autant ce dire que je ne fais pas le poids face à lui et c’est quelque chose qu’il a tout de suite compris. Sans que je n’ai le temps de comprendre le pourquoi du comment, il me plaque contre le mur et commence à venir m’embrasser dans le coup. Je me débat, mais il attrape mes poignets et m’empêche de bouger. « Lâche-moi ! Lâche-moi connard ! » Je commence à paniquer. Autant dire que l’alcool est rapidement redescendu. Je n’ai qu’une envie, m’enfuir d’ici et vite.

Will allait mal. Je m'y étais préparé, sur le chemin du retour j'y avais pensé ainsi qu'à la façon dont allait se passer nos retrouvailles. J'avais gardé le contact avec lui – pas assez je le savais – en pensant ne jamais revenir. Mais il m'avait semblé qu'il ne m'en voulait pas – pas autant que ce qu'il aurait du. Pourtant, quand j'étais rentré dans sa chambre d’hôpital pour la première fois il m'avait à peine lancé un regard – pas un sourire – rien. J'étais resté dans sa chambre pendant quatre heures dans le silence le plus total. Je n'avais jamais eu de problème avec le silence, il avait fait parti de notre vie pendant les quelques années où nous avions vécu ensemble. Tout le deux peu bavard. Mais le silence qui était présent ces dernières semaines à chacune de mes visites était pesant. Parfois je lui parlais un peu mais son regard était ailleurs. Les infirmières sortaient des phrases comme « Il est comme ça avec tout le monde. C'est le choc de l'accident, ça passera » Je n'ai jamais eu l'impression d'être tout le monde avec Will, comme je n''ai pas l'impression que ça passera. Will ne se bat pas, il a abandonné le bateau et il me faut trouver un moyen de remédier à ça. Mais je n'ai aucune idée pour le moment...

Après ma visite quotidienne à l’hôpital, je rentre à la maison où je trouve un message de Lana traînant sur la table de la cuisine. C'est étrange de vivre avec quelqu'un. Une première pour moi qui ait toujours aimé la solitude. Mais si l'on met de côté les insultes et la façon délicate dont nous nous parlons, la colocation se passe plutôt bien. Même Amstrong a de suite adopté Lana ce qui n'est pas partie gagné quand on connaît le caractère du molosse. En parlant de la bête je l'entends arriver vers moi pour me sauter dessus et me faire la fête. « Alors mon grand. Lana t'a pas sorti cette sale gamine. » Je passe vite fait dans ma chambre pour attraper un peu de la marchandise que je me suis procuré il y a peu – histoire de me faire un peu d'argent. S'il faut sortir le chien autant faire d'une pierre deux coup et je sais où je peux aller traîner pour me débarrasser de ça facilement sans trop de risque de croiser la police. Town Square est une ville tranquille mais l'envers du décors peu cacher  bien des choses...

Un fois dehors, je harpent la rue – Amstrong à mes pieds – je n'ai jamais eu besoin de laisse avec lui  et bien que j’essuie les regards de passants mécontents je m'en moque. Nous arrivons vite dans le coin en question et je jette un coup d’œil au alentours, on ne sait jamais... Avoir travailler avec la police m'a permis de connaître leur façon d'agir et quoi faire pour ne jamais se faire attraper... Je n'aime d'ailleurs pas venir ici – faire ce petit trafic dans la rue – mais je sais que c'est par là qu'on commence. Ici qu'on peut se faire une clientèle. Très vite un jeune homme s'approche de moi, je remarque facilement que sa démarche sonne faux ce qui me met directement sur la défense. « Hey , dis t'aurais un truc pour moi ? Je suis trop en manque » Son jeu d'acteur est pitoyable et je lui jette un regard étrange. « Non je promène juste mon chien moi. » A son tour de me regarder de haut en bah. « T'es sûre ? » « Je suis sûre mec » Je vois bien qu'il apprécie moyennement ce petit surnom amical et il reprend son chemin bien vite, la démarche assurée cette fois. J'en étais sûre – ce mec est louche.

Ce soir n'est apparemment pas le bon soir pour faire mon petit marché, il traîne une ambiance étrange par ici. Mais alors que je m'apprête à rebrousser chemin Amstrong se met à aboyer. D'un aboiement méchant et je le vois disparaître dans la ruelle. « Amstrong viens là bordel » Ça ne lui ressemble pas. Pas du tout. Et c'est là que j'entends enfin les raisons de son escapade, une femme est entrain de crier. « Lâche-moi ! Lâche-moi connard ! » Il manquait plus que ça. J'ai tout sauf envie de me prendre la tête avec une chialeuse qui sait pas qu'elle doit pas se pointer ici seule, mais les aboiement d'Amstrong se font de plus en plus bruyant et je finis par le suivre. « Vas-y super Matheo, t'as que ça à foutre au fond. » Même si l'envie est forte de faire demi tour et d'aller me lover dans la canapé, l'idée d'avoir sur la conscience l'agression – viol – meurtre de quelqu'un ne m’emballe pas plus que ça.
Quand je tourne à on tours dans la ruelle je me retrouve face à une scène qui se veut plutôt drôle. Amstrong a attrapé le pantalon de l'homme qu'il tente désespérément de tirer en arrière alors que ce dernier lui frappe le museau en hurlant à son tours. « Connard de chien, dégage sale bâtard. »

Je ne fais pas vraiment attention à la femme qui a crié quelques secondes auparavant, mon attention portée uniquement sur l'agresseur qui tient maintenant le cou de sa victime alors qu'il frappe le chien de l'autre main – le pantalon à moitié baissé. Je l'attrape par le col pour le décoller assez violemment de sa victime. « Tu touches pas à mon chien sale con ! » Mon poing va directement se coller dans sa figure le clouant au sol. Mais l'homme est tenace en quelques secondes il est a nouveau debout me défiant du regard. « Qu'est ce que tu te mêles de ça ? Tu veux te battre ? A non  tu veux qu'on partage ? C'est bon pour moi, je suis pas exclusif avec les femmes. » Je laisse échapper un petit rire. « Merci j'ai pas besoin d'abuser des femmes pour m'en faire je pèse pas 150 kilos moi. » Il n'en faut pas plus pour que le dealer me charge. Je me laisse à mon tours plaqué contre le mur, mais bien vite je reprends le dessus, remerciant les techniques apprisent lors des formations et le nombre incalculable de fois où je me suis déjà battu. Je n'ai pas toujours gagné, mais au delà de sa  masse graisseuse l'homme semble plutôt mauvais. Il est vite maîtrisé alors que Amstrong c'est occupé de sa jambe qui saigne maintenant salement. « Je te conseille de dégagé, mon chien a pas mangé depuis plusieurs jours, ça serait dommage que tu lui serves d'amuse bouche. »

Une fois l'homme parti, je porte enfin un peu plus d'attention à la jeune femme et j'en reste sans voix. «  Aleyna Callaghan ça alors...Ça fait un baille » Je la regarde de haut en bah. « Je pensais pas te croiser ici un jour. On t'a jamais dit de pas venir traîner dans ce genre d'endroit toute seule ? » Je passe machinalement ma main sur ma lèvre me rendant compte que le gros a quand même réussi à me faire saigner. « Enfoiré... Il t'a blessé toi ? » Je m'étonne presque de lui poser la question. Ce n'est pas la première fois que je me retrouve dans ce genre de situation mais le plus souvent je me contente de dire à la jeune femme qu'elle m'a bien fait chier et je me casse. Mais Aley est une vielle connaissance... Une vielle connaissance que je ne suis pas sûre d'enchanter avec mon retours. Partir comme un voleur peut être mal vu il faut bien l'avouer, même quand on fait son possible pour qu'on ne s’habitue pas à vous.

Tout ce que je voulais ce soir, c’est trouver de quoi me faire planer un peu. J’en ai véritablement besoin. C’est devenu une réelle habitude désormais. J’ai besoin de prendre quelque chose pour me détendre. C’est même le seul moyen que j’ai pour m’endormir depuis quelques mois. Je sais que je ne devrais pas me laisser tomber là-dedans. Mes parents ne seraient pas fier de moi et je suis persuader que si mon frère était dans le coin il serait déjà en train de me mettre des coups de pieds aux fesses pour que j’arrête tout de suite mes conneries. Mais il n’est plus là et c’est à cause de cela que je me laisse tomber là-dedans. Je sais que je ne devrais pas prendre cela comme une excuse, mais c’est bien plus facile de cette manière après tout. J’ai perdu toute confiance en moi après la mort de mes parents et je me cache derrière des excuses. Des faux semblants. Et de la drogue. Mais ce soir, je n’ai pas la dose que j’aimerais avoir. Alors je décide de sortir chercher ce qu’il me faut. Town Square n’est pas une ville mal fréquenté en soit, mais comme dans toutes les villes du monde il y a un endroit mal famé où traînent tous les gens peu fréquentables de la ville. Je sais aussi que c’est là que je vais pouvoir trouver ce que je cherche. Je veux juste un peu d’herbe. De quoi me permettre d’oublier mes pensées négatives du soir, mais également de quoi tenir la semaine ou même un peu plus. J’ai froid et j’ai un peu trop bu, mais je suis déterminée. Je me dis que je peux faire ça en moins de cinq minutes et rentrer rapidement chez moi pour me fumer un bon joint.

J’avance tête baisser dans une ruelle, jusqu’à trouver un homme qui semble être celui que je cherche. Il à l’air un peu bizarre à première vue, mais avec l’alcool que j’ai dans le sang, je ne fais même pas attention à cela. Je lui demande juste s’il aurait un peu d’herbe à me vendre. Après un instant de surprise, l’homme finit par me répondre et même par devenir entreprenant. Il me surprend en me demande comme je compte payer la marchandise. J’ai l’air d’une fille sans le sous ou quoi ? Je sais que je dois avoir l’air légèrement hors du coup, mais quand même… A partir de ce moment-là, je commence à me méfier. Mais visiblement pas assez… L’homme commence à se rapprocher de moi et deviens bien trop entreprenant. Je sens son souffle chaud sur ma peau et frissonne de la tête aux pieds. Il commence à me faire peur. Je n’aime pas sa façon de s’approcher. Lorsqu’il pose sa main sur ma nuque, je n’ai qu’une seule envie : hurler. Je ne veux pas qu’il me touche, je ne veux pas qu’il profite de ma faiblesse. Je commence réellement à avoir peur. Je me débats, mais il est bien plus fort que moi. Il me plaque contre le mur et tout de suite je comprends que je ne vais pas pouvoir m’en sortir aussi facilement. Il est déjà en train de glisser sa main de pervers sur ma poitrine. Je me débats encore et toujours. « Lâche-moi connard ! » J’ai vraiment peur, mais avant que je n’aie le temps de comprendre quoique ce soit, je vois un chien arriver. Il n’a pas l’air très commode et saute tout de suite sur l’homme qui est en train de m’agresser. Un chien vient de me sauver la vie. Je suis tellement sous le choc que je ne bouge pas et reste encore sous l’emprise de l’homme. Il serre sa main autour de ma gorge et peu à peu je sens l’air qui commence à manquer. Jusqu’à ce qu’un autre homme arrive.

Je ne suis pas sûre d’avoir réellement assisté à la scène qui est. Les deux hommes s’envoient tout un tas de répliques à la tête. De mon côté, je reste appuyer contre le mur, tout en passant une main sur ma gorge qui est devenu douloureuse. J’entends du bruit. Comme un coup de poing. Puis un autre. J’entends des éclats de voix aussi, mais je ne réalise rien. Je remarque juste le gros chien qui est venu s’asseoir à mes côtés. Sa joue touche ma jambe. C’est comme s’il avait décidé de me protéger. Je me recroqueville sur moi même et serre mon manteau contre moi tout en restant coller à ce chien. Lorsque je finis par relever les yeux encore sonner par ce qui venait de m’arriver, je remarque que l’homme qui m’a agressé est en train de détaler comme un lapin. Celui qui m’est venu en aide se rapproche finalement de moi. Je suis tellement sonné que je ne le reconnais pas tout de suite. Jusqu’à ce qu’il prononce mon prénom. « Aleyna Callaghan ça alors...Ça fait un baille » Une nouvelle fois, je lève les yeux vers lui et croise son regard. C’est pas vrai. « Mathéo… » Cet homme je le connais bien ou tout du moins je pensais le connaître. Il était un ami de mon frère. On a eu une relation particulière tous les deux. Puis il a disparu. Il a été le premier à disparaître de ma vie de manière soudaine. « Je pensais pas te croiser ici un jour. On t'a jamais dit de pas venir traîner dans ce genre d'endroit toute seule ? » Je lève les yeux vers lui et d’un seul coup je sens les larmes me monter aux yeux. « Je… » Je suis tellement perdue, que je ne sais plus comment parler. J’ai froid, je me sens mal et aux bords des larmes. Je n’aurais jamais dû faire cela. Je n’aurais jamais dû venir ici. Je ne suis pas comme cela. Qu’est-ce qui m’arrive ? « Je voulais juste un peu d’herbes. » finis-je par dire en essayant de me reprendre.

« Enfoiré... Il t'a blessé toi ? » Je lève les yeux vers Mathéo et remarque que sa lèvre saigne. Je passe de nouveau une main sur ma nuque et soupire. « Je crois que ça va. » Sans lâcher le jeune homme du regard, je commence à fouiller dans mon sac à main avant de trouver un mouchoir que je lui tends. « Met ça sur ta lèvre. » Je me sens encore trembler et je n’ose plus bouger. Surtout que son chien est toujours à côté de moi et cela me rassure vraiment. Pourtant je sais qu’il va falloir que je reparte chez moi. « Je… Enfin merci déjà. Et… » Je suis vraiment aux bords des larmes, mais je ne veux pas me mettre à pleurer devant Mathéo. Il est parti de ma vie alors que je l’aimais vraiment bien et je n’ai jamais eu de ses nouvelles. Autant dire que je n’ai pas spécialement envie de passer ma soirée avec lui, mais bon. « Ca te dérangerais de m’accompagner un peu… Je… Je veux pas rentrer toute seule. » J’ai l’impression de voir un sourire se profiler sur ses lèvres et lève un doigt vers lui. « Ne crois pas pour autant que j’ai envie de discuter avec toi. Tu t’es tiré comme un lâche ! Je… Je veux juste pas recroiser ce mec. »

Je dois avouer que me retrouver face à Aleyna est une réelle surprise, je reste d'abord un peu interloqué de la trouver ici. Elle ne me semble pas dans le meilleur des états, évidement le fait qu'elle vient de se faire agresser ne doit pas vraiment aider mais il me semble qu'il y a plus que ça. Qu'elle est différente. Je me sens un peu étrange face à elle, une sorte de malaise qui me donne l'impression que je lui dois quelque chose. Des explications que je ne suis pas prêt de lui donner. Même si je suis troublé je ne le laisse pourtant pas voire, la vérité c'est que tomber sur elle me ramène vers les motivations de mon départ. Parce que sans jamais avoir osé me l'avouer je sais bien qu'Aleyna n'est pas pour rien dans la prise de cette décision. Cette impression d'étouffer, de ne plus me reconnaître elle venait sans doute aussi un peu d'elle, parce que je l'aimais bien. Plus que ce que j'avais l'habitude d'aimer les filles. Parce que parfois j'avais apprécié discuter avec elle – alors que j'avais toujours détesté ça avec les autres – qu'une fois mes affaires finies je me carapatais en vitesse. Parce que quand j'avais envie de passer un moment sympa je pensais souvent à elle mais que je n'avais pas envie que ça soit comme ça. Je voulais rester libre, rester moi et quand j'avais eu l'impression de me perdre j'étais parti. Je n'avais pas estimé devoir donner d'explication – d'excuse pour ce départ. Je n'avais jamais rien promis...

 « Je... Je voulais juste un peu d’herbes. » C'était donc ça cette fameuse différence, je reconnaissais maintenant mieux les signes de manque qui semblaient envahir son corps. Je hochais la tête cherchant dans mon esprit des souvenirs d'une Aleyna fumeuse de joint. Elle était plus jeune quand je suis parti – trois ans de moins que moi ça semblait être une énorme différence à l'époque - mais c'était cette innocence qui m'avait attiré en elle, aujourd'hui il semblait évident que la jeune fille que j'avais connu avait évolué vers un horizon un peu plus sombre mais ça ne me déplaisait pas.
La façon dont je le dévisageais devait sans doute être dérangeante mais Aleyna soutenait mon regard avec ardeur. J'avais de la peine à décrypter ce qui pouvait s'y lire, comme un mélange de colère et de soulagement.  « Je crois que ça va. » Je n'étais pas assez idiot pour la croire, il était claire que ça n'allait pas mais il me semblait que j'avais déjà fait de mon mieux pour améliorer la situation. Aleyna devait sans doute se souvenir que je n'étais pas le genre de garçon à lui faire un gros câlin pour la rassurer, au lieu de ça j'attrapais le mouchoir qu'elle me tendait en ronchonnant un peu. Le fait qu'il ait réussi à me faire saigner m’énerve et me touche dans ma dignité. Il faut que je me reprenne, je me laisse sans doute un peu aller depuis que je suis revenu à Town Square, le mode bisounours ce n'est clairement pas pour moi.

Si je reste plutôt distant ce n'est pas le cas d'Amstong qui est resté collé à Aleyna comme une sensus, il réclame des caresse et son attitude me fait sourire. Avec Amstrong l'adage tel maître tel chien est démenti en quelques secondes. Au delà de son côté un peu sauvage c'est un chien fidèle et adorable – Lui a clairement un bon fond. « Je… Enfin merci déjà. Et… » Je montre Amstrong du doigt en adressant un bref. « C'est pas moi qu'il faut remercier. Ce chien a pris la sale habitude de se prendre pour un super héros. » J'ai toujours été assez peu à l'aise avec les remerciements, surtout quand je n'ai pas l'impression de les remercier. « Ca te dérangerais de m’accompagner un peu… Je… Je veux pas rentrer toute seule. » Je ne peux empêcher un petit sourire de se dessiner sur mon visage. Je dois avouer que la perspective de passer la soirée avec Aleyna est plutôt intéressante. Mais elle me remet bien vite à ma place avec un regard peu amical. « Ne crois pas pour autant que j’ai envie de discuter avec toi. Tu t’es tiré comme un lâche ! Je… Je veux juste pas recroiser ce mec. »  Je suis pas sûre que me traiter de lâche est la bonne solution pour me convaincre de faire quelque chose mais j'aime bien qu'on me tienne un peu tête, la facilité ne m'a jamais vraiment intéressé. « Je suis pas un grand fan des discutions de toute façons. C'était pas tout à fait ça que j'avais en tête. Plutôt quelques bons souvenirs qui me sont revenus. » Je fais clairement référence aux soirées qu'on a passées ensemble, mais quand je croise son regard je comprends vite que Aleyna n'est pas sur la même longueur d'onde que moi. Elle a même l'air plutôt remontée.

« Montre moi le chemin je te suis et promis je te ferai même pas la conversation. » Aleyna commence a marcher, m'indiquant le chemin pour rentrer chez elle. Nous restons dans le silence Amstrong trottinant à côté de nous faisant des bruits de babine plutôt dégoûtant ce qui m'arrache un petit sourire. Au bout de quelques minutes je finis tout de même par rompre le silence. De toute façon je n'ai jamais été très doué pour tenir mes promesses alors au point où j'en suis. « Tu sais je penses que tu pourrais changer d'avis. » Je vois que j'ai attiré son attention. Elle relève le regard vers moi. « J'ai peut-être un truc qui pourrait t’intéresser avec moi. » Je sors discrètement le paquet d'herbe de ma poche juste le temps qu'elle puisse l’apercevoir. Nous arrivons déjà devant ce qu'elle m'indique être chez elle. « A ce que j'ai entendu c'est beaucoup plus agréable de le partager ce genre de petit plaisir avec quelqu'un. » Je la regarde maintenant assez intensément lui faisant bien comprendre que si elle veut un peu de mon herbe elle ne va pas pouvoir se débarrasser de moi aussi facilement. Je ne compte pas abuser d'elle comme vient d'essayer de le faire ce pervers et je pense qu'elle me connaît assez pour le savoir, mais la nouvelle Aleyna m’intrigue et je suis plutôt tenace comme garçon. J'ai envie d'en savoir plus. « Alors tu m'invites ? »

Je n’en crois pas mes yeux. Il s’agit bien de Mathéo en face de moi. Je sais que je lui dois beaucoup ce soir, mais cela fait un peu mal. Il est parti sans prévenir lui aussi. Je l’ai connu il y a de cela bien longtemps. Enfin. Pour moi cela à l’air d’être une toute autre époque. J’étais insouciante et heureuse lorsque je l’ai connu. Il était un peu le bad boy qui attire la fille sans problème. Mon frère m’avait un peu prévenu. Il m’avait dit que Mathéo n’était pas le genre de garçon dont j’avais besoin dans ma vie. Il avait peut être sans aucun doute raison. Je ne sais pas si le jeune homme a eu une mauvaise influence sur moi, je l’aimais beaucoup c’est tout. On passait toujours un bon moment ensemble. Au début ce n’était que physique ou principalement que cela puis nous avions finis par trouver certains terrain d’entente et il c’était ouvert à moi. Je me souviens parfaitement des sentiments que j’avais ressentit lorsque l’on m’avait annoncé qu’il avait quitté la ville. Depuis, je n’ai eu aucune nouvelles de lui. Alors oui je suis surprise de le voir ici. Mais je dois avouer qu’il est arrivé au parfait moment. L’espace d’un instant, j’attendrais presque des excuses de sa part. Pour son départ. Mais je me souviens que c’est Mathéo que j’ai en face de moi et je finis par baisser les yeux. Je n’arrive pas à dire comment je me sens. Je suis heureuse de le voir, triste de me souvenir qu’il a disparu pendant si longtemps, énerver d’avoir été agressé par cet homme bizarre et surtout en manque. J’ai besoin d’un joint. J’ai besoin de me perdre dans mes pensées. Je voudrais que l’on me laisse seule. Je suis perdue.

Mathéo ne cesse de me dévisager et je commence à me sentir mal à l’aise. Physiquement il n’a pas changé, mais je sais que moi, je ne suis plus la fille qu’il a connu. J’ai abandonné la danse. Je me laisse aller depuis près de six mois. Je ne regarde plus mon corps, je ne fais plus attention à moi. Je suis complètement accro à l’herbe et j’ai besoin de ma dose d’alcool quotidienne pour tenir le coup. Ou tout du moins, c’est ce que je crois. Je pourrais m’en sortir. Saoirse est là pour m’aider à reprendre ma vie en main. Mais je ne veux pas. Je me complet dans cette phase obscur de ma vie. Je voudrais que l’on me laisse seule et surtout que l’on arrête de me juger sur mes choix. Mathéo ne dit rien, mais j’ai l’impression qu’il est en train de me juger du regard. Je lui fais savoir que tout va bien. Ce n’est pas forcément le cas, mais je n’ai pas envie de m’épancher. Je veux rentrer chez moi. Je n’aurais pas mon herbe, mais ce n’est pas grave. A cet instant précis, je veux juste rentrer chez moi. J’ai envie de m’allonger sur mon lit, de me rouler en boule et de rester dans le noir jusqu’à demain matin voir plus longtemps encore. Mais Mathéo est toujours face à moi et je ne veux pas rentrer toute seule. Timidement et de manière un peu gauche, je finis par le remercier pour m’avoir sauvé la mise ce soir. « C'est pas moi qu'il faut remercier. Ce chien a pris la sale habitude de se prendre pour un super héros. » Je baisse les yeux vers le chien qui est toujours assis à côté de moi, son énorme tête presque poser contre ma jambe. Je passe une main sur le haut de sa tête pour le remercier. Je n’ai jamais été une grande fan des chiens, mais je dois dire que celui là, je l’aime beaucoup d’un seul coup. Timidement je demande à Mathéo de me raccompagner tout en lui faisant comprendre que non je ne veux pas discuter avec lui. Je lui en veux d’être parti sans rien dire. D’être revenu sans prévenir aussi. Je vois bien qu’il n’apprécie pas mes paroles, mais je dois dire qu’à cet instant précis, c’est le cadet de mes soucis. « Je suis pas un grand fan des discussions de toute façons. Ce n’était pas tout à fait ça que j'avais en tête. Plutôt quelques bons souvenirs qui me sont revenus. » De bons souvenirs ? Il a de bons souvenirs en tête avec moi ? Je dois dire que je ne m’attendais pas du tout à cela. Malgré tout, un petit sourire se dessine sur mes lèvres.

« Montre moi le chemin je te suis et promis je te ferai même pas la conversation. » C’est tout de même dans un silence de plomb que nous partons en direction de chez moi. Les mains enfoncées dans les poches de mon manteau j’essaye de calmer les tremblements de mon corps. Je regarde le sol et avance sans parler et en essayant d’oubliant la présence de Mathéo à mes côtés. Je n’entends que le chien qui marche entre nous. Je dois dire que je me sens tout de même rassurer de les avoirs tous les deux avec moi. Je presse le pas et essaye de penser à autre chose qu’au fait que je n’aurais pas de joint ce soir. Je tremble encore et toujours et serre les poings pour me calmer. « Tu sais je pense que tu pourrais changer d'avis. » Surprise, je lève les yeux vers lui et croise son regard. « J'ai peut-être un truc qui pourrait t’intéresser avec moi. » Je regarde le sachet qu’il me montre discrètement et un petit sourire s’affiche sur mes lèvres. Il va pouvoir me dépanner. Je vais pouvoir planer un peu ce soir. Je pourrais peut être me coucher tranquille. Je pourrais peut être dormir cette nuit. « A ce que j'ai entendu c'est beaucoup plus agréable de le partager ce genre de petit plaisir avec quelqu'un. » Mon espoir retombe quelque peu. Je voulais être seule. J’aurais aimé être toute seule, mais je regarde Mathéo un instant. Après tout. Pourquoi refuser ? Je pourrais peut être passé un bon moment. Le regard qui me lance, me glace le sang. Cela fait longtemps qu’un homme ne m’avait pas regardé comme cela. Je me rends à peine compte que l’on est arrivé chez moi. Son regard m’intrigue. J’aurais presque envie de le retrouver. Juste pour ce soir. Après tout, ça ne pourrais pas faire de mal.

« Alors tu m'invites ? » Une nouvelle fois, je croise son regard. Je fais jouer les clés dans la serrure et entre dans la maison familial. Je me tourne vers le jeune homme et lui lance un petit sourire. « Tu attends quoi ? » Je laisse la porte ouverte et me dirige vers le placard de l’entrée pour ranger mes affaires. J’enlève mon manteau, mais je continue à trembler. J’ai froid, je me sens faible. J’ai faim aussi. Mais je crois que mon frigo est vide. Je n’en sais rien. Mathéo est enfin entré. Son chien se couche dans l’entrée alors que le jeune homme se rapproche de moi. « Tu peux en rouler un s’il te plaît ? » lui demandais-je tout en lui laissant voir mes mains trembler. Je serais incapable de le faire moi même. Je le laisse seul un instant et vais chercher un pull dans ma chambre. Je ne sais trop comment me comporter avec Mathéo. J’ai l’impression de m’intriguer, mais c’est tout ? Je suis juste une curiosité pour lui ? J’ai besoin d’affection en ce moment, je ne vais pas le cacher, mais je ne veux pas m’attacher. Je ne veux pas être trop proche de quelqu’un. Peut être que Mathéo est la personne qu’il me faut dans le fond. Je n’en sais trop rien… Lorsque je reviens dans le salon, il c’est installer dans le canapé. Je m’assois à ses côtés tout en laissant tout de même une distance entre nous. « Tu es revenu depuis longtemps ? » Autant engager un peu la conversation. Pour voir ce qu’il aurait à me dire. J’ai tellement apprécié sa présence dans ma vie auparavant que je me dis que l’on pourrait peut être retrouvé une certaine complicité tous les deux. Mais voilà… Il ne cesse de me dévisager et cela commence à m’agacé. « Pose les tes questions au lieu de me regarder comme ça ! » lui dis-je légèrement énervé.

Je ne suis pas idiot et je vois bien que le petit arrangement que je lui propose ne l'enchante pas vraiment. De toute évidence Aleyna comptait se débarrasser de moi assez vite, mais je compte bien faire en sorte qu'elle change d'avis. Je ne sais pas vraiment pourquoi cette insistance de ma part, aller trouver une autre fille qui voudrait bien de moi serait beaucoup plus facile mais Aleyna a toujours eu un petit quelque chose en plus. Un petit quelque chose qui finissait toujours par me faire pencher dans son sens, sans même que je puisse identifier pourquoi. Et j'étais bien décidé à passer ma soirée avec elle. C'est pourtant sans un mot qu'elle fait tourner la clef dans sa serrure et rentre déjà chez elle sans un regard, alors que j'attends patiemment son invitation. Quand elle se retourne je m'attends à l'entendre me dire adieu. Au fond j'ai peut-être mal jugé son addiction, je pensais qu'en jouant là dessus j'avais toutes mes chances, comme si le pouvoir résidait dans ses quelques bouts d'herbe. Mais alors que je commence à me faire à l'idée que je vais me prendre un veste elle ouvre un peu plus la porte et un sourire se dessine sur son visage. « Tu attends quoi ? » A mon tour d'afficher un sourire de vainqueur.

Je pénètre dans la maison jetant des coups d’œil aux alentours. J'avoue que je suis un peu étonné de voir qu'elle habite encore ici. La maison semble vide ce qui m'étonne un peu. Je me doutais que je n'allais pas y trouver Mael. Il y a quelques mois je suis tombé sur lui complètement au hasard, nous avons été boire un verre ensemble et s'il est resté très mystérieux sur les raisons de son départ de Town Square, j'ai bien compris qu'il ne comptait pas y remettre les pieds de sitôt.

Très vite je m'approche un peu plus d'Aley « Tu peux en rouler un s’il te plaît ? » Je hoche le tête jetant un œil à ses mains tremblantes pas sûr de savoir si c'est le manque ou les émotions de son agression qui sont toujours présente. Quand elle quitte la pièce, je prend mes aises m'asseyant dans le canapé et commençant à rouler de quoi nous faire planer. Sur la table traîne une bouteille déjà bien entamé ce qui explique sa démarche peu assurée. Quand elle revient s’asseoir je lui adresse un long regard sans doute un peu trop poussé car il semble que ça la met un mal à l'aise même si elle ne dit rien. « Tu es revenu depuis longtemps ? » Apparemment elle a envie de parler maintenant. Je hoche une fois de plus la tête faisant mine d'y réfléchir alors que je finalise mon œuvre passant ma langue sur la feuille en la fixant intensément. « Quelques semaines » Je n'ai pas réellement envie de m'étendre sur les raisons de mon retour mais le regard qu'elle me tend me pousse à en dire un peu plus. Après tout je peux au moins faire ça, je n'ai jamais donné de raisons à mon départ je peux en donner une à mon retour. « Will a eu un accident, je suis venu voir comment il s'en sortait. » Je n'en dis pas plus, de toute façon je ne sais pas trop quoi dire de plus. Peut-être qu'elle attend des excuses de ma part – peut-être pas mais quoi qu'il en soit je ne compte pas m'excuser d'être ce que je suis. Alors je me contente de reporter un fois de plus mon attention sur la jeune femme.

 « Pose les tes questions au lieu de me regarder comme ça ! » J’écarquille les yeux un peu étonné par le ton qu'elle vient d'utilisé. « Oula ! Ranges tes griffes Aleyna j'observais simplement. » Je n'ai d’ailleurs pas réellement de question à lui poser – même si je me demande bien ce qui a pu l’amener jusqu'à cette ruelle, ce soir. Le souvenir que j'avais d'elle était celui d'une jeune femme qui avait tour pour réussir, pour mener cette petite vie parfaite que je m’évertuais à fuir. De toute évidence celle qui est devant moi aujourd'hui c'est un peu éloignée de ce chemin. « Je me faisais juste la réflexion que t'avais changé. » En même temps en 6ans d'absence ça n'a rien de trop étonnant.

Si je n'aime pas beaucoup qu'on me parle sur ce genre de ton, je dois dire que cette nouvelle facette de la personnalité de la jeune femme m'intrigue. A l'époque j'avais aimé son petit cotée fille parfaite mais ça m'avait vite agacé qu'elle ne se lâche pas plus que ça, de toute évidence elle ne m'avait pas attendu pour finir par le faire et je trouvais ça plutôt intéressant.
Je profite de ce court instant de silence pour m'approcher un peu plus d'elle alors que j'allume déjà le joint parfaitement roulé qui n'a pas quitté ma main. Après avoir tiré dessus je le lui tends mais quand elle veut le prendre je change d'avis et ma main à un léger mouvement de recule alors que je me penche en plus plus vers elle en plongeant mon regard dans le sien. « Je vois bien que la parfaite petite Aleyna a disparu et j'aimerai beaucoup savoir qui a pris sa place.. » Je peux bien voir que cette proximité la dérange un peu et je reprends ma place initial sur le canapé étendant mes jambes pour me mettre à mon aise alors qu'Aleyna peut enfin s'emparer de l'herbe. « Apparemment t'avais commencé les festivités sans moi. » Je désigne de la tête la bouteille sur la table avant de l'attraper agilement. « Je peux ? » Quitte à s’amuser autant le faire comme il faut et c'est sans attendre la réponse que j'amène le goulot à ma bouche pour en descendre une grande gorgé.

J’ai l’impression que Mathéo est en train de me piéger. Je ne sais pas pourquoi il tient absolument à passer le reste de la soirée avec moi. Après tout, quand je lui ai demandé s’il voulait bien me raccompagner il n’avait pas l’air spécialement ravi. Et voilà que maintenant il me montre un sachet d’herbe pour passer un peu plus de temps avec moi. Il aurait simplement pu me proposer de lui en acheter, mais non… Il veut entrer à la maison. Je dois avouer que je doute l’espace de quelques instants. Lorsque je passe le pas de la porte et que mon regard se pose dans la maison vide et silencieuse, je me dis que ce n’est peut être pas une mauvaise idée de le faire entrer finalement. Je ne sais absolument pas comment va se dérouler la soirée, mais bon… Au moins, cela me fera un peu de compagnie et puis après cette agression je ne suis pas vraiment contre l’idée de rester avec un homme pour quelques heures encore. Ou simplement quelques minutes. Si ça se trouve il va fumer son joint et partir comme un voleur. Comme le lâche qu’il a été il y a de cela six ans. Je ne préfère pas penser à cela et finis par me tourner vers Mathéo pour lui demander s’il a l’intention de rentrer ou pas. Je vois un sourire se dessiner sur ses lèvres et je lève quelque peu les yeux au ciel. J’ai envie de lui dire que le sachet qui se trouve dans sa poche est le seul responsable de sa présence ici, mais je préfère me taire.

Quelques minutes plus tard, on se retrouve sur mon canapé. Avachi comme deux vieux amis alors qu’au final nous sommes sans aucun doute que de simples connaissances. Enfin. Le jeune homme se charge de rouler notre joint. Je suis incapable de faire quelque chose d’aussi précis alors que mes mains ne cessent de trembler. Je remarque très rapidement qu’il a pris ses aises dans mon canapé et cela ne me dérange même plus. Je me rends compte que ça me ferais sans aucun doute du bien d’avoir de la compagnie de temps en temps. Depuis l’accident, je me suis littéralement renfermer sur moi même, mais aujourd’hui je me demande si cela était véritablement une bonne idée. En tout cas, cela me fait plaisir de voir Mathéo ici. Même si je lui en veux encore d’être revenu comme cela sans prévenir. D’ailleurs, je finis par lui demander ce qu’il vient faire de nouveau à Town Square. Très franchement, je pensais ne jamais le revoir. « Quelques semaines. » Sa réponse est un peu trop courte pour moi et je fronce les sourcils. Il ne lui faudra que quelques secondes pour ajouter : « Will a eu un accident, je suis venu voir comment il s'en sortait. » Rien qu’en entendant le mot accident, je sens un frisson me parcourir de la tête aux pieds. Je ferme les yeux un instant et souffle un bon coup. Il ne faut pas que je pense à l’accident de mes parents. Surtout pas. Un instant, je me souviens du fameux Will. Il avait accueilli Mathéo chez lui. Il avait été d’une grande aide pour le jeune homme. Cela m’attriste un peu de savoir qu’il ne va pas bien. « Il va mieux ? » demandais-je alors d’une petite voix.

Mais très vite l’ambiance change totalement. Je ne supporte pas qu’il me regarde de cette manière. J’ai l’impression d’être un animal de foire. Je préfère qu’il me demande ce qu’il veut savoir plutôt que de me regarder de cette manière. « Oula ! Ranges tes griffes Aleyna j'observais simplement. » Ce n’est pas vraiment le moment ce me faire ce genre de réflexions. C’est lui qui a insister pour venir maintenant il assume. Je ne suis plus la fille qu’il a connu il y a de cela quelques années et il va rapidement s’en rendre compte. « Je me faisais juste la réflexion que t'avais changé. » Sans rire ? Je sais qu’il n’est au courant de rien. Mais attendre de sa bouche que j’ai changée est quelque peu blessant tout de même. Je ne sais plus vraiment où me mettre. Je n’ai même pas envie de lui répondre pour l’instant. Et pourtant… Son regard devient de plus en plus insistant. Je finis donc par craquer. « Mes parents sont mort. Mon frère c’est fait la malle. Alors oui. J’ai changé ! » Pour ne pas avoir à subir ses questions j’attrape la bouteille qui traîne sur la table du salon et en avale une longue gorgée. Bon il fait quoi avec son joint là ? J’ai envie de fumer moi.

Voilà que Mathéo se relève et se penche vers moi. Je ne le quitte pas des yeux. A quoi il joue sérieusement ? Je le regard allumé le joint et soudain une étincelle s’allume dans mes yeux. Je ne pensais pas que je pouvais être autant accroc. J’essaye d’oublier cela et secoue quelque peu la tête. Il tire une longue taffe et finis par se rapprocher encore de moi. Je plonge mon regard dans le sien et sens un frisson m’envahir de la tête aux pieds. « Je vois bien que la parfaite petite Aleyna a disparu et j'aimerai beaucoup savoir qui a pris sa place.. » Je n’aime pas cette façon qu’il a de me regarder et encore moins ces interrogations qu’il à a mon égard. J’ai vraiment le sentiment d’être un animal de foire. Il veut savoir. Il saura. Mais je n’ai pas l’intention de m’épancher pas pour le moment en tout cas. Il croit quoi ? Qu’il peut débarquer dans ma vie comme cela et que je vais lui dire tout ce qui ne va pas. Non mais pour qui il se prend lui. J’ai accepté qu’il rentre chez moi uniquement pour le joint que je viens de récupérer entre mes doigts. Je me cale un peu plus dans le canapé et prends une longue taffe. Mon dieu. Cela fait un bien fou quand même. J’en avais besoin. Je prendre une longue bouffée une nouvelle fois et pose mon regard sur Mathéo. « Apparemment t'avais commencé les festivités sans moi. Je peux ? » Je n’ai même pas le temps d’hocher la tête pour lui dire oui qu’il a déjà porté la bouteille à sa bouche. « Fais comme chez toi ! » Parfois il m’énerve je vous jure. Pourquoi j’ai couché avec lui déjà ?

Les minutes s’écoulent et je finis par me détendre peu à peu. Je bois un coup après Mathéo et m’étale un peu plus auprès de lui. Aucun d’entre nous ne parle. Pourquoi parler dans le fond. Pourtant… Plus les minutes passent, plus je pense à quelque chose. Je tourne la tête et croise le regard du jeune homme avachi à côté de moi. « Tu sais où est mon frère ? » Je ne sais plus où j’en suis. Je me sens perdu et je crois que l’alcool à réveiller mes émotions. J’ai l’impression que Mathéo n’est pas soudainement revenu dans ma vie pour rien. Il est là dans un but précis et je suis persuader que cela à un rapport avec mon frère. Je me relève subitement et me rapproche du beau brun. « Tu sais où il est ! C’est pour ça que tu es là. » J’en suis tellement persuader que je sens presque la colère monter en moi. Il doit répondre à mes questions, j’ai besoin de savoir. Je me sens mal et euphorique à la fois. Je déteste ce genre de sentiment. Tout est plus puissant. Je suis sur le point de fondre en larmes et de rire en même. « Répond moi Mathéo ! »