Just in need of a friend talk...

Quand j'ouvre péniblement un oeil il est près de neuf heures. Merde. Je pensais pas dormir aussi longtemps mais comme je suis plutôt du genre à trainer au lit, je ne suis même pas étonné. Le lit à côté de moi est vide, j'en déduis que ma fiancée est partie visiter le local qu'elle compte louer pour ouvrir sa deuxième confiserie. J'avoue quand même préférer me réveiller avec elle, mais bon. C'est ça quand on a pas les mêmes jours de congé. Je finis quand même par sortir du lit et j'avance tel un zombie dans la cuisine pour me faire couler un café bien noir. Impossible de commencer la journée sinon. Je jette un oeil au courrier qui est posé sur le comptoir et me rends compte qu'il n'y a rien d'intéressant à part des factures. En me retournant, tasse en main, je constate que ma fiancée m'a laissé un post-it sur le frigo. Apparemment il y a de quoi me nourrir à l'intérieur. Je l'ouvre et lève les yeux au ciel comme si je le remerciais. Ah j'adore cette femme. Croissants au beurre et biscuits en tout genre. Sur son post-it, elle me dit aussi qu'elle me réserve une surprise pour son retour. Je fronce les sourcils. Ca peut être tellement de choses venant de ma fiancée... Serait-ce enfin une bonne nouvelle à propos d'un éventuel bébé? Non elle ne me le dirait pas comme ça. Je pense simplement à mon plat préféré pour le souper. On verra bien. J'aimerais quand même bien qu'un jour elle me dise qu'elle est enceinte, depuis le temps qu'on essaie... Enfin bref. Je file sous la douche. Sous l'eau, je me dis que je devrais envoyer un texto à Lennon. Oui je pense à ce genre de choses sous la douche. C'est le moment de la journée où j'arrive mieux à réfléchir et où je fais mes plans pour la journée à venir. Une fois propre, sec et habillé, je retourne dans le salon pour envoyer un message à mon amie de plus longue date. Je crois qu'il faut qu'on parle de mon frère. Après tout, si je suis revenu ici c'est parce qu'elle m'a appelée complètement paniquée à propos de Noam et on a pas encore pris le temps d'en parler depuis que je suis revenu. Et comme je n'ai rien d'intéressant à faire... Elle me répond d'un rapide "ok" et je me laisse tomber dans le canapé. J'ai une planche de bande dessinée à rendre demain au boulot et j'ai pris un peu trop de retard avec toutes ces histoires avec mon grand frère. J'attrape donc mes affaires de dessin et commence à tirer des traits sur la feuille blanche. Quand je relève les yeux, deux heures ont passé. Je signe dans la dernière case et me frotte les yeux. J'adore dessiner, c'est ma passion depuis que je suis gamin - même si pour moi gamin c'était presque hier - et je ne vois jamais le temps passer quand j'ai stylo en main. Je range ma feuille dans un dossier et décide de ranger les deux ou trois derniers cartons qu'il reste. On les a mis dans la chambre de futur bébé. Si bébé il y a un jour. En attendant, elle est encore vide alors elle sert de réduit. J'ouvre un carton et trouve de vieilles photos. De Noam entre autre. De nous deux quand on était encore des frères et qu'on était lié malgré que je l'énervais... La sonnette d'entrée me sort de mes pensées. Je pose les photos et vais directement à la porte pour ouvrir. « Lennon! » dis-je en la serrant dans mes bras. Ca fait des années qu'on s'est pas vus. Même si on s'est souvent eu au téléphone ou par mail, rien ne remplace jamais une présence. Elle m'a beaucoup manqué. Je me pousse et lui laisse la place pour rentrer. « Entre! C'est cool que tu aies pu passer... » dis-je en me dirigeant dans la cuisine en sortant une boîte remplie de macarons faits par ma fiancée.

Just in need of a friend talk...

Un bruit sourd me sort de mon sommeil si profond. Depuis quelques temps, les cauchemars avaient désertés mes nuits, me laissant enfin me reposer après des années d’insomnies. Il semblait que tout était devenu plus clair et plus simple depuis que j’avais pris des décisions changeant radicalement ma vie. J’avais commencé par déposer ma lettre de démission à Sebastian, refusant de le regarder folâtrer avec sa nouvelle conquête et de servir du café toute ma vie puis j’avais fini par enfin abandonner mes études. Si auparavant j’avais toujours considéré le journalisme comme ma voie de prédilection, ces derniers mois j’avais été attiré vers quelque chose de plus utile, plus personnelle. J’avais ressenti le besoin d’être nécessaire, de changer la vie des gens et je m’étais inscrite dans une formation pour devenir assistante sociale. Ce changement soudain m’avait prit après ma dernière rencontre dans les couloirs avec Noam, le voir évoluer quand j’avais l’impression de stagner m’avait fait l’impression d’un véritable coup de jus. Il fallait que je change, j’avais 24 ans et j’en étais toujours au même stade, il fallait que j’arrête de craindre autant le futur. J’avais alors planché comme une dingue pour rattraper les années perdues, avait supplié pour passer le diplôme en avance et en quelques mois j’étais devenue ce que j’espérais : assistante sociale. Ou stagiaire en tout cas pour commencer. Mais c’était tout ce que je souhaitais : commencer au plus vite, aider mon prochain du mieux que je le pouvais comme j’aurais aimé qu’on m’aide quand j’en avais le plus besoin. Mon stage ne commençait que dans quelques jours et j’avais enfin pu récupérer le repos amplement mérité.

Mes yeux cherchent l’origine du bruit et mon regard se pose sur mon portable qui vibre une deuxième fois sur la table de nuit. Je le saisis et lis un message de Pryam qui me propose de passer chez lui. Je m’étire un peu et mon regard se pose sur le réveil : de toute façon il était grand temps que je me lève. Je me tire du lit avec peine et file sous la douche afin d’effacer toute trace de sommeil, un café rapide finit d’enlever la fatigue et je finis de me préparer avant de quitter l’appartement. Environ une heure et demie après son sms. Je suis une fille, on ne me changera certainement jamais. Le trajet pour aller chez Pryam aurait pu être court si j’étais doté d’une voiture mais comme tout le monde le sait je suis bien incapable de monter dans ce corbillard roulant. Prendre le bus est ma seule alternative et il m’a déjà fallu des mois pour pouvoir poser un pied dans les transports en commun. Après des mois d’angoisses et de bataille contre moi-même, la voiture reste aujourd’hui ma seule limite. Après une demi-heure, j’arrive enfin devant sa porte et sonne. J’étais pressée de revoir Pryam, cela faisait tellement longtemps que je n’avais pas pu le croiser et pourtant je regrettais presque qu’il soit ici car si tout se passait bien à Town Square, Pryam serait encore à New York avec sa fiancée au lieu de s’enterrer avec nous dans notre chère petite ville. La porte s’ouvre sur un visage qui a bien changé « Lennon! » il me sert contre lui et je réponds à cette étreinte avec bonheur. Il finit par me laisser entrer et je débarque dans une maison déjà bien installée « Entre! C'est cool que tu aies pu passer... » Il se dirige vers la cuisine et un sourire ne peut s’empêcher de se former sur mes lèvres quand je le vois sortir des macarons. « Tout le plaisir est pour moi, surtout si tu comptes m’amadouer avec des macarons fait par ta fiancée dont j’ai tant entendue parler. » Je savais l’essentielle sur Alizée : elle gérait une confiserie, elle était française, un peu plus âgée que Pryam. Je n’avais jamais eu l’occasion de la rencontrer mais espérais en avoir l’occasion bientôt. Il me tendait la boite de douceur et j’en saisissais un avec un sourire avant d’y gouter…et de me régaler. « Hum, d’accord je comprends maintenant pourquoi tu veux l’épouser. » Je riais doucement avant de retrouver un air plus sérieux quand mes yeux se posent sur les photos de Noam et Pryam, deux visages que je reconnaissais même sous les traits de l’enfance. « Mais j’imagine que si tu m’as invité ce n’est pas seulement pour me montrer l’étendue des talents gastronomiques de ta fiancée. »

Just in need of a friend talk...

Je connais Lennon depuis plusieurs années maintenant, par l'intermédiaire de mon frère qui connaissait Gabriel et donc sa soeur. Ca paraît un peu compliqué à expliquer comme ça mais en gros, on a un peu grandit ensembles bien qu'elle soit plus jeune que moi. Quand je l'ai connue elle était à peine adolescente... Maintenant c'est bientôt une jeune femme et je dois dire que j'en voudrais à mon frère qu'il lui fasse du mal. J'avais beau m'incruster à chaque fois que Noam passait du temps avec Gabriel, elle était souvent là et comme nous étions les plus jeunes, les "gamins" on parlait plus facilement, tout en suivant nos deux frères. Bien sur... L'accident a changé pas mal de choses entre nous. J'étais là et j'ai bien vu la scène. Quelques mois plus tard, après m'être assuré que mon frère s'était "remis" - physiquement du moins - je suis parti à New York. On est resté très proches, usant du téléphone portable ou des emails. Elle était un peu ma gazette de Town Square pendant que je vivais dans la grande métropole. Elle me disait ce qu'il se passait dans la ville, les nouveautés, qui était mort, qui était venu au monde etc. Elle me parlait des fois de mon frère mais en général je coupais rapidement le sujet. A ce moment là, dans mon esprit, je n'avais plus de frère. Il m'avait balancé des choses horribles à la figure, j'avais coupé les ponts. Seulement... Quand elle m'a appelé il y a un peu près un mois et qu'elle m'a fait comprendre que je devais rentrer, que mon frère était tombé bas, j'ai été bien obligé de l'écouter.

La revoir me fait un bien fou. Elle fait partie des personnes qui ont tout de suite été au courant pour Alizée et moi, quand on s'est rencontré et quand je lui ai demandé en mariage. Bien qu'elle aussi me trouvait un peu trop jeune pour ce genre d'engagement, elle a été très contente pour moi. La seule chose qu'elle ignore au jour d'aujourd'hui c'est qu'avec ma fiancée ça fait six mois qu'on essaie d'avoir un enfant mais que dame nature n'est pas trop d'accord avec ça pour le moment. Il faudra bien que j'en parle à quelqu'un et je pense que Lennon est celle qui me connaît le mieux. Personne n'est au courant de ce que nous essayons de faire avec Alizée et ça commence à me poser lourd sur la conscience. Même si Lennon risque de me répéter sur je suis trop jeune pour être père, je sais qu'elle me "conseillera" au mieux. Elle est comme ça. Lennon aide sans retenue. La serrer dans mes bras me ramène deux ans en arrière. Elle a quand même meilleure mine que quand je suis parti. A ce moment là elle était encore sous le choc de l'accident et surtout d'avoir perdu son frère. Même si je sais que tout ne se passe pas au mieux avec Noam en ce moment, je trouve qu'elle a l'air d'aller mieux. Sans attendre, j'invite la jeune femme à me suivre dans la cuisine. Je sors des macarons fraichement faits par Alizée et les mets sur le comptoir devant la jolie blonde. Je suis obligé de lâcher un petit rire en l'entendant dire que maintenant elle comprend pourquoi je veux épouser la pâtissière. Alizée a beaucoup de qualités mais je dois dire que j'apprécie beaucoup son côté cordon bleu. Au moins je mange sainement! J'avale rapidement un macaron et suit le regard de la jeune femme quand celui-ci se pose sur les cadres photos posés sur une commode. C'est ma fiancée qui insiste pour que je sorte ces photos. A vrai dire, elle me rappelle juste à quel point on est plus aussi proches qu'avant avec Noam. Il a beau dire que j'étais collant et chiant à cette époque, cette fraternité me manquera toujours. Je baisse quelque peu le regard. « Non effectivement... Tu veux vraiment entrer dans le vif du sujet? » demandais-je nerveusement en me grattant la nuque. Lennon me fait un regard entendu et je m'accoude au comptoir, les mains jointes devant elle. « Tu veux commencer par quoi? Mon imbécile de frère ou un problème que je rencontre en ce moment et dont j'aurais bien besoin de parler? » Je lève les yeux vers elle et me rend compte que je suis bien égoïste de parler de ma vie. Enfin même si dans le fond, parler de Noam la lie au sujet.

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Je regrettais presque d’avoir appelé Pryam, de le rendre responsable de la vie de Noam alors que le jeune homme avait déjà une fiancée et un travail qui accaparait son attention. Peut-être lui en demandais-je trop ? Quand je l’avais appelé il m’avait pourtant semblé que tout cela était une bonne idée, que Pryam de par la fraternité qui les unissait –ou plutôt qui les avait uni- règlerait tous ces problèmes en peu de temps. Mais maintenant que je le voyais ici, dans sa petite maison, quand j’imaginais toute la vie qu’ils avaient quitté lui et Alizée, je ne pouvais m’empêcher de me sentir affreusement mal. Sans le savoir, sans le vouloir, j’avais changé tout le cours de leur vie. Et si à cause de moi ils avaient ratés une formidable opportunité ? Bon dieu Lenny arrête de réfléchir, ce qui est fait est fait. Pryam est ici à présent alors rien ne sert de se poser mille et une questions sur ce que tu as fait rater aux deux jeunes gens. Et pourtant, j’avais l’impression qu’à force de vouloir faire au mieux j’empirais les choses. Que pouvait donc bien penser Alizée de tous ses changements ? On la forcait à quitter sa ville pour s’enterrer à Town Square, je craignais que cette dernière m’en veule mais le fait qu’elle ait suivi Pryam me prouvait de la plus belle façon, la loyauté et l’amour que cette dernière portait à mon ami. J’étais vraiment pressée de la rencontrée, je me dessinais déjà le portrait de la jeune femme et cette dernière me semblait…parfaite. Dans tous les cas, cette dernière devait vraiment l’être pour que Pryam souhaite en faire sa femme à seulement…22 ans. Je crois qu’au fond cela me surprenait toujours autant, cela me semblait bien trop jeune pour prendre la vie aussi au sérieux. A 22 ans on est censé faire la fête, profiter de ses potes, de sa famille et pas penser au mariage et à faire des enfants. En fait je crois que leur situation me surprenait parce que cela ne m’avait pas encore traversé l’esprit, que je ne m’étais jamais encore imaginé en robe blanche ou avec un gamin dans les bras. En fait, j’étais complètement effrayé par ces sujets et qu’il puisse envisager ces plans qui me terrifiaient avec tellement de bonheur me suprenait. Comme quoi tout le monde est différent.

Les photos posées sur la table basse m’arrachent à mes souvenirs, me font mal aussi. Le bonheur et l’amour transpirait de ses photos d’enfance, contrairement à aujourd’hui. Je me demandais comment la vie avait pu dériver à ce point. Comment a-t-elle pu nous échapper ainsi ? Je ne savais pas encore comment s’était passée l’entrevue de Noam et Pryam mais j’espérais que tout s’était déroulé au mieux. Même si au fond j’étais persuadée du contraire. Je connaissais trop bien la fierté des Calloway pour garder cet espoir intact. Mes yeux se reposaient alors sur Pryam et j’attendais qu’il m’annonce la raison de ma présence ici après lui avoir lancé que ce n’était certainement pas pour déguster les pâtisseries de sa fiancée. « Non effectivement... Tu veux vraiment entrer dans le vif du sujet? » Mon regard se fit insistant et j’hochais la tête, attendant de pied ferme. « Tu veux commencer par quoi? Mon imbécile de frère ou un problème que je rencontre en ce moment et dont j'aurais bien besoin de parler? » Mon sourcil se arque et je m’inquiète, me revient alors en masse mes inquiétudes de toute à l’heure, la possibilité que mon appel est tout gâché dans la vie de Pryam. Alizée en avait-elle eu déjà marre de cette petite ville ? D’un coup, ce n’était plus Noam qui m’inquiétait, ce dernier pouvait bien attendre face aux problèmes de Pryam. « Je crois que Noam n’est pas à quelques minutes près, raconte moi tout. » Je croisais les bras, prête à tendre l’oreille à tout ce qui allait sortir de la bouche de Pryam, priant surtout pour que je ne sois pas à l’origine de ses soucis. « J’espère que ce n’est pas à cause de ta venue ici au moins ? Crois moi, je m’en veux déjà suffisamment de t’avoir ramené ici alors s’il te plait ne me dit pas qu’Alizée t’en veux à cause de ça. » lui demandais-je, inquiète.

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Quand Lennon m'avait appelé alors que j'étais en route pour me rendre aux bureaux de Marvel à New York, elle m'avait longuement dit qu'elle se sentait mal de me demander une telle chose, qu'elle savait que c'était beaucoup demandé mais j'avais surtout entendu dans sa voix, une sorte de détresse - peut-être pas aussi exagérée - mais simplement qui me prouvait qu'il fallait que je rentre. Avec Noam, on ne s'est pas adressé la parole pendant deux ans. Quand j'ai quitté Town Square, il m'a dit des choses horribles que je n'oublierais jamais et même si j'avais beaucoup hésité, j'avais finalement pris la décision de revenir. Lennon pense sûrement que mon frère est la seule raison qui m'a poussé à revenir mais non. J'ai aussi eu envie de retrouver ma petite ville, revoir ma famille et surtout; fonder la mienne ici. C'était peut-être ça qu'il nous fallait à Alizée et moi. C'était peut-être à New York qu'on s'était rencontrés et qu'on s'est fiancés, mais c'est peut-être ici, qu'on va avoir notre bébé. Peut-être que mère nature veut que ça soit dans ma ville d'origine que ma fiancée tombe enceinte et qu'on se marie. Revenir ici fait ressortir beaucoup de souvenirs, d'émotions. Entre mon enfance, ma complicité avec Noam, mes parents, l'accident aussi malheureusement ou encore les moments passés à dessiner dans l'herbe du quartier... Pleins de petites choses qui me donnent envie de croire que c'est ici qu'est ma place. New York c'était bien, c'était même le rêve. J'avais le boulot que je rêvais de faire depuis mes sept ans et cette ville est juste incroyable. Mais rien ne vaut Town Square, rien ne vaut la ville où j'ai grandis. La ville qui m'a vu grandir aussi.

Malgré tout, j'ai vite retrouvé mes petites habitudes. Je ne suis parti que deux ans, mais je recommence à boire mon café au Morning Coffee, faire les courses à la supérette... Etc. J'ai de la chance de pouvoir continuer à travailler pour Marvel, mais à distance. Je ne dois me rendre à New York qu'une fois par moi pour la réunion du mois et c'est tout. Pendant ce temps, je retrouve aussi ma famille, des proches perdus de vue. Ils sont tous un peu choqués d'apprendre que je me suis fiancé à mon âge. Tout le quartier me voit encore comme ce garçon de dix ans qui se prend pour un super héros. Ils ne sont pas tous contents pour moi. A commencer par mon frère qui n'a quasiment même pas bronché en apprenant la nouvelle. Il a été poli, m'a souhaité les félicitations mais c'est tout. Les voisins aussi sont septiques. Dans le fond, il n'y a que maman qui est heureuse. Et Lennon, même si elle a la délicaresse de ne pas le dire, je sais qu'elle est aussi assez surprise. Elle a été la première à qui j'ai téléphoné pour lui annoncer la nouvelle et il y avait eu plusieurs minutes de silence au téléphone avant qu'elle ne me félicite finalement. Mafois. Je ne m'attendais pas à ce que tout le monde soit d'accord avec ce choix, et puis de toute manière, c'est ma vie. Si je veux me marier et être papa à vingt deux ans, c'est mon affaire...

Ca me fait réellement plaisir de revoir ma meilleure amie en chaire et en os. Parce que oui, le téléphone et Skype c'est bien, mais bon. Rien ne vaut la présence de la personne. Je l'invite à me suivre dans ma cuisine et sort des pâtisseries faites par les dix doigts de ma fiancée. On plaisante un peu autour de ça mais il est sûrement temps d'entrer dans le vif du sujet. Des sujets. Parce que même si Lennon est venue essentiellement pour parler de mon cas de frère, j'ai aussi besoin de me confier à elle. Comme je le pensais, Lennon s'en veut toujours un peu de m'avoir fait revenir ici. Je secoue la tête, amusé avant de lâcher un petit ricanement. « Non non. Ca n'a rien avoir avec ça. C'est à propos d'Alizée et de moi. » Je baisse les yeux. Même si c'est Lennon, c'est assez gênant de parler de ça. Surtout que je connais très bien son avis sur le mariage et les enfants. « Comme tu le sais... Avec Alizée on a prévu de ce marier cet été... Mais il y a aussi autre chose. » Je prends une profonde inspiration avant de me jeter à l'eau. « Ca fait six mois qu'on essaie d'avoir un enfant, mais en vain... » Je me rends compte que machinalement, mes doigts jouent avec un stylo, le faisant tourner entre eux. « Je sais ce que tu te dis et crois moi, c'est quelque chose de réfléchi. C'est pas un coup de tête. Mais dame nature ne semble pas très coopérative sur ce projet... »